Celui qui allait
devenir le 89e Pape de l’histoire de l’Église sous le
nom de Grégoire II naquit à Rome en 669.
Encore diacre, il
avait participé aux discussions du concile de Constantinople en
692 qui marqua déjà les
dissensions
entre l'Eglise de Rome et Byzance.
Élu Pape le 19 mai
715, après quarante jours de vacance du Siège Apostolique,
Grégoire II n’en finit pas pour autant ses démêlés avec
l’empereur de Byzance.
En effet, celui-ci
voulut imposer ses taxes sur les territoires soumis à la
juridiction du Pape et l'exarque de Ravenne se heurta à un
conflit avec les détachements de l'armée locale qui soutenait le
Pape. Le conflit s'étendit au domaine théologique quand
l'empereur, prenant position dans le domaine dogmatique, attaqua
le culte des saintes Images et déposa le patriarche de
Constantinople. De militaire, le conflit devint en même temps
doctrinal. L'exarque de Ravenne soutenant alors le Pape réussit
à empêcher les Lombards encore païens de prendre part aux
campagnes militaires.
Malgré tous ces
soucis — ou peut-être à cause d’eux, Grégoire II n'oublia pas
l'évangélisation des peuples germaniques, et autres, car dès la
première année de son pontificat, il envoya Corbinien en mission
évangélique en Allemangne. Puis, un peu plus tard, le 15 mai
719, il confia à Wynfrid de Wessex (S. Boniface) la mission
d’évangéliser la Hesse et la Thuringe.
Son action se
dirigea aussi vers la reconstruction du patrimoine de l’Église
détruit pas les guerres. Ce fut ainsi qu’il demanda à Petronax
de rétablir l’abbaye du Mont-Cassin détruite par les Lombards
140 ans auparavant.
On retiendra cela,
bien entendu, mais aussi son combat pour le culte des icônes.
En 727, invité à
adhérer aux édits iconoclastes de Léon II l’Isaurien, sous la
menace d’une déposition immédiate, il refusa et excommunia
l’exarque de Ravenne chargé d’exécuter les édits. Plus encore :
Il invita les fidèles à se garder de l’hérésie proclamée par
l’empereur, à qui il reprocha de ne pas vouloir défendre
l’Italie.
Démontrant alors un
courage exceptionnel, il empêcha les Romains de payer l’impôt à
Byzance, en quoi il fut écouté non seulement par les Romains
eux-mêmes, mais aussi par les troupes impériales cantonnées en
Italie qui se soulevèrent et se donnèrent des chefs. L’exarque
Paul fut tué dans une émeute des habitants de Ravenne. Les
Romains chassèrent leur duc, s’érigèrent en République, et le
Pape acquit la surintendance ministérielle de la ville et de son
duché.
Mais les choses ne
vont en rester là, car en 728 le roi des Lombards Luitprand
assiégea et prit Ravenne. Pour se concilier le Pape, il fit don
au Saint-Siège de Sutri et de son territoire. Léon II envoya un
nouvel exarque, Eutychius, qui ne put rien faire sans troupe,
d’autant plus que les ducs Lombards de Spolète et de Bénévent,
révoltés contre leur roi, soutinrent le pape. Il se rétablit
cependant à Ravenne avec l’aide de la République de Venise et à
la demande du pape.
Un an plus tard,
les troupes de Luitprand et d’Eutychius se présentèrent devant
Rome. Alors, Grégoire II écrivit à Charles Martel pour lui
demander du secours, mais en vain. Manquant d’autres arguments,
il marcha à la rencontre du roi Lombard et parvint à le
convaincre d’abandonner le siège de la ville.
Fatigué par un
pontificat aussi tumultueux, Grégoire II rejoignit la Maison du
Père le 11 février 731, laissant à son successeur, Grégoire III,
le soin du Siège Apostolique. Ce dernier, dès le début de son
pontificat condamna à son tour les iconoclastes et les frappa
d’excommunication.
Le 13 février 731,
deux jours seulement après sa mort Grégoire II fut
canonisé — certainement la canonisation la plus rapide de
l’histoire religieuse.
Établi d’après
plusieurs documents. |