Saint
Dominique, surnommé de Silos, à cause de son long
séjour dans le monastère de ce nom, était de la
souche des anciens rois de Navarre. Il se mit à l'étude,
n'ayant guère pour maître que l'Esprit-Saint. Devenu
prêtre, il entra bientôt dans un monastère de
l'Ordre de Saint-Benoît, où il brilla au premier rang
par sa sainteté.
Le
monastère de Silos était bien déchu de sa gloire
et de sa ferveur passées. Le moine Licinien, qui gémissait
de cet état de choses, disait la Sainte Messe quand Dominique
entra dans l'église ; par une permission de Dieu,
lorsque, au moment de l'offertoire, il se tourna vers le peuple pour
chanter: Dominus vobiscum, il chanta: Voici le restaurateur qui
vient! Et le chœur répondit: C'est le Seigneur qui l'a
envoyé! L'oracle ne tarda pas à se vérifier.
La
charité du Saint ne se concentrait point dans son monastère,
mais elle s'étendait à tous les affligés. Le don
des miracles attirait au couvent des aveugles, des malades, des
boiteux, et il les guérissait par centaines, comme le prouvent
encore aujourd'hui les ex-voto de la chapelle où sont gardées
ces reliques. Les guirlandes de chaînes, de boulets, de fers,
suspendues aux voûtes attestent sa charité spéciale
pour les pauvres chrétiens captifs des Maures d'Espagne; il
allait les consoler et payer leur rançon, préludant
ainsi à l'Œuvre de Notre-Dame-de-la-Merci.
Après
de longues années de bonnes œuvres, Dominique sentit
approcher le moment de la récompense, il en fut même
averti par la Sainte Vierge : “J'ai passé toute
la nuit avec la Reine des Anges, dit-il un jour à ses
religieux; Elle m'a invité à me rendre près
d'Elle dans trois jours; je vais donc aller bientôt au céleste
festin où Elle me convie”. Il fut, en effet, malade
trois jours; ses frères virent son âme monter glorieuse
au Ciel. C'est à son tombeau que la mère de saint
Dominique de Guzman obtint la naissance de son fils.
Abbé
L. Jaud,
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950 |