Etienne Frelichowski
Prêtre diocésain, Martyr, Bienheureux
1913-1945

Etienne Vincent Frelichowski naquit le 22 janvier 1913 à Culmsee (devenue, depuis son intégration à la Pologne, Chelmza), dans le Culmerland, appartenant à la Prusse Occidentale. Cette région se distinguait du reste de la Prusse par une forte population catholique.

De 7000 habitants, au début du XXème siècle, elle allait compter 12000 habitants à la veille de la seconde guerre mondiale. La ville fut de plus en plus industrialisée, surtout depuis la construction de la gare de chemin de fer en 1882, qui la reliait à Bromberg et à Marienburg. La ville comptait des brasseries réputées et des usines sucrières. Elle était aussi sur la route de Thorn, centre commercial et indutriel.

Les Franciscains avaient construit un monastère au Moyen-Age, autour duquel se construisit Culmsee (le lac de Culm). La ville s'honorait d'une belle cathédrale gothique avec des ajouts baroques. Joliment située près d' un lac, elle accueillit de nombreux colons au fil des siècles.

Ce fut aussi le lieu où vécut, à l'époque de l'Ordre Teutonique, au XIIIème siècle, sainte Jutte de Culmsee, devenue depuis patronne de la Prusse, dont le culte fut propagé par les Dominicains. Grande mystique, née en Thuringe, elle mourut en 1260. Le Culmerland fut  tardivement évangélisé à partir du XIème siècle. Les Chevaliers Teutoniques furent par la suite les propagateurs du Christianisme, emmenant avec eux Franciscains et Dominicains, dans le " Drang nach Osten ". Sainte Jutte, qui était parente du Grand Maître Hanno de Sangershausen, participa à son enracinement.

A la fin du XVème siècle, le Culmerland, resté majoritairement catholique alors que les régions évangélisées par l'Ordre Teutonique passèrent à la réforme protestante, s'intégra à la Prusse royale sous administration polonaise. Mais il existait une forte population d'origine germanique en majorité protestante — surtout dans les villes — dont les lois protégeaient les droits, surtout commerciaux. Une minorité prussienne était restée catholique. Les villes étaient organisées en ligues selon le droit municipal et commercial, connu comme le Droit de Culm, jusqu' à la fin du XVIIIème siècle.

Au XVIIIème siècle, le Culmerland passa à la Prusse (sauf Thorn qui ne sera absorbé qu'en 1817).

Dans les campagnes, les Catholiques étaient nombreux. L'exode rural était important, et les ouvriers arrivés en ville, dans un univers germanique, restaient toutefois attachés à leur Foi, malgré les lois anti-catholiques de Bismarck.

Après le bouleversement de 1918 et la chute de l'Empire allemand, les Alliés Occidentaux organisèrent un référendum et le Culmerland se sépara de la Prusse pour intégrer en 1920 la nouvelle république polonaise.

Dans sa prime jeunesse, Etienne Vincent fut scout et enfant de chœur. Il faisait aussi partie des enfants de Marie. Il passa sa Maturité (équivalent du baccalauréat) en 1931. C'était un garçon fervent et droit. Il entra donc à 18 ans au séminaire du diocèse de Chelmno, l'ancienne Culm (ou Kulm en allemand), à Pelplin, dans le corridor de Dantzig qui séparait la Prusse Orientale du reste de l'Allemagne.

Il fut ordonné en mars 1937 et devint aussitôt le secrétaire de l'évêque. En 1938 il fut nommé vicaire à la paroisse de l'Ascension à Thorn (Torun). Il célébrait la Sainte Messe avec ferveur et menait un apostolat actif, avec simplicité.

La tourmente de septembre 1939 allait l'exposer, comme ses compatriotes, à la catastrophe de la guerre. L'armée polonaise fut balayée. En octobre, le diocèse et la région du Culmerland furent intégrés au Reich. Faisant partie de l'élite intellectuelle, il fut incarcéré le 18 octobre au fort de Thorn, où il réconforta ses compagnons d'infortune, puis transféré en janvier 1940 au camp de Stutthof, non loin de Dantzig.

Il réussit à organiser des cérémonies de prières et à célébrer la Messe au camp, surtout en l'honneur de Notre Dame des Affligés.

En avril, il fut déporté à Orianenburg, près de Berlin, au Bloc 20, commandé par un criminel particulièrement cruel. Avec l'ardeur de sa jeunesse, le jeune prêtre continua son discret apostolat aussi bien auprès des vieux prisonniers que des jeunes, mais surtout auprès des plus fragiles.

Le 13 décembre, il fut avec d'autres prêtres une nouvelle fois déporté, cette fois-ci à Dachau, dans un Bloc de travail. On lui demanda de renier sa nationalité polonaise — le Culmerland étant devenu allemand contrairement à d'autres provinces polonaises — mais il refusa, préférant partager le sort des Polonais d'autres régions. Il travailla à l'infirmerie dans des conditions extrêmement pénibles. Il apportait une assistance spirituelle aux malades et aux nombreux moribonds.

En 1943 et 1944 les conditions du Bloc furent moins effroyables. Les prisonniers — travailleurs forcés — purent recevoir des colis de la part de leurs familles. Il put donc recevoir des hosties et du vin pour célébrer le Saint-Sacrifice dans différents Blocs. Il partageait aussi ses vivres avec ceux qui ne recevaient rien.

Mais en 1944 une épidémie de typhus décima le camp de Dachau. Des Blocs furent mis en quarantaine et les malades furent abandonnés à leur sort. Il réussit toutefois à se porter au secours de certains Blocs. Malgré les admonestations de ses compagnons qui craignaient la contagion, il poursuivit son apostolat.

Il fut atteint de la maladie et mourut le 23 février 1945, peu de temps avant la libération du camp. On ne sait si son corps fut brûlé ou jeté dans une fosse commune.

Il fut béatifié le 7 juin 1999 par Jean-Paul II à Torun. Il est le patron des scouts de Pologne.

Illustrations de haut en bas : église Saint-Nicolas de Chelmza, cathédrale de Pelplin, Bloc X à Dachau.

 

 

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