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Le Petit Journal 400. Ce qui me coûtait beaucoup, c’étais d’embrasser les enfants. Des femmes de ma connaissance venaient avec leurs enfants et me priaient de les prendre dans mes bras ne serais-ce que pour un instant, et les embrasser. Elles considéraient cela comme une grande grâce. Pour moi c’était une occasion de m’exercer à la vertu, car plus d’un enfant était assez sale. Mais pour me vaincre et ne montrer aucune répugnance, je baisai deux fois un enfant sale. L’une d’elle apporta son enfant, qui avait les yeux malades et purulents, et me dit « Prenez-le un instant dans vos bras, ma Sœur. » Ma nature ressentait du dégoût, mais sans y prêter attention, je pris l’enfant dans mes bras, et je le baisai deux fois, juste à l’endroit purulent de l’œil, en demandant à Dieu une amélioration. J’avais ainsi beaucoup d’occasions de m’exercer à la vertu. En les écoutant tous exprimer leurs griefs, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de cœur joyeux, car il n’y avait pas de cœurs aimant sincèrement Dieu et cela ne m’a pas du tout étonnée. Je fus très peinée de ne pas voir deux de mes sœurs. Je sentis intérieurement que leur âme était en grand danger. Lorsque je pensais à elles, la douleur me serrait le cœur. Un jour, me sentant très près de Dieu, je priais ardemment le Seigneur de leur accorder Sa grâce. Le Seigneur me répondit : « Je leur accorde non seulement les grâces nécessaires, mais aussi des grâces particulières. » J’ai compris que le Seigneur les appellerait à une plus grande union avec Lui et je me réjouis profondément qu’un si grand amour règne dans notre famille.
401. Quand vint le moment de dire adieu à mes parents, je les
priai de me bénir : j’ai senti la puissance de la grâce divine qui se déversa
dans mon âme. Mon père, ma mère et ma marraine en me bénissant, les larmes aux
yeux, me souhaitèrent la plus grande fidélité à la grâce divine. Ils me priaient
de ne jamais oublier combien de grâces Dieu m’avait accordées en m’appelant à la
vie religieuse et me demandaient de prier pour eux. 402. Une fois installée dans la voiture, j’ai soulagé mon cœur et j’ai pleuré aussi comme une enfant, mais de joie parce que Dieu accordait tant de grâces à notre famille. Puis je me suis plongée dans l’action de grâces. . Le soir j’étais à Varsovie. J’ai d’abord salué le Maître de la maison, puis toute la communauté 403. Avant d’aller dormir, je suis venue dire bonsoir au Seigneur lui demandant pardon d’avoir si peu parlé avec Lui pendant mon séjour à la maison. J’entendis une voix dans mon âme : « Je suis très content que tu n’aies pas parlé avec Moi, car tu as fait connaître Ma bonté aux âmes, et tu les as éveillées à Mon amour. »
404. La Mère Supérieure me dit que, le lendemain, nous irions
toutes deux à Jozefinek et que nous aurions l’occasion de parler avec la Mère
Générale. J’en étais très contente. La Mère Générale est toujours la même,
pleine de bonté, de paix et remplie de l’Esprit Divin. J’ai longuement parlé’
avec elle. Nous avons assisté à la bénédiction de l’après-midi. 406. Le lendemain, je me trouvais déjà à mon cher Wilno. Oh ! Comme je me sentais heureuse d’être de retour dans notre couvent. Il me semblait que j’y entrais pour la deuxième fois. Je ne pouvais assez jouir du calme et du silence où l’âme se plonge si facilement en Dieu. Tout y aide et personne ne la dérange. Le Carême 407. Quand je me plonge dans la Passion du Seigneur, je vois souvent, pendant mon adoration, Jésus se présenter tel qu’Il était après la flagellation, lorsque les bourreaux l’emmenèrent et Lui ôtèrent Son vêtement, qui déjà collait à Ses Plaies. Celles-ci se rouvrirent pendant qu’ils ôtaient le vêtement. Alors on jeta sur les épaules du Seigneur et sur ses Plaies ouvertes un manteau rouge, sale et déchiré. Le manteau atteignait à peine les genoux.. On fit asseoir le Seigneur sur une poutre, puis on tressa une couronne d’épines, qu’on Lui posa sur la tête. On Lui mit en main un roseau et tous se moquaient de Lui et Lui rendaient hommage comme à un roi. Ils Lui crachaient au Visage d’autres prenaient le roseau et Le frappaient à la Tête, d’autres encore Lui voilaient la Face et le frappaient à coups de poings. Jésus supportait tout avec douceur. Qui le comprendra, qui comprendra Sa douleur ? Jésus avait le regard baissé à terre. J’ai ressenti ce qui se passait alors dans Son Coeur très doux. Que chaque âme considère ce que Jésus souffrait à cet instant. Ils s’acharnaient à insulter Jésus et je me demandais d’où venait une telle méchanceté dans l’homme. C’est le péché qui agit ainsi : l’Amour et le péché se sont rencontrés. 408. Un jour où je me trouvais dans une certaine église avec une Sœur, pendant la Sainte Messe, j’ai éprouvé la grandeur et la Majesté de Dieu. Je sentais que cette église était imprégnée de Dieu… Sa Majesté m’enveloppait, elle m’effrayait et cependant, me remplissait de paix et de joie. J’ai vu que rien ne pouvait s’opposer à Sa Volonté. Oh ! i toutes les âmes savaient Qui demeure dans nos sanctuaires ! Il n’y aurait pas tant d’outrages ni de manque de respect dans les endroits sacrés. 409. O Eternel et inconcevable Amour, je vous prie de m’accorder une grâce, éclairez ma raison de la lumière d’en haut, faites-moi connaître et apprécier toutes les choses d’après leur valeur. La plus grande joie de mon âme est de connaître la vérité. 410. 21.III.35. Souvent, pendant la Sainte Messe, je vois le Seigneur en mon âme, je sens sa présence qui me transperce. Je sens Son divin regard, je converse avec Lui, sans dire un mot. Je sais ce que désire Son Divin Cœur, et j’accomplis toujours ce qui Lui plait le plus. Je L’aime à la folie et je sens que je suis aimée de Dieu. Dans les moments où je Le rencontre dans les profondeurs de mon âme, je me sens si heureuse que je ne peut l’exprimer. Ce sont de courts instants car l’âme ne pourrait les supporter plus longtemps : la séparation d’avec le corps devrait suivre un si grand bonheur. Ces moments sont très courts, mais leur puissance se communique à l’âme et s’y prolonge longtemps. Sans le moindre effort je sens qu’un profond recueillement s’empare alors de moi qui ne diminue pas, même si je parle avec des gens. Il ne me dérange pas non plus dans l’accomplissement de mes devoirs. . Je sens la continuelle présence de Dieu, sans aucun effort, je sais que je Lui suis unie aussi étroitement que la goutte d’eau à l’insondable océan. Jeudi dernier, vers la fin des prières, j’ai senti cette grâce qui a duré, exceptionnellement, pendant toute la Sainte Messe. Je pensais qu j’allais mourir de joie. Dans ces moments-là, j’apprends à mieux connaître Dieu et Ses attributs, ainsi que moi-même et ma misère, et je m’étonne de l’immense abaissement de Dieu envers une âme aussi misérable que la mienne. Après la Sainte Messe, je me sentais toute plongée en Dieu et chacun de ses regards dans le fond de mon être reste présent à mon esprit.
411. Vers midi, j’ai passé un instant à la chapelle et de
nouveau la puissance de la grâce frappa mon cœur. Alors que je persévérais dans
le recueillement, Satan pris un pot de fleurs et le jeta ç terre de toutes ses
forces avec colère. Je vis tout son acharnement et sa jalousie ! Il n’y avait
personne à la chapelle, je me suis donc levée, j’ai ramassé le pot brisé, j’ai
replanté la fleur et je voulais la remettre à sa place, avant que quelqu’un ne
vienne à la chapelle. Je n’y suis pas arrivée : car aussitôt la Mère Supérieure,
la Sœur sacristine et plusieurs autres Sœurs entrèrent. En arrivant le matin à la chapelle, j’ai entendu une voix : « Tu es à Moi, n’aie peur de rien. Sache cependant, Mon enfant que Satan te hait ; il hait chaque âme, mais envers toi il brûle d’une haine particulière, parce que tu as arraché tant d’âmes à son règne. » Jeudi Saint 18.IV 412. Ce matin, j’ai entendu ces paroles : « Jusqu’à la cérémonie de la Résurrection, tu n’éprouvera plus Ma présence, mais ton âme sera emplie d’une grande nostalgie. » Et aussitôt une immense nostalgie inonda mon âme. Je sentais la séparation d’avec mon Bien-Aimé Jésus. Et quand approche le moment de la Sainte Communion, je vis dans le calice, sur chaque Hostie, la Face douloureuse de Jésus. Depuis ce moment, j’éprouvai, en mon cœur, une nostalgie plus grande encore.
413. Vendredi Saint à trois heures de l’après-midi, quand je
suis entrée à la chapelle, j’ai entendu ces paroles : Tout d’un coup j’aperçus Jésus agonisant sur la Croix dans de grandes douleurs, de Son Cœur sortirent ces deux rayons qui sont représentés sur l’image. 414. Samedi. Pendant les Vêpres, j’aperçu Jésus resplendissant de lumière comme le soleil, dans un vêtement clair, qui me dit : « Que ton cœur se réjouisse. » - Une grande joie m’inonda et la présence de Dieu me pénétra toute entière : c’est un trésor ineffable pour l’âme. 415. Quand l’image fut exposée, j’ai vu le vif mouvement de la main de Jésus, qui traça un grand signe de croix. Le soir du même jour, quand je fus couchée dans mon lit, je vis cette image survoler la ville qui était elle-même tendue de réseaux et de filets. En passant, Jésus coupait tous les filets et à la fin, Il traça un grand signe de croix et disparut. Je me vis entourée d’un grand nombre d’êtres méchants, brûlants d’une immense haine contre moi.. Leur bouche proférait toutes sortes de menaces, cependant aucun ne m’a touchée. Après un moment, cette apparition disparut, mais je mis longtemps à m’endormir. 416. 26.IV. Vendredi, alors que j’étais à Ostra Brama, pour les cérémonies au cours desquelles l’image a été exposée, j’assistai au sermon de mon confesseur. Ce sermon sur la Miséricorde divine était le premier de ceux que Jésus exigeait depuis si longtemps. Quand il commença à parler de cette grande miséricorde du Seigneur, l’image prit un aspect vivant et Ses rayons pénétraient dans les cœurs des personnes rassemblées, mais pas dans la même mesure. Les uns en recevaient plus et d’autres moins. Mon âme fut inondée d’une grande joie à la vue de la grâce de Dieu.. Soudain j’entendis ces paroles : « Tu es le témoin de Ma miséricorde. Tu vas te tenir, pour l’éternité, devant Mon trône comme un vivant témoin de Ma miséricorde. » 417. Le sermon fini, je n’attendis pas la fin des cérémonies, car j’étais pressée de revenir à la maison. Je fis quelques pas, mais un grand nombre de démons me barrèrent la route. Ils me menaçaient de terribles supplices et des voix se firent entendre : « Elle nous a ravi tout ce pourquoi nous avons travaillé pendant tant d’années. » Lorsque je les ai questionnés : « Qui êtes-vous en si grand nombre ? – Les maudits me répondirent : « Des cœurs humains ; ne nous tourmente pas. » Voyant leur terrible haine contre moi, j’ai 418. appelé tout de suite mon Ange Gardien au secours : et immédiatement sa claire et rayonnante apparence se tint près de moi. Et il me dit : « N’aie pas peur, épouse de Mon Seigneur. Sans Sa permission, ces esprits ne te feront aucun mal. » Immédiatement les mauvais esprits disparurent, et le fidèle Ange Gardien m’a accompagné de manière visible, jusqu’au seuil de la maison. Son regard était modeste et paisible ; un rayon de feu jaillissait de son front. O Jésus, je désirerais peiner, me tourmenter et souffrir pendant toute ma vie, pour ce seul moment où je vis, Seigneur, Votre gloire et le salut des âmes. Dimanche, 28.IV.1935.
419. Dimanche de Quasimodo ou Fête de la Miséricorde du
Seigneur, et clôture du Jubilé de la rédemption. Nous sommes allées assister à
ces cérémonies et mon cœur battait de joie, parce que ces deux fêtes sont si
étroitement unies. J’ai prié Dieu d’être miséricordieux pour les âmes des
pécheurs. A la fin de la cérémonie, le prêtre prit le Saint Sacrement pour
donner la bénédiction, alors je vis Jésus exactement comme il est représenté sur
l’image. Le Seigneur accorda Sa bénédiction, et les rayons se répandirent sur le
monde entier. 420. 29.IV.35. Le jour précédant l’exposition de cette image, je suis allée avec notre Mère Supérieure chez notre confesseur. Quand on parla de l’image, il demanda qu’une des Sœurs vienne l’aider à tresser des couronnes de verdure. La Mère Supérieure répondit que je l’aiderais. Ce qui me causa beaucoup de joie. Lorsque nous rentrâmes à la maison, je me suis tout de suite occupée à préparer la verdure ; avec une des élèves, nous l’avons transportée. Une personne qui est employée à l’église nous a aussi aidée. A sept heures du soir, tout était prêt et l’image était exposée. Cependant certaines dames avaient observé que je rôdais là-bas, car je dérangeais plutôt que je n’aidais. Le lendemain donc, elles ont demandé aux Sœurs quelle était cette belle image et ce qu’elle signifiait. « Les Sœurs doivent le savoir, car, hier, l’une d’elles ornait l’image. » Les Sœurs en furent fort étonnées, car elles n’en savaient rien. Chacune voulait voir l’image et tout de suite elles m’ont soupçonnée. Elles disaient : « Sœur Faustine le sait bien, naturellement. » Quand on a commencé à me questionner, je gardai le silence, car je ne pouvais dire la vérité. Mais mon silence augmenta leur curiosité et je redoublais de vigilance pour ne pas mentir tout en taisant la vérité, car je n’en avais pas la permission. Alors on commença à me témoigner du mécontentement. On me reprochait ouvertement le fait que des personnes étrangères étaient au courant et pas la Communauté On commença à porter sur moi divers jugements. J’ai beaucoup souffert pendant trois jours, mais une singulière force m’animait. Je me suis réjouie de pouvoir souffrir pour Dieu, et pour les âmes, qui ont obtenu Sa miséricorde ces jours-ci. En voyant que tant d’âmes avaient obtenu la miséricorde divine ces jours-ci, je considère comme rien, les peines et les souffrances les plus grandes que j’ai éprouvées, même si elles durer jusqu’à la fin du monde, car elles ont une fin tandis que des âmes ont été à des maux sans fin. Ce fut une grande joie pour moi de voir des personnes revenant à la source du bonheur, au sein de la miséricorde divine. 421. En voyant le dévouement et les fatigues de l’abbé Sopocko dans cette œuvre, j’admirait sa patience et son humilité. Tout cela à coûté non seulement beaucoup de peines et de contrariétés diverses, mais aussi beaucoup d’argent et l’abbé Sopocko subvenait à toutes les dépenses. Je vois que la providence l’a préparé à accomplir cette œuvre de miséricorde avant que je n’aie prié Dieu pour cela. Oh ! que Vos Voies sont surprenantes mon Dieu heureuses les âmes qui suivent l’appel de la grâce divine..
422. Mon âme glorifie le Seigneur pour tout et loue Sa bonté
infinie. Tout passera, mais Sa miséricorde n’a ni bornes, ni limites. La
méchanceté atteindra sa mesure, la Miséricorde est sans mesure 423. Le 12.V.1935. Une fois, le soir, dès que je fus dans mon lit, je me suis immédiatement endormie. Mais je fus réveillée encore plus vite. Un petit enfant est venu et m’a réveillée. C’était un enfant d’un an peut-être, et je m’étonnais qu’Il parle si bien, car à cet âge, les enfants ne parlent pas ou indistinctement. Il était indiciblement beau et ressemblait à l’Enfant Jésus. Il me dit ces mots : « Regarde le ciel. » Lorsque j’ai regardé le ciel, j’ai aperçu les étoiles et la lune qui brillaient. Alors l’enfant m’a demandé : « Vois-tu cette lune et ces étoiles ? » J’ai répondu «oui. » - « Ces étoiles, reprit-Il, sont les âmes des fidèles chrétiens et la lune et la lune ce sont les âmes religieuses. Tu vois la grande différence de lumière entre la lune et les étoiles. Telle est au ciel la différence entre l’âme religieuse et l’âme d’un fidèle chrétien. » Et Il me dit que la véritable grandeur réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité. 424. Puis je vis une âme, qui se séparait du corps dans de terribles supplices. O Jésus, lorsque je dois écrire ceci, je frémis à la vue de ces atrocités, qui témoigne contre lui… Je voyais des âmes de petits enfants et de plus grands, vers les neuf ans, qui sortaient d’une sorte de gouffre boueux. Ces âmes étaient répugnantes et dégoûtantes, semblables aux plus horribles monstres et à des cadavres décharnés. Mais ces cadavres étaient vivants et rendaient hautement témoignage contre cette âme agonisante. Et l’âme que je voyais en agonie était une âme qui avait reçu de grands honneurs et des applaudissements mondains, et qui finissait dans le vide et le péché. Enfin une femme est sortie elle tenait des larmes, comme dans un tablier, et elle témoignait avec force contre lui. 425. Oh ! L’heure terrible où il faut voir toutes ses actions dans leur nudité et leur misère ! Aucune d’elles ne périra. Elles vont nous accompagner fidèlement jusqu’au jugement de Dieu. Je n’ai pas de mots ni de comparaisons pour exprimer des choses aussi terribles. Et bien que je croie que cette âme n’est pas damnée, cependant ses supplices ne diffèrent en rien des supplices de l’enfer, il y a seulement cette différence qu’ils finiront un jour. 426. Après un moment, j’aperçus à nouveau ce même Enfant qui m’avait réveillée. Il était d’une délicieuse beauté. Il m’a répété : « La véritable grandeur de l’âme réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité. » Je Lui demandai « D’où sais-tu que la véritable grandeur de l’âme réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité ? Les théologiens seuls peuvent savoir ces choses et toi, tu n’as même pas encore appris le catéchisme. Comment le sais-tu ? » Il me répondit : « Je le sais. Je sais tout. »- Et au même moment il disparut. 427. Cependant je ne pus me rendormir. Mon esprit était fatigué, parce que j’avais commencé à réfléchir à ce que j’avais vu. O âmes humaines, comme vous reconnaissez tard la vérité. O immensité de la miséricorde de Dieu, déversez-vous au plus vite sur le monde entier, comme vous-même me l’avez dit.
428. V.1935. Lorsque j’ai compris les grands desseins de Dieu
sur moi, je fus effrayée de leur grandeur.. Et me sentant tout à fait incapable
de les accomplir, j’ai commencé à éviter intérieurement les conversations avec
Dieu et je remplaçais ce temps par des prières vocales. Je le faisais par
humilité, mais je m’aperçus bientôt, que ce n’était pas la véritable humilité,
mais une grande tentation du démon. Ces paroles m’ont profondément impressionnée et quoique faisant semblant de ne pas les avoir entendues, je les comprenais bien et je n’avais aucun doute. Un autre jour, fatiguée de ce combat entre mon amour pour Dieu et mon refus continuel, à cause de mon incapacité à accomplir cette œuvre, je voulus quitter la chapelle, mais une singulière puissance m’en empêcha. Je me sentais impuissante, et j’entendis soudain ces paroles : « Tu veux sortir de la chapelle, mais tu ne t’éloigneras pas de Moi, car je suis partout. Par toi-même, tu ne feras rien. Mais avec Moi tu peux tout. » 429. Quand au cours de la semaine, le suis allée chez mon confesseur, je lui ai dévoilé l’état de mon âme, et en particulier le fait que j’évitais la conversation intérieure avec Dieu. Il me répondit qu’il ne m’était pas permis d’éviter la conversation intérieure avec Dieu, mais que je devais au contraire bien écouter les paroles qu’Il me dit. J’ai agi d’après les indications du confesseur et à la première rencontre avec le Seigneur je suis tombée à Ses pieds et, le cœur brisé, je Lui ai demandé pardon pour tout.
430. Alors Jésus me souleva de terre, me fit asseoir près de
Lui et Il me permit de poser ma tête sur Sa poitrine, pour que je puisse
comprendre et mieux ressentir les désirs de Son Très Doux Cœur. Alors Jésus me
dit : « Ma fille, n’aies peur de rien. Je suis toujours avec toi. Tous tes
adversaires ne te nuiront que dans la mesure où Je le leur permettrai. Tu es Ma
demeure et Mon continuel repos. Pour toi Je vais arrêter la main qui punit. Pour
toi Je bénis la terre. » 432. V.1935. Pendant l’Office des quarante heures, j’ai vu la face de Jésus dans la Sainte Hostie exposée dans l’ostensoir. Jésus regardait tout le monde avec bienveillance.
433. Je vois souvent l’Enfant Jésus pendant la Sainte Messe.
Il est extrêmement beau et paraît avoir à peu près un an. Un jour dans notre
chapelle, quand je vis ce même Enfant pendant la Sainte Messe, un désir fou et
une envie irrésistible me prirent de m’approcher de l’autel et de Le prendre
dans mes bras. Or à ce moment, l’Enfant Jésus vint près de moi, près de mon
prie-Dieu. Il appuya Des deux petites Mains sur mon épaule, gracieux et joyeux,
le regard profond et pénétrant. Cependant, quand le prêtre rompit l’Hostie,
Jésus revint sur l’autel et Il fut rompu et consommé par ce prêtre. 434. 9.VI.1935. La Pentecôte. Le soir, passant par le jardin, j’ai entendu ces paroles : « Avec tes compagnes tu vas tâcher par la prière d’obtenir la miséricorde pour toi-même et pour le monde. » J’ai compris que je ne resterai pas dans la Congrégation où je suis maintenant. Je vois clairement qu’il a pour moi un autre projet divin. Cependant je m’excuse sans cesse devant Dieu, Lui disant que je suis incapable d’accomplir cette œuvre. Jésus, Vous savez bien ce que je suis, puis j’ai commencé à énumérer mes faiblesses devant le Seigneur. Je me cachais derrière elles pour qu’Il reconnaisse que mon refus était fondé, et que je suis incapable d’accomplir Ses desseins. Alors j’entendis ces paroles : « N’aies pas peur. Moi-même Je complèterez tout ce qui te manque. » Ces mots me pénétrèrent entièrement et je compris mieux encore ma misère. Je compris que la parole du Seigneur est vivante et qu’elle pénètre jusqu’à l’âme. J’ai compris que Dieu exigeait de moi un genre de vie plus parfait. Cependant, je continuai à m’excuser à cause de mon incapacité. 435.29.VI.1935.Lorsque je fis part à mon directeur spirituel des divers points que le Seigneur exigeait de moi, je pensais qu’il me répondrait que j’étais incapable d’accomplir ces choses, que Jésus n’emploie pas des âmes aussi misérables, que je ne convenais pour aucune des œuvres. Pourtant j’ai entendu que Dieu choisit justement le plus souvent ces âmes là pour réaliser Ses desseins. Ce prêtre, guidé par l’Esprit de Dieu, a pénétré les secrets de mon âme, les secrets les plus cachés qui existaient entre Dieu et Moi dont je ne lui avais encore jamais parlé. Et je n’en avais pas parlé, car je ne les connaissais pas moi-même, et que le Seigneur ne m’avait pas donné formellement l’ordre d’en parler. 436. Voilà ce secret : Dieu exige qu’il y ait une Congrégation qui annoncera sa Miséricorde au monde et qui par ses prières l’obtiendra pour le monde. Quand le prêtre me demanda si je n’avais pas de telles inspirations, j’ai répondu que je n’avais pas d’ordres précis. Cependant en un instant, une lumière pénétra mon âme et je compris que le Seigneur parlait par sa bouche. Je me défendis en vain disant que je n’avais pas d’ordre formel. Vers la fin de la conversation, j’aperçus Jésus sur le seuil ainsi qu’Il est peint sur l’image. « Je désire qu’une telle congrégation existe », me dit-Il. Cela n’a duré qu’un instant. Pourtant, je n’en ai pas parlé tout de suite, mais j’étais pressée de rentrer à la maison et j répétais constamment au Seigneur : « Je ne suis pas capable d’accomplir Vos desseins, Ô mon Dieu ! » Cependant, chose curieuse, Jésus ne faisait pas attention à mes appels, mais il me fit comprendre combien j’aurais de difficultés à surmonter. Et moi, Sa pauvre créature, je ne savais rien dire d’autre que : « Je suis incapable, ô mon Dieu ! »
437. 30.VI.1935. Le lendemain pendant la sainte Messe, tout
au commencement, j’ai aperçu Jésus indescriptible ment beau. Il me dit qu’Il
exigeait qu’une telle Congrégation soit fondée au plus tôt : « Tu vas y vivre
avec tes compagnes. Mon esprit sera la règle de votre vie, qui doit Me prendre
pour modèle, depuis la crèche jusqu’à l’agonie sur la Croix. Pénètre Mes
mystères et tu découvriras l’abîme de Ma Miséricorde envers les créatures et Mon
insondable bonté et tu les feras connaître au monde. Par tes prières, tu vas
être l’intermédiaire entre la terre et le Ciel. » Alors vint le moment de
communier Jésus disparut. 439. O mon Créateur et mon Seigneur, voilà tout mon être ! Disposez de moi selon Votre divin plaisir, d’après Vos éternels desseins et Votre insondable Miséricorde. Que toute âme sache comme est bon le Seigneur. Que personne n’ait peur de vivre dans Son intimité ni ne s’excuse de son indignité ni ne remette jamais à plus tard les invitations divines, car cela ne plait pas au Seigneur. Il n’y à pas d’âme plus misérable que la mienne. Je me connais véritablement et je m’étonne que la Majesté Divine ne soit ainsi abaissée. O éternité, il me semble que tu seras trop courte pour exprimer l’infinie miséricorde du Seigneur. 440. Une fois, pendant la procession de la Fête-Dieu, cette image était exposée sur l’autel. Quand le prêtre y déposa le Saint Sacrement et que le chœur commença à chanter, les rayons de l’image traversèrent la Sainte Hostie et se répandirent dans le monde entier. Alors j’entendis ces paroles : « Ces rayons te traverseront, comme ils ont traversé cette Hostie et ils passeront dans le monde entier. » A ces mots,une grande joie envahit mon âme. 441. Une autre fois, alors que mon confesseur disait la Sainte Messe, je vis comme toujours, l’Enfant Jésus sur l’Autel, à partir de l’offertoire. Puis, un moment avant l’élévation, le prêtre disparut à mes yeux et seul Jésus resta. Quand le moment de l’élévation approcha, Jésus prit dans Ses petites mains l’Hostie et le calice,et Il les souleva ensemble, en regardant le ciel. Peu après, je vis de nouveau mon confesseur. J’ai demandé à l’enfant Jésus où était le prêtre quand je ne le voyais pas. Il me répondit : « Dans mon Cœur. » 442. Une autre fois, j’ai entendu ces mots : « Je désire que tu vive de Ma volonté dans les plus secrètes profondeurs de ton âme. » – Je réfléchissais à ces mots qui m’allaient droit au cœur. C’était un jour de confession de la Communauté. Or pendant ma confession, lorsque je me suis accusée de mes péchés, le prêtre me répéta mot pour mot ce que Jésus m’avait dit avant lui. Puis il me dit ces paroles profondes :
443. « Il y a trois degrés dans l’accomplissement de la
volonté divine : Le prêtre me dit que j’en étais au deuxième degré de l’accomplissement de la volonté divine, que je n’avais pas encore atteint le troisième. Mais que je devais cependant m’efforcer d’y arriver. Ces paroles pénétrèrent jusqu’au fond de mon âme. Je vois clairement que Dieu donne à ce prêtre la connaissance de ce qui se passe au fond de mon âme. cela ne m’étonne pas. Je remercie Dieu qu’Il ait de tels élus . 444. Jeudi. L’adoration nocturne. Quand je suis venue pour adorer, un recueillement intérieur me saisit immédiatement. J’ai aperçu Jésus attaché à une colonne, dépouillé de ses vêtements et tout de suite la flagellation commença. J’ai vu quatre hommes qui, tour à tour, frappaient le Seigneur avec des fouets. Le cœur me manquait en regardant ce supplice. Le Seigneur me dit : « Je souffre une plus grande douleur que celle que tu vois. » Et Jésus me fit connaître pour quels péchés Il se soumit à la flagellation ; ce sont les péchés d’impureté. Oh ! Que les souffrances morales de Jésus furent cruelles, quand Il se soumit à la flagellation ! Il me dit alors : « Regarde et vois le genre humain dans son état actuel ! » Et au même instant, je vis des choses horribles : les bourreaux abandonnèrent Jésus et d’autres personnes procédèrent à la flagellation. Elles saisirent des fouets, et frappèrent le Seigneur sans miséricorde. C’était des prêtres, des religieux, des religieuses et de hauts dignitaires de l’Eglise, ce qui m’a bien étonnée. Il y avait aussi des laïcs d’âges divers et de divers états. Ils exerçaient toute leur méchanceté sur l’innocent Jésus. Mon cœur était dans une sorte d’agonie. Quand les bourreaux Le frappaient, Jésus se taisait et regardait au loin. Mais quand ces âmes dont j’ai parlé plus haut se mirent à Le flageller, Jésus ferma les yeux et un gémissement sourd, mais terriblement douloureux, s’exhala de Son Cœur. Il me fit voir en détail et connaître la gravité de la méchanceté et de l’ingratitude de ces âmes : « Vois-tu, c’est là un supplice plus douloureux pour Moi que la Mort. » Alors mes lèvres se turent, et sans mot dire, j’ai commencé à ressentir l’agonie. Je sentais que personne ne pourrait me consoler, ni m’arracher à cet état, sinon Celui qui m’y avait mise. Et le Seigneur me dit : « Je vois la douleur sincère de ton cœur, qui a apporté un immense soulagement à Mon Cœur. Regarde et console-toi »
445. Alors j’ai aperçu Jésus cloué à la Croix. Il était
suspendu à la Croix depuis un moment, quand je vis toute une légion d’âmes
crucifiées comme Lui. Et je vis une deuxième légion q’âmes et une troisième
légion d’âmes. La deuxième légion n’était pas clouée à la croix, mais les âmes
tenaient fermement la croix en main. La troisième légion n’était ni crucifiée,
ni en ferme possession de la croix ; ces âmes traînaient leur croix derrière
elles, d’un air mécontent. Alors Jésus me dit : « Vois-tu ces âmes qui Me
ressemblent dans les souffrances et dans les mépris Me ressemblent aussi dans la
gloire. Et celles qui sont le moins semblables à Moi dans les souffrances et les
mépris, seront aussi le moins semblables à Moi dans la gloire. » 446. Vendredi. J’étais malade et je ne pouvais pas assister à la Sainte Messe. A sept heures du matin, j’ai vu mon confesseur en train de célébrer la Sainte Messe, au cours de laquelle j’ai vu l’Enfant Jésus. A la fin de la Sainte Messe, la vision disparut et je me suis retrouvée dans ma cellule, comme auparavant. Une joie indicible s’empara de moi parce que, ne pouvant être présente à la Sainte Messe dans notre chapelle, j’avais assisté à la Sainte Messe dans une église bien éloignée. Jésus peut remédier à tout. 447. 30 juillet 1935. Fête de Saint Ignace. J’ai ardemment prié ce Saint. Je lui faisait des reproches : comment pouvait-il me regarder sans me venir en aide dans des questions si importantes, sans m’aider à accomplir la volonté de Dieu ? Je lui dis : « O notre saint Patron, vous qui brûliez du feu de l’amour et du zèle de la gloire de Dieu, je vous prie humblement, aidez-moi dans l’accomplissement des desseins de Dieu. » C’était pendant la Sainte Messe. Alors j’ai vu Saint Ignace du côté gauche de l’autel, un grand livre à la main, qui me dit : « Ma fille, je ne suis pas indifférent à ton affaire : cette règle peu s’adapter dans cette Congrégation ». Montrant de la main le grand livre, il disparut. J’ai été infiniment heureuse de ce que les saints pensent à nous et que notre union avec eux soit si étroite. O Bonté divine, comme le monde intérieur est beau, dès ici bas nous pouvons vivre en communion avec les saints. J’ai ressenti pendant toute la journée la proximité de ce cher Patron. 448. 5 août 1935. Fête de Notre-Dame de la Miséricorde. Je me suis préparée à cette fête avec plus de ferveur que les années précédentes. Le matin, j’ai ressenti un combat intérieur, à la pensée que je devais quitter cette congrégation, qui jouit de la protection particulière de Marie. La méditation passa dans ce combat et la première Messe aussi. Pendant la seconde Messe, j’ai prié la Sainte Mère e lui disant qu’il m’était difficile de me séparer de cette Congrégation placée sous sa particulière protection. Je vis alors la Sainte Vierge, indiciblement belle, venir de l’autel vers mon prie-Dieu. Elle me serra contre Elle et me dit : « Je suis votre Mère, grâce à l’insondable Miséricorde de Dieu, et l’âme m’est d’autant plus agréable qu’elle remplit fidèlement la volonté divine. »Elle m’a fait comprendre que je réalisais tous les souhaits de Dieu et que pour cette raison j’avais trouvé grâce à Ses yeux. « Sois courageuse, n’aies pas peur des obstacles illusoires, mais fixe tes regards sur la Passion de Mon Fils. De cette manière tu remporteras la victoire. » 449. Adoration nocturne. Je me sentais bien souffrante, et il me semblait que je ne pourrais pas faire mon adoration. Cependant, j’ai rassemblé toutes les forces de ma volonté et, bien que je sois tombée à terre dans ma cellule, je n’accordais aucune attention à ce qui me faisait mal, ayant la Passion de Jésus devant les yeux. Lorsque je suis arrivée à la chapelle, j’ai compris intérieurement quelle grande récompense Dieu nous prépare, non seulement pour les bonnes actions, mais aussi pour le sincère désir de les remplir. Qu’elle est grande cette grâce de Dieu ! Oh !comme il est doux de se donner beaucoup de mal pour Dieu et pour les âmes ! Je ne veux point de repos dans ce combat, je vais lutter jusqu’au dernier souffle de ma vie pour la gloire de mon Roi et Seigneur. Je ne poserai pas le glaive jusqu’à ce qu’il m’appelle devant son trône. Je n’ai pas peur des coups, car Dieu est mon bouclier. C’est l’ennemi qui devrait avoir peur de nous, et non nous de lui. Satan ne remporte de victoire que sur les orgueilleux et les poltrons, car les humbles sont forts. Rien ne confondra ni n’effrayera une âme humble. Elle a dirigé son vol droit sur le brasier du soleil et rien ne pourra l’arrêter. L’amour ne se laisse pas emprisonner, il est libre comme un roi. L’amour atteint Dieu.
450. Un jour après la Sainte Communion, j’ai entendu ces mots
: « Tu es Notre demeure. » - A ce moment j’ai ressenti dans mon âme la présence
de la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit. Je sentais que j’étais le
temple de Dieu. Je sens que je suis l’enfant du Père. Je ne puis expliquer tout
cela, mais mon esprit le comprend bien. O Bonté infinie, comme Vous Vous
abaissez vers Votre misérable créature ! 452. Une fois le Seigneur me dit : « Pourquoi as-tu peur et pourquoi frémis-tu quand tu es unie à Moi ? Cela ne me plaît pas que l’âme se laisse aller à de vaines peurs. Qui oserait te toucher, lorsque tu es avec Moi ? L’âme est Ma bien aimée quand elle croit à Ma bonté et qu’elle se fie complètement à Moi. Je la comble de Ma confiance et Je lui donne tout ce qu’elle demande. » 453. Et une autre fois : « Ma fille, prends les grâces que dédaignent les autres. Prends-en autant que tu peux en porter. »- A cet instant mon âme fut inondée de l’amour divin. Je sens que je suis unie au Seigneur si étroitement que je ne trouve pas de mot pour bien définir cette union. Et soudain je sens que tout ce que Dieu possède, tous les biens et tous les trésors sont à moi. Je ne m’en préoccupe cependant pas beaucoup, car Il me suffi, Lui Seul, l’Unique. En Lui je vois tout, et rien sans Lui. Je ne cherche pas de bonheur en dehors de mon être intérieur où demeure Dieu. Je me réjouis de Dieu à l’intérieur de moi-même. J’y vis sans cesse avec Lui : c’est là ma plus grande intimité avec Lui. J’y demeure, sûre de Lui, à l’abri des regards humains. La Sainte Vierge m’encourage à me comporter de la sorte avec Dieu.
454. Quand survient une souffrance, elle ne me cause aucune
amertume. Les grandes consolations ne m’enorgueillissent pas. En moi règnent la
paix et l’égalité d’âme qui découle de la connaissance de la vérité.
+ Retraite de trois jours. La veille de la retraite, au soir, en écoutant les points de la méditation, j’ai entendu ces paroles : « Pendant cette retraite, je te parlerai par la bouche de ce prêtre, pour t’assurer de l’authenticité des paroles que je t’adresse au fond de l’âme. Bien que ce soit une retraite pour toutes les Sœurs, Je te prends spécialement en considération pour te fortifier et te rendre intrépide dans toutes les contrariétés qui t’attendent. Aussi écoute soigneusement les paroles du prêtre et médite-les dans les profondeurs de ton âme. 456. Quel ne fut pas mon étonnement en constatant que tout ce que le Père disait de l’union avec Dieu et des obstacles à cette étroite union, je l’avais littéralement vécu dans mon âme. Jésus, qui se communique à moi au fond de l’âme, m’en avait déjà parlé. La perfection consiste en cette étroite union à Dieu.
457. Pendant la méditation de neuf heures, le Père parlait de
la miséricorde divine et de la bonté de Dieu envers nous. Il disait que lorsque
nous repassons l’histoire de l’humanité, à chaque pas nous voyons cette grande
bonté de Dieu. Tous les attributs de Dieu, comme Sa Toute-Puissance, s’efforcent
de nous dévoiler ce suprême attribut de Dieu, Sa bonté. Mais beaucoup d’âmes qui
tendent à la perfection ne connaissent pas cette grande bonté de Dieu. Tout se
que le Père disait pendant cette méditation sur la bonté de Dieu, est exactement
ce que Jésus m’a confié à propos de la Fête de la Miséricorde. 458. Pendant toute cette méditation, je voyais Jésus sur l’autel en tunique blanche. Il tenait en main le cahier dans lequel j’écris ceci. Pendant toute la méditation, Jésus feuilletais les pages du cahier et se taisait. Cependant mon cœur ne pouvait plus supporter le feu qui brûlait mon âme. Malgré l’effort de ma volonté pour me maîtriser et ne pas faire voir à mon entourage ce qui se passait en mon âme, vers la fin de la méditation, je sentis que je ne dépendais plus de moi-même. Alors Jésus me dit : « Tu n’as pas tout écrit dans ce cahier sur Ma bonté envers les hommes. Je désire que Tu n’omettes rien et que ton cœur soit affermi dans une paix complète. » 459. O Jésus, mon cœur cesse de battre quand je considère tout ce que Vous avez fait pour moi ! Je Vous admire, Seigneur, de Vous abaisser à ce point vers mon âme misérable. Quels moyens inconcevables Vous employez pour me persuader !
460. C’est la première fois de ma vie que je fais une telle
retraite. Je comprends d’une manière particulière et claire chaque mot du Père,
ayant déjà vécu tout cela en mon âme. Je vois maintenant que Jésus ne laissera
pas dans l’incertitude une âme qui l’aime sincèrement. Jésus désire que l’âme
soit en étroit rapport avec Lui, et remplie de paix malgré les souffrances et
les contrariétés.
462. Jésus m’a dit que si j’avais quelque incertitude en ce
qui concerne cette Fête, ou la fondation de cette Congrégation, ou sur tout
autre point don Il m’a parlé au fond de l’âme, Il me répondrait immédiatement
par la bouche de ce prêtre. Jésus, comme pendant chaque méditation, se tenait debout sur l’autel. Il ne me disait rien, mais son regard bienveillant pénétrait ma pauvre âme, qui n’avait plus aucune excuse. 464. O Jésus, ma vie, je sens bien que Vous me changez en Vous-même, dans le secret de l’âme, où les sens n’atteignent guère. O mon sauveur, cachez-moi dans le fond de Votre Cœur, et couvrez-moi de Vos rayons devant tout ce qui n’est pas Vous. Je Vous en prie, Jésus, que ces deux rayons sortis de Votre Cœur très Miséricordieux fortifient sans cesse mon âme. 465. Le moment de la confession. Mon confesseur m’a demandé si à cet instant Jésus était là, et si je Le voyais. –« Oui, Il est là et je Le vois. » Alors il m’a demandé de le questionner sur certaines personnes. Jésus ne m’a rien répondu, mais il l’a regardé. Quand après la confession j’ai récité ma pénitence, Jésus m’a dit : « Va et console-le de ma part. » - Ne comprenant pas la signification de ces mots, je lui ai tout de suite répété ce que Jésus venait de me dire. 466. Pendant tout le temps de la retraite, sans interruption, j’étais en rapport avec Jésus et je me suis familiarisée avec Lui de toute la force de mon cœur. 467. Jour de la rénovation des vœux. Au commencement de la Sainte Messe, comme d’habitude, comme d’habitude j’ai vu Jésus. Il nous bénissait, puis Il est entré dans le tabernacle. Soudain je vis la <sainte Vierge en robe blanche et manteau bleu, tête nue. Elle vint de l’autel, s’approcha de moi, me toucha de ses mains et me couvrit de son manteau. Elle me dit : « Offre ces vœux pour la Pologne. Prie pour Elle. » 468. 15.VIII. Le soir de ce même jour, j’ai éprouvé une grande nostalgie de Dieu. Je ne Le voyais pas en ce moment avec mes yeux de chair, comme auparavant, mais je Le sens, de façon indéfinissable. Cela me cause cette nostalgie et un supplice indescriptible. Je meurs de soif de Le posséder, pour me noyer en Lui pour l’éternité. Mon esprit est tendu vers Lui, et rien au monde ne pourrait me consoler. O amour éternel, je comprend maintenant combien mon cœur vivait en étroite intimité avec Vous. Car qu’est-ce qui pourra me contenter au Ciel ou sur la terre, en dehors de Vous, ô mon Dieu en qui s’est abîmée mon âme ? 469. Un soir, de ma cellule, je regardais le Ciel, et j’ai vu ce beau firmament semé d’étoiles, et la lune.. Soudain un feu d’amour inconcevable jaillit de mon âme vers mon Créateur. Ne sachant supporter la nostalgie qui montait en mon âme vers Lui, je me suis prosternée, m’humiliant dans la poussière. Je Le louais pour toutes Ses créatures. Et lorsque mon cœur n’eut plus la force de supporter ce qui se passait en lui, j’ai éclaté en sanglots. Alors mon Ange Gardien m’a touchée et m’a dit : « Le Seigneur te fait dire de te relever. » J »obéis immédiatement, mais je n’était pas consolée. La nostalgie de Dieu m’envahit plus encore.
470. Un jour où j’étais en adoration, mon esprit était comme
en agonie et je ne pouvais pas retenir mes larmes ; alors j’ai vu un esprit
d’une grande beauté qui me dit : « Le Seigneur dit : ne pleure pas. » Après un
moment, j’ai demandé : « Qui es tu ? » Il me dit : « Je suis l’un des sept
esprits, qui se tiennent nuit et jour devant le trône de Dieu et Le louent sans
cesse. » Cependant cet esprit, n’a pas apaisé ma nostalgie de Dieu, il n’a fait
que l’accroître. La beauté de cet esprit provient de son étroite union à Dieu.
Il ne me quitte pas un seul instant, il m’accompagne partout .
Les Trois Personnes Divines : le Père, le Fils et le
Saint-Esprit m’ont été révélées plus distinctement qu’autrefois. Cependant Leur
existence, Leur égalité et Leur majesté sont une.
472. Quand mon confesseur partit, je me confessais à
l’Archevêque. Après lui avoir dévoilé mon âme, je reçus cette réponse : « Ma
fille, armez-vous d’une grande patience. . Si ces choses viennent de Dieu, tôt
ou tard elles se réaliseront. Je vous en prie, soyez tout-à-fait tranquille. Je
vous comprends très bien et quand à votre désir de quitter la Congrégation pour
penser à une autre, je vous le demande, n’admettez pas cela, même en pensée. Car
ce serait une grave tentation intérieure. » Encore un mot de la Sainte Confession : « Obtenir par la prière la miséricorde pour le monde ; c’est une grande et belle idée. Priez beaucoup la Miséricorde pour le monde ; c’est une grande et belle idée. Priez beaucoup la Miséricorde divine pour les pécheurs, ma Sœur, mais faites-le dans votre propre couvent. » 473. Le lendemain, vendredi 13.IX.35. Le soir,quand j’étais dans ma cellule, j’ai vu un Ange, l’exécuteur de la colère de Dieu. Il était en robe claire, la face rayonnante, une nuée sous les pieds et de cette nuée sortaient la foudre et les éclairs qu’il lançait de sa main sur la terre. Lorsque je vis le signe de la colère de Dieu qui devait frapper la terre, et surtout un certain endroit, qu’évidemment je ne puis nommer, j’ai commencé à prier l’Ange, pour qu’il s’arrête quelques instants, lui disant que le monde allait faire pénitence. Mais ma prière n’était rien devant la colère de Dieu. A ce moment, j’ai aperçu la Très Sainte Trinité. La grandeur de Sa Majesté me pénétra jusqu’au fond de l’âme et je n’osais plus répéter mes supplications. Au même instant, je sentis en mon âme, la force de la grâce de Jésus qui habite mon âme. A l’instant même où je pris conscience de cette grâce, j’ai été enlevée devant le Trône de Dieu. Oh ! qu’Il est grand, notre Seigneur et notre Dieu. Inconcevable est Sa Sainteté !
Je ne vais pas tenter de décrire cette grandeur, car bientôt
nous Le verrons tous, tel qu’Il est. J’ai commencé à supplier Dieu pour le
monde. par des paroles entendues intérieurement. Alors que je priais ainsi, j’ai
vu l’impuissance de l’Ange, qui ne pouvait accomplir la juste punition qui
revient de plein droit au péché. Je n’avais jamais encore prié avec tant de
force intérieure. Voilà les paroles par lesquelles je suppliais Dieu :
475. Le lendemain, en entrant dans la chapelle, j’ai entendu
intérieurement ces paroles : « Chaque fois que tu entres à la chapelle, récite
tout de suite la prière que je t’ai apprise hier. » Lorsque j’ai récité cette
prière, j’entendis : « Cette prière doit apaiser Ma colère. Tu vas la réciter
pendant neuf jours, sur un chapelet, de la manière suivante : « Père Eternel, je
vous offre le Corps, le sang, l’Âme et la Divinité de Votre Fils Bien)Aimé,
Notre Seigneur Jésus-Christ, pour implorer de Vous le pardon de nos péchés et de
ceux du monde entier. »
476. Le silence est un glaive dans le combat spirituel. Une
âme bavarde n’arrivera jamais à la sainteté. Le glaive du silence coupera tout
ce qui voudrait s’accrocher à l’âme. Nous sommes tous vulnérables en ce qui
concerne la parole, nous voulons immédiatement répondre, sans nous demander si
c’est la volonté de Dieu, pour nous, de parler. 477. O mon Jésus, Vous seul savez que mon cœur n’a pas d’autre amour que Vous. Mon amour virginal s’est abîmé en Vous, ô Jésus, pour l’éternité. Je sens bien Votre Sang divin circuler dans mon cœur et nul doute qu’avec Votre Très Saint Sang ne soit entré en lui Votre amour le plus pur. Je sens que vous demeurez en moi avec le Père et l’Esprit Saint, ou plutôt, je sens que c’est moi qui vis en Vous, ô Dieu insondable. Je sens que je me perds en Vous comme une goutte d’eau dans l’océan. Je sens que Vous êtes en moi et hors de moi. Je sens que Vous êtes dans tout ce qui m’environne, dans tout ce qui m’arrive. O mon Dieu, je Vous ai connu à l’intérieur de mon cœur et je Vous aime par-dessus tout ce qui existe sur la terre ou au Ciel. Nos cœurs se comprennent mutuellement ; personne ne comprendra cela. 478. Ma seconde confession à l’Archevêque. « Sachez ma fille, que si c’est la volonté de Dieu, cela se réalisera tôt ou tard. Car la volonté de Dieu doit être accomplie. Aimez Dieu dans votre cœur, ayez … » (la pensée est interrompue.) 479. 29.IX. Fête de saint Michel Archange.
Je suis unie intérieurement à Dieu. Sa présence me pénètre
jusqu’au fond de moi-même et elle me remplit de paix, de joie et de
stupéfaction. Après de tels moments d’oraison, je suis remplie de force et d’un
singulier courage pour souffrir et combattre. Rien ne m’effraye, même si le
monde entier était contre moi. Toutes les contrariétés ne touchent que la
surface, elles n’atteignent pas les profondeurs, car Dieu y demeure. 480. Presque chaque solennité de la Saint Eglise me donne une plus profonde connaissance de Dieu et une grâce particulière. C’est pourquoi je me prépare à chaque fête en étroite union à l’esprit de l’Eglise. Quelle joie d’être une fidèle enfant de l’Eglise. Oh ! Comme j’aime la Sainte Eglise et tous ceux qui en font partie ; je les considère comme des membres vivants du Christ, qui est leur tête. Je brûle d’amour avec ceux qui aiment, je souffre avec ceux qui souffrent, la douleur me consume à la vue des âmes froides et ingrates. Alors je tâche d’avoir un tel amour de Dieu, qu’il puisse réparer pour ceux qui ne L’aiment pas, qui n’ont pour leur Sauveur qu’une noire ingratitude. 481. O mon Dieu, je suis consciente de ma mission dans la Sainte Eglise. Mon incessant effort doit être la prière pour obtenir la Miséricorde pour le monde. Je m’unis étroitement à Jésus et je me tiens devant Lui, comme une offrande suppliante pour le monde. Dieu ne me refusera rien si je le supplie par la voix de son Fils. Mon offrande n’est rien en elle-même. Mais lorsque je l’unis au sacrifice de Jésus-Christ, elle devient toute puissante et elle peut fléchir la colère divine. Dieu nous aime dans Son Fils. La douloureuse Passion du Fils de Dieu est ce qui ne cesse de tempérer la colère de Dieu.
482. O mon Dieu, comme je désire que les âmes sachent que
Vous les avez crées à cause de Votre amour inconcevable ! O mon Créateur et mon
Seigneur, je sens que j’écarterai le voile du Ciel, pour que la terre ne doute
pas de Votre bonté. 483. Un jour j’ai compris combien déplaît à Dieu une action, qui peut paraître très louable mais qui n’est pas inspirée par une intention pure. Ces actions portent Dieu à punir, plutôt qu’à récompenser. Qu’il y en ai le moins possible. Et même,dans la vie religieuse, il ne devrait pas y en avoir du tout.. 484. J’accepte la joie ou la souffrance, la louange ou l’humiliation, dans la même disposition d’esprit. Je sais que lus unes et les autres sont passagères. Que m’importe ce que l’on dit de moi ? Il y a déjà longtemps que j’ai renoncé à tout ce qui touche à ma personne. Mon nom est « hostie », c’est-à-dire offrande, pas en paroles, mais en action : par l’anéantissement de mon moi-même, en me rendant pareille à Vous sur la croix, ô Bon Jésus, mon Maître ! 485. Jésus, lorsque Vous venez à moi dans la Saint Communion, Vous qui avez daigné demeurer avec le Père et le Saint-Esprit dans le ciel de mon âme, je tâche de Vous tenir compagnie pendant toute la journée. Je ne Vous laisse pas seul un seul instant. Bien que je sois dans la société des hommes ou avec nos élèves, mon coeur est toujours avec le Vôtre. Quand je m’endors, je Vous offre chaque battement de mon cœur, quand je me réveille, je me plonge en Vous sans prononcer de paroles. Quand je me réveille, j’adore un moment la Sainte Trinité et je remercie Dieu de daigner m’accorder encore un jour, qu’encore une fois, je puisse revivre en mon âme le mystère de l’Incarnation de Son Fils ; qu’une fois de plus, Sa douloureuse Passion se déroule devant mes yeux. Je m’efforce alors de faire passer Jésus par moi aux autres âmes. Je vais partout avec Jésus, Sa présence m’accompagne partout. 486. Je tâche de garder le silence dans les souffrances de l’âme ou du corps, car mon esprit est rempli de la force, qui découle de la Passion de Jésus. J’ai constamment devant les yeux Sa Face douloureuse, outragée et défigurée, Son Cœur divin transpercé par nos péchés et particulièrement par l’ingratitude des âmes choisies. 487. Un double avertissement : je dois me préparer aux souffrances qui m’attendent à Varsovie. Le premier avertissement était intérieur fait par une voix que j’ai entendue. Le second a eu lieu pendant la Sainte Messe. Avant l’Elévation, j’ai vu Jésus crucifié,. Il me dit : « Prépare-toi à des souffrances. » J’ai remercié le Seigneur de cette grâce prévenante et Lui que je n’allais sûrement pas plus souffrir que Lui, mon Sauveur. Cependant j’ai pris cela à cœur et je me fortifie par la prière et de petites souffrances pour pouvoir en supporter de plus grandes, quand elles viendront. 488. 19.X.35.. Départ de Wilno pour Cracovie, pour huit jours. Vendredi soir, pendant le rosaire, en pensant au voyage de demain et de la gravité de l’affaire que je devais présenter au Père Andrasz, la peur me prit à la vue de ma misère, de mon incapacité, et de la grandeur de l’œuvre de Dieu. Broyée par cette souffrance, je m’en remis à la volonté divine. A ce moment, j’ai vu Jésus dans une tunique claire, près de mon prie-Dieu. Il me dit : « Pourquoi as-tu peur d’accomplir Ma volonté ? Est-ce que Je ne vais pas t’aider comme je l’ai fait jusqu’à présent ? Répète chacune de Mes exigences, à ceux qui me remplacent sur la terre et fais seulement ce qu’ils t’ordonneront. » A l’instant, une grande force envahit mon âme.
489. Le lendemain, j’ai vu mon Ange Gardien, qui m’a
accompagnée pendant le voyage jusqu'à Varsovie. Quand nous sommes entrées par la
porte du couvent, il disparut. En passant près d’une petite chapelle pour aller
saluer nos Supérieures, la présence de Dieu s’empara de moi et le Seigneur me
remplit du feu de Son amour. En de pareils moments, je reconnais toujours mieux
la grandeur de Sa Majesté. 490. A mon entrée dans la chapelle, à nouveau la Majesté de Dieu s’empara de moi. Je me sentais plongée en Dieu, complètement submergée et pénétrée par Lui, en voyant combien notre Père céleste nous aime, Oh ! le grand bonheur qui remplit mon âme de la connaissance de Dieu et de la vie divine ! Je désire partager ce bonheur avec tous les hommes. Je ne peux l’enfermer dans mon cœur seulement, car ses flammes me brûlent et elles feraient éclater mon cœur et mon corps. Je désire parcourir le monde entier et parler aux âmes de la grande miséricorde de Dieu. Prêtres, aidez-moi en cela. Employez les expressions les plus fortes pour publier Sa miséricorde, car la parole exprime faiblement quelle est Sa Miséricorde.. 491. J. M. J. Cracovie, 20.X.35 Retraite de huit jours
Dieu éternel, Seule bonté, inconcevable dans Votre
miséricorde à tout esprit humain ou angélique, aidez votre faible enfant, pour
que je puisse accomplir Votre Sainte Volonté, telle que Vous me la faite
connaître. Je ne désire rien d’autre que l’accomplissement des désirs divins.
Voici, Seigneur, mon âme et mon corps, mon esprit et ma volonté, mon cœur et
tout mon amour, gouvernez-moi selon Vos éternels desseins.
493. Second jour de retraite 494. Jésus, lumière éternelle, éclairez ma raison, affermissez ma volonté, enflammez mon cœur. Soyez avec moi comme Vous me l’avez promis, car sans Vous je ne suis rien. Vous savez, mon Jésus combien je suis faible. Ai-je besoin de Vous le dire, Jésus, car Vous savez parfaitement combien je suis misérable. En Vous est toute ma force. 495. Jour de confession
Depuis le matin, j’éprouvais un combat intérieur si fort que
je n’en avais jamais éprouvé de semblable. Complètement abandonnée de Dieu.,
j’ai expérimenté toute ma faiblesse. Des pensées m’accablaient : pourquoi
dois-je quitter ce couvent où je suis aimées par les Soeurs et les Supérieures,
cette vie tranquille ? Liée par les vœux perpétuels, j’accomplis facilement mes
devoirs. Pourquoi dois-je écouter la voix de ma conscience ? Pourquoi suivre
l’inspiration, qui sait de qui elle provient ? N’est-ce pas mieux de cheminer
comme toutes les Sœurs ? Peut-être pourrais-je étouffer les paroles du Seigneur,
ne pas y faire attention ? Peut-être que Dieu n’en demandera pas compte au Jour
du Jugement ? Où me conduira cette voix intérieure ? Quelles grandes peines,
contrariétés et souffrances m’attendent, si je suis cette voix ? J’ai peur de
l’avenir et j’agonise dans le présent. Lorsque le soir, je suis allée me confesser et, bien que je m’y sois préparée, je ne pus me confesser. J’ai reçu l’absolution et me suis retirée, ne comprenant rien à ce qui se passait en moi. Quand je me suis couchée, la souffrance augmenta encore, ou plutôt elle se changea en un feu qui pénétrait comme un éclair, toutes les facultés de mon âme jusqu’à la moelle, mon cœur jusqu’au plus secrets remplis. Souffrant ainsi, je ne pouvais me à rien. Que Votre volonté soit faite, Seigneur. Par moments, je ne pouvais même pas penser à cela. J’étais vraiment saisie par une peur mortelle, touchée par un feu infernal. Le calme revint vers le matin, les souffrances disparurent en un instant. Mais je me sentais si affaiblie que je ne pouvais faire aucun mouvement. Peu à peu, pendant ma conversation avec la Mère Supérieure, les forces me revinrent. Cependant Dieu Seul sait comment je me sentis pendant toute la journée.
496. O Vérité éternelle, Verbe incarné, qui avez si
fidèlement accompli la volonté de Votre Père, voilà qu’aujourd’hui je deviens
martyre de Vos inspirations, car je ne peux les réaliser, n’ayant pas de volonté
propre.. 497. Après la Sainte Communion. Comme d’habitude, j’ai aperçu Jésus. Il me dit : « Appuie la tête sur Mon épaule. Repose-toi et prend des forces. Je suis toujours avec toi. Dis à l’ami de Mon Cœur que J’emploie d’aussi faibles créatures pour réaliser Mes œuvres. » Mon esprit s’en trouva singulièrement fortifié. – « Dis-lui, que je lui ai révélé ta faiblesse dans ta confession, pour lui montrer ce que tu es de toi-même. » 498. Chaque combat, soutenu courageusement m’apporte joie et paix, lumière et expérience, et courage pour l’avenir. Il rend honneur et gloire à Dieu, et pour moi, en fin de compte, une récompense. 499. C’est aujourd’hui la fête du Christ-Roi. J’ai prié ardemment pendant la Sainte Messe, pour que Jésus soit Roi de tous les cœurs, pour que la grâce divine brille dans chaque âme. Soudain, j’ai aperçu Jésus, tel qu’Il est peint sur cette image. Il me dit : « Ma fille, tu Me rends une très grande gloire, en accomplissant fidèlement mes désirs. » 500. Oh ! Que Votre Beauté est grande, Jésus mon Epoux ! Fleur vivante en qui se cache une rosée vivifiante pour l’âme qui a soif. C’est en Vous que s’est noyée mon âme. Vous Seul êtes l’objet de mes aspirations et de mes désirs. Unissez-moi très étroitement à Vous, au Père et au Saint-Esprit. Que je vive et meure en Vous. 501. L’amour seul a un sens, il donne à nos plus petites actions les dimensions de l’infini. 502. Mon Jésus, vraiment je ne saurais pas vivre sans Vous, mon esprit s’est uni au Vôtre. Personne ne le comprendra bien. Il faut d’abord vivre de Vous, pour Vous reconnaître dans les autres. 503. Cracovie, 25.X.35 Résolutions de la retraite
Je ne ferai rien sans la permission du confesseur et le
consentement des Supérieures, en tout et surtout dans ces inspirations et
exigences du Seigneur. 504. Tout mon néant se noie dans l’océan de Votre Miséricorde. Avec la confiance d’un enfant je me jette dans Vos bras, Père de miséricorde, pour expier la méfiance de tant d’âmes, qui ont peur de s’abandonner à Vous. Qu’il est petit le nombre d’âmes qui Vous connaissent vraiment. Avec quelle ardeur je désire que la Fête de la Miséricorde soit connue des âmes ! La Miséricorde est le couronnement de Vos œuvres. Vous pourvoyez à tout avec l’amour de la mère la plus tendre. 505. J. M. J. Cracovie, 27.X. 1935 Le Père Andrasz – Conseils spirituels
« Ne rien faire sans le consentement des Supérieures. 506. O Jésus, je désire souffrir et brûler du feu de Votre amour en toutes les circonstances de ma vie. Je suis entièrement vôtre, et désire me perdre en Vous. O Jésus, je désire m’égarer dans Votre Divine Beauté. Vous me poursuivez, Seigneur, de Votre amour. Vous pénétrez mon âme comme un rayon de soleil et Vous changez mes ténèbres en Votre clarté. Je sens bien que je vis en Vous comme une petite étincelle perdue dans le feu du brasier dévorant dont Vous brûlez, ô inconcevable Trinité. Il n’y a pas de plus grand amour que l’amour de Dieu. Et dès ici bas, nous pouvons goûter le bonheur de ceux qui sont au Ciel, par une étroite à Dieu – union bien singulière, et bien souvent incompréhensible pour nous. On peut avoir la même grâce par la simple fidélité de l’âme. 507. Lorsque le dégoût et le sentiment de la monotonie de mes devoirs s’empare de moi, je me rappelle que je suis dans la maison du Seigneur, où il n’y a rien de petit, où de ma petite action, accomplie d »une manière divinisée, dépend la gloire de l’Eglise et le progrès de plus d’une âme. Il n’y a donc rien de négligeable dans une Congrégation religieuse. 508. Dans les contrariétés que j’éprouve, je me rappelle que le temps du combat n’est pas fini. Je m’arme de patience et de cette manière, je remporte la victoire sur mon ennemi. 509. Je ne cherche nulle part la perfection avec avidité, mais je me pénètre de l’esprit de Jésus. Je fixe mon regard sur Ses actions dont j’ai le résumé dans l »Evangile. Et même si je vivais mille ans, je n’en épuiserai pas le contenu. 510. Lorsque mes intentions ne sont pas approuvées, ou même lorsqu’elles sont condamnées, je ne m’en étonne pas trop, car je sais que Dieu seul pénètre mon cœur. La vérité ne périt pas. Le cœur blessé s’apaisera avec le temps, mais mon esprit gagne des forces dans les contrariétés. Je n’écoute pas toujours ce que mon cœur me dit. Mais je prie Dieu de me donner la lumière. Alors quand que j’ai retrouvé mon équilibre, je garde le silence. 511. Jour de la rénovation des vœux. La présence de Dieu inonda mon âme. Pendant la Sainte Messe j’ai aperçu Jésus, qui me dit : « Tu es Ma grande joie. Ton amour et ton humilité Me font quitter le trône céleste et M’unir à toi. L’amour comble l’abîme qui existe entre Ma grandeur et ton néant. » 512. L’amour inonde mon âme, je suis immergée dans un océan d’amour. Je me sens défaillir et je me perds complètement en Lui. 513. Jésus, rendez mon cœur semblable au Vôtre. Ou plutôt changez-le en Votre propre Cœur pour que je sache ressentir les besoins des autres cœurs, et surtout des cœurs souffrants et tristes : que pour eux, les rayons de la miséricorde reposent dans mon cœur. 514. Le soir, je me promenais au jardin, récitant mon rosaire. Quand je suis arrivée au cimetière des Sœurs, j’ai entr’ouvert la porte et j’ai prié un certain temps. Je leur ai demandé intérieurement : « vous êtes heureuses, bien sur? » J’entendis alors ces mots : « Oui, nous sommes heureuses dans la mesure où nous avons accompli la volonté de Dieu. » Puis le silence régna comme avant. Rentrant en moi-même, j’ai longuement réfléchi à la manière dont j’accomplissait la volonté divine et dont je profitais du temps que Dieu m’accorde. 515. Ce même jour, alors que j’étais couchée, une âme vint à moi dans la nuit, me réveilla en frappant sur la table de nuit et me demanda de prier pour elle. J’aurais voulu demander qui elle était. Mais j’ai renoncé à cette curiosité et unissant cette petite mortification à ma prière, je les ai offertes pour elle. 516. Un jour où je rendais visite à une Sœur malade, âgée de quatre-vingt-quatre ans et qui se distinguait par de nombreuses vertus, je lui ai demandé : « vous êtes sûrement prête, ma Sœur, à paraître devant le Seigneur ? » Elle me dit : « Je me suis préparée toute ma vie à cette dernière heure ». Et elle ajouta : « L’âge ne dispense pas du combat. » 517. La veille du jour des Morts, je suis allée, à la nuit tombante, au cimetière qui était fermé. Cependant j’ai entr’ouvert la porte et j’ai dit : « Si vous attendez de moi quelque chose, mes petites âmes, je le ferai volontiers si la règle le permet. » Alors j’ai entendu ces mots : « Fais ce que Dieu veut. Nous sommes heureuses dans la mesure où nous avons accompli la volonté de Dieu. » 518. Le soir, ces âmes sont venues et m’ont demandé de prier pour elles, ce que j’ai fait et, longuement. Et le soir, quand la procession revenait du cimetière, j’ai vu un grand nombre d’âmes qui nous accompagnaient à la chapelle. Il y en avait qui priaient avec nous. J’ai beaucoup prié, car j’avais la permission de mes Supérieures.
519. Pendant la nuit, je fus à nouveau visitée par une âme
que j’avais déjà vue autrefois. Elle ne m’a pas demandé de prier pour elle, mais
elle me fit des reproches disant qu’autrefois j’étais très vaniteuse et
orgueilleuse. Et voila que maintenant j’intercédais pour les autres, alors que
j’avais encore des défauts. J’ai répondu que j’étais très orgueilleuse et
vaniteuse ; mais que je m’en étais confessée, que j’avais fait pénitence pour ma
stupidité, et que j’avais confiance en la bonté de mon Dieu. Si je tombais
parfois maintenant, c’était plutôt involontairement, jamais avec préméditation,
même dans les plus petites choses. 520. Samedi, nous retournons déjà à Wilno. Nous sommes passées à Czestochowa. Alors que je priais devant l’image miraculeuse, j’ai senti que sont agréable …(la pensée est interrompue). (Fin du premier brouillon.)
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