Troisième partie

Contemplons l’Amour qui aime

Chapitre 7

Pourquoi Vous cachez-Vous?

Jésus, nous sommes souvent distraits dans nos prières... Mais, nos distractions doivent bien avoir des excuses. Pourquoi Vous cachez-vous tellement? Vous savez bien Jésus que ce n’est pas facile de parler avec quelqu’un qu’on ne voit pas. Vous l’avez expérimenté lors de votre Passion quand le Père se dérobait à votre vue, à vos oreilles, quand Il semblait Vous abandonner. Et Vous aussi, Jésus, vous avez appelé “Au secours!” Vous aussi Vous avez vécu l’apparent abandon du Père, ce bizarre délaissement quand tout semble se dérober sous nos pieds, quand tout s’enfuit de notre intelligence, quand nous ne comprenons plus et que nous nous mettons à avoir peur. Vous nous avez dit que Vous étiez en agonie jusqu’à la fin du monde... Alors, Vous aussi Jésus, Vous connaissez nos doutes, Vous savez combien il est parfois difficile de vivre de la foi pure.

Jésus, Vous savez que le coeur de l’homme crie souvent vers Dieu. Oui, nous crions vers Vous pour Vous dire notre amour, pour Vous dire que nous Vous aimons, que Vous êtes notre joie. Oui, nous crions vers Vous. Et nous Vous supplions: répondez-nous Jésus, répondez à nos appels. Ne soyez pas sourd, Jésus, tant de gens ont besoin de Vous, tant de gens, qui ont besoin de Vous connaître pour Vous aimer. Tant de pauvres gens auraient besoin de Vous voir Jésus, pour croire en Vous, pour Vous aimer... car tant de voix discordantes, bien sensibles celles-là, ne cessent de leur affirmer que Vous n’existez pas, que Dieu est mort, ou s’Il n’est pas mort, qu’Il se soucie bien peu de nous.

Pourquoi Vous cachez-Vous, Jésus?

Grâce à la mort de Jésus, l’homme a retrouvé l’amitié de Dieu... Mais le péché continue à défigurer le Corps mystique dont le Christ est la Tête et le Coeur. Chaque coup asséné à un membre retentit douloureusement sur l’ensemble du Corps. Et quand Jésus, se montrant ensanglanté à un mystique lui dit: “Vois l’état dans lequel tes péchés M’ont conduit” Il veut nous faire comprendre que tous nos péchés, même ceux qui nous semblent peu de chose, sont toujours graves. Jésus veut nous faire comprendre que les péchés de chacun des membres de son Corps sont des blessures douloureuses pour l’ensemble du Corps qui souffre, pour l’ensemble du Corps dont les blessures ne peuvent être guéries et cicatrisées que par des remèdes ou des opérations forcément douloureuses. Et il en résulte que si Jésus continue à souffrir en ses saints, c’est parce que les péchés des hommes continuent à blesser son Corps, son Corps mystique.

Jésus, Tu es notre vie, l’origine de notre vie, l’essence de notre vie, notre Fontaine de vie. Tu nous as faits pour que nous T’aimions malgré nos faiblesses, nos misères, nos péchés, nos infidélités, et tous nos amours-propres et nos respects humains.  Jésus Tu es notre vie, notre lumière, notre salut, notre miséricorde. Tu es la vérité, notre éblouissement... Tu es Jésus, notre chemin, notre chemin droit et sûr. Tu es notre lumière, notre lampe sur la route... Tu nous aimes Jésus, Tu nous l’as fait comprendre quand Tu brûlas le cœur des disciples d’Emmaüs...

Mais nous ne Te voyons pas... et nos cœurs sont inquiets. Pourtant ils devraient bien savoir que Tu es le Pardon, et la Force, et l’Amour. Et que Tu es QUELQU’UN.

Tu es QUELQU’UN Seigneur. Tu l’as été pour tes apôtres et pour tes disciples. Tu l’a été pour tous tes saints. Eux savent nous dire, à nous qui doutons trop, que Tu es vraiment QUELQU’UN, et QUELQU’UN qui nous aime. Tous les saints nous le disent. 

 

Mon Dieu, Vous êtes QUELQU’UN! Et QUELQU’UN qui nous aime! Alors, pourquoi vous cachez-Vous?

 

Pour comprendre comment Jésus, Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai Homme, s’est fait l’un de nous, il importe de Le suivre dans sa vie terrestre. Et d’abord, comment Jésus priait-Il?

Tous les matins, très tôt, avant que les apôtres ne s’éveillent, Jésus s’en allait dans la campagne, et là, Il retrouvait le Père. Sa divinité, perdue au sein de la Trinité, pouvait redonner à son humanité les forces et la vigueur dont elle avait besoin pour poursuivre sa tâche, et quelle tâche!... L’Homme Jésus, l’Homme Dieu était alors, et visiblement, le Pont qui reliait l’homme au Père. Bientôt Jésus épouserait la Croix, et la Croix portant le divin Crucifié, deviendrait elle-même ce Pont...

Bientôt Jésus épouserait la Croix, Il serait élevé de terre, Il retournerait au Père, et Il enverrait l’Esprit... Tous les matins, Jésus priait. Il s’unissait au Père et recevait l’Esprit. Fortifié, Jésus pouvait retourner vers les hommes et accomplir sa tâche de Rédempteur. Mais pendant encore quelques instants Jésus contemplait sa création. Et nous, nous contemplons notre Sauveur...

Vous regardez, Jésus, toute la Création, cette Œuvre merveilleuse née de votre Parole, jaillie de votre Verbe. Vous regardez les mondes merveilleux que Vous avez créés et confiés à vos anges. Vous regardez tous les êtres vivants doués de sensibilité pour être la joie des hommes. Vous regardez enfin les hommes, les pauvres hommes que nous sommes, ces hommes qui sont vôtres et que Vous aimez tant. Ces hommes à qui Vous avez donné la terre pour la peupler et la faire fructifier. Et elle est si belle cette terre que parfois nous, pauvres hommes, nous avons la tentation de nous y arrêter, de la saisir, de la prendre et de l’utiliser, de nous en faire un dieu...

Alors Jésus, votre regard s’éloigne des créatures et nous invite à le suivre. Votre regard s’éloigne des choses que Vous avez créées qui peuvent devenir pièges pour nous, si nous n’y prenons garde, si nous oublions que ce n’est pas pour la création que Vous nous avez façonnés à votre image, mais pour Vous, pour le Père, pour Dieu Un et Trine. Et votre regard regarde nos âmes.

Puis votre regard se tourne de nouveau vers le Père, votre Père. Votre regard se tourne vers le Père et se perd dans un Amour infini, incréé, éternel, votre Amour, l’Amour du Père et du Fils, l’Amour qui est Vous, l’Amour qui est l’Esprit. Votre regard nous regarde, Jésus, et nous invite à le suivre pour découvrir le Père, pour découvrir l’Esprit, pour découvrir l’Amour...

Dieu s’est fait Homme pour mieux aimer l’homme et permettre à l’Homme de L’aimer avec son coeur et sa sensibilité, achevant ainsi l’unité de la Création dont la vocation est l’Amour. C’est bien difficile à exprimer ce mystère de l’Amour avec des mots humains! Pourtant, c’est seulement quand on a commencé à comprendre un peu ce mystère de l’Amour que l’homme peut retrouver sa vraie place à la charnière des deux cosmos: le cosmos de l’infiniment grand, et le cosmos de l’infiniment petit, sans sombrer dans le vertige ou le désespoir. C’est alors seulement que l’Homme commence à comprendre qu’il est grand malgré sa petitesse, et peut-être à cause de sa petitesse. Car l’Homme est fait par l’Amour qu’est Dieu et pour l’Amour qu’il doit amoureusement rendre à l’Amour.

Jésus prie... Il contemple la terre, il contemple l’humanité qu’Il est venu enseigner et sauver. Jésus contemple la terre, comme le jardin de Dieu, un jardin magnifique où chaque plante est splendide, où chaque plante, quelle qu’elle soit, a sa beauté, son parfum, son utilité, pour le plaisir de Dieu.

Dieu se penche vers son jardin, vers chaque plante qu’Il aime d’un Amour de prédilection: car chaque plante est privilégiée. Car chaque plante, de la plus petite à la plus grande est voulue et aimée de Dieu, car chaque plante contribue à l’Harmonie de la création.

Et nous, avec le regard de Jésus, nous regardons ce jardin dans lequel nous ne sommes pas encore entrés, mais qui nous attend tous, quand nous aurons été sanctifiés. Car c’est le Seigneur qui nous sanctifie et Jésus, regardant la terre et les hommes qui l’habitent, nous enseigne l’humilité étonnante de Dieu-Créateur et Amour...

Jésus, votre regard nous a emmenés bien loin. Nous croyons vraiment que Vous êtes vivant, que Vous êtes présent, que Vous êtes QUELQU’UN. Mais voici que nous ne voyons plus que nos objets quotidiens... Nous nous retrouvons un peu seuls bien que Vous soyez là. Mon Dieu! Pourquoi Vous cachez-Vous?

Le silence

Le silence de Dieu! Dieu est silence et ne s’exprime que dans le silence. Et Dieu crée dans le silence. Et Dieu dit son Amour dans le silence. Est-ce pour cela, mon Dieu que nous ne Vous entendons pas? Nous ne pouvons pas Vous entendre car Vous êtes Silence! Pourtant Vous nous parlez et votre Parole est créatrice. Votre Parole existe puisque votre Verbe, le Fils que Vous aimez, votre unique, c’est votre Parole, la Parole de Dieu. Ô mon Dieu, ô Père, comme il est difficile de Vous comprendre!

Dieu! Vous êtes Silence, et votre silence parle, et Votre silence crée, et votre silence, que nous n’entendons pas, nous parle cependant, et votre silence aime.

Père! Votre Parole existe, puisque c’est Jésus-Christ. Et Jésus-Christ nous a parlé. Il nous a parlé dans son temps, pendant sa vie publique, pour nous apprendre votre Amour, votre Amour que nous ne trouvons que dans le silence. Pourtant, mon Dieu, nous qui ne sommes que des hommes, nous ne pouvons comprendre que ce que nous entendons avec nos oreilles, ou voyons avec nos yeux, nos oreilles et nos yeux qui sont les portes de notre intelligence.

Mais Vous êtes Silence, et Vous êtes Ténèbres, ces Ténèbres de l’excès de votre Lumière que vos saints ont su voir.

Ô mon Dieu! Comme tout ce qui Vous concerne est difficile à appréhender! Vous êtes Silence, et pourtant Vous parlez... Vous êtes Ténèbres pour nos yeux aveuglés, et pourtant Vous êtes la Lumière... Vous voulez que l’on Vous aime, et pourtant nous ne pouvons pas Vous connaître puisque les sens que Vous nous avez donnés ne sont pas adaptés pour capter les excès de votre Amour, de votre Parole silencieuse, de votre Lumière ténébreuse.

Jésus, maintenant que Vous êtes retourné vers le Père, que Vous êtes dans le sein du Père, tout est très clair pour Vous. Dieu-Fils, Dieu-Verbe-de-Dieu, Vous n’avez pas besoin de paroles humaines pour entendre le Père, Vous n’avez pas besoin de lumières humaines pour voir Dieu, puisque Dieu-Fils Vous êtes en Dieu, UN avec Dieu-Père. Et l’Esprit Vous unit dans l’étreinte éternelle de la Trinité Sainte. Mais Jésus, même si Vous n’avez pas besoin de paroles ni de lumières humaines, pour entendre et pour voir Dieu, Vous avez conservé votre Cœur d’homme pour aimer tous les hommes. Car vous fûtes l’un de nous, Jésus, en votre temps, car Vous avez pris notre chair imparfaite, pour nous faire entendre Dieu, nous Le faire voir, et nous Le faire aimer.

 

Ô mon Dieu! Votre silence effraie et pourtant il nous parle. Votre Silence a fait les mondes, avec leurs forces de cohésion ou d’extension. Votre Silence a créé les ondes sonores, et la gravitation universelle, et les ondes électromagnétiques, et toutes les forces qui régissent l’univers. Et toutes ces forces de l’univers, ces forces qui créent l’univers, qui sont la structure même de l’univers et qui assurent son équilibre, ces forces, quand elles parviennent à nos oreilles sont bruits, ou lumières, ou ténèbres, ou joie, ou douleur...

C’est seulement par ces forces, que nos sens peuvent capter, que nous connaissons l’univers. Mais quand cela fait trop de bruit, ou trop de lumière, ou trop d’autres choses que nous ne savons pas nommer, nous sommes assourdis, ou aveuglés, ou effrayés. L’univers et les mondes qui nous entourent nous effraient ou nous séduisent. Et quand ils nous séduisent, ils nous éloignent de Vous. Car, Vous, mon Seigneur, Vous êtes Silence, et votre silence ne peut pas s’entendre dans le bruit... Pour que nous puissions Vous entendre, Seigneur, il faut que nous fassions silence.

Alors, mon Dieu, comme nous voulons Vous entendre et Vous voir, nous faisons silence en nous, ou du moins nous essayons, car, souvent, dès que nous nous efforçons de nous mettre en votre présence, un cinéma infernal naît en nous comme pour obscurcir notre intelligence qui s’affole. Et notre cœur crie vers Vous, Jésus, mais Vous semblez Vous taire... Car Vous êtes Silence, Jésus, depuis que Vous êtes retourné vers le Père, car Vous êtes Dieu, et Dieu est Silence. Tout est bruit en nous et autour de nous, et votre Silence, nous ne savons pas le lire. Alors nous tendons tout notre être vers Vous pour être unis à Vous, transformés par Vous, vivants en Vous et pour Vous. Et nous Vous prions, Jésus de nous faire entendre et comprendre votre Silence.

Ô mon Dieu! nos pauvres oreilles d’homme ne peuvent pas entendre votre Silence. Nos yeux humains ne savent pas voir votre Lumière. Seul notre cœur nous reste pour tenter de “lire” dans notre cœur ce que votre Silence y inscrit quelquefois... Ô Seigneur! Comme ce qui Vous concerne est difficile à appréhender! Vous êtes Silence, et pourtant Vous parlez... Vous êtes Ténèbres pour nos yeux aveuglés, et pourtant Vous êtes la Lumière... Vous voulez que l’on Vous aime, et pourtant nous ne pouvons pas Vous connaître puisque les sens que Vous nous avez donnés ne sont pas adaptés pour capter les excès de votre Amour, de votre Parole silencieuse, de votre Lumière ténébreuse. Et pourtant vous êtes QUELQU’UN!...

Jésus, maintenant que Vous êtes retourné vers le Père, que Vous êtes dans le sein du Père, tout est très clair pour Vous. Dieu-Fils, Dieu-Verbe-de-Dieu, Vous n’avez pas besoin de paroles humaines pour entendre le Père, Vous n’avez pas besoin de lumières humaines pour voir Dieu, puisque Dieu-Fils Vous êtes en Dieu, UN avec Dieu-Père. Et l’Esprit Vous unit dans l’étreinte éternelle de la Trinité Sainte. Mais Jésus, même si Vous n’avez pas besoin de paroles ni de lumières humaines, pour entendre et pour voir Dieu, Vous avez conservé votre Cœur d’homme pour aimer tous les hommes. Car vous fûtes l’un de nous, Jésus, en votre temps, car Vous avez pris notre chair imparfaite, pour nous faire entendre Dieu, nous Le faire voir, et nous Le faire aimer.

Jésus! Il est des choses si grandes que nous ne pouvons pas les exprimer, que nous pouvons à peine les percevoir. L’amour que Tu as pour nous les hommes est probablement la plus grande chose qui soit. Mais quel mystère! Dieu nous a fait pour Lui, Dieu nous aime, Il ne veut que notre bonheur, et Il veut que nous L’aimions. Or aimer Dieu, c’est le bonheur, le plus grand bonheur qui se puisse imaginer. Nous avons été faits par l’Amour, par amour, et pour l’Amour, c’est-à-dire pour Dieu. Aimer Dieu, Le servir, et faire sa volonté, c’est-à-dire répondre à ses désirs d’amour et de bonheur pour nous, c’est être heureux, immensément heureux...

Seigneur notre Dieu, un “jour” de ton éternité, quand Tu pris la décision de créer l’homme, Tu voyais déjà chacun d’entre nous. Tu savais qu’un certain jour du temps, notre temps, nous pourrions nous émerveiller de tes merveilles, de ton amour, de Toi. Tu savais Jésus, que nous pourrions nous tourner vers Toi, et Te dire: “Je T’aime!” Car nous  T’aimons, Jésus, d’un étonnant amour qui ne peut s’exprimer tant les mots pour le dire sont tous insuffisants, insuffisants et pauvres. Nous T’aimons Jésus, très pauvrement car nous sommes si pauvres et si petits...

Jésus, comment faire pour Te dire notre amour? Tu vois, nous ne savons pas bien: nous ne savons que nous taire. Ce silence de pauvre, Jésus, ce silence plein de Toi, est-ce une parole d’amour? Est-ce ainsi que Tu veux que nous disions: “Je T’aime!” sans même savoir le dire, mais en laissant notre cœur Te contempler d’amour? Oui, nous pouvons aimer Dieu d’amour car Il est vraiment QUELQU’UN.

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