Gabriel-Taurin
Dufresse naît dans la petite ville de Lezoux (diocèse de Clermont,
Puy-de-Dôme). Au collège, à Paris, il connaît les Missions
Étrangères par un de ses professeurs, l'abbé de Saint-Martin, parti
ensuite pour la Chine. Il entre,
diacre,
au séminaire des Missions en juillet 1774 et en décembre il est
ordonné prêtre. L'année suivante il est envoyé en Chine. En 1776 il
quitte Macao pour gagner l'intérieur des terres. Déguisé en Chinois,
voyageant caché, il atteint le Seu-Tchouen après plus de trois mois
de voyage. Il subit un premier emprisonnement à Pékin, puis il est
relâché. A la fin de 1784 l'empereur édicte l'arrestation de tous
les prêtres catholiques. Pris, il réussit à s'enfuir. Mais Mgr de
Saint-Martin, son ancien professeur, déjà pris lui-même, l'invite à
se livrer. Il obéit (1785). Après plus de 6 mois de prison et
beaucoup de péripéties, il est libéré, mais on l'expulse vers
l'Europe. En 1789 il revient subrepticement et regagne le Seu
Tchouen. Au bout de 4 ans, il est pro-vicaire. Il baptise enfants et
adultes, reçoit de nouveaux catéchumènes, entend des milliers de
confessions et visite de nombreuses communautés. En 1800 il est
coadjuteur de Mgr de Saint-Martin et sacré à Tcheng-Tou, la capitale
du Seu-Tchouen. En 1801 il est nommé vicaire apostolique de cette
province (50 millions d'habitants, 40'000 catholiques). Le Seu
Tchouen compte alors 4 prêtres français et 15 prêtres chinois, avec
des écoles et un séminaire. Mgr Dufresse tient un synode (dont les
règlements seront, en 1822, hautement approuvés par Rome). Il active
le recrutement indigène de son clergé, car Napoléon ne favorise pas
l'envoi de missionnaires. Le nombre de catéchumènes et des baptisés
augmente sans cesse, mais cela se fait sans bruit pour éviter le
conflit avec les autorités administratives. L'apôtre ne se laisse
pas griser par les succès — pourtant remarquables — de son apostolat
et ne se prend pas pour un saint en raison des séparations et des
souffrances qu'entraîne la vie de tout missionnaire. "Plus on se
connaîtra soi-même — écrit-il — plus on sera éloigné de ces
sentiments d'orgueil." Pourtant, un jour de 1785, où il faisait
partie d'un convoi de prisonniers, sa patience a tellement ému l'un
de ses gardiens chinois que celui-ci s'est converti. Il est même
devenu prêtre… Il n'est autre que cet Augustin Zhao Rong (+1815) qui
figure en tête de liste des 120 martyrs de Chine canonisés (dont Mgr
Dufresse fait lui aussi partie). De même pour Joseph Yuan: après
avoir entendu Mgr Dufresse parler de la foi chrétienne, il est
conquis par la beauté de cette doctrine et devient par la suite une
néophyte modèle; ordonné prêtre, il est arrêté en 1816 après avoir
évangélisé plusieurs districts; condamné à la strangulation, il est
exécuté le 24 juin 1817. Quant à Mgr Dufresse, il meurt décapité à
Tcheng-Tou, le 14 septembre 1815. Donc, ce missionnaire qui
"fuyait la tentation de se regarder déjà comme un grand saint",
l'Église a jugé bon de le canoniser après que le martyre eût
couronné sa carrière de témoin.
SOURCE :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/ |