Filippo SMALDONE
Prêtre, Fondateur, Saint
(1848-1923)

Filippo Smaldone vécut durant une période pleine de tensions. Il naquit à Naples le 17 juillet 1848, année de la fameuse «insurrection de Naples».

Filippo SmaldoneIl n’avait que douze ans à la chute politique de la monarchie des Bourbons, auxquels sa famille était fortement liée ; au moment de la conquête de Garibaldi, l’Eglise napolitaine vécut des moments dramatiques, spécialement avec l’exil de son archevêque, le Cardinal Sisto Riario Sforza.

Filippo prit la décision irrévocable de se faire prêtre et de s’engager pour toujours au service de l’Église. Encore étudiant en philosophie, il voulut se consacrer à l’assistance des sourds-muets. Son activité caritative retarda même un peu ses études et donc l’accès aux premiers Ordres. Monseigneur Pietro Cilento, qui l’appréciait énormément, voulut l’ordonner personnellement : sous-diacre le 31 juillet 1870, diacre le 27 mars 1871, et prêtre le 23 septembre 1871, avec la dispense d’âge canonique de quelques mois, car il n’avait pas atteint les 24 ans exigés pour le sacerdoce. On imagine la joie indicible qu’il ressentit au fond de son cœur plein de bonté et de douceur.

Dès son ordination sacerdotale, il commença un fervent ministère, comme catéchiste, comme collaborateur dévoué dans plusieurs paroisses, spécialement de la paroisse Sainte-Catherine in Foro Magno, auprès des malades dans des cliniques, dans des hôpitaux et chez des particuliers. Par sa charité, il parvint au sommet de la générosité et de l’héroïsme au moment d’une grave peste qui frappa la ville de Naples ; il tomba lui-même malade jusqu’à l’épuisement et il fut sur le point de perdre la vie ; il fut cependant guéri par Notre-Dame de Pompéi, pour laquelle il eut toute sa vie une dévotion particulière.

Mais la plus grande charge pastorale de Don Filippo Smaldone était l’éducation des pauvres sourds-muets, auxquels il aurait voulu consacrer toute son énergie, avec des méthodes plus appropriées que celles qu’il voyait utiliser par d’autres éducateurs. Il souffrait beaucoup de constater que, malgré tous les efforts faits par beaucoup, l’éducation et la formation humaine et chrétienne de ces malheureux, considérés souvent comme des païens, ne portaient pas de fruits.

Il envisagea de partir comme missionnaire dans les missions étrangères, mais son confesseur l’en dissuada. Dès lors, il se consacra totalement à l’apostolat parmi les sourds-muets : il alla vivre pour toujours parmi un groupe de prêtres et de laïcs, qui avaient l’intention de constituer une Congrégation de Prêtres Salésiens et projeta de réaliser une institution durable, capable de se consacrer aux soins, à l’instruction et à l’assistance, humaine et chrétienne, de ceux qui sont atteints de surdité.

Le 25 mars 1885, il partit pour Lecce, afin d’ouvrir, avec Don Lorenzo Apicella, un Institut pour sourds-muets. Il y fit venir quelques « religieuses », que lui-même avait formées, et il jeta ainsi les bases de la Congrégation des Sœurs Salésiennes des Cœurs Sacrés, qui, ayant reçu la bénédiction et les encouragements des évêques successifs de Lecce, Monseigneur Salvatore Luigi dei Conti Zola et Monseigneur Gennaro Trama, eut un développement rapide et important.

En raison du nombre croissant de personnes à accueillir et à assister, l’Institut de Lecce, comprenant des branches féminines et masculines, eut de plus en plus de maisons, jusqu’à acquérir le célèbre ancien couvent des Déchaussées, qui devint la résidence définitive et la Maison Mère de l’Institut. En 1897, fut créé l’Institut de Bari.

Le Père Smaldone ne savait pas dire non à la demande de nombreuses familles pauvres ; aussi, commença-t-il à accueillir, en plus des sourds-muets, des filles aveugles, de petites filles orphelines et abandonnées. Il était attentif à toutes les nécessités humaines et morales de l’ensemble de la jeunesse. Il ouvrit donc plusieurs maisons, en y adjoignant des écoles maternelles, des ateliers pour jeunes filles, des pensions pour étudiantes, dont une à Rome.

Malgré les rudes épreuves dont elles eurent à souffrir, soit de l’extérieur soit à l’intérieur même de l’Institut, l’Œuvre et la Congrégation connurent un développement discret, mais s’affermirent. A Lecce, le fondateur eut à mener une lutte acharnée contre l’administration communale très laïque et opposée à l’Église. Au sein de la Congrégation, il vécut avec amertume la délicate et complexe histoire de succession de la première Supérieure Générale, succession qui provoqua une longue Visite Apostolique. Ces deux événements révélèrent l’âme vertueuse du Père Smaldone, et il fut évident que sa fondation était voulue par Dieu, qui purifie par la souffrance les œuvres nées en son nom et ses fils les plus chers.

A Lecce, le père Smaldone recouvrit la fonction de directeur de l’Institut et de fondateur des Sœurs Salésiennes ; il fut un confesseur assidu et estimé de prêtres, de séminaristes, et de plusieurs communautés religieuses ; il fonda aussi la Ligue Eucharistique des Prêtres Adorateurs et des Dames Adoratrices ; il fut encore Supérieur de la Congrégation des Missionnaires de Saint François de Sales pour les Missions populaires. Pour tout cela, il fut décoré de la Croix «Pro Ecclesia et Pontifice», nommé chanoine de la cathédrale de Lecce et même décoré par les Autorités Civiles.

Il termina ses jours à Lecce, supportant avec une sérénité admirable un diabète associé à des complications cardiaques et circulatoires et à une sclérose qui se généralisait. Le 4 juin 1923 à 21 heures, après avoir reçu le soutien spirituel et la bénédiction de son archevêque, Monseigneur Trama, il mourut saintement à l’âge de 75 ans, entouré de plusieurs prêtres, de sœurs et de sourds-muets.

Cet apôtre de la charité a été béatifié en 1996, et canonisé en 2006.

 

 

pour toute suggestion ou demande d'informations