Un peu d’histoire

De Martin Luther à Sainte Marguerite-Marie Alacoque

Remarques préliminaires

Le but de cette étude sur l’après Concile de Trente n’est pas de faire un cours d’histoire, mais de mettre en évidence quelques-unes des conséquences bénéfiques du Concile de Trente. Cependant, l’importance de ce Concile pour toute l’Église du XVIIe siècle et des siècles qui suivirent, est telle, que l’on ne peut passer sous silence, ni les graves événements qui l’ont précédé, ni le jaillissement de sainteté qui s’ensuivit. De ce jaillissement de sainteté naquirent des œuvres exceptionnelles dont beaucoup subsistent encore.

Par ailleurs, les chrétiens d’aujourd’hui auraient intérêt à redécouvrir les riches spiritualités qui permirent à tant de mystiques de s’épanouir. En effet, seul un christianisme vraiment équilibré est capable de faire naître des îlots de sainteté, et de résister aux hérésies qui se font jour, comme cela arrive presque toujours pendant les périodes particulièrement troublées. Pour la période qui nous intéresse ici, on doit citer, plus particulièrement en France, le Gallicanisme, le Quiétisme et le Jansénisme.

Nous nous attarderons longuement sur ce que nous appelons maintenant l’École Française de spiritualité, mais nous n’oublierons pas, dans une deuxième étape, de présenter quelques grands noms des pays voisins, tels Charles Borromée, Philippe Néri et Alphonse de Liguori, en Italie, ou Ignace de Loyola en Espagne.

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La Réforme

Depuis plusieurs siècles les peuples souhaitaient une réforme de la discipline ecclésiastique, mais l’Église semblait sourde... En Allemagne, la crise religieuse se compliquait en raison d’une grave crise sociale: une révolution, annoncée par plusieurs insurrections, semblait imminente. Il suffisait d’un prétexte pour provoquer l’explosion. Ce fut l’affaire des indulgences qui, en 1517, fit éclater la crise.

1-1 – Martin Luther

Martin Luther naquit en 1483, à Eisleben, en Saxe. Il devint moine au couvent des Augustins et professeur de théologie à l’université de Wittemberg. Pendant des années, Luther fut tourmenté par des scrupules qui le conduisirent à l’élaboration de la doctrine concernant la justification par la foi. La collecte de fonds, assortie d’indulgences, prescrite par le pape Léon X, pour financer l’achèvement de la basilique Saint-Pierre à Rome, fournit à Luther le prétexte pour s’élever contre l’autorité du pape. En 1517, il publia ses 95 thèses, point de départ historique de la Réforme protestante. Ces thèses se répandirent vite en Allemagne, cristallisant les ressentiments accumulés contre les autorités de l’Église. Condamné par le pape en 1520, Luther ne se maîtrisa plus, rejeta l’autorité du pape puis celle de l’Église, allant jusqu’à mettre en cause plusieurs de ses dogmes fondamentaux.

Dès lors, protégé par l’électeur de Saxe, Frédéric le Sage, Luther inonda l’Allemagne de ses écrits. Les paysans se soulevèrent au nom de la liberté évangélique, et l’Allemagne se couvrit de ruines. Tout fut saccagé : couvents, châteaux, bibliothèques, etc...

Mais en 1525 l’insurrection fut noyée dans le sang, et à la Diète de Spire (1529) Charles Quint interdit toute nouveauté en matière de religion. Les partisans de Luther protestèrent (d’où le nom de protestants). Les nouvelles doctrines furent réunies sous le nom de Confession d’Augsbourg en 153O, et les princes allemands formèrent la Ligue d’Augsbourg pour les défendre.

Luther mourut en 1546. Charles Quint, après de nombreux épisodes sanglants fut enfin forcé d’accorder aux protestants, en 1555, la Paix d’Augsbourg. La liberté religieuse était garantie aux protestants, mais une clause stipulant que les princes ecclésiastiques qui se feraient protestants devraient renoncer à leurs domaines, fut une des causes de la Guerre de Trente ans.

1-2 – La Réforme en Scandinavie et en Suisse

Le roi danois, Christian II, dont La cruauté était légendaire, favorisa les premiers prédicateurs luthériens. Son successeur fit de même. Les monastères disparurent peu à peu, les évêques furent emprisonnés, la peine de mort fut édictée contre les prêtres qui entreraient dans le royaume, et les catholiques perdirent leurs droits politiques. La Norvège et l’Islande suivirent le Danemark.

En Suisse, comme partout, les mœurs se dégradaient. L’ajournement de la réforme de l’Église avait eu pour conséquence une révolution religieuse menée par le curé de Zurich: Ulrich Zwingle. Ce dernier s’éleva contre les indulgences, et établit le culte évangélique dépouillé à l’extrême. (1525) La Réforme, de gré ou de force, fut étendue à la plus grande partie du pays. Le catholicisme fut proscrit. Une guerre éclata entre catholiques et protestants. En 1531 Zwingle fut tué, et un traité de paix proclama la parité entre les deux religions.

1-3 – Calvin

La ville de Genève était entrée dans la Confédération suisse en 1530. Elle s’orienta vers la nouvelle foi, sous la direction de Calvin, qui se croyait, lui aussi, appelé à rétablir le christianisme dans sa pureté primitive. Réfugié à Bâle, il avait publié en 1535 L’Institution chrétienne. Appelé à Genève, il gouverna en dictateur, faisant condamner au feu ceux qui ne partageaient pas ses idées.

1-4 – La Réforme dans les Pays-Bas

Malgré les efforts de Charles-Quint, les calvinistes se répandirent dans les Pays-Bas, pillèrent et profanèrent quatre cents églises. Les maladresses de Philippe II, roi d’Espagne conduisirent le pays à se révolter. La répression fut terrible, mais les Gueux (les révoltés) tinrent longtemps les armées espagnoles en échec. Finalement, en 1609, l’indépendance des Pays-Bas fut proclamée.

1-5 – La Réforme en Écosse

En Écosse, la Réforme fut prêchée par le calviniste John Knox, aussi dur et aussi inflexible que son maître Calvin. Les nobles embrassèrent la nouvelle religion malgré les efforts de Marie de Guise. Finalement, ils abolirent la juridiction du pape, supprimèrent l’épiscopat et interdirent le culte catholique, sous peine de bannissement.

1-6 – La Réforme en Angleterre

Henri VIII lutta d’abord contre Luther. Mais, en 1527, il voulut divorcer de Catherine d’Aragon pour épouser Anne de Boleyn. Malgré le refus du pape, il prononça lui-même son divorce et se fit proclamer chef suprême de l’Église anglicane, en 1534. Le chancelier Thomas Moore et l’évêque Fisher eurent la tête tranchée pour avoir refusé de prêter serment au roi. D’un autre côté, les luthériens étaient condamnés au feu pour cause de religion, car même s’il avait rompu tout lien avec Rome, Henri VIII prétendait maintenir les autres vérités catholiques. Soixante douze mille personnes furent mises à mort: la haine était la vraie foi de ce roi monstrueux. Henri VIII épousa plusieurs femmes dont il se débarrassa, soit par le divorce, soit par l’échafaud.

1-7 – La Réforme en France 

Au début du XVIe siècle, en France, on faisait encore peu la différence entre les nouveautés venues de la Renaissance et celles émanant de la réforme. Les humanistes français mêlaient aisément les sciences et la religion. Les calvinistes firent ainsi de nombreux prosélytes en France, et bientôt, on eut à déplorer des profanations, des injures, et même des placards insultants contre les catholiques, placard affichés aux portes des couvents, des églises, et même du Louvre. Averti du danger, François 1er commença à sévir. Un arrêt du Parlement d’Aix ordonna l’extermination des Vaudois. Malgré l’intervention de l’Évêque de Carpentras, l’arrêt fut signé par le roi et exécuté avec rigueur.

Pourtant le calvinisme se fortifiait en France. De grands seigneurs, Condé, Coligny, embrassèrent la nouvelle foi devenue un parti politique : la guerre civile était imminente.

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