Géraud,
né en 855, hérita de ses parents de vifs sentiments de vertu
et de piété. On le forma de bonne heure à tous les exercices
militaires, parce qu'il était d'usage parmi les seigneurs de
conduire en personne leurs
vassaux à la guerre. Sa mauvaise santé
l'ayant retenu longtemps dans la maison paternelle, il prit, du goût
pour la prière, l'étude et la méditation de la loi divine; en sorte
qu'il forma la résolution de renoncer au monde pour toujours. Après
la mort de ses parents, il ne se réserva de ses biens que ce qui lui
était nécessaire pour vivre. Il distribua le reste aux pauvres. Il
ne porta plus que des habits conformes à l'état de pénitence qu'il
avait embrassé; il jeûnait trois jours de la semaine, ne soupait
jamais, et voulait que sa table fût servie avec la plus grande
frugalité. Il se levait à deux heures après minuit, même en voyage,
récitait Matines, et restait en prières jusqu'au lever du soleil :
ensuite il entendait la messe, et partageait la journée entre les
exercices de religion et les devoirs de son état. Après l'unique
repas qu'il faisait, il conversait quelque temps avec ses amis, et
ses discours roulaient toujours sur quelque sujet sérieux. Non
content d'assister les pauvres, il rendait aussi justice à ses
vassaux ; et s'il s'élevait des querelles parmi eux, il s'empressait
de les terminer ; il les exhortait tous à la vertu, et leur
fournissait les moyens les plus efficaces de devenir de bons
chrétiens.
Il fit, en esprit
de pénitence, un pèlerinage à Rome. De retour dans sa patrie, il
fonda à Aurillac une grande église, sous l'invocation de S. Pierre,
à la place de celle de Saint-Clément, que son père avait fait bâtir,
avec un monastère de l'ordre de S. Benoît. Il enrichit
considérablement ce monastère; mais son principal soin fut d'y faire
observer la discipline religieuse avec la plus grande exactitude. La
réputation que s'attira cette maison, par sa régularité et par
l'étude des sciences ecclésiastiques, la rendit longtemps très
florissante. S. Géraud pensait lui-même à s'y retirer, mais il en
fut détourné par S. Gausbert, évêque de Cahors, son directeur, qui
lui représenta qu'il ferait plus de bien en continuant de vivre dans
le monde comme il l'avait fait. Sept ans avant sa mort, il perdit la
vue. Cet accident ne servit qu'à augmenter sa ferveur dans le
service de Dieu et son zèle pour la perfection. Il mourut à Cézeinac
en Quercy, le 13 octobre 909. On rapporta son corps dans le
monastère d'Aurillac, où il fut enterré, et où divers miracles
attestèrent sa sainteté. Sa châsse qui était d'argent fut pillée par
les Huguenots dans le seizième siècle. Les fidèles trouvèrent le
moyen de ramasser une partie de ses ossements, que l'on conserve
encore aujourd'hui. L'abbaye fut sécularisée et changée en un
chapitre de chanoines par le pape Pie IV. Il y avait toujours un
abbé commendataire qui avait de beaux privilèges.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |