LE PATRIARCAT DE LISBONNE

HISTOIRE
AU COURS DES TEMPS

Une vieille tradition nous parle de Veríssimo, Máxima e Júlia, comme martyres de Lisbonne, lors de la persécution déclenchée par Dioclétien (fin du IIIe siècle, début du IVe). Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’un demi siècle plus tard, nous avons la certitude qu’un diocèse existait et que son premier évêque connu était Potâmio, lequel est intervenu dans les polémiques doctrinales qui opposaient alors les chrétiens : l’arianisme.

Au cours du Ve siècle les barbares arrivèrent jusqu’à l’extrémité de l’Europe et, sous la monarchie wisigothe, les évêques de Lisbonne participèrent à divers conciles, dont celui de Tolède. Comme il advînt par tout ailleurs, il est fort probable que la décentralisation du culte, de la ville vers les campagnes tout autour, ce qui fut à l’origine des paroisses rurales.

Du début du VIIe siècle jusqu’au milieu de XIIe, Lisbonne fut sous la domination musulmane. Nous ne connaissons le nom d’aucun des évêques de cette longue période, mais nous sommes sûrs que des chrétiens continuèrent d’exister, aussi bien en ville que dans les campagnes environnantes.

 La preuve en est que lors de la prise de Lisbonne aux maures, en 1147, un évêque « moçarabe » (chrétien sous la domination musulmane) y vivait.

Après la conquête de la ville, le diocèse fut restauré et à sa tête fut placé un évêque anglais, Dom Gilbert, venu avec les croisés. Toutefois, le diocèse était dépendant de l’archidiocèse de Saint-Jacques de Compostelle, jusqu’à la fin du XIIIe siècle.

On construisit une Cathédrale, à l’endroit où se levait jadis une mosquée, et peut-être avant, la cathédrale wisigothe.

La Cathédrale avait son chapitre, lequel appuyait et aidait son évêque, et supportait l’école capitulaire. Ce fut dans cette école — selon une ancienne tradition — que saint Antoine de Lisbonne (Padoue) aurait fait ses premières études, à la fin du XIIe siècle.

Outre la Cathédrale et les paroisses qui, rapidement se sont établies, à partir peut-être d’anciennes communautés « moçarabes », Lisbonne vît se lever, à l’initiative du premier roi du Portugal, Dom Alphonse Henriques — fils d’Henri de Bourgogne — le monastère de Saint Vicente de Fora [1] (parce qu’étant construit en dehors des remparts).

Ce monastère fut un important centre culturel et ce fut là que saint Antoine accomplit ses études supérieures.

Saint Vincent avait été martyrisé à Valence (Espagne) au IVe siècle, et ses reliques furent ensuite l’objet d’une très grande vénération de la part des « moçarabes » qui habitaient surtout le sud, le cap qui porte aujourd’hui son nom.

Dom Alphonse Henriques ramena ces reliques à Lisbonne et les déposa dans la Cathédrale.

En 1289 l’évêque Dom Domingos Jardo fonda le collège des saints Paul, Éloi et Clément, pour l’enseignement des canons et de la théologie.

Peu après, avec des intermittences jusqu’au XVIe siècle, Lisbonne disposa d’une Université fondée par le roi Dom Dinis (époux de sainte Élisabeth), avec l’appui du clergé. Cette université n’enseigna la théologie qu’à partir de du XVe siècle, car cette discipline n’était apprise alors que dans les monastères des dominicains et des franciscains, couvents construits pendant le XIIIe siècle.

Ce fut en ce même XIIIe siècle, en 1276 que naquit à Lisbonne Pedro Julião, illustre médecin qui étudia et enseigna à Paris, avant de devenir pape sous le nom de Jean XXI.

En 1393 Lisbonne fut élevée à métropole et D. João Anes fut son premier archevêque. A cette métropole furent associées plusieurs diocèses du centre et du sud du pays, auxquelles, le siècle suivant, vinrent se joindre aussi les nouveaux diocèses d’outre-mer.

Au XVIe siècle, le cardinal Dom Henrique — qui deviendra roi un peu plus tard — s’employa activement à mettre en pratique les résolutions du Concile de Trente. On lui doit, entre autres initiatives, la fondation du Séminaire diocésain de Sainte-Catherine, en 1566.

Ce furent des temps d’une intense vie religieuse, nourris par un grand nombre de congrégations religieuses et d’autres associations de piété et de charité, liées aux monastères, couvents et paroisses : la première Miséricorde fut fondée à Lisbonne en 1498, dans une chapelle du cloître de la Cathédrale de Lisbonne.

Dès la fin du XVe siècle les divergences religieuses n’étaient pas permises dans le pays, mais la mission d’outre-mer — si magnifiquement évoquée au monastère des Jerónimos — demandait constamment des ouvriers : entre autres, Lisbonne a donné pour la mission Jean de Brito, pour l’Inde ; le Père António Vieira pour le Brésil, tout deux Jésuites du XVIIe siècle.

En 1716, le pape Clément XI éleva la chapelle royal au rang de basilique patriarcale ; alors l’ancienne diocèse fut partagée en deux jusqu’en 1740, année qui vit sa réunification.

Depuis, et jusqu’à nos jours, seize patriarches se sont succédés à la tête de l’ancienne cité, de D. Tomás de Almeida à D. José Policarpo : les patriarches étant toujours élevés au cardinalat lors du prochain consistoire suivant leur nomination.

Après le terrible et dévastateur tremblement de terre de 1755 — la ville fut presque entièrement détruite — il fallut remodeler le tissu paroissial, construire d’autres églises ; ce fut le patriarche d’alors, Dom Fernand de Sousa e Silva qui s’y employa, dès 1780, avec succès, aidé, il est vrai, par les libéralités de Dona Maria I, reine du Portugal. Ce fut elle qui fit construire la Basilique de l’Étoile, consacrée au Sacré-Cœur de Jésus.

Après les grandes perturbations liées aux invasions françaises et aux luttes libérales, il fallut encore réorganiser : ce fut l’œuvre du patriarche Dom Guilherme Henriques de Carvalho, vers le milieu du XIXe siècle.

Puis, ce furent les temps délicats et troublés de l’implantation de la république maçonnique, avec toutes les conséquences qui en résultèrent, l’évêque de Porto, Dom António Barroso, étant l’exemple le plus éloquent de cette période sournoise.

A partir de 1929, le patriarche Dom Manuel Gonçalves Cerejeira consolida la vie diocésaine, suscitant les vocations sacerdotales et fondant de nouveaux séminaires : Olivais (1931), Almada (1935) et Penafirme (1960) ; multipliant les paroisses et encourageant l’apostolat des laïcs.

Dom António Ribeiro, son successeur, continua son œuvre, dans les termes demandés par le Concile Vatican II.

Le 25 avril, la révolution des œillets n’apporta aucun changement notable.

En 1975 les diocèses de Setubal et Santarém, furent détachés du patriarcat de Lisbonne et, en 1984, fut fondé le Séminaire de Caparide.

Dom José Policarpo succéda, au mois d’octobre 1998 à Dom António Ribeiro et l’une de ses premières actions fut de transférer les services diocésains au monastère « mythique » de Saint Vicente de Fora, dont nous avons déjà parlé.

 Dom Manuel Clemente
et
Alphonse Rocha

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[1] Ce mot portugais se traduit par : hors. Donc le monastère de Saint-Vincent-hors-les-Murs.

Site Internet : http://www.patriarcado-lisboa.pt/

 

 

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