Saint Hilaire naquit à Mende. L'aménité de son caractère lui fit
donner dans son enfance le nom d'Hilarius, qui signifie gai,
joyeux. Il ne reçut le Baptême que dans un âge assez avancé. Dès
lors, s'adonnant tout entier
au
service de Dieu, il se livra aux plus rudes austérités de la
pénitence et du jeûne.
Bientôt après, suivi de 3 compagnons animés du même esprit que
lui, il se choisit un lieu de retraite à environ 2 milles de la
petite ville de Mende. De là, il venait souvent, pendant la
nuit, la passer en prières auprès du tombeau de saint Privat. Le
démon, mécontent d'une si sainte vie, ne manqua pas de le
persécuter. Pour cela, il profitait surtout du temps des
ténèbres, lorsque le saint jeune homme venait prier pendant la
nuit dans l'église du saint patron du diocèse. Une fois il fit
paraître devant lui comme un vaste étang de feu; mais saint
Hilaire fit le Signe de la Croix et continua son chemin sans
recevoir aucun mal. Une autre fois, comme il revenait de
satisfaire sa dévotion, les démons, s'emparant de sa personne,
le transportèrent au loin au milieu d'une forêt épaisse, où ses
compagnons désolés et courant partout à sa recherche, le
découvrirent, au bout de trois jours, célébrant par des psaumes
les louanges de Dieu.
Évêque du
temps de saint Hilaire |
Son genre de vie et l'éclat de ses vertus ne tardèrent pas à lui
attirer d'autres disciples ce qui lui fit concevoir le dessein
de fonder un vrai monastère. Il alla l'établir sur les bords de
la rivière du Tarn, à quelque distance en dessous du bourg
actuel de Sainte-Enimie. L'auteur de sa légende nous apprend
qu'il fit bâtir en cet endroit une maison bien construite, qui
demanda beaucoup de frais et de travaux, et qu'ensuite il y
réunit un très grand nombre de moines.
Un
jour qu'il passait sur le bord du Tarn, par un très mauvais
sentier, le pied vint à lui manquer et il tomba dans un gouffre,
au fond duquel il demeura pendant 2 heures. Lorsqu'on eut
connaissance de ce fâcheux accident, on s'empressa d'aller à son
secours ou à sa recherche au moyen d'une barque, et tout à coup
on l'aperçut debout sur la surface de l'eau, plein de vie et
célébrant la bonté et la puissance de Dieu.
Afin de donner à ses nombreux disciples le véritable esprit de
la vie monastique, saint Hilaire, prenant avec lui quelques-uns
de ses frères, alla s'établir pendant un certain temps dans un
lieu solitaire, non loin de Marseille; et de là il faisait de
fréquentes visites aux moines de l'île de Lérins, pour
s'instruire à leur école dans les voies de la perfection.
Une fois, en revenant de ce célèbre monastère, il passa quelques
jours à Marseille pour des raisons de charité. Il y eut une
vision dans laquelle Dieu lui fit connaître qu'il allait châtier
cette ville. En effet, un peu après son départ, il y survint une
épidémie si terrible, qu'elle résistait à tous les remèdes et ne
donnait même pas le temps de les employer. Un domestique de
l'hôte qui l'avait logé, se trouva atteint du fléau. Son maître,
se rappelant la sainteté d'Hilaire, alla vite chercher son
manteau qu'il avait oublié dans la chambre des moines et le mit
sur le malade, qui fut guéri sur-le-champ. Ensuite le même
remède produisit le même prodige sur toutes les autres personnes
de la maison ainsi que dans la famille du frère de l'hôte.
Enfin, quand saint Hilaire crut avoir fait assez de provisions
spirituelles auprès des habiles maîtres de Lérins, il revint
vers son monastère des rives du Tarn. Il paraît que ce fut à
cette époque que le siège épiscopal de Mende étant venu à
vaquer, il fut appelé à le remplir. On ne pouvait faire un
meilleur choix : les fidèles ne furent pas trompés dans leurs
espérances, s'il faut en juger par les autres merveilles que
nous allons raconter de lui, d'après l'auteur de sa légende.
Une pieuse personne, du nom de "Marcianilla", qui avait consacré
à Dieu sa virginité, avait au milieu de ses propriétés une
fontaine qui en était la vie et la ressource. Or, il y avait 7
ans qu'elle ne donnait plus d'eau. C'est pourquoi, sachant que
saint Hilaire était facilement exaucé de Dieu, cette femme vint
lui demander un prodige. Le charitable évêque l'accueillit avec
bonté et lui dit : "Nous allons tous les deux prier auprès de
cette fontaine, et il faut espérer que Dieu nous écoutera". Ils
y allèrent donc et, après avoir prié quelque temps, la source se
remit à couler avec son ancienne abondance.
Dans une de ses visites à son monastère des bords du Tarn, saint
Hilaire apprit que dans le voisinage on célébrait une fête
populaire d'origine païenne et pleine de rites diaboliques.
Aussitôt, prenant avec lui deux moines, il se dirigea vers
l'endroit désigné. Comme il était sur le point d'y arriver, ces
fanatiques crurent voir une armée nombreuse s'avançant contre
eux et s'enfuirent de frayeur dans toutes les directions. Puis,
quand ils apprirent la réalité du fait, ils reconnurent le doigt
de Dieu dans ce qui venait de se passer et demandèrent à se
réconcilier avec le Christ par le ministère de Sa sainte Eglise.
Pendant l'épiscopat de saint Hilaire, les soldats Francs de
Thierry Ier, roi d'Austrasie et fils aîné de Clovis Ier,
s'avancèrent jusqu'en Gévaudan pour en faire la conquête et
allèrent assiéger le château de “Méléna” , où saint Hilaire
s'était réfugié sans doute avec toutes les forces et les
ressources du pays, dont il était en même temps l'évêque et le
dirigeant temporel. Ce siège durait déjà depuis longtemps,
lorsque Dieu lui fit connaître que les assiégeants étaient
disposés à traiter honorablement. Il sortit donc de la
forteresse, et toutes choses se passèrent ainsi que le Ciel le
lui avait révélé.
Un des chefs de l'armée assiégeante lui témoigna toute sorte
d'égards et l'invita même à sa table : ce à quoi saint Hilaire
acquiesça avec bonté et confiance. Or, ce guerrier avait à son
service un homme qui, quoique baptisé Chrétien, s'était fait une
réputation de grande méchanceté, même envers les innocents.
Pendant le repas, cet homme osa s'asseoir à table et demander à
l'évêque sa bénédiction. Saint Hilaire la lui refusa en disant:
“Je n'ai rien de commun avec les hommes qui se permettent les
choses les plus exécrables”.
Ce refus excita sa colère : il jura la mort du saint homme, se
vantant qu'il ne le laisserait pas rentrer chez lui sain et
sauf. Puis, continuant à remplir son office culinaire, il lui
arriva, en attisant le feu, de renverser sur lui une chaudière
pleine d'eau bouillante. L'excès de la douleur le mit tellement
hors de lui-même, que, s'agitant comme un furieux, il se roula
jusqu'au milieu des flammes du foyer et succomba bientôt après à
des souffrances atroces.
Quelque temps après, le roi d'Austrasie étant mort, son fils
Théodebert Ier, qui lui succéda, vint visiter ses
provinces méridionales. Saint Hilaire, ayant appris son arrivée
en Auvergne, s'empressa de s'y rendre pour traiter avec lui de
certaines affaires du petit Etat de Gévaudan où il était évêque.
Chemin faisant, il s'arrêta, pour se reposer durant la nuit, en
un lieu appelé “Arisencus”, aujourd'hui Arzenc d'Apcher. Vu
l'exigüité du lieu et sans doute aussi la douceur de la saison,
la caravane campa sous des tentes en rase campagne. Or, pendant
la nuit, le tribun Léon, qui, avec les hommes composant
l'escorte, montait la garde auprès de la tente de l'évêque, y
aperçut une grande lumière et entendit des personnages
mystérieux qui s'entretenaient avec lui. Le lendemain, le saint
pasteur, à qui sans doute ce militaire avait adressé quelque
question relative à cet incident, lui dit : “Ne faites rien
connaître de ce que vous avez vu; je vous dirai seulement que
Dieu m'a révélé que mon voyage sera heureux et que nous pourrons
bientôt revenir dans nos foyers”. En effet, saint Hilaire
fut accueilli avec les plus grands égards par le roi Théodebert,
qui satisfit de grand cœur à ses propositions et à ses demandes.
Ceci se passait en 534.
L'année suivante, avec l'agrément de ce même prince, il se tint
à Clermont un Concile assez important de toute la province
ecclésiastique de Bourges. Saint Hilaire fut un des Pères de
cette auguste assemblée, qui fut présidée par saint Honoré,
évêque de Bourges. L'évêque de Mende y occupait le 4ème
rang.
Saint Hilaire mourut le 25 octobre (vers 540).
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |