Giustina (Justine)
naquit de parents très nobles à Arezzo, entre 1257 et 1260. Elle
avait un caractère aimable et humble, et s’habitua vite aux
pratiques chrétiennes. Souvent elle se privait de quelque nourriture
et prenait plaisir à se retirer dans sa chambre pour prier.
Mais quand lui vint
l’idée de parler à ses parents d’une véritable consécration à Dieu,
elle essuya un refus catégorique et immédiat. C’est qu’elle était
leur unique fille, comblée de richesses, et elle devait
nécessairement épouser un homme de sa condition. Mais les parents se
trompaient sur Celui qui devait être l’époux de leur fille. Mais une
grave maladie du père fit réfléchir toute la famille sur la caducité
de ce monde, et Giustina reçut la permission qu’elle demandait. Or,
elle n’avait que douze ans, ce qui montre bien la maturité de cette
grande âme.
Elle se présenta donc
bientôt au monastère des Bénédictines de San Marco (qui n’existe
plus aujourd’hui) avec pour tout bagage une image de Jésus Crucifié.
A son entrée, une colombe se posa sur sa tête, signe qu’on
interpréta déjà comme une présence particulière de l’Esprit Saint
sur cette jeune vierge. Pendant quatre ans, cette novice se montra
exemplaire et toujours joyeuse dans l’accomplissement des charges
quotidiennes. Puis les religieuses durent quitter leur monastère, à
cause des guerres locales. Giustina se retrouva donc au monastère de
Ognisanti (Tous les Saints), avec sa précieuse image du Crucifié.
Son amour de la
perfection fut aiguilloné par la présence proche d’une ermite, une
certaine Lucia, qui vivait recluse près du château de Civitella
(exactement : Civitella della Chiana). L’évêque lui permit de la
rejoindre. Lucia la reçut avec joie, mais on imagine avec quels
efforts le pauvre papa de Giustina tenta en vain d’arracher sa fille
à une telle pauvreté extrême. Toutefois, cette vie d’anachorètes ne
dura que peu de temps, car Lucia tomba malade et mourut.
Giustina continua sa
vie solitaire de prière et de pénitence. Elle eut visiblement des
grâces particulières, lorsqu’un ange vint plusieurs fois la protéger
des loups. Mais cette vie extrêmement rude commença bientôt à lui
causer quelques problèmes aux yeux, ce qui fit qu’elle passa les
vingt dernières années de sa vie complètement aveugle. Elle dut
revenir au monastère, où les Consœurs furent très heureuses de
retrouver parmi elles cette âme d’élite. Mais de nouveau le
monastère fut menacé par les soldats et l’évêque le transféra en
lieu sûr. C’était en 1315.
Giustina avait une
dévotion particulière pour la Passion du Christ. Bien que malade,
elle se serrait les flancs avec les cilices, elle se flagellait.
Elle reçut plusieurs fois des extases, même en présence des Sœurs.
Elle ne manquait jamais de donner une parole de réconfort chaque
fois qu’elle le pouvait. A sa mort, en 1319, on voyait bien sur son
corps les marques de la chaîne de fer qu’elle avait porté pendant
des années à la taille.
Un lys poussa
spontanément sur sa tombe ; avec ce lys Giotto la représenta à
Florence. Dix ans après la mort, le corps était encore souple ; en
1709, lors d’une reconnaissance du corps, celui-ci apparut sans
corruption. Giustina fut invoquée pour les maladies des yeux ; des
possédés furent guéris près de sa tombe.
Le Saint Siège confirma
le culte en 1891, et la Bienheureuse est inscrite au 12 mars au
Martyrologe Romain.
Note
: Récemment, les deux
communautés bénédictines d’Arezzo (Monastère du Saint Esprit) et de
Florence (Sainte Marie de la Fleur a Lapo) ont fusionné, ce qui
explique que le tombeau de Giustina soit actuellement dans l’église
paroissiale de la bourgade florentine, contiguë au monastère et qui
fait toutefois partie du diocèse voisin de Fiesole. Ce fut un riche
donateur, Lapo da Fiesole, qui hébergea le premier les religieuses,
et en 1350 saint Andrea Corsini consacra le monastère sous la règle
de saint Augustin d’abord ; les sœurs Augustines restèrent jusqu’en
1808, quand les ordres furent supprimés ; en 1817, après la
persécution napoléonienne, ce furent les Bénédictines qui reprirent
le bâtiment. |