Enrique naît le 2 mars
1907 à Ayelo de Malferit (Espagne) ; son père est José Ramón Juan
Cerdá, et sa mère
Ignacia Requena Ortiz ; de leurs quatorze enfants,
deux donnèrent le témoignage de leur foi durant l'atroce persécution
religieuse de 1936.
Enrique fut baptisé deux
jours après, le 4 mars, et confirmé dans la même paroisse le 6
novembre 1913, par l'archevêque de Valencia, Mgr Victoriano
Guisasola ; les parrain et marraine du petit garçon furent Adrián
Sancho Mompó et Clara Belda Doménech.
Quand il eut sept ans, il
vit chez lui un prêtre de la parenté qui venait dire au-revoir à la
famille avant de partir pour le Brésil ; ses paroles convainquirent
tellement le petit garçon qu'il désira ardemment recevoir
l'Eucharistie, ce qui arriva effectivement cette année-là.
Dans cette famille très
chrétienne, Enrique entendit bientôt l'appel au sacerdoce. Ses jeux
étaient les cérémonies liturgiques, où il officiait tandis que ses
frères et ses cousins lui tenaient lieu de fidèles.
Un fait surprenant se
produisit quand il eut onze ans. Le feu prit dans un four qui
appartenait à sa mère, et en quelques instants les flammes gagnèrent
le toit, malgré tous les efforts des hommes avec leurs seaux d’eau.
Enrique retira de son cou le scapulaire qu’il portait, l’attacha à
une pierre, qu’il envoya sur le toit de la maison en feu et en peu
de temps l’incendie cessa. Un ouvrier qui travaillait à
l’élimination des décombres retrouva le scapulaire rougi par les
flammes, mais intact. Cette relique est toujours conservée.
Enrique entra ensuite au Collège des Vocations
Ecclésiastiques et au Séminaire de Valencia, où il fut un modèle de
séminariste. Modeste, il écrivait des lettres remplies de sa piété ;
sa mère et ses sœurs religieuses en avaient les larmes aux yeux de
les lire.
Ordonné prêtre fin 1930,
il célébra sa première Messe le jour de Noël, et début 1931 fut
nommé vicaire à la paroisse de Enguera, où était curé José Aparicio
Sanz, avec lequel il serait martyrisé quelques années plus tard. Les
deux prêtres rivalisaient de zèle et d’ardeur apostolique. Enrique
se distingua par son obéissance, son travail intense, sa piété et sa
prudence dans la direction des âmes ; il était particulièrement
dévôt de l’Eucharistie et on le trouvait toujours devant le
Tabernacle. Sacrements, visites aux pauvres et aux malades, cercles
d’études, cours pour les jeunes, propagande chrétienne par la presse
: toute la vie paroissiale suscitait son apostolat, mais c’est
surtout comme organiste qu’il excella (car ses parents et ses frères
étaient d’excellents musiciens d’église), formant toute une
génération de collaborateurs pour le chant sacré. Telles furent donc
les marches de cet escalier majestueux qui le conduisit en quelques
années à la gloire du martyre.
Depuis toujours il désira
le martyre, et en parla très souvent à sa mère. Quand il la quitta
pour aller prendre possession de son poste de vicaire, celle-ci lui
dit : “Mon fils, comme j’aimerais rester près de toi, pour que,
s’ils viennent te faire mourir, ils me fassent mourir avec toi.” A
quoi il répondit : “Mais, maman, tu crois qu’on obtient comme cela
la grâce du martyre ! Prie pour que je puisse l’obtenir ! Quelle
grande grâce de mourir pour le Christ !” Un jour qu’il prêtait un
livre concernant les martyrs du Mexique, il ajouta : “Faites
attention à ces martyrs, pour celui qui pourrait être l’un d’eux,
quelle joie, quelle grâce”. Dès lors il entrevoyait bien ce qui
allait se passer, disant que Dieu recevait beaucoup d’offenses et
qu’il purifierait le pays par une persécution religieuse ; il
répétait souvent qu’il fallait demander constamment à Dieu la grâce
de mourir pour le Christ ; il l’écrivait souvent dans ses lettres à
la famille : “Quelle grande grâce ce serait pour moi d’être choisi
pour être martyr !”
Quand la révolution se
déchaîna en été 1936, il resta serein, tranquille et courageux.
Pendant quelques jours il continua à célébrer la messe dans la
chapelle des religieuses ; puis ce ne fut presque plus possible d’y
monter, alors il célébra chez lui, très tôt, pour qu’on ne puisse
pas l’interrompre. Il ne voulait pas s’habiller en paysan, mais
c’était dangereux aussi de se montrer en soutane. Un jour que son
Curé José Aparicio Sanz l’avait appelé, et qu’il se rendait à son
appel, deux miliciens le forcèrent à retourner à la maison, et sur
l’appel réitéré du Curé il voulut quand même s’y rendre, bien qu’on
le priât avec insistance de ne pas sortir à cause du danger, parce
que, disait-il, il faut obéir à la demande de Monsieur
l’Archiprêtre, qui devait se trouver en quelque nécessité. Mais on
l’arrêta et on l’empêcha d’entrer dans le couvent. Il alla alors
récupérer les archives pour les mettre en sûreté à la maison. Vu le
danger, on les cacha dans un puits, jusqu’à la libération.
Il fut arrêté le même jour
que son curé, Don José Aparicio Sanz, le dimanche 11 octobre 1936.
Des petites lettres qu’il envoyait depuis la prison, on pouvait bien
comprendre qu’il s’attendait au martyre avec une sainte joie. Il
parlait d’ “entreprendre un voyage, qu’il avait hâte de réaliser, et
qui allait lui permettre de revoir Marina et Ramón, {ses frère et
sœur déjà décédés} qui allaient le recevoir avec allégresse”.
Comme il avait été très
proche de son curé dans toutes leurs activités pastorales, ils
furent tous deux unis en prison et jusqu’au martyre. Ensemble ils
furent fusillés à la Paterna, le 29 décembre 1936. D'après un
témoin, Enrique reçut probablement le martyre à genoux, vu qu'il
était tout sale à cet endroit-là.
En mourant il pardonna à
ses bourreaux et cria encore “Vive le Christ Roi”. |