Franziska naît en 1882. Ses parents
n’étaient pas encore mariés et ne le firent qu’une année après. Vinrent ensuite
douze autres enfants ; la famille était si pauvre que Franziska ainsi que ses
petits frères et sœurs
devaient
aller rendre des services alentour pour gagner un peu de pain, des œufs, des
fruits, que son père ne pouvait acheter avec sa petite paie de journalier. De
cette nombreuse fratrie, seuls quatre enfants atteindront l’âge adulte.
La petite Franzi est éduquée
surtout par sa douce grand-mère et sa marraine, qui lui donnent l’affection
qu’elle ne trouve pas auprès de son père. Ce dernier est dur, mais elle lui
obéira toujours. A l’école, elle ne brille guère, elle est un peu lourdaude,
maladroite, cassant facilement les objets ; solitaire, elle reste simple,
pieuse, toujours aimable ; souffreteuse, elle manque souvent l’école et les
résultats s’en ressentent.
Après son école primaire, elle est
placée à douze ans en différents endroits et finalement comme bonne dans une
famille à Rorschach en Suisse. Elle tombe malade de la tuberculose et elle est
soignée à l’hôpital par les Sœurs de la Charité avec une grande bonté, si bien
qu’elle choisit d’entrer chez elles en 1904.
Elle
est reçue à Hagne, leur maison provinciale allemande. Désormais elle s’appellera
en religion : Sœur Ulrika.
L’année suivante, elle assiste les
malades à Zell-Weierbach près Offenburg, puis comme aide-cuisinière à Bühl et
ensuite à Baden-Baden. Elle accepte tous les travaux, les humiliations, et elle
souffre de maux de tête dont elle ne se plaint jamais. Parfois, ce sont les
ténèbres dans la prière. « Ces
pénibles expériences conduisent Sœur Ulrika à une sérénité du cœur qui lui
permet de voir dans les plus petites choses la main paternelle de Dieu et
d’accueillir de sa part chaque heure de sa vie avec une reconnaissance
d’enfant. »(Jean-Paul II). Elle prie jour et nuit. Tout se transforme pour
elle en prière.
Un de ses mots favoris était : L’Amour
ne connaît pas de mesure. Nous ne devons souffrir et travailler que dans l’Amour
et pour l’Amour. Son biographe,
Ferdinand Holböck a pu écrire : “Elle atteignit un degré de profonde mystique
dans la prière silencieuse, dans l’extase, jusqu’à l’état des noces mystiques et
de l’union totale avec le Christ”. Ulrika disait sans cesse : Il
faut fermer les volets, comme pour souligner l’importance du silence.
Elle jouit de visions mystiques. Au
début de sa vie religieuse, elle voyait son Ange gardien et pensait que tout
homme voyait son Ange gardien. Plus tard elle vit la sainte Vierge, les Anges et
d’autres Saints encore. Elle eut aussi, dit-on, des visions sur l’avenir. Auprès
d’elle, les gens se sentaient comme en paradis.
Les visions cessent en 1912,
lorsque Ulrika tombe à nouveau malade de la tuberculose ; on la ramène à la
maison provinciale, à Hagne, où elle meurt à 31 ans, le 8 mai 1913.
Quand on veut écrire sa vie,
certaines personnes s’étonnent, car ils ne voient pas en quoi réside sa
sainteté. D’ailleurs les titres des premières brochures sont éloquents : ‘‘La
sainte de rien’’, ‘‘La sainte aux marmites’’, ‘‘La voix silencieuse’’. Mais les
faits parlent d’eux-mêmes : sa tombe est toujours fleurie et de multiples
témoignages font état de grâces obtenues.
Notons en souriant que sœur
Franciska sera béatifiée (en 1987) avant sa fondatrice, Mère Marie-Thérèse
Scherer, une grande sainte pourtant.