Giovanna Maria Bonomo
Religieuse, Mystique, Bienheureuse
1606-1670

Présage d’une vie toute particulière, la naissance de cette extraordinaire figure du XVIIe siècle eut lieu le 15 août, dans la maison de ses parents Giovanni Bonomo et Virginia Ceschi, lui riche marchand à Asiago (province de Vicenza, NE de l’Italie), elle de la famille des Ceschi de Borgo Valsugana.

Maria n’avait pas dix mois qu’elle reçut tout d’un coup l’usage providentiel de la parole, pour détourner son père de quelque mauvaise action. A cinq ans, elle avait déjà pénétré le mystère de l’Eucharistie et étudia le latin encore enfant, sans professeurs (humains).

Elle n’avait que six ans quand sa maman mourut (1612). Son père confia sa formation aux Clarisses de Trento, lesquelles lui enseignèrent, comme c’était la coutume, la religion, la littérature, la musique, la couture et la danse.

Exceptionnellement, elle fit sa première Communion à l’âge de neuf ans, en même temps qu’elle fit ce jour-là le vœu de chasteté, qu’elle observa fidèlement toute sa vie.

A douze ans, elle écrivit à son père qu’elle désirait être moniale chez les Clarisses de Trente, mais Giovanni Bonomo ne l’entendait pas de cette oreille et la fit tout bonnement revenir à Asiago dans le but de lui présenter quelque bon parti. Mais il finit par se rendre aux désirs de sa fille, tout en se réservant encore le choix de l’ordre et du monastère.

Momentanément, elle s’en retourna donc chez les Clarisses de Trento, où elle fit le noviciat. Le dimanche, elle accompagnait la messe avec son violon, ce qui faisait venir beaucoup de gens dans la petite église.

Finalement, à quinze ans (21 juin 1621), Maria entra chez les Bénédictines de Saint Jérôme, à Bassano del Grappa, où elle prit le nom de Giovanna Maria. Elle émit les vœux solennels de pauvreté, chasteté et obéissance le 8 septembre 1622, jour de la fête de la Nativité de Marie. Commença ainsi un chemin vers la perfection selon les trois voies traditionnelles : purificatrice, illuminatrice et sensitive.

Elle reçut alors pendant environ sept ans des visions célestes, des joies particulières pendant ses fréquentes expériences mystiques, en particulier quand elle recevait l’Eucharistie.

A ces ascensions mystiques, à ces dialogues avec le Sauveur, s’adjoignirent de grandes tribulations de corps et d’esprit. Tandis qu’à vingt ans elle recevait l’anneau des épousailles mystiques avec le Christ, dès lors elle vécut plusieurs années durant, en extase, tous les moments et toutes les douleurs de la Passion du Christ, à partir du jeudi après-midi jusqu’au vendredi soir ou même au samedi matin. Elle reçut aussi l’impression des stigmates.

Toutes ces grâces gênaient profondément Giovanna Maria, car elles la faisaient voir pour ce qu’elle n’était pas, comme elle répétait. Aussi, après d’intenses prières elle obtint que les stigmates disparussent et que les extases n’eussent lieu que de nuit. Par ailleurs, elle jouit du don de la bilocation.

Mais cette vie extraordinaire suscitait des jalousies et des suspicions, de la part des consœurs, du confesseur et de la Curie épiscopale de Vicenza, d’où lui parvint l’interdiction de descendre au parloir et d’écrire de la correspondance. Le confesseur la traita de folle et lui interdit même l’Eucharistie, jusqu’au jour où un Ange intervint pour lui porter la sainte Hostie. Elle souffrit beaucoup de fièvres, de sciatique…

Dieu permit que cette situation changeât les vingt dernières années de sa vie : en effet, on lui permit de reprendre sa correspondance et elle fut même élue abbesse en juin 1652. En 1655 elle fut élue prieure, charge qu’elle conserva jusqu’en 1664, année où elle fut à nouveau élue abbesse.

Elle enseigna aux moniales que la sainteté ne consistait pas à faire de grandes choses, mais à rechercher la perfection dans les choses les plus simples de la vie quotidienne.
Beaucoup, gens du peuple ou de la haute société, recoururent à ses conseils ; les pauvres bénéficièrent de sa grande charité, une vertu qui la caractérisait avec celles de l’humilité et de la patience héroïque.

Cette vie bien chargée, pleine de douleurs et de mérites, s’acheva finalement à Bassano le 1er mars 1670, dans sa soixante-quatrième année.

Dans les Méditations sur la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que dans les lettres qui nous sont restées, Giovanna se montre bien sûr clarisse et bénédictine, mais aussi carmélite et ignacienne, ayant fondé toute sa vie et son activité sur la figure du Christ.

Après sa mort, beaucoup de grâces lui furent attribuées, au point que son procès de béatification commença en 1699, pour s’achever presque un siècle après en 1783, quand le pape Pie VI la proclama Bienheureuse. Dès lors elle fut prise comme sainte Patronne de tout le Veneto, en particulier d’Asiago et de Bassano.

Le dernier prodige qu’on connut fut que durant la première Guerre Mondiale, malgré les si violents bombardements qui détruisirent totalement Asiago, la statue de la Bienheureuse qui se trouve devant sa maison natale resta absolument intacte, d’une façon tout-à-fait incompréhensible.

Inscrite au Martyrologe le 1er mars, jour de sa naissance au ciel, elle est cependant fêtée localement le 26 février.

Bruno Kiefer, Prêtre

 

 

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