Gemma Galgani
naquit le 12 mars 1878 près de Lucques, en Toscane. Elle mourut à Lucques, à
l’âge de 25 ans. Elle fut
béatifiée en 1933 par Pie XI, et canonisée en 1940,
par Pie XII. Gemma est un témoin précieux [2] pour
tous ceux qui sont appelés à la sainteté, dans le monde, et quel que soit leur
état de vie.
Gemma Galgani,
mystique et stigmatisée, appartient à la lignée des âmes que le Seigneur se
choisit, au cours des siècles, pour achever sa Passion et son œuvre rédemptrice.
On peut citer, par exemple, St Ignace d’Antioche, Ste Agnès, au 4ème siècle, Ste
Catherine de Sienne, au 14ème siècle, Marthe Robin au 20ème siècle.
Gemma fut une
mystique comme le furent St Augustin, Thérèse d’Avila, St Jean de la Croix, et
de nombreux autres. Comme St Paul, Gemma pouvait dire: “J’achève en ma chair
ce qui manque aux souffrances du Christ.” Ou encore: “Je porte
visiblement les marques de la Passion du Christ.” Vraiment, en Gemma, c’est
le Christ qui vivait.
1
Les grandes dates de la vie de Gemma Galgani
12 mars
1878-Naissance de Gemma Galgani, au Borgho Nuovo de Camigliano, près de Lucques,
en Toscane. Son père est pharmacien-chimiste. Gemma est la cinquième de huit
enfants, dont plusieurs moururent jeunes.
13 mars
1878-Baptême de Gemma. Un mois plus tard, la famille s’installe à Lucques.
26 mai
1885-Confirmation. Gemma, âgée de sept ans, avait été préparée par sa mère qui
mourut de tuberculose, le 17 septembre suivant.
19 juin
1887-Première communion
Après sa
première communion, Gemma retrouva le rythme de sa vie d’écolière à
l’Institution Sainte Zita. Ses maîtresses furent toujours frappées par son
intelligence hors du commun. Sœur Julie Sestini rapporte: “Par son
intelligence, elle se tenait au-dessus des autres... et elle aurait pu enseigner
toutes ses compagnes.” Outre sa langue maternelle, elle maîtrisait
parfaitement le français et était douée en mathématiques.
Dès l’âge de 13
ans Gemma fut assoiffée de Dieu. Elle obtint de l’Abbé Volpi, qui deviendra et
restera son confesseur, l’autorisation de se confesser souvent et de communier
trois fois par semaine, privilège rare à cette époque.
11 septembre
1894-Décès de son frère Gino, séminariste, emporté à l’âge de 18 ans par la
tuberculose.
25 décembre
1896-Vœu de chasteté.
1897-Mort de
Henri Galgani, son père, atteint d’un cancer à la gorge. La famille, ruinée, fut
réduite à une grande misère. Gemma, âgée de 17 ans, fut accueillie par un oncle
et une tante qui tenaient une petite quincaillerie à Camaiore, et Gemma fut
chargée de servir les clients du magasin.
Gemma
exceptionnellement belle fut demandée en mariage à plusieurs reprises. Mais,
déjà donnée à Dieu, elle refusa ces offres et revint vivre à Lucques, dans une
extrême pauvreté.
En 1898, Gemma
tomba très malade: paralysie des jambes, mal de Pott (tuberculose osseuse),
tumeur au cerveau et otite purulente. Son état était désespéré quand elle fut
miraculeusement guérie, le vendredi 3 mars 1899, à la fin d’une neuvaine à Ste
Marguerite-Marie Alacoque et au Sacré-Cœur de Jésus. Le Vénérable Gabriel
Dell’Addolorata, jeune passionniste mort à 24 ans, que Gemma ne connaissait pas,
devint son protecteur. Gemma avait 21 ans.
Gemma put
reprendre un vie normale. Une véritable faim eucharistique la dévorait: Jésus
présent dans l’Eucharistie était le pôle de toute sa vie spirituelle. Un matin,
alors que Gemma était encore dans sa chambre, la voix de Gabriel se fit
doucement entendre: “Gemma, réjouis-toi, le Cœur de Jésus te veut toute
entière à Lui... Laisse-lui faire ce qui lui plaira le plus de faire en toi.”
Après la communion, c’est Jésus qui lui dit: “Viens, pauvre petite fille,
viens que je t’embrasse. Il y a si longtemps que je t’attends; j’ai eu tellement
de patience et j’ai tellement souffert pour toi... Moi seul, je veux être le
Maître de ton cœur et de ses affections.”
Du 1er au 21 mai
1899, Gemma fait une retraite chez les religieuses Visitandines. Elle espérait
être admise au postulat, mais son évêque s’y opposa. Le Seigneur avait d‘autres
projets pour elle. Gemma, déconcertée, retourna dans sa famille.
8 juin
1899-Impression des stigmates, grâce redoutable. Gemma voit s’imprimer dans son
corps les marques sacrées de la Passion de Jésus. La stigmatisation se
reproduisit pendant deux ans, chaque semaine, du jeudi vers 20 heures, jusqu’au
vendredi 15 heures où elle disparaissait.
C’est vers cette
époque que Gemma rencontra Madame Cecilia Giannini. Mgr Volpi, son confesseur,
souhaitant que Gemma fut cachée et entourée le plus possible, la famille
Giannini, qui comptait déjà onze enfants, accueillit Gemma.
Juin 1899-Gemma
rencontre les religieux Passionnistes. Jésus lui dit: “Tu seras une fille de
ma Passion, et une fille préférée. Un de ceux-ci sera ton Père.”
Début de l’année
1900, Gemma est définitivement installée dans la demeure de la famille Giannini.
Septembre
1900-Rencontre avec le Père Germano, qui deviendra son directeur spirituel.
1902-1903-La
santé de Gemma se détériore rapidement. Tuberculeuse et devenue contagieuse,
elle dut être séparée des Giannini et logée dans une petite maison toute proche,
le 24 janvier 1903.
Semaine Sainte 1903-L’agonie.
11 avril 1903,
Samedi-Saint, Gemma meurt à 25 ans. On a dit qu’elle était morte d’amour.
14 mai
1933-Béatification
2 mai 1940-Fête
de l’Ascension-Gemma est canonisée par le pape Pie XII
2
Les stigmates
2-1-Les faits
C’est le 8 juin
1899, que Gemma fut stigmatisée pour la première fois. La stigmatisation se
renouvela pendant deux ans,
chaque semaine, du jeudi soir vers 20 heures, pour
disparaître le vendredi vers 15 heures. Dans son autobiographie, rédigée sur
l’ordre de son directeur, religieux passionniste, le Père Germano qu’elle
rencontra en septembre 1900, Gemma raconte: “C’était le soir: soudain,
plus rapidement qu’à l’accoutumée, je ressentis intérieurement une douleur de
mes péchés plus vive que jamais. Cette douleur me rendit pour ainsi dire comme
morte.
Après cela,
je sentis toutes les puissances de mon âme se rassembler: mon intelligence ne
connaissait plus que mes péchés et l’offense faite à Dieu; ma mémoire me les
rappelait tous et me faisait voir tous les tourments que Jésus avait soufferts
pour me sauver; ma volonté me les faisait détester pour les expier. Une foule de
pensées m’assaillit l’esprit: pensées de douleur, d’amour, de crainte,
d’espérance et de réconfort.
À ce
recueillement intérieur succéda bientôt le ravissement des sens. Je me trouvai
devant ma Maman du ciel qui avait à sa droite mon ange gardien. Il m’ordonna
tout d’abord de réciter l’acte de contrition. Lorsque je l’eus terminé, ma Maman
m’adressa ces paroles: “Ma fille, au nom de Jésus tous tes péchés te sont remis.”
Puis elle ajouta:
— Jésus, mon
fils, t’aime tant et veut te faire une grâce; sauras-tu t’en rendre digne?
Ma misère ne
savait que répondre. Elle ajouta encore:
— Je
serai pour toi une mère, te montreras-tu ma vraie fille?
Elle ouvrit
son manteau et m’en recouvrit.
À cet instant
Jésus apparut avec toutes ses plaies ouvertes. De ces plaies ne sortait plus du
sang, mais comme des flammes de feu qui en un instant vinrent me toucher les
mains, les pieds et le cœur. Je me sentis mourir, je serais tombée par terre.
Mais ma Maman me souriait et me recouvrait toujours de son manteau. Je dus
rester dans cette position plusieurs heures. Puis ma Maman me baisa au front;
tout disparut, et je me retrouvai à genoux par terre. Mais je sentais encore une
forte douleur aux mains, aux pieds, au cœur.
Je me levai
pour me mettre au lit et m’aperçus qu’il sortait du sang aux endroits où j’avais
mal. Je les recouvris le mieux possible, puis, aidée par mon Ange, je pus
monter sur le lit. Ces souffrances et ces peines, au lieu de m’affliger,
m’apportaient une paix parfaite. Le matin, je pus aller communier avec peine et
je mis une paire de gants pour me cacher les mains. Je ne pouvais tenir debout,
à chaque instant je croyais mourir. Ces douleurs durèrent jusqu’à trois heures
le vendredi, fête solennelle du Sacré-Cœur de Jésus.”
Désormais,
toutes les semaines, du jeudi soir aux environs de vingt heures, jusqu’au
vendredi quinze heures, le même phénomène se reproduisait. Il faut ajouter à
cela que Jésus lui-même, le jeudi, enfonçait sa couronne d’épines sur la tête de
Gemma, ce qui lui causait de violentes douleurs de tête.
2-2-L’entourage
L’entourage
familial trouvait le comportement de Gemma quelque peu étrange. Elle quittait
rarement sa chambre et portait toujours des gants. Mais assez vite la vérité fut
connue et Gemma devint la proie de la curiosité des gens. Rapidement les
médecins et les neurologues voulurent examiner le cas Gemma Galgani... L’un deux,
le docteur Pfanner prétendit qu’il s’agissait d’hystérie. Toutefois, la plupart
des témoins étaient d’accord pour reconnaître la bonne santé physique et
psychologique de Gemma. Et le remarquable équilibre ainsi que le calme et la
paix qu’elle conservait malgré ces événements déconcertants.
Sur le plan
spirituel, Gemma continua à être suivie par son confesseur habituel: Mgr Volpi,
évêque auxiliaire de Lucques. Plus tard, Gemma correspondit très fréquemment
avec le Père Germano, prêtre passionniste, éloigné géographiquement. Jésus
exigeait que ces deux prêtres fussent tenus régulièrement informés de ce qui se
passait chez Gemma.
Mais la vie de
Gemma dans sa famille était devenue intolérable. Elle rencontra
providentiellement la famille Gianini qui l’accueillit avec amour. La famille
Giannini comptait déjà 11 enfants. Gemma pourrait s’occuper d‘eux. La tante,
Cécilia Giannini, qui vivait également au sein de cette grande famille, sera non
seulement la confidente de Gemma, mais son appui le plus sûr. C’est à elle que
le Père Germano demandera de noter soigneusement chaque incident qui pourrait
survenir et de lui en faire part, afin qu’il puisse donner à Gemma les
directives indispensables pour suivre vraiment les appels du Seigneur.
3
La Passion de Gemma
La “Pauvre”
Gemma, comme elle se nommait elle-même, s’inquiétait beaucoup de son avenir.
Voici quelques paroles qu’elle adressa à Jésus pendant une de ses extases:
ô Seigneur,
n’as-tu pas dit que le paradis est pour ceux qui vivent dans le monde sans être
du monde?... Ne m’as-tu pas dit que le paradis est pour les innocents?... Et moi?...
Mais que vas-tu faire de moi, que feras-tu de moi, ô Seigneur?... Ô Seigneur,
peut-être es-tu le seul à savoir la raison pour laquelle tu me gardes dans le
monde?... Pourquoi ne daignes-tu le révéler à personne?...
En fait la
“pauvre” Gemma fut “choisie” pour contempler et vivre la Passion de Jésus. Le
problème de la souffrance ne peut se comprendre que par rapport à la Passion de
Jésus. L’on peut s’étonner quand des saints demandent au Seigneur toujours
davantage de souffrances. Une telle attitude n’est pas du masochisme mais
seulement la réalisation d’un fait qui ne peut trouver d’explication que dans la
contemplation du Corps mystique du Christ douloureusement blessé par le péché
des hommes.
Quand un corps
vivant est gravement blessé, une opération est souvent indispensable. Cette
opération est douloureuse, et la cicatrisation l’est parfois encore davantage.
Pourtant le malade accepte cette souffrance de guérison avec joie, ainsi que les
soins et les pansements obligatoires, souvent éprouvants... Il en est de même
pour le Corps mystique.
Le Corps
mystique du Christ est gravement blessé et il faut souvent opérer. C’est le
Christ qui a pris sur lui la presque totalité des douleurs de l’opération en vue
de la guérison. Mais, les péchés se multiplient dans le temps, et il y a
toujours des plaies à panser. Alors Jésus se choisit des membres de son Corps
sur lesquels les opérations seront effectuées. Les soins et les cicatrisations
sont pénibles, mais les âmes qui acceptent de participer à la Passion de Jésus
savent toute la valeur de leurs peines et en demandent parfois davantage en vue
d’accélérer la guérison de tout le Corps. Dès lors on n’est plus étonné quand
Jésus dit à Gemma: “Vois, ma fille: le plus beau présent que je puisse faire
à une âme qui m’est bien chère, c’est de lui procurer la souffrance.”
C’est ce que
Gemma appelle les cadeaux du Seigneur, et il ne faut pas s’étonner à la vue de
Gemma suant du sang, subissant la flagellation, recevant la couronne d’épines ou
portant la Croix. Car Gemma allait tout connaître de la Passion du Christ. Gemma
écrira : “Jésus connaît bien le désir que j’ai de tout
souffrir et de
tout faire pour réparer les péchés commis contre Lui...”
Le 30 octobre
1900, Gemma écrit au Père Germano: ”Depuis qu’il m’arrive ces histoires bêtes
au cœur, à tel point que j’ai l’impression de mourir à tout instant, je ne peux
plus rester une minute sans ma tante.” (Mme Cecilia) Il s’agissait, en fait,
d’étreintes amoureuses que ressentait son cœur et qui la faisait beaucoup
souffrir. À ce sujet, Mme Cecilia écrit au Père Germano: “Gemma souffre d’une
façon horrible, il lui semble que son âme se déchire à chaque instant. Sous
l’effet de ces étreintes, trois de ses côtes se sont déplacées... C’est une
vraie torture.”
Treize jours
après la mort de Gemma, on procéda à l’autopsie. Le cadavre commençait seulement
à se décomposer... Les poumons avaient été minés par la tuberculose, mais le
cœur apparut plein de vie et d’une forme anormale: plus large que haut. Trop à
l’étroit dans sa cavité, il avait soulevé les côtes en les incurvant. On fendit
le cœur et il en sortit du sang frais comme celui d’un être vivant.
3-1-La sueur
de sang
“On avait
l’impression dit l’un des membres de la famille Giannini (Mateo) que Gemma avait
une goutte de sang à chaque cheveu: elle était tout en sang. J’ai vu la tache
sur le mouchoir dont se servait ma sœur (Cecilia) pour l’essuyer... D’abord le
sang sortait abondamment de la peau près des cheveux. Ensuite, il se répandait
sur le front, formant comme une couronne de gouttelettes rouges qui s’écoulaient
sur le visage. Et cette sueur de sang, au front, je ne l’ai pas vue qu’une seule
fois!...”
Cecilia Giannini
précise qu’il coulait aussi du sang de la plaie gauche et des mains que Gemma
enveloppait d’un mouchoir. Joseph Giannini ajoute: “On avait vraiment
l’impression que les gouttes de sang suintaient de la peau.”
3-2-La
flagellation
C’est le jeudi
et le vendredi que Gemma endurait les tourments de la flagellation, ce qu’elle
appelait les faveurs que lui fait Jésus. Certains des médecins chargés
d’examiner la stigmatisée prétendirent que ces faits relevaient de l’hystérie.
Matteo Giannini déclara: “Je ne crois pas que Gemma ait pu se donner
elle-même ces coups... Je considère comme absolument certain qu’ils ont une
origine surnaturelle...”
Cecilia écrit au
Père Germain: “Elle a souffert comme d’habitude et même davantage. Comme à
l’ordinaire, c’est la flagellation. Si vous aviez vu les jambes, les genoux, en
un mot toute la personne. On peut dire qu’elle n’était plus qu’une plaie, et
ruisselante de sang. Tout cela a duré jusqu’au vendredi trois heures.”
Euphémia Giannini constate “que les jambes, jusqu’aux genoux, étaient
entièrement recouvertes de grandes raies rouges, larges de deux centimètres et
longues de cinq à vingt centimètres.’
Gemma vécut la
Passion de Jésus avec Lui. Pendant certaines extases, Gemma contemplait Jésus,
le condamné du Calvaire comme celui qui avait été transpercé à cause de nos
fautes, broyé par nos péchés, mais qui, par ses blessures, nous apporte la
guérison. Écoutons Gemma: ”Jésus me fait voir ses plaies, ses mains
ruisselantes du sang de la Rédemption, ainsi que son Cœur embrasé du feu de la
charité, et ses bras ouverts pour nous étreindre. Alors il me dit qu’il est
totalement victime de son immense amour pour nous.”
3-3-Le
couronnement d’épines
C’est Gemma qui
écrit: “Comme les autres fois, au recueillement a succédé l’extase, et je me
suis retrouvée avec Jésus qui endurait des souffrances terribles... J’éprouvai
alors un intense désir de souffrir... Jésus me contenta aussitôt et il fit comme
il faisait les autres fois: il s’est approché de moi, il a retiré de sa tête la
couronne d’épines et l’a posée sur la mienne... de ses mains il me l’enfonça
dans les tempes.”
Tante Cecilia
raconte: “Jeudi soir, Jésus lui a donné la couronne d’épines, et, en
l’enfonçant un peu, le sang a jailli comme une fontaine. Il s’est répandu sur
tout le visage, tachant l’oreiller. elle a souffert ainsi pendant une heure;
ensuite, Jésus l’a bénie.” Les douleurs sont si fortes que durant tout le
temps de l’extase, Gemma laisse échapper des plaintes déchirantes.
Ceux qui
assistaient à ces scènes ne pouvaient plus douter. Joseph Giannini écrit:
“Durant une extase, le Vendredi-Saint, me semble-t-il, je l’ai vue avec le sang
qui, de toutes parts, lui coulait du front. Au front, elle avait des marques
plutôt longues d’où se répandait le sang. Je compris bien que tout cela ne
venait pas d’elle... Au matin, toutes ces marques avaient disparu sans laisser
de cicatrice.”
3-4-Les
plaintes de Gemma portant la couronne d’épines [3]
Ô Jésus,
apaise un peu la douleur de ma tête... Apaise-la, Jésus. Jésus... Jésus,
bénis-moi encore une fois. Ta bénédiction
me fait tant de bien. C’est trop fort,
Jésus... Jésus... Oui, je souffre tant... J’ai souffert toute la journée...
Aujourd’hui, Jésus, j’ai peur. Jésus... Ma tête! C’est trop fort... Je n’en peux
plus, je n’en peux plus, Jésus... Aide-moi, Jésus... Jésus, que personne ne
s’aperçoive de rien... Mon Dieu! Ô Jésus, ma tête!... Ô Jésus!
C’est cela
souffrir... Jésus, je suis si heureuse... Je t’en supplie, soulage-moi un peu:
je ne peux plus... Je ne veux pas que quelqu’un s’en aperçoive. Je me trouve
mal. Jésus, que ce soit entre toi et moi seulement...
Ô Jésus,
toutes ces peines je les souffre bien volontiers... Mais celle de la tête, si tu
ne m’aides pas, m’est un supplice.
Aujourd’hui
j’ai pensé aux douleurs de ma tête. Je te le dis franchement: j’y pense
tellement quand ce jour arrive. L’esprit est prompt, c’est mon corps qui se
plaint. Oui, mon esprit est prompt, mais mon corps est épuisé.
Ô Jésus!... Ô
mon Jésus!... Jésus, toi seul peux comprendre cette peine... Ô Dieu!... Oui,
Jésus, toi seul... Toi seul, Jésus... Ô Dieu!... Jésus, ma tête!... Jésus,
pardonne à tous ceux qui t’ont couronné... Ô Dieu!... Jé...sus... Jésus, je
meurs... Jésus, je meurs... Mon Dieu!...
Mais souffrance
et amour sont inséparables. Le vendredi 17 août 1900, Gemma, stigmatisée, écrit
dans son journal: “Il est absolument impossible, oui, impossible de ne pas
aimer Jésus... Mon Dieu, comment faire pour me rendre digne de tant de grâces?
Si je n’y parviens pas, mon cher ange gardien y suppléera...”
Gemma souffre
beaucoup, mais Jésus est auprès d’elle. Il vient de retirer la couronne d’épines
qui était sur la tête de Gemma. Elle raconte: “Jésus la tenait (la
couronne) dans ses mains; toutes ses plaies étaient ouvertes, mais ne
saignaient pas comme à l’accoutumée; elles étaient belles.... Il a levé sa main
droite, et alors, de cette main, j’ai vu sortir une lumière beaucoup plus forte
que la lumière d’une lampe... J’aurais aimé savoir ce que signifiait cette
lumière qui provenait des plaies, particulièrement de la main droite qui m’avait
bénie. Mon ange gardien me dit:’ Ma fille, en ce jour, la bénédiction de Jésus a
répandu sur toi une abondance de grâces.’”
3-5-Pourquoi
la Croix?
Gemma pensait:
“Oh! Mon Jésus, je voudrais tant vous aimer, mais je ne sais pas!” La
voix habituelle lui répondit: “Tu veux aimer Jésus toujours? N’arrête pas un
instant de souffrir pour lui. La croix est le trône des vrais amants de Jésus.
La croix est l’héritage des élus en cette vie.”
Gemma confia un
jour au Père Germano: “La Croix de Jésus est l’arbre de l’amour qu’il a
planté dans mon cœur.” Les profondeurs de l’Amour divin sont joie et douleur.
Tous les grands mystiques l’ont dit.
Germma écrit
aussi: Jésus m’a dit ensuite: “Sais-tu, ma fille, pourquoi je me plais à
envoyer des croix aux âmes qui me sont chères? Je désire posséder leur âme, mais
entièrement. C’est pourquoi je les entoure de croix et les enveloppe de
tribulations afin qu’elles ne m’échappent pas. C’est pour cela que je sème leur
route d’épines afin qu’elles ne s’attachent à personne et ne trouvent toute leur
satisfaction qu’en moi. Ma fille, me disait Jésus, si tu ne sentais pas la croix,
on ne pourrait pas l’appeler une croix. Sois donc sûre que sous la croix, tu ne
saurais te perdre. Le démon n’a aucun pouvoir contre les âmes qui, pour mon
amour, gémissent sous la croix. Ô ma fille, combien m’auraient abandonné, si je
ne les avais crucifiés! La croix est un don très précieux, c’est l’école de bien
des vertus. (Lettre à Mg Volpi, du 12 septembre 1899)
J’ai déclaré
à Jésus que je voulais l’aimer beaucoup, mais que j’avais le cœur trop petit et
ne savais comment faire. Alors, il s’est montré à moi tout couvert de plaies en
disant: “Regarde-moi, ma fille, et apprends comment l’on aime: ne sais-tu pas
que moi, c’est l’amour qui m’a tué? Tu vois ces plaies, ce sang, ces contusions,
cette croix, tout cela est l’œuvre de l’amour. Regarde-moi, ma fille, et
apprends comment l’on aime... Le signe le plus évident qu’il puisse donner à une
âme qui lui est chère, c’est de la faire souffrir et marcher sur le chemin du
Calvaire... La croix est l’échelle du paradis, elle est l’héritage de tous les
élus en cette vie. (Lettre à Mg Volpi, d’octobre
1899)
3-6-La Croix
et l’amour [4]
“C’est bien
l’amour qui t’a tué! Jésus, moi aussi fais-moi mourir d’amour... La vie est une
torture: personne au monde que toi ne peut satisfaire mon amour. Les épines, la
croix, les clous, tout est œuvre d’amour.
La croix,
Jésus, tu la donnes à celui que tu aimes. Tu me traites comme le Père t’a traité.
Jésus, fais-moi boire ta Passion jusqu’à la dernière goutte
Oui, Jésus,
tu sais à quel point l’on souffre lorsque l’on aime quelqu’un et qu’on ne peut
rester toujours ensemble. Là où je souffre le plus, c’est lorsque tu es loin de
moi. Mais, m’aimes-tu réellement, Jésus? J’ai tellement péché, j’ai tant de
défauts: dis-moi si je ne fais pas pitié.
Oh! Oui,
Jésus! Celui qui aime vraiment souffre de bon cœur.
3-7-Réponse
de Gemma à la Croix et à l’amour
Pour le salut
des pécheurs
Voici quelques
paroles de Gemme, relevées pendant ses extases:
Jésus
n’abandonne jamais les pauvres pécheurs... Ils sont tous tes fils. S’ils sont
tous tes fils, ne les abandonne pas. Moi, Jésus, je veux les sauver tous. Si toi,
Jésus, tu les abandonnes, alors il n’y a plus d’espérance. Je veillerai jusqu’à
ce que tu m’aies dit que tu veux les sauver tous... N’est-ce pas moi qui dois
souffrir pour eux? Donc, prends-t-en à moi. Des pécheurs, tu en as beaucoup,
mais des victimes, bien peu. Des victimes, tu les veux innocentes, et moi je ne
le suis pas du tout. Sauve-les, Jésus, sauve-les!
Moi, Jésus,
je veux être victime pour tous ces pécheurs.
Ô sainte
Croix, avec toi je veux vivre, et avec toi je veux mourir. Oui, j’aime la croix,
parce que je sais que c’est Jésus qui la porte.
Ta croix,
Jésus, oui je la veux... Bien sûr que je la veux, Jésus... Oui Jésus, je te l’ai
dit que désormais tout mon amour est pour ta croix. Je l’aime parce que je sais
que tu l’as aimée le premier.
Un acte
d’offrande sans cesse renouvelé
Alors, Jésus,
voici de nouveau mes mains et mes pieds: tout ce que voudra mon confesseur...
Fais donc ce que tu veux, Jésus: je suis toute à toi. Pour toi, Jésus, je
sacrifie tout... Je te donne tout, ô Jésus... mon âme, mon corps, mon esprit,
tout... Jésus, je te donne mon cœur avec toutes ses affections... Jésus, je te
donne mon corps avec toute sa faiblesse... Je te donne mon âme, mais comment?...
Elle n’est plus à moi, elle est à toi.
Elle écrira au
Père Germano: ...Ce que je désire, ce que je veux, je ne le sais pas moi-même...
Je cherche et ne trouve pas, mais je ne sais pas ce que je cherche... J’aime
Jésus, je voudrais aimer beaucoup plus mon...[5] Je
sens que j’aime, mais celui que j’aime, je ne le comprends pas et ne le saisis
pas... Malgré ma grande ignorance, je sens que c’est un Bien immense, un grand
Bien, c’est Jésus... Je ne sais rien lui dire, ni lui donner. mais puisque je ne
sais rien faire, aujourd’hui même je me consacre à lui telle que je suis, sans
réserve aucune. (Lettre au Père Germano du 22 mai
1901)
4
Les relations privilégiées de Gemma avec Jésus
4-1-Comment
Gemma voit et entend Jésus
Méditons ce que
Gemma écrit à son Père spirituel: “Je vois Jésus non point avec les yeux du
corps, mais je le connais clairement parce qu’il me fait tomber en un doux
abandon et je le reconnais dans cet abandon. Sa voix se fait entendre si fort
que, plusieurs fois, j’ai dit que la voix de Jésus me blesse plus qu’une épée à
plusieurs tranchants, tant elle me pénètre l’âme: ses paroles sont paroles de vie
éternelle.
Lorsque je
vois Jésus, lorsque je l’entends, il ne me semble pas voir la beauté du corps,
ni du visage, ni entendre un doux son, un chant suave. Mais lorsque je vois
Jésus et que je l’entends, je vois (jamais avec les yeux) une lumière, un bien
immense, une lumière infinie qu’aucun regard mortel ne saurait voir, une voix
que personne en saurait entendre; ce n’est pas une voix articulée, mais mon
esprit l’entend mieux et plus fort que si l’on prononçait des paroles.”
4-2-Ce que
Gemma ressent lorsqu’elle est avec Jésus.
Gemma continue
sa relation au Père Germano: “Je me sens comme hors de moi, je ne distingue
pas où je me trouve, si je suis hors de mes sens ou bien... dans une paix, un
calme que je n’ai encore jamais connus. Je me sens comme attirée par une force;
non pas une force fatigante, mais douce. Puis, lorsque je me trouve dans la
plénitude de la douceur de posséder Jésus, j’oublie complètement le monde; je
sens mon esprit comblé, il ne peut rien désirer, mon cœur ne cherche plus rien,
il y a en lui un bien immense, un bien infini, incomparable, sans mesure,
parfait. C’est Jésus qui m’emplit. Ni avant, ni après, je ne saurais
volontairement rechercher ou désirer quoi que ce soit, si grande est la douceur
que Jésus me fait goûter dans sa bonté et sa charité infinies. Mais il ne s’agit
pas toujours d’un amour de douceur: je suis
parfois saisie d’une telle douleur de mes péchés qu’il me semble que je vais en
mourir.”
Il y a une
chose dont je ne sais que penser: samedi, je me trouvais à l’église devant le
Saint Sacrement exposé. J’ai voulu m’en approcher le plus possible, Papa[6],
mais si je ne m’étais vivement échappée, je serais... Je me suis sentie brûler
entièrement, jusqu’à la tête, c’est-à-dire au visage... Papa, je ne comprends
pas comment tous ceux qui s’approchent de Jésus ne sont pas réduits en cendres.
Moi, j’ai l’impression que si je restais, ne serait-ce qu’un quart d’heure, je
ne serais plus qu’un tas de cendres. (10 mai 1991)
4-3-Demandes
de Jésus après la communion
“Viens pauvre
petite fille... Cela fait si longtemps que j’attendais, j’ai été si patient,
j’ai tant souffert pour toi. Tu revenue, cela suffit. Comme je suis heureux! Je
te retrouve après si longtemps, mais désormais je deviens le Maître absolu de
ton cœur. Je veux moi-même en faire ce qu’il me plaira, ne me résiste pas comme
par le passé, sinon je t’en ferai repentir. Sois mienne. Moi seul veux être le
Maître de ton cœur et de ses affections. J’aime ton cœur, le sais-tu? Je l’ai
toujours aimé, je l’ai désiré, mais toi? Mais je te pardonne parce que tu ne me
connaissais pas.”
4-4-Les exigences de Jésus
Le Cœur de
Jésus veut tout, ou rien [7]
Un jour, après
l’Heure Sainte du jeudi, Gemma entend la voix familière lui dire: “Dis-moi de
quoi as-tu peur pour refuser le sacrifice de ton cœur à Jésus? N’est-ce donc pas
Jésus lui-même qui le veut? Allez, courage, oublie tout, abandonne-toi à lui
sans réserve. Aime beaucoup Jésus. N’oppose jamais aucun obstacle à ses desseins
et tu verras bientôt quel chemin il t’aura fait parcourir sans que tu t‘en
aperçoives. Ne crains rien, car le Cœur de Jésus est le trône de la miséricorde
où les misérables sont les mieux accueillis, pourvu que par amour, ils se
présentent dans l’abîme de leurs misères.
Mais
souviens-toi que Jésus veut l’amour pur et que l’amour pur veut tout ou rien.
Ton cœur est si petit qu’il ne pourrait contenir deux amours. Or comme il n’est
fait que pour l’amour divin, il n’aura pas de repos tant qu’un autre amour y est
mêlé.”
Comme à Thérèse
d’Avila, Jésus reproche à Gemma ses bavardages. Elle raconte: Un jour que je
bavardais à la maison avec les autres... j’entendis la voix habituelle: “Plus tu
t’entretiens avec les tiens et plus Jésus s’éloigne de toi avec ses anges.”
Un autre
jour, j’avais beaucoup de peine. Je disais à Jésus que j’aurais voulu beaucoup
l’aimer, mais la voix dit: “Tu es une de ces âmes qui aiment Jésus tant qu’il
leur apporte des consolations. Mais lorsqu’elles rencontrent au contraire
l’adversité, elles ont vite fait de s’attrister! Toi, une chose t’est nécessaire:
tu dois écarter complètement l’amour-propre de ton cœur, parce que tu empêches
Jésus de venir y habiter.
Vaincs-toi
toi-même et deviens chaque jour plus forte.” (Ecrit
par Gemma entre mars et décembre 1899)
4-5-L’union à
Dieu dans la communion
L’union à
Dieu dans la communion [8]
Ce matin,
j’ai reçu Jésus, et maintenant je le possède tout-à-fait dans mon âme misérable.
À ces moments-là, mon cœur et celui de Jésus ne font qu’un. Oh! Si je pouvais
l’y garder toujours! Il faudrait que je ne commette plus de péché. Oh! Combien
ils sont précieux ces moments de communion! Il me semble que la communion est un
bonheur qui ne peut être comparé qu’à la béatitude des saints et des anges. Ils
contemplent Jésus face à face, certains de ne pas pécher et de ne plus le perdre.
(22 avril 1901)
Jésus est un
amant bien-aimé auquel on ne peut résister!... Sa miséricorde me ravit
entièrement! Comment ne pas aimer Jésus de toute mon âme, de tout mon cœur?
Comment ne pas désirer me laisser absorber totalement par lui et consumer au feu
de son saint amour? (4 juillet 1901)
Laissez-moi
vous parler de la communion... Y aurait-il des âmes qui ne comprennent pas ce
qu’est l’Eucharistie? Il est absolument impossible qu’il se trouve des âmes
insensibles aux étreintes divines, à la mystérieuse et ardente effusion du Cœur
Sacré de mon Jésus! Ô Jésus! Comment ne pas vous consacrer tous les battements
de nos cœurs, tout le sang de nos veines? Cœur de Jésus, Cœur d’Amour!
(18 juillet 1901)
Grandeur de
Jésus
Je voudrais
vous dire tant de choses sur Jésus. Je voudrais vous parler de sa bonté si
grande qui chaque jour m’invite à la fête de l’Amour et nourrit de sa chair très
sainte la vile créature que je suis... Je voudrais dire qu’il est si bon, si
affectueux, si aimable, si délicat qu’un seul mot de lui nous fait éclater le
cœur, une parole de lui suffit à captiver notre amour, un regard de lui met la
douceur en notre âme. (Lettre du 5 octobre 1901, à
Mère Giuseppa du Sacré-Cœur)
5
La prière de Gemma
5-1-Comment
médite Gemma
Gemma continue à
répondre aux questions du Père Germano: “Me mettre à méditer ne me demande
aucun effort: mon âme se sent immédiatement plongée dans les immenses bienfaits
de Dieu. Tantôt elle se perd en l’un, tantôt en l’autre. mais je commence à
représenter à mon âme, qu’étant faite à l’image et à la ressemblance de son Dieu,
lui seul doit en être sa fin. À ces moments-là, il me semble que mon âme
s’envole avec Dieu, que mon corps perd sa pesanteur, et que, me trouvant devant
Jésus, je me perds toute en lui. Je me sens aimer le céleste amoureux des
créatures. Plus je pense à lui, plus je le connais doux et aimable. Comme Jésus
se montre envers moi, ainsi dois-je me montrer envers lui, humble, douce...
Parfois il me semble voir en Jésus une lumière divine, un Soleil d’éternelle
clarté. Un grand Dieu auquel il n’est rien sur la terre et au ciel qui ne lui
soit soumis. Un dieu dont la puissance réside dans sa volonté. Quoi qu’il en
soit, il m’est toujours doux de me souvenir de Jésus...”
À une amie,
Gemma ne put cacher l’amour qui emplissait son cœur:
Je voudrais
que mon cœur ne palpite, ne vive, ne soupire que pour Jésus. Je voudrais que ma
langue ne sache proférer que le nom de Jésus, que mes yeux n’aient de regards
que pour lui, que ma plume ne sache écrire que Jésus, que mes pensées enfin ne
s’envolent que vers lui...(Lettre du 8 août 1899 à
Annetta Giannini)
5-2-Quelques
oraisons jaculatoires
Gemma priait
tout au long de la journée. Ne pouvant être constamment recueillie, en raison de
ses occupations, elle exprimait, souvent, par des phrases courtes, toutes les
préoccupations de son cœur. En voici quelques-unes, choisies au hasard.:
Deux choses,
ô Jésus, désire mon cœur: vivre mourante, puis mourir d’amour.
Si tous les
hommes s’efforçaient d’aimer et de connaître le vrai Dieu, ce monde serait
changé en paradis.
Que toujours,
ô Jésus, me guide votre main, pour que jamais je ne me trouve loin.
Ô Jésus,
faites que je donne si bien l’exemple que les bons deviennent meilleurs, et que
les impies se convertissent.
Faites, ô
Jésus, que devant Vous je m’incline avec l’humble ferveur des séraphins.
Ô Jésus
bénissez mon âme: qu’elle soit constante en amour.
À vous seul
mon Dieu, en toute action je porte mon attention.
Lorsque
j’éprouve peine et douleur, je souffre tout pour vous, Seigneur.
De vous avoir
offensé, ô Dieu, à tout moment, non par crainte, mais par amour, je me repens.
Jésus, que le
flambeau de votre foi resplendisse toujours en moi.
Sur votre
sein, ô mon Jésus, je me repose. Ah! Réveillez-moi plus fervente envers vous. Je
veux que tout mouvement de mon cœur soit un soupir pour vous, Jésus et Marie.
Adorons et
prions Jésus... Adorons et prions le Dieu immense et immortel, infini. Adorons
l’infinie majesté de notre Dieu. Louange à toi, ô Père qui nous as sauvés; à toi,
le Fils, qui nous as rachetés; à toi, ô Esprit-Saint, qui nous as sanctifiés...
5-3-Les
plaintes de Gemma [9]
Jésus, pense
à ma pauvre âme, viens à mon aide dans les moments d’épreuve. Mon Jésus, tu vois
à quel point je suis pauvre en vertus... Je voudrais mourir d’amour ici et que
personne ne le sache... Jésus, tu résistes encore en voyant mon cœur qui désire
tant... et ne peut se satisfaire. Jésus, sur la terre tout m’ennuie. Je ne
désire qu’une chose, Jésus, t’aimer... cesse de me faire soupirer: je veux
mourir d’amour et m’en aller avec toi.
J’ai toujours
envie de pleurer et j’ignore pourquoi...
Jésus, ne me
fais pas de reproches: je suis ta victime sur la croix et sur l’autel... Jésus,
ne vois-tu pas que, même dans les moments les plus douloureux, Jésus, je vis
avec toi? Ou bien, est-ce toi qui vis avec moi?
Ô Jésus,
serait-il possible que l’on pût dire un jour que ton amour m’a consumée? Sais-tu
ce que je voudrais être, Jésus? La victime de ton amour.
5-4-Les
supplications de Gemma
Gemma fut
souvent obsédée par son passé et ses “innombrables” péchés. Elle supplie le
Seigneur de l’aider: “De grâce! Jetez un regard sur vos souffrances, voyez le
prix de sang qui coule de vos veines. Mon Dieu, en cet instant, fermez les yeux
sur mon indignité et ouvrez-les sur vos mérites infinis. Et puisqu’il vous a plu
de mourir pour mes péchés, pardonnez-les moi tous, afin que je n’en sente plus
jamais le poids. Oh! Jésus, ce poids m’oppresse trop fort.
Mon Jésus,
aidez-moi: je désire à tout prix devenir meilleure. Ôtez, détruisez, anéantissez
tout ce qui en moi n’est pas conforme à votre volonté. Je vous prie aussi, Jésus,
de m’éclairer, afin que je puisse marcher dans votre sainte lumière.”
“Tu sais, mon
Dieu, ce qui peut décourager une âme amoureuse? C’est de ne pouvoir T’aimer
suffisamment.
Mon Dieu, je
t’adore, je meurs d’amour pour vous; votre nom si doux, je l’aurai sans cesse à
l’esprit, dans mon cœur, sur mes lèvres. Jésus, Jésus, maintenant et toujours!
Jésus, ma lumière, mon cœur et mon âme! Jésus! Jésus!...(26
janvier 1901)
La mort
Oh! Comme je
serais contente si ma vie s’achevait un jour en totale union à la volonté de
Dieu! Un jour que je nourrissais cette pensée, Jésus me dit: “Ce ne serait pas
mourir, ce serait vivre éternellement.” (12 juin
1901)
5-5-Prière au
Saint-Esprit
Gemma écrit à
une amie: Nous voici enfin arrivés à la belle fête du Saint-Esprit! Dieu
fasse que ce divin feu nous consume toutes deux ensemble. Que cette pure flamme
nous rendrait heureuses! Ô flammes bien-aimées qui béatifiez les âmes que vous
embrasez, venez donc en nos cœurs aujourd’hui, rendez-les dignes de vous,
enflammez-nous, brûlez-nous, consumez-nous!... Que l’Esprit-Saint, véritable
lumière de tous les esprits, daigne nous communiquer ses divines ardeurs. Qu’il
consume en moi toute affection blâmable et rende mon pauvre cœur semblable au
sien. (Lettre du 21 mai 1901, à Mère Giuseppa du Sacré-Cœur)
6
L’heure des ténèbres
Comme tous les
grands saints, Gemma connut les heures douloureuses de l’apparente absence de
Dieu, les heures de doute, les heures de l’incompréhension des proches. Ainsi,
pendant longtemps même son confesseur douta de la réalité des stigmates. Durant
une extase Gemma laissa son cœur parler: elle-même en était arrivée à douter de
la réalité des faits extraordinaires qui survenaient en elle:
6-1-Quand
tout le monde doute d’elle
Ô Jésus, je
n’en puis plus. Ô Maman, Maman! J’ai envie de dire: Y crois-tu Jésus? Eux n’y
croient pas. (On la croyait hystérique) Jésus,
dis-moi exactement ce qu’il en est. Oui, Jésus... Va lui dire, toi! Pas moi: mon
confesseur ne me croit pas.
6-2-Silence
de Dieu et nuit de l’esprit
Extrait d’une
lettre de Gemma au Père Germano
Je me suis
bien persuadée que seul Dieu peut me satisfaire et j’ai mis en lui toutes mes
espérances. Que Jésus ne veuille plus de moi, qu’il me repousse, moi, je le
chercherai toujours. (12 novembre 1900)
À une amie,
Gemma écrit: Je m’ennuie à vivre encore ici-bas, c’est là pour moi une
torture si amère de vivre et de rester en ce monde, séparée de Jésus, que je
n’en peux vraiment plus. Et puis quelle est mon anxiété à la pensée qu’à tout
moment je puis perdre Jésus, je ne saurais le dire. Celui-là seul le comprend
qui l’aime éperdument. Souvent, lorsque je me sens auprès de lui, je lui redis:
Jésus, après toi seul je soupire, tu peux me donner tout ce que tu veux, alors
donne-moi le paradis... J’ai peur, ma vie passée me fait trembler... (Lettre
du 21 mai 1901 à Mère Giuseppa du Sacré-Cœur)
Le silence de
Dieu, Gemma l’exprime même pendant ses extases. Voici quelques-unes de ses
plaintes à Jésus:
Ô Jésus, je
te cherche toujours. Je cherche à promouvoir sans cesse ta gloire, à n’aimer
rien d’autre que ton amour. Mais Jésus, réponds-moi: pourquoi ce silence?...
Pourquoi ne réponds-tu pas? Dis-moi quelque chose. Si tu désires que je
corresponde à tes dons, dispense-les moi en douceur et non point avec tant de
hâte.
Ô Jésus, ô
Lumière, où es-tu?... Illumine mes yeux. Ô mon Dieu, ne me laisse pas vivre dans
les ténèbres... Ô Jésus, quand donc te reverrai-je? Mais peut-être m’as-tu dit
que je ne te reverrai plus? Je ne me rappelle pas si tu me l’as dit... Mais je
ne te vois pas... pas du tout... Lorsque j’étais petite, on me disait que tu
étais toujours là. Mais je ne te vois pas... Où es-tu?... Où es-tu parti?...
Sans même me dire adieu!...
Mon Dieu, mon
secours... ma force... mon soutien... ma lumière! Éclaire mes pas... Où es-tu
parti, mon amour?... Où t’es-tu caché?... Pourquoi ne te montres-tu plus?... Mon
Jésus, où es-tu parti? Infinie Beauté, où t’es-tu cachée. Ô Jésus, où dois-je te
chercher. Montre-toi au moins une fois...
Ô saint
amour, embrase-moi! Ô Jésus, tout m’ennuie, tout m’est pénible. Il n’est en ce
monde pas une seule chose que je désire: je n’aspire qu’après l’Amour céleste,
lui seul je l’aime et n’aime que lui... Ô Saint Amour, embrase-moi! Je ne désire
que toi. Puis, lorsque je serai morte, je voudrais que tout le monde dise:
“Gemma a été victime d’amour, elle est morte uniquement victime d’amour.” Cela,
afin que tout le monde aime Jésus...
Regarde,
Jésus: tu es un Roi puissant et généreux qui suscite des batailles, mais qui
veut toujours la victoire. Accorde-moi la grâce de céder à tous tes appels et de
t’aimer avec tendresse.
Jésus, je
t’aime. Supplée toi-même à ce qui manque à mon amour. Bon Jésus, je te bénis;
mais supplée toi-même à ce qui manque. Bon Jésus, je te loue pour aujourd’hui et
pour demain. Supplée toi-même à ce qui manque à ma louange.
Sois béni,
Jésus, d’avoir pour ainsi dire ordonné aux créatures de m’abandonner, afin que
je te sois toujours plus proche. Ah! toi, tu consoles, toi seul consoles. Jésus,
que m’importe de ne pas trouver de consolation dans le monde? Toi seul me suffis.
Que m’importerait d’être méprisée? C’est toi qui consoles. Si tu m’avais fait
comprendre cela plus tôt, je me serais abandonnée entre tes bras. Et si c’est
ainsi que tu traites une pécheresse, qu’en est-il des âmes pures et saintes qui
sont tiennes?
Ô Seigneur,
si j’avais du moins quelque certitude d’être en état de grâce...
6-3-Jésus
s’explique
Avant de
partir, Jésus m’avait consolée en disant: “Ne t’afflige pas si je fais semblant
de t’abandonner. Ne crois pas qu’il s’agisse d’une punition, c’est une invention
de ma part pour te détacher entièrement des créatures et t’unir à moi. Quand tu
auras le sentiment que je te repousse, c’est que je t’attire encore plus
fortement à moi. Lorsque je te paraîtrai loin, c’est alors que je serai le plus
près... Ma fille, la fidélité et l’amour te sont nécessaires. Aussi, prends donc
patience si je te laisse seule. Souffre, résigne-toi, console-toi. N’imite pas
certaines âmes attachées aux consolations et joies spirituelles et qui aiment
peu la croix. Dans l’aridité spirituelle, elles abrègent peu à peu leurs prières
parce qu’elles n’y trouvent plus les consolations qu’elles y éprouvaient
auparavant. Toi, au contraire, agis de la sorte: unis tes peines aux miennes,
considère comme un grand bienfait ce dont je t’ai privée, embrasse joyeusement
cette croix, si tu veux m’être agréable...” Après ces paroles, Jésus m’a chargée
de vous rappeler ceci: “Lorsqu’il désire élever une âme, il commence par
beaucoup l’humilier...”” (Lettre à Mg Volpi, de
mai 1901)
6-4-Les
attaques du démon
Gemma eut
souvent à faire avec le démon. Son Ange, pour lui rappeler que l’obéissance est
le plus sûr moyen de pouvoir résister au démon, lui donna le conseil suivant:
“Ma fille, souviens-toi que lorsque tu manques à l’obéissance, quelle qu’elle
soit, tu commets toujours un péché. Pourquoi donc es-tu toujours aussi rétive
pour obéir à ton confesseur? Rappelle-toi aussi qu’il n’y a pas de chemin plus
court et plus vrai que celui de l’obéissance.”
Après une
terrible attaque du démon, Gemma écrit: “L’assaut a été violent, je dirais
même terrible. Aucune bénédiction, aucun scapulaire n’ont suffi à modérer la
tentation la plus laide qu’on puisse imaginer. Le démon était si affreux que
j’ai fermé les yeux et ne les ai rouverts qu’une fois complètement délivrée. Mon
Dieu, si je suis sans péché aucun, c’est à Toi seul que je le dois. Sois-en
remercié. Que dire en de pareils moments? Chercher Jésus sans le trouver est une
souffrance plus grande que la tentation elle-même...”
Comme Gemma se
plaignait douloureusement à Jésus, elle obtint la réponse suivante:
... Quant à
toi, sois heureuse de ce que je te conduise comme je le préfère, par des voies
âpres et douloureuses. Tu as l’impression que la terre se dérobe sous tes pieds
et le ciel à tes yeux, mais toi, ne manque pas de foi, ni d’amour, ni
d’espérance. Ne cherche qu’à gagner des mérites en pratiquant les vertus,
méprise les propos du monde, et, en dépit de tes ennemis, cours dans les voies
de ma volonté divine. Tiens-toi étroitement unie à Jésus, humilie-toi en s
présence, aie recours en tout à son infinie bonté, sache tirer parti de ce que
le démon utilise pour te perdre. Ma fille, a-t-il ajouté, si vraiment tu m’aimes,
aime-moi aussi dans les ténèbres. Le Seigneur prend plaisir à jouer avec les
âmes qui lui sont les plus chères, c’est par amour qu’il joue: tantôt il les
console et les met en honneur auprès des hommes, tantôt il permet qu’elles
deviennent la risée du monde.” (Lettre à Mg Volpi,
de mars 1900)
7
Cœur Eucharistique de Jésus
7-1-Gemma et
l’Eucharistie
L’Eucharistie
est pour Gemma la rencontre quotidienne de son cœur avec le Cœur de Jésus
présent dans l’Hostie consacrée. Les paroles qu’elle exprima au cours de ses
nombreuses extases révèlent parfaitement les aspirations de son cœur: Mon
Dieu, ouvre-moi ton cœur. Ô Jésus, ouvre-moi ton Cœur Eucharistique: je veux y
déposer toutes mes affections. Ô Jésus, toi, ne m’as-tu pas souvent dit que tu
m’accueillerais généreusement: n’est-ce pas, mon Jésus?
Mon Dieu! Ô
Jésus, mon amour, Bien incréé! O Jésus que serais-je devenue si ta sollicitude
ne m’avait conduite à toi?... Jésus, ouvre-moi ton Cœur, ouvre-moi ton Cœur
Eucharistique... Je t’ouvre le mien... Ô feu divin, pénètre-le... Brûle-moi, ô
Jésus, consume-moi... Ô Jésus, je sens en moi un feu... Ô Jésus, s’il te plaît
que j’en sois toute embrasée!...
Mon Jésus, je
me consume... je meurs... je meurs pour toi... Ô Jésus, j’ai soif de toi. Ne
vois-tu pas combien je souffre le matin avant de me nourrir de toi?... Fais
qu’après t’avoir reçu, je sois au moins rassasiée!...
C’est
quasiment pour moi un bel héritage que d’être née pécheresse, puisque les veines
de mon Seigneur restent à jamais ouvertes et remplies de ce sang eucharistique.
Ô Jésus, ô
Jésus, Jésus, mon Bien!... Je suis affamée de ton pain de vie, je suis assoiffée
de ton sang eucharistique.
Ô Seigneur
pourquoi me fais-tu entièrement brûler de ton feu divin, le feu de ton amour? Je
voudrais enflammer toutes les créatures...
Si le paradis
était une académie, on ne devrait y enseigner que l’amour. Le Cénacle en serait
l’école, Jésus le Maître, sa chair et son sang, la doctrine enseignée.
Je me rends
compte que tu ne m’as pas dotée de richesses temporelles et périssables; mais tu
m’as donné la véritable richesse: tu m’as nourrie de ton Verbe Eucharistique.
Que deviendrais-je si je n’avais pas voué toutes mes tendresses à la Sainte
Hostie?...
Tu es une
flamme, Jésus, et je désire que mon cœur se change en flamme.
Courons à
Jésus, ce Cœur d’amour, ce Cœur plein de tendresse.
Car Jésus ne
demande que de l’amour.
Jésus ne me
demande que de l’amour. À tous il ne demande que de l’amour. Aimons-le donc
beaucoup, d’un amour infini. Rappelons-nous toujours combien il a souffert pour
nous, alors nous n’oublierons jamais de l’aimer...
(9 février 1901)
7-2-Jésus
révèle son Cœur Eucharistique
Souffrance et
solitude de Jésus
Père, si vous
saviez à quel point Jésus est affligé par moments, certaines fois! Jésus se
trouve pour ainsi dire toujours seul. Vous savez, c’est si douloureux de voir
Jésus en proie à la souffrance. (9 juillet 1900)
Oh! Papa,
comme elles sont nombreuses ces créatures privilégiées qui, après avoir reçu de
Jésus tant de grâces, sont peu à peu devenues indifférentes! Et Jésus pleure en
voyant ces âmes. (26 janvier 1901)
Lorsque je
vois Jésus pleurer, mon cœur est littéralement transpercé. Je songe... Je songe
que mes péchés ont augmenté l’angoisse qui l’a submergé durant sa prière au
Jardin... Alors, Jésus a vu tous mes péchés, tous mes manquements et en même
temps la place que j’aurais occupée en enfer si le Cœur de Jésus ne m’avait
obtenu le pardon... (22 avril 1901)
Les plaintes
de Jésus Eucharistie [10]
Jésus
soupirait: “Ma fille, que d’ingratitude et de malice dans le monde! Les pécheurs
continuent à vivre opiniâtrement obstinés au péché! Mon Père ne veut plus les
supporter. Les âmes avilies et amollies ne font aucun effort pour réprimer la
chair. Les âmes affligées tombent dans l’effroi et le désespoir. Les âmes
ferventes s’attiédissent peu à peu. Les ministres de mon sanctuaire...” Là,
Jésus se tut et, un moment après, il reprit: “Eux que j’ai chargés de continuer
la belle œuvre de la Rédemption...” Jésus se tut de nouveau... puis, il
continua: “Et eux, en retour... Eux que j’ai toujours regardés avec prédilection.
Eux que j’ai toujours considérés comme la pupille de mes yeux...” Jésus se tut
en soupirant. Et enfin: “Des créatures, je ne reçois continuellement
qu’ingratitude et oubli. L’indifférence croît de jour en jour, et personne en se
repent...”
Ô Jésus!...
s’exclame Gemma qui poursuit sa relation des paroles de Jésus: “Personne ne
se soucie plus de mon amour, on oublie mon Cœur, c’est comme si je ne les avais
jamais aimés, comme si je n’avais rien offert pour eux, comme si j’étais méconnu
de tous. Mon Cœur est continuellement attristé. Je reste presque toujours seul
dans les églises, et si beaucoup s’y rassemblent, c’est pour bien d’autres
motifs, et je dois souffrir de voir mon église transformée en théâtre de
divertissements. J’en vois beaucoup qui, sous d’hypocrites apparences, me
trahissent par des communions sacrilèges...” Jésus s’interrompit, puis reprit
doucement: “Ma fille, j’ai besoin d’âmes qui m’apportent autant de consolation
que de nombreuses autres me causent de souffrances. J’ai besoin de victimes et
de victimes fortes. Pour calmer la juste et divine colère de mon Père céleste,
il me faut des âmes qui, par leurs souffrances, leurs tribulations et leurs
privations, suppléent aux pécheurs et aux ingrats. Oh! Si je pouvais faire
comprendre à tous à quel point mon Père est indigné contre le monde!... “
(13 octobre 1901)
Si Jésus est
la douceur même, c’est surtout par le Saint-Sacrement qu’il la répand.(27
juillet 1902)
7-3-La
réponse de Gemma [11]
Seul Jésus peut
nous permettre de répondre à l’Amour de son Cœur. Nous ne pouvons lui rendre que
l’Amour qu’Il nous a
d’abord donné. Cela, Gemma l’a bien compris: Je voudrais
te recevoir, je voudrais te voir... Non, je voudrais te posséder pour l’éternité.
Ô mon Dieu, je voudrais tant de grâces... Je voudrais ton amour. Tu réclames mon
amour, mais moi je ne puis te le donner, si tu ne me le donnes pas.
Fais que je
t’aime, Jésus, que je t’aime toujours, que je t’aime toujours davantage...
Quelle consolation pour moi si j’étais la flamme de ton pur amour!
Ah! Jésus!...
Pourquoi ne suis-je pas toute embrasée d’amour pour toi? Pourquoi mon cœur ne se
consume-t-il pas en flammes amoureuses? Pourquoi n’est-ce pas mon amour qui
répond à ta charité? Ô Jésus, que de temps j’ai perdu! Tant d’années où j’aurais
pu beaucoup t’aimer et où je n’ai fait que te mépriser! Grâce à ta bonté,
cependant, j’espère pouvoir rattraper le temps perdu.
Jésus sur la
terre, Jésus dans ma vie, Jésus au ciel: voilà tout mon soutien. Ô Jésus, qui
saurait dire ce qui se passe dans un cœur tout embrasé d’amour?... Ô Jésus,
savoir que je te possède m’est une telle consolation!...
Mon cœur, oh!
mon cœur, pourquoi n’es-tu pas tout de feu, pourquoi ne te consumes-tu pas dans
les flammes de Jésus? Je t’aime tant, Jésus, et désire t’aimer toujours. Sais-tu
pourquoi, Jésus?... Dans le monde je n’ai jamais trouvé un amour sincère comme
le tien, parce que ton amour est immense. Par amour pour toi, Jésus, il me plaît
de n’aimer personne d’autre.
Me voici, me
voici à toi. Oui, Jésus, donne-moi des ailes, des ailes... la force et le repos.
Toi seul peut me rendre heureuse en m’attirant à toi. Ô Jésus, quelle joie
lorsque je ne m’appartiendrai plus et que je serai toute à toi!
Lumière de la
Lumière, le Soleil de Justice, celui qui éclaire le paradis. C’est son Cœur
immaculé qui te donnera la clarté du soleil... parce que la consolation consiste
précisément dans la contemplation de Dieu, le Rois des rois qui demeure au
centre du paradis. Ô bonheur!... Mon Dieu!... Laisse-moi m’enfoncer dans la
charité de ton amour...
Pourquoi être
ainsi affligée, mon âme?... Tu offenses ton Amour si Tu n’embrasses pas la croix
de bon cœur.
Mais Gemma ne
comprend pas toujours le langage de Jésus. Aussi s’adresse-t-elle à son Père
spirituel: Ce matin, Jésus m’a répété, par deux fois: “L’Amour réclame
l’Amour, le feu réclame le feu.” Que signifient ces paroles? Ce Jésus béni ne se
fait jamais comprendre de moi. (20 janvier 1901)
8
Marie
On se doute bien
que Gemma bénéficia également de la présence fréquente de la Vierge Marie
qu’elle appelle Maman. Voici quelques phrases relevées par des personnes ayant
pu assister aux extases de Gemma. On notera la tendresse et la confiance de
Gemma pour sa Maman du Ciel.
Qu’y a-t-il
aujourd’hui, Maman? Oh! Où suis-je?... Ô Maman!... Oh! Que tu es belle!... Ô
Maman, mais qu’y a-t-il aujourd’hui?
Oh!
Maintenant... Ô Maman... Maman, je n’ai plus... je n’ai plus rien à désirer...
Maintenant, je suis... je suis heureuse, ô Maman... Maman! Maman, laisse-moi te
dire une chose: j’en ai tant à te dire!... Oh! Comme il fait bon reposer auprès
de toi!...
Je ne trouve
rien à te dire: je suis trop heureuse!... Ô maman, mon cœur ne te parle-t-il pas
suffisamment?... Maman... Maman... Pense à cette dame que tu aimes tant... et
pense à sauver son âme...
Ô Maman, ma
mère, tu es la fleur pure qui a donné naissance au lys d’une blancheur éclatante.
Reine du Ciel... toi qui prends aux créatures la plus noble partie de leur
amour, à moi aussi tu me l’as prise.
Au Père Germano,
Gemma confie: Ma Maman du Ciel m’a prise dans ses bras... Elle m’a trouvée
tellement, mais tellement pauvre et m’a incitée à pratiquer les vertus, surtout
l’humilité et l’obéissance. (Lettre au Père Germano, du 12 septembre 1902)
Annexe 1
Le mystère de l’Incarnation
Le 25 mars 1901,
l’Ange gardien de Gemma vint lui parler de l’Incarnation: “Sache, ma fille,
que je te parlerai de la Très Sainte Vierge Marie, petite jeune fille si humble
aux yeux du monde, mais d’une grandeur infinie devant Dieu. Je te parlerai de la
plus belle, de la plus sainte de toutes les créatures, de la fille de
prédilection du Très-Haut, de celle qui était appelée à l’incomparable dignité
de Mère de Dieu.... La Très Sainte Vierge devait, par le fruit de son sein,
apporter à tous les hommes la libération et le salut.
Ma fille, à
peine Dieu le Père eut-il décrété d’envoyer à l’humble Marie sa grandiose
ambassade qu’il dut choisir aussi le porteur d’une telle annonce. C’est pourquoi
fut choisi celui qui se tenait le plus près du trône du Très-Haut, c’est-à-dire
l’Archange Gabriel (qui signifie Force de Dieu). Marie devait donc devenir la
Femme forte, la Femme terrible aux puissances des ténèbres. Oh! comme l’Archange
devait être heureux d’avoir été choisi pour un mystère aussi sublime et de se
présenter comme le messager d’une si heureuse annonce à la Vierge qui, plus tard,
serait saluée comme Reine du paradis!
La nuit était
déjà avancée, la Très Sainte Vierge était seule dans sa chambre: elle priait
toute ravie en Dieu. Soudain, dans cette pauvre petite chambre, se fait une
grande lumière: l’Archange, ayant pris une apparence humaine et entouré d’une
multitude d’anges, s’approche de Marie avec révérence et majesté tout à la fois.
Elle, elle s’incline comme femme; lui, sourit comme messager d’une heureuse
nouvelle et lui adresse ces douces paroles: “Salut, ô Marie, le Seigneur est
avec toi. Tu es bénie entre toutes les femmes.” Oh! belle, oh! grande, oh!
sublime salutation, jamais encore entendue sur la terre et que la terre
n’entendra plus jamais! Seul un archange, annonçant à la plus élevée des
créatures la sublimité d’un si grand mystère, pouvait être digne de proférer un
éloge aussi splendide et des paroles aussi sublimes. Et seule l’auguste Mère du
Fils de Dieu était digne d’être saluée de si sublimes et surhumains accents.
Après que
l’Archange céleste eût prononcé ces paroles, il se tut, comme s’il attendait
d’elle un signe pour lui expliquer sa divine ambassade.
Cependant,
surprise par cette salutation, Marie se troubla; elle se taisait et
réfléchissait... Elle se trouble parce qu’elle se croit indigne de la salutation
angélique...
Marie n’avait
donné aucune réponse à l’ange. Afin qu’elle n’ait plus peur, l’ange lui dit
alors: “Ne crains pas, Marie, tu es l’unique à avoir trouvé grâce devant le Très-Haut.
Tu vas concevoir en ton sein un fils, tu lui donneras le nom de Jésus, il sera
appelé par tous le Fils du Très-Haut. On lui donnera le trône de David, il
régnera pour l’éternité et son règne n’aura pas de fin.” C’est par ces paroles
sublimes que l’Archange expliquait entièrement sa mission à Marie. Crions hourra!
Désormais Marie est déclarée Mère du Libérateur promis, du Rédempteur du monde,
du Fils de Dieu. Oui, Marie fut la grande Vierge attendue depuis si longtemps.
Ce fils devait être grand, donc la mère sublime. Ce fils devait être le Fils du
Très-Haut, c’est pourquoi Marie devait être élevée à la plus intime relation
avec la Très Sainte Trinité...”
L’Ange continue
sa relation à Gemma. Le mystère est expliqué et “Marie finit par donner le
grand consentement au messager divin, en répondant: “Voici la servante du
Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole.” Le grand assentiment est prononcé,
Marie est la Mère du Fils du Dieu Très-Haut. À ces paroles, le ciel exulte, le
monde entier est consolé. L’ange s’incline respectueusement devant sa Maîtresse,
puis il prend son vol et s’en retourne au Paradis.”
Gemma poursuit:
“Marie prononça ces paroles et Dieu ajouta: “Qu’il en soit ainsi.” De même
que cette parole avait tiré du néant toutes les œuvres de la création et leur
avait donné l’existence, de même, à peine Marie eut-elle prononcé le FIAT, que
commença l’œuvre admirable de la Rédemption du monde... À l’instant même,
l’Esprit divin forma en son sein, de sa très pure substance virginale, un tout
petit corps tendre et parfait, auquel il donna une âme humaine, et à l’un et à
l’autre, il unit la personne divine du Verbe en une étroite union hypostatique...
Une joie
ineffable inonda Marie lorsqu’elle se fixa dans la lumière infinie et put
admirer les splendeurs cachées de la divinité.”
Annexe 2
Les événements prodigieux dans la
vie de Gemma
Les événements
prodigieux ne font pas la sainteté, mais lorsqu’ils confirment la présence
réelle de Jésus dans l’Eucharistie, on ne peut pas les passer tous sous silence.
Ainsi Gemma mit un jour sa “tante” (Mme Cecilia) au courant d’un fait peu commun:
un matin de bonne heure, à Lucques qu’elle ne quittait jamais, Gemme se retrouve
en train de communier au calice du Père Germano tandis qu’il célébrait la messe,
à Rome. Cecilia Giannini écrivit au Père Germain: “C’est dimanche, et je
voudrais savoir deux choses de vous, mais rapidement: l’heure précise à laquelle
vous avez dit la messe; et si, en ce dimanche, vous avez ressenti assez
fortement la présence de Gemma, et à quelle heure?”
[12]
Le Père Germano
répondit: “Samedi, j’ai dit la messe après dix heures, et le dimanche vers
cinq heures, et j’ai donné à Gemma le calice pour qu’elle boive, et elle y a
approché ses lèvres. Oui, j’ai senti sa présence... Pauvre philosophie! Et vive
Jésus présent dans l’Eucharistie! Oh! Jésus Eucharistique n’est pas connu, n’est
pas honoré, ni aimé non plus. C’est à nous de le faire.”
[13]
Ce phénomène se
renouvela plusieurs fois. Une autre fois Gemma s’inquiéta auprès de son
Directeur: “Est-ce vous qui m’avez donné beaucoup de sang à boire le matin?
Après la communion, j’ai senti ma bouche remplie de sang...” (3 février
1901)
Annexe 3
Gemma et les âmes du purgatoire
Un jour l’Ange
gardien de Gemma lui reprocha de ne pas prier assez pour les âmes du Purgatoire.
Elle raconte, dans son autobiographie: Mes prières terminées, j’allai au lit.
Lorsqu’il eut obtenu de Jésus la permission de venir, mon Ange revint et me
demanda: “Combien de temps cela fait-il que tu n’as pas prié pour les âmes du
Purgatoire? Oh! Ma fille, tu y penses si peu! Sais-tu? Mère Maria Teresa[14]
souffre toujours.” Je n’avais pas prié pour elle depuis le matin. Il me dit que
cela lui ferait plaisir si j’offrais pour les âmes du Purgatoire les moindres
petites choses que je souffrais. “Toute petite peine les soulage, même celles
d’hier et d’aujourd’hui, si tu les avais offertes pour elles.” Un peu étonnée je
répliquai: Les douleurs physiques soulagent donc les âmes du Purgatoire? “Oui me
dit-t-il, oui, ma fille, la moindre souffrance les soulage.”
Annexe 4
Humilité de Gemma [15]
Pendant que
Gemma écrivait, son ange se tenait auprès d’elle. Un jour il lui dit: “Ma
fille, je te conseille de toujours obéir en tout. Dis tout à ton
confesseur.
Dis-lui de ne pas te négliger, mais de te garder cachée.” Puis il ajouta:
“Dis-lui que Jésus veut qu’il prenne toujours plus soin de toi, qu’il se soucie
davantage de toi, car tu es trop inexpérimentée.”
À son Père
spirituel, elle demande: Veuillez me recommander à Jésus, afin qu’il
m’accorde la grâce de connaître mes péchés et d’en avoir une vraie douleur. À
tout instant, je me découvre un défaut.
Comme je
m’ennuie dans le monde! Il est bien vrai qu’il n’y a pas de bonheur sur cette
terre! Pour moi, si par la miséricorde de Dieu, je connais des moments heureux,
c’est lorsque je me vois méprisée et humiliée. À vrai dire, les occasions ne
manquent pas et même Jésus les multiplie chaque jour. Oh! Comme il est bon!
(Juillet-août 1900)
Ce n’est pas
le poids de la croix qui fait tant souffrir Jésus, mais c’est le poids de mes
péchés; Ô Papa[16],
c’est une grande grâce que je ne sois pas encore en enfer. Oh! Si les années de
ma vie passée revenaient, je voudrais... Mais elles ne reviendront pas. Mais
s’il me reste encore un peu de temps, que vais-je faire? Je me souviens fort
bien que Jésus a dit qu’il ne méprise jamais un cœur repentant. Je courrai donc
à lui et l’aimerai de toute la force de mon faible cœur. Je l’aimerai même, s’il
le faut, en donnant pour lui mon sang et ma vie. Mais quel rapport entre mon
sang et le sang d’un Dieu, Entre une vie remplie de péchés comme la mienne et la
vie d’une Majesté infinie? (septembre 1900)
Jésus, ne me
quitte pas encore, j’ai quelque chose à te dire... Ô Jésus... j’ai si peur
d’être trompée... Je ne désire pas ces choses, je ne désire rien, Jésus. La
seule chose que je veux, c’est que tu m’inspires une très grande douleur de mes
péchés. Je ne veux rien d’autre: Jésus, j’ai peur de me tromper.[17]
Jésus, est-il
possible que la vaine gloire puisse avoir prise sur mon âme, alors que j’ai
péché et que je suis si dénuée de vertus? Mais qu’en sera-t-il de moi qui allie
une telle pauvreté en vertus à de si hautes prétentions?
[18]
NOTES
[1] La
vie de Gemma Galgani est peu connue et elle est exceptionnelle. Pourtant
sa sainteté est réelle, et pour s’en convaincre, il peut être utile de
rapporter ici ce que Saint Maximilien Kolbe écrivait à sa mère, le 1er
mars 1921: “Voilà déjà trois fois que j’ai lu la vie de Gemma Galgani,
et cela m’a plu énormément: cette lecture m’a fait plus de bien qu’une
série d’exercices spirituels.”
[2] Le
prénom Gemma signifie Perle ou Pierre précieuse.
[3] La
plupart des textes écrits en italique, sont extraits, soit de
l’autobiographie, soit des lettres de Gemma. Il y a aussi quelques
paroles de Gemma qui ont été relevées par des proches pendant les
nombreuses extases de Gemma.
[4] Phrases
relevées par quelques témoins des extases de Gemma.
[6] C’est
ainsi que Gemma appelle son directeur, le Père Germano.
[7] Tous
les textes écrits en italique, sont extraits, soit de l’Autobiographie,
soit des lettres de Gemma. Il y a aussi quelques paroles de Gemma qui
ont été relevées par des proches pendant les nombreuses extases de Gemma.
[8] Lettres
au Père Germano.
[9] Phrases
relevées pendant les extases de Gemma.
[10] Extraits
des lettres au Père Germano.
[11] Parole
dite pendant une extase.
[12] Lettre
de Cecilia Giannini au Père Germain, du 17/2/1901.
[13] Lettre
de février 1901, du Père Germain à Cecilia Giannini.
[14] Une
religieuse décédée depuis peu.
[15] Extraits
des Lettres au Père Germano.
[16] Gemma
appelle ainsi son Père spirituel.
[17] Phrases
relevées pendant les extases de Gemma.
[18] Phrases
relevées pendant les extases de Gemma.
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