Edmond d’Est-Anglie
Roi, Saint
† 870

Avant de s'en aller en Terre-Sainte pour y finir ses jours dans la prière et la pénitence, le roi Athelstan[1] choisit son neveu Edmond, fils de Ealhere, ealdorman de Kent, et descendant des anciens rois saxons d'Est-Anglie pour gouverner ses Etats[2]. Edmond était né à Norbury, près de Croydon, dans le Surrey. Edmond fut, à quatorze ans, le jour de la Noël 854, élu roi, par les clercs et les nobles du Norfolk assemblés à Attleborough, élection acceptée par les habitants du Suffolk.

Lorsqu'il débarqua sur la terre de son royaume, Edmond se prosterna pour une longue prière et, quand il se releva, douze fontaines sourdirent de terre.

Edmond qui voulut terminer ses études dans la résidence royale d'Attleborough, ne fut couronné dans l'église de Bures (Suffolk) qu'à la Noël 856, par Humbert, ancien conseiller de son prédécesseur et évêque d'Hulme. « Pourvu de cette triple consécration, je décidai d'être utile à la nation des Angles, plutôt que de la commander, en négligeant de faire courber les têtes sous un autre joug que celui du Christ ». Ainsi, Edmond est le premier des saints rois à faire de la sainteté son programme de gouvernement. Abbon parle de « ce que fut sa bonté pour ses sujets, sa rigueur pour les méchants », ajoutant qu'il « était pour les indigents d'une magnifique libéralité, pour les orphelins et les veuves un père plein d'indulgence » ; très attentifs aux affaires de gouvernement, « s'il connaissait mal une affaire, il apportait tous ses soins à l'examiner ; sur la voie royale où il marchait, il ne se détournait ni à droite pour se prévaloir de ses mérites, ni à gauche en s'abandonnant aux défauts de la faiblesse humaine. »

Souverain d'un petit royaume, à côté de ceux de Mercie et du Wessex, exposé aux invasions normandes, il employa son règne à négocier les lourds tributs qu'il devait verser aux pirates et qui, au bout de quinze ans, avaient ruiné son Etat et ses sujets. A partir de 865, les Danois, ne recevant plus les lourdes rançons qu'ils exigeaient, entreprirent la conquête du royaume. Chassés en 866, les Danois ravagèrent la Northumbrie et la Mercie, mais revinrent en East en 869 : le wiking Iva envahit l'Est-Anglie, mit le pays à feu et à sang et Edmond fut vaincu à la bataille de Thetford (20 novembre 870) puis massacré. Le royaume d'Est-Anglie passa tout entier sous la domination danoise.

Très vite le roi Edmond, mort en combattant les païens, fut l'objet d'un culte populaire ; un siècle après sa mort, le bénédictin Abbon, futur abbé de Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire), alors qu'il était à l'abbaye de Ramsey (de l'automne 985 au printemps 987), recueillit, à la demande des moines, les pieux éléments de la tradition populaire et le témoignage de saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry, qui, dans sa jeunesse, à la cour du roi Athelstan (925-939) avait entendu raconter la mort d'Edmond par un vieillard qui avait été l'écuyer du Roi.

Abbon raconte que le wiking Ivar envoya un ambassadeur pour proposer au roi Edmond de lui laisser son royaume s'il voulait se reconnaître son vassal et lui donner son trésor ; Edmond répondit que sa foi lui interdisait de se soumettre à un païen et qu'il préférait mourir. Ivar fit attaquer le palais ; « afin que ne périsse pas la nation tout entière, le saint roi Edmond dans son palais, en digne membre du Christ, jette ses armes et se laisse prendre. Il sait qu'il va comparaître devant le chef impie, comme le Christ devant le gouverneur Pilate, tant il désire suivre les pas de celui qui s'est immolé en victime pour nous. Garrotté dans des liens étroits, il subit toutes sortes de moquerie et, pour finir, on le bâtonne, puis on le conduit près d'un arbre voisin auquel on l'attache et fort longtemps on le maltraite à coups de fouet, sans qu'il s'avoue vaincu. »  On l'attacha ensuite à un autre arbre, on le perça de flèches comme saint Sébastien, et on le décapita avant de jeter son cadavre dans la forêt. « C'est ainsi que, le vingt novembre, en holocauste très agréable à Dieu, Edmond, éprouvé au feu de la souffrance, portant la palme de la victoire et la couronne de la justice, entra, roi et martyr, vers la Cour céleste. »

Quand les fidèles, après avoir récupéré le corps, voulurent trouver la tête, ils crièrent dans la forêt : Où es-tu ? et la voix du roi Edmond leur répondait : Her ! her ! her ! jusqu'à ce qu'ils la trouvassent entre les pattes d'un énorme loup qui la gardait contre les atteintes des autres bêtes. La dépouille du roi Edmond d'abord été enterrée à Hoxne, sur la rivière Waweney, à une trente kilomètres à l'est de Thetford, fut, en 903, déposée dans l'église du monastère de Beodricsworth[3] (aujourd’hui Bury).

Outre l'œuvre d'Abbon, on connaît une Vie de saint Edmond le roi, poème anglo-normand composé vers 1180 par Denys Piramus, que reprendra, au siècle suivant, Matthieu Paris.

De nombreux miracles dont deux résurrections, sont attribués à saint Edmond : un paralytique qui dormait près de son tombeau, l’en vit sortir pour marquer ses membres du signe de la Croix et fut guéri ; un chevalier du Lindsey qui, paralysé, le vit apparaître dans sa chambre pour lui toucher la tête et le haut du corps, puis lui ordonner d’aller prier sur son tombeau, fut guéri en chemin ; il sortit de son tombeau pour tuer d’un coup de lance le roi Sven qui exploitait les East-Angliens ; il fit mourir deux conseillers d’Edouard III qui voulaient monnayer les métaux précieux de sa châsse (1341 et 1345) ; en 1173, en compagnie de saint Thomas Becket, il délivra deux prisonniers politiques d’Henri II ; il délivra un prisonnier de guerre, un bailli seigneurial et un meunier emprisonnés injustement et qui l’avaient invoqué ; il délivra des navigateurs des dangers de la mer (tempêtes, naufrages, noyades).

La Passion écrite par Abbon eut un énorme succès et l'abbaye Beodricsworth, devenue, vers 1065, Bury-Saint-Edmond, fondée vers 1020, devint un des plus grands monastères d'Angleterre[4] ; le roi Cnut le Grand (1014-1035) accorda une charte de liberté très étendue (exemption de l’Ordinaire et juridiction civile sur tout le territoire) et fit commencer la construction d'une belle église en pierre (1021) qui fut consacrée par l'archevêque Agelmothus de Cantorbéry, le 18 octobre 1032.

Saint Edouard le Confesseur[5] qui visita l’abbaye en 1044, lui octroya le droit de libre élection, la pleine juridiction sur un territoire qui couvrait près d’un tiers du grand comté de Suffolk, lui abandonna les taxes sur les habitants de la ville qui s’était créée à l’ombre du pèlerinage, et lui conféra le privilège de battre monnaie (1065). Dès Guillaume le Conquérant qui fit reconstruire l’abbaye et jeta les fondements d’une nouvelle église, les rois normands confirmèrent les privilèges d’Edmondbury. Il faut dire que, depuis 1065 jusqu’à 1097, l’abbé de Saint-Edmond était le chartrain Baudouin, moine de Saint-Denys, qui servit à Guillaume le Conquérant de médecin et d’intermédiaire auprès du haut clergé. En 1095, l’abbé Baudouin fit la translation solennelle des reliques de saint Edmond dans la nouvelle église. Sous l’abbé Ording (1148-1156), l’abbaye fut presque entièrement détruite par un incendie, mais l’église ne fut pratiquement pas touchée.

C'est dans cette abbaye que les comtes et les barons révoltés contre le roi Jean Sans Terre[6] lui firent signer la Grande Charte d'Angleterre (1215)[7]. « Un jour, les Vingt-Cinq[8] vinrent à la Cour du Roi pour rendre un jugement. Le Roi[9] était au lit, malade, au point de ne pouvoir marcher. Il pria les juges de venir conférer dans sa chambre. Ils s'y refusèrent, cela étant contraire à leur droit, et mandèrent au Roi que, s'il ne pouvait se tenir sur ses pieds, il n'avait qu'à se faire porter. Le Roi se fit porter dans la salle où les Vingt-Cinq avaient pris séance : pas un ne se leva au moment de son entrée, parce que cela aussi était contre leur droit. Tels sont les actes orgueilleux et les outrages dont ils l'accablaient chaque jour. »[10]

Or, quand la Grande Charte d'Angleterre fut cassée par le pape Innocent III[11] (24 août 1215), les barons prirent les armes, mirent le roi Jean hors la loi et résolurent de changer de dynastie en appelant sur le trône anglais l'héritier de France, fils de Philippe II Auguste, Louis[12], dont la femme, Blanche de Castille, était la nièce de Jean Sans Terre[13]. A l'automne 1215, ils entamèrent des négociations avec Philippe II Auguste qui, retenant vingt-quatre otages à Compiègne, permit à Louis d'aller prendre la couronne d'Angleterre.

Encore qu'Innocent III excommunia les rebelles et suspendit l'archevêque de Cantorbéry, non sans avoir fait dresser par les légistes français un mémoire justificatif destiné à prouver que le trône d'Angleterre était vacant depuis le jour où les Pairs de France avaient condamné Jean Sans Terre pour le meurtre d'Arthur[14], Louis partit vers l'Angleterre.

Avec douze cents chevaliers, Louis débarqua le 21 mai 1216 à Stonor, dans l'île de Thanet, marcha sur Londres et fut reconnu comme roi d'Angleterre à Westminster où, après avoir reçu les hommages, il confirma les privilèges de la Grande Charte d'Angleterre ; cependant, lui-même étant excommunié, puisque le Pape considérait l’Angleterre comme fier du Saint-Siège, et l'archevêque de Cantorbéry étant retenu à Rome, il ne se fit pas couronner et ne prit pas le titre royal. A part Lincoln, Windsor et Douvres, toute l'Angleterre s'était ralliée au prince Louis lorsque Jean Sans Terre mourut (19 octobre 1216) de chagrin à Newark-Castle pour avoir perdu son trésor, englouti par des sables mouvants.

Le successeur d’Innocent III[15], Honorius III[16], continua sa politique et soutint la légitimité d'Henri[17], jeune fils de Jean Sans Terre, sous le conseil de régence dirigé par un légat, le cardinal Galon. Le cardinal Galon[18] fit couronner Henri III à Glocester (29 octobre 1216), lui fit jurer les articles de la Grande Charte d'Angleterre et réputa croisade la guerre contre les rebelles. Onze évêques abandonnèrent le parti du prince Louis qui, alors qu'il était revenu en France pour chercher de l'argent et des renforts, finit par perdre la plupart des barons anglais. La ville de Londres avait beau rester attachée au prince de France, les défections s'accentuèrent et une bonne partie de  l'armée franco-anglaise fut surprise dans Lincoln et mise en déroute (19 mai 1217).

Comme Robert de Courtenai venait de s'embarquer avec une armée de secours, les marins des cinq ports (Douvres, Sandwich, Romney, Hastings et Hythe) coulèrent ses navires et le firent prisonnier (27 août 1217). Louis, assiégé dans Londres, « voyant qu'il n'avait plus de secours à attendre ni par terre ni par mer », traita avec le légat et le grand-maréchal d'Angleterre et signa le traité de Lambeth (11 septembre 1217) où il abandonnait l'entreprise contre une indemnité de guerre de dix mille marcs, la libération des prisonniers, l'amnistie pour ses partisans et la restitution des héritages et libertés confisqués par Jean Sans Terre.

Le prince Louis, pendant qu'il était en Angleterre, se fit remettre, « par offre gracieuse ou par fait de guerre », la dépouille du saint roi Edmond qu'il ramena en France. Ainsi, quand, en 1539, « les envoyés d’Henry VIII se rendirent à Edmondbury pour ouvrir la châsse du saint martyr, en retirer les reliques et les brûler, ils ne les y trouvèrent pas ; mais seulement quelques rognures d’ongles et de cheveux. »

Les traditions toulousaines affirment que le prince Louis confia le corps de saint Edmond aux chanoines de Saint-Sernin de Toulouse pendant la croisade contre les Albigeois[19] : « C'est une chose démontrée que Louis VIII, après son retour d'Angleterre, vint en 1219 assiéger Toulouse et fut contraint de lever précipitamment le siège et d'abandonner son camp qui fut pillé par les assiégés : c'est ainsi que, degré ou de force, les reliques du saint Roi que Louis VIII auraient emportées avec lui d'Angleterre, purent tomber entre les mains des Toulousains. » Toujours est-il que les Capitouls de la ville de Toulouse firent, en 1631, le vœu solennel d'offrir à saint Edmond une châsse d'argent pour y enfermer ses reliques si, par son intercession, la ville était délivrée de la peste qui désolait ses habitants depuis 1628. Des fêtes solennelles eurent lieu en 1644 pour l'accomplissement de ce vœu. En juin 1901, une partie des reliques de saint Edmond fut envoyée au pape Léon XIII[20] qui la donna au cardinal Vaughan[21] pour qu’on la conservât dans la nouvelle cathédrale de Westminster.

A Paris, au faubourg Saint-Jacques, saint Edmond était le patron de l’église des Bénédictins anglais. Chassés d’Angleterre par Elisabeth I°, les moines bénédictins s’étaient dispersés en Espagne et en Italie, mais quelques uns d’entre eux s’étaient réfugiés à Dieulouard, en Lorraine, à Saint-Malo et à Douai (1607). En 1621, quand Marie de Lorraine, abbesse de Chelles[22], les appela pour diriger son monastère, ils s’établirent à Paris, au collège de Montaigu, pour y faire des études et préparer des missions en Angleterre.

Le P. William Gifford[23] loua pour eux une maison de la rue de Vaugirard, puis, lors de la construction du palais du Luxembourg, une maison rue d’Enfer ; en 1632, ils s’établirent rue Saint-Jacques, en face du couvent des Carmélites, où, dans une maison jadis habitée par des Feuillantines, saint François de Sales les visita, en compagnie de la princesse de Savoie, Christine de France[24], dont il était l’aumônier.

Le 15 décembre 1640, François La Bossu, bourgeois de Paris, acheta pour eux, aux héritiers de Pierre de Cossy, la maison de la Trinité, tout près du Val-de-Grâce (actuel n° 269 de la rue Saint-Jacques), où l’archevêque de Paris autorisa leur installation (14 janvier 1642). Grâce aux libéralités de la reine Anne d’Autriche, ils construisirent un couvent dont le prieur, dom Joseph Shirburn, fit démolir et reconstruire les bâtiments, en 1674. La première pierre de la chapelle, mise sous le titre de Saint-Edmond, bénie par l’abbé Walter Montaigu, fut posée le 29 mai 1674, jour anniversaire de la naissance du roi Charles II d’Angleterre, par Marie-Louise d’Orléans[25], nièce de Louis XIV, fille d’Henriette d’Angleterre et du duc Philippe d’Orléans ; la chapelle bénite le 28 février 1677, par l’abbé Louis-Antoine de Noailles, depuis évêque de Cahors, puis de Châlons-sur-Marne, mort cardinal et archevêque de Paris. On y déposa le corps du roi Jacques II Stuart[26] (17 septembre 1701), insigne bienfaiteur de la chapelle[27], et de sa dernière fille Louise-Marie (20 avril 1712).

Les révolutionnaires arrêtèrent les Bénédictins anglais, confisquèrent leurs biens et mirent le couvent sous séquestre (7 septembre 1793) ; la chapelle dut pillée et saccagée, le cercueil de Jacques II Stuart fut violé (7 novembre 1793) et son corps, retrouvé intact, disparut[28]. Après avoir été transformé en prison[29] (9 octobre 1793), le couvent fut vendu (30 août 1799) puis rendu aux Bénédictins anglais (1803). De 1808 à 1900, il fut successivement occupé par une manufacture de coton, des établissements d’éducation, une école préparatoire à l’Ecole polytechnique ; depuis il est le siège de la Schola Cantorum fondée par Vincent d’Indy en 1896.

SOURCE : http://missel.free.fr/


[1] Athelstan fut le huitième roi d’Est-Anglie de 925 à 939. il était le beau-frère de Othon I° le Grand, de Charles III le Simple et de Hugues le Grand.

[2] Vers 450, les Jutes, les Angles, les Saxons et les Danois débarquent en Bretagne que les Romains ont abandonnée, et repoussent les Bretons dans le Pays de Galles, en Cornouailles, en Ecosse et en Armorique. Ils fondent sept états : Kent (Jutes), Northumbrie, Mercie et East-Anglie (Angles), Essex, Sussex et Wessex (Saxons).

[3] Le monastère fut fondé, vers 633, par Sigebert, roi de l’Anglie orientale, qui le confia à des prêtres séculiers. Après que la dépouille de saint Edmond y fut déposée, l’évêque d’Elmhan, ancien moine de l’abbaye d’Ely, confia le monastère à une vingtaine de Bénédictins venus des abbayes d’Ely et de Hulme, sous la conduite d’Uvius, prieur de Saint-Benoît de Hulme, qui reçut la bénédiction abbatiale de l’évêque de Londres.

[4] La plupart des moines de l'abbaye d’Edmondbury furent sécularisés de force par Henry VIII (1535) et l’abbaye, séquestrée (4 novembre 1538), fut détruite en 1539.

[5] Saint Edouard le Confesseur fils du roi Aethelred II et d’Ema, fille du duc Richard de Normandie, né en 1003, vécut plus de vingt-cinq ans en Normandie où il avait trouvé refuge pendant l’invasion danoise. Retourné en Angleterre (1041), il fut reconnu par Hartacnut, fils de Cnut le Grand, comme son successeur et monta sur le trône d’Angleterre en 1042 ; il est le dernier roi de la vieille lignée anglo-saxonne. Son règne apparaît comme une sorte d’âge d’or. Il mourut en odeur de sainteté le 5 janvier 1066, après avoir désigné comme successeur son beau-frère Harold, au détriment de Guillaume, duc de Normandie, à qui il avait promis sa couronne (1051). Harold II fut battu et tué à la bataille d’Hastings (14 octobre 1066) contre Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, qui devint roi d’Angleterre.

[6] Jean, dernier fils et préféré d’Henri II Plantagenêt, était le frère et le successeur de Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre de 1199 à 1216. Jean était surnommé Sans Terre parce que, contrairement à ses frères, il n’avait pas reçu d’apanage.

[7] Nous avons en premier lieu confirmé par la présente charte, pour nous et nos héritiers et à perpétuité, que l’Eglise d’Angleterre sera libre et conservera intégralement ses droits et ses libertés. Aucun impôt ne sera établi dans notre royaume si ce n’est par le commun conseil de notre royaume, excepté pour racheter notre personne, pour armer notre fils aîné chevalier ou pour marier une première fois notre fille aînée. La cité de Londres conservera ses antiques libertés et toutes ses libres coutumes, tant sur terre que sur eau. En outre, nous voulons et accordons que les autres cités, bourgs et ports, sans exception, jouissent de leurs libertés et libres coutumes. Et, pour avoir le commun conseil du royaume, en vue d’établir une aide en dehors des trois cas susdits, nous ferons convoquer les archevêques, évêques, abbés, comtes et grands barons au moyen de lettres scellées de notre sceau ; et, en outre, nous ferons convoquer d’une manière générale, par l’intermédiaire de nos vicomtes et de nos baillis, tous nos vassaux directs pour un jour fixé, à savoir d’avec délai d’au moins quarante jours, et en un lieu déterminé ; et dans toutes nos lettres nous donnerons le motif de la convocation. Aucun homme libre ne sera arrêté, emprisonné ou privé de ses biens, ou mis hors la loi, ou exilé, ou lésé de quelque façon que ce soit, sauf en vertu d’un jugement légal de ses pairs, conformément à la loi du pays.

[8] Surveillants de la Grande Charte d'Angleterre.

[9] Jean sans Terre.

[10] Histoire des rois d'Angleterre et des ducs de Normandie.

[11] Innocent III élu à l’unanimité le jour de la mort de Célestin III (8 janvier 1198) mourut le 16 juillet 1216.

[12] Fils de Philippe II Auguste et d’Isabelle de Hainaut, Louis, né en 1187, devint roi de France (Louis VIII le Lion) le 14 juillet 1223 (sacré le 6 août) et mourut, au château de Montpensier, le 8 novembre 1226. C’est le père de saint Louis qui lui succéda.

[13] Henri II Plantagenêt (mort en 1189) avait eu de son épouse, Aliénor d’Aquitaine, cinq enfants : Henri (mort en 1183), Geoffroy, duc de Bretagne (mort en 1186), Richard Cœur de Lion (mort en 1199), Jean Sans Terre (mort en 1216) dont descendent les rois d’Angleterre, et Aliénor qui épousa le roi Alphonse VIII de Castille (mort en 1214) dont elle eut Blanche, femme de Louis VIII (mort en 1226) et mère de saint Louis (mort en 1270).

[14] Arthur I°, duc de Bretagne, (1187-1203), fils posthume de Geoffroy II le Beau, duc de Bretagne (troisième fils d’Henri II Plantagenêt) et de Constance (fille de Conan IV, duc de Bretagne), il disputa le trône d’Angleterre à son oncle, Jean Sans Terre, qui le fit emprisonner à Rouen et le fit peut-être noyer.

[15] Mort le 16 juillet 1216.

[16] Elu à l’unanimité (18 juillet 1216) deux jours après la mort d’Innocent III, il mourut le 18 mars 1227. Il fit pression sur la France pour qu’elle renonçât à l’invasion de l’Angleterre et aida Henri III, fils mineur de Jean Sans Terre, à obtenir la couronne anglaise qu’il porta de 1216 à 1272.

[17] Né en 1207, mort en 1272.

[18] Jacques Guala de Bicchieri (1150-1227), chanoine régulier de Pavie, cardinal diacre au titre de Santa Maria in Porticu (1204) puis cardinal prêtre au titre de Saint-Martin (1211), fut légat pontifical en France (1208-1209), en Ombrie (1210), puis de nouveau en France (1216) et en Angleterre (1216). Il fulmina l’excommunication contre le prince Louis et Jean Sans Terre lui confia son fils Henri à qui il conquit la couronne anglaise en excommuniant à tour de bras.

[19] Le prince Louis mit le siège devant Toulouse le 14 juin 1219 jusqu’au 1° août suivant : Ramond VI de Toulouse avait battu les Français à Basiège, en Lauraguais, et son fils, de 1219 à 1221, reprenait les pays perdus.

[20] Elu le 20 février 1878, mort le 20 juillet 1903, Léon XIII eut un souci tout particulier pour la conversion de l’Angleterre (lettre Ad Anglos du 14 avril 1895).

[21] Archevêque de Westminster de 1892 à 1903, il succède à Newman ; le cardinal Vaughan édifia la cathédrale de Westminster qui fut inaugurée à Noël 1903.

[22] Marie de Lorraine, nommée par le Roi abbesse de Chelles en 1579, le resta jusqu’à sa mort en 1627.

[23] Plus connu sous le nom de Gabriel de Sainte-Marie, Willam Gifford, né en 1554 dans le Hampshire, réfugié à Louvain, puis en France, fut envoyé à Rome où il fut ordonné prêtre (1582). Théologien et prédicateur célèbre, il fut pendant onze ans doyen du chapitre Saint-Pierre de Lille (1595-1606) et entra chez les Bénédictins anglais (1608). Collaborateur du cardinal de Guise, archevêque de Reims, à partir de 1616, il fut nommé évêque in partibus d’Arcadiopolis (1617) et administrateur apostolique de Reims dont il devint archevêque (1623). Il mourut en 1629.

[24] Fille d’Henri IV et de Catherine de Médicis, née en 1606, morte en 1663, femme de Victor-Amédée I° (né en 1587, mort en 1637), duc de Savoie (1630).

[25] Née à Paris le 27 mars 1662, filleule de Louis XIV et de la reine d’Angleterre (baptisée le 21 mai 1662 dans la chapelle du Palais-Royal), elle épousera le roi Charles II d’Espagne (1679) et mourra à Madrid le 12 février 1689.

[26] Ses entrailles furent partagées entre l’église de Saint-Germain-en-Laye et le collège anglais de Saint-Omer, son cerveau fut remis au collège des Ecossais, son cœur fut donné aux Filles de Sainte-Marie de Chaillot et un de ses bras fut confié aux Augustines, la plus ancienne communauté anglaise de Paris. Il ne reste que les entrailles de Saint-Germain-en-Laye, déposées dans le mausolée construit par le prince-régent de Grande-Bretagne (1818) et que fut restaurer la reine Victoria (1857).

[27] Alors qu’il était encore en Angleterre, Jacques II fit venir quelques uns de ces moines à Saint-James, pour desservir la chapelle de sa femme, Marie-Béatrix d’Este. Chassé de son trône par son gendre, Guillaume III d’Orange, il fut accueilli par Louis XIV à Saint-Germain-en-Laye et consacra la presque totalité de la pension que la France lui accordait en faveur du couvent qu’il visitait souvent et où il faisait des retraites spirituelles.

[28] On dit que le corps du Roi ne fut pas profané et qu’il fut inhumé dans un endroit qui reste ignoré, malgré les recherches faites en 1840 par ordre du roi Georges IV d’Angleterre.

[29] C’est là que furent enfermés l’astronome Cassini, Mme. de Tourzel et sa fille, la femme de Beaumarchais et celle de La Bourdonnaie.

 

 

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