Ce martyr anglais
naquit en 1556
et fut exécuté à Tyburn le 12 février 1583 ou 1584.
Il était le plus jeune
fils de Evan Haydock, de Cotton Hall (Lancashire) et de Helen, fille
de William Westby de Mowbreck Hall (Lancashire) ; il reçut sa
formation dans les collèges anglais de Douai et de Rome et fut
ordonné prêtre le 21 décembre 1581, probablement à Reims. Peu après
avoir débarqué en Angleterre, il fut arrêté à Londres et passa
quinze mois dans le plus strict confinement dans la Tour, souffrant
d'une recrudescence d'une forte fièvre de malaria, qu'il avait
contractée précédemment dans l'été 1581, durant sa visite des sept
églises de Rome. Autour de mai 1583, tout en restant dans la Tour,
il put jouir du statut plus relâché de “libre prison”, et
administrer les Sacrements à ses compagnons de prison.
Durant la première
période de sa captivité, il avait l'habitude de décorer sa cellule
avec le nom et les armes du pape, griffés ou dessinés au charbon de
bois sur la porte ou sur les murs : par le biais de sa “carrière”
sacerdotale, son dévouement à la cause papale devenait synonyme de
passion. C'est ainsi qu'il eut une joie toute particulière, en la
fête de la Chaire de saint Pierre à Rome (qui se fêtait le 16
janvier), d'être interrogé, lui et les autres prêtres emprisonnés
dans la Tour, par le greffier à propos de leurs croyances : c'est
ainsi qu'il confessa franchement qu'à son profond regret il pourrait
être contraint de déclarer que la reine était dans l'hérésie, et
c'est ainsi qu'il signa son destin. Le 5 février de 1583 ou 1584 il
fut accusé d'avoir conspiré contre la reine, à Reims le 23 septembre
1581, acceptant le 1er octobre de venir en Angleterre et décidant
d'y venir le 1er novembre. En réalité, le 1er novembre 1581… il
arrivait à Reims. Avec lui furent aussi accusés : James Fenn, du
Somersetshire, ancien élève du collège du Corpus Christi à Oxford ;
le futur martyr William Deane, qui avait été ordonné prêtre le même
jour que lui ; et six autres prêtres. Ce même jour du 5 février, on
rapporta également deux autres accusations ridicules, l'une contre
Thomas Hemerford, du Dorsetshire, qui fut un temps élève du collège
Saint Jean à Oxford, l'autre contre John Munden, du Dorsetshire, un
temps élève au Nouveau Collège à Oxford ; contre John Nutter aussi,
du Lancashire, ancien élève de collège Saint Jean à Cambridge, ainsi
que contre deux autres prêtres. Le jour suivant, fête de sainte
Dorothée, Haydock, Fenn, Hemerford, Munden et Nutter furent conduits
au barreau et plaidèrent non coupables.
Haydock avait depuis
longtemps une grande dévotion pour sainte Dorothée et avait
l'habitude de se confier chaque jour à sa protection, lui-même et
tout ce qu'il faisait. Il est même bien possible qu'il soit entré au
collège de Douai ce même jour en 1574 ou 1575, mais le fait n'est
pas confirmé. La “Concertatio Ecclesiæ” affirme qu'il fut arrêté en
ce jour, en 1581-1582, mais les annotations de la Tour indiquent
qu'il fut conduit à la Tour le 5, auquel cas il fut arrêté le 4. Le
vendredi 7, tous les cinq furent déclarés coupables et condamnés à
mort. Les quatre autres furent destinés au carcan de “la fosse” dans
la Tour, mais Haydock fut renvoyé à son ancien quartier, sinon il
devrait sans doute échapper au bourreau par une mort naturelle. Tôt
le mercredi 12 il célébra la messe, puis les cinq prêtres furent
tirés jusqu'à Tyburn parmi maints obstacles ; Haydock, qui était
probablement le plus jeune et certainement le plus faible de santé,
fut le premier à souffrir. Un témoin oculaire nous a transmis un
récit de leur martyre, que le père Pollen, jésuite, imprima dans le
cinquième volume de la Catholic Record Society.
Haydock y est décrit
comme “un homme de complexion délicate, de comportement doux, et
se montrant résolu dans la confession de sa foi“. Pendant tout
le trajet, il récitait des prières, et en montant sur la charrette,
il prononça à haute voix le dernier verset du “Te lucis ante
terminum”. Il reconnut Elizabeth comme sa reine de droit, mais
affirma aussi qu'il l'avait appelée “hérétique”. Ensuite il récita à
voix basse un hymne en latin, refusa de prier en anglais avec la
foule, mais exprima le désir que tous les catholiques priassent pour
lui et pour son pays. Sur quoi l'un des présents cria “Ici il n'y
a pas de catholiques”, et un autre “Nous sommes tous
catholiques” ; Haydock expliqua “J'entends ‘catholiques’ de
l'Église catholique romaine et je prie Dieu que mon sang puisse
développer la foi catholique en Angleterre”. Puis la charrette
fut écartée, et bien que “le préposé ait donné plusieurs coups à
la corde, avant qu'il ne tombe à terre”, Haydock était toutefois
encore en vie lorsqu'il fut détaché. De même aussi Hemerford, qui
passa en second. L'inconnu témoin oculaire dit que “lorsque le
bourreau lui coupa les membres, il cria ‘oh ! a !’ et qu'il
l'entendit de lui-même puisqu'il était juste au pied du gibet”.
Quant à Fenn, “avant qu'on écartât la charrette, on lui arracha
tous ses vêtements, sauf sa chemise, et après qu'on ait écarté la
charrette, on lui enleva sa chemise, de sorte qu'il fut pendu
complètement nu, au vu de quoi la foule protesta hautement”. Lui
aussi retomba à terre encore vivant, bien que l'un des bourreaux ait
eu pitié de lui. Nutter et Munden souffrirent en dernier. Ils firent
des déclarations et des prières semblables à celles des autres qui
les avaient précédés. Mais contrairement aux autres, ils purent
rester pendus plus longtemps, non pas vraiment jusqu'à leur mort,
mais au moins jusqu'à perdre complètement connaissance.
Haydock avait
trente-huit ans, Munden quarante environ, Fenn, qui était veuf avec
deux enfants, avait probablement aussi la quarantaine, Hemerford
devait avoir le même âge que Haydock ; l'âge de Nutter est
totalement inconnu. |