Présage dune vie toute particulière, la naissance de cette extraordinaire figure du XVIIe siècle eut lieu le 15 août, dans la maison de ses parents Giovanni Bonomo et Virginia Ceschi, lui riche marchand à Asiago
(province de Vicenza, NE de lItalie), elle de la famille des Ceschi de Borgo Valsugana.
Maria navait pas dix mois quelle reçut tout dun coup lusage providentiel de la parole, pour détourner son père de quelque mauvaise action. A cinq ans, elle avait déjà pénétré le mystère de lEucharistie et étudia le latin encore enfant, sans professeurs (humains).
Elle navait que six ans quand sa maman mourut (1612). Son père confia sa formation aux Clarisses de Trento, lesquelles lui enseignèrent, comme cétait la coutume, la religion, la littérature, la musique, la couture et la danse.
Exceptionnellement, elle fit sa première Communion à lâge de neuf ans, en même temps quelle fit ce jour-là le vu de chasteté, quelle observa fidèlement toute sa vie.
A douze ans, elle écrivit à son père quelle désirait être moniale chez les Clarisses de Trente, mais Giovanni Bonomo ne lentendait pas de cette oreille et la fit tout bonnement revenir à Asiago dans le but de lui présenter quelque bon parti. Mais il finit par se rendre aux désirs de sa fille, tout en se réservant encore le choix de lordre et du monastère.
Momentanément, elle sen retourna donc chez les Clarisses de Trento, où elle fit le noviciat. Le dimanche, elle accompagnait la messe avec son violon, ce qui faisait venir beaucoup de gens dans la petite église.
Finalement, à quinze ans (21 juin 1621), Maria entra chez les Bénédictines de Saint Jérôme, à Bassano del Grappa, où elle prit le nom de Giovanna Maria. Elle émit les vux solennels de pauvreté, chasteté et obéissance le 8 septembre 1622, jour de la fête de la Nativité de Marie. Commença ainsi un chemin vers la perfection selon les trois voies traditionnelles : purificatrice, illuminatrice et sensitive.
Elle reçut alors pendant environ sept ans des visions célestes, des joies particulières pendant ses fréquentes expériences mystiques, en particulier quand elle recevait lEucharistie.
A ces ascensions mystiques, à ces dialogues avec le Sauveur, sadjoignirent de grandes tribulations de corps et desprit. Tandis quà vingt ans elle recevait lanneau des épousailles mystiques avec le Christ, dès lors elle vécut plusieurs années durant, en extase, tous les moments et toutes les douleurs de la Passion du Christ, à partir du jeudi après-midi jusquau vendredi soir ou même au samedi matin. Elle reçut aussi limpression des stigmates.
Toutes ces grâces gênaient profondément Giovanna Maria, car elles la faisaient voir pour ce quelle nétait pas, comme elle répétait. Aussi, après dintenses prières elle obtint que les stigmates disparussent et que les extases neussent lieu que de nuit. Par ailleurs, elle jouit du don de la bilocation.
Mais cette vie extraordinaire suscitait des jalousies et des suspicions, de la part des consurs, du confesseur et de la Curie épiscopale de Vicenza, doù lui parvint linterdiction de descendre au parloir et décrire de la correspondance. Le confesseur la traita de folle et lui interdit même lEucharistie, jusquau jour où un Ange intervint pour lui porter la sainte Hostie. Elle souffrit beaucoup de fièvres, de sciatique
Dieu permit que cette situation changeât les vingt dernières années de sa vie : en effet, on lui permit de reprendre sa correspondance et elle fut même élue abbesse en juin 1652. En 1655 elle fut élue prieure, charge quelle conserva jusquen 1664, année où elle fut à nouveau élue abbesse.
Elle enseigna aux moniales que la sainteté ne consistait pas à faire de grandes choses, mais à rechercher la perfection dans les choses les plus simples de la vie quotidienne.
Beaucoup, gens du peuple ou de la haute société, recoururent à ses conseils ; les pauvres bénéficièrent de sa grande charité, une vertu qui la caractérisait avec celles de lhumilité et de la patience héroïque.
Cette vie bien chargée, pleine de douleurs et de mérites, sacheva finalement à Bassano le 1er mars 1670, dans sa soixante-quatrième année.
Dans les Méditations sur la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que dans les lettres qui nous sont restées, Giovanna se montre bien sûr clarisse et bénédictine, mais aussi carmélite et ignacienne, ayant fondé toute sa vie et son activité sur la figure du Christ.
Après sa mort, beaucoup de grâces lui furent attribuées, au point que son procès de béatification commença en 1699, pour sachever presque un siècle après en 1783, quand le pape Pie VI la proclama Bienheureuse. Dès lors elle fut prise comme sainte Patronne de tout le Veneto, en particulier dAsiago et de Bassano.
Le dernier prodige quon connut fut que durant la première Guerre Mondiale, malgré les si violents bombardements qui détruisirent totalement Asiago, la statue de la Bienheureuse qui se trouve devant sa maison natale resta absolument intacte, dune façon tout-à-fait incompréhensible.
Inscrite au Martyrologe le 1er
mars, jour de sa naissance au ciel, elle est cependant fêtée localement le 26 février.
Bruno Kiefer, Prêtre |