Les
premières tentatives d'évangélisation de la Côte d'Ivoire
remontent au XVIIe
siècle.
En 1637,
cinq Capucins vécurent peu de temps à Issiny (la future
Assinie), avant d'être emportés par les maladies.
En 1687,
Louis XIV envoya à Issiny une expédition militaire et
religieuse qui ramena en France le jeune
Aniaba,
fils d'un chef de la Côte d'Ivoire. Il reçut une éducation
française et fut baptisé par Bossuet, avec Louis XIV comme
parrain. En 1700, le prince regagna son pays et
aussitôt après redevint païen.
En 1742,
des Franciscains tentèrent de s'installer dans la même
région, mais un an après ils succombèrent sous les lances
des païens.
Depuis ce
temps et jusqu’à la fin du XIXe siècle, le christianisme
n’avait pratiquement pas réussi à s’implanter dans ce pays.
En 1893,
la Côte d'Ivoire devint
colonie française.
Le gouverneur Binger ouvrit aussitôt quelques écoles, afin
de former les interprètes et employés de l'administration,
nécessaires pour seconder les fonctionnaires français. Mais
les quelques instituteurs, qui lui furent envoyés de France,
ne réussirent pas à s'acclimater et durent être rapatriés
pour raison de santé.
Binger
observa alors que dans d'autres colonies françaises de
l'Afrique de l'Ouest, les écoles publiques étaient souvent
confiées aux missionnaires. Le 11 janvier 1995, il adressa
donc une lettre à la
Société des Missions Africaines
de Lyon,
fondée en 1856 par un évêque plein d'ardeur apostolique, Mgr
de Marion Brésillac.
Le 28
octobre 1895, les premiers prêtres débarquèrent sur la
plage de Grand-Bassam où fut fondée la première mission
catholique. De Grand-Bassam, ils furent répartis
successivement à Memni, Dabou, Bonoua, Assinie, et suivant
de près l'administration française, ils arrivèrent jusqu'à
Korhogo et Sinématiali, chez les Sénoufo du Nord.
Le nouveau
gouverneur de la colonie, M. Mouttet, voyant la réussite de
cette entreprise, poussa le Préfet Apostolique à multiplier
les efforts. Ainsi, en 1898, les missionnaires furent
secondés par les religieuses de la congrégation
Notre-Dame des Apôtres.
Celles-ci s'investirent aussitôt dans la gestion des écoles
et la fondation des orphelinats et des dispensaires.
L'histoire
de ces premières années d'évangélisation est un long
martyrologe: la fièvre jaune et le paludisme, les incendies,
les noyades remplissaient les cimetières. Malgré tant
d'épreuves, on trouvait toujours des remplaçants.
Enfin, au
XXe siècle vinrent les conversions en masse et il fallut
multiplier les préfectures apostoliques, non seulement en
forêt mais également dans la zone des savanes.
À partir de
1900, le visage de la mission changea, suite à la loi
républicaine décrétant la séparation de l’Église et de
l’État. Les missionnaires, chassés des écoles, décidèrent
d’intensifier les visites des villages et d’installer les
structures catéchétiques là où ils avaient reçu un accueil
favorable de la part du chef et de la population. Ainsi, le
progrès de l’évangélisation ne s’arrêta pas, mais pris une
autre tournure, en se tournant plus vers l’intérieur du pays
où l’islam progressait d’une manière considérable dans le
sillage des commerçants et l’animisme restait une religion
dominante.
En
1904 et 1908, les deux principales agglomérations
du Nord (Korhogo et Katiola) accueillirent les missions
catholiques, même si la population resta plutôt immobile et
même hostile à la religion chrétienne.
Les
années 1913 et 1914 virent l’apparition du
premier mouvement sectaire dirigé par le «prophète»
Harris, qui pendant son séjour dans une prison
libérienne aurait reçu une apparition de l’ange Gabriel, lui
ordonnant d’aller prêcher Jésus-Christ. Après sa sortie de
prison, il parcourut tout le rivage du pays jusqu’à la Gold
Coast, en invitant ses auditeurs à rejeter leurs fétiches et
à se soumettre inconditionnellement à la protection de
Jésus-Christ. Curieusement, après son passage, le nombre de
baptisés dans la partie sud du pays avait considérablement
augmenté.
À partir
de 1922, à la suite des accords internationaux, le
Gouvernement français autorisa l’ouverture d’écoles privées.
Les missionnaires, saisissant cette occasion, se lancèrent à
nouveau dans la fondation d’écoles et dans leur gouvernance
avec l’aide du personnel laïc. Le pays entier vit alors la
création de nombreux établissements scolaires catholiques,
entre autres le petit séminaire de Bengerville en 1936,
suivi du grand séminaire d'Anyama en 1956.
Dans
cette période d’évangélisation, le personnel missionnaire
devint de plus en plus nombreux et mieux préparé à
l’accomplissement de la mission.
En
renfort pour les missionnaires européens vinrent aussi les
prêtres autochtones dont le premier, René Kouassi,
fut ordonné en 1934 et le second, Bernard Yago,
en 1947.
Dès
1937, les mouvements d’Action catholique firent
une timide apparition. Mais leur véritable âge d’or
s’étendit après 1945. La JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique,
l’ACF (Action Catholique des Familles, conçue comme la
branche adulte de la JOC), les scouts, la Légion de Marie,
la JEC (Jeunesse Étudiante Catholique) et la JAC (Jeunesse
Agricole Catholique) mobilisèrent les jeunes et les adultes
les plus dynamiques et généreux jusqu’au lancement de
branches nationales ou locales.
Au
lendemain de la seconde Guerre mondiale, ce sont aussi des
idées nouvelles qui commencèrent à se répandre sur tout le
territoire colonial français. Le rôle des Africains augmenta
considérablement dans la gestion de leur pays. En Côte
d’Ivoire, le médecin Félix Houphouët-Boigny lança
d’abord le syndicat de planteurs qui devint ensuite un parti
politique: le Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Ce
parti exigea dans le premier temps l’autonomie, puis l’indépendance
politique des colonies françaises qui pour la Côte d'Ivoire
devint un fait accompli le 7 août 1960.
Dans le
même temps, changea aussi la stratégie de l’Église de Rome
par rapport aux Églises locales des divers pays d’Afrique.
Le Vatican les jugea suffisamment solides pour qu’on les
érige en diocèses à part entière, dirigés par les évêques
choisis parmi le clergé autochtone.
En
ce qui concerne la Côte d’Ivoire, le choix fut porté sur le
prélat Bernard Yago, qui après avoir reçu l’ordination
épiscopale des mains du pape Jean XXIII, le 8 mai
1960, succéda aussitôt à l’archevêque français
d’Abidjan, Mgr Jean Baptiste Boivin.
À partir de ce moment-là, chaque fois qu’un évêque
missionnaire devait quitter le diocèse ivoirien qu’il
gouvernait il était remplacé par un fils du pays. Les
structures ecclésiales se transformèrent ainsi jusqu’en
1975, l’année où tous les diocèses de la Côte d’Ivoire
n’eurent que des évêques autochtones à leurs têtes.
En 1983,
sous le pontificat du pape
Jean-Paul II,
vint un nouvel honneur pour l’Église ivoirienne, qui reçut
son premier cardinal en la personne de Mgr Bernard
Yago. Celui-ci atteignit sa limite d’âge en février
1995, et fut remplacé à la tête de l’archidiocèse d’Abidjan
par Mgr Bernard Agré, précédemment évêque de Man
(l’ouest du pays) et de Yamoussoukro (capitale politique).
Le Cardinal Bernard Yago décéda en 1997.
Quatre ans plus
tard, en 2001, son successeur Mgr Bernard Agré,
devint le second cardinal ivoirien, en attestant que
désormais l’Église ivoirienne pouvait être considérée comme
adulte et responsable.
Quant au Pape
Jean-Paul II, il a effectué trois visites-pèlerinages
en Côte d'Ivoire. Pour la première fois en 1980,
ensuite en 1985 et enfin en 1990 quand il est
venu consacrer la Basilique Notre-Dame de la Paix de
Yamoussoukro.
Actuellement,
l’Église catholique de Côte d'Ivoire est composée de 13
diocèses, regroupés en 4 provinces ecclésiastiques:
Abidjan, Bouaké, Gagnoa et Korhogo.
La Conférence
épiscopale de Côte d'Ivoire compte 14 évêques.
Dans tous ces
diocèses travaillent (selon les chiffres estimatifs de 1997)
environ 800 prêtres, 260 religieux et 950 religieuses.
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