Sixième BÉATITUDE [1]

        Heureux ceux qui ont le cœur pur

 Dieu est un rocher effilé

1.     L'impression que l'on éprouve du haut d'un promontoire, lorsqu'on jette les yeux sur l'immensité de la mer, mon esprit la ressent quand, du haut des paroles escarpées du Seigneur, comme du sommet d'une falaise, il contemple l'abîme infini de ses contours.

On voit souvent au bord de la mer, s'élever un de ces éperons rocheux qui offrent aux flots une surface abrupte du haut jusqu'en bas et dont la crête surplombe l'abîme. Le vertige que l'on ressent de cette hauteur, en jetant les yeux sur les gouffres marins, mon âme l'éprouve aussi aujourd'hui, où cette grande parole du Seigneur la dresse au-dessus des abîmes : Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.

Dieu s'offre aux regards de ceux qui ont le cœur pur. Or « nul n'a jamais vu Dieu » (Jn 1,18), dit notre saint Jean. Et saint Paul confirme cette idée en parlant de celui que « nul d'entre les hommes n'a vu ni ne peut voir » (1 T. 6,16). Dieu est ce rocher abrupt et effilé, qui n'offre pas la moindre prise à notre imagination. Moïse aussi, en ses lois l'appelait l'inaccessible : il décourageait ainsi toute tentative d'approche et ses menaces nous faisaient l'expresse défense de le chercher : « Il n'est personne, disait-il, qui puisse voir le Seigneur et vivre. » (Ex. 33, 20)

Mais quoi ? La vie éternelle est la vision de Dieu et les piliers de la foi, Jean, Paul, Moïse nous certifient que celle-ci est impossible ? Quel vertige ! devant l'abîme de ces contours, je me sens défaillir[2]...

Si Dieu est la vie, celui qui ne le voit pas, ne voit pas non plus la vie. Et nos prophètes, nos apôtres inspirés témoignent que nous ne pouvons contempler Dieu. A quoi donc se réduit notre espérance ?

 L'espérance de voir Dieu

2.     Or le Seigneur stimule cette espérance. N'en a-t-il pas donné la preuve à l'égard de Pierre ? Sous les pieds de ce disciple tout près de se noyer, il affermit et durcit les flots (cf. Mat. 4, 30). La main du Verbe s'étendra-t-elle aussi sur nous, qui sommes submergés en ces abîmes, nous affermira-t-elle sur l'un ou l'autre de ses aspects ? Alors nous serons rassurés, parce que fermement dirigés par la main du Verbe. Heureux ceux qui ont le cœur pur, ils verront Dieu.

Une telle promesse surpasse nos joies les plus raffinées : après ce bonheur, quel autre pourrions-nous désirer ? Ne les tenons-nous pas tous en celui que nous voyons ? Car dans l'Écriture, voir n'est rien d'autre que posséder. Par exemple, « tu verras le bonheur de Jérusalem » (Ps, 128, 5), où voir signifie partager. Et en disant : « l'impie disparaîtra et ne pourra voir la gloire du Seigneur » (Is. 26, II), le prophète marque par cette expression qu'il en sera totalement exclu.

Ainsi celui qui voit Dieu possède par cette vision tous les biens imaginables : une vie sans fin, une incorruptibilité perpétuelle, une joie inépuisable, une invincible puissance, un enchantement éternel, une lumière véritable, les douces paroles de l'esprit, une gloire incomparable, une allégresse jamais interrompue, tous les biens, enfin. Que cette béatitude nous offre donc de grandes et de belles espérances !

 Impossible pureté ?

Mais, disions-nous, la vision de Dieu dépend de la pureté de nos cœurs. Me revoilà saisi de vertige. Eh quoi ? La pureté de mon cœur n'est-elle pas impossible, ne surpasse-t-elle pas mes forces ? Elle fait voir Dieu, dit-on, mais Moïse et saint Paul n'ont pu le voir et ils attestent qu'eux-mêmes ni personne ne peut contempler Dieu. Il semble alors que la promesse faite par le Verbe en cette béatitude soit irréalisable. Que nous importe de savoir comment on voit Dieu, si nous n'en avons pas le moyen ? C'est merveilleux de voler dans le ciel, pourrait-on aussi bien dire ; on aperçoit là-haut des beautés inconnues sur la terre. Mais enseignez-nous donc le moyen de voler dans le ciel et vos auditeurs seront ravis de savoir que cette expérience est extraordinaire. Car tant que nous ne pouvons nous élever en l'air, à quoi bon nous dire les charmes de cette ascension ? Nous voilà au contraire tout attristés, à la pensée de ces joies qui nous sont refusées. Le Seigneur ne nous exhorte-t-il pas de même en ce sublime précepte à une expérience qui est au-delà de nous-mêmes, et qui dépasse nos moyens ?

Non. Pas plus qu'il ne demande de voler aux animaux qu'il n'a pas pourvus d'ailes ; ni de vivre dans l'eau à ceux qu'il a destinés à habiter sur la terre. La Loi s'est adaptée en tous points aux capacités de ceux qui la reçoivent ; elle ne fait jamais violence à leur nature. De là nous concluons que cette béatitude non plus n'est pas une promesse illusoire. Ni Jean, ni Paul, ni Moïse, ni aucun de leurs semblables, n'ont été frustrés de cette suprême joie qui jaillit de la contemplation de Dieu, non plus que celui qui dit : « M'attend une couronne de justice, le juge intègre me la donnera » (2 T. 4, 8), ni celui qui s'était penché sur le sein de Jésus (cf. Jean 21, 10), ni celui que Dieu interpella en ces termes: « Je t'ai, connu entre tous. » (Ex. 33, 17) Ces hommes qui proclament que la saisie de Dieu nous dépasse méritent sans conteste le titre de bienheureux. Or leur bonheur est la vision même de Dieu, qui dépend de la pureté du cœur. Preuve que la pureté du cœur, qui fonde cette joie, n'est pas irréalisable.

Dès lors, nous pouvons sans nous contredire affirmer avec les hommes que la contemplation de Dieu dépasse nos forces et avec le Seigneur, que la pureté du cœur est promesse de vision.

 Dieu se fait connaître dans ses énergies

3.     Je crois judicieux de commencer par rappeler quelques notions qui nous permettront de progresser avec méthode dans notre recherche. La nature de Dieu en elle-même, en sa propre substance, dépasse toute représentation : nul ne peut l'approcher, elle se dérobe à tout essai de formulation. L'homme n'a pas trouvé en lui la faculté qui lui ferait comprendre ce qui est incompréhensible. Il ne dispose pas de moyen qui transforme en notions claires des réalités inconcevables. Aussi le grand Apôtre dit-il des voies de Dieu qu'elles sont « impénétrables » (Rm II, 33), indiquant par là que la route qui mène à la connaissance divine est fermée à nos esprits. En somme, nul de ceux qui avant nous ont parcouru la carrière de la vie, n'a laissé les traces d'une représentation, d'une réflexion qui puisse donner une idée de ce qui dépasse tout entendement.

Puisque l'être de Dieu transcende tout être, il est d'autres façons de voir et de saisir celui qui ne se laisse ni voir ni saisir. Les voies qui accèdent à sa connaissance sont très diverses. Déjà la sagesse qui apparaît dans l'univers nous aide à nous représenter celui qui « a tout créé dans la sagesse ». Nos œuvres à nous ne nous donnent-elles pas quelque idée de l'artiste qui les a exécutées ? Un style n'apparaît-il pas dans l'ouvrage ? Nous n'apercevons point alors la personne de l'ouvrier, mais l'art dont son œuvre témoigne. De même lorsque nous regardons l'ordre qui émane de la création, nous nous faisons une idée non de la personne de ce sage créateur, mais de sa sagesse.

Considérons aussi pourquoi nous existons : Dieu n'était pas obligé de créer l'homme, il l'a fait dans un élan d’amour [3]. En ce sens, nous pouvons dire que nous voyons Dieu : nous n'avons pas le sentiment de sa substance mais la preuve de sa bonté. Et tous les autres éléments qui acheminent notre pensée vers la perfection et la transcendance constituent une approche de Dieu, puisque chacun de ces attributs nous permet de cerner Dieu. La puissance, la pureté, l'immutabilité, l'éloignement de tout mal, tous ces traits gravent en nos cœurs l'image de la transcendance divine.

Ces réflexions vous montrent que le Seigneur dit la vérité quand il promet de se manifester à ceux qui ont le cœur pur, et qu'en même temps saint Paul ne se trompe pas quand il déclare en une lettre, que « nul n'a vu Dieu ni ne peut le voir » (1 T. 6, 16) : invisible en sa substance, Dieu se manifeste en ses énergies, apparaissant dans certains environnements de lui-même.

Mais cette béatitude n'exprime pas seulement que nous puissions nous représenter Dieu d'après les actions qu'il opère : car les sages de ce monde sauraient eux aussi déceler dans le bel ordre de l'univers la sagesse et la puissance transcendantes. Notre béatitude me semble plus magnifique encore, pour qui sait accueillir et comprendre ce qu'il cherche : elle porte en effet un conseil. Je vais éclairer ma pensée à l'aide d'exemples.

 Un reflet de Dieu est dans le cœur de l'homme

4.     La santé est un bien pour la vie de l'homme. Mais le bonheur ne consiste pas à savoir ce qu'est la santé, mais à vivre sain. Car si tout en vantant la santé, je prends une nourriture indigeste, propre à gâter mes humeurs, quel bien tirerai-je de ces éloges, en butte à mes maladies ? Appliquons le même raisonnement à propos de Dieu. Le Seigneur dit que notre joie pour nous n'est pas d'entrevoir Dieu, mais de le posséder en nous-mêmes. Je ne crois pas que Dieu se livre face à face au regard de celui qui s'est purifié. Cette formule magnifique nous suggère peut-être ce qu'une autre parole exprime en termes plus clairs: « Le royaume de Dieu est au-dedans de vous. » (Luc 17, 21) Par là, nous apprenons qu'avec un cœur purifié de toute créature et de tout sentiment charnel, nous voyons dans notre propre beauté l'image de la nature divine. En cette brève formule, le Verbe lance un grandiose appel : « Vous qui aspirez à voir le Bien véritable, lorsqu'on vous dit que la grandeur de Dieu trône au-dessus des cieux, que sa gloire est inexprimable et sa beauté sans nom, que sa nature est infinie, ne tombez pas dans le désespoir, en pensant que vous ne pourrez contempler celui que vous cherchez. » Il est en toi, dans une certaine mesure, une aptitude à voir Dieu : celui qui t'a formé a déposé en ton être une immense force. Dieu, en te créant, a enfermé en toi l'ombre de sa propre bonté, ainsi que l'on imprime le dessin d'un cachet dans la cire. Mais le péché a dissimulé l'empreinte de Dieu et ce bien est devenu sans profit, caché sous des voiles souillés. Effaces-tu, en vivant dans le bien, la tache qui salit ton cœur ? Ta divine beauté resplendit de nouveau en toi.

Tu es comme une pièce de fer : sous la pierre à aiguiser, la rouille disparaît ; elle était noire, voici qu'elle reflète l'éclat du soleil et brille à son tour. Comme elle, l'homme intérieur, le cœur, comme dit ici notre Maître, une fois débarrassé de la rouille qui tachait sa beauté, retrouvera l'image première et sera bon. Rien ne peut ressembler au bien sans être bon. Ainsi, l'homme, en se regardant, verra en lui celui qu'il cherche. Et voilà la joie suprême qui remplit son cœur purifié : il regarde sa propre pureté et découvre dans l'image, le modèle. Lorsqu'on regarde le soleil dans un miroir, même sans lever les yeux vers le ciel, on voit le soleil dans l'éclat du miroir, aussi bien que si l'on regardait le disque solaire lui-même. Vous ne pouvez contempler la lumière en elle-même. Mais si vous retrouvez la grâce de l'image déposée en vous dès le commencement, vous posséderez en vous l'objet de vos désirs [4].

Pureté, élévation au-dessus des passions, éloignement de tout mal, voilà Dieu. Ces vertus sont-elles en toi ? Dieu y est aussi. Ton cœur est-il exempt de tout vice, libre de toute passion, pur de toute souillure, tu es bienheureux car tu vois clair. Purifié, tu aperçois des réalités qui échappent aux yeux non purifiés. Le brouillard qui t'aveuglait s'est dissipé et dans le ciel très pur de ton cœur, tu contemples à l'infini l'heureuse vision. Qu'est-elle ? Elle est pureté, sainteté, simplicité, lumineux rayons jaillis de la divine nature, qui nous montrent Dieu.

 Un cheminement difficile

5.     Ces réflexions affermissent nos convictions, elles n'ont pas encore ôté de notre cœur une inquiétude qui l'étreint depuis le commencement. Celui qui se trouve dans les cieux en apprécie les joies, mais comme il est impossible de s'envoler là-haut, à quoi bon les vanter ? De même nous croyons facilement qu'un cœur purifié nous fait connaître la joie suprême. Mais cette purification du cœur semble aussi illusoire que la montée au ciel. Quelle échelle de Jacob, quel char de feu semblable à celui qui emporta le prophète Elie dans le ciel, trouverons-nous, pour mener notre cœur vers les beautés célestes et le dégager de tout son poids terrestre ? (4 R. 2, 1l)

Songez donc à toutes nos passions irrépressibles et vous verrez bien qu'il est impossible de chasser tous ces vices liés les uns aux autres. Dès la naissance nous commençons à pécher, nous grandissons avec le péché et notre vie s'achève encore dans le péché. Comme si les hommes qui au commencement, par la transgression, accueillirent le péché et firent entrer la maladie, avaient tissé le mal en notre substance.

La nature veut que chaque espèce d'animaux se perpétue en transmettant son hérédité à ses petits, si bien que partout les petits offrent les mêmes caractères que les bêtes qui les ont engendrés. Comme elles, les hommes naissent des hommes et apportent en naissant les défaillances des hommes, les péchés des hommes. Le péché semble inhérent à l'homme. Il naît avec lui, croît avec lui, et ne le quitte qu'à l'heure de la mort [5].

Nous ne parvenons pas sans peine à la vertu ; que de sueurs et d'épreuves ! Que d'efforts et de souffrances ! L'Écriture nous le rappelle souvent : étroite et resserrée, dit-elle, est la voie du royaume, tandis que le péché nous mène à notre perte par une route large, unie et inclinée. Et pourtant la même Écriture nous assure que l'on peut arriver à cette existence supérieure, quand elle rapporte les prouesses de tant d'hommes !

Cette promesse de voir Dieu offre deux sens : d'une part il s'agit de connaître la nature transcendante et de l'autre de se joindre à elle par une vie pure. L'Écriture nous apprend que l'un de ces modes de connaissance est impossible, mais le Seigneur promet l'autre à tous les hommes, en ces termes : Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.

 L'apprentissage de la pureté

6.     Comment devenir pur ? Ce sermon sur la montagne nous l'enseigne presque partout. Lisez-en les commandements les uns après les autres, vous découvrirez l'art véritable de la purification [6].

Le Seigneur distingue deux sortes de péché : celui qui paraît dans les actes et celui qui naît dans l'esprit. Dans l'ancienne loi, Dieu châtiait l'iniquité qui se manifestait dans les actes, et aujourd'hui où il s'attaque à la seconde forme de péché, il promulgue une loi, cherche non plus à punir les fautes accomplies, mais à détruire le mal dans sa racine même. Pourrait-on mieux prémunir la vie du péché qu'en l'extirpant de la conscience ? Le péché est multiple et divers. A chacune de ses faces, le Christ oppose comme une arme, l'un de ses commandements.

La colère est bien souvent la plus prompte de nos passions. Il commence donc par traiter un mal aussi impétueux et sa première loi est une exhortation à la douceur. « Tu as appris dans la loi ancienne, dit-il, tu ne tueras point. » (Ex. 20, 3) Apprends aujourd'hui à chasser de ton cœur toute colère contre les tiens. Il ne dénonce pas ici toute sorte de colère car un éclat se justifie parfois, mais la colère qui nous dresse contre l'un de nos frères, sans profit pour lui : « Quiconque se met en colère contre son frère sans raison. » (Mat. 5, 22) En précisant sans raison, il montre combien la colère peut être opportune si elle éclate en manière de réprimande. L'Écriture ne désavoue pas cette sorte de colère : Phénès apaisa la menace que Dieu avait jetée sur le peuple, en tuant les coupables (Nb. 25, 11).

Puis le Christ attaque la sensualité et ses avertissements arrachent du cœur les fols attraits de l'adultère. Et on s'aperçoit ainsi que le Seigneur corrige un à un tous les vices dans ces préceptes, opposant à chacun d'eux l'une de ses lois. Loin de tolérer que nous ripostions à l'injure, il exige même que nous l'acceptions. Il rejette la passion de l'avarice, lorsqu'il ordonne que nous abandonnions à celui qui nous dépouille même ce qu'il n'a pas demandé. Il nous guérit de la lâcheté lorsqu'il exige que nous surmontions notre crainte de la mort. Bref, en tous ses commandements, vous verrez que le soc de sa parole arrache du fond de nos cœurs les viles racines des péchés et qu'ainsi nous pouvons en finir avec ces moissons de ronces.

 La récompense de l'effort

Tels sont les bienfaits dont il comble notre nature : en même temps qu'il lui promet la béatitude, il l'instruit et la forme au succès de cette promesse. Sans doute ne parvient-on pas sans peine à la béatitude. Mais compare ces peines à l'existence dont elles t'éloignent, et tu verras 'combien, le vice est plus pénible, sinon dans l'immédiat, du moins dans la vie future. Lorsqu'on sait ce qu'est la géhenne on s'arrache sans larmes ni regrets à ces coupables plaisirs. La crainte qui envahit nos esprits suffit seule à décourager nos passions. Bien plus, si derrière les mots qui ont été prononcés, vous devinez ceux qui n'ont pas été dits, vous n'en deviendrez — pour votre plus grand bien, — que plus ardents : heureux ceux qui ont le cœur pur.

Et que sont donc malheureux ceux dont l'esprit est plein de souillures ! Car eux ne voient d'autre face que celle de l'Adversaire. L'existence d'un juste au contraire est marquée de l'effigie de Dieu ; sentez-vous qu'une vie déréglée se modèlera sur les traits de l'Adversaire ? Dieu, objet de connaissances multiples, est appelé de tous les termes qui suggèrent sa perfection ; lumière, vie, incorruptibilité, et autres qualités. Inversement tous les termes contraires s'appliquent à l'auteur du mal, ténèbres, mort, corruption et autres noms semblables.

Nous savons quels traits revêt une vie de péché ou une vie de justice et devant l'alternative, nous avons la liberté de choisir. Fuyons donc le visage du démon, arrachons son masque odieux, et revêtus de la divine image, purifions notre cœur. Ainsi, nous posséderons la joie, et l'image divine brillera en nous grâce à notre pureté, dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui la gloire aux siècles des siècles. Amen.


[1] Traduction publiée par F. Quéré-Jaulmes

[2] « Grégoire se sent pris comme d'un vertige à la vue de ce paradoxe. » Urs von Balthasar, Présence et pensée, p. 82.

[3] Thème qui revient sans cesse dans la théologie grecque : le sens ultime de la création et de l'homme est la tendresse de Dieu. Il avait déjà paru dans la Catéchèse de la foi.

[4] Remarquons bien cette double affirmation : « trop faible » d'une part, « pas amoindri » de l'autre. « C'est tout le problème de l'image. » Urs von Balthasar, op. cit., p. 83.

[5] Il ne faudrait pas pressurer outre mesure ces paroles mais les comparer avec l'affirmation que le péché n'existe pas en soi ni hors de l'homme : il est l'homme dévoyé, l'image enfouie.

[6] Il est à noter que Grégoire ne donne pas une explication « sexuelle » du texte mais métaphysique et éthique à la notion de « pureté » : elle est l'âme purifiée. Il n'en sera pas de même chez les commentateurs ultérieurs surtout spirituels.

    

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