Fils d’humbles paysans
et fervents catholiques, Matteo naquit dans la région centrale
mexicaine de Guanajuato, dans la bourgade de San Pedro de la Laguna,
où il fit ses études primaires. Il reçut pour la
première fois
l’Eucharistie à huit ans. A douze ans, il eut la tuberculose, qu’on
ne savait pas soigner à cette époque-là, et fut à deux doigt de la
mort, mais Dieu permit qu’il en guérît complètement.
Un lourd malheur
s’abattit sur le garçon, dont le père fut bientôt assassiné : à
treize ans, il laisse ses études pour aider la famille dans les
travaux des champs. C’est à cette époque qu’il ressent des problèmes
aux yeux et qu’il doit porter des lunettes.
Et voici qu’en 1900,
c’est sa maman qui meurt, endettée. Il n’a que dix-huit ans et pour
payer ces dettes il doit assumer de petits travaux comme de
débardeur, commissionnaire ou balayeur.
Il se décide quand même
à suivre sa vocation sacerdotale en entrant au séminaire de l’ordre
de saint Augustin (les pères augustiniens), dans la province de
Saint Nicolas de Tolentino dans l’état du Michoacan, de 1904 à 1911,
puis continue sa formation au séminaire diocésain de Aguascalientes
; il est ordonné prêtre en 1916. Comme religieux il prit le nom de
“Elie de Notre Dame du Bon Secours” : Elie signifie en hébreux “mon
Dieu est Yahwé”.
Son premier poste est
la paroisse de La Cañada de Carache, une population proche de
Guanajuato, entre Cortazar et Celaya, et ce jusqu’en 1921.
C’est alors que la
persécution religieuse s’accentue au Mexique, ce qui conditionne
l’activité pastorale du père Elie, jusqu’à ce que le gouvernement
donne l’ordre à tous les prêtres de se rapprocher des grandes
villes. Malgré tout, le père Elie, par amour de Dieu et de sa
paroisse, ne peut se résoudre à abandonner cette dernière, car ces
pauvres populations n’ont aucune voie de communication, aucune école
ni d’installations sanitaires. En 1927, pour obéir aux ordres
officiels, le maire devait fusiller les catholiques et les prêtres.
Bravant le danger, le père Elie, en bon pasteur, administre les
sacrements, célèbre la Messe en cachette dans les maisons des
paroissiens ou bien là où il se croit plus à l’abri ; à l’occasion
il se cache dans une cave voisine d’où il sort quand les troupes
s’éloignent et va porter les secours spirituels aux habitants. Ainsi
passent quatorze mois, pendant lesquels le père se déguise en simple
campagnard avec de vieux habits usés, mais les soldats finissent par
apercevoir sous ses guenilles son habit religieux. Il est arrêté et
conduit à La Cañada ; là, inutilement, la population tente de le
faire libérer. Mais la troupe le conduit à Cortazar de Guanajuato le
10 mars 1928. Avant d’arriver, le capitaine lui déclare que son
heure est arrivée, à quoi le père répond sans hésitation : “Mourir
pour la religion est un sacrifice agréable à Dieu”.
En ce moment suprême,
on lui permet de prier une dernière fois ; il remet sa montre au
militaire en question et, pour accomplir jusqu’au bout sa mission
sacerdotale, il bénit le peloton qui va le fusiller :
respectueusement, les soldats s’agenouillent pour recevoir la
bénédiction ; lui, il récite le Credo et ses derniers mots
sont : “Vive le Christ Roi”.
Il a été béatifié le 12
octobre 1997. Son nom est inscrit au 10 mars dans le Martyrologe,
mais on le fête localement hors de la période du Carême, le 10
octobre. |