Introduction

Il est parfois utile de faire des petites excursions dans l’Histoire pour mieux comprendre le présent. Qui se souvient encore, dans le peuple chrétien, des richesses insoupçonnées du Concile de Trente? Qui sait les jaillissements de sainteté qu’il a fait naître, dans l’Église, après les longues années de désarroi dues, en partie, aux guerres incessantes et aux ravages spirituels que les réformes protestantes avaient suscités ?

L’Église catholique tout entière devait se réformer. La hiérarchie en était très consciente, mais elle attendait... L’impatience de Charles Quint décida enfin le pape à convoquer le Concile qui deviendra le Concile de Trente. Après de longues années de travail, d’arrêts et de reprises, le Concile publia enfin ses décrets. L’œuvre était gigantesque: l’Église catholique disposait de tous les moyens nécessaires pour se réformer. Il aurait fallu se hâter, mais,  curieusement, les responsables hiérarchiques ne semblaient pas tellement pressés de suivre les conseils contenus dans les nombreux décrets, lesquels concernaient, non seulement la discipline ecclésiastique, mais également tout ce qui touchait au dogme, aux sacrements et au catéchisme.

Heureusement le Seigneur donna quelques très grands saints à son Église, dont certains prestigieux, comme Saint Charles Borromée et Philippe Néri, en Italie. Ces deux saints furent véritablement les “précurseurs” de l’immense mouvement de rénovation de l’Église catholique. Quelques années plus tard, et durant tout le XVIIe siècle, allait s’épanouir, en France, de saint François de Sales à saint Louis-Marie Grignion de Montfort, ce que l’on appellera L’École Française de Spiritualité, dont les principaux protagonistes furent, entre autres, Bérulle et Jean-Jacques Olier, respectivement fondateurs de l’Oratoire de France et des Prêtres de Saint Sulpice.

La présente étude n’a pas l’ambition de réaliser une savante synthèse de l’étonnante vitalité spirituelle de l’après Concile de Trente, mais plus simplement d’en dégager la sainteté en présentant, les uns après les autres, ceux qui, clercs ou laïcs, ont été les vrais acteurs de la grande Réforme Catholique.

Les activités des personnes étudiées, qui ont toutes vécu au XVIIe siècle, se sont inévitablement chevauchées. Ces personnalités hors du commun ont pu, inévitablement, s’influencer les unes les autres, mais chacune a su conserver la personnalité qui lui était propre. Il en est résulté une richesse exceptionnelle tant dans les courants de pensée que dans la vie des principaux acteurs étudiés. Cette richesse de sainteté est probablement ce qui a permis à l’Église d’affronter de nouvelles et graves hérésies, comme le quiétisme ou le jansénisme.

Présentation de la présente étude

Cette étude, consacrée pour l’essentiel à l’École Française de Spiritualité, comporte trois grands tomes :

Le premier tome

Le tome 1 étudie la situation de l’Europe à l’époque du Concile de Trente. Il rappelle les importants travaux de ce Concile et évoque la situation de l’Église pendant la seconde moitié du XVIe siècle. Après un bref aperçu historique concernant l’époque, les grandes orientations du Concile de Trente sont brièvement exposées. Ensuite il est procédé à la présentation de la vie et de quelques œuvres de deux personnalités italiennes exceptionnelles :

– Saint Philippe Néri, (1515-1595), contemporain du Concile de Trente

– Saint Charles Borromée, (1538-1584), Évêque puis Archevêque de Milan, sera l’un des tout premiers hommes d’Église à mettre en application les grandes décisions du Concile de Trente.

Le deuxième tome

Le tome 2 est plus spécialement orienté vers ce qu’il a été convenu d’appeler: l’École Française de Spiritualité. Cette deuxième partie couvre la plus grande partie du XVIIe siècle.

Il ne s’agit nullement ici d’un ouvrage de théologie. Le but retenu par l’auteur a été de montrer comment des hommes et des femmes, religieux ou laïcs, après avoir connu des conversions parfois difficiles, se sont appliqués à vivre selon leur foi, et cela jusqu’à la plus haute sainteté, à une époque particulièrement déchirée, tant matériellement que spirituellement. On constatera très vite que ces hommes et ces femmes ont été les grands artisans de la Réforme de l’Église, en France, conformément aux directives du Concile de Trente.

On pourra parfois s’étonner, et même être tout à fait décontenancé, non seulement par la radicalité des conversions, mais surtout par la mise en valeur, que nous pouvons juger trop excessive, de la souffrance, de la pénitence et des mortifications. Mais la misère en France, à l’époque, était immense: le pays avait été ravagé par de multiples guerres, des épidémies et des famines. Sur le plan spirituel et moral, les populations n’étaient plus évangélisées, et le clergé qui ne recevait presque aucune formation, vivait dans un grand laisser-aller. Tout était à refaire: seuls la prière et le sacrifice dans ce qu’ils ont de plus fort, pouvaient sauver la société chrétienne en péril.

La spiritualité de l’École Française est très austère. Dans un premier temps elle peut sembler décourageante: la sainteté qu’elle propose n’est pas à notre portée. L’austérité des saints de cette époque est telle que, parfois, on ne peut s’empêcher, toutes questions théologiques évitées, de penser au jansénisme, cette hérésie qui oubliait l’amour de Dieu et la tendresse du Christ.

Le troisième tome

Le troisième tome sera consacré à la contemplation et à l’apothéose de l’amour de Dieu pour tous les hommes. En effet, quand les efforts entrepris et les nombreuses missions réalisées eurent porté tous leurs fruits, on vit apparaître, rayonnante, souveraine, toute la tendresse du Cœur de Jésus. C’est comme si le long et rude travail des maîtres de l’École Française, n’avait été mené que dans un seul et unique but: révéler, grâce à saint Jean Eudes et Marguerite-Marie, puis à saint Louis-Marie Grignion de Montfort, les merveilles des Cœurs de Jésus et de Marie, et toute la tendresse du Sacré-Cœur.

Pour des raisons de commodité, toutes les personnes étudiées ayant vécu au XVIIe siècle, c’est l’ordre chronologique, suivant la date de naissance qui sera utilisé. On constatera très vite que ce choix, non seulement n’est pas une gêne, mais qu’il est pour nous, au contraire, étonnamment vivant. On constatera également que les modèles de vie spirituelle présentés peuvent être, après quelques adaptations relativement mineures, immédiatement applicables aux chrétiens du XXIe siècle.

Pour conclure cette introduction, un constat général s’impose: tous ces gens qui pourtant ont vécu trois siècles avant nous, comme ils sont proches de nous !

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