S. Donatien, sur
la vie duquel nous n'avons aucun détail, fut le huitième évêque
de Reims, et mourut vers l'an 389. On assure qu'on l'enterra
dans l'église de Saint-Agricole, qui a porté dans la suite le
nom de Saint- Nicaise.
Son culte est devenu principalement célèbre depuis la
translation de ses reliques en Flandre, qui se fit dans le
milieu du neuvième siècle. Le comte Baudouin, qui les avait
reçues du roi Charles le Chauve, les déposa dans l'église de
Bruges, dédiée à la sainte Vierge, laquelle a pris depuis le
titre de Saint-Donatien. Cette église devint cathédrale
lorsqu'on eut érigé un évêché à Bruges.
Reims : l'Ange au sourire |
Il est bien étrange que la vanité cherche à se satisfaire dans
ce qu'il y a de plus humiliant pour la nature humaine. Dans le
soin que l'on prend des morts, tout doit tendre à ranimer notre
espérance, à nous inspirer des réflexions sérieuses sur la
nécessité de pratiquer la vertu, à nous faire connaître notre
misère, et à nous faire désirer l'éternité ; tout doit par
conséquent annoncer la gravité la modestie et la simplicité qui
conviennent à l'esprit du christianisme ; agir autrement, c'est
contredire sa religion, c'est même aller contre le bon sens.
Dans les funérailles des premiers Chrétiens, qui touchaient si
vivement les Infidèles, et qui paraissaient si respectables à
Julien l'Apostat, on témoignait de la douleur d'avoir perdu ses
frères; mais cette douleur était tempérée par une tendre
dévotion ; et l'on exprimait par des rites extérieurs la foi que
l'on avait au Sauveur, et l'espérance où l'on était de
participer à la bienheureuse immortalité.
Les anciens étaient fort modestes dans leurs épitaphes; elles ne
présentaient guère que des noms et des dates. Dans les siècles
mêmes où le goût a été le plus épuré, elles étaient conçues en
peu de mots, et respiraient la simplicité. Athènes et Rome ne
connaissaient point nos inscriptions pompeuses ; les Grecs et
les Romains les auraient moins regardées comme un honneur que
comme une tache. Maison sait à quoi s'en tenir sur les louanges
données aux prétendus vertus des morts. C'est par une vertu
réelle et par de belles actions que l'on s'érige un monument
durable dans le cœur de ses semblables; le nom seul d'un grand
homme en dit plus que toutes les épitaphes. Il faut que nos
artistes aient bien peu de génie, ou qu'ils ne connaissent guère
les ressources que fournit la religion, pour charger nos
mausolées, jusque dans les églises , de groupes de divinités
païennes. Ce sont, dit-on, des emblèmes : mais que penseront les
personnes peu instruites en voyant les figures de Pallas, de
Mars, de Mercure, etc., occuper la place de croix, des images
des patriarches, des apôtres, etc.?
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |