Madame Acarie
(1566-1618)

Sa vie et sa spiritualité

1-La jeunesse de Barbe Avrillot

Le 1er février 1566 naissait Barbe Avrillot. Son père, Nicolas Avrillot, appartenait à la noblesse de robe. Il était chancelier de la reine de Navarre, seigneur de Champlâtreux (près de Luzarches), maître en la chambre des Comptes à Paris, et fort riche. La famille de sa mère, Marguerite Lottin, appartenait aussi à la noblesse de robe.

Les enfants de Nicolas et de Marguerite mouraient tous dès leur naissance. Aussi, quelques jours avant d’accoucher de Barbe, Marguerite, désirant une descendance, fit-elle à la Vierge Marie, si l’enfant était vivant, le vœu de l’habiller de blanc jusqu’à l’âge de sept ans. Barbe vint au monde; elle était bien vivante; elle fut habillée de blanc, et offerte à Notre-Dame de Liesse, près de Laon.

Barbe fut donc une petite fille très désirée, vouée à la Sainte Vierge dès sa naissance, et très choyée. Deux ou trois ans plus tard, un étrange événement se produisit: Madame Avrillot avait emmené sa fille, avec elle, au couvent des Chartreux, à Paris. Le même jour, un jeune garçon d’environ neuf ans, Jacques Gallemant, s’y trouvait aussi. Dans une vision très fugace, ce jeune garçon “reçut de grandes lumières de connaissance sur la future sainteté de la petite fille”, et en même temps, il reçut également l’ordre “qu’il la devait servir.” Malheureusement Jacques ne connaissait pas la petite fille et la perdit rapidement de vue. Pendant longtemps il ne sut que faire...

Vingt ans passèrent. Jacques était devenu prêtre et docteur en théologie à Sorbonne. Barbe, qui avait 22 ans était inquiète à cause de ses extases qui se multipliaient. Elle désirait rencontrer “un homme conduit par l’esprit de Dieu, qui pourrait l’éclairer.“ Or, un dimanche, Monsieur Gallemant, Jacques, vint prêcher à la paroisse Saint Gervais, à Paris, paroisse qui était celle de Barbe Acarie. Une voix intérieure lui fit savoir que ce prêtre était l’homme qui lui “enseignerait la vérité de ses voies.” Barbe et Jacques se rencontraient enfin.

En 1577, Barbe, âgée de onze ans avait été mise en pension au monastère de l’Humilité de Notre-Dame de l’Ordre de Sainte Claire, à Longchamp. À l’àge de quatorze ans, Barbe qui pourtant désirait devenir religieuse, dut quitter la monastère, ses parents ayant décidé de la marier. Commença alors une longue période de douloureux conflits entre Barbe et sa mère. Mais bientôt Barbe sera mariée, malgré elle, à Pierre Acarie, qui, de son côté, aurait désiré devenir prêtre...

2-La femme

2-1-Madame Acarie: la jeune femme

Barbe a seize ans, et Pierre, vingt et un. Le couple s’installe dans l’hôtel Acarie, à Paris, rue des Juifs, sur la paroisse Saint Gervais. Dorénavant Barbe doit se soumettre à la vie mondaine et opulente de son milieu. Bientôt elle devient “La Belle Acarie”. Monsieur Acarie ne voulant s’occuper que des affaires de sa profession, toute la charge domestique sera assumée par Barbe qui, en plus, collaborera aux activités de son mari, et devenant ainsi experte en matière de gestion des biens.

2-2-La maman

Des enfants naissent rapidement dans le jeune couple: ce sont successivement, de 1584 à 1592, soit huit ans: Nicolas, Marie, Pierre, Jean, Marguerite et Geneviève.

Barbe s’occupe elle-même de ses enfants, avec grande douceur et affection maternelle, tout en se faisant aider par sa jeune servante et complice de toujours: Andrée Levoix. L’éducation des enfants est très stricte: placer Dieu au-dessus de tout, car seul Dieu apporte le bonheur; prier; ne jamais mentir; obéir immédiatement et sans réticence; accepter d’un cœur égal les décisions de maman; demeurer humble; ne jamais rester oisif; abandonner ses propres volontés; accepter les mortifications.

Barbe donne l’exemple et continue à prier beaucoup, soit seule, soit avec Andrée, ou son mari. Les intentions de prière ne manquent pas à cette époque, et les engagements de la famille, auront, bientôt, des répercussions douloureuses.

Une petite remarque préliminaire s’impose:

Les dénominations: Barbe Avrillot, Madame ou Mademoiselle Barbe Acarie, Marie, ou Sœur Marie de l’Incarnation désignent la même personne.

3-Une succession d’épreuves

3-1-Les engagements de la famille de Barbe

La huitième guerre de religion éclata en 1585. Pour les catholiques de l’époque, le grand mal à combattre était le protestantisme dont les principaux adversaires se regroupèrent au sein de la Ligue. La famille de Barbe était très impliquée dans la Ligue: son père, Nicolas Avrillot, était ligueur. Le père de Pierre Acarie était ligueur, et son fils, Pierre l’était aussi, et très engagé. De son côté, Barbe s’attachait à travailler à la conversion des hérétiques.

3-2-La conversion de Madame Acarie

Nous sommes en 1588. Pendant ses temps libres, Barbe lisait tout ce qui lui tombait sous la main. Pierre, son mari, ne supportant pas ses lectures profanes qui auraient pu “éteindre tout à fait sa dévotion”, les remplaça par des livres spirituels.” Ce fut l’occasion d’un déclic qui transforma toute la vie de Barbe. Un jour Pierre lui apporta un livre que son directeur spirituel, Mr Roussel, venait de lui prêter. Incidemment, Barbe lut la sentence: “Trop est avare à qui Dieu ne suffit.” Ce fut pour elle la lumière qui transforma toute sa vie.

Jeanne L’Espervier (née vers 1652), une amie qui fut souvent reçue dans la famille Acarie, témoigne: “Cette sentence toucha si fort au cœur la dite demoiselle qu’elle commença dès l’instant à mépriser l’affection des choses mondaines et continue depuis...” Le grand juriste, Michel de Marillac, qui avait connu Pierre Acarie au collège de Navarre, rencontrait souvent la famille Acarie. Il emploiera des termes comparables à ceux de Jeanne L’Espervier pour affirmer le mépris des choses mondaines qui animait Barbe Acarie.

La lecture de la sentence conduisit Barbe Acarie à croire réellement que Dieu seul, non seulement suffit, mais comble. Une grâce extraordinaire d’oraison envahit son âme à tel point qu’elle dut se faire violence “pour se divertir de Dieu aux choses de la vie pour le service du même Dieu...”

Mais Barbe est mariée. Certes Pierre est très pieux, et Barbe est sûre que son mari la suivra. Mais Pierre est épouvanté: il voudrait bien suivre sa femme, mais il hésite à révolutionner sa propre vie. Il ne suivra Barbe que lentement...

Les époux Acarie s’aimaient beaucoup. Après un certain temps de recherche, Barbe s’engagea à obéir toujours à mari. Désormais, quand il y aura opposition entre ce que Barbe pressentait de la volonté de Dieu et de celle de Pierre, c’est à Pierre qu’elle obéira. Le Père André Duval précise: “C’était Pierre qui prescrivait la mesure et les distributions d’aumônes et qui indiquait les heures qu’elle pouvait consacrer à la prière ou à la messe. Elle dépendait donc tout entière des volontés de Monsieur Acarie.”

3-3-L’avenir des enfants

Les trois filles de Barbe Acarie entreront au carmel. Marguerite reçut l’habit le 15 septembre 1605 et Geneviève le 24 juin 1607. Marie ne prit l’habit que le 23 mars 1608.

Et les garçons?

Nicolas fit des études de droit puis se maria avec Marie d’Huguenat dont il eut deux enfants qui moururent jeunes. Pierre devint prêtre. Jean, prieur commandataire du prieuré du Mesnil (près de l’Isle Adam) fut également ordonné prêtre. Il mourut en 1645.

3-4-L’entrée de Barbe Acarie au Carmel

Barbe Acarie était très malade, très handicapée physiquement: elle pouvait à peine marcher, et souffrait un véritable martyre avec ses extases et ses stigmates, sans compter ses maux d’estomac, ses migraines, ses inflammations aux poumons, et sa jambe plusieurs fois cassée... Son corps était tout disloqué, usé... En 1610, Barbe avait failli mourir, mais ce fut Pierre Acarie, son mari qui décéda le 17 novembre 1613.

Dès lors tout ira très vite pour Barbe Acarie. Elle règla la succession de Pierre; elle allait pouvoir enfin être religieuse... Les circonstances de sa décision sont racontées par la carmélite, Mère Agnès de Jésus: “Un jour, pendant sa dernière maladie, ne pensant point à ce qu’elle disait, en parlant de Saint Nicolas (de Port en Lorraine, où elle était allée en 1602), elle dit: ‘Le bon saint, çà été sur son tombeau que j’ai eu ma vocation religieuse, et religieuse de cet ordre et sœur laie. Comme j’étais en sa chapelle, mon esprit fut emporté... et Dieu me fit voir qu’il voulait que je fusse religieuse et en cet ordre et sœur laie. Notre mère Thérèse intervint aussi... Elle (Barbe) dit qu’elle combattit fort avant que de se rendre à ce que Dieu voulait, à cause qu’elle ne désirait pas être sœur laie, pour ce qu’elle aimait fort le chant et les cérémonies du chœur, et les avait toujours aimées, et encore pour quelques autres raisons qu’elle dit qu’elle avait eues en l’esprit. Et, à ce qu’elle dit, ses raisons la firent fort combattre mais qu’enfin Dieu la força de se rendre et d’en faire le vœu. Ce qu’elle fit avant que de partir de la place.”

Pendant onze ans, Barbe continuera sa vie avec son mari, amoureusement, gardant cependant au fond de son cœur, le secret de la connaissance de son avenir.

Pourtant, fin 1613, Barbe croit son rêve irréalisable: parce qu’elle est indigne d’être carmélite, parce qu’elle est en trop mauvaise santé et qu’elle serait une charge pour ses sœurs... Pourtant, le mercredi des Cendres 1614, Madame Acarie quittait Paris en litière parce que la douleur qu’elle ressentait à la jambe était telle qu’elle n’eût pu supporter le mouvement du carrosse sans tomber.”

Elle arriva au carmel d’Amiens le samedi suivant, 15 février 1614, et reçut le nom de sœur Marie de L’Incarnation.

3-5-La carmélite

La veille de son départ pour le Carmel d’Amiens, Barbe rencontra Sœur Marie de Jésus (de Tudert) carmélite à Paris. Cette dernière écrivit: “Lorsqu’elle fut sur son départ pour aller à Amiens, elle vint me dire à Dieu (sic), se fondant en larmes de consolation et de reconnaissance de ce que Dieu lui accordait ce qu’elle avait toujours si ardemment désiré d’être servante des servantes de Dieu... Elle m’a dit qu’elle s’en allait en religion pour y apprendre, et que toutes les vertus que l’on pratique dans le monde ne sont que l’ombre de la vertu en regard de ce qui se fait en religion.”

En réalité, la novice qui reçoit l’habit le 7 avril 1614 était déjà une carmélite accomplie qui pratiquait toutes les vertus carmélitaines, la piété, l’humilité, l’obéissance, l’esprit de pauvreté, l’abandon à la volonté de Dieu. Le jour de sa prise d’habit, elle déclara à sa compagne de vêture: “Nous voici ma sœur en un état auquel nous sommes plus pauvres que ceux qui demandent l’aumône par les rues, parce qu’ils peuvent disposer de ce qu’ils ont. Mais cela ne nous est plus licite. Nous n’avons que ce que l’on nous donne; encore nous le peut-on ôter. Et si l’on nous l’ôtait nous n’aurions pas sujet de nous plaindre.”

Sœur Marie de l’Incarnation est affectée à la cuisine en qualité d’aide de la sœur laie chargée de ce secteur. Elle épluche les légumes, fait la vaisselle... Cependant ses extases s’allongent et se multiplient... Marie vivait de plus en plus profondément de la sentence qui la guidait depuis longtemps: “ Trop est avare à qui Dieu ne suffit.”

Les carmélites d’Amiens, qui ont conscience de la sainteté de Sœur Marie de l’Incarnation, veulent l’élire prieure. Le Père Duval, le supérieur s’y oppose formellement: Sœur Marie de l’Incarnation doit rester converse. D’ailleurs, elle se considérait elle-même “comme un crapaud bouffi d’orgueil, sans espérance de s’amender.” 

3-6-La mort de Madame Acarie

Sœur Marie de l’Incarnation eut beaucoup à souffrir durant les quatre années de sa vie au Carmel. Elle fut souvent très malade. Enfin elle s’en fut vers Celui qu’elle avait tant aimé, le 18 avril 1618. Son exemple avait grandement édifié toutes ses sœurs carmélites. 

4-Les grâces extraordinaires

4-1-Les extases

C’est vers 1590 que Barbe Acarie commença à être ravie en extase: “La violence des ravissements lui procurait des douleurs très aigües et affaiblissaient son corps rendu presque débile.” Il semble, en effet, que Dieu visitait Barbe d’une manière très douloureuse. Par ailleurs, Barbe craignait que toutes ces manifestations viennent du démon.

En conséquence:

– Barbe Acarie cache ses extases

– Sa santé s’altère. Son entourage s’affole, et les médecins s’appliquent à la saigner copieusement, elle déjà si faible...

– Barbe est épuisée, inquiète. Mais l’entourage comprend que c’est Dieu qui la visite.

Le Père André Duval témoigne :

“... Lorsqu’elle (Barbe) sentait qu’ils allaient se produire, (les ravissements) elle s’y soustrayait autant qu’il était en son pouvoir, chantant; se promenant, fléchissant les genoux, jusqu’à ce que, n’étant plus maîtresse d’elle-même, elle était submergée par les flots montants de la présence divine. Lorsqu’elle sentait qu’elle serait surprise, elle se réfugiait promptement dans un endroit plus retiré et s’asseyait...”

Petite anecdote: Madame Acarie avait une servante, Andrée, qui était avec elle depuis son enfance. Barbe et Andrée étaient si proches sur le plan spirituel qu’elles avaient parfois des extases simultanées  

4-2-Les stigmates

Barbe disait souvent: ”Dieu nous chérit plus lorsqu’il nous conduit par le chemin de la Croix que quand il nous laisse dans celui de la prospérité parce que celui de l’affliction est bien plus assuré que l’autre et que c’est celui que Notre Seigneur a consacré en sa personne.” Les souffrances de Barbe ne cesseront de croître tout au long de sa vie. Mais il semble que c’est à partir de 1593 que Barbe Acarie reçut les stigmates de la Passion de Jésus.

C’est après la mort de Barbe, en 1618, que le Père Coton, (supérieur des jésuites pour la France et confesseur de Henri IV) qui la connut pendant 15 ans, écrivit à Michel de Marillac:”... elle avait les stigmates invisibles en son corps en cette manière qu’à certaines heures, et signament (sic) les vendredis, samedis et jours de carême, elle sentait des extrêmes douleurs ès pieds, ès mains, au côté et en la tête, comme qui les aurait percés et l’aurait suspendue, secret que je n’ai dit ni révélé à personne jusqu’à maintenant...  Je voudrais bien savoir si aucun autre que moi ne vous a rien dit des stigmates. Si M. de Bérulle ne le sait, à peine aucun le saura.”

La Mère Magdelaine de Saint-Joseph affirme que le Père de Bérulle avait connaissance des stigmates de Barbe et qu’il avait même cru devoir en vérifier la réalité:

“Le Cardinal de Bérulle m’a dit qu’il était véritable que ladite sœur Marie de l’Incarnation (Barbe) avait aux mains, aux pieds et au côté les stigmates invisibles de Notre Seigneur et qu’il l’avait ainsi reconnu pour ce que ladite bienheureuse lui en avait parlé comme à celui qui gouvernait son intérieur. Il trouva à propos, pour la plus grande gloire de Dieu, d’en expérimenter la vérité, et qu’à cet effet il avait touché par plusieurs et diverses fois sur l’endroit des stigmates des mains de la bienheureuse et avait reconnu qu’elle ressentait des grandes douleurs par ces attouchements.”

Le Père André Duval précise: “Bien que durant sa vie... ceux qui la fréquentaient habituellement, même ses domestiques, n’en aient rien connu, cependant on en remarque des indices fort apparents dans les récits qu’ils ont fait d’elle après sa mort. Ainsi pour les mains, ils certifient qu’elles les avait si affaiblies à certaines époques qu’elle n’eût pu porter la moindre chose sans la laisser tomber. Il semblait quelquefois qu’elles fussent paralysées, car elle ne pouvait les porter à sa tête, ni même les mouvoir de façon naturelle; et quelquefois elle ne pouvait faire le signe de la croix sur son front tant elles étaient faibles ou remplies de douleur...”

Et le Père André Duval de confirmer: “Nous concluons qu’en ces jours-là, Marie (Mme Acarie) était pour ainsi dire fixée à la croix du Christ, et qu’elle a subi, à sa manière, dans ses mains, dans ses pieds, dans son côté, dans sa tête, les douleurs du Christ.”

Ces jours-là, elle mangeait peu, et parlait très peu. Curieusement selon le témoignage de la sœur converse qui s’occupait d’elle au carmel, Marguerite de Saint-Joseph, “ces maux-là s’en allaient comme ils étaient venus.” Barbe Acarie semble avoir porté ces stigmates pendant vingt ans.

5-La grande épreuve de 1594

5-1-Les faits

Bientôt, outre les très dures ascèses qu’elle s’imposait et les douleurs provoquées par ses extases et ses stigmates, Barbe Acarie va devoir supporter l’abandon, la ruine et le rejet.

Nous sommes en 1594. Depuis le 1er août 1589, Henri de Navarre est devenu Henri IV, le roi de France. La Ligue catholique le récuse. C’est la guerre civile. Las! Pierre Acarie finance l’activité militaire de la Ligue. Il est même l’un des seize dirigeants de la Ligue parisienne. Pierre va être exilé: il se réfugiera chez les chartreux, à Bourgfontaine, près de Villers-Cotterets, non loin de Soissons. La situation matérielle de Barbe et de sa famille devient extrêmement précaire, et ses proches l’abandonnent...

Les créanciers se pressent pour réclamer leur dû: en effet, Pierre, pour financer la Ligue et aider de nombreux ecclésiastiques et religieux, avait contracté une douzaine d’emprunts: au total 30 000 écus. (soit environ 2 300 000 euros) Conséquence: les huissiers saisissent tout ce qui peut-être vendu, y compris l’hôtel de la rue des Juifs, (l’habitation de la famille Acarie) et le reste du patrimoine... Barbe met ses enfants à l’abri et, accompagnée d’Andrée Levoix, sa sainte servante, et d’un petit laquais, se réfugie chez une parente, Madame de Dieu-Verger, mère de Pierre de Bérulle.

Pierre Acarie pourra bientôt se retirer à Luzarches où Barbe pourra le visiter. C’est au retour d’une de ces visites que Barbe, en 1596,  toute perdue en Dieu, tombe de cheval et se casse le fémur en trois endroits. Au prix d’atroces souffrances, le fémur est à peu près remis en place, mais le lendemain, constatant que le travail était mal fait, le spécialiste recommence l’opération... en oubliant d’ajuster un petit os de la hanche, ce qui provoquera les nombreux déboîtements dont Barbe souffrira plus tard. Barbe restera alitée pendant quatre mois.

L’année suivante, Barbe glisse sur une marche et se casse à nouveau le fémur. On est en 1598. Le fémur se casse de nouveau, et Barbe rentrera à Paris sur un brancard: elle restera dès lors très handicapée et ne marchera plus qu’appuyée sur des béquilles, et en souffrant beaucoup. Heureusement Pierre Acarie pourra bientôt rejoindre sa femme. Mais n’ayant plus sa charge de conseiller (qui avait dû être vendue), la vie matérielle sera difficile.

En résumé :

– Pierre Acarie est banni, son bien est saisi...

Or sa famille n’avait agi que pour défendre la foi catholique et lutter contre l’hérésie protestante. Alors Barbe se tourne vers la Providence. Les deux époux sont de plus en plus unis à Dieu. Depuis 1593 Barbe vit dans la souffrance; elle est même associée aux souffrances du Christ. Pour Barbe, cette succession d’événements dramatiques: perte des biens, expulsion de son domicile, mendicité, avanies de toutes sortes, chute de cheval... furent des occasions de se détacher des choses de la terre, de s’humilier, de faire davantage la volonté de Dieu. Cette période fut pour Barbe Acarie, ce qu’elle appela “un autre siècle d’or.”

5-2-Pourquoi tant de souffrances ?

La vie de Barbe Acarie a été ponctuée de très grandes souffrances:

– les brimades de sa mère s’opposant à sa vocation religieuse,

– le bannissement de son mari et la perte de ses biens,

– les cassures et les déboîtements de son fémur, et les opérations horriblement douloureuses qui les accompagnaient,

– les nombreuses maladies,

– les extases douloureuses et les stigmates.

Pourquoi tant de souffrances ? C’est que l’intimité de Barbe avec Dieu, qui la faisait pénétrer toujours davantage dans la Passion de Jésus, la poussait à désirer et à partager ses douleurs. En réalité, c’est Jésus qui, continuant sa Passion, venait souffrir en elle.

6-Les œuvres de Barbe Acarie

À cette époque, après les méfaits de la Guerre de Trente ans, et les guerres de religion, la France se trouvait dans un état pitoyable, tant sur le plan matériel que sur le plan religieux. La piété avait disparu; en France, les décrets du Concile de Trente (achevé en 1563) n’étaient toujours pas enregistrés par le Parlement, et n’étaient donc pas mis en application. Par ailleurs les couvents avaient un urgent besoin d’être réformés...

On a dit que la mission principale de Madame Acarie avait été de restaurer la piété en France. Mission terrible, car Madame Acarie souffrait de deux handicaps qui ne pouvaient qu’entraver ses désirs:

– c’était une femme, et à cette époque, les femmes étaient considérées comme des inférieures.

– c’était une laïque, et le seul rôle des laîcs, c’était de servir les religieux en leurs né– cessités.

Barbe Acarie, femme mariée, mère de six enfants, n’avait donc aucune chance de pouvoir jouer un rôle dans l’Église de son époque.

Et pourtant! On sait que la plupart des grandes figures religieuses de cette époque ont fréquenté le salon de Madame Acarie. On peut citer, parmi tant d’autres: Vincent de Paul, Pierre de Bérulle, le cardinal Barberini, nonce à Paris et futur pape Unbain VIII, et de très nombreux autres prélats.

6-1-En faveur des prostituées

Très vite Madame Acarie comprit la nécessité de venir en aide aux pauvres filles publiques. Barbe estimait que ce serait un grand bien que d‘avoir une maison pour “retirer les filles et femmes débauchées. Quand on empêcherait d’offenser Dieu que pour une nuit, ce serait toujours un grand bien.” C’est dans l’hôtel Acarie que Barbe accueillit d’abord les prostituées, mais cet accueil ne pouvait être que temporaire. Les dépenses qu’il fallut engager furent considérables car, à elle seule, Barbe Acarie se comportait comme une véritable “association de bienfaisance.”

6-2-La réforme de plusieurs monastères.

On voyait également Madame Acarie soignant les blessés dans les hôpitaux, et cela bien avant qu’elle n’eût reçu la sentence qui transformera sa vie: “Trop est avare à qui Dieu ne suffit!”. Elle aidait aussi les congrégations à se réformer. Dans les couvents qui souhaitaient se réformer, elle ne venait pas apporter la révolution, mais prônait seulement le retour aux sources: “Elle faisait, écrit le Père Coton, grand état de l’esprit primitif des ordres religieux et disait qu’il ne les fallait jamais changer.” Madame Acarie aida également Jacques Gallemant lors de la fondation de ses petites congrégations de dames séculières à Aumale et à Pontoise.

6-3-L’introduction du Carmel en France

Barbe Acarie connaissait Thérèse d’Avila par sa vie et ses œuvres qui venaient d’être traduites en français. (début 1601) Cependant, elle manifestait une certaine réticence à son égard à cause des récits de ses extases. Cela lui semblait être un manque de réserve.

En 1621, après la mort de Barbe Acarie, le Père André Duval, dans ses documents préparatoires au procès de béatification, rapporte: “La bienheureuse Thérèse apparut visiblement à Madame Acarie, et l’avertit que telle était la volonté de Dieu: ‘De même que j’ai enrichi l’Espagne de cet Ordre très célèbre, (le Carmel réformé) de même, toi qui restaures la piété en France, tâche de faire bénéficier ce pays (la France) du même bienfait.’ Cette vision, poursuit le Père Duval, resta toujours présente à son esprit, (celui de Barbe Acarie) et fortement gravée au plus profond de son cœur; elle en gardait évidemment le secret, mais à la fin, elle fut forcée, malgré elle, de s’en ouvrir au R.P. Beaucousin son directeur, et de la confier à son examen, à son conseil et à ses prières.”

Le R.P. Beaucousin consulta de nombreux savants et conseillers, dont Mr Gallemant. Après une longue étude, à l’unanimité, il fut demandé à Barbe Acarie d’abandonner ce dessein. Barbe obéit... Sept ou huit mois plus tard, Thérèse apparut de nouveau à Barbe et lui ordonna de remettre son ancien projet en consultation. Les mêmes conseillers se réunirent avec François de Sales qui était alors présent à Paris. Non seulement le projet fut approuvé, mais il fut décidé que le premier carmel réformé français serait établi à Paris. Michel de Marillac affirme: “Ladite demoiselle (Barbe Acarie) s’y trouvait avec eux, parce que c’était elle qui conduisait la barque.” Grâce à Catherine d’Orléans, duchesse de Longueville et cousine de Henri IV, l’accord du roi de France fut vite obtenu.

Dès lors, la duchesse de Longueville engagea tout son crédit pour cette œuvre dont elle deviendra la fondatrice et la première prieure. Michel de Marillac se fit l’adjoint de Madame Acarie pour la construction du premier Carmel parisien, situé en haut du faubourg Saint Jacques. Rapidement ce fut Barbe elle-même qui assura en permanence la surveillance du chantier.

Nous sommes en 1602. Rome avait donné son accord, les travaux avançaient; il s’agissait maintenant de demander quelques carmélites espagnoles afin d’établir l’esprit de Thérèse. Des émissaires furent envoyées mais elles ne purent rien obtenir. Finalement c’est le Père de Bérulle qui reprit la négociation en 1603. Les difficultés furent innombrables... Enfin, Bérulle obtint l’obédience pour six religieuses espagnoles, qui arrivèrent à Paris le 15 octobre 1605:

– La Mère Anne de Jésus,

– La Mère Isabelle des Anges

– La Mère Isabelle de Saint-Paul

– Sœur Éléonore de Saint Bernard

– Sœur Béatrix de la conception et

– Sœur Anne de Saint-Barthélémy.

L’esprit de Thérèse pourra être convenablement transmis.

Il convient de noter ici que celui qui deviendra le cardinal de Bérulle avait été très proche de Barbe Acarie pendant plus de trente ans. Il avait fréquenté assidûment l’hôtel Acarie avant son ordination en 1599. Il fut l’un des trois directeurs du Carmel de France, et il en deviendra le visiteur.

Où trouver les futures carmélites françaises? Madame Acarie avait regroupé des jeunes femmes, célibataires ou veuves, qui voulaient devenir religieuses. Elle put ainsi étudier soigneusement, et choisir, celles qui conviendraient. Elle donna au Père de Bérulle les conseils suivants:

“Il est nécessaire que les âmes que vous choisirez soient accompagnées de vraies et solides vertus: à quoi j’aurais plus d’égard que si elles excellaient en quelque grâce ou don de Dieu fort particulier ou extraordinaire... Faites choix d’esprits où reluise particulièrement cette vertu de charité, qui n’est jamais sans la vraie lumière; des cœurs pleins d’amour; des âmes grandement compatissantes aux besoins de leur prochain... Que vous ayez grand égard à voir et à vous informer de celles que vous désirez emmener, si elles ont vraiment cette vertu de charité: car sans celle-là je ne ferai état des autres. Pardonnez-moi ce que je vous en mande.“

Parmi les postulantes, il faut citer les trois filles de Barbe Acarie, ainsi qu’Andrée Levoix. Andrée Levoix, la fidèle et sainte servante que les parents de Barbe lui avaient donnée à sa sortie du monastère des Clarisses de Longchamp, à l’âge de 14 ans, fut la première française admise dans le premier Carmel réformé de France, en 1604. Andrée Levoix mourut cinq mois après son entrée au Carmel et apparut à sa maîtresse, dans la gloire, le lendemain de sa mort.

Un second carmel fut ouvert le 15 janvier 1605, à Pontoise. D’autres suivront rapidement en province.

6-4-Ultimes missions

Barbe Acarie était très au courant de l’état religieux de la France. Pour y remédier, elle invita fortement Pierre de Bérulle à fonder l’Oratoire de France. Par ailleurs, elle était très consciente de l’urgence qu’il y avait à généraliser l’éducation chrétienne en France. Vers 1606-1607, Barbe conçut le projet d’un Ordre de femmes consacrées à l’enseignement des filles. Ainsi sera créée, à Paris, une petite congrégation d’Ursulines. Une supplique fut adressée au pape pour que la Congrégation des Ursulines soit transformée en Ordre religieux, avec des vœux solennels, ce qui fut réalisé vers septembre 1612.

7-En route vers la sainteté

7-1-Les vertus de Barbe Acarie

La contemplation des merveilles de la création de Dieu, et en particulier de l’homme: la merveille des merveilles, conduisit Barbe Acarie à une profonde humilité et à une absence totale de jugement défavorable à autrui. Tous ceux qui ont approché Madame Acarie ont été frappés par ce qui a certainement été sa principale vertu: “Elle eut de son néant, dit le Père Duval, une vue aussi profonde et aussi claire que le peut avoir un esprit humain, car son opinion sur elle-même était non seulement empreinte de modestie, mais basse, mais mauvaise.” Totalement entre les mains de Dieu, elle s’estimait méprisable, et elle méprisait son incurie. Plus elle entrait dans l’intimité de Dieu, plus elle se sentait minuscule.

Le Père Duval, rapporte des paroles de Barbe: “Elle disait que l’humilité était un abîme en profondeur, parce qu’on ne peut pas aller jusqu’au fond de son néant... Nous ne sommes que ce que nous sommes devant Dieu.”

Une carmélite, Mère Françoise de Jésus appelée à témoigner à son procès de béatification précise: “Considérant l’humilité de Notre Seigneur en la Croix, elle disait, tout ardente du désir de s’unir à Dieu ainsi humilié: ‘Serait-il bien possible que nous n’embrassions pas le mépris voyant Dieu réduit à telle extrêmité. Si j’avais quelque chose à demander à Dieu en terre, ce serait qu’Il me fît la grâce de cheminer par la voie du mépris du Fils de Dieu, d’être vile à mes yeux et aux yeux d’autrui.’”

Barbe disait encore: “Dieu se fait homme dans un inconcevable geste d’humilité. Homme il s’humilie encore jusqu’à l’abjection de la Croix; il est fixé, bien haut sur celle-ci, sur le lieu surélevé appelé Calvaire, tout près de la grande ville de Jérusalem, bien en vue; et ainsi exposé comme un bandit, il est réduit à l’extrémité. Moi, Barbe, simple humain, je ne vais quand même pas avoir meilleure apparence que Jésus en croix; puissé-je être vile à mes yeux et aux yeux d’autrui pour être en harmonie avec Dieu-Fils-Crucifié.”

Ce raisonnement est sans faille. Il rejoint le désir de Barbe de faire toujours la volonté de Dieu, même dans ses aspects les plus douloureux: “Dieu suffit, Dieu seul compte, moi, Barbe, je ne dois pas avoir de volonté propre, ne pas paraître, ou plus exactement, passer inaperçue, surtout ne pas faire écran entre Dieu et les personnes qui m’entourent, surtout ne pas personnellement capter leur attention, mais faciliter et même provoquer leur dévotion.” Barbe est déjà une moniale au milieu du monde.

7-2-La vie de prière

Comment Madame Acarie prie-t-elle ?

Barbe commence par un acte d’humilité et de confiance, et d’action  de grâce pour les bienfaits déjà reçus. Elle renouvelle ensuite l’acte d’offrande de sa vie, accepte les épreuves, et exprime le regret de ses fautes. Enfin, elle “sollicite la grâce de Dieu et son Eucharistie.” Barbe énumère ensuite toutes ses intentions, pour elle-même et pour autrui, avant de rendre grâce à Jésus pour sa charité. Toutefois, il faut signaler que Barbe Acarie avait également une grande dévotion au mystère de l’Incarnation

Barbe se heurta, comme tous les mystiques, à de nombreuses difficultés dans sa prière, et elle nous avertit: “Bien faire oraison ne gît point à avoir beaucoup de consolations... Souvent une âme qui aura fidèlement et avec douceur d’esprit combattu ses pensées et distractions, qui entrera par là en la véritable connaissance et croyance du néant qu’elle est devant Dieu, et de sa misère, sortira avec plus de fruit et d’humilité de l’oraison.” Madame Acarie écrira à son cousin, Pierre de Bérulle, l’un des supérieurs du Carmel de France: “Pour l’oraison, je la fais souvent avec une si grande nonchalance que c’est pitié. Mon indévotion m’en fait quelquefois retirer, sous prétexte de révérence ou de charité.”

7-3-La charité de Barbe Acarie

À la fin du XVIe siècle, la misère est immense en France. Les guerres de religion ont tué, ravagé, blessé, et incendié les cultures. La famine rôde sans cesse et n’épargne personne; les épidémies frappent toujours, et la peste est omniprésente. En 1589, Barbe Acarie se consacre au soin des pauvres et des blessés, spécialement à l’hôpital Saint Gervais. Barbe était vraiment le refuge et la consolation de tous les affligés. Mère Marie de Jésus, c’est-à-dire Marie, l’aînée des filles de Madame Acarie, affirmera: “Je ne l’ai jamais vue (Barbe Acarie)s’exempter d’aucune action de charité... Elle embrassait tout, se chargeait de tout pour satisfaire et contenter tout le monde, voyant Notre Seigneur également en tous ceux qui recouraient à elle.”

C’est que, pour Barbe, la charité est la plus grande des vertus, c’est une composante obligatoire de la piété. La piété, c’est la prière et la charité.

8-La béatification de Sœur Marie de l’Incarnation

Immédiatement après la mort de Sœur Marie de l’Incarnation, le 18 avril 1618, une suave odeur se répandit dans tout le couvent. Dehors, la foule se pressait ne criant: “La sainte est morte!”

En 1621, André Duval édite la vie de Sœur Marie de l’Incarnation. En 1622, à la demande de Pierre Acarie (fils), l’archevêque de Pontoise lance une enquête locale: de nombreux témoins sont entendus. Les choses avancent très vite, et un énorme dossier est constitué. Ce dossier doit être remis à la Congrégation des Rites.

Las! le dossier est perdu... Il ne sera retrouvé que cent quarante sept ans plus tard, en 1781.

Madame Louise, fille de Louis XV était entrée au carmel en 1774, et était devenue prieure du Carmel de Saint-Denis. Elle intervint vigoureusement pour faire aboutir la cause de béatification de sœur Marie de l’Incarnation. Désormais tout va aller très vite: le dimanche de Pâques 24 avril 1791, le décret de la Congrégation des rites est signé; le dimanche 5 juin 1791, Sœur Marie de l’Incarnation, Barbe Acarie-Avrillot, est déclarée bienheureuse.

Remarquons bien la date: 5 juin 1791. La France vit la Révolution. L’Église est attaquée par la Constitution civile du clergé. Le Seigneur a beaucoup d‘humour...

Parmi les motifs de la béatification de sœur Marie de l’Incarnation, on peut lire: “Marie de l’Incarnation  a toujours fait une grande estime de l’autorité que Dieu a donnée à son Église... Elle respectait les évêques comme des anges envoyés du ciel, alors qu’en France, sa patrie, la discipline est renversée de fond en comble, que son régime est soumis au civil sous lequel il est comme en esclavage, que les droits sacrés de l’épiscopat sont enchaînés, que les pasteurs sont chassés de leurs sièges.

En présentant à ses compatriote égarés l’exemple des vertus de Madame Acarie, ils pourront revenir de leurs égarements.

Il nous est donc permis d’espérer de la bonté de Dieu que, proposant aux fidèles de rendre un culte public à Marie de l’Incarnation, les français, pour l’admirer, imiteront ses vertus, et que le fruit qu’ils en recueilleront consistera en ce que la charité patriotique de cette servante de Dieu fera refleurir en France la vraie religion.”

Annexe 1

Quelques dates essentielles
de la vie de Madame Acarie

1er février 1566: naissance de Barbe Avrillot

1577 à 1580: scolarité chez les clarisses de Longchamp

Septembre 1582: mariage de Barbe Avrillot, avec Pierre Acarie

22 mars 1584: baptême de Nicolas, premier des six enfants de Pierre et de Barbe.

Deuxième moitié de 159O: première extase

22 février 1592: baptême de Geneviève, le dernier enfant

1593: les premiers stigmates

5 avril 1594: bannissement de Pierre Acarie

Juin 1596: première rupture du fémur

1601-1602: les deux messages de Thérèse d’Avila pour l’introduction en France, du Carmel réformé

15 octobre 1604: arrivée des carmélites espagnoles à Paris

28 décembre 1607: ouverture de la première école dz filles tenue par des ursulines, à Paris

17 novembre 1613: mort de Pierre Acarie

15 février 1614: entrée au carmel d’Amiens

7 décembre 1616: arrivée au carmel de Pontoise

18 avril 1618: mort de Sœur Marie de l’Incarnartion

Annexe 2

Le salon de Madame Acarie

Chez Madame Acarie, se rencontraient tous ceux qui se souciaient de réaliser en France la réforme catholique, la conversion du Clergé et des fidèles. L'on y découvre, tout d'abord, son principal collaborateur, le cardinal Pierre Bérulle qui introduisit en France avec son aide, l'ordre des Carmélites (1604).

Ce salon est également un rendez-vous de religieux comme le chartreux Dom Beaucousin, Benoît de Canfeld écrivain mystique, les capucins Ange de Joyeuse, fils d'un maréchal et frère d'un cardinal; Archange de Pembroke, d'origine anglaise comme Canfeld; et le père Joseph du Tremblay, future éminence grise de Richelieu.

C’est aussi un lieu de rencontre pour des docteurs en Sorbonne, théologiens comme André du Val et Gallement, curé d'Aumale; des clercs séculiers comme Bérulle qui, plus jeune de 10 ans que sa cousine, est déjà un directeur de conscience réputé; et François de Sales. On y trouve encore des magistrats comme les Séguier et les Marillac: l'un sera Garde des Sceaux, l'autre maréchal de France. De grandes dames influentes à la Cour, Mmes de Sainte-Beuve, de Bréauté, la princesse de Longueville, de la branche d'Orléans, fréquentent aussi le salon de Barbe Acarie. Le père jésuite Coton, confesseur du Roi, est également un fidèle de l'hôtel Acarie.

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