SOMAIRE

Les origines du Concile

1 Le déroulement du Concile de Trente

2 Le déroulement du Concile de Trente

3 Les conséquences du Concile de Trente pour l'Église

4 Les conséquences du Concile de Trente pour l'Église

Le Concile de Trente
(1545-1563)

19e Concile œcuménique, le Concile de Trente traite de la "contre-réforme" catholique et des questions soulevées par la doctrine des réformateurs du XVIe siècle, réaffirmant la foi catholique et précisant certains points.

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Les origines du Concile

Depuis le XVe siècle la nécessité d'une réforme profonde de l'Église et de ses institutions se faisait grandement sentir, mais Pie II avait écarté l'idée d'un concile général en 1460, position confirmée par Jules II en 1512 au Concile du Latran. En effet, les Pères du Concile du Latran hésitaient à aborder les vrais problèmes soulevés par la réforme protestante: la volonté de l'Église était de ne pas précipiter les débats et d'éviter un concile de crise, mais de mener au contraire des réformes réfléchies et profondes.

1-1 – Naissance du protestantisme

C'est dans ce contexte qu'en 1517, Martin Luther, moine allemand, augustin et professeur à l'université de Wittemberg, publia une déclaration en 95 points. Il se disait d'abord révolté par les excès de Rome et en particulier le commerce des indulgences destiné à financer la construction de la nouvelle basilique St Pierre. Mais il proposait aussi une nouvelle conception de la religion, un certain “retour aux sources”. Cette nouvelle vision de la religion chrétienne, selon Luther, se fondait  sur 3 principes:

Seules les Écritures représentent l'autorité de l'Église, au-dessus de la Tradition et du pape.

            – C'est la foi qui sauve et non les actions des hommes (i.e. oeuvres), si bonnes soient-elles.

            – Le baptême rend les chrétiens égaux devant Dieu. L'unique médiateur des hommes est le Christ. Il n'y a pas, il ne doit pas y avoir de différence entre les clercs et les laïcs.

Le protestantisme, nom du mouvement né de la révolte de Luther, connut rapidement un bel essor, grâce aux princes allemands qui adhérèrent à la Réforme.

Pour réagir à ce qu’il faut bien appeler des hérésies, le Vatican utilisa la condamnation. L'effet fut nul, si ce n'est qu'il provoqua quelques violences dont le monde chrétien aurait bien pu se passer. Restait alors la solution d'une “contre-réforme” ou Réforme catholique”. Des voix nombreuses s'élevaient dans l'Eglise pour réclamer des réformes profondes, mais on attendait...

1-2 – Convocation d‘un concile

L’Église attendait... mais c’était ne pas tenir compte de l’impatience de Charles Quint. Ce dernier, en effet, voyant son empire commencer à imploser sous l'effet des querelles religieuses, annonça, vers 1530, à la Diète d'Augsbourg, la tenue prochaine d'un concile...  Craignant de se laisser dépasser, le pape Clément VII le convoqua peu après, mais sans en préciser ni le lieu ni la date. Clément VII mourut en 1534, et ce fut son successeur Paul III (1534-1549) qui décida que le concile se tiendrait à Mantoue, à partir du 27 mai 1537. Cependant, le duc de Mantoue ayant imposé des conditions trop contraignantes, on reporta les réunions du concile tout d'abord à Vicence, puis finalement à Trente, petite ville épiscopale du Tyrol italien. Ce sera le Concile de Trente.

1-3 – Les obstacles au déroulement du Concile 

1-3-1 – L‘ouverture du Concile

Le temps passait... Il fallut toute la persévérance de Paul III pour aboutir à la convocation du concile, alors que plus personne n'y croyait. Le Concile s'ouvrit finalement le 13 décembre 1545 dans la ville de Trente (territoire à la fois italien et impérial) après la signature de la paix de Crépy-en-Laonnois entre l'Empereur Charles Quint et François 1er. Une déception pourtant: à son ouverture, le Concile ne comptait que 29 évêques et 3 supérieurs d'ordres religieux; serait-ce l'échec ? Beaucoup le pensaient. Heureusement,  le Concile de Trente se tiendra. Ce sera même un très grand concile, dont l'oeuvre sera considérable.

1-3-2 – Les obstacles

Le Concile de Trente se déroula au milieu de difficultés sans cesse renouvelées, lesquelles entravèrent constamment sa progression et firent craindre à plusieurs reprises sa paralysie définitive. Il  faudra dix-huit ans pour venir à bout de la tâche... En 1547, deux ans après l’ouverture du Concile, Paul III dut le transférer à Bologne, théoriquement pour échapper à la peste qui avait éclaté à Trente, en fait pour se soustraire aux pressions impériales. La réaction de Charles Quint fut vive, le Concile dut être interrompu une première fois.

Quatre ans plus tard, le successeur de Paul III, Jules III (1550-1555), parvint à le relancer malgré les obstacles dressés cette fois  par le roi de France. Un an après, le Concile dut être de nouveau interrompu, en raison de l'approche des princes protestants allemands coalisés contre l'Empereur (et soutenus par la France).

Cependant, la ténacité, la diplomatie, et peut-être la foi du pape Pie IV (1559-1565), permirent de lui redonner vie en 1562, après dix années d'interruption, et de le conduire à bonne fin en 18 mois. Il convient de noter ici que Pie IV fut remarquablement secondé par son jeune neveu Saint Charles Borromée.

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Le déroulement du Concile de Trente

2-1 – Les vicissitudes

Comme on l’a dit plus haut, le Concile fut convoqué par le pape Paul III suite aux demandes insistantes de Charles Quint, en 1542, pour entreprendre la réforme de l'Église catholique face à la Réforme protestante. Mais, en raison des guerres et du contexte politique, le Concile comporta trois grandes périodes: de 1545 à 1549,(le Concile fut transporté provisoirement à Bologne en 1547), puis de 1551 à 1552 sous le pontificat de Jules III, (mais sans représentant français). De nouveau suspendu, pendant dix ans de 1552 à 1562 à la suite de l'invasion de l'Allemagne méridionale par les troupes protestantes, sa dernière période, de 1562 à 1563, eut lieu sous le pontificat de Pie IV.

2-2 – Première période  

Les huit premières sessions, du 13/12/1545 au 17/09/1547, furent un échec, en raison du décalage entre ce à quoi aspiraient les peuples et leurs souverains, et les sujets abordés par le Concile. L'Église cherchait à préciser sa position face à la doctrine protestante d'une façon très tranchée, mais sans effectuer son autocritique tellement souhaitée. Aussi, en 1547, les protestations répétées et violentes des prélats allemands envers l'autorité papale amenèrent-elles les légats à faire courir le bruit que la peste était aux portes de la ville, et qu'il fallait déplacer le concile à Bologne, plus au centre de l'Italie. II convient de noter ici que l'assemblée était composée, en majorité, d’évêques italiens.

Charles Quint interdit à ses évêques de suivre le déménagement, et faute de participants suffisamment nombreux, le pape dut prononcer la suspension du Concile le 17 septembre 1549. Il mourut peu après.

2-3 – Deuxième période

Les huit sessions suivantes se tinrent du 1/5/1551 au 28/04/1552. Jules III, successeur de Paul IV fut prié par Charles Quint de rouvrir rapidement le Concile, ce qu'il fit le 1er mai 1551. Les discussions portèrent sur l'Eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, et sur des questions juridiques, sans oublier toutefois, de jeter l'anathème contre les thèses de Zwingli et de Luther.

A la demande de l'Empereur, quelques protestants avaient été invités, et certains participèrent aux débats. Malheureusement, l'électeur Maurice de Saxe attaqua subitement les armées de l'Empereur qui dut prendre la fuite. Le Concile fut dispersé et Charles Quint dut signer la paix de Passau, défavorable aux catholiques.

2-4 – La fin du Concile

Les dernières sessions se tinrent du 18/1/1562 au 4/12/1563. Vue l’intransigeance du pape Paul IV, le Concile avait dû attendre l'arrivée de Pie IV pour reprendre. De plus, le refus des protestants et des Français de participer à un concile qu'ils trouvaient trop lié à Rome, retardèrent à nouveau le début des séances qui ne reprirent que le 18 janvier 1562. Les désaccords étaient tels que les séances traînèrent en longueur. L'ennui et le découragement des participants permirent l'adoption facile de décrets importants, notamment sur le célibat des prêtres et le Purgatoire... La fin du concile fut proclamée le 4 décembre 1562, et ses décisions furent confirmées par le pape en janvier 1564.

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Les conséquences du Concile de Trente
pour l'Église

À l’origine, le but de ce Concile avait été de permettre à l'Église d'opérer sa propre réforme et de réunir à nouveau les chrétiens séparés. Le Concile eut effectivement le mérite d'abolir un certain nombre des abus de l'Église catholique et de réviser ses institutions, mais il aboutit, malheureusement, à la séparation quasi définitive des catholiques et des protestants.

Cependant, l'attitude et la situation de l'Église après le Concile incitaient à l'espérance: malgré tous les obstacles rencontrés, le Concile avait restauré aux yeux des catholiques le crédit de la papauté, tombé au plus bas. La gravité des périls avait contribué à resserrer les rangs au sein de l'Église romaine, renforçant même son caractère hiérarchisé.

Les dispositions adoptées par le Concile dessinaient les traits d'une Église renouvelée: volonté de réforme de la part de l'ensemble du corps épiscopal, guerre déclarée aux abus, action engagée pour un clergé de qualité, effort en faveur de l'instruction religieuse des fidèles, etc... L'élan était donné.

Enfin, le Concile, appelé Concile de Trente, proclama solennellement le droit de l'Église à l'indépendance vis-à-vis du pouvoir civil, et l'anathème fut lancé contre la Réforme et ses défenseurs. Son influence se prolongea pendant les siècles qui suivirent, jusqu’au Concile Vatican 2. (Voir annexe 1)

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L’œuvre du Concile de Trente

De nombreux religieux, en particulier les jésuites, avaient joué un rôle important dans l’organisation du Concile, ses décisions et ses prolongements. Le Concile de Trente officialisa la plupart des éléments de la Tradition dénoncés par les protestants: transsubstantiation, communion sous une seule espèce, interprétation de la Révélation réservée au magistère, etc. La réforme du Concile porta également sur le sacrement de l'Ordre, avec les devoirs des évêques, la discipline ecclésiastique et la formation des prêtres, la création de séminaires, etc...

4-1 – Bilan global

Les résultats du Concile ne furent pas ceux souhaités par l'Empereur Charles Quint et les peuples de l'Europe. Le retour des protestants au sein de l'Église était manqué, et au contraire l'opposition entre les religions: catholique et protestantes, s'était précisée. Mais  le Concile eut le mérite de fixer la doctrine du catholicisme et d'abolir un bon nombre d'abus. Ses décrets furent acceptés presque sans réserve dans tous les pays d'Europe.

4-2 – Les décisions importantes du Concile de Trente

Survol rapide de ses principales décisions

Grâce au Concile de Trente, l'Église catholique put revoir entièrement ses fondements et préciser le contenu de sa foi. Et c’est sur les décisions de ce concile que l’Église s'appuiera, pendant plusieurs siècles. Il faudra attendre le Concile Vatican II pour retrouver une telle ampleur de travail et de réformes.

Le travail du Concile de Trente permit à l’Église catholique, face aux propositions de la Réforme protestante, de redéfinir ses dogmes. Les abus qui minaient l’Église à cette époque furent dénoncés, et des réformes importantes proposées.

Le Concile de Trente formula également un certain nombre de décrets, dits de réformation qui concernent essentiellement:

4-2-1 – les responsabilités épiscopales et ecclésiastiques

            – Tout d’abord, les responsabilités des évêques concernant l’ordination des prêtres, et les qualités exigées des ecclésiastiques, notamment leur honnêteté. Voici quelques têtes de chapitres:

                        De la Résidence des Prélats dans leurs Églises, sous les peines du Droit ancien, et autres ordonnées de nouveau.

                        De la Résidence à l'égard des autres Ecclésiastiques, des Réguliers mêmes, qui se trouvent hors de leurs Monastères.

            – Au sujet des bénéfices ecclésiastiques:

                        Que les Bénéfices, particulièrement ceux qui ont charge d'Ames, ne soient conférés qu'à des personnes capables.

                        Que ceux qui tiendront plusieurs Cures, ou Bénéfices incompatibles, en doivent être privés de Droit même.

On remarquera que la discipline ecclésiastique fut un thème largement étudié. Les réformes en profondeur étaient devenues urgentes dans l’Église où des abus de toutes sortes s’étaient malheureusement introduits.

4-2-2 – Les sacrements:

Tous les sacrements furent passés en revue et redéfinis; leur discipline fut précisée. On peut citer les principales décisions entrant dans le Décret des Sacrements:

            Canons des Sacrements en général.

            Canons du Baptême.

            Exposition de la Doctrine des Sacrements Très Saints de Pénitence et d'Extrême-Onction.

            Canons de la Confirmation.

            Exposition de la Doctrine touchant le Sacrement de Mariage et

            Canons du Sacrement de Mariage.

            Exposition de la Doctrine véritable et Catholique touchant le Sacrement de l'Ordre, définie, et publiée par le Saint Concile de Trente dans la septième Session, pour la condamnation des erreurs de notre temps, et De l'institution du Sacerdoce de la nouvelle Loy. (voir Annexe 2)

4-2-3 – L’Eucharistie

C’est toute la théologie de l’Eucharistie qui fut étudiée, comme le prouvent les titres du décret concernant le Très Saint-Sacrement de l'Eucharistie:

            De la présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le Très Saint-Sacrement de l'Eucharistie.

            De la manière de l'Institution du Très Saint-Sacrement.

            De l'excellence de la Très Sainte Eucharistie pardessus tous les autres Sacrements.

            De la Transsubstantiation.

            Du culte, et de la vénération qu'on doit rendre au Très Saint-Sacrement.

            De la coutume de conserver le Sacrement de la Sainte Eucharistie, et de le porter aux malades.

            De la préparation qu'il faut apporter, pour recevoir dignement la Sainte Eucharistie.

            De la manière de recevoir cet admirable Sacrement.

            Les canons du Très Saint-Sacrement.

4-2-4 – La communion

Le décret sur la Communion examine les manières de communier, et les circonstances liées à la communion. Nous ne donnons ici que quelques exemples

            – Communion sous les deux Espèces, communion des petits Enfants.

            – Exposition de la Doctrine touchant le Sacrifice de la Messe.

            – L'Institution du Saint Sacrifice de la Messe.

            – Des Messes qui se disent en l'honneur des Saints.

            – Du Canon de la Messe.

            – Les canons du Sacrifice de la Messe.

4-2-5 – Les séminaires (voir Annexe 3)

Le Concile de Trente insista beaucoup sur la nécessité d’ouvrir des séminaires. Il rédigea un décret concernant l'ordre, et la manière de procéder à l'érection des Séminaires, pour élever des Ecclésiastiques dés le bas âge.

4-2-6 – Autres thèmes traités

Un point très important fut également étudié en profondeur: la justification, afin de répondre aux thèses protestantes. Parmi les décrets liés à la justification, on peut énumérer:

            Ce que c'est que la Justification, et quelles en sont les causes.

            Comment il faut entendre que l'homme est justifié par la Foy, et gratuitement.

            Du fruit de la Justification, c'est-à-dire du mérite des bonnes oeuvres, et en quoi il consiste.

Furent également abordés les sujets concernant les Écritures Canoniques, le Péché Originel, le Purgatoire, la Vénération des Saints et des Saintes Images. Un décret fut consacré aux indulgences qui avaient été le déclic de la révolte de Luther

Enfin, fut redéfini le Canon des Écritures avec l’inclusion officielle de nouveaux livres pour l'Ancien Testament. (choix des livres deutérocanoniques)

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