Achab monté sur
le trône d’Israël,
épousa Jézabel, fille d’Éthbaal,
roi des Sidoniens, qui l’entraîna
dans toutes sortes de crimes. Il construisit dans Samarie un temple
pour Baal, qu’il
adora. Pendant son règne,
Hiel, riche Israélite, voulut rebâtir
Jéricho ; ses deux fils moururent en posant ses fondements, comme
Josué l’avait
prédit.
Le Seigneur,
irrité de l’impiété
d’Achab,
lui envoya le prophète Élie pour lui annoncer une longue sécheresse
qui ne cesserait qu’à
la voix du prophète. Achab voulut le punir ; Élie, s’enfuit
et se cacha près du torrent de Caritz. Des corbeaux lui apportaient
la nourriture dont il avait besoin. Tout le pays d’Israël
fut affligé par une grande sécheresse qui produisit la famine. Élie
se retira chez une pauvre veuve à Sarepta. Elle ne possédait qu’un
pot de farine et un vase d’huile
; mais, tant qu’Élie
demeura chez elle, le pot se remplit toujours de farine, et le vase
d’huile
ne s’épuisa
pas. Le fils de la pauvre veuve mourut ; Élie se coucha sur l’enfant,
invoqua le Seigneur et le ressuscita.
Achab, vaincu par
la plaie qui frappait son peuple, fit chercher partout le prophète
Élie ; mais la reine Jézabel, plus irritée que repentante, ordonna
de tuer tous les prophètes de Dieu. Élie, bravant sa colère, vint
trouver le roi, lui dit d’assembler
le peuple, et défia les prophètes de Jézabel de prouver la divinité
de Baal. Ce défi fut accepté. On tua deux bœufs ; les quatre cent
cinquante prophètes de Baal placèrent un de ces bœufs sur des
morceaux de bois devant leur autel, mais sans mettre du feu dessous.
Élie en fit de même pour l’autre
bœuf, au pied d’un
autel fait de douze pierres, qu’il
avait élevé au Seigneur.
Les prêtres de
Baal adressèrent en vain des prières à leur idole ; Baal resta sourd
et muet. Élie invoqua le Seigneur ; le feu du ciel tomba sur l’holocauste
et le consuma. Le peuple, convaincu par ce miracle, suivit les
ordres d’Élie,
et massacra tous les prophètes de Baal. Élie invoqua Dieu de nouveau
; la pluie tomba du ciel et la disette cessa.
Jézabel, furieuse
de la mort de ses prophètes, voulut faire périr Élie qui se sauva
dans le désert, et se cacha quarante jours au fond d’une
caverne de la montagne d’Horeb.
Dieu lui ordonna
d’en
sortir pour aller à Damas, afin d’y
sacrer Azaël comme roi de Syrie, Jéhu comme roi d’Israël,
et le laboureur Élisée pour le remplacer lui-même comme prophète.
Élie exécuta ces
commandements. Après avoir sacré les deux rois, il trouva Élisée qui
labourait ses champs et le couvrit de son manteau. Élisée alors
quitta sa famille, ses biens, ses troupeaux, et suivit Élie.
Benadad, roi de
Syrie, vint avec une nombreuse armée, fondre sur Israël. Achab, n’ayant
pu le fléchir par sa soumission, se mit sur la défensive, et, d’après
l’avis
d’un
prophète du Seigneur, ne fit commencer l’attaque
que par ses domestiques, et par ceux des princes d’Israël.
La terreur s’empara
des Syriens qui prirent la fuite. Achab les poursuivit, et il en
périt un grand nombre.
Ils revinrent
bientôt après avec des forces plus considérables, occupant toutes
les plaines et évitant toutes les montagnes dont ils croyaient que
le Seigneur était exclusivement le Dieu, mais le Très-Haut, pour
prouver qu’il
était aussi le Dieu des vallées, leur fit perdre une grande bataille
où Achab leur tua cent mille hommes.
Après cette
victoire, le roi d’Israël
s’allia
avec le roi de Syrie au mépris des ordres de Dieu. Un dernier crime
mit le comble à ses iniquités. Il voulait acheter une vigne qui se
trouvait auprès de son palais. Naboth, qui en était le propriétaire,
la lui avait refusée. Jézabel le railla de sa faiblesse, séduisit de
faux témoins qui accusèrent Naboth de blasphèmes et de propos,
séditieux. Naboth fut condamné et lapidé. Achab s’empara
de sa vigne. Le prophète Élie vint le trouver, et lui annonça de la
part du Seigneur, que toute sa famille serait exterminée,
et que le corps de Jézabel serait mangé par les chiens comme celui
de Naboth.
Quelque temps
après, Achab voulant reprendre sur les Syriens la ville de Ramoth, s’allia
avec Josaphat, roi de Juda. Les deux rois marchèrent contre Benadad.
Avant de combattre, ils voulurent consulter le prophète Michée, qui
leur dit que les Syriens seraient vaincus, mais que le roi Achab
périrait dans le combat. Michée fût envoyé en prison, pour y
attendre l’effet
de sa prophétie. Bientôt la bataille se donna. Achab se déguisa ;
Josaphat était couvert de ses armes et revêtu de entre ses ornements
royaux : ce qui attira d’abord
sur celui-ci, tous les efforts des Syriens. Mais il arriva qu’un
homme, ayant tendu son arc et, tiré une flèche au hasard, elle
atteignit le roi d’Israël,
et lui perça la poitrine. Josaphat poursuivit les ennemis. Achab
mourut après vingt-deux ans de règne ; Ochozias, son fils, régna à
sa place.
Le règne de
Josaphat, roi de Juda, fut rempli de vertus, mais presque vide d’événements.
Ce prince survit les lois de Dieu, fit fleurir la justice, protégea
le commerce, conserva la paix avec ses voisins, et rendit son peuple
heureux. On ne vit sa tranquillité troublée que par une invasion des
Ammonites et des Moabites. Il tailla leurs troupes en pièces et
entra en triomphe à Jérusalem avec un immense butin. La perte d’une
flotte qu’il
envoyât à Orphir fut le seul malheur qu’il
éprouva. Après avoir régné vingt-six ans, il lassa le sceptre à son
fils Joram.
Patine Josaphat,
en couronnant son fils aîné, laissait à ses autres fils des apanages
et des pensions. Joram, loin de suivre ses intentions, attaqua ses
frères, et les fit tous passer au fil de l’épée.
Il avait épousé Athalie, fille d’Achab.
Cette femme le pervertit, il devint idolâtre, comme elle, et la plus
grande partie de son peuple partagea son égarement.
Les Iduméens
révoltés furent d’abord
battus, et finirent par secouer son joug. Le prophète Élie lui
écrivit alors : Vous n’avez
pas suivi les exemples l’Aza
et de Josaphat. Vous avez imité les rois d’Israël.
Vous avez rendu Juda idolâtre. Vous avez forniqué. Vous avez
massacré vos frères. Dieu va frapper votre famille et vous-même,
vous serrez attaqué d’une
maladie incurable qui dévorera vos entrailles.
Bientôt la
prédiction s’accomplit.
Les Philistins et les Arabes pénétrèrent dans le royaume, pillèrent
le palais du roi, emmenèrent ses enfants et ses femmes, et ne lui
laissèrent que le plus jeune de ses fils. Une affreuse maladie le
couvrit d’ulcères.
Après huit ans de règne et deux ans de souffrances, il mourut. Le
peuple ne rendit aucun honneur à sa mémoire ; on ne l’enferma
point dans le sépulcre des rois. Ochozias, le dernier de ses fils,
lui succéda.
Ochozias suivit
les conseils de sa mère Athalie, et les funestes exemples de son
père ; l’idolâtrie
continua à régner dans Juda. S’étant
allié avec le roi d’Israël,
ils marchèrent contre les Syriens. Joram, roi des dix tribus, fut
blessé dans une bataille ; Ochozias l’accompagna
dans sa capitale pour le soigner pendant sa maladie. Sur ces
entrefaites, Jéhu attaqua Israël, extermina la maison d’Achab.
Ochozias, ses fils, ses neveux, se virent enveloppés dans sa ruine.
Athalie,
apprenant la mort de son fils Ochozias, et la destruction de la
famille d’Achab,
fit tuer tout ce qui restait de la maison royale de Joram, fils de
Josaphat, et s’empara
du trône.
Un enfant, Joas,
fils d’Ochozias,
échappa seul à ce massacre. Josabeth, femme du grand-prêtre Joïda,
le déroba au poignard d’Athalie,
et le porta dans le temple de Dieu, où les prêtres le cachèrent
durant les six années du règne d’Athalie.
Il est nécessaire actuellement de parler de ce qui s’était
passé dans Israël depuis la mort d’Achab.
Ochozias, son fils, étant tombé par une fenêtre de son palais à
Samarie,
consulta vainement Beelsébuth, dieu d’Accaron,
pour connaître sa destinée. Élie, le prophète, lui adressa de vifs
reproches, et lui prédit une mort prochaine. Le roi, furieux, envoya
un capitaine et cinquante soldats pour le tuer ; mais, à la voix du
prophète, le feu du ciel les consuma. Ochozias mourut ; et comme il
n’avait
pas d’enfants,
il fut remplacé par son frère qui se nommait Joram, comme le fils de
Josaphat de Juda.
Dans ce temps,
Élie et Élisée venaient de Galgala. Elie frappa les eaux du Jourdain
avec son manteau ; les eaux se divisèrent, et les deux prophètes
passèrent le fleuve à pied sec. Élie dit ensuite à Élisée :
Demandez-moi ce que vous voudrez afin que je l’obtienne
pour vous avant que je vous quitte.
Élisée le pria de l’animer
de son double esprit. Ils continuèrent ensuite leur marche. Tout à
coup un char et des chevaux de feu les séparèrent l’un
de l’autre,
et le prophète Élie monta au ciel au milieu d’un
tourbillon. Élisée, ayant pris le manteau qu’Élie
avait laissé tomber retourna sur ses pas, frappa avec le manteau les
eaux du Jourdain qui se séparèrent encore, et lui laissèrent un
libre passage. On reconnut alors que l’esprit
d’Élie
était en lui. Élisée fit ensuite plusieurs miracles ; il rendit
douces et saines les eaux de Jéricho qui étaient très corrompues. Un
foule d’enfants
de Béthel l’insultèrent
; il les maudit, et deux ours aussitôt se jetèrent sur ces enfants
et en tuèrent quarante deux.
Le roi d’Israël,
Joram, joignit ses troupes à celles de Josaphat pour marcher contre
les Moabites qui furent défaits, ainsi qu’Élisée
l’avait
annoncé aux deux rois. Élisée, aussi protégé de Dieu que le prophète
Élie, ressuscita le fils d’une
Sunamite qui l’avait
logé, et guérit la lèpre d’un
général syrien, nommé Naaman, en le faisant toucher par le roi d’Israël.
Élisée fit revenir sur l’eau
une cognée qu’un
paysan avait laissé tomber dans un fleuve. Il découvrit ensuite au
roi d’Israël
tous les projets du roi de Syrie. Benadad irrité, envoya un assassin
pour tuer le prophète, mais Élisée, à qui Dieu révéla ce secret, fit
arrêter et périr cet assassin. Les Syriens furent ensuite vaincus
par les Israélites. Le prophète prédit enfin la mort de Benadad et
le règne dAzaël en Syrie.
Après la mort de
Josaphat et de Joram, rois de Juda, nous avons vus qu’Ochozias
était monté sur le trône de Jérusalem, et qu’il
fut entraîné dans la ruine d’Israël :
il faut dire maintenant avec plus de détails comment cet événement
eut lieu. Le prophète Élisée, d’après
les ordres du Seigneur, avait sacré Jéhu, et lui avait dit :
Dieu vous donne le trône d’Israël ;
vous exterminerez toute la maison d’Achab
; vous vengerez le nom du Seigneur et ses prophètes par la mort de
Jézabel.
Jéhu ayant
communiqué cet ordre du Seigneur aux officiers de l’armée,
ils entrèrent avec lui dans une conjuration contre Joram. Ce prince,
comme nous l’avons
dit, ayant été blessé par les Syriens, s’était
arrêté à Jezrahel pour se faire panser de ses blessures. Jéhu, avec
sa troupe vint cerner la ville. Les rois d’Israël
et de Juda, Joram et Ochozias, allèrent au devant de lui pour lui
proposer la paix ; mais Jéhu banda son arc, et de sa flèche perça le
cœur de Joram. Par son ordre, on jeta le corps de ce prince dans le
champ de Naboth. Ochozias voulut fuir, mais il fut atteint et
massacré. Jéhu entra dans la ville. Jézabel, vêtue superbement et
fardée avec art, était à la fenêtre du palais ; elle adressa des
paroles insultantes à Jéhu, qui la fit décapiter du balcon. La tête
de cette reine idolâtre se brisa sur la pierre, et les chiens
dévorèrent son corps.
Le cruel Jéhu fit ensuite couper la tête aux soixante-dix fils d’Achab,
à ses prêtres, à ses partisans, et tua aussi les frères d’Ochozias.
Jéhu, s’étant
emparé du trône, ordonna une fête solennelle en l’honneur
de Baal. Tous les adorateurs de ce faux dieu y accoururent ; et,
lorsqu’ils
furent rassemblés dans le temple, il les fit massacrer au pied de
leur idole qu’il
brûla.
HISTOIRE DES JUIFS
par M. le comte de Ségur ; chap. XII.
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