Troisième partie

Contemplons l’Amour qui aime

Chapitre 11

La coccinelle

Père! Depuis longtemps nous savons que Tu tiens le monde dans ta main, ta douce main créatrice. Nous savons que Tu enveloppes toute ta création d’un regard de bienveillance. Nous savons aussi que Tu aimes les hommes d’un Amour de prédilection et que Tu prends tes délices avec eux.  Tu enveloppes de tout ton Amour, c’est-à-dire de Toi puisque Tu es Amour, Tu enveloppes de Toi ton Fils, ton Unique, Celui que Tu engendres de toute éternité. Tu enveloppes ton Fils bien-aimé, ton Verbe, d’un Amour inexprimable et tellement grand qu’il est l’Esprit, la Troisième Personne de la Trinité. Et Tu enveloppes en même temps son Corps mystique qui est nous!!!

Père! Le Corps mystique de ton Fils, Tu l’enfermes dans ton regard merveilleux de Père plein de bonté. Tu l’enfermes et Tu le contemples, et Tu Te complais en lui. Tu Te complais en Jésus et son Corps mystique, et Tu l’inondes de ton Amour. Père, pardonne nos balbutiements probablement inadaptés, mais nous n’avons pas de mot pour dire ce que notre coeur ressent, ce que notre coeur voudrait pouvoir Te dire et Te chanter. Sur terre nous ne sommes vraiment, pour exprimer la gloire de Dieu, que des petits enfants toujours au berceau.

Père! Les hommes de la terre ne sont que des enfants nouveau-nés, des enfants au berceau, ignorants de toutes les réalités qui sont les tiennes. Alors, comme un petit enfant, comme un petit bébé, nous Te disons: ” Papa!”

Père! Papa! Tu sais que nous T’aimons, mal, car tous les hommes sont imparfaits, mais nous essayons de T’aimer. Comme à un papa, le seul Papa, l’unique Papa, nous essayons de Te parler, comme on parle  à son Père, mais un Père merveilleux, un Père de qui nous recevons  tout, sans qui nous ne pouvons rien, un Père qui donne la vie.

Tu es un Père tellement Père, ô Père, que nous sommes un peu intimidés devant Toi. Nous T’aimons, mais nous ne savons pas comment Te le dire. Et puis, Tu n’es pas à notre taille, et ta nature toute spirituelle “étonne” les êtres de chair que nous sommes, lesquels ont beaucoup de mal à Te rendre présent à nos coeurs. Mais ton Fils, Père, Il s’est fait l’un de nous, Tu l’as voulu ainsi. Ton Fils, Père s’est fait homme pour rendre la divinité accessible aux êtres qui, devant réaliser l’unité entre les mondes spirituels et matériels, sont forcément un peu fragiles dans l’équilibre surprenant que Tu as imaginé.

Tu comprends, Père pourquoi nous aimons ton Fils... Ton Fils nous aime, et cela est merveilleux. C’est Lui qui nous a aimés le premier. Nous L’aimons parce que c’est Lui, parce qu’Il est dans la Trinité, donc dans l’Amour, et qu’Il est aussi Amour, comme Toi, Père. Et que votre Amour ne fait qu’Un.

Pourrions aimer ainsi après avoir reçu tant d’amour, si Dieu n’était pas QUELQU’UN? Pourtant, peut-on aimer quelqu’un qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, qu’on ne touche pas? D’où vient cet amour? Est-ce un rêve, une illusion, ou une réalité tellement réelle qu’elle dépasse infiniment nos petits jugements terrestres? Nous nous perdons un peu, mais ce qui est consolant c’est que cette prière fut aussi très souvent la prière des saints. Cela console, sans cependant nous satisfaire...

Oui, Dieu nous étonne parfois. Voici qu’Il nous comble, nous enveloppe de son Amour. Et pourtant nous ne pouvons Le saisir: Il semble toujours fuir et nous laisse à nos insuffisances et à nos angoissantes questions, cat il y a des circonstances dramatiques vécues par des enfants ou des jeunes qui dépassent l’imaginable. Alors, l’amour que l’on a pour Dieu devient une lancinante interrogation: “Pourquoi?” Et notre bonheur de connaître le Père des miséricordes se transforme en une douleur écrasante. C’est alors que nous comprenons mieux l’Agonie et la Croix de Jésus...

Nous sommes parfois comme écrasés par toutes ces misères qui détruisent notre monde. Alors nous ne cessons de crier: “Seigneur Jésus, faites quelque chose pour les pauvres d’amour, nos contemporains qu’on a privés de Toi et qui sont si malheureux. Reviens, Jésus, montre-Toi! Nous avons tous tellement besoin de Toi!” Et nous pouvons penser aussi aux malades, aux blessés de la vie, aux handicapés, à toutes ces personnes âgées qui voient leurs forces décliner, leur intelligence s’obscurcir, mais dont la sensibilité est restée intacte, et qui souffrent tellement d’être privées de tendresse et d’amour. Jésus, nous savons que Tu les aimes. Mais nous sommes de si pauvres instruments!... Jésus, vois leur détresse, vois notre détresse et donne-nous l’Amour!

Jésus, nous comprenons si difficilement les choses de Dieu, nous nous débattons au milieu des ténèbres qui ne sont pas de Toi mais qui nous ont envahis. Jésus, nous implorons ta miséricorde... Jésus nous crions vers Toi. Jésus, comment sortir de nos ténèbres, comment Te voir, comment prier Dieu?

Des images peuvent nous aider à voir plus clair. Laissons le rêve nous emporter... Imaginons une parabole, pensons à une coccinelle...  

La coccinelle

Quelque part sur mon corps, peut-être sur ma main, je ne sais pas très bien, un tout petit insecte se posa, une minuscule coccinelle. Pour elle, je devais être un monstre énorme, un monde gigantesque sur lequel elle devait vivre. Ce monde qui est le sien: mon corps, elle ne pouvait en voir qu’une infime partie, mais pourtant elle devait en subir tous les mouvements et tous les soubresauts, puisqu’elle était dedans, puisqu’elle était dessus.

Les secousses étaient parfois si violentes qu’elle manquait de tomber. Alors, pleine de pitié, je la rattrapais, cette petite coccinelle, je lui tendais un brin d’herbe pour qu’elle puisse remonter sur mon doigt. Ou je la nourrissais un peu avec une miette de pain ou un grain de farine. Alors elle se blottissait dans un repli de ma peau, ou dans le creux de ma main, confiante. Moi, je la regardais, avec intérêt et amour. Pauvre petite bestiole, mon coeur fondait pour elle. Elle, elle me regardait mais ne pouvait me voir: je suis bien trop grand pour elle dont l’univers est si petit: il lui est impossible de prendre le recul qui lui permettrait d’apercevoir un peu de mon visage... Elle croit seulement que quelqu’un de bienveillant l’aime et prend soin d’elle. Pleine de confiance elle continue à se promener à la surface de mon corps ou sur le dos de ma main.

Pauvre petite bestiole, elle voudrait bien me voir, mais ce n’est pas possible... Elle voudrait bien m’entendre, mais ma voix la fait fuir. Alors je la recueille sur le bout de mon doigt, et tout doucement, sans bruit, avec mon coeur et mon amour, j’essaie de lui faire comprendre que je l’aime et que je lui veux du bien...

Cette parabole, nous la comprenons instantanément. Pour Dieu, nous sommes comme cette petite coccinelle placée dans son monde à Lui, cet univers qui est le sien et dans lequel nous sommes plongés... Nous sommes comme cette petite coccinelle plongés en Dieu, une petite bestiole si petite, si fragile que tout ce qui vient de Lui est trop grand pour nous. Le monde de Dieu qui est Lui, nous ne pouvons pas le voir car il est trop grand. Mais Dieu nous aime!

Le Père nous aime! Jésus nous aime... Et doucement, tout doucement pour ne pas nous effrayer, Dieu nous enveloppe de son Amour et de sa sollicitude. Tout doucement, Jésus, pour ne pas nous effrayer, nous cache en Lui et nous dit tout bas, bien bas: ”Ne crains rien, car Je t’aime.”

Reprenons la contemplation de la petite coccinelle

La petite coccinelle était toujours sur le dos de ma main faisant ce qu’elle avait à faire. Moi, je la regardais et je l’aimais bien. Alors, n’en pouvant plus d’amour et de tendresse, j’ai approché mon autre main, lentement, doucement pour ne pas l’effrayer. Et puis mon doigt l’a effleurée, délicatement. Elle n’a pas bougé. Pourtant je lui faisais de l’ombre, mais elle avait confiance...

Je l’ai contemplée longtemps la petite coccinelle. Je pensais que pour Dieu nous étions comme des petites coccinelles. Il nous aime et nous enveloppe de sa tendresse, mais nos sens courants ne nous Le révèlent pas: seul un sens intérieur, indéfinissable, inconnu nous fait comprendre qu’Il est là. Il est là, mais dans l’ombre, et quand Il s’approche de nous, c’est sans bruit dans l’obscure clarté.

Mon Dieu! comme tout devient étrange pour nous! Nous sommes dans une adoration muette qui saisit tout notre être. Notre intelligence ne peut plus rien comprendre, notre raison est en panne; seul notre coeur Vous pénètre comme dans une étonnante osmose. Alors, Seigneur, dans nos ténèbres surgissent des images. Ces images se forment dans notre imagination comme des reflets sur votre ombre lumineuse. C’est bizarre! Nous sommes comme la petite coccinelle, sur le bout de votre Doigt, minuscules, mais nous sentons votre tendresse que nous ne pouvons décrire. Nous n’avons pas peur car nous sentons bien que Vous nous aimez et que Vous nous avez faits capables d’amour. Capables d’amour pour Vous aimer et pour aimer tous nos frères et soeurs, les petites coccinelles.

Jésus, en contemplant vos merveilles, nous nous sentons sans intelligence, comme inaptes à poursuivre cette narration. Car c’est bien une histoire, une extraordinaire histoire que Vous nous faites vivre, l’histoire de notre monde, de votre Création.

Voici que l’échelle des grandeurs a changé. L’univers est dans votre main... Dans l’univers immense, il y a la terre, mais aujourd’hui la terre n’est pas perdue au milieu des mondes matériels et sans âme. Non! la terre est comme suspendue juste au-dessus de votre Doigt, le Doigt de Dieu. Votre force créatrice est comme matérialisée par une force magnétique qui la maintient en place. Votre Amour la baigne de sa sollicitude. Dieu regarde la terre, Dieu regarde les hommes dont Il fait ses délices... Dieu regarde chacun des hommes qu’Il aime et Il s’attarde sur ceux qui L’aiment.

Dieu regarde chacun de nous. Dieu regarde la terre, Dieu regarde l’univers. Dieu contemple tous les détails. Les yeux de son Amour sont comme des instruments d’optique: tantôt des jumelles grossissantes, tantôt des téléscopes puissants, ou bien encore des microscopes doués de propriétés exceptionnelles qui Le font pénétrer jusqu’au profond des coeurs. Mon Dieu! Comme il est doux de Vous découvrir, de découvrir vos merveilles, de découvrir votre bonté, votre Amour, votre puissance, votre tendresse, de Vous découvrir, Vous...

Jésus! Quelle merveille! Tout a changé d’échelle. Nous sommes de nouveau sur l’extrémité du Doigt de Dieu, du Doigt du Père. Nous frémissons car nous sentons le regard de Dieu. Nous sentons le regard du Père que pourtant nous ne voyons pas. Tout est ténèbres autour de nous, et pourtant tout est tendresse aussi, et Amour. De la même façon que nous approchions notre doigt de la petite coccinelle pour lui donner une caresse d’amour, nous sentons le Doigt de Dieu s’approcher de nos êtres humains et nous envelopper de sa tendresse, de son Amour, de sa bienveillance.

Mon Dieu! nous ne pouvons plus que nous taire, et  Vous adorer.

pour toute suggestion ou demande d'informations