FATIMA
PORTUGAL

Les sacrifices spirituels
agréables a Dieu

Lors de sa première apparition, l'Ange enseigna aux petits bergers comment ils devaient adorer Dieu. La deuxième fois, il insista pour qu'ils prient beaucoup et pour qu'ils offrent aussi des sacrifices en acte de réparation pour les péchés commis contre Dieu. Et la troisième fois, il avait dans les mains un calice et, au-dessus, une hostie d'où tombaient dans le calice des gouttes de sang. Laissant le calice et l'hostie suspendus en l'air, il se prosterna à terre et répéta trois fois cette prière : " Très Sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est lui-même offensé. Et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et ceux du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. " Il donna ensuite la sainte communion aux trois petits bergers. Poussés par la force du surnaturel qui les enveloppait, ils imitèrent l'Ange en tout, se prosternant comme lui et répétant la même prière, puis restèrent dans la position où l'Ange les avait laissés.

Apparition de l'Ange aux trois enfants

La peinture ci-dessus représente fidèlement cette attitude — inaugurée par l'Ange à Fatima avec les trois petits bergers et demandée aussi avec beaucoup d'insistance par Notre Dame lors de ses apparitions — que nous appelons adoration réparatrice pour les péchés commis contre Dieu, contre le Cœur de Jésus et contre le Cœur Immaculé de Marie. Mais quel sens a la communion des petits bergers ? Lucie nous répond : " Pour moi, elle signifie que Dieu voulait aviver notre foi en la présence réelle de Jésus Christ, présent dans la divine Eucharistie, et en l'efficacité de sa Parole quand il a dit : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang. "

L'Eucharistie est par excellence le " Mystère de la foi " que le prêtre évoque après les paroles de la consécration, parce que Jésus offre à ce moment-là toute sa vie pour la gloire de Dieu et le salut de l'humanité.

Adorer et glorifier Dieu est la loi naturelle que le Créateur lui-même a mise en chaque âme qu'il a créée. Israël, le peuple élu de Dieu, a reçu cette loi, promulguée sur le Mont Sinaï, qui est le premier des dix commandements : " Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, à lui seul tu rendras un culte. " Et quand un scribe demanda à Jésus : " Quel est le premier de tous les commandements ? ", il répondit : " Voici le premier : Écoute, Israël ! le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force " (Mc 12, 28-30).

L'adoration est le premier acte de la vertu de religion. Adorer Dieu, c'est le reconnaître comme tel, comme Créateur et Sauveur, comme Seigneur de tout ce qui existe, comme Amour infini et miséricordieux. À Fatima, l'Ange de la paix, puis la Très Sainte Vierge sont venus, par le moyen de trois enfants, inviter de nouveau toute l'humanité à adorer Dieu, à réparer les offenses commises contre lui, contre le Cœur Immaculé de Marie, et à collaborer au salut des pécheurs qui ne l'adorent pas, n'espèrent pas et ne l'aiment pas.

Mais nous ne pourrons collaborer à cette œuvre que si nous vivons unis à Jésus, notre Sauveur, présent dans tous les tabernacles de la terre ; et notre collaboration sera à la mesure de notre union avec lui. Séparés de Jésus, nous ne pourrons rien faire, absolument rien.

Ainsi, Notre Dame attend notre collaboration par notre adoration de Dieu, en vue du salut des âmes qui sont sur le point de sombrer dans le péché et de se perdre éternellement.

D'autres choses concrètes pourraient nous paraître plus importantes. Mais rien n'est plus important que l'union intime avec Jésus, lui que le Père a envoyé dans le même but : adorer Dieu, réparer les offenses commises contre lui et sauver les âmes. Le chemin qui mène à l'union avec Jésus, c'est le chemin de l'adoration. Celle-ci est toujours un don de la grâce et en même temps une réponse décidée de la part de celui qui prie. Les grands orants de l'Ancienne Alliance avant le Christ, ainsi que la Mère de Dieu et les saints, nous enseignent que l'âme s'unit à Dieu par l'adoration et que le progrès dans l'adoration marque le progrès de l'union à Dieu.

Jésus Christ est la vigne, et les sarments sont ceux qui sont en quelque sorte greffés sur lui par l'amour. Grâce à la communication de l'Esprit Saint, ils sont déjà participants de sa nature. Il est certain que l'Esprit du Christ nous unit à lui. C'est pour cela que Jésus a dit : " Sans moi, vous ne pouvez rien faire. " Voilà pourquoi, à Fatima, l'Ange et la Très Sainte Vierge soulignent tous les deux la même demande : " Priez, priez beaucoup !… "

" L'adoration est le sacrifice spirituel qui est venu abolir les anciens sacrifices ", affirme déjà au second siècle Tertullien, en commentant les paroles de Jésus à la Samaritaine près du puits de Jacob : " Femme, l'heure vient, et c'est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité, car tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. "

Adorer " en esprit " ne veut pas dire qu'il s'agit de l'intelligence humaine, mais de l'Esprit Saint qui conduit à Jésus et qui gouverne l'histoire chrétienne depuis le jour de la Pentecôte. Adorer " en vérité " ne signifie pas une intériorité sans le corps, mais un ordre vivant où Jésus nous a placés dans notre chemin vers le Père.

Comme les Juifs, les Samaritains attendaient aussi le Messie promis et ils espéraient qu'il leur ferait tout connaître. Jésus se présenta à la Samaritaine en disant : " Je le suis, moi qui te parle. " Puis, à l'invitation de la femme, beaucoup de Samaritains vinrent vers Jésus et crurent en lui, non pas à cause d'elle, mais parce qu'ils avaient eux-mêmes entendu la doctrine de Jésus et qu'ils étaient convaincus qu'il était réellement le Sauveur du monde (cf. Jn. 4, 39-42).

Dans son entretien avec Nicodème, Jésus confirma que ce nouveau culte spirituel, la véritable adoration de Dieu, viendrait de la renaissance de l'eau et de l'Esprit Saint, qu'il obtiendrait pour toute l'humanité par sa mort sur la croix : " En vérité, en vérité, je te le dis : personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle… Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé " (Jn. 3, 3-21).

C'est par le baptême, écrit saint Grégoire de Nysse, que " commença le règne de la vie et que fut détruit l'empire de la mort. Une nouvelle naissance apparut, ainsi qu'une vie nouvelle et une nouvelle façon de vivre ; notre propre nature fut transformée. Quelle est cette nouvelle naissance ? Elle ne procède pas du sang ni d'une volonté charnelle ni d'un vouloir de l'homme, mais de Dieu. Comment cela peut-il se faire ? Écoute-moi avec attention, dit encore saint Grégoire de Nysse, je vais l'expliquer en quelques mots.

Ce nouvel être est conçu par la foi ; il vient à la lumière par la régénération du baptême ; c'est sa mère, l'Église, qui le nourrit de sa doctrine et de ses traditions ; son aliment est le pain céleste ; son âge parfait est la sainteté ; son mariage est la familiarité avec la sagesse ; ses fidèles sont l'espérance ; sa maison est le royaume ; son héritage et sa richesse sont les délices du paradis ; sa fin n'est pas la mort, mais cette vie bienheureuse et éternelle qui est préparée pour ceux qui en sont dignes. "

Jésus, l'envoyé du Père, est venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité. C'est ce qu'il déclara avant sa condamnation à Pilate, comme on le lit dans l'Évangile : " Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix " (Jn. 18, 37). Et il dit à l'apôtre Thomas : " Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient vers le Père sans passer par moi " (Jn. 14, 6).

La Vérité est la connaissance et l'amour de Dieu, révélé par Jésus Christ ; elle est le service dans la vertu, par opposition à tout ce qu'il y a dans le monde, à savoir " les désirs égoïstes de la nature humaine, les désirs du regard et l'orgueil de la richesse " (1 Jn. 2, 16). Heureux ceux qui ont soif de la vérité, qui écoutent ses paroles et les mettent en pratique. " Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous serez vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres " (Jn. 8, 32).

Dans toutes les religions, que ce soit la religion juive ou celles qui sont païennes, il existe un acte suprême du culte, qui est le sacrifice. C'est l'acte le plus solennel par lequel l'homme reconnaît devant Dieu qu'il n'est rien, par lequel il manifeste son adoration, sa disponibilité à réparer ses péchés. Il s'agit d'un culte officiel et très solennel quand les croyants se réunissent et que le prêtre ou celui qui en fait fonction offre le sacrifice à Dieu. Ainsi, tous les peuples offraient un être vivant sur un autel, et la mort de cet être vivant devait exprimer la remise totale de l'humanité à Dieu.

Jésus, en regardant son œuvre et sa vie qui touchait à sa fin, voyait qu'il manquait encore l'acte le plus important, le sacrifice pour sa propre religion. Quel serait le sacrifice dans la religion de Jésus Christ, que les hommes nouveaux allaient offrir à Dieu ?

Jésus n'avait pas besoin de regarder très loin. Il savait ce qu'il allait faire. Car il était descendu du ciel pour qu'il y ait un sacrifice digne de Dieu. Il serait lui-même ce sacrifice qu'on offrirait pour présenter à Dieu la véritable adoration de l'humanité, pour réparer les péchés des hommes, pour obtenir les grâces nécessaires. Dans la nuit du Jeudi Saint, avant sa Passion, il confia à ses apôtres et à toutes les générations futures son Mystère par excellence : le divin sacrifice du Nouveau Testament. Il confia à ses apôtres des paroles mystérieuses auxquelles il allait obéir. Les prophètes l'avaient déjà annoncé : après la venue de Jésus, il n'y aurait plus d'autres sacrifices.

Ainsi, l'Église offre sans cesse aujourd'hui dans le monde entier le même sacrifice spirituel comme action de grâce et mémorial du Corps et du Sang du Christ répandu pour nous sur le calvaire. Car la nuit où il fut livré, Jésus prit le pain, rendit grâce, le partagea et le donna à ses disciples, en disant : " Prenez et mangez, ceci est mon Corps. " Puis, prenant le calice et rendant grâce, il dit : "Prenez et buvez, ceci est mon Sang. " Et nous sommes convaincus qu'il s'agit bien du Corps et du Sang du Christ, nous croyons en lui parce que la Vérité ne saurait tromper. Celui qui changea l'eau en vin aux noces de Cana change ici le vin en son Sang.

C'est cela que les prêtres font aujourd'hui à la messe, en mémoire de lui : ils changent le pain en son Corps et le vin en son Sang, et tous ceux qui mangent de ce pain et boivent à cette coupe annoncent la mort du Seigneur sur la croix et proclament sa résurrection. Les anciens sacrifices n'étaient que la figure de ce qui nous serait donné dans l'avenir ; maintenant ce sacrifice manifeste ouvertement que depuis la dernière Cène cela nous a été accordé. Les anciens sacrifices annonçaient que le Fils de Dieu mourrait pour les pécheurs ; ce sacrifice annonce qu'il est déjà mort pour eux. L'Apôtre nous le dit : quand nous étions encore pécheurs, le Christ, au temps voulu, est mort pour les impies ; alors que nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (cf. Rm 5, 6-10).

" Faites ceci en mémoire de moi " : tel fut l'ordre que Jésus donna à ses apôtres en instituant la sainte Eucharistie à la dernière Cène. Et depuis sa Passion, il s'offre continuellement pour nous et nous protège par son intercession. Il a été immolé sur la croix, mais il ne mourra jamais ; il est mort, mais maintenant il vit pour toujours. " Le saint patriarche Jacob avait prophétisé à propos de Jésus, en disant : Il lavera son vêtement dans le vin et sa tunique dans le sang des raisins. De fait, Jésus devait laver dans son propre sang la tunique de notre corps qu'il avait pris sur lui comme un vêtement".

Jésus Christ, qui vit dans la Très Sainte Trinité et règne glorieusement dans l'assemblée des saints, envoya un Ange aux trois petits bergers de Fatima pour leur apprendre comment ils devaient adorer Dieu en esprit et en vérité. Car Jésus Christ, le Verbe fait chair, s'est offert pour nous, sur le Golgotha, en sacrifice et victime agréable à Dieu. Il est l'Agneau pascal que Jean Baptiste désigna et montra à ses disciples : " Voici l'Agneau de Dieu. " Mais sur l'autel du sacrifice, il fut aussi accompagné par sa Mère. C'est pour cela que la liturgie byzantine appelle Marie " l'Agnelle de Dieu " : en étant auprès de la croix de Jésus, elle s'est aussi immolée avec l'Agneau pascal et elle est devenue corédemptrice des hommes, parce que la destinée de l'humanité pécheresse se jouait sur la croix.

Dans toutes les religions, il existe aussi, à propos du rite du sacrifice, une continuation : le sacrifice étant offert, qu'est-ce que l'on fait avec la chair offerte en sacrifice ? Dans les différentes religions, le rite continuait par un banquet sacré. La chair du sacrifice était distribuée, parce que les participants à ce banquet pensaient tirer ainsi plus de profit de leur sacrifice.

Jésus allait-il s'associer à cet aspect dans sa nouvelle religion ? Voudrait-il pouvoir être mangé par ceux qui le désireraient ? Malgré notre très grande opinion sur la bonté de Jésus, nous n'aurions jamais espéré de sa part un acte de miséricorde aussi infini. Notre foi affirme, en effet, que Jésus s'est également associé à ce deuxième aspect du rite du sacrifice et qu'il a désiré que le sacrifice offert soit distribué et savouré par les participants. Lors de sa première messe, Jésus a distribué le pain à ses apôtres ; il a aussi distribué le vin consacré. En faisant cela, il a dit : " Mangez et buvez ! Mangez ma chair et buvez mon sang. Qui mange ma chair et boit mon sang vivra en moi, et moi je vivrai en lui. " Voilà ce qu'il a promis après avoir rassasié le peuple avec le pain qu'il avait multiplié dans le désert, en disant à ce moment-là : " Je vous donnerai une autre nourriture qui ne sera pas du pain, mais ma chair et mon sang. " " Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. " Ceux qui l'écoutaient furent consternés et scandalisés ; même ses apôtres eurent un moment des doutes : mais comment cela est-il possible ? Jésus réalisa sa promesse le dernier jour de sa vie terrestre, non seulement en l'accomplissant une fois, mais en donnant à ses apôtres le pouvoir de toujours renouveler ce banquet pour qu'ainsi tous ceux qui le désirent puissent y prendre part. Telle fut l'institution du deuxième aspect de l'Eucharistie comme sacrement.

La sainte communion est le soleil de notre vie. Notre vie nouvelle consiste à vivre la vie de Dieu, et cette vie est alimentée par Jésus. Dieu est devenu homme pour donner aux hommes la vie divine dans la sainte communion. Cette nourriture mystérieuse nourrit l'âme et non le corps. Il s'agit d'un aliment divin et c'est Jésus qui nous transforme ainsi en sa propre vie.

Le rite du sacrifice a encore un troisième aspect.

Les peuples qui offraient un sacrifice s'interrogeaient sur ce qu'il fallait faire de ce qui restait du sacrifice. En général, ils pensaient que la terre n'était pas digne de garder ces restes et ils les brûlaient. Jésus ferait-il la même chose ? A cet égard, Jésus n'a pas maintenu l'ancienne coutume. Il a voulu que les restes soient conservés. Et voici le troisième aspect de l'Eucharistie : le sacrement devient permanent dans nos tabernacles pour notre amour et pour nos visites.

Sans aucun doute grande est la sainte messe avec le renouvellement de la Passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. Grande aussi est la communion quand Jésus se donne à nous. Mais non moins grande est la présence de Jésus qui veut toujours rester avec nous, parce qu'il y a Jésus lui-même dans chaque hostie consacrée.

Dans nos tabernacles, jour et nuit, Jésus Christ est ainsi le Bon Pasteur qui veille sur le troupeau que le Père lui a confié, comme Dieu l'avait déjà annoncé par son serviteur David : " Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre " (Ps 22, 1-3). Jésus lui-même l'a dit : " Je suis le bon Pasteur. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis " (Jn. 10, 11). Le bon berger conduit ses brebis vers les pâturages.

" Le soleil de cette nouvelle création, explique saint Grégoire de Nysse, est une vie sans tache ; les étoiles sont les vertus ; l'atmosphère est un comportement digne ; la mer est l'abîme des richesses de la sagesse et de la science ; les herbes et les semences sont la bonne doctrine et la divine Écriture où le troupeau, c'est-à-dire le peuple de Dieu, trouve son pâturage ; les arbres fruitiers sont l'observance des commandements. "

Quels sont finalement les pâturages de ces brebis, sinon les joies profondes d'un paradis toujours verdoyant ? L'aliment des élus est le visage de Dieu, toujours présent, que le bon Pasteur nous a révélé. En le contemplant sans interruption dans nos tabernacles, l'âme se rassasie éternellement de l'aliment de vie. Celui qui se trouve dans ces pâturages rend fervente sa foi dans les grands mystères et les vérités en lesquels il croit ; il enflamme son désir pour les choses du ciel. Aimer ainsi, c'est s'avancer vers le ciel parce que, dit encore saint Grégoire, " insensé serait le voyageur qui, en contemplant la beauté du pâturage, oublierait de continuer son voyage jusqu'au bout ".

" Je serai avec vous jusqu'à la fin du monde. "

L'esprit de Jésus, quand il était sur terre, était un esprit de sacrifice. Il avait continuellement devant les yeux sa mission, il ressentait le grand poids des péchés du monde et l'esprit de cette grande mission inondait son âme : "Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli !" (Lc 12, 50). Il parlait du calice que lui-même devait boire ; il marchait comme un agneau devant être immolé et offert au Père. Jésus glorifié dans l'Eucharistie a encore aujourd'hui le même esprit. Au moment de la consécration, il s'en remet à son Père pour la rédemption de l'humanité, dans ce Mémorial de sa mort et de son sacrifice sur la croix. Il reste aussi avec nous après le sacrifice de la sainte messe avec le parfum du sacrifice et il passe dans le tabernacle sa vie offerte en réparation.

Ô admirable mystère ! Jésus Christ reste toujours parmi nous après la sainte messe dans les tabernacles de la terre, caché avec son Corps et son Sang, avec sa Divinité et son Humanité, et il renouvelle continuellement son offrande au Père pour le salut de tous les hommes.

Nous sommes les membres de son Corps mystique, appelés depuis notre baptême à suivre le Christ.

À Fatima, nous avons été sollicités il y a 91 ans par un Ange et par la Mère de tous les hommes pour glorifier la Très Sainte Trinité, unis à Jésus sur l'autel du sacrifice, présent aussi dans les tabernacles de la terre, et même unis à son Corps et à son Sang dans la sainte communion — telle était la demande de Notre Dame à Pontevedra —, en faisant notre adoration réparatrice pour les péchés commis contre Dieu, contre Jésus, contre le Cœur Immaculé de Marie, et pour sauver les âmes.

Le fondement de cet édifice spirituel de l'adoration réparatrice a été posé par l'Ange à la Loca do Cabeço, en 1916. Le projet fut ensuite confié à la Mère de tous les hommes qui, avec la fidèle collaboration des trois petits bergers, commença héroïquement la construction, laquelle progresse dans le monde partout où le message de Notre Dame est écouté.

Les paroles que saint Pierre a adressées de Rome, il y a 2000 ans, aux chrétiens d'Asie Mineure nous montrent qu'à Fatima il ne s'agit pas d'un nouveau projet. Car celui-ci provient du décret éternel de Dieu. Les paroles de l'apôtre saint Pierre trouvent ainsi aujourd'hui un écho dans l'invitation de l'Ange comme dans celle de la Très Sainte Vierge : " Allez vers le Seigneur Jésus qui est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu'il en connaît la valeur. Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le temple spirituel et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles agréables à Dieu, à cause du Christ Jésus… Vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d'annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Car autrefois vous n'étiez pas son peuple, mais aujourd'hui vous êtes le peuple de Dieu. Vous étiez privés d'amour, mais aujourd'hui Dieu vous a montré son amour " (1 P 2, 4-10).

" Lors de la première venue de Jésus, annonça prophétiquement saint Louis Grignion de Montfort, Marie n'est presque pas apparue afin que les hommes, encore peu instruits et éclairés sur la personne de son Fils, ne s'éloignent pas de la vérité… Mais lors de la seconde, Marie doit être connue et révélée par l'Esprit Saint. Par elle, il fera connaître, aimer et servir Jésus Christ… Marie doit briller plus que jamais en miséricorde… pour reconduire et recevoir avec amour les pauvres pécheurs. "

" Pourquoi, interroge Sœur Lucie, Notre Dame demande-t-elle la dévotion à son Cœur Immaculé afin de sauver les pauvres pécheurs ? " Elle nous répond : " C'est parce que Dieu le veut ainsi : pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé " (" Comment je vois le message ").

Et pourquoi Notre Dame a-t-elle aussi demandé avec insistance, à Fatima et à Pontevedra, la réparation envers son Cœur Immaculé ?

Si nous considérons la réparation du Christ par rapport à toute l'humanité, on comprendra facilement que l'homme a aussi l'obligation de réparer les offenses commises non seulement par lui-même, mais également par les autres. Cette réparation peut être accomplie par rapport à toute l'humanité. Ainsi comprise, cette doctrine est valide de façon particulière pour la réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. Elle-même se trouve au-dessus de tous les hommes, la plus élevée et la plus proche de Dieu et du Christ Sauveur ; ainsi, tous les péchés et toutes les offenses que les hommes commettent contre le Dieu transcendant et contre le divin Cœur de Jésus touchent profondément et directement le Cœur Immaculé de Marie, et donc l'atteignent et le blessent d'une manière particulièrement sensible. C'est l'Enfant Jésus lui-même qui confia à Sœur Lucie cette grande exigence :

"Le 10 décembre 1925, à Pontevedra, la Très Sainte Vierge lui apparut et, à côté d'elle, porté par une nuée lumineuse, l'Enfant Jésus. La Très Sainte Vierge posa la main sur son épaule et lui montra en même temps un cœur entouré d'épines, qu'elle tenait dans l'autre main. En même temps, l'Enfant lui dit : Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère, qui est couvert des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu'il y ait personne pour faire un acte de réparation afin de les retirer. Ensuite, la Très Sainte Vierge lui dit : Toi, au moins, tâche de me consoler et dis à tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte communion, réciteront un chapelet et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du rosaire, en esprit de réparation, que je promets de les assister à l'heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires au salut de leur âme."

http://www.pastorinhos.com/frances/index.php

 

pour toute suggestion ou demande d'informations