Giovanni
(Jean) Calabria est né à Vérone en 1873, septième et dernier
enfant d'une famille très pauvre et fervente. La Providence
l’aida à surmonter de grandes difficultés pour entrer au
séminaire. La mort de son
père,
alors qu’il avait douze ans, l’obligea à travailler ; un prêtre
remarqua sa valeur et le prépara en privé à reprendre sa
formation, et put ainsi entrer au lycée. Mais il fut de nouveau
interrompu dans ses études par le service militaire, pendant
deux ans ; là il se fit remarquer par sa charité. Après quoi il
reprit ses études et fut ordonné prêtre le 11 août 1901. Son
expérience de la pauvreté l’aida à comprendre et aimer les
pauvres et en même temps lui fit toucher du doigt l’aide de la
Providence. Très tôt, déjà comme séminariste, il s’était
consacré à des œuvres de charité pour secourir les orphelins et
les personnes abandonnées. En 1907, il construisit alors la
"Maison des Bons Enfants",
puis divers homes à travers l’Italie pour les adolescents
abandonnés. Étendant son action aux personnes âgées et aux
malades, il projeta pour elles “la Citadelle de la Charité” à
Negrar, petite ville près de Vérone. Cette œuvre naquit de sa
collaboration avec le curé du lieu et l’aide des “Petites Sœurs
de la Sainte Famille” fondées par le bienheureux
Joseph Nascimbeni. (Toujours
sous le même nom, c’est actuellement un hôpital florissant que
Jean-Paul II a visité “avec une vive émotion” en 1988). Don
Calabria pense même aux parias de l’Inde et, en 1934, il envoie
là-bas quatre frères. En effet, il avait réuni des hommes
désireux de partager avec lui sa consécration au Seigneur. Ce
fut la base de la "Congrégation des pauvres serviteurs de la
divine Providence", comprenant des frères et des prêtres,
approuvée par l’évêque de Vérone en 1932. Puis en 1940 furent
fondées les "Pauvres servantes de la divine Providence". Avec
leur aide, il voulait, dit-il, "montrer au monde que la divine
Providence existe, que Dieu n'est pas un étranger, mais qu'il
est Père". Il aimait répéter à ses collaborateurs les paroles
évangéliques qui l’avaient frappé dès sa jeunesse : «Cherchez
d'abord son Royaume [de Dieu] et sa justice, et tout cela vous
sera donné par surcroît» (Mt 6, 33). Sa charité s'étendait à
tous les domaines. Il aida notamment des pauvres dans leurs
études afin qu'ils puissent réaliser leur vocation à la vie
religieuse ou sacerdotale, tout en respectant leur volonté de
choix final, pour telle ou telle Congrégation. Soucieux de
l’unité de l’Église, il entretenait des relations fraternelles
avec les protestants, les orthodoxes et les juifs. Avec une voix
prophétique, il ‘criait’ à tous que le monde ne peut être sauvé
qu’en retournant au Christ et à son Évangile. Il comprenait le
rôle indispensable des laïcs ; c’est pourquoi, en 1944, il fonda
la “Famille des Frères externes”, composée uniquement de laïcs.
La dernière partie de sa vie fut un calvaire qu’il vécut en
‘victime’ en union avec le Christ. « C’était – dit Jean-Paul
II – comme un reflet de l’angoisse du Crucifié pour les âmes. Il
attribuait à une voix du Seigneur son soupir si insistant: “Mon
Église, mon Église…”. De cet amour déchirant pour l’Épouse du
Christ naquit chez Don Calabria le don de lui-même aux prêtres
et aux religieux. Il lançait des appels passionnés, déchirants,
hardis, aux autorités ecclésiastiques, aux prêtres, aux
religieux, aux prêtres en difficulté, pour demander à tous un
changement radical de vie, un retour vigoureux à ‘l’apostolica
vivendi forma’ (au genre de vie des Apôtres). » Et Jean-Paul II
de conclure : « Ce message au clergé et aux personnes consacrées
ne doit pas être oublié ».
Le 3
décembre 1954, veille de sa mort, Don Calabria fit l’offrande de
sa vie pour le Pape Pie XII alors agonisant. A l’étonnement de
tous, le Pape se rétablit rapidement et salua en Don Calabria un
"champion de la charité évangélique", alors qu’il ignorait
encore son dernier geste de charité envers sa personne. Il resta
encore quatre ans à la tête de l'Église, jusqu’en 1958.
Après la
mort du saint, et dans son esprit, fut fondée en Uruguay
la Congrégation des “Sœurs
Missionnaires des Pauvres”.
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/hagiographie/fiches/f0296.htm
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