Deuxième partie

Les enseignements de l’Incarnation
Dieu s’incarne. Dieu vit avec nous, comme nous

Chapitre 6

La Passion de Jésus

Gethsémani

Jésus à Gethsémani implore le Père : “Que ce calice passe loin de Moi.”

Oui, que ce calice passe loin de Vous, Jésus, ce calice plein des âmes à sauver, des âmes que Vous sauvez. Ce calice de vos douleurs, de vos souffrances, de votre Passion, ce calice plein des âmes qui se perdent parce qu’elles Vous refusent. Ce calice plein des âmes qui ne savent plus aimer, ce calice plein des coeurs dont Vous avez soif. “Père, si c’est possible...” Faites, ô Père, que les âmes se sauvent, que les âmes comprennent enfin l’Amour, que les âmes retrouvent leur liberté, que les âmes Vous aiment puisque Vous êtes Amour et que Vous nous aimez.

Chante l’Amour

Chante l’Amour! Chante l’Amour, même quand tu as envie de pleurer, même quand ton coeur est triste, même quand les nouvelles autour de toi sont mauvaises, même quand quelqu’un confirme ce que l’on savait déjà, concernant les persécutions subies par l’Église dans tant de pays du monde. Chante l’Amour quand ton coeur est triste à en éclater, éclater de chagrin, de douleur, chante l’Amour quand ton âme est souffrance.

Chante l’Amour, ô mon âme, chante l’Amour douloureux de ton Dieu, l’Amour blessé de Jésus, l’Amour qui tue Jésus dans son Agonie. Chante l’Amour, ô mon âme, chante l’Amour de Jésus pour son peuple, chante l’Amour de Jésus pour les hommes qu’Il aime, qu’Il a tant aimés qu’Il a accepté de mourir sur la Croix. Chante l’Amour, ô mon âme, l’Amour douloureux de ton Dieu qui n’est pas aimé...

Chante l’Amour, ô mon âme, l’Amour de Dieu pour toi, chante les larmes de Jésus, chante la douleur de Jésus, chante l’Agonie de Jésus, chante sa Passion. Chante la Passion de Jésus, car sa Passion, c’est son Amour pour toi; car sa Passion, c’est ton salut. Chante la Passion de Jésus devenue ta passion, la passion de ceux qui croient en Dieu, qui croient en son Amour, en son Amour pour nous. Chante l’Amour, ô mon âme, l’Amour devenu larmes, l’Amour devenu peine, l’Amour qui t’aime tant, l’Amour qui aime, qui aime à en mourir.

Chante l’Amour, ô mon âme, l’Amour de Jésus-Christ, l’Amour de ton Jésus, l’Amour de Dieu fait homme pour montrer son Amour, l’Amour de Dieu pour toi. Chante l’Amour lorsque ton coeur est triste, trop triste, parce que l’Amour n’est pas aimé. Chante l’Amour pour ceux qui pleurent, chante l’Amour pour ceux qui aiment, chante l’Amour pour ceux qui souffrent, car l’Amour est souffrance, car l’Amour est douleur... Chante l’Amour, car Il est vie sur cette terre, car Il est vie en toi, Il est ta vie. Même s’Il est ta douleur. Même s’Il te fait pleurer. Chante l’Amour, ô mon âme.

Chante l’Amour, l’Amour de Dieu pour toi. Chante l’Amour car Il est joie aussi, même s’Il est douleur. Chante l’Amour, car Il est paix, car Il est plénitude. Chante l’Amour car Il est vie. Chante l’Amour, ô mon âme, Il est ta vie, Il est ta joie, Il est ton Amour.

Chante l’Amour, ô mon âme, l’Amour de Dieu pour toi, chante l’Amour, car Il t’aime. Oui, Il t’aime, toi le tout petit, toi qui souffres dans ton coeur, toi qui souffres dans ton âme, toi qui souffres dans ton esprit, toi qui souffres dans ton être tout entier. Chante l’Amour, ô mon âme, toi que l’indifférence a brisée, toi que la haine a déchirée. Chante l’Amour, ô mon âme, chante l’Amour, car l’Amour t’aime...

Chante l’Amour, ô mon coeur, chante l’Amour dans ta détresse, chante l’Amour dans ton chagrin, chante l’Amour par tes larmes et par tes pleurs. Chante l’Amour, ô mon coeur. Chante l’Amour, car Il t’attend. Il t’attend car Il t’aime. Chante l’Amour, ô mon coeur, chante l’Amour, car Il t’attend. Chante l’Amour, ô mon coeur, l’Amour toujours fidèle, l’Amour qui ne trompe pas et ne déçoit jamais. Chante l’Amour, ô mon coeur, chante l’Amour, chante Jésus, chante ton Dieu. Chante Celui qui t’aime et te regarde, Celui qui t’aime et qui te dit: ”Viens! Viens, Je t’attends. Viens, Je suis ta consolation, viens, Je suis ton Amour, ton véritable amour.”

Chante l’Amour, ô toi qui saignes, ô toi le coeur blessé, le coeur meurtri, le coeur désolé, le coeur trop douloureux, le coeur si douloureux qu’il ne peut que pleurer. Chante l’Amour, l’Amour de Dieu qui te désire, qui veut panser tes plaies, qui veut te consoler. Chante l’Amour, ô toi le coeur blessé, chante l’Amour, même si tes notes sont mouillées de larmes. Chante l’Amour. Regarde-Le, vois comme Il t’aime. Il a donné sa vie pour toi. Il fut blessé pour toi. Il est tombé pour toi, toi qui étais péché, Il est tombé sur le Chemin de Croix, le Chemin de l’Amour qui sera ton chemin. Il veut te montrer le chemin. Chante l’Amour, car l’Amour t’aime.

Chante l’Amour, ô mon âme, même s’il est à Gethsémani, même s’il est douleur pour toi, même s’il est peine, même s’il est souffrance. Car l’Amour est souffrance, car l’Amour aujourd’hui est à Gethsémani. Chante l’Amour, et ton Dieu exultera de joie à cause de toi...

Hérode et Pilate

Les bourreaux, fatigués de tourmenter Jésus sont allés se reposer. Mais maintenant c’est l’aube et les docteurs de la loi sont pressés de reprendre le procès de Jésus, ou plutôt la parodie de procès, et d’en finir avec Lui.

Les bourreaux retirent donc Jésus de l’ignoble cachot dans lequel ils l’avaient enfermé, et le mènent d’abord devant Anne et Caïphe et les autres membres du Sanhédrin, puis chez Pilate. Ce dernier, trop content de se décharger d’une sale affaire, envoie Jésus chez Hérode. Alors qu’Il avait répondu aux questions de Pilate, chez Hérode, Jésus se tait, refusant d’entrer dans le jeu cynique de cet abject personnage. Hérode le déclare fou, et dès lors les mépris et les outrages pleuvent...

Nous Vous contemplons, Jésus, muet devant les mépris d’Hérode. Vous Vous taisez et Vous priez. Votre âme certainement pleure, car ce sont les vôtres, ceux de votre peuple, le peuple de Dieu, ce sont les vôtres qui Vous rejettent, qui Vous méprisent, ne voulant pas comprendre la sublimité de votre mission: vraiment Vous n’êtes qu’un fou, un pauvre homme exalté, au cerveau dérangé, un idéaliste déséquilibré. Qui, en effet, maintenant, pourrait Vous écouter, et surtout Vous suivre?

Pourtant, tout dans votre vie est enseignement pour nous, et quel enseignement! Vous venez de Dieu, de Dieu qui est QUELQU’UN, qui est même Père, et Vous voulez nous faire comprendre que rien dans votre vie n’avait été laissé au hasard; que rien non plus dans nos vies est le fait du hasard, mais que tout a un but: nous conduire à Vous, à Dieu, en réalisant la vocation que Vous avez voulue pour nous, pour chacun d’entre nous.

Jésus, nous Vous contemplons chez Hérode... On Vous méprise, on Vous outrage. Tous ceux qui sont là Vous méconnaissent, Vous humilient, Vous bafouent... et Vous Vous taisez. Vous priez pour ces pauvres hommes qui ne savent pas, ne comprennent pas ce qu’ils font, ce qu’ils disent...

On Vous ramène chez Pilate. Vous portez toujours la robe blanche de dérision, la robe des fous, et l’on rit bien autour de Vous: “Il en a sauvé d’autres, Il ne peut se sauver Lui-même...” 

Voilà que Vous arrivez chez Pilate. Il n’est pas fou Pilate, il a bien compris le jeu des juifs; il sait que Vous êtes innocent. Vous Vous dites Roi, Jésus, mais “votre Royaume n’est pas de ce monde”. Pilate pense intérieurement que Vous n’êtes guère dangereux, ce n’est pas Vous qui mettrez Rome en péril. Il sait aussi que Vous avez dit: “Rendez à César ce qui est à César.” Pilate a même appris, sa police est bien faite, que vous payiez vos impôts. On ne lui a pas dit comment Vous aviez trouvé la somme dans la bouche d’un poisson. Cela ne le regarde pas pourvu que l’argent rentre dans ses caisses.

Pilate sait que Vous êtes innocent de tout ce dont on Vous accuse aujourd’hui.  Vous êtes simplement venu rendre témoignage à la vérité. Mais qu’est-ce que la vérité, n’est-ce pas? Chacun a la sienne, n’est-il pas vrai? Non vraiment Jésus, pour Pilate Vous n’êtes qu’un pauvre homme, un rêveur... Un rêveur qui ne cesse de proclamer: “Aimez-vous les uns les autres.” Vous, c’est Rome que vous aimez, que vous craignez surtout, mais Rome vous fait vivre, et bien vivre. Et puis les vertus romaines, ce n’est pas rien, et vous êtes décidé à rester loyal envers Rome: tant pis pour le reste!

Jésus, pour Pilate Vous n’êtes qu’un pauvre homme vivant dans l’utopie: n’avez-Vous pas dit: “Heureux les pauvres!” Non vraiment, Vous n’avez rien compris à l’existence! “Heureux les coeurs purs!” Alors là, Vous exagérez! Vous ne connaissez donc rien à la vie ni au plaisir? “Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice!”

Décidément Pilate serait sur le point de comprendre les pharisiens et les grands du peuple juif. Eux, au moins, ils ne s’embarrassent pas de scrupules: leurs employés sont à peine plus que des esclaves, et s’ils veulent manger un peu, ils doivent travailler dur, malades ou pas. Surtout pas de sensiblerie, ça coûte trop cher! Alors les veuves et les orphelins, ils n’ont qu’à se débrouiller...

Il y a bien dans la loi juive une petite phrase qui dit qu’il faut secourir les veuves et les orphelins, mais ce n’est qu’une petite phrase, et elle est si bien cachée qu’elle a été oubliée.

Non, vraiment, cet homme qui est devant moi, doit penser Pilate, cet homme n’est vraiment qu’un pauvre fou!...

Pilate hausse les épaules, mais il n’a pas compris que quelqu’un qui déclare sans cesse: “Aimez-vous les uns les autres... Aimez votre prochain comme vous-même” c’est bien dangereux. Les juifs l’avaient compris, eux! surtout les riches qui, à l’époque, et à quelques exceptions près, traitaient leurs paysans et leurs serviteurs moins bien que du bétail, et avec une rapacité inouie.  

Jésus, Vous n’êtes qu’un pauvre fou, car la sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes. Car Vous êtes Dieu, le Créateur du monde. Et l’on Vous prend pour fou car Vous êtes toute sagesse, la Sagesse de l’Amour, de l’Amour que Vous êtes. Vous êtes fou Jésus de la folie de Dieu qui aime sa Création, qui aime ses créatures, qui aime ses enfants. Vous êtes fou Jésus de la Sagesse de Dieu, la Sagesse du Dieu-Amour, fou d’Amour pour vos amis... Vous êtes fou d’Amour, Jésus, fou de votre Sagesse. Et nous, Jésus, nous contemplons votre folie, nous  aimons votre Sagesse. Nous aimons votre folie, Jésus, votre Amour qui nous crée, votre Amour qui nous aime, votre Amour qui nous aime toujours.

Oui, Vous êtes Amour, Jésus, car Vous êtes QUELQU’UN.

La Croix de Jésus

Quand l’Homme entre dans l’Amour, et vit d’Amour, alors les cosmos infinis, les galaxies surpuissantes ne donnent plus la nausée; les vertiges s’estompent, et l’âme stabilisée, équilibrée, plongée dans l’Amour, transformée en Amour par l’Amour, trouve sa vraie raison d’être: l’Amour.

Dans les lectures de l’Office du Samedi Saint, on peut lire, dans une Homélie ancienne pour le grand et Saint Samedi”, que Jésus, après sa mort, s’en alla chercher le premier homme: Adam, et, le prenant par la main, Il le releva en disant:“Éveille-toi, ô toi qui dors, et le Christ t’illuminera.” Puis Jésus fit comprendre à Adam, à l’Homme, tout ce qu’Il avait fait pour lui. Il lui dit, entre autres: “Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du Paradis. Moi, Je ne t’installerai plus dans le jardin, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie; mais voici que Moi, qui suis la Vie, Je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un dieu.”

Ce texte a vraiment de quoi surprendre tout en nous rassurant. Ainsi, Jésus, Celui que l’on vient de crucifier sur l’arbre de la Croix, Jésus qui est mort, il n’y a que quelques heures, Jésus qui est la Vie et qui le prouvera bientôt en ressuscitant d’entre les morts, Jésus ne fait plus qu’un avec Adam, avec l’Homme, avec nous, avec chacun de nous.  Ainsi nous ne faisons plus qu’un avec Jésus crucifié sur la Croix, et, dans le Corps mystique que nous formons, nous constituons l’Église.

Ainsi, quand nous sommes emportés par les flots putrides du péché, Jésus, le Crucifié, vient nous prendre par la main et nous relever. En effet, la croix d’ignominie que nous avions préparée pour Jésus est devenue la Croix glorieuse de notre salut. Elle est devenue la Croix que Jésus a choisie et avec laquelle Il ne fait plus qu’un. Sur la Croix, Jésus crucifié parce qu’Il avait pris sur Lui tout le péché du monde, ne fait plus qu’un avec nous!...

Ô Jésus ! Sur la croix d’infamie que par nos péchés nous avons contribué à Vous préparer, sur cette Croix que Vous avez conquise par votre crucifixion et avec laquelle Vous faites corps, sur la Croix, Vous nous sauvez. Vous nous sauvez, mais cela va bien plus loin. Puisque nous sommes pour Vous cette Croix, c’est sur nous tous, votre Corps mystique, votre Église, que Vous avez été crucifié, c’est avec nous tous que Vous faites Corps. Avec votre Croix que nous sommes tous pour vous, Jésus, Vous ne faites qu’un, et Vous nous conformez à Vous. 

Vendredi Saint : Ils ne savent pas ce qu’ils font.

Hier Jésus a livré son Cœur. Jésus a livré son Cœur Eucharistique pour demeurer jusqu’à la fin du monde avec les hommes aux prises avec la grande Épreuve. Jésus a livré son Cœur Eucharistique pour être toujours proche du Cœur de tous les hommes, car le Cœur Eucharistique de Jésus c’est l’Amour qui se donne, c’est l’Amour qui partage l’amour à tous les hommes que Dieu aime, les hommes de tous les temps et de toutes origines. Jésus a livré son Cœur Eucharistique qui sauve le monde et multiplie à l’infini les étincelles d’amour, nourriture éternelle des âmes immortelles.

Hier, Jeudi Saint, Jésus livrait son Cœur, source éternelle de Vie et d’Amour. Par l’amour de son Cœur Eucharistique, Jésus nous donnait son Amour. Jésus qui ne voulait pas nous laisser orphelins, savait que lorsqu’Il serait remonté vers le Père, Il nous enverrait l’Esprit Consolateur. Mais Jésus, sachant que les hommes de la terre sont des êtres sensibles qui ne peuvent connaître que par leurs sens, Jésus nous donna son Eucharistie pour aider notre foi, pour guider notre espérance, et nous faire croître dans l’Amour.

Hier, Jeudi Saint, Jésus livrait son Cœur; aujourd’hui, Vendredi Saint, Jésus livre son Corps. Il le fallait, c’était écrit: le Serviteur devait mourir pour nous donner sa vie. Le Christ eucharistié devait mourir pour vivifier l’Eucharistie et donner la Vie de Dieu au Pain et au Vin consacrés, Corps et Sang du Seigneur. Aujourd’hui, c’est le Sacrifice suprême de Jésus qui boit le Calice présenté par le Père...

On ne peut qu’adorer et se taire devant un tel mystère. Pourtant une question peut naître dans les intelligences humaines: comment les prêtres et les savants du Temple n’ont-ils pas reconnu le Messie, comment ceux qui auraient dû manifester au moins de la clémence ou un peu d’humanité, ont-ils pu livrer un homme juste à un tel supplice? Comment des gens qui avaient vu et peut-être bénéficié des miracles de Jésus ont-ils pu hurler avec les loups et accabler leur bienfaiteur en danger mortel? Et comment les disciples et les apôtres ont-ils pu abandonner Jésus? C’est un mystère profond...

Jésus, quand, du haut de la Croix Tu as dis: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Tu devais bien savoir de quoi Tu parlais. Souvent nous nous demandons ce que nous aurions fait si nous nous étions trouvés, un jour ou l’autre, dans la position d’un des docteurs ou des étudiants du Temple. Pendant des années ils avaient appris, le plus souvent par cœur, les textes anciens et leurs diverses interprétations et commentaires. Ils faisaient, naturellement confiance à leurs maîtres et se ralliaient à leurs opinions, à leurs positions. Alors, comment aurions-nous réagi face à un enseignement qui semblait remettre en cause les bases mêmes de la nation juive et de sa Loi? Probablement pas mieux que Saül avant qu’il ne devienne Paul...

Et puis, il y avait aussi ceux qui travaillaient dans l’entourage d’Hérode. Ils ne l’approuvaient certainement pas, mais c’était leur gagne-pain, la sécurité matérielle de leur famille. On peut invoquer n’importe quel prétexte du genre de: “Ils auraient dû...” on ne peut pas se mettre dans le cœur ou la sensibilité des gens de cette époque. Et nous devons nous dire: “Probablement que je n’aurais pas fait mieux.”

Et il y a les soldats, les Romains et tous les autres. C’étaient des hommes durs, formés à la dure, qui devaient se soucier bien peu des habitants des pays conquis. Pourvu que la paix et la tranquillité romaines règnent, le reste importait peu. Et à leur place, nous en auions peut-être fait autant...”

Jésus nous T’entendons encore: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Tout en T’adorant nous avons terriblement envie de les excuser ces malheureux hommes. Car nous ne valons pas mieux qu’eux...

Jésus, nous T’adorons. Nous adorons ta bonté et ta Miséricorde. Nous pleurons sur tes souffrances, sur tes douleurs. Les supplices que Tu subis nous font frémir, et pensant à tes martyrs, nous nous disons parfois que nous pouvons comprendre ceux qui, par faiblesse et par peur, ont momentanément apostasié. Ta Passion, Jésus, est beaucoup trop grande pour nous. Mieux que nous Tu le savais Jésus. Tu connaissais nos misères humaines, Tu savais le péché que l’Ennemi avait introduit dans nos âmes. Tu savais, Jésus, que souvent nous ne savons pas ce que nous faisons. Et avec une reconnaissance infinie nous T’écoutons, Jésus, et nous Te bénissons quand Tu cries vers le Père: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”

Sur la Croix, la Trinité triomphante

Depuis que le monde existe, les hommes ont éprouvé le besoin d’adorer quelque chose, ou quelqu’un, mais quoi, mais qui?

Constatant l’existence d’une force très supérieure à eux, mais ne pouvant la voir ni l’entendre, les hommes se sont fabriqué des idoles et les ont adorées. Par leur intermédiaire ils cherchaient à se concilier les bonnes grâces des dieux ou des esprits qu’ils ne connaissaient pas, ou qu’ils ne devinaient que par la manifestation des forces naturelles qu’ils redoutaient par-dessus tout. Nous, chrétiens, nous adorons Jésus présent dans son Eucharistie,... mais qu’est-ce qu’adorer?

L’adoration, c’est la reconnaissance de la présence d’un Créateur, infiniment puissant, de qui nous dépendons entièrement. Reconnaissant l’existence et la présence de Dieu Créateur dont nous recevons tout, Dieu créateur mais aussi Personne qui nous aime et que nous pouvons aimer, constatant que seuls, laissés à nous-mêmes, à nos seules forces, nous ne pouvons rien, absolument rien et que notre dépendance est totale, nous ne pouvons que nous incliner, reconnaître puis accepter notre contingence. Dieu nous fait connaître que tout vient de Lui, qu’Il pourrait nous supprimer d’un simple coup de crayon, mais qu’Il ne le fait pas car, curieusement, Dieu n’est pas une intelligence abstraite et aveugle, Dieu est d’abord Amour; Dieu aime sa créature et lui demande, en retour, de L’aimer: car l’Amour ne peut être Amour que s’il y a échange d’amour, échange mutuel et permanent.

Dieu n’est pas à notre taille, nous sommes beaucoup trop petits et nos yeux ne peuvent pas contenir l’Immense, l’infiniment immense. Et pourtant, dans l’Eucharistie, Dieu l’Infini, Dieu Trinité, Dieu le Fils est présent dans une petite Hostie, une Hostie bien à l’abri dans nos tabernacles, et nous Lui disons: ”Je T’aime!” Et nous T’adorons Seigneur; oui, nous T’adorons, Jésus, étincelle d’Amour venue tout près de nous pour nous parler d’Amour.

Car c’est cela aussi l’adoration: aimer d’amour l’Étincelle d’Amour de l’Infiniment Immense, aimer d’amour l’Amour Créateur qui nous aime et désire notre amour pour nous donner l’Amour. Et nous n’y comprenons rien!...    

Sur la Croix, Dieu ne meurt pas: au contraire, la Trinité, plus vivante que jamais, se manifeste aux hommes dans une clarté tellement vive qu’ils ont bien du mal à la distinguer. Sur la Croix, Dieu ne meurt pas, c’est l’Homme-Jésus, le Fils de l’Homme qui meurt en libérant l’Esprit, lequel révèle la présence du Père puisque l’Esprit-Saint c’est l’Amour du Père et du Fils, c’est la spirale éternelle et infinie de l’Amour. Ainsi, sur la Croix, au moment précis où Jésus meurt, le Verbe de Dieu, nature divine de Jésus, après avoir prononcé ses dernières paroles, rejoint le Père qui, quoique toujours présent, était momentanément caché aux sens de l’Homme-Jésus mourant. Jésus, en mourant, libère le Verbe qui rejoint le Père, faisant ainsi jaillir l’Esprit.

Miracle des miracles! La Trinité, dans sa Vérité, est là, près des hommes “qui ne savent pas ce qu’ils font.” Comment le pourraient-ils, d’ailleurs? Mais Dieu Créateur sait ce qu’il y a dans l’homme, de faiblesse, de petitesse, de fragilité, mais aussi de capacité d’amour puisqu’Il l’a fait à son image... Dieu pardonne l’immense péché des hommes, car Il sait aussi que le plus grand coupable c’est l’Ennemi invisible qui ne cesse de rôder, “comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer.”

Nous ne savons que peu de choses du combat gigantesque que l’ennemi mène contre Dieu. Nous savons seulement que Jésus, Dieu et homme a vaincu Satan, et que, sur la Croix de Jésus, c’est toute la Trinité qui est triomphante.

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