Remarques préliminaires
Le but de cette étude sur l’après Concile de Trente n’est pas
de faire un cours d’histoire, mais de mettre en évidence quelques-unes des
conséquences bénéfiques du Concile de Trente. Cependant, l’importance de ce
Concile pour toute l’Église du XVIIe siècle et des siècles qui
suivirent, est telle, que l’on ne peut passer sous silence, ni les graves
événements qui l’ont précédé, ni le jaillissement de sainteté qui s’ensuivit. De
ce jaillissement de sainteté naquirent des œuvres exceptionnelles dont beaucoup
subsistent encore.
Par ailleurs, les chrétiens d’aujourd’hui auraient intérêt à
redécouvrir les riches spiritualités qui permirent à tant de mystiques de
s’épanouir. En effet, seul un christianisme vraiment équilibré est capable de
faire naître des îlots de sainteté, et de résister aux hérésies qui se font
jour, comme cela arrive presque toujours pendant les périodes particulièrement
troublées. Pour la période qui nous intéresse ici, on doit citer, plus
particulièrement en France, le Gallicanisme, le Quiétisme et le Jansénisme.
Nous nous attarderons longuement sur ce que nous appelons
maintenant l’École Française de spiritualité, mais nous n’oublierons pas, dans
une deuxième étape, de présenter quelques grands noms des pays voisins, tels
Charles Borromée, Philippe Néri et Alphonse de Liguori, en Italie, ou Ignace de
Loyola en Espagne.
Depuis plusieurs siècles les peuples souhaitaient une réforme
de la discipline ecclésiastique, mais l’Église semblait sourde... En Allemagne,
la crise religieuse se compliquait en raison d’une grave crise sociale: une
révolution, annoncée par plusieurs insurrections, semblait imminente. Il
suffisait d’un prétexte pour provoquer l’explosion. Ce fut l’affaire des
indulgences qui, en 1517, fit éclater la crise.
1-1 – Martin Luther
Martin Luther naquit en 1483, à Eisleben, en Saxe. Il devint
moine au couvent des
Augustins
et professeur de théologie à l’université de Wittemberg. Pendant des années,
Luther fut tourmenté par des scrupules qui le conduisirent à l’élaboration de la
doctrine concernant la justification par la foi. La collecte de fonds,
assortie d’indulgences, prescrite par le pape Léon X, pour financer l’achèvement
de la basilique Saint-Pierre à Rome, fournit à Luther le prétexte pour s’élever
contre l’autorité du pape. En 1517, il publia ses 95 thèses, point de départ
historique de la Réforme protestante. Ces thèses se répandirent vite en
Allemagne, cristallisant les ressentiments accumulés contre les autorités de
l’Église. Condamné par le pape en 1520, Luther ne se maîtrisa plus, rejeta
l’autorité du pape puis celle de l’Église, allant jusqu’à mettre en cause
plusieurs de ses dogmes fondamentaux.
Dès lors, protégé par l’électeur de Saxe, Frédéric le Sage,
Luther inonda l’Allemagne de ses écrits. Les paysans se soulevèrent au nom de la
liberté évangélique, et l’Allemagne se couvrit de ruines. Tout fut saccagé :
couvents, châteaux, bibliothèques, etc...
Mais en 1525 l’insurrection fut noyée dans le sang, et à la
Diète de Spire (1529) Charles Quint interdit toute nouveauté en matière
de religion. Les partisans de Luther protestèrent (d’où le nom de protestants).
Les nouvelles doctrines furent réunies sous le nom de Confession d’Augsbourg
en 153O, et les princes allemands formèrent la Ligue d’Augsbourg pour
les défendre.
Luther mourut en 1546. Charles Quint, après de nombreux
épisodes sanglants fut enfin forcé d’accorder aux protestants, en 1555, la
Paix d’Augsbourg. La liberté religieuse était garantie aux protestants, mais
une clause stipulant que les princes ecclésiastiques qui se feraient protestants
devraient renoncer à leurs domaines, fut une des causes de la Guerre de Trente
ans.
1-2 – La Réforme en Scandinavie et en Suisse
Le roi danois, Christian II, dont La cruauté était
légendaire, favorisa les premiers prédicateurs luthériens. Son successeur fit de
même. Les monastères disparurent peu à peu, les évêques furent emprisonnés, la
peine de mort fut édictée contre les prêtres qui entreraient dans le royaume, et
les catholiques perdirent leurs droits politiques. La Norvège et l’Islande
suivirent le Danemark.
En Suisse, comme partout, les mœurs se dégradaient.
L’ajournement de la réforme de l’Église avait eu pour conséquence une révolution
religieuse menée par le curé de Zurich: Ulrich Zwingle. Ce dernier s’éleva
contre les indulgences, et établit le culte évangélique dépouillé à l’extrême.
(1525) La Réforme, de gré ou de force, fut étendue à la plus grande partie du
pays. Le catholicisme fut proscrit. Une guerre éclata entre catholiques et
protestants. En 1531 Zwingle fut tué, et un traité de paix proclama la parité
entre les deux religions.
1-3 – Calvin
La
ville de Genève était entrée dans la Confédération suisse en 1530. Elle
s’orienta vers la nouvelle foi, sous la direction de Calvin, qui se croyait, lui
aussi, appelé à rétablir le christianisme dans sa pureté primitive. Réfugié à
Bâle, il avait publié en 1535 L’Institution chrétienne. Appelé à Genève,
il gouverna en dictateur, faisant condamner au feu ceux qui ne partageaient pas
ses idées.
1-4 – La Réforme dans les Pays-Bas
Malgré les efforts de Charles-Quint, les calvinistes se
répandirent dans les Pays-Bas, pillèrent et profanèrent quatre cents églises.
Les maladresses de Philippe II, roi d’Espagne conduisirent le pays à se
révolter. La répression fut terrible, mais les Gueux (les révoltés) tinrent
longtemps les armées espagnoles en échec. Finalement, en 1609, l’indépendance
des Pays-Bas fut proclamée.
1-5 – La Réforme en Écosse
En Écosse, la Réforme fut prêchée par le calviniste John
Knox, aussi dur et aussi inflexible que son maître Calvin. Les nobles
embrassèrent la nouvelle religion malgré les efforts de Marie de Guise.
Finalement, ils abolirent la juridiction du pape, supprimèrent l’épiscopat et
interdirent le culte catholique, sous peine de bannissement.
1-6 – La Réforme en Angleterre
Henri VIII lutta d’abord contre Luther. Mais, en 1527,
il voulut divorcer de Catherine d’Aragon pour épouser Anne de Boleyn. Malgré le
refus du pape, il prononça lui-même son divorce et se fit proclamer chef suprême
de l’Église anglicane, en 1534. Le chancelier Thomas Moore et l’évêque Fisher
eurent la tête tranchée pour avoir refusé de prêter serment au roi. D’un autre
côté, les luthériens étaient condamnés au feu pour cause de religion, car même
s’il avait rompu tout lien avec Rome, Henri VIII prétendait maintenir les autres
vérités catholiques. Soixante douze mille personnes furent mises à mort: la
haine était la vraie foi de ce roi monstrueux. Henri VIII épousa plusieurs
femmes dont il se débarrassa, soit par le divorce, soit par l’échafaud.
1-7 – La Réforme en France
Au début du XVIe siècle, en France, on faisait
encore peu la différence entre les nouveautés venues de la Renaissance et celles
émanant de la réforme. Les humanistes français mêlaient aisément les sciences et
la religion. Les calvinistes firent ainsi de nombreux prosélytes en France, et
bientôt, on eut à déplorer des profanations, des injures, et même des placards
insultants contre les catholiques, placard affichés aux portes des couvents, des
églises, et même du Louvre. Averti du danger, François 1er commença à
sévir. Un arrêt du Parlement d’Aix ordonna l’extermination des Vaudois. Malgré
l’intervention de l’Évêque de Carpentras, l’arrêt fut signé par le roi et
exécuté avec rigueur.
Pourtant le calvinisme se fortifiait en France. De grands
seigneurs, Condé, Coligny, embrassèrent la nouvelle foi devenue un parti
politique : la guerre civile était imminente.
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