PREMIERE PARTIE

SYMBOLES DE FOI (1-76)

Symbole de foi

Lettre des apôtres (version éthiopienne).

1        (œuvre apocryphe, écrite vers 160-170)

          au Père, souverain de l'Univers, et en Jésus Christ (notre Sauveur), et au Saint-Esprit (Paraclet), et en la sainte Église, et en la rémission des péchés.

Papyrus liturgique de Dêr-Balyzeh. (liturgie du 4e siècle).

2        (Fragment du VIe siècle découvert en Haute Égypte, contient la liturgie du milieu du IVe siècle. Le symbole semble plus ancien).

          Je crois en Dieu Père tout-puissant, et en son Fils, unique engendré, notre Seigneur Jésus Christ et en l'Esprit Saint, et en la résurrection de la chair, dans la sainte Église catholique.

Constitutions de l'Église égyptienne, vers 500.

a) Version copte : symbole baptismal.

3        (remontent à la traditio apostolica d'Hippolyte de Rome voir  Canon 10)

          Je crois en un seul Dieu vrai, Père tout-puissant, et en son Fils, unique engendré, Jésus Christ, notre Seigneur et sauveur, et en son Saint-Esprit qui donne vie à toute chose, Trinité consubstantielle, une seule divinité, une seule puissance, un seul règne, une seule foi, un seul baptême (cf. Ep 4,5 ) dans la sainte Église catholique et apostolique, en une vie éternelle. Amen.

b) Version éthiopienne sous forme interrogative.

4        Crois-tu en un seul Dieu, le Père tout-puissant, et en son Fils unique Jésus Christ, notre Seigneur et sauveur et en l'Esprit Saint qui donne vie à toute la création, la Trinité égale en divinité, et un seul Seigneur, un seul règne, une seule foi, un seul baptême (cf. Ep 4,5 ) dans la sainte Eglise catholique et une vie éternelle ?

c) Version éthiopienne sous forme affirmative.

5        Je crois en un seul Dieu, le Père, souverain de toutes choses, et en un seul Fils, le Seigneur Jésus Christ, et au Saint-Esprit, et en la résurrection de la chair, et en la sainte Église une, catholique.

Symbole baptismal de l'Église arménienne(Petit symbole de foi)

6        Nous croyons en la très sainte Trinité, au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, en l'Annonciation par Gabriel, (en la conception de Marie,) en la naissance du Christ, au baptême, (en la fête) en la Passion (volontaire), en la crucifixion, la sépulture durant trois jours, la Résurrection (bienheureuse),en l'Ascension divine, en la session à la droite du Père, en la venue terrible (et glorieuse) — nous professons et croyons (nous croyons et professons).

SYMBOLES STRUCTURES

I. Schéma trinitaire tripartite.

A - FORMULES OCCIDENTALES

·     Symbole des Apôtres

Hippolyte de Rome

« Traditio apostolica » (version latine). (presbytre de Rome, compose vers 215-217 )

10      (Crois-tu en Dieu, le Père tout-puissant ?) Crois-tu au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui est né par le Saint-Esprit de Marie, la Vierge, et a été crucifié sous Ponce Pilate, et est mort, et a été enseveli, et est ressuscité le troisième jour vivant d'entre les morts, et est monté aux cieux, et siège à la droite du Père, et qui viendra juger les vivants et les morts ? Crois-tu en l'Esprit-Saint, et la Sainte Eglise et la résurrection de la chair ?

Psautier du roi Aethelstan.

(Livre liturgique début IXe siècle. Ce symbole fait partie des formes les plus anciennes)

11      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, et en Christ Jésus, son Fils, l'unique engendré, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de Marie la Vierge, qui a été crucifié sous Ponce Pilate et a été enseveli, et qui le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, et siège à la droite du Père d'où il vient juger les vivants et les morts ; et en l'Esprit Saint, la sainte Église, la rémission des péchés, la résurrection de la chair (la vie éternelle).

Codex Laudianus.

(Codex des VIe - VIIe siècles)

12      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, et en Christ Jésus Christ), son Fils unique, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de Marie, la Vierge, qui sous Ponce Pilate a été crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en l'Esprit Saint, la sainte Église (catholique), la rémission des péchés, la résurrection de la chair.

S. Ambroise, évêque de Milan

Explanatio Symboli. (sans doute transcrite par un scribe selon St Ambroise avant 397)

13      Je crois en Dieu, le Père tout puissant et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né du Saint-Esprit, de Marie la Vierge, a souffert sous Ponce Pilate, est mort, a été enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en l'esprit Saint, la sainte Église, la rémission des péchés, la résurrection de la chair.

S. Augustin

Sermon 213 (« Sermo Guelferbytanus ») lors de la tradition du symbole
(Sermons 212 à 215 citent le même symbole à peu près, vers 392)

14      Je crois en Dieu, le père tout-puissant, et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie (a souffert) sous Ponce Pilate a été crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté au ciel, siège à la droite du Père, d'où il viendra pour juger les vivants et les morts ; et en l'Esprit Saint, en la sainte Église, la rémission des péchés, la résurrection de la chair.

S. Pierre Chrysologue

Sermons 57-62. (Évêque de Ravenne de 433 à 458)

15      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, et en Christ Jésus, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint, de Marie la Vierge, qui sous Ponce Pilate a été crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

Je crois (60 : nous croyons) en l'Esprit Saint, la sainte Église (62 : catholique), la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle.

Tyrannius Rufinus

Expositio (ou Commentarius) in symbolum. (écrit vers 404, symbole d'Aquilée, sa patrie)

16      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, invisible et impassible, et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né par l'Esprit Saint de Marie la Vierge, qui a été crucifié sous Ponce Pilate et enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en l'Esprit Saint, la sainte Église, la rémission des péchés, la résurrection de cette chair.

Missel et sacramentaire de Florence.(VIIe siècle)

17      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, né du Saint-Esprit et de Marie la Vierge, qui a été crucifié sous Ponce Pilate et a été enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté au ciel, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en l'Esprit Saint, en la sainte Eglise, en la rémission des péchés, la résurrection de la chair.

Nicétas, évêque de Remesiana

Explication du symbole. (IVe siècle en Mésie))

19      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, le créateur du ciel et de la terre, et en son Fils Jésus Christ, notre Seigneur né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort le troisième jour est ressuscité vivant d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts, et en l'Esprit Saint, la sainte Église catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair et la vie éternelle.

S. Augustin

Sermon 215 lors de la reddition du symbole. (Afrique Ve - VIe siècles voir Canon.14)

21      Nous croyons en Dieu, le Père tout-puissant, le créateur de toutes choses, le roi des siècles, immortel et invisible.

Nous croyons également en son Fils, notre Seigneur Jésus Christ, né par l'Esprit Saint de la Vierge Marie, qui a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour d'entre les morts, siège à la droite de Dieu, le Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

Nous croyons également en l'Esprit Saint, la rémission des péchés, la vie éternelle par la sainte Église catholique.

Pseudo-Augustin

(Quodvultdeus de Carthage) : Sermons sur le symbole.(entre 437 et 453)

22      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur de tout ce qui est, roi des siècles, immortel et invisible. Je crois également en son Fils Jésus Christ, (son Fils unique, notre Seigneur,) qui est né par l'Esprit Saint de la Vierge Marie, (qui) a été crucifié sous Ponce Pilate et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour d'entre les morts, a été emporté aux cieux (est monté au ciel) et siège à la droite du Père (de Dieu), d'où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois également en l'Esprit Saint, la rémission des péchés, la résurrection de la chair en vue de (et la) vie éternelle par la sainte Église.

Ildefonse de Tolède

De cognitione baptismi. (659-669)

23      Je crois (Crois-tu... ?) en Dieu, le Père tout-puissant, et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Dieu et Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et (de) Marie la Vierge, qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié et enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité vivant d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant (du Père), d'où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois (Crois-tu... ?) en l'Esprit saint, la sainte Église catholique, la rémission de tous les péchés, la résurrection de la (de cette) chair et la vie éternelle.

Fragments d'un symbole gaulois plus ancien,

(Cyprien, Évêque de Toulon vers 530 + Fauste, Évêque de Riez vers 470)

25      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. Je crois également en Jésus Christ, son Fils unique engendré, notre Seigneur, qui, conçu de l'Esprit Saint, est né de Marie la Vierge a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

26      Je crois également en l'Esprit Saint, la sainte Église, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle.

« Missale Gallicanum Vetus »

Sermon (9 de Césaire d'Arles) sur le symbole

27      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. Je crois également en Jésus Christ, son Fils, unique engendré, éternel, qui a été conçu de l'Esprit Saint, est né de Marie la Vierge, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour il est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la vie éternelle.

Pirmin

Collection de textes de divers livres canoniques. (Gaule Narbonnaise vers 720 )

28      Crois-tu en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ?

Crois-tu également en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu de l'Esprit Saint, est né de Marie la Vierge, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts ?

Crois-tu en l'Esprit Saint, la sainte Eglise catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle ?

Antiphonaire de Bangor

(Manuscrit vers 680-690 en Irlande du nord)

29      Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, invisible, le créateur de toutes les créatures visibles et invisibles.

Je crois également en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, le Dieu tout-puissant, conçu de l'Esprit Saint, né de Marie la Vierge, qui a souffert sous Ponce Pilate, qui, crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux et siège à la droite de Dieu le Père tout puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

Je crois également en l'Esprit Saint, Dieu tout-puissant, qui a une unique substance avec le Père et le Fils, que l'Église catholique est sainte, la rémission des péchés, la communion des saints, la résurrection de la chair.

Je crois en une vie éternelle après la mort et en la vie éternelle dans la gloire du Christ.

Tout cela est ma foi en Dieu.

« Ordo » baptismal romain

(« Ordo Romanus » XI, édition. Andrieu ; VII, éd. Mabillon). (forme complète à partir du IXe siècle)

30      (1) Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,

          (2) et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur

          (3) qui a été conçu de l'Esprit Saint, est né de Marie la Vierge,

          (4) a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers,

          (5) le troisième jour est ressuscité d'entre les morts,

          (6) est monté aux cieux, siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant,

          (7) d'où il viendra juger les vivants et les morts.

          (8) Je crois en l'Esprit Saint,

          (9) (je crois) la sainte Église catholique, la communion des saints,

          (10) la rémission des péchés,

          (11) la résurrection de la chair,

          (12) (et) la vie éternelle.

·     Formes interrogatives brèves du Symbole baptismal

Sacramentarium Gelasianum

(Pratique romaine liturgique vers le VIe siècle, origine plus ancienne)

36      Crois-tu en Dieu, le Père tout-puissant (le créateur du ciel et de la terre) ?

Crois-tu également (et) en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né et qui a souffert ?

Crois-tu également en l'Esprit Saint, la Sainte Église (catholique), la rémission des péchés, la résurrection de la chair (la vie éternelle) ?

B. FORMULES ORIENTALES

Symboles Locaux

Eusèbe, évêque de Césarée

Lettre à son diocèse, 325. (Eusèbe ayant été baptisé sous cette forme, symbole vers 250 ?)

40      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles.

Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Verbe de Dieu, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vie de vie, Fils, unique engendré, premier-né de toutes les créatures, engendré du Père avant tous les siècles, par qui également tout a été fait, qui, pour notre salut s'est incarné et a demeuré parmi les hommes, a souffert, le troisième jour est ressuscité monté vers le Père, et viendra à nouveau dans la gloire juger les vivants et les morts. Nous croyons également en un seul Esprit Saint.

S. Cyrille, évêque de Jérusalem

Catéchèse VI-XVIII, vers 348. (texte reconstitué à partir de catéchèses)

41      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles. (Et) en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, l'unique engendré, qui a été engendré du Père vrai Dieu avant tous les siècles, par qui tout a été fait, qui (est descendu, est devenu chair et) s'est fait homme, a été crucifié (et a été enseveli et) est ressuscité (d'entre les morts) le troisième jour, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, et viendra dans la gloire juger les vivants et les morts ; son règne n'aura pas de fin.

(Et) en un seul Saint-Esprit, le Paraclet, qui a parlé dans les prophètes, et en un seul baptême de conversion pour la rémission des péchés, et en une seule Église sainte et catholique, et en une résurrection de la chair, et en une vie éternelle.

Epiphane, évêque de Salamine

« Ancoratus », 374.
a) Forme brève. (peut-être interpolée voir Canon 150

42      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles.

Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, l'unique engendré qui a été engendré du Père avant tous les siècles, c'est-à-dire de la substance du père, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, aux cieux et sur la terre, qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de Marie la Vierge, et s'est fait homme, a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Écritures et est monté aux cieux, siège à la droite du Père et reviendra en gloire juger les vivants et les morts, et son Règne n'aura pas de fin.

Et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne la vie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes ; en une seule Église sainte, catholique et apostolique ; nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés, nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.

43      Quant à ceux qui affirment : « il fut un temps où il n'était pas », et « avant d'être engendré il n'était pas », ou qu'il a été créé à partir du néant, ou qui disent que le Fils de Dieu est d'une autre substance ou essence, ou qu'il est soumis au changement ou à l'altération, ceux-là l'Église catholique les frappe d'anathème.

b) Forme longue. (proche du symbole de Nicée cf. aussi Canon 46 ; Canon 48 )

44      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, engendré de Dieu le Père, unique engendré, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait aux cieux et sur la terre, les choses visibles et invisibles, qui pour les hommes et pour notre salut, est descendu et s'est incarné, c'est-à-dire a été engendré parfaitement de Marie la sainte toujours vierge par l'Esprit Saint ; il s'est fait homme, c'est-à-dire a pris l'homme complet, l'âme, le corps et l'esprit et tout ce qu'est l'homme, à l'exception du péché, sans venir d'une semence d'homme ni dans un homme, mais il s'est formé pour lui-même une chair, réalisant une unique unité sainte ; non à la manière dont il respirait, parlait et agissait dans les prophètes mais en se faisant parfaitement homme (« car le Verbe s'est fait chair », sans subir aucun changement, ni transformer sa nature divine en nature humaine) ; il l'a unie à sa perfection sainte et à sa divinité unique (car un seul est le Seigneur Jésus Christ, et non pas deux, le même est Dieu, le même, Seigneur, le même, roi) ; mais le même a souffert dans la chair, est ressuscité, est monté aux cieux dans ce même corps, siège dans la gloire à la droite du Père, viendra dans ce même corps, en gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son Règne n'aura pas de fin ; et nous croyons au Saint-Esprit, qui a parlé dans la Loi et a prêché par les prophètes, qui est descendu au Jourdain, parle dans les apôtres et habite dans les saints ; et nous croyons en lui en ce sens qu'il est Esprit Saint, Esprit de Dieu, Esprit parfait, Esprit Paraclet, incréé, qui procède du Père, qui est reçu du Fils et en qui il est cru ; nous croyons en une seule Église catholique et apostolique, et en un seul baptême de conversion, en une résurrection des morts et en un juste jugement des âmes et des corps, et en un Royaume des cieux et en une vie éternelle.

45      Mais ceux qui affirment qu'il fut un temps où le Fils ou le Saint-Esprit n'étaient pas, ou qu'ils ont été créés à partir du néant, ou qu'ils sont d'une autre substance ou essence, ou qui disent que le Fils de Dieu ou le Saint-Esprit sont soumis au changement ou à l'altération, ceux-là l'Église catholique et apostolique, votre mère et la nôtre, les frappe d'anathème ; et nous anathématisons aussi ceux qui ne confessent pas la résurrection des morts, ainsi que toutes les hérésies qui ne relèvent pas de cette foi droite.

(Pseudo) Athanase

« Erméneia eis to sumbolon ». (attribution à Athanase (avant 373) déniée ; voir plutot  Canon 48)

46      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur des choses visibles et invisibles.

Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, engendré du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait au ciel et sur la terre, les choses visibles et invisibles ; qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu, s'est incarné et s'est fait homme, c'est-à-dire a été engendré parfaitement de Marie toujours vierge par l'Esprit Saint ; le corps, l'âme, l'esprit et tout ce qu'ont les hommes, à l'exception du péché, il l'a possédé en vérité non selon l'apparence ; il a souffert, c'est-à-dire a été crucifié, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour et est monté aux cieux dans ce même corps ; il siège en gloire à la droite du Père et il vient en gloire dans ce même corps pour juger les vivants et les morts ; son Règne n'aura pas de fin.

Nous croyons également en l'Esprit Saint, qui n'est pas d'une autre nature que le Père et le Fils, mais qui est consubtantiel au Père et au Fils, qui est incréé, parfait et Paraclet, qui a parlé dans la Loi, dans les prophètes et dans (les apôtres et) les évangiles ; qui est descendu au Jourdain, qui parlera (a parlé) aux apôtres et qui habite dans les saints. Et nous croyons en cette seule et unique Église catholique et apostolique, en un seul baptême de conversion et de rémission des péchés, en une résurrection des morts, en un jugement éternel des corps et des âmes, en un Royaume des cieux et en une vie éternelle.

47      Mais ceux qui affirment qu'il fut un temps où le Fils n'était pas, ou qu'il fut un temps où le Saint-Esprit n'était pas, ou qu'il a été créé de rien, ou qui disent que le Fils de Dieu ou l'Esprit Saint est d'une autre substance ou essence, qu'il est soumis au changement ou à l'altération, ceux-là nous les frappons d'anathème, parce que notre mère catholique l'Église apostolique, les frappe d'anathème ; nous anathématisons également ceux qui ne confessent pas la résurrection de la chair (des morts) et toute hérésie, c'est-à-dire ce qui ne tiennent pas cette loi de la sainte et unique Église catholique.

Grand symbole de foi de l'Église arménienne.

(Symbole utilisé dans la messe, peut-être début IVe siècle ? Canon 44 )

48      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, engendré du Père, unique engendré (c'est-à-dire de la substance du Père) avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. ce qui est au ciel (dans les cieux) et ce qui est sur la terre, le visible et l'invisible ; qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu des cieux, s'est incarné et s'est fait homme (est né) parfaitement de Marie la Vierge sainte par l'Esprit Saint ; d'elle (de celle-ci) il a pris chair, esprit, âme (chair, âme, esprit) et tout ce qui est en l'homme (qu'est l'homme il l'a possédé) en vérité et non selon l'apparence ; il a souffert, a été crucifié et enseveli, est ressuscité le troisième jour, est monté au ciel (aux cieux) dans ce même corps ; il siège à la droite du Père et vient dans ce même corps, dans la gloire du Père, pour juger les vivants et les morts ; et son Règne n'aura pas de fin.

Nous croyons (également) en l'Esprit Saint, qui est incréé, parfait, qui a parlé à travers la Loi, les prophètes et les évangélistes (dans la Loi, les prophètes et les évangiles), qui est descendu au Jourdain, qui a annoncé à l'apôtre (aux apôtres) et a habité (habite) dans les saints. Nous croyons (également) en la seule et unique Église catholique et apostolique, au seul baptême en vue de la conversion en la rémission (l'expiation) et le pardon des péchés, en une résurrection des morts, en un jugement éternel des âmes et des corps, en un Règne et en une vie éternelle.

49      Mais ceux qui affirment : « il fut un temps où le Fils de Dieu n'était pas », ou « il fut un temps où l'Esprit Saint n'était pas », ou qu'ils ont (il a) été créé(s) de rien, ou qui disent que le Fils de Dieu ou aussi l'Esprit Saint sont (il est) d'une autre substance ou essence, ou qu'ils sont (il est) soumis au changement et à l'altération, ceux-là l'Église catholique apostolique les frappe d'anathème.

Symbole baptismal d'Antioche (fragments).

50      (d'après le texte grec)

Nous croyons en un seul et unique vrai Dieu, le Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles. Et en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, unique engendré et premier-né de toute la création, qui a été engendré de lui avant tous les siècles, et non pas créé vrai Dieu de vrai Dieu, consubstantiel au Père, par qui les temps ont été ordonnés et tout a été fait, qui à cause de nous est descendu et est né de Marie la sainte (toujours) vierge et qui a été crucifié sous Ponce Pilate, a été enseveli, et est ressuscité le troisième jour selon les Écritures ; et il est monté aux cieux, et viendra à nouveau pour juger les vivants et les morts, et en la rémission des péchés, et (en) une résurrection des morts, et en une vie éternelle.

          (d'après le texte latin — dans Cassien)

Je crois en un seul et unique vrai Dieu, le Père tout-puissant, créateur de toutes les créatures visibles et invisibles. Et en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, unique engendré et premier-né toute la création, qui est né de lui avant tous les siècles et non pas créé, vrai Dieu de vrai Dieu, consubstantiel au Père, par qui les temps ont été ordonnés et tout a été fait, qui à cause de nous est venu et est né de Marie la Vierge, et qui a été crucifié sous Ponce Pilate, a été enseveli, et est ressuscité le troisième jour selon les Écritures ; et il est monté aux cieux, et viendra à nouveau pour juger les vivants et les morts...

Théodore, évêque de Mopsueste

Catéchèses I-X, (381-392).

51      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus Christ le Fils de Dieu, l'unique engendré, le premier-né de toute la création, qui a été engendré du Père avant tous les siècles, non pas créé, vrai Dieu de vrai Dieu, consubstantiel à son Père, par qui les temps ont été ordonnés et tout a été fait, qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu des cieux, s'est incarné et s'est fait homme ; il est né de Marie la Vierge, et a été crucifié sous Ponce Pilate, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, et reviendra juger les vivants et les morts. Et en un seul Esprit Saint, qui procède du Père, Esprit qui donne la vie ; nous confessons un seul baptême, une seule Église sainte catholique, la rémission des péchés, la résurrection de la chair et une vie éternelle.

Apophtegmes de Macaire le Grand.(300-390)

(Noyau prénicéen, ajouts nicéens + final paraphrase libre !)

55      Je crois en un seul Dieu, Père tout-puissant. Et en son Verbe consubstantiel, par lequel il a créé les siècles qui, lorsque les temps furent accomplis, pour enlever le péché, est demeuré dans la chair qu'il s'est préparée de la Vierge sainte Marie (et s'est incarné de la Vierge sainte), qui a été crucifié pour nous, est mort, a été enseveli est ressuscité le troisième jour, (est monté aux cieux) siège à la droite du Père (de Dieu le Père), et reviendra dans le temps à venir pour juger les vivants et morts.

Et en l'Esprit Saint, qui est consubstantiel au Père et à son Verbe (au Verbe de Dieu). Mais nous voulons croire également (Et) en une résurrection de l'âme et du corps, (des morts), comme le dit l'apôtre : « (semé corruptible, il ressuscite dans la gloire,) semé corps psychique il ressuscite corps spirituel ». Voir 1Co 15,42-44

Symboles Contenus dans des Collections de Canons

·     Orientales

Constitutions apostoliques. vers 380

(Composition en Syrie ? ou Constantinople ? ajoutée à Tradition apostolique d'Hippolyte)

60      Je crois et je suis baptisé en l'unique inengendré, seul vrai Dieu, tout-puissant, Père du Christ, créateur et auteur de toutes choses, de qui sont toutes choses.

Et au Seigneur Jésus, le Christ, son Fils monogène, le premier-né de toute créature, engendré avant les siècles par la prédilection du Père, non pas créé, par qui tout a été fait, au ciel et sur la terre, le visible et l'invisible ; dans les derniers jours il est descendu des cieux et a pris chair, engendré de la sainte Vierge Marie, il a vécu saintement selon les lois de Dieu son Père, il a été crucifié sous Ponce Pilate, et il est mort pour nous, et il est ressuscité des morts après sa Passion le troisième jour, et il est monté aux cieux et s'est assis à la droite du Père, et il reviendra dans la gloire lors de l'accomplissement des temps pour juger les vivants et les morts ; son Règne n'aura pas de fin.

Je suis baptisé aussi en l'Esprit Saint, c'est-à-dire le Paraclet, qui a agi en tous les saints depuis le commencement et qui ensuite a été envoyé également aux apôtres d'auprès du Père selon la promesse de notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ, et après les autres à tous ceux qui croient dans la sainte Église catholique et apostolique, en la résurrection de la chair, en la rémission des péchés, en un Royaume des cieux et en la vie du siècle à venir.

Testament de Notre Seigneur Jésus Christ

(Compilation au Vs tirée d'Hippolyte de Rome cf. Canon 10)

61      Crois-tu en Dieu, le Père tout-puissant ?

Crois-tu également en Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui vient du Père, qui depuis le commencement est avec Dieu, qui est né de Marie la Vierge par l'Esprit Saint, qui a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort, est ressuscité le troisième jour, à nouveau vivant, d'entre les morts, est monté au ciel, siège à la droite du Père, et qui viendra juger les vivants et les morts ?

Crois-tu également en l'Esprit Saint, en la Sainte Église ?

·     EGYPTE

Constitutions de l'Église égyptienne

Cf. Canon 3
a) Version copte : profession de foi après le baptême.

62      Tu crois en notre Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu le Père, qui, d'une manière admirable, est devenu homme à cause de nous en une unité inconcevable par son Esprit Saint de Marie la Vierge sainte, sans la semence de l'homme, et qu'il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, est mort en même temps pour notre salut selon sa volonté, est ressuscité le troisième jour, a libéré ceux qui étaient enchaînés, est monté aux cieux, siège à la droite de son Père bon dans les hauteurs, et vient à nouveau juger les vivants et les morts selon sa révélation et son Règne.

Et tu crois en l'Esprit Saint, bon et qui donne la vie, qui purifie tout, dans la sainte Église.

b) Version éthiopienne : profession de foi après le baptême. ( cf. Canon 4 )

63      Crois-tu au nom de Jésus Christ, notre Seigneur, le Fils Unique de Dieu le Père, qu'il est devenu homme par un miracle inconcevable du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, sans la semence de l'homme, et qu'il a été crucifié aux jours de Ponce Pilate, est mort en même temps pour notre salut selon sa volonté, est ressuscité le troisième jour d'entre les morts, a libéré ceux qui étaient enchaînés, est monté aux cieux, siège à la droite du Père et viendra juger les vivants et les morts selon sa révélation et son Règne ?

Crois-tu en l'Esprit Saint, bon et qui purifie, et en la sainte Église ? Et crois-tu en la résurrection de la chair qui attend tous les hommes en un Règne et en un jugement éternel ?

Canons d'Hippolyte

(Remaniement égyptien d'Hippolyte vers 350 ?)

64      Crois-tu en Dieu, le Père tout-puissant ?

Crois-tu en Jésus Christ, le Fils de Dieu, que Marie, la Vierge, a engendré du Saint-Esprit (qui est venu pour sauver le genre humain,) qui a été crucifié (pour nous) sous Ponce Pilate, est mort et qui est ressuscité d'entre les morts le troisième jour, et qui est monté aux cieux, qui siège à la droite du Père et viendra juger les vivants et les morts ?

Crois-tu en l'Esprit Saint (paraclet qui procède du Père et du Fils) ?

II. Schéma bipartite trinitaire-christologique.

Formule appelée « Fides Damasi »

(Fin du Ve siècle dans le Sud de la France ?)

71      Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, et en notre unique Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, et en un (seul) Dieu Esprit Saint. Ce ne sont pas trois dieux, mais le Père, le Fils et l'Esprit Saint que nous vénérons et confessons comme un seul Dieu : nous ne confessons pas le Dieu unique comme s'il était solitaire, ni comme si le même était le Père pour lui-même et était lui-même également le Fils, mais nous confessons que le Père est celui qui a engendré, et que le Fils est celui qui a été engendré ; quand au Saint-Esprit il n'est ni engendré, ni non engendré, ni créé, ni fait, mais procède du Père et du Fils, coéternel, coégal et coopérateur du Père et du Fils, puisqu'il est écrit : « Par la parole du Seigneur les cieux ont été affermis’, c'est-à-dire par le Fils de Dieu, « et toute leur solidité par le souffle de sa bouche » Ps 33,6 , et dans un autre passage : Envoie ton Esprit, et ils seront créés, et tu renouvelleras la face de la terre (voir Ps 104,30 ). C'est pourquoi dans le nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint nous confessons un seul Dieu, parce que « Dieu » est le nom de la puissance, non de la propriété. Le nom propre pour le Père est « Père », le nom propre pour le Fils est « Fils », et le nom propre pour l'Esprit Saint est « Esprit Saint ». Et dans cette Trinité nous croyons un seul Dieu, parce qu'est d'un unique Père ce qui, avec le Père, est d'une même nature, d'une même substance, d'une même puissance. Le Père a engendré le Fils non pas selon la volonté, ni selon la nécessité, mais selon la nature.

72      Aux derniers temps le Fils est descendu du Père pour nous sauver et accomplir les Écritures, lui qui n'a jamais cessé d'être avec le Père, et il a été conçu du Saint-Esprit et est né de Marie la Vierge, a pris chair, âme et esprit, c'est-à-dire l'homme complet ; et il n'a pas perdu ce qu'il était mais a commencé à être ce qu'il n'était pas ; mais en sorte que s'il est parfait en ce qui est sien, il est également véritable en ce qui est nôtre.

En effet, lui qui était Dieu est né homme , et celui qui est né homme a opéré comme Dieu ; et celui qui a opéré comme Dieu, meurt comme un homme ; et celui qui est mort comme un homme ressuscite comme Dieu. Après avoir vaincu l'empire de la mort, il est ressuscité le troisième jour avec la chair avec laquelle il était né, avait souffert et est mort ; il est monté vers le Père, et siège à sa droite dans la gloire qu'il possédait et possède toujours. Nous croyons que nous avons été purifiés dans sa mort et dans son sang pour être ressuscités par lui au dernier jour dans cette chair dans laquelle nous vivons maintenant ; et nous sommes dans l'attente que nous obtiendrons de lui, soit la vie éternelle en récompense de notre bon mérite, soit la peine du supplice éternel pour nos péchés. Lis cela, tiens-le fermement, soumets ton âme à cette foi. Ainsi tu obtiendras du Christ Seigneur la vie et la récompense.

Symbole « Clemens Trinitas »

(Au cours du Ve ou VIe siècle dans le Sud de la France puis en Espagne)

73      La Trinité clémente est une seule divinité. C'est pourquoi le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont une seule source, une seule substance, une seule force, une seule puissance. Nous ne disons pas que Dieu Père et Dieu Fils et Dieu Esprit Saint sont trois dieux, mais nous les confessons avec une grande piété comme un seul. Car tout en nommant trois personnes, nous confessons d'une voix catholique et apostolique qu'il y a une seule substance. C'est pourquoi : Père, Fils et Esprit Saint, et « les trois sont un » (voir 1Jn 5,7 ). Trois, ni confondus, ni divisés, mais à la fois conjoints de façon distincte et distincts dans la conjonction ; unis dans la substance, mais distincts par leurs noms ; conjoints dans la nature mais distincts dans les personnes ; égaux en divinité, pleinement semblables dans la majesté, concordant dans la Trinité, participant à la gloire. Ils sont un d'une manière telle que nous ne doutons pas qu'ils sont également trois ; ils sont trois d'une manière telle que nous confessons qu'ils ne peuvent pas être séparés l'un de l'autre. C'est pourquoi il n'est pas douteux que l'offense faite à l'un est un outrage fait à tous, parce que la louange de l'un se rapporte à la gloire de tous.

74      « Ceci en effet est selon la doctrine des évangiles et des apôtres un point principal de notre foi, à savoir que notre Seigneur Jésus Christ et Fils de Dieu n'est séparé du Père ni par la confession de l'honneur, ni par la vertu de la puissance, ni par la divinité de la substance, ni par un intervalle temporel ». Et c'est pourquoi si quelqu'un dit du Fils de Dieu, qui était aussi bien vrai Dieu que vrai homme, à l'exception seulement du péché, qu'il lui a manqué quelque chose, soit en son humanité, soit en sa divinité, il doit être considéré comme impie et comme étranger à l'Église catholique et apostolique.

Symbole « Quicumque »

dit d'Athanase. (probable origine entre 430 et 500 dans le Sud de la France ?)

75      (1) Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique :

          (2) celui qui ne la garde pas intègre et inviolée ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle.

          (3) Or la foi catholique consiste en ceci : nous vénérons un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité,

          (4) sans confondre les personnes ni diviser la substance :

          (5) autre en effet est la personne du Père, autre celle (la personne) du Fils, autre celle (la personne) de l'Esprit Saint ;

          (6) mais le Père, le Fils et l'Esprit Saint ont une même divinité, une gloire égale, une même éternelle majesté.

          (7) Comme est le Père, tel est le Fils, tel (aussi) l'Esprit Saint :

          (8) incréé est le Père, incréé le Fils, incréé l'Esprit Saint ;

          (9) immense est le Père, immense le Fils, immense l'Esprit Saint :

          (10) éternel est le Père, éternel le Fils, éternel l'Esprit Saint ;

          (11) et cependant ils ne sont pas trois éternels, mais un seul éternel ;

          (12) ni non plus trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé (immense) et un seul immense (incréé).

          (13) De même tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout puissant l'Esprit Saint ;

          (14) et cependant ils ne sont pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.

          (15) Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l'Esprit Saint est Dieu ;

          (16) et cependant ils ne sont pas trois dieux, mais un seul Dieu.

          (17). Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, l'Esprit Saint est Seigneur ;

          (18) et cependant ils ne sont pas trois Seigneurs, mais il y a un seul Seigneur :

          (19) car de même que la vérité chrétienne nous commande de confesser chacune des personnes en particulier comme Dieu et Seigneur,

          (20) de même la religion catholique nous interdit de dire qu'il ya trois dieux ou trois seigneurs.

          (21) Le père n'a été fait par personne, ni créé, ni engendré ;

          (22) le Fils est du Père seul, non pas fait, ni créé, mais engendré ;

          (23) l'Esprit Saint est du Père et du Fils, non pas fait, ni créé, ni engendré, mais il procède.

          (24) Donc un seul Père, non pas trois Pères ; un seul Fils, non pas trois Fils, un seul Esprit Saint, non pas trois Esprits Saints.

          (25) Et dans cette Trinité rien n'est antérieur ou postérieur, rien n'est plus grand ou moins grand,

          (26) mais toutes les trois personnes sont coétemelles et coégales,

          (27) si bien qu'en tout, comme il a déjà été dit plus haut, on doit vénérer aussi bien l'unité dans la Trinité que la Trinité dans l'unité

          (28) Celui donc qui veut être sauvé doit penser cela de la Trinité.

76      (29) Mais il est nécessaire au salut éternel de croire fidèlement aussi en l'incarnation de notre Seigneur Jésus Christ.

          (30) C'est donc la foi droite que de croire et de confesser que notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme (aussi bien Dieu qu'il est également homme) :

          (31) il est Dieu, engendré de la substance du Père avant les siècles, et homme né de la substance de la mère dans le temps ;

          (32) Dieu parfait, homme parfait, composé d'une âme raisonnable et d'une chair humaine ;

          (33) égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon l'humanité ;

          (34) bien qu'il soit Dieu et homme, il n'y a pas cependant deux Christ, mais un seul Christ ;

          (35) un, non pas parce que la divinité s'est changée en chair (dans la chair), mais parce que l'humanité a été assumée en Dieu ;

          (36) un absolument, non par un mélange de substance, mais par l'unité de personne.

          (37) En effet de même que l'âme raisonnable et le corps font un homme un, de même Dieu et l'homme font un seul Christ.

          (38) Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité des morts,

          (39) il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts.

          (40) A sa venue tous les hommes ressusciteront avec (dans) leurs corps et rendront compte chacun de leurs actes ;

          (41) ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, mais ceux qui auront mal agi, au feu éternel.

          (42) Telle est la foi catholique : si quelqu'un ne la croit pas fidèlement et fermement, il ne pourra être sauvé.

DEUXIEME PARTIE

DOCUMENTS DU MAGISTERE DE L'EGLISE (101-3997)

        PIERRE : 30 ? – 67 ?

        LIN : 67 – 76 (79 ?)

        ANACLET : 76 (80 ,) – 90 (88 ?)

        CLEMENT 1er de Rome : 92 (88 ?) – 101 (97 ?)

Lettre aux Corinthiens, vers 96.

(lettre occasionnée par des troubles dans la communauté ; des presbytres avaient été privés injustement de leur ministère)

L'ordre parmi les membres de l'Église

101 (Chap.40, n.1)... après nous être penchés sur les profondeurs de la connaissance divine, nous devons faire avec ordre tout ce que le Maître a ordonné d'accomplir selon les temps fixés. (2) Il a ordonné que les offrandes et les fonctions liturgiques s'accomplissent non pas au hasard ou sans ordre, mais à des temps et des moments déterminés. (3) Où et par qui il veut qu'elles soient accomplies, lui-même l'a déterminé par sa décision souveraine, afin que toutes choses se passent dans l sainteté selon son bon plaisir et soient agréables à sa volonté. (4) Donc ceux qui présentent leurs offrandes aux temps marqués sont agréés et heureux, car en suivant les préceptes du Maître ils ne se trompent pas. (5) Car au grand prêtre ont été dévolues des fonctions qui lui sont particulières, aux lévites sont imposés des services particuliers. Celui qui est laïque est lié par les préceptes propres aux laïques.

(Chap. 41, n.1) Que chacun de nous, frères, plaise (rende grâce) à Dieu " à son rang particulier ". 1Co 15,23  selon une conscience droite, avec dignité, sans enfreindre les règles qui ont été déterminées pour sa fonction...

(Chap. 42, n.1) Les apôtres ont reçu pour nous la bonne nouvelle par le Seigneur Jésus Christ ; Jésus, le Christ, a été envoyé par Dieu. (2) Donc le Christ vient de Dieu, les apôtres viennent du Christ ; les deux choses sont sorties en bel ordre de la volonté de Dieu. (3) Ils ont reçu des instructions et, remplis de certitude par la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, affermis par la Parole de Dieu, avec la pleine certitude de l'Esprit Saint, ils sont partis annoncer la bonne nouvelle que le Royaume de Dieu allait venir. (4) Ils prêchaient dans les campagnes et dans les villes et ils établissaient les prémices, ils les éprouvaient par l'Esprit, afin d'en faire les épiscopes et les diacres des futurs croyants.

L'autorité de l'Église romaine

102 (Chap. 7,n.1) Pour vous avertir, nous vous écrivons...

(Chap. 58, n.2) Recevez nos recommandations et vous ne vous en repentirez pas.

(Chap. 59, n.1) Mais si quelques-uns désobéissent à ce que nous leur avons dit de sa part (du Christ), qu'ils sachent qu'ils s'engagent dans une faute et des dangers considérables. (2) Quant à nous, nous serons innocents de ce péché.

(Chap. 63, n.2) Vous nous procurerez en effet joie et allégresse si vous obéissez à ce que nous avons écrit par le Saint Esprit, si vous coupez court aux colères coupables que vous inspire la jalousie, selon l'invitation à la paix et à la concorde que nous vous adressons dans cette lettre.

        EVARISTE : 101 (97 ?) – 105 ?

        ALEXANDRE Ier : 105 (107 ?) – 115 (116 ?)

        XYSTE (SIXTE)  Ier : 115 (116s) – 125 ?

        TELESPHORE : 125 ? – 136 ?

        HYGIN : 136 ? – 140 ?

        PIE Ier : 140 ? – 155 ?

        ANICET : 155 ? – 166

        SOTER : 166 ? - 174 (175 ?)

        ELEUTHERE : 174 (175 ?) – 189 ?

        VICTOR Ier : 189 – 198 (199 ?)

        ZEPHIRIN : 198 (199 ?) – 217

Déclarations dogmatiques de Zéphirin et de Calixte.

Le Verbe fait chair (authenticité douteuse)

105 Mais il (Calixte) amena Zéphirin lui-même à affirmer publiquement : « Je ne connais qu'un seul Dieu, le Christ Jésus, et en dehors de lui nul autre qui fût engendré et qui ait souffert ». Mais en disant alors : « Ce n'est pas le Père qui est mort, mais le Fils », il (Calixte) maintint indéfiniment la querelle au sein du peuple.

        CALIXTE Ier : 217 (218 ?) – 222(223)

        URBAIN Ier : 222 ? – 230

        PONTIEN : Juillet août 230 – 28 septembre 235

        ANTERUS : 21 (22 ?) novembre 235 – 3 janvier 236

        FABIEN : 10 janvier 236 – 20 janvier 250

        CORNEILLE : mars 251 – juin (septembre ?) 253

Lettre . « Quantam sollicitudinem ». à l'évêque Cyprien de Carthage, 251.

108 « Nous savons... que Corneille a été élu évêque de la très sainte Église catholique par Dieu le tout-puissant et par le Christ notre Seigneur ; nous confessons notre erreur ; nous avons été victimes d'une imposture ; nous avons été circonvenus par la perfidie et des bavardages trompeurs ; car même si nous paraissions être comme dans une certaine communion avec un homme schismatique et hérétique, notre cœur fut toujours dans l'Église ; nous n'ignorons pas en effet qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et qu'un seul Christ Seigneur que nous avons confessé, un seul Esprit Saint, et qu'il ne doit y avoir qu'un seul évêque (préposé) dans l'Église catholique ».

Lettre (de Corneille) à l'évêque Fabien d'Antioche, 251.

Les ministères et les états dans l'Église

109 Le vengeur de l'Évangile (Novatien) ne savait-il donc pas qu'il doit y avoir un seul évêque dans une Église catholique ? Dans celle-ci, il ne l'ignorait pas — comment l'aurait-il fait — il y a quarante-six presbytres, sept diacres, sept sous-diacres, quarante deux acolytes, cinquante deux exorcistes, lecteurs et portiers, plus de quinze cents veuves et indigents, que la grâce et la philanthropie du Maître nourrissent tous.

        LUCIUS : 25 (26 ?) juin 253 – 5 mars 254

        ÉTIENNE Ier : 12 (28 ?) mai 254 – 2 août 257

Lettre (fragment) à Cyprien de Carthage. 256.

Baptême des hérétiques

110 (Chap. 1)... « S'il en est donc qui viennent à vous de quelque hérésie, qu'on n'innove pas sinon selon ce qui a été transmis, qu'on leur impose la main pour la pénitence, puisque les hérétiques eux-mêmes, lorsque l'un des leurs vient à un autre groupe ne baptisent pas, mais l'admettent simplement à leur communion ».

(Ces paroles du pape Étienne, Cyprien les rejette et poursuit :)

(Chap. 2) (Étienne) a défendu de baptiser dans l'Église quelqu'un qui vient de quelque hérésie, c'est-à-dire qu'il tient tous les baptêmes des hérétiques pour authentiques et légitimes.

Lettre (fragment) aux évêques d'Asie Mineure, 256.

Baptême des hérétiques.

111 (Chap. 18) « Mais... le nom du Christ a grand avantage pour la foi et pour la sanctification par le baptême, de sorte que quiconque, et où que ce soit, a été baptisé au nom du Christ, reçoit aussitôt la grâce du Christ ».

(Firmilien écrit dans la même lettre ce qui suit au sujet de la décision d'Etienne 1er :)

(Chap. 5)... Étienne disait cela, comme si les apôtres avaient interdit que soient baptisés ceux qui viennent de l'hérésie, et avaient transmis cela pour que cela soit gardé par ceux qui suivraient...

(Chap.8)... Étienne et ceux qui partagent son sentiment prétendent que la rémission des péchés et la seconde naissance peuvent avoir lieu dans le baptême des hérétiques chez qui, comme ils le confessent eux-mêmes, l'Esprit Saint n'est pas...

(Chap. 9)... ils pensent qu'il ne faut pas demander quel est celui qui a baptisé, parce que celui qui a été baptisé a pu recevoir la grâce par l'invocation de la Trinité des noms du Père et du Fils et de l'Esprit Saint... Ils disent que celui qui a été baptisé au-dehors peut obtenir la grâce du baptême par sa disposition d'esprit et par sa foi.

(Chap. 17)... Étienne, qui se vante de détenir par succession la chaire de Pierre, n'est animé d'aucun zèle contre les hérétiques, puisqu'il leur accorde un pouvoir de grâce non pas petit mais grand, de sorte qu'il dit et qu'il assure que par le sacrement du baptême ils effacent les souillures du vieil homme, qu'ils pardonnent les anciens péchés de mort, qu'ils font des fils de Dieu par la régénération céleste, et qu'ils renouvellent par la sanctification du bain divin en vue de la vie éternelle.

        XYSTE (SIXTE) II : 30 ? août 257 - 6 août 258

        DENYS : 22 juillet 259 (260 ?)-27 (26 ?) décembre 268

Lettre (fragment) à Denys, l'évêque d'Alexandrie, 262.

Trinité et Incarnation

112 (Chap. 1) Ensuite je dois m'adresser à ceux qui divisent, séparent et détruisent la monarchie, l'enseignement le plus vénérable de l'Église de Dieu, en trois puissances et hypostases séparées et en trois divinités. J'ai appris en effet que certains, qui prêchent et enseignent chez vous la Parole divine, professent cette opinion. Ils s'opposent diamétralement, dirais-je, à la pensée de Sabellius. Lui blasphème en disant que le Fils est le Père, et réciproquement. Eux prêchent en quelque manière trois dieux, en divisant la sainte unité en trois hypostases étrangères l'une à l'autre et totalement séparées. Il est, en effet, nécessaire que le Verbe divin soit uni au Dieu de l'univers, et il faut que l'Esprit Saint demeure et habite en Dieu ; il est nécessaire, d'ailleurs, que la Trinité divine soit récapitulée et ramenée à un seul, comme à un sommet, c'est-à-dire le Dieu tout-puissant de l'univers. La doctrine de l'insensé Marcion, qui coupe et divise la monarchie en trois principes, est un enseignement diabolique et non celui des vrais disciples du Christ, ni de ceux qui se plaisent aux enseignements du Sauveur. Car ceux-ci savent bien que la Trinité était prêchée dans la divine Écriture, mais que ni l'Ancien Testament ni le Nouveau ne prêchent trois dieux.

113 (Chap. 2) On ne blâmera pas moins ceux qui soutiennent que le Fils est une créature et qui pensent que le Seigneur a été fait comme l'une des choses qui ont été faites, alors que les paroles divines attestent à son sujet une génération adaptée et appropriée, mais non une fabrication et une création. Ce n'est donc pas n'importe quel blasphème, mais le plus grand, de dire que le Seigneur est en quelque sorte une chose façonnée. Car si le Fils est devenu, c'est donc qu'il y eut un temps où il n'était pas ; mais il est de toujours s'il est dans le Père, comme il le dit lui-même Jn 14,10 s, si le Christ est le Verbe, la Sagesse et la Puissance — car que le Christ le soit, les saintes Écritures le disent Jn 1,14; 1Co 1,24 , comme vous le savez ; or ce sont là des puissances de Dieu. Si donc le Fils a été fait, il y eut un temps où cela n'était pas ; et il y eut donc un moment où Dieu était sans cela ; ce qui est totalement insensé.

114 Et dois-je disserter davantage à ce sujet devant vous, face à des hommes remplis de l'Esprit et qui savent bien les incohérences qui surgissent lorsqu'il est dit que le Fils est une créature ? Ceux qui promeuvent cette opinion ne me semblent pas les avoir eues à l'esprit, et donc avoir manqué totalement la vérité, puisque ce passage : « Le Seigneur m'a créé comme le commencement de ses voies », Pr 8,22 (LXX.) : ils l'ont compris autrement que ne le veut l'Écriture divine et prophétique. Car il n'existe pas, comme vous le savez une seule signification de « il a créé ». En effet, « il a créé » doit être entendu au sens de « il a établi à la tête des œuvres faites par lui », mais faites par le Fils lui-même…

Mais « il a créé » n'est pas dit ici au sens de « il a fait ». Il y a en effet une différence entre « créer » et « faire ». Ce père qui est le tien, ne t'a-t-il pas acquis, fait et créé ? Dt 32,6  (LXX.) dit Moïse dans le grand cantique du Deutéronome. A ceux là, quelqu'un pourrait dire aussi : O hommes insensés, il est donc quelque chose de fait, « le premier-né de toute la création » Col 1,15 , « celui qui est né du sein avant l'étoile du matin » Ps 110,3  (LXX.), celui qui a dit, comme la Sagesse, « avant toutes les collines il m'a engendré », Pr 8,25  (LXX.) ? On peut trouver aussi beaucoup de passages de paroles divines dans lesquels il est dit que le Fils a été engendré, mais non qu'il a été fait. Pour ces raisons, ceux qui osent lire que son engendrement divin et ineffable est une création, sont clairement convaincus de proférer des mensonges au sujet de l'engendrement du Seigneur.

115 (Chap. 3) Il ne faut donc pas partager en trois divinités l'admirable et divine unité, ni porter atteinte à la dignité et à la souveraine grandeur de Dieu en parlant de « faire » mais il faut croire en Dieu le Père tout-puissant et en son Fils Jésus Christ et au Saint-Esprit : le Verbe est uni au Dieu de l'univers. Car il dit : « Moi et le Père, nous sommes un » Jn 10,30  et « Je suis dans le Père et le Père est en moi » Jn 14,10 . C'est ainsi que la Trinité divine et la sainte prédication de la monarchie seront sauvegardées.

        FELIX Ier : 5 (3 ?) janvier 269 – 30 décembre 274

        EUTYCHIEN : 4 (3 ?) janvier 275 – 8 (7 ?) décembre 283

        CAIUS : 17 (16 ?) décembre 283 – 22 avril 295 (296 ?)

        MARCELLIN : 30 juin 295 (296 ?)-25 octobre (15 janvier ?) 304

·     Concile d'Elvire (Espagne), 300-303

Indissolubilité du mariage

117    Canon 9. De même une femme croyante, qui a quitté son mari croyant adultère et qui épouse un autre, il sera interdit qu'elle l'épouse ; si elle l'épouse néanmoins, elle ne recevra pas la communion avant que celui qu'elle a abandonné ait quitté d'abord le monde ; à moins que peut-être la contrainte de la maladie ne pousse à la lui donner.

Célibat des clercs

118    Canon 27. Un évêque, ainsi que tout autre clerc, n'aura avec lui que sa sœur ou sa fille si elle est consacrée à Dieu ; il a été décidé qu'en aucune manière il n'aura avec lui une étrangère.

119    Canon 33. Il a été décidé d'imposer l'interdiction absolue suivante aux évêques, aux presbytres et aux diacres, ainsi qu'aux clercs qui assurent le ministère : ils s'abstiendront de leurs épouses et n'engendreront pas d'enfants ; quiconque le fera, sera chassé du rang des clercs.

Baptême et confirmation

120    Canon 38. Lorsqu'on navigue au loin ou s'il n'est pas d'église à proximité, un fidèle qui a gardé intact son baptême et qui n'est pas bigame, peut baptiser un catéchumène qui se trouve dans la contrainte d'une maladie, mais de telle sorte que s'il survit, il le conduise auprès de l'évêque afin qu'il puisse être parfait par l'imposition des mains.

121    Canon 77. Si un diacre dirigeant le peuple en a baptisé quelques-uns sans l'évêque ou le presbytre, l'évêque devra les parfaire par la bénédiction ; mais s'ils ont quitté le monde avant cela, quelqu'un pourra être juste en vertu de la foi avec laquelle il aura cru.

           MARCEL Ier : mai/juin 308 (307 ?)-16 janvier 309 (308 ?)

           EUSEBE : 18 avril 309 (310 ?) - 17 août 309 (310 ?)

           MILTIADE (MELCHIADE) : 2 juin 310 (311 ?) - 11 janvier 314

           SILVESTRE Ier : 31 janvier 314 - 31 décembre 335

·     1er concile d'Arles, commencé le 1er août 314.

Baptême des hérétiques

123    Canon 9 (8). A propos des Africains qui pratiquent une règle qui leur est propre, celle de rebaptiser, il a été décidé que si quelqu'un vient de l'hérésie à l'Église, on l'interroge sur le symbole, et que si on voit avec certitude qu'il a été baptisé dans le Père et le Fils et l'Esprit Saint, on lui impose seulement les mains pour qu'il reçoive l'Esprit Saint. Mais si, interrogé, il ne répond pas en proclamant cette Trinité qu'on le rebaptise.

·     1er concile de NICEE (1er œcuménique) 19 juin-25 août 325

Profession de foi de Nicée, 19 juin 325.

125    Version grecque

Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de tous les êtres visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, engendré du père, unique engendré, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, ce qui est dans le ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu et s'est incarné, s'est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, viendra juger les vivants et les morts, et en l'Esprit Saint.

Version latine

Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de tous les êtres visibles et invisibles.

Et en notre seul Seigneur, Jésus Christ le Fils de Dieu, né du Père, unique engendré, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, né, non pas créé, d'une unique substance avec le Père (ce qu'en grec on appelle homoousios ), par qui tout a été fait, ce qui est dans le ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de notre salut est descendu et s'est incarné, s'est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté au cieux, viendra juger le vivants et les morts.  Et en l'Esprit Saint.

126    Version grecque

Ceux qui disent : « Il était un temps où il n'était pas » et « Avant d'avoir été engendré, il n'était pas » et « il est devenu à partir de ce qui n'était pas » ou d'une autre hypostase ou substance, ou qui affirment que le Fils de Dieu est créé ou susceptible de changement ou d'altération, ceux-là l'Église catholique et apostolique les anathématise.

Version latine

Ceux qui disent : « Il était un temps où il n'était pas » et « Avant d'être né il n'était pas » et « il est devenu à partir de ce qui n'était pas », ou qui disent que Dieu est d'un autre substance ou essence ou qu'il est susceptible de changement ou d'altération, ceux-là l'Église catholique et apostolique les anathématise.

·     Canons.

Baptême des hérétiques

127    8. Au sujet de ceux qui s'appellent eux-mêmes les purs, mais qui voudraient entrer ensemble dans l'Église catholique et apostolique, il a paru bon au saint et grand concile qu'on leur impose les mains et qu'ainsi ils demeurent dans le clergé ; mais avant tout ils promettront par écrit de se conformer aux décrets de l'Église catholique et de les suivre, c'est-à-dire de garder la communion avec ceux qui se sont mariés en deuxièmes noces et avec ceux qui ont failli dans la persécution ...

(Texte complémentaire de NICEE absent de DENZINGER)

(...) mais qui font pénitence de leurs fautes. Ils seront donc tenus de suivre en tout l'enseignement de l'Église catholique. Par conséquent, lorsque, dans les villages ou dans les villes, il ne se trouve que des clercs de leur parti, ils doivent rester dans le clergé et dans leur charge ; mais si un prêtre ou un évêque catholique se trouvait parmi eux, il est évident que l'évêque de l'Église catholique devra conserver la dignité épiscopale, tandis que celui qui a été décoré du titre d'évêque par les cathares n'aura droit qu'aux honneurs réservés aux prêtres, à moins que l'évêque ne trouve bon de le laisser jouir de l'honneur du titre (épiscopal). S'il ne le veut pas, qu'il lui donne une place de chorévêque ou de prêtre, afin qu'il paraisse faire réellement partie du clergé, et qu'il n'y ait pas deux évêques dans une ville.

9. Si quelques-uns ont été, sans enquête, élevés à la prêtrise ou si, au cours de l'enquête, ils ont avoué leurs crimes, l'imposition des mains faites contrairement à ce que le canon ordonne, n'est pas admise, car l'Église catholique veut des hommes d'une réputation intacte.

10. Les “lapsi” qui auront été ordonnés soit que ceux qui les ordonnaient ne connussent pas leur chute, soit qu'ils la connussent, ne font pas exception aux lois de l'Église ; ils seront exclus dès que l'on aura connaissance de cette illégalité.

11. Quant à ceux qui ont faibli pendant la persécution de Licinius, sans y être poussés par nécessité ou par la confiscation de leurs biens ou par un danger quelconque, le Concile décide qu'on les traitera avec ménagement, quoique, à la vérité ils ne s'en soient pas montrés dignes. Ceux d'entre eux qui sont véritablement repentants et qui sont déjà baptisés, doivent faire pénitence pendant trois ans avec les “audientes” et sept ans avec les “substrati” ; ils pourront pendant les deux années suivantes assister avec le peuple au saint sacrifice, mais sans prendre part à l'offrande.

12. Ceux qui, appelés par la grâce ont d'abord proclamé leur foi abandonnant le ceinturon, mais qui ensuite, semblables à des chiens retournant à leurs vomissements, vont jusqu'à donner de l'argent et des présents pour être réintégrés dans le service public, ceux-là devront rester trois ans parmi les “audientes” et dix ans parmi les “substrati”. Mais pour ces pénitents, il faut avoir soin d'étudier leurs sentiments et leur genre de contrition. En effet, ceux d'entre eux qui, avec crainte, larmes, patience et bonnes oeuvres, montrent ainsi par des faits la sincérité d'un retour réel, après avoir accompli le temps de leur pénitence parmi les “audientes” pourront être admis avec ceux qui prient, et il dépend même de l'évêque de les traiter avec encore plus d'indulgence. Quant à ceux qui supportent avec indifférence (leur exclusion de l'Église) et qui pensent que cette pénitence est suffisante pour expier leurs fautes, ceux-là seront tenus à faire tout le temps prescrit.

128    19. A l'égard des paulianistes qui font retraite ensuite vers l'Église catholique, la décision a été prise de les rebaptiser en toute hypothèse. Dans le cas où certains d'entre eux étaient auparavant membres du clergé, s'ils apparaissent irréprochables et au-dessus de tout soupçon, qu'une fois rebaptisés, ils soient ordonnés par l'évêque de l'Église catholique.

20. Comme quelques-uns plient le genou le dimanche et au jour de la Pentecôte, le saint Concile a décidé que, pour observer une règle uniforme, tous devraient adresser leurs prières à Dieu en restant debout.

Castration

1. Si quelqu'un a subi de la part de médecins une opération qu'il reste dans le clergé ; mais si quelqu'un s'est châtré lui-même, alors qu'il était en bonne santé, il convient qu'il cesse d'être rangé dans le clergé, et à l'avenir on ne devra admettre aucun de ceux qui auront agi ainsi. Mais, de même que ce qui vient d'être dit ne regarde évidemment que ceux qui font la chose de propos délibéré et qui osent se châtrer eux-mêmes, de même, si certains ont été rendus eunuques par des barbares ou par leurs maîtres et que par ailleurs ils se trouvent dignes, ceux-là, la règle ecclésiastique les admet dans le clergé.

2. Soit par nécessité, soit à cause des instances de quelques personnes, plusieurs choses contraires à la règle ecclésiastique se sont produites ; ainsi, on a accordé le bain spirituel et avec le baptême, la dignité épiscopale ou sacerdotale à des hommes qui avaient à peine passé de la vie païenne à la foi, et qui n'avaient été instruits que pendant très peu de temps ; il est juste qu'à l'avenir on n'agisse plus ainsi, car il faut du temps au catéchumène (en vue du baptême) et après le baptême une plus longue épreuve (en vue des ordres). Elle est sage la parole de l'Apôtre disant 1Tm 3,6 que l'évêque ne soit pas néophyte, de peur que par orgueil il ne tombe dans le jugement et dans le piège du démon. Si dans la suite un clerc se rend coupable d'une faute grave, constatée par deux ou trois témoins, il doit cesser d'appartenir au clergé. Celui qui agit contre cette ordonnance et qui se montre désobéissant à l'égard de ce grand concile est en danger de perdre sa cléricature.

3. Le grand Concile défend absolument aux évêques, aux prêtres, aux diacres, en un mot à tous les membres du clergé d'avoir (avec eux) une personne du sexe, à moins que ce soit une mère, une soeur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon.

4. L'évêque doit être établi par tous ceux (les évêques) de l'éparchie (province), si une nécessité urgente, ou la longueur du chemin s'y oppose, trois (évêques) au moins doivent se réunir et procéder à la cheirotonie (sacre), munis de la permission écrite des absents. La confirmation de ce qui s'est fait revient de droit dans chaque éparchie, au métropolitain.

5. Pour ce qui est des excommuniés clercs ou laïques, la sentence portée par les évêques de chaque province doit avoir force de loi, conformément à la règle prescrivant que celui qui a été excommunié par l'un ne doit pas être admis par les autres. Il faut cependant s'assurer que l'évêque n'a pas porté cette sentence d'excommunication par étroitesse d'esprit, par esprit de contradiction ou par quelque sentiment de haine. Afin que cet examen puisse avoir lieu, il a paru bon d'ordonner que dans chaque province, on tînt deux fois par an un concile, qui se composera de tous les évêques de la province ; ils feront toutes les enquêtes nécessaires pour que chacun voie que la sentence d'excommunication a été justement portée pour une désobéissance constatée et jusqu'à ce qu'il plaise à l'assemblée des évêques d'adoucir ce jugement. Ces conciles devront se tenir l'un avant le carême, pour que, ayant éloigné tout sentiment peu élevé, nous puissions présenter à Dieu une offrande agréable; et le second dans l'automne.

Viatique pour les mourants

129    13. A l'égard de ceux qui achèvent leur route ici-bas, la loi ancienne et canonique sera encore observée maintenant, de sorte que celui qui achève sa route ne soit pas privé du dernier et du plus nécessaire viatique. Si, dans un état désespéré, il obtient la communion avec l'Église et participe à l'offrande, et qu'ensuite il soit à nouveau compté au nombre des vivants, il se tiendra parmi ceux qui ont communion la prière seule. En général, pour n'importe quel mourant demandant de participer à l'eucharistie, que l'évêque après vérification lui donne part (à l'offrande).

14. Le saint et grand Concile ordonne que les catéchumènes qui ont failli soient seulement “audientes” pendant trois ans ; ils pourront ensuite prier avec les autres catéchumènes.

15. Les troubles nombreux et les divisions ont fait trouver bon d'abolir la coutume qui, contrairement à la règle, s'est établie dans certains pays, c'est-à-dire de défendre aux évêques, aux prêtres et aux diacres de passer d'une ville dans une autre. Si quelqu'un osait agir contre la présente ordonnance et suivre l'ancien errement, la translation serait frappée de nullité, et il devrait revenir dans l'Eglise pour laquelle il avait été ordonné évêque ou prêtre.

16. Les prêtres, les diacres, ou en général les clercs qui, par légèreté, et n'ayant plus sous les yeux la crainte de Dieu, abandonnent au mépris des lois ecclésiastiques, leur Église, ne doivent, en aucune façon, être reçus dans une autre ; on doit les forcer de toutes manières à revenir dans leur diocèse, et s'ils s'y refusent, on doit les excommunier. Si quelqu'un ose, pour ainsi dire, voler un sujet qui appartient à un autre (évêque) et s'il ose ordonner ce clerc pour sa propre Église sans la permission de l'évêque auquel appartient ce clerc, l'ordination sera non avenue.

17. Comme plusieurs clercs, remplis d'avarice et d'un esprit d'usure et oubliant la parole sacrée : « Il n'a pas donné son argent à intérêt » Ps 15,5, exigent en véritables usuriers un taux d'intérêt par mois, le saint et grand Concile décide que si quelqu'un, après la publication de cette ordonnance, prend des intérêts pour n'importe quel motif, ou fait ce métier d'usurier de n'importe quelle autre manière, ou s'il réclame la moitié et plus, ou s'il se livre à quelque autre manière de gain scandaleux, celui-là doit être chassé du clergé et son nom rayé de la liste.

18. Il est venu à la connaissance du saint et grand Concile que, dans certains endroits et dans certaines villes, des diacres distribuaient l'Eucharistie aux prêtres, quoiqu'il soit contraire aux canons et à la coutume de faire distribuer le Corps du Christ à ceux qui offrent le sacrifice par ceux qui ne peuvent l'offrir; le Concile a appris également que quelques diacres recevaient l'Eucharistie, même avant des évêques. Tout cela doit cesser ; les diacres doivent se tenir dans les limites de leurs attributions, se souvenir qu'ils sont les serviteurs des évêques, et ne viennent qu'après les prêtres. Ils ne doivent recevoir la communion qu'après les prêtres, ainsi que l'ordre l'exige, que ce soit un évêque ou un prêtre qui la leur distribue. Les diacres ne doivent pas non plus s'asseoir parmi les prêtres, cela est contre la règle et contre l'ordre. Si quelqu'un refuse d'obéir aux présentes prescriptions, il sera suspendu du diaconat.

Lettre synodale aux Egyptiens

L'hérésie d'Arius

130    (Chap. 1, n 2) Avant toutes choses, on examina ce qui concerne l'impiété et l'iniquité d'Arius et de ses partisans et à l'unanimité il a été jugé bon de frapper d'anathème son opinion impie, les paroles et les expressions blasphématoires dont il se servait pour blasphémer le Fils de Dieu, en disant qu’« il vient du néant », qu’« avant d'avoir été engendré il n'était pas » qu’« il était un temps où il n'était pas » et en disant que le Fils de Dieu était de par sa libre volonté capable du mal comme de la vertu et en l'appelant un et créé et un être fait. Tout cela, le saint concile l'a frappé d'anathème, ne supportant même pas d'entendre l'énormité de cette opinion impie, de cette déraison et de ces paroles de blasphème.

Autres canons du 1er Concile de Nicée

(Ces textes n'apparaissent pas dans DENZINGER)

131    6. Que l'ancienne coutume en usage en Égypte, dans la Lybie et la Pentapole soit maintenue, c'est-à-dire que l'évêque d'Alexandrie conserve juridiction sur toutes (ces provinces), car il y a le même rapport que pour l'évêque de Rome. On doit de même conserver aux Églises d'Antioche et des autres éparchies (provinces) leurs anciens droits. Il est bien évident que, si quelqu'un est devenu évêque sans l'approbation du métropolitain, le Concile lui ordonne de renoncer à son épiscopat. Mais l'élection ayant été faite par tous avec discernement et d'une manière conforme aux règles de l'Église, si deux ou trois font opposition par pur esprit de contradiction, ce sera la majorité qui l'emportera.

7. Comme la coutume et l'ancienne tradition portent que l'évêque d'Aelia doit être honoré, qu'il obtienne la préséance d'honneur sans préjudice cependant de la dignité qui revient à la métropole.

           MARC : 18 janvier – 7 octobre 336

           JULES Ier : 6 février 337 – 12 avril 352

Lettre aux Antiochiens, 341.

La prééminence du Siège romain.

132    (22).Car s'il y a eu, comme vous le dites, faute de leur part, il fallait juger l'affaire selon les canons de l'Église et non pas comme il a été fait. Vous deviez nous écrire à tous, afin que soit décrété par tous ce qui était juste. Il s'agissait d'évêques ; et d'Églises qui ne sont pas n'importe lesquelles, mais des Églises qui ont été gouvernées par les apôtres eux-mêmes. Au sujet de l'Église d'Alexandrie, pourquoi ne nous a-t-on pas écrit ? Ignorez-vous donc que la coutume était qu'on nous écrive d'abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était juste. Si une suspicion pesait sur l'évêque d'Alexandrie, il aurait fallu en prévenir l'Église d'ici.

·     Concile de Serdique, vers 343.

Ordonnance des Églises et prééminence du Siège romain

133    (Recension latine)

Canon 3a. L'évêque Ossius dit : cela aussi (doit être ajouté) : qu'aucun évêque ne voyage d'une province à une autre province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins qu'il n'y soit invité par ses frères, de manière que nous n'ayons pas l'air d'avoir fermé la porte de la charité.

A cela aussi il faut pourvoir : si dans une province un évêque devait avoir un litige avec un autre évêque, son frère, qu'aucun des deux n'appelle à l'aide des évêques d'une autre province. Mais si un évêque a été condamné dans une cause et s'il pense que sa cause est bonne pour être jugée à nouveau, honorons s'il vous plaît la mémoire du très saint apôtre Pierre : que ceux qui ont examiné la cause, ou bien les évêques qui résident dans la province voisine, écrivent à l'évêque de Rome ; et si celui-ci juge qu'il faut réviser le procès, qu'il soit révisé et qu'il : donne des juges. Si par contre il estime la cause telle qu'on ne doive pas reprendre ce qui a été fait, ce qu'il aura décidé sera confirmé. Cela plaît-il à tous ? Le synode répondit : oui.

(Recension grecque)

3. L'évêque Ossius dit : cela aussi doit être ajouté, qu'aucun évêque ne voyage de sa province à une autre province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins qu'il y soit invité par ses frères, de manière que nous n'ayons pas l'air de fermer les portes de la charité.

Il faut pourvoir de même à ce que si dans une province un évêque devait avoir un litige avec son frère et coévêque, aucun des deux n'appelle à l'aide des évêques d'une autre province pour arbitrer. Mais s'il apparaît qu'un des évêques a été condamné dans une cause et s'il pense que sa cause n'est pas une cause mauvaise mais bonne pour être jugée à nouveau, honorons s'il plaît à Votre Charité la mémoire de l'apôtre Pierre : que ceux qui ont prononcé le jugement écrivent à (Jules) l'évêque de Rome, pour que les évêque voisins de la province, si nécessaire, renouvellent le jugement, et il doit nommer des arbitres. Mais s'il ne peut pas être montré que la cause est telle qu'elle requiert une reprise de la procédure, le jugement prononcé ne doit pas être suspendu, mais celui qui l'a été doit demeurer en l'état.

134    (Recension latine)

(Isid. 5) L'évêque Gaudentius dit : s'il vous en convient il faut ajouter à cette décision que vous avez prise et qui est pleine de sainteté : si un évêque a été déposé par le jugement évêques qui résident dans le voisinage et qu'il a déclaré qu'il devait traiter l'affaire qui dans la ville de Rome, alors après l'appel de celui qui a été considéré comme déposé, un autre évêque ne doit absolument pas être ordonné à sa place dans la même cathèdre tant que la cause n'aura pas été arrêtée par un jugement de l'évêque de Rome.

(Recension grecque)

L'Évêque Gaudentius dit : s'il semble bon, il est nécessaire d'ajouter à cette décision que tu as prise et qui est pleine de pure charité : si un évêque a été déposé par le jugement des évêques qui résident dans le voisinage et qu'il déclare qu'il lui revient encore une fois de se défendre, aucun autre ne doit être établi dans la cathèdre avant que l'évêque des Romains en décidé et arrêté une disposition.

135    (Recension latine) ( Canon 3b ) (Isid.)

L'évêque Ossius dit : or il a plu que, si un évêque a été accusé et si les évêques de la région assemblés l'ont jugé et déchu de son rang, et s'il apparaît qu'il a fait appel et s'est réfugié auprès du bienheureux évêque de l'Église romaine, et si ce dernier a voulu qu'il soit entendu et qu'il a pensé qu'il était juste de renouveler l'examen, qu'il daigne écrire à ces évêques qui sont dans la province voisine de sa frontière pour qu'ils examinent tout soigneusement et qu'ils décident selon ce qui leur semblera véridique, à leur foi.

Mais si quelqu'un, demande que la cause soi entendue à nouveau et décide par sa supplique l'évêque de Rome à envoyer un presbytre a latere, il sera dans le pouvoir de l'évêque de décider ce qu'il veut ou ce qu'il estime nécessaire : s'il décide qu'il fallait envoyer des presbytres qui jugeraient en même temps que les évêques avec l'autorité de celui qui les aura envoyés, ce sera laissé à sa convenance. Mais s'il croit que les évêques suffisaient pour mettre un terme à et l'affaire, il fera selon ce qu'il aura jugé en son très sage conseil.

(Recension grecque)

5. L'évêque Ossius dit : il a plu que si un évêque a été dénoncé et si les évêques de la région assemblés l'ont déchu de son rang et si comme accusé il s'est réfugié auprès du bienheureux évêque de l'Église des Romains, et si celui-ci veut l'entendre et pense qu'il est juste de renouveler l'examen de l'affaire, qu'il daigne écrire à ces évêques qui sont voisins de la province pour qu'ils examinent tout consciencieusement et avec soin, et qu'ils prononcent un jugement selon ce qui leur semblera véridique, à leur foi.

Mais si quelqu'un demande que sa cause soit entendue à nouveau et qu'il apparaît qu'il décide par sa supplique l'évêque des romains à envoyer des presbytres a latere, ce sera dans le pouvoir de l'évêque si cela lui semble juste ; et s'il décide qu'il est nécessaire d'en envoyer pour juger en même temps que les évêques avec l'autorité de celui qui les aura envoyés, qu'il décide aussi cela. Mais s'il croit que les évêques suffisent pour examiner l'affaire et pour juger l'évêque, il doit faire selon ce qui semblera juste en son très sage conseil. Les évêques répondirent : oui à ce qui fut dit.

Lettre du concile de Serdique. “Quod semper” au pape Jules 1er, vers 343.

La prééminence du Siège romain

136    Ce qui apparaîtra le meilleur et comme convenant le mieux, c'est ceci : que de toutes les diverses provinces les prêtres du Seigneur fassent rapport à la tête, c'est-à-dire au Siège de l'apôtre Pierre.

           LIBERE : 17 mai 352-24 septembre 366

Condamnation d'Athanase et professions de foi

a) Lettre “Studens paci” aux Évêques d'Orient.

138    Dans le souci de la paix et de la concorde entre les Églises, après avoir reçu la lettre écrite par Votre Charité à l'évêque Jules de bienheureuse mémoire au sujet de la personne d'Athanase et des autres, et suivant la tradition des prédécesseurs, j'ai envoyé en députation les presbytres de la ville de Rome, Lucius, Paul et Helianus à Alexandrie, auprès d'Athanase susnommé, pour qu'il vienne à Rome afin que soit établi en sa présence à son encontre ce qui correspond à la discipline de l'Église. Je lui ai fait transmettre également par les presbytres susdits une lettre dans laquelle il était dit que, s'il ne venait pas, il devait savoir qu'il serait exclu de la communion avec l'Église romaine. A leur retour, les presbytres rapportèrent qu'il refusait de venir. Finalement je me suis conformé à la lettre de Votre Charité, que vous nous avez adressée au sujet dudit Athanase, et cette lettre que j'ai composée dans le souci de l'unanimité avec vous, doit vous faire savoir que je suis en paix avec vous tous et avec tous les évêques de l'Église catholique, mais que ledit Athanase est exclu de la communion avec moi, c'est-à-dire de la communion avec l'Église romaine, et de l'échange des lettres ecclésiastiques.

b) 1ère profession de foi de Sirmium (351) souscrite par Libère en 357.

139    Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, celui qui a créé et fait toute chose, de qui toute paternité tient son nom, au ciel et sur la terre (voir Ep 3,15 ) ; et en son Fils unique, notre Seigneur Jésus Christ, engendré du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, par qui tout a été fait, au ciel et sur la terre, les choses visibles et invisibles ; il est Verbe et Sagesse, lumière véritable et vie ; devenu homme à cause de nous dans les derniers jours, et né de la sainte Vierge, et crucifié, et mort et enseveli ; et ressuscité d'entre les morts le troisième jour enlevé au ciel, assis à la droite du Père ; et qui viendra à la consommation du temps pour juger les vivants et les morts et donner à chacun selon ses œuvres ; son Règne est sans fin et continue pour l'éternité des siècles ; car il demeurera assis à ta droite du Père, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans le siècle à venir ; et en l'Esprit Saint, c'est-à-dire au Paraclet qu'il avait promis aux apôtres d'envoyer après sa montée aux cieux, et qu'il envoya pour les enseigner et les exhorter en toutes choses ; et par lui sont sanctifiées aussi les âmes de ceux qui croient sincèrement en lui.

140    1. Mais ceux qui disent que le Fils vient du néant, ou d'une autre hypostase, et non de Dieu, qu'il fut un temps ou une durée où il n'était pas, la sainte Église catholique les tient pour étrangers à elle.

2. A nouveau nous disons, si quelqu'un dit que le Père et le Fils sont deux dieux, qu'il soit anathème.

3. Et si quelqu'un dit que le Christ, comme Fils de Dieu, est Dieu avant tous les temps, mais ne confesse pas qu'il a aidé Dieu dans la création de toutes choses, qu'il soit anathème.

4. Si quelqu'un ose dire que le non-engendré ou une partie de lui est né de Marie, qu'il soit anathème.

5. Si quelqu'un dit que le Fils est avant Marie selon la prescience, et non qu'engendré du Père avant les siècles il est auprès de Dieu, et que par lui toutes choses ont été faites, qu'il soit anathème.

6. Si quelqu'un dit que la substance de Dieu se dilate ou se contracte, qu'il soit anathème.

7. Si quelqu'un dit que la substance de Dieu dilatée fait le Fils, ou appelle Fils la dilatation de sa substance, qu'il soit anathème.

8. Si quelqu'un appelle le Fils de Dieu Verbe intérieur ou proféré, qu'il soit anathème.

9. Si quelqu'un dit que le fils de Marie est seulement un homme, qu'il soit anathème.

10. Si quelqu'un, nommant celui qui est de Marie Dieu et homme, entend par là le Dieu non engendré, qu'il soit anathème.

11. Si la parole « Je suis Dieu, le premier, et je suis après tout cela, et en dehors de moi il n'est pas de Dieu » Is 44,6 qui a été dite pour l'anéantissement des idoles et de ceux qui ne sont pas des dieux, quelqu'un la conçoit à la manière des juifs en excluant l'unique engendré de Dieu avant les siècles, qu'il soit anathème.

12. Si quelqu'un entend « le Verbe est devenu chair » Jn 1,14 et pense que le Verbe a été changé en chair, ou dit qu'il a pris chair en se soumettant à un changement, qu'il soit anathème.

13. Si quelqu'un entend que le Fils unique de Dieu a été crucifié et dit que la divinité a subi une corruption, ou une souffrance, ou un changement, ou une diminution, ou un anéantissement, qu'il soit anathème.

14. Si quelqu'un dit que la parole « Faisons l'homme » Gn 1,26 n'a pas été dite par le Père au Fils, mais que Dieu a parlé lui-même à lui-même, qu'il soit anathème.

15. Si quelqu'un dit que ce n'est pas le Fils qui a été vu par Abraham Gn 18,1-22, mais le Dieu non engendré ou une partie de celui-ci, qu'il soit anathème.

16. Si quelqu'un dit que ce n'est pas le Fils qui a lutté avec Jacob comme un homme Gn 32,25-31, mais le Dieu non engendré ou une partie de celui-ci, qu'il soit anathème.

17. Si quelqu'un ne comprend pas la parole « Le Seigneur fit pleuvoir du feu du Seigneur » Gn 19,24 du Père et du Fils, mais dit que lui-même a fait pleuvoir de lui-même, qu'il soit anathème.

18. Si quelqu'un entend que le Père est Seigneur et que le Fils est Seigneur et que le Père et le Fils sont Seigneur, et, parce que le Seigneur fit (pleuvoir) du Seigneur, parle de deux dieux, qu'il soit anathème. Car nous ne plaçons pas le Fils au même rang que le Père, mais disons qu'il est subordonné au Père. Car le Fils n'est pas descendu sur Sodome sans la volonté du Père, et il n'a pas fait pleuvoir de lui-même, mais du Seigneur, c'est-à-dire sous l'instigation du Père ; et il n'est pas assis à la droite de lui même, mais il entend le Père qui dit : « Assieds-toi à ma droite » Ps 110,1.

19. Si quelqu'un dit que le Père et le Fils et le Saint-Esprit sont une seule personne, qu'il soit anathème.

20. Si quelqu'un qui appelle l'Esprit Saint Paraclet dit qu'il est le Dieu non engendré, qu'il soit anathème.

21. Si quelqu'un ne dit pas, comme le Seigneur nous l'a enseigné, que le Paraclet est un autre que le Fils, car il dit : « Et le Père vous enverra un autre Paraclet que je demanderai » Jn 14,16, qu'il soit anathème.

22. Si quelqu'un dit que l'Esprit Saint est une partie du Père et du Fils, qu'il soit anathème.

23. Si quelqu'un appelle le Père et le Fils et le Saint-Esprit trois dieux, qu'il soit anathème.

24. Si quelqu'un dit que le Fils de Dieu a été fait selon la volonté de Dieu comme l'une des créatures, qu'il soit anathème.

25. Si quelqu'un dit que le Fils a été engendré contre la volonté du Père, qu'il soit anathème. Car ce n'est pas forcé, par une nécessité de la nature, sans le vouloir, que le Père a engendré le Fils ; mais aussitôt qu'il l'a voulu, il l'a montré engendré de lui-même, en dehors des temps et impassible.

26. Si quelqu'un appelle le Fils non engendré et sans commencement, en parlant ainsi de deux êtres non engendrés, et en faisant deux dieux, qu'il soit anathème. Car la tête, qui est le principe de tout, est le Fils ; et la tête qui est le principe du Christ, est Dieu ; de cette manière nous ramenons tout avec piété par le Fils à l'unique principe de tout qui est sans commencement.

27. Et à nouveau nous exprimons ensemble avec soin le sens de la doctrine chrétienne, et nous disons : si quelqu'un ne dit pas que le Christ Dieu, Fils de Dieu, était avant tous les temps, coopérateur du Père pour la création de toutes choses, mais qu'il dit que c'est au moment où il est né de Marie qu'il a été appelé Christ et Fils et qu'il a reçu commencement de l'être divin, qu'il soit anathème.

c) Lettre “Pro deifico” aux évêques d'Orient, printemps 357.

141    (Lettre de Libère)

(1) En raison de la crainte qui est l'œuvre de Dieu : votre foi sainte est connue de Dieu et des hommes de bonne volonté (Lc 2,14). Comme le dit la Loi : jugez de façon juste, fils des hommes (Ps 58,2), je n'ai pas défendu Athanase, mais parce que l'évêque Jules, mon prédécesseur d'heureuse mémoire l'avait accueilli, j'ai craint d'être considéré comme ayant manqué à mes devoirs en quelque façon. Mais dès que j'ai reconnu, lorsqu'il a plu à Dieu que vous l'avez condamné à juste titre, j'en suis venu rapidement à être en accord avec vos jugements. De même j'ai fait porter par notre frère Fortunatien à l'empereur Constance une lettre à son sujet, c'est-à-dire au sujet de sa condamnation. Athanase se trouvant donc exclu de la communion avec nous tous et ses lettres ne devant plus être reçues par moi, je dis que je suis dans la paix et l'unanimité avec vous tous et avec tous les évêques d'Orient, c'est-à-dire de toutes les provinces.

(2) Pour que vous sachiez mieux encore que dans ma lettre j'exprime la vraie foi : parce que mon seigneur et frère Démophile a daigné dans sa bienveillance exposer votre foi catholique qui a été discutée, exposée et acceptée à Sirmium par de nombreux frères et coévêques (c'est par là l'hérésie arienne, j'ai noté cela, non l'apostat, Libère ce qui suit :) par tous ceux qui étaient présents, je l'ai acceptée volontiers (saint Hilaire l'anathématise : que je t'anathématise aussi, Libère et tes consorts), je ne l'ai contredite en rien, et j'y ai donné mon assentiment ; je la suis et je la tiens (une deuxième fois anathème, et une troisième fois, traître Libère). J'ai donc cru devoir prier votre sainteté, puisque vous me voyez à présent être en accord avec vous en tout, de daigner œuvrer d'un commun effort à ce que je sois libéré de l'exil, et que je revienne au siège qui m'a été confié par Dieu.

d) Lettre “Quia scio” à Ursace, Valens et Germinius, 357.

142    (1) Puisque je sais que vous êtes des fils de la paix et que vous aimez la concorde et l'unanimité, pour cette raison, non pas sous l'effet d'une contrainte — Dieu m'en est témoin — mais pour le bien de la paix et de la concorde que l'on préfère au martyre, je me tourne vers vous par cette lettre, très chers frères dans le Seigneur. Que votre prudence sache qu'Athanase qui était évêque de l'Église d'Alexandrie (a été condamné par moi) avant que, selon la lettre des évêques d'Orient (j'écrive) à la cour du saint empereur (qu')il a été exclu également de la communion avec l'Église romaine, comme en est témoin tout le presbyterium de l'Église romaine. C'est là la seule raison pour laquelle j'ai paru envoyer de façon tardive seulement une lettre à son sujet à nos frères et coévêques orientaux, afin que mes légats, que j'avais envoyés de la ville de Rome à la cour, et les évêques qui furent déportés, et nous-mêmes avec eux, soient rappelés si possible de l'exil.

(2) Mais je veux aussi que vous sachiez que j'ai demandé au frère Fortunatien (de transmettre) au très clément empereur la lettre (que j'ai faite aux évêques d'Orient, pour qu'ils sachent eux-mêmes aussi qu'avec eux je suis séparé de la communion avec Athanase. Je crois que pour le bien de la paix sa piété la recevra avec gratitude... Que Votre Charité reconnaisse que j'ai fait cela d'un cœur bienveillant et innocent. C'est pourquoi je me tourne vers vous par cette lettre et je vous adjure par le Dieu tout-puissant et par le Christ Jésus son Fils, notre Dieu et Seigneur, de daigner) vous présenter (auprès du très clément empereur) Constance Auguste et de le prier que, pour le bien de la paix et de la concorde dans lesquelles sa piété trouve toujours sa joie, il veuille me faire revenir à l'Église qui m'a été confiée par Dieu, pour que durant le temps de sa vie l'Église romaine ne souffre d'aucun tourment.

e) Lettre “Non doceo” à Vincentius, 357.

143    (2)J'ai cru devoir faire savoir à ta Sainteté qu'au sujet de ce conflit je me suis éloigné de la personne d'Athanase, et que j'ai envoyé à nos frères et coévêques d'Orient une lettre à son sujet. C'est pourquoi, puisque nous aussi, selon la volonté de Dieu, nous sommes en paix avec tous, tu voudras bien rendre visite à tous les évêques de Campanie et le leur faire savoir. Avec une lettre de vous, faites parvenir un écrit de leur part à l'empereur très clément au sujet de l'unanimité et de la paix avec nous, de sorte que je puisse moi aussi être libéré de la tristesse. ... Nous sommes en paix avec tous les évêques d'Orient et avec vous...

           DAMASE Ier : 1er octobre 366 – 11 décembre 384

Fragments de lettres à des évêques d'Orient vers 374.

Trinité

144    Pour cette raison, frères, cette Jéricho qui est la figure des voluptés du siècle, s'écroule sous les clameurs et ne se relève plus, parce que tous, d'une seule bouche, nous disons que la Trinité est d'une unique puissance, d'une unique majesté, d'une unique divinité, d'une unique ousie, si bien que nous disons qu'il est une puissance inséparable et cependant trois personnes, qui ne reviennent pas à elles-mêmes et ne sont pas diminuées,... mais qui demeurent toujours ; et aussi qu'il n'est pas de degrés de puissance, ni de temps de provenance différents, que le Verbe n'est pas proféré en sorte que nous écarterions la génération, ni imparfait en sorte qu'il manquerait à sa personne la nature du Père ou la plénitude de la divinité ; et aussi que le Fils n'est pas dissemblable par l'œuvre, ni dissemblable par la puissance ou dissemblable en tout point, ni non plus qu'il tient son existence d'ailleurs, mais qu'il est né de Dieu non pas comme un faux Dieu, mais qu'il a été engendré vrai Dieu du vrai Dieu, vraie lumière de la vraie lumière, si bien qu'on ne le considère ni comme diminué, ni comme dissemblable, car l'unique engendré a la splendeur de la lumière éternelle Sg 7,26 , parce que dans l'ordonnance de la nature la lumière ne peut pas être sans l'éclat, ni l'éclat sans la lumière ; il est aussi l'image du Père, car qui l'a vu a vu aussi le Père Jn 14,9 ; le même, pour notre Rédemption, est sorti de la Vierge pour naître homme complet pour l'homme complet qui avait péché. C'est pourquoi nous affirmons que le Fils de Dieu a pris aussi l'homme complet.

145    Nous professons également que l'Esprit Saint est incréé et d'une unique majesté, d'une unique ousie, d'une unique puissance avec Dieu Père et notre Seigneur Jésus Christ. Et il ne mérite pas l'injure d'être une créature, lui qui a été envoyé pour créer, comme l'assurait le saint prophète en disant : « Envoie ton Esprit, et elles seront créées » Ps 103,30. Ensuite un autre affirma de même : « L'Esprit divin qui m'a fait » (voir Jb 33,4). Car on ne doit pas séparer quant à la divinité celui qui est uni dans l'opération et dans la rémission des péchés.

L'incarnation, contre les apollinaristes

146    Nous nous étonnons certes de ce qu'on dise de certains des nôtres que bien qu'ils semblent avoir une intelligence orthodoxe de la Trinité, ils ne pensent pas juste cependant... au sujet du sacrement de notre salut. On affirme en effet qu'ils disent que notre Seigneur et Sauveur a pris de la Vierge Marie un homme incomplet, c'est-à-dire sans esprit. Hélas, quel voisinage, dans cette conception, avec les ariens ! Ces derniers disent que la divinité est incomplète dans le Fils de Dieu, les premiers affirment de façon mensongère que l'humanité est incomplète dans le Fils de l'homme. Mais si un homme incomplet a été pris, incomplet est notre salut, parce que ce n'est pas l'homme tout entier qui a été sauvé. Et pourquoi aura été dite cette parole du Seigneur : « Le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu » Mt 18,11 ? Tout entier, c'est-à-dire dans l'âme et dans le corps, dans l'esprit et dans toute la nature de sa substance. Si donc l'homme tout entier était perdu, il était nécessaire que ce qui était perdu fût sauvé ; mais s'il a été sauvé sans l'esprit, alors il apparaîtra, contre la foi de l'Évangile, que ce n'est pas tout ce qui était perdu qui a été sauvé ; or à un autre endroit le Sauveur lui-même dit : vous vous irritez contre moi parce que j'ai guéri tout l'homme (voir Jn 7,23). Du reste c'est bien dans l'esprit de l'homme que la faute originelle et la totalité de la perdition ont leur lieu. Car si le sens qui fait choisir le bien et le mal n'avait pas péri d'abord, il ne mourrait pas : comment donc admettre que n'aurait pas dû être sauvé entièrement ce dont on reconnaît qu'il a péché en tout premier ? Quant à nous, qui savons que nous avons été sauvés complètement et parfaitement, conformément à la profession de foi de l'Église catholique, nous professons que Dieu parfait a assumé un homme complet.

L'Esprit Saint et l'incarnation du Verbe

147    De même qu'en toutes choses nous tenons inviolable la foi de Nicée, sans en détourner les mots ou en fausser le sens, que nous croyons en la Trinité d'une essence coéternelle et unique, et que nous ne séparons en rien l'Esprit Saint mais le vénérons avec le Père et le Fils, parfait en tout, en pouvoir, en honneur, en majesté et en divinité, de même nous avons confiance que la plénitude du Verbe de Dieu, non pas proféré mais né, non pas qui demeure dans le Père en sorte qu'il n'est pas, mais qui est parfait et subsiste d'éternité en éternité, a pris et sauvé le pécheur complet, c'est-à-dire en sa totalité.

Lettre “Per filium meum” à l'évêque Paulin d'Antioche, 375.

L'incarnation du Verbe divin

148    Il faut confesser que la Sagesse elle-même, le Verbe, le Fils de Dieu, a pris le corps, l'âme et l'esprit, c'est-à-dire l'Adam tout entier, et, pour parler plus expressément, tout notre vieil homme à l'exception du péché. De même qu'en confessant qu'il a pris un corps humain nous ne lui ajoutons pas par là les passions vicieuses des hommes, de même en disant qu'il a pris l'âme et l'esprit de l'homme nous ne disons pas par là qu'il a été soumis au péché des pensées humaines. Mais si quelqu'un affirme que le Verbe a pris la place de l'esprit humain dans la chair du Seigneur, l'Église catholique l'anathématise, comme aussi ceux qui confessent deux fils dans le Sauveur, l'un avant l'Incarnation, et l'autre après avoir pris chair de la Vierge, et qui ne confessent pas le même Fils de Dieu avant et après.

Lettre “Oti te apostolike cathedra” aux évêques d'Orient, vers 375

Condamnation de l'Apollinarisme

149    Vous devez donc savoir que depuis longtemps nous avons condamné l'infâme Timothée, le disciple d'Apollinaire l'Hérétique, en même temps que sa doctrine impie, et nous ne croyons aucunement que ce qu'il a laissé ait une influence quelconque à l'avenir. ... Le Christ en effet, le Fils de Dieu notre Seigneur, a donné par sa propre Passion au genre humain le salut en toute sa plénitude, afin de libérer de tout péché tout l'homme pris dans les péchés. Si donc quelqu'un dit qu'il avait une part moindre à la divinité ou à l'humanité, il se montre lui-même rempli de l'esprit du diable, comme le fils de la géhenne. Pourquoi donc me demandez-vous à nouveau la condamnation de Timothée ? Il a été condamné ici également par jugement du Siège apostolique... en même temps que son maître Apollinaire...

·     1er CONCILE DE CONSTANTINOPLE (2e concile œcuménique) mai-30 juillet 381

Profession de foi de Constantinople.

150    (Version grecque)

Nous croyons en un seul, Dieu Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, l'unique engendré, qui a été engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ; qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie et s'est fait homme ; a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Écritures et est monté aux cieux, siège à la droite du Père et reviendra en gloire juger les vivants et les morts : et son Règne n'aura pas de fin ; et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne la vie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes : en une seule sainte Église, catholique et apostolique. Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés ; nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.

(Version latine)

Je crois en un seul Dieu Père tout-puissant créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles.

Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, et né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ; qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint de la Vierge Marie et s'est fait homme ; il a même été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Écritures et est monté au ciel ; il siège à la droite du Père et reviendra en gloire juger les vivants et les morts ; et son Règne n'aura pas de fin.

Et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui avec le Père et le Fils est également coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes. Et en une seule sainte Église catholique et apostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen

Canons, 9 juillet 381.

Condamnation de diverses hérésies

151    1. Ne pas abroger la foi des 318 Pères réunis à Nicée en Bithynie, mais que celle-ci demeure en vigueur : et anathématiser toute hérésie : particulièrement celle des Eunomiens, c'est à dire des Anoméens, celle des Ariens ou Eudoxiens, celle des Semi-Ariens ou Pneumatomaques, celle des Sabelliens, celle des Marcelliens, celle des Photiniens et celle des Apollinaristes.

2. Que les évêques d'un diocèse n'interviennent pas dans les Églises qui leur sont étrangères ni ne mettent de désordre dans les Églises, mais que, conformément aux canons, l'évêque d'Alexandrie administre seulement les affaires de l'Égypte, les évêques de l'Orient, seulement celles du diocèse oriental, en maintenant les prérogatives reconnues par les canons de Nicée à l'Église d'Antioche ; que les évêques du diocèse d'Asie administrent seulement les affaires de l' Asie, ceux du Pont, seulement celles du Pont, et ceux de la Thrace, seulement celles de la Thrace. S'ils ne sont pas appelés, les évêques ne sortiront pas de leur diocèse pour imposer les mains ou pour d'autres fonctions ecclésiastiques. Si on observe ce canon, il est clair que le synode de l'éparchie est compétent dans son éparchie, selon les déterminations de Nicée. Quant aux Églises de Dieu qui sont parmi les peuples barbares, il convient qu'elles soient administrées selon la coutume mise en vigueur par les Pères.

3. L'Évêque de Constantinople doit avoir la primauté d'honneur après l'évêque de Rome, car cette ville est la nouvelle Rome.

4. A propos de Maxime le Cynique et des désordres qui, à cause de lui, se sont produits à Constantinople, (nous déclarons) que Maxime n'a jamais été et qu'il n'est pas évêque, ni que ceux qu'il a ordonnés à quelque degré du clergé ne l'ont été ; tout ce qui a été fait à son égard ou qu'il a fait lui-même est sans valeur.

·     CONCILE DE ROME. 382.

a) « Tomus Damasi » ou profession de foi à l'évêque Paulin d'Antioche :

Trinité et Incarnation

152    Parce que après le concile de Nicée a surgi cette erreur, et que certains osèrent dire d'une bouche sacrilège que l'Esprit Saint a été fait par le Fils :

153    (1) Nous anathématisons ceux qui ne proclament pas en toute liberté qu'il possède une seule puissance, une seule substance avec le Père et le Fils.

154    (2) Nous anathématisons aussi ceux qui suivent l'erreur de Sabellius, en disant que le Père est le même que le Fils.

155    (3) Nous anathématisons Arius et Eunomius qui, égaux en impiété quoique différents dans leurs paroles, affirment que le Fils et le Saint-Esprit sont des créatures.

156    (4) Nous anathématisons les macédoniens qui, issus de la racine d'Arius, n'ont pas modifié la perfidie mais seulement le nom.

157    (5) Nous anathématisons Photin qui renouvelle l'hérésie d'Ebion et qui professe que le Seigneur Jésus Christ est seulement de Marie.

158    (6) Nous anathématisons ceux qui affirment deux Fils, existant l'un avant les siècles, et l'autre après l'assomption de la chair de la Vierge.

159    (7) Nous anathématisons ceux qui disent que le Verbe de Dieu a habité dans une chair humaine à la place d'une âme raisonnable spirituelle, parce que le Fils et Verbe de Dieu n'a pas été dans son corps à la place d'une âme raisonnable et spirituelle, mais c'est notre âme (raisonnable et spirituelle) que, sans péché, il a prise et sauvée.

160    (8) Nous anathématisons ceux qui affirment que le Verbe, le Fils de Dieu, est une extension ou une contraction, et séparé du Père, sans substance, et qu'il aura une fin.

161    (9) Ceux aussi qui sont allés d'Église en Église, nous les tenons pour exclus de la communion avec nous jusqu'à ce qu'ils soient retournés dans les cités où ils ont été établis d'abord. Et si quelqu'un, lorsqu'un autre a émigré, a été ordonné à sa place de son vivant, celui qui a quitté sa cité sera sans dignité sacerdotale jusqu'au moment où son successeur reposera dans le Seigneur.

162    (10) Si quelqu'un ne dit pas que le Père est toujours, que le Fils est toujours, que le Saint-Esprit est toujours, il est hérétique.

163    (11) Si quelqu'un ne dit pas que le Fils est né du Père, c'est-à-dire de sa substance divine, il est hérétique.

164    (12) Si quelqu'un ne dit pas que le Fils de Dieu est vrai Dieu, comme son Père est vrai Dieu, qu'il peut tout, qu'il sait tout et qu'il est égal au Père, il est hérétique.

165    (13) Si quelqu'un dit que le Fils, quand il était sur la terre dans la chair, n'était pas avec le Père aux cieux, il est hérétique.

166    (14) Si quelqu'un dit que dans la souffrance de la croix c'est Dieu qui ressentait la douleur, et non la chair et l'âme dont le Christ, Fils de Dieu, s'était revêtu - la forme d'esclave qu'il avait prise, comme dit l'Écriture (voir Ph 2,7) il est dans l'erreur.

167    (15) Si quelqu'un ne dit pas qu'il siège à la droite du Père dans la chair dans laquelle il viendra juger les vivants et les morts, il est hérétique.

168    (16) Si quelqu'un ne dit pas que l'Esprit Saint est vraiment et proprement du Père comme le Fils, qu'il est de la substance divine et qu'il est vrai Dieu, il est hérétique.

169    (17) Si quelqu'un ne dit pas que le Saint-Esprit peut tout qu'il sait tout, qu'il est partout, comme le Fils et le Père il est hérétique.

170    (18) Si quelqu'un dit que le Saint-Esprit est une créature ou qu'il a été fait par le Fils, il est hérétique.

171    (19) Si quelqu'un ne dit pas que le Père a fait toutes choses, c'est-à-dire, les visibles et les invisibles, par le Fils et le Saint-Esprit, il est hérétique.

172    (20) Si quelqu'un ne dit pas que le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une seule divinité, un seul pouvoir, une seule majesté, une seule puissance, une seule gloire et souveraineté, un seul Royaume, une seule volonté et une seule vérité il est hérétique.

173    (21) Si quelqu'un ne dit pas que sont vraies les trois Personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qu'elles sont égales, toujours vivantes, contenant toutes les choses visibles et invisibles, puissantes sur tout, jugeant tout, vivifiant tout créant tout, conservant tout, il est hérétique.

174    (22) Si quelqu'un ne dit pas que le Saint-Esprit doit être adoré par toute créature, comme le Fils et le Père, il est hérétique.

175    (23) Si quelqu'un pense de façon juste à propos du Père et du Fils, mais ne pense pas de façon juste à propos de l'Esprit, il est hérétique, parce que tous les hérétiques qui pensent mal au sujet du Fils de Dieu et de l'Esprit Saint se trouvent dans l'impiété des juifs et des païens,

176    (24) Si quelqu'un, en disant que le Père est Dieu, que son Fils est Dieu et que le Saint-Esprit est Dieu, partage, et veut dire ainsi des dieux et non pas Dieu, à cause de l'unique divinité et puissance, que nous croyons et savons appartenir au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; s'il excepte le Fils ou l'Esprit Saint, en estimant que seul le Père doit être dit Dieu, et que c'est ainsi qu'il croit en un seul Dieu, il est hérétique en tous ces points ; il est même juif. Car le nom de dieux a été disposé et donné par Dieu à tous les anges et à tous les saints.

Mais pour le Père, le Fils et l'Esprit Saint, leur unique et égale divinité fait que ce n'est pas l'appellation de dieux, mais de Dieu, qui nous est montrée et indiquée pour que nous y croyions. Car nous sommes baptisés uniquement dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint et non pas au nom des archanges ou des anges, comme les hérétiques ou les juifs ou même les païens insensés.

177    Tel est le salut des chrétiens : croyant à la Trinité, c'est-à-dire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, baptisés en elle, nous devons croire fermement qu'elle est une seule et vraie divinité et puissance, majesté et substance.

b) « Decretum Damasi »

Le Saint-Esprit

178    Tout d'abord il faut traiter de l'Esprit septiforme qui repose sur le Christ. L'Esprit de sagesse : le Christ est la force de Dieu et la sagesse de Dieu 1Co 1,24. L'Esprit d'intelligence : Je te donnerai l'intelligence et je t'instruirai dans la voie dans laquelle tu marcheras Ps 31,8. L'Esprit de conseil : Et son nom sera appelé messager du grand conseil Is 9,6 LXX. L'Esprit de force : comme plus haut, force de Dieu et sagesse de Dieu 1Co 1,24. L'Esprit de science : en raison de l'éminence de la science du Christ Jésus Ep 3,19 ; Ph 3,8, l'envoyé. L'Esprit de vérité : Moi je suis la voie, la vie et la vérité Jn 14,6. L'Esprit de crainte (de Dieu) : Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu Ps 110,10 ; Pr 9,10.

Multiforme cependant est la distribution des noms du Christ : Seigneur, parce que Esprit ; Verbe, parce que Dieu ; Fils, parce que unique né du Père ; (...) prophète, parce qu'il a révélé les choses futures ; « l'Esprit Saint en effet n'est pas l'Esprit du Père seulement, ou du Fils seulement, mais l'Esprit du Père et du Fils ; il est écrit en effet : si quelqu'un aime le monde, l'Esprit du Père n'est pas en lui (voir 1Jn 2,15 ; Rm 8,9) ; de même il est écrit : quiconque “n'a pas l'Esprit du Christ, celui-là ne lui appartient pas” Rm 8,9 c'est par cette nomination du Père et du Fils qu'est reconnu l'Esprit Saint » dont le Fils lui-même dit dans l'Évangile : l'Esprit Saint procède du Père Jn 15,26, et : il recevra de ce qui est à moi et il vous l'annoncera Jn 16,14.

Le canon de la sainte écriture

179    Il nous faut maintenant parler des divines Écritures, de ce que reçoit l'Église catholique universelle et de ce qu'elle doit éviter.

On commence par l'ordre de l'Ancien Testament. Genèse, un livre ; Exode, un livre ; Lévitique, un livre ; Nombres, un livre ; Deutéronome, un livre ; Josué, un livre ; Juge un livre ; Ruth, un livre ; Rois, quatre livres ; Paralipomènes, deux livres ; 150 Psaumes (psautier), un livre ; Salomon, trois livres ; Proverbes, un livre ; Ecclésiaste, un livre ; Cantique des Cantiques, un livre ; encore Sagesse, un livre ; Ecclésiastique, un livre.

Puis l'ordre des prophètes. Isaïe, un livre ; Jérémie, un livre, avec Cinoth, c'est-à-dire ses Lamentations ; Ezéchiel un livre ; Daniel, un livre ; Osée, un livre ; Amos, un livre ; Michée, un livre ; Joël, un livre ; Abdias, un livre ; Jonas, un livre ; Nahum, un livre ; Habacuc, un livre ; Sophonie, un livre ; Aggée, un livre ; Zacharie, un livre ; Malachie, un livre.

Puis l'ordre des histoires. Job, un livre ; Tobie, un livre ; Esdras, deux livres ; Esther, un livre ; Judith, un livre ; Maccabées, deux livres.

Puis l'ordre des Écritures du Nouveau et éternel Testament, que l'Église sainte et catholique (romaine) reçoit (et vénère). Évangiles (quatre livres) : un livre selon Matthieu ; un livre selon Marc ; un livre selon Luc ; un livre selon Jean.

(De même les Actes des Apôtres, un livre.)

Les épîtres de (l'apôtre) Paul, au nombre de quatorze : une aux Romains ; deux aux Corinthiens ; une aux Éphèsiens ; deux aux Thessaloniciens ; une aux Galates ; une aux Philippiens ; une aux Colossiens ; deux à Timothée ; une à Tite ; une à Philémon ; une aux Hébreux.

De même l'Apocalypse, livre un.

Et les Actes des Apôtres, un livre (voir plus haut).

Puis les épîtres canoniques, au nombre de sept : deux de l'apôtre Pierre ; une épître de l'apôtre Jacques ; une épître de l'apôtre Jean ; deux épîtres de l'autre Jean, le presbytre ; une épître de l'apôtre Jude, le zélote. Fin du canon du Nouveau Testament.

           SIRICE : décembre 384 (12 janvier 385 ?)-26 novembre 399

Lettre “Directa ad decessorem” à l'évêque Himère de Tarragone, 10 février 385.

Prééminence et autorité doctrinale de l'évêque de Rome

181    (Introduction, Par. 1) (...) Nous ne refusons pas à ta demande la réponse qui convient, puisque eu égard à Notre charge, Nous n'avons pas la liberté de pouvoir dissimuler ou taire quelque chose, puisque plus qu'à tous Nous incombe le zèle pour la religion chrétienne. Nous portons les charges de tous ceux qui peinent, et plus encore : les porte en Nous le bienheureux apôtre Pierre dont Nous croyons avec confiance qu'il Nous protège et Nous garde en toutes choses comme l'héritier de son ministère...

182    (Chap. 15, Par 20) Maintenant Nous encourageons encore et encore le propos de ta fraternité d'observer les canons et de garder les décrets édictés, pour que ce que Nous avons écrit en réponse à ta demande, tu fasses en sorte que cela soit porté à la connaissance de tous nos coévêques, et non pas de ceux-là seulement qui se trouvent dans ta province ; mais ce qui a été déterminé par Nous selon une ordonnance salutaire doit être envoyé aussi, accompagné de ta lettre, à tous les évêques de Carthage, de la Bétie, de Lusitanie et de Galice. Et bien qu'aucun prêtre du Seigneur n'ait la liberté d'ignorer les décisions du Siège apostolique ou les déterminations vénérables des canons, il pourra être néanmoins très utile et — compte tenu de l'ancienneté de ton sacerdoce — très glorieux pour ta Charité, que ce qui t'a été écrit à titre spécial en termes généraux soit porté, par ton souci de l'unanimité, à la connaissance de tous nos frères : afin que qui a été édicté par Nous, non pas de façon inconsidérée mais de façon circonspecte, avec une grande prudence et longue réflexion, demeure inviolé, et qu'à l'avenir soit fermée la voie des excuses, laquelle ne pourra plus être ouverte à personne auprès de Nous.

Baptême des hérétiques

183    (Chap. 1,Par 2) (Tu as fait savoir)...que beaucoup de ceux qui ont été baptisés par les ariens impies se hâtent vers l'Église catholique, et que certains parmi nos frères veulent les baptiser à nouveau : cela n'est pas permis ; car que cela se fasse, l'Apôtre l'interdit (voir Ep 4,5 ; He 6,4), les canons s'y opposent, et les décrets généraux envoyés aux provinces par mon prédécesseur Libère d'heureuse mémoire après l'annulation du concile de Rimini l'interdisent aussi. Nous les recevons dans la communauté des catholiques avec les novatiens et d'autres hérétiques, comme cela été décidé au synode, par la seule invocation de l'Esprit septiforme et moyennant l'imposition des mains de l'évêque — ce qui est observé également par tout l'Orient et l'Occident ; vous aussi vous ne devez pas désormais vous écarter de ce chemin, si vous ne voulez pas être séparés de la communauté avec nous par une sentence synodale.

La nécessité du baptême

184    (Chap. 2, Par 3) Sans vouloir cependant amoindrir le respect sacré qui s'attache à Pâques, Nous prescrivons d'administrer sans délai le baptême aux enfants qui, du fait de leur âge, ne peuvent pas encore parler, ou aux personnes qui se trouvent dans une nécessité quelconque de recevoir le saint baptême, de peur qu'il ne s'ensuive un détriment pour nos âmes si, par suite de notre refus de la fontaine du salut à ceux qui le désiraient, certains mourants venaient à perdre le Royaume et la vie. Quiconque de même se trouve menacé d'un naufrage, d'une invasion ennemie, ou de quelque maladie mortelle, qu'il soit admis, aussitôt qu'il le demande, au bénéfice de la régénération sollicitée. L'erreur jusqu'ici dans ce domaine doit suffire ; à présent que tous les prêtres s'en tiennent à la règle susdite, s'ils ne veulent pas être arrachés à la solidité du roc apostolique sur lequel le Christ a construit toute l'Église.

Le célibat des clercs

185    (Chap. 7, Par 8). Nous avons appris en effet que beaucoup de prêtres du Christ et de lévites, longtemps après leur consécration, ont procréé une descendance aussi bien de leur propre mariage que d'un commerce honteux, et qu'ils défendent leur méfait en prétextant qu'on lit dans l'Ancien Testament que la permission d'engendrer est accordée aux prêtres et aux ministres.

(Contre cet argument le pontife romain objecte :) (Par 9) Pourquoi a-t-il même été enjoint aux prêtres d'habiter loin de leur maison, au temple, l'année de leur tour de service ? Pour la raison qu'ils ne devaient avoir de commerce charnel pas même avec leurs femmes, de manière à briller par la pureté de leur conscience et à offrir ainsi un sacrifice agréable à Dieu.

(Par 10) C'est pourquoi après nous avoir illuminé par sa venue, le Seigneur Jésus atteste à son tour dans l'Évangile qu'il est venu accomplir la Loi et non l'abolir Mt 5,17. Et pour cette raison il a voulu que la forme de l'Église dont il est l'Époux, brille de la splendeur de la chasteté, de manière qu'il puisse la trouver... « sans tache ni ride » (Ep 5,27) au jour du jugement, lorsqu'il viendra à nouveau. Par la loi indissoluble de ces dispositions nous sommes tous liés, prêtres et lévites, pour que du jour de notre ordination nous consacrions nos coeurs et nos corps à la sobriété et à la chasteté, de sorte que nous plaisions au Seigneur notre Dieu dans les sacrifices que nous offrons quotidiennement.

·     3e concile de Carthage, 28 août 397.

Le canon des saintes Écritures

186    (Il a été décidé).qu'en dehors des Écritures canoniques rien ne doit être lu dans l’Église sous le nom de divines Écritures. Or sont écritures canoniques : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Jésus Nave, Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux livres des Chroniques, Job, le Psautier de David, cinq livres de Salomon, douze livres des Prophètes, Isaïe, Jérémie, Daniel, Ezéchiel, Tobie, Judith, Esther, deux livres d'Esdras, deux livres des Maccabées.

Quant au Nouveau Testament : quatre livres des évangiles, un livre des Actes des Apôtres, treize épîtres de l'apôtre Paul, du même une aux Hébreux, deux de Pierre, trois de Jean (voir [?] (est ajouté dans un manuscrit :) (...) l’Église d'outre-mer doit être consultée pour la confirmation de ce canon.

           ANASTASE Ier : 27 novembre 399-402 (19 décembre 401 ?)

·     1er concile de Tolède, septembre 400 (405 ?).

a) Chapitre

La consécration du chrême

187    Canon 20.

(1) Bien qu'on observe presque partout qu'en dehors de l'évêque personne ne consacre le chrême, parce qu'on dit qu'en certains lieux ou certaines provinces des presbytres consacrent le chrême, il a été décidé néanmoins qu'à partir de ce jour aucun autre en dehors de l'évêque ne consacre le chrême et le distribue aux diocèses, et cela de la manière suivante : de chaque église des diacres ou des sous-diacres seront envoyés à l'évêque avant le jour de Pâques, pour qu'on puisse disposer le jour de Pâques du chrême consacré et distribué par l'évêque.

(2) L'évêque a le droit sans nul doute de consacrer le chrême à tout moment, mais absolument rien ne doit être fait sans que l'évêque le sache ; or il a été décrété que le diacre ne fait pas la chrismation, mais que le presbytre la fait en l'absence de l'évêque, et en sa présence si celui-ci l'en a chargé.

b) “Symbolum Toletanum” (400) et sa forme plus longue comme “Libellus in modum symboli” de l'évêque Pastor de Palencia (477).

Profession de foi contre les erreurs des priscillianistes

188    Nous croyons en l'unique vrai Dieu, le Père et le Fils et l'Esprit Saint, le créateur des choses visibles et invisibles, par qui tout a été fait au ciel et sur la terre. Celui-ci est l'unique Dieu et celle-ci est l'unique Trinité du nom divin (de la substance divine). (Mais) le Père n'est pas le Fils lui-même, mais il a un Fils qui n'est pas le Père. Le Fils n'est pas le Père, mais il est le Fils de Dieu de (la) nature (du Père). Et l'Esprit est le Paraclet, qui n'est ni le Père lui-même ni le Fils, mais qui procède du Père (et du Fils). Le Père est donc non engendré, le Fils est engendré, le Paraclet n'est pas engendré mais procède du Père (et du Fils). C'est le Père dont on a entendu la voix du haut des cieux : celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis ma complaisance ; écoutez-le Mt 17,5 ; 2P 1,17 voir Mt 3,17. C'est le Fils qui dit : je suis sorti du Père, et je suis venu de Dieu dans ce monde (voir Jn 16,28). C'est le Paraclet lui-même (l'Esprit Paraclet) dont le Fils dit : si je ne pars pas vers le Père le Paraclet ne viendra pas à vous Jn 16,7. Cette Trinité distincte dans les personnes est une seule substance, vertu, puissance, majesté (unie par sa vertu et sa puissance et sa majesté), indivisible et sans différence ; en dehors d'elle (nous le croyons) il n'est pas de nature divine, soit d'un ange, soit d'un esprit, soit d'une puissance dont on puisse croire qu'elle est Dieu.

189    Ce Fils de Dieu par conséquent, Dieu, né du Père avant tout commencement, a été sanctifié dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie (le sein de la Vierge Marie), et d'elle, engendré sans la semence d'un homme, il a pris une humanité véritable (c'est-à-dire que deux natures, à savoir de la divinité et de la chair, se sont unies totalement en une seule personne) à savoir le (notre) Seigneur Jésus Christ (Et) il n'avait pas un corps imaginaire ou fait d'une simple forme (d'un fantôme), mais entier (et vrai) : Et il a eu faim et a eu soif, et a ressenti la douleur et a pleuré, et a ressenti toutes les blessures du corps (a supporté toutes les injures du corps). A la fin il a été crucifié (par les juifs), est mort et a été enseveli, (et) le troisième jour il est ressuscité ; après cela il a conversé avec les (ses) disciples et le quarantième jour (après la résurrection) il est monté aux cieux (au ciel). Ce Fils de l'homme est appelé également « Fils de Dieu », « mais le Fils de Dieu est appelé » Dieu, « non Fils de l'homme » (Mais le Fils de Dieu, Dieu, est appelé Fils de l'homme).

190    Mais nous croyons en la résurrection de la chair humaine (qu'il y aura une résurrection pour la chair humaine). Mais l'âme de l'homme n'est pas une substance divine ou une part de Dieu, mais une créature qui n'est pas tombée de par la volonté divine (nous l'appelons une créature qui a été créée par la volonté divine).

191    1. Mais (donc) si quelqu'un dit et (ou) croit que ce n'est pas par le Dieu tout-puissant que ce monde et tous ses agencements ont été faits, qu'il soit anathème.

192    2. Si quelqu'un dit et (ou) croit que Dieu le père est même que le Fils ou le Paraclet, qu'il soit anathème.

193    3. Si quelqu'un... croit que le Dieu Fils (Fils de Dieu) est le même que le Père ou le Paraclet, qu'il soit anathème.

194    4. Si quelqu'un... croit que le Paraclet Esprit est le Père ou le Fils, qu'il soit anathème.

195    5. Si quelqu'un... croit que l'homme Jésus Christ n'a pas été assumé par le Fils de Dieu (que seule la chair, sans une âme, a été prise par le Fils de Dieu), qu'il soit anathème.

196    6 Si quelqu'un... croit que le Fils de Dieu a souffert comme Dieu (le Christ ne peut pas être né), qu'il soit anathème.

197    7. Si quelqu'un... croit que l'homme Jésus Christ était un homme impassible (la divinité du Christ était sujette au changement et à la souffrance), qu'il soit anathème.

198    8. Si quelqu'un... croit qu'autre est le Dieu de la Loi ancienne, autre celui des évangiles, qu'il soit anathème.

199    9. Si quelqu'un... croit que le monde a été fait par un autre Dieu que (et non pas par) celui dont il est écrit : au commencement Dieu a fait le ciel et la terre (voir Gn 1,1)qu'il soit anathème.

200    10. Si quelqu'un... croit que les corps humains ne ressusciteront pas après la mort, qu'il soit anathème.

201    11. Si quelqu'un.., croit que l'âme humaine est une portion de Dieu ou de la substance de Dieu, qu'il soit anathème.

202    12. Si quelqu'un croit qu'en dehors des Écritures que l'Église catholique a reçues, d'autres doivent être tenues comme ayant autorité ou s'il les vénère (si quelqu'un... croit qu'en dehors des Écritures que l'Église catholique reçoit, d'autres doivent être considérées comme ayant autorité ou être vénérées), qu'il soit anathème.

203    (13. Si quelqu'un... croit qu'il y a dans le Christ une seule nature de la divinité et de la chair, qu'il soit anathème.).

204    (14. Si quelqu'un... croit qu'il existe quelque chose qui peut s'étendre au-dehors de la Trinité divine, qu'il soit anathème.)

205    (15. Si quelqu'un estime qu'on doit croire à l'astrologie ou aux mathématiques (sic !), qu'il soit anathème.(voir Canon 460 ).

206    (16. Si quelqu'un... croit que les mariages qui sont tenus pour licites selon la Loi divine, sont abominables, qu'il soit anathème.)

207    (17. Si quelqu'un... croit que ce n'est pas seulement pour mortifier le corps qu'il faut s'abstenir de la chair des oiseaux ou des bêtes qui sont donnés pour qu'on s'en nourrisse, qu'il soit anathème.)

208    (18. Si quelqu'un adhère aux erreurs de la secte de Priscillien ou qu'il les professe, de sorte que dans le baptême salutaire il fait autre chose, contre le siège de saint Pierre, qu'il soit anathème.)

Lettre “Dat mihi” à l'évêque Venerius de Milan, vers 401.

La question de l'orthodoxie du pape Libère.

209    Une très grande joie m'est donnée par le fait, qui est l'oeuvre du Christ, que l'Italie victorieuse dans tout l'univers, enflammée d'un zèle et d'un empressement divins, a gardé intègre la foi transmise par les apôtres et établie par les anciens, et cela au moment, il est vrai, où Constance de divine mémoire a régné victorieux sur l'univers, et que la faction arienne n'a pu insinuer aucune hérésie et introduire ainsi ses souillures, parce que notre Dieu, nous le croyons, a veillé à ce que cette foi sainte et immaculée ne soit pas altérée par le blasphème d'hommes infâmes : cette foi qui avait été examinée et définie lors de la rencontre du synode de Nicée par de Saints hommes et par des évêques déjà réunis dans le repos des saints. Pour elle ils ont volontiers accepté l'exil, ceux qui alors se sont montrés de saints évêques, à savoir Denys, à cause de cela serviteur de Dieu, un homme instruit par l'enseignement divin, et ceux de sainte mémoire qui ont suivi son exemple, Libère, l'évêque de l'Eglise romaine, de même Eusèbe de Verceil, Hilaire de Gaule, pour ne pas parler de ceux, nombreux, qui ont pu préférer être fixés sur la croix plutôt que de blasphémer Dieu le Christ comme y poussait l'hérésie arienne, ou d'appeler le Fils de Dieu, Dieu le Christ, une créature du Seigneur.

(Suit la condamnation des livres d'Origène d'Alexandrie Traduits en latin par Ruffin, voir 353)

           INNOCENT Ier : 21 (22 ?) décembre 402 -12 mars 417

Lettre “Etsi tibi” à l'évêque Victrice de Rouen, 15 février 404.

Baptême des hérétiques

211    (Chap. 8, Par 11) (Il est bon de veiller)... à ce que ceux qui viennent des novatiens ou des montanistes soient reçus seulement par l'imposition des mains ; car bien que l'ayant été par des hérétiques, ils ont cependant été baptisés au nom du Christ.

Lettre “Consulenti tibi” à l'Évêque Exupère de Toulouse, 20 février 405

La réconciliation au moment de la mort

212    (...)

(Chap. 2)... Il a été demandé comment il faut se comporter à l'égard de ceux qui, après le baptême, se sont livrés sans relâche à la volupté charnelle et qui, à la fin de leur vie demandent à la fois la pénitence et la réconciliation dans la communion.

A leur endroit la prescription ancienne est plus sévère ; l'autre, récente, plus douce, par mesure de miséricorde. En effet suivant l'ancienne coutume on tenait à ce que leur soit accordée la pénitence, mais que la communion soit refusée. En effet, en ces temps lointains où les persécutions étaient fréquentes l'on refusait à bon droit la communion, de peur qu'en raison d'une paix obtenue trop facilement, les fidèles sûrs de leur réconciliation ne se laissent aller plus encore à l'apostasie ; mais la pénitence leur était accordée pour ne pas tout leur refuser, et la dureté des temps rendait le pardon plus difficile.

Mais après que notre Seigneur eut rendu la paix à ses Églises et que la terreur fut passée, l'on décida d'accorder la communion aux mourants — laquelle sera comme un viatique, grâce à la miséricorde divine, pour ceux qui vont trépasser, pour ne pas donner l'impression de suivre la dureté et la rigueur de l'hérétique Novatien qui niait la possibilité du pardon. On accordera donc la communion avec la pénitence in extremis : ainsi les hommes dont nous avons parlé, au moins à leurs derniers instants, et avec le consentement de notre Seigneur, seront défendus contre la damnation éternelle.

Le canon des saintes Écritures et les livres apocryphes

213    (Chap. 7) Les livres qui ont été reçus dans le canon sont indiqués dans un bref appendice. C'est là (ce) que tu as désiré te voir indiquer :

Cinq livres de Moïse, c'est-à-dire Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, et un de Josué, un des Juges, quatre livres des Rois, en même temps Ruth, seize livres des Prophètes, cinq livres de Salomon, le Psautier.

De même les livres des histoires : un livre de Job, un de Tobie, un d'Esther, un de Judith, deux des Maccabées, deux d'Esdras, deux des Chroniques.

De même ceux du Nouveau Testament : quatre des évangiles, 13 (14) épîtres de l'apôtre Paul, trois épîtres de Jean, deux épîtres de Pierre, (une épître de Jude), une épître de Jacques, les Actes des Apôtres, l'Apocalypse de Jean.

Quant au reste, qui figure soit sous le nom de Matthieu ou sous celui de Jacques le Mineur, soit sous celui de Pierre et de Jean, ce qui a été écrit par un certain Leukios, (ou sous le nom d'André, ce qui l'a été par les philosophes Xenocharides et Léonidas,) ou sous le nom de Thomas, et s'il existe d'autres écrits, non seulement il faut le rejeter, mais comme tu le sais, le condamner.

Lettre “Magna me gratulatio”. à Rufus et à d'autres évêques de Macédoine, 13 décembre 414.

La forme du baptême

214    (On explique pourquoi selon les canons 8 et 19 de Nicée Canon 127-128 il faut rebaptiser les paulianistes qui reviennent à l'Eglise mais non les novatiens :)

(Chap. 5, Par 10) Qu'il existe une distinction entre ces deux hérésies, la raison le fait apparaître, car les paulianistes ne baptisent pas du tout au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, et les novatiens baptisent dans ces mêmes noms redoutables et vénérables, et chez eux jamais n'a été mise en cause l'unité de la puissance divine, c'est-à-dire du Père et du Fils et de l'Esprit Saint.

Lettre “Si instituta ecclesiastica” à l'évêque Decentius de Gubbio, 19 mars 416.

Le ministre de la confirmation.

215    (Chap. 3, Par 6) Pour ce qui est de la confirmation des enfants, on sait qu'elle ne doit pas être faite par un autre que l'évêque. Les presbytres en effet, bien que prêtres du second rang, n'ont pas le degré suprême du pontificat. Que ce pontificat revienne seulement aux évêques, pour qu'ils Consignent ou transmettent l'Esprit Paraclet, non seulement la coutume de l'Église l'atteste, mais également ce passage des Actes des Apôtres qui rapporte que Pierre et Jean furent envoyés pour transmettre l'Esprit Saint à ceux qui étaient déjà baptisés (voir Ac 8,14-17). Aux presbytres en effet il est permis, lorsqu'ils baptisent soit sans l'évêque, soit en présence de l'évêque, d'oindre les baptisés de chrême, mais qui aura été consacré par l'évêque ; mais non de signer le front avec cette même huile, ce qui revient aux seuls évêques lorsqu'ils transmettent l'Esprit Paraclet. Les paroles cependant je ne puis les dire, pour ne pas sembler révéler (le mystère) plutôt que de répondre à une demande.

Onction des malades

216    (Chap. 8, Par. II) Puisque ta charité a voulu consulter au sujet de ceci comme du reste, mon fils, le diacre Célestin, a ajouté dans sa lettre que ta charité mentionnait ce qui est écrit dans l'épître de saint Jacques : « Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres de l'Église et qu'ils prient sur lui, après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis » Jc 5,14-15. Il n'y a pas de doute qu'il faille l'entendre et le comprendre des fidèles malades qui peuvent être oints de l'huile sainte du chrême, laquelle étant confectionnée par l'évêque, il est permis non seulement aux prêtres, mais aussi à tous les chrétiens d'en user pour faire l'onction, dans leurs nécessités personnelles, ou celles des leurs.

Par ailleurs, cette addition nous semble superflue : on se demande si l'évêque peut faire ce qui est certainement permis aux presbytres. Car la raison pour laquelle on parle des presbytres est que les évêques, empêchés par d'autres occupations, ne peuvent se rendre chez tous les malades. Mais si un évêque en a la possibilité, et s'il juge que quelqu'un mérite d'être visité par lui, il peut le bénir et lui faire l'onction du chrême sans difficulté, puisque c'est lui qui fait le chrême. On ne peut en faire l'onction sur les pénitents, parce qu'elle est de l'ordre du sacrement. Car ceux auxquels on refuse les autres sacrements, comment penser qu'on puisse leur en concéder un de cette espèce ?

In requirendis”, aux évêques du concile de Carthage, 27 janvier 417.

La prééminence du Siège de Rome

217    (Chap. 1) En Nous consultant sur les choses divines ... fidèles aux exemples de la tradition ancienne, ... vous avez affirmé la vigueur de votre esprit religieux de la vraie façon, pas moins maintenant où vous demandez conseil qu'auparavant lorsque vous vous êtes prononcés, vous qui avez approuvé de vous en rapporter à notre jugement, sachant ce qui est dû au Siège apostolique, puisque Nous tous qui sommes établis en cette place désirons suivre l'Apôtre de qui est issu l'épiscopat et toute l'autorité de ce nom. C'est en le suivant que Nous avons appris à condamner le mal comme à approuver ce qui est louable, comme ce que vous avez estimé dans la vigilance de votre office sacerdotal, à savoir qu'on ne doit pas fouler aux pieds les ordonnances des Pères ; car ceux-ci, dans une pensée plus divine qu'humaine, avaient décrété que n'importe quelle affaire à traiter, fût-ce des provinces les plus éloignées et les plus retirées, ne serait pas considérée comme finie avant d'avoir été portée à la connaissance de ce Siège, pour qu'il confirmât de toute son autorité les justes sentences et que les autres Églises — comme les eaux qui jaillissent de leur source originelle et qui s'écoulent dans toutes les régions du monde par de purs ruisseaux venus de la source non corrompue — reçoivent de lui ce qu'elles prescriront et sachent qui elles doivent purifier et qui, souillé d'une fange ineffaçable, ne recevra pas l'eau digne des corps purs.

Lettre “Inter ceteras Ecclesiae Romanae” à Silvanus et aux autre pères du concile de Milève, 27 janvier 417.

La prééminence du Siège romain

218    (Chap. 2) Avec diligence donc, et comme il convient, vous avez consulté les arcanes de la charge apostolique — de la charge, dis-je, de celui à qui appartient « en dehors des choses extérieures, la sollicitude de toutes les Églises » 2Co 11,28 — au sujet de la position à tenir dans des questions douteuses, et vous vous êtes conformé en cela à ce qui est la règle ancienne, laquelle, vous le savez, a toujours été observée avec moi par l'univers entier... Pourquoi avez-vous aussi confirmé cela par votre agir, si ce n'est parce que vous savez que des réponses coulent toujours de la source apostolique dans toutes les provinces, pour ceux qui en font la requête ? Surtout chaque fois qu'est débattue une affaire de foi, je pense que tous nos frères et coévêques ne doivent en référer Pierre, c'est-à-dire au garant de son nom et de sa charge, comme l'a fait maintenant Votre Charité pour demander ce qui peut être profitable à toutes les Églises ensemble dans le monde entier. Elles doivent en effet devenir plus prudentes, lorsqu'elles voient que, selon la relation du double synode, les inventeurs du mal sont séparés de la communion de par les déterminations de notre jugement.

La nécessité du baptême

219    (Chap. 5) ... que les petits enfants peuvent, même sans la grâce du baptême, jouir des récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus haut point. Si, en effet, ils ne mangent pas la chair du Fils de l'homme et ne boivent pas son sang, ils n'auront pas la vie en eux (voir Jn 6,53). Ceux qui soutiennent que ces enfants l'auront sans être renés, me paraissent vouloir rendre vain le baptême lui-même, en prêchant qu'ils ont ce que la foi professe ne pouvoir leur être conféré que par le baptême.

Si donc, comme ils le veulent, il n'y a aucune fâcheuse conséquence à ne pas renaître, il leur faut aussi professer que les saintes eaux de la nouvelle naissance ne servent à rien. Mais, la vérité peut avoir rapidement raison de la doctrine erronée de ces hommes vains avec les paroles que le Seigneur dit dans l'Évangile : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas ; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume des cieux ». (voir Mt 19,14 ; Mc 10,14 ; Lc 18,16).

           ZOSIME : 18 mars 417-26 décembre 418

Lettre "Quamvis Patrum" au concile de Carthage, 21 mars 418.

L'autorité doctrinale de l'évêque de Rome

221    (N. 1) Bien que la tradition des pères ait reconnu au Siège apostolique une telle autorité que personne n'a osé mettre en cause son jugement, et qu'elle ait toujours observé cela par des canons et des règles, et que, par ses lois, la discipline ecclésiastique en vigueur jusqu'ici manifeste au nom de Pierre, dont elle descend elle-même, la révérence qui convient : ... (3) Bien que donc Pierre soit l'origine d'une telle autorité et que les décrets suivants de tous les anciens confirment que l'Église romaine est affermie par toutes les lois et coutumes aussi bien humaines que divines — et vous ne l'ignorez pas, mais vous l'avez appris, frères très chers, et comme prêtres vous devez savoir que Nous en dirigeons la région et que nous détenons aussi le pouvoir de son nom — : (4) et alors que Nous aurions une telle autorité que personne ne pourrait débattre encore une fois de notre décision, Nous n'avons rien fait cependant que Nous n'aurions pas, de notre propre mouvement, porté à votre connaissance par notre lettre ; concédant cela à la fraternité et consultant ensemble, non pas parce que Nous n'aurions pas su ce qui doit être fait, ou que Nous aurions fait quelque chose qui déplairait parce que cela irait contre l'utilité de l'Église, mais Nous voulions avoir traité ensemble avec vous à son sujet (de Célestin qui est accusé).

·     15e (ou 16e) concile de Carthage, commencé le 1er Mai 418.

Péché originel

222    Canon 1, Il a été décidé par tous les évêques.,. rassemblé au saint concile de Carthage : Quiconque dit qu'Adam, premier homme, a été créé mortel de telle sorte que, qu'il péchât ou non, il devait mourir corporellement, c'est-à-dire que quitter son corps ne serait pas une conséquence du péché mais une nécessité de nature, qu'il soit anathème.

223    Canon 2. Il a été décidé de même : Quiconque nie que les tout-petits doivent être baptisés, ou dit que c'est pour la rémission des péchés qu'on les baptise, mais qu'ils n'ont rien, eux du péché originel d'Adam que le bain de la régénération aurait à expier, ce qui a pour conséquence que pour eux la formule du baptême « en rémission des péchés », n'a pas un sens vrai mais faux, qu'il soit anathème. Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l'Apôtre : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui » Rm 5,12, sinon de la manière dont l'Église catholique répandue par toute la terre l'a toujours compris. C'est en effet à cause de cette règle de foi que même les tout-petits, qui n'ont pas pu commettre encore par eux-mêmes quelque péché, sont cependant vraiment baptisés en rémission des péchés pour que la régénération purifie en eux ce que la génération leur a apporté.

224    Canon 3. Il a été décidé de même : Quiconque dit que le Seigneur a dit « Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures » Jn 14,2 pour qu'on comprenne qu'il y a dans le Royaume des cieux un certain lieu, se trouvant au milieu ou ailleurs, où vivent bienheureux les petits enfants qui ont quitté cette vie sans le baptême sans lequel ils ne peuvent pas entrer dans le Royaume des cieux qui est la vie éternelle, qu'il soit anathème. Car puisque le Seigneur dit : « A moins que quelqu'un soit rené d'eau et d'Esprit Saint, il n'entre pas dans le Royaume des cieux » Jn 3,5 : quel catholique doutera que sera un compagnon du diable celui qui n'a pas mérité d'être cohéritier du Christ ? Celui en effet qui n'est pas à droite se trouvera sans nul doute placé à gauche.

Grâce

225    Canon 3. Il a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui justifie l'homme par notre Seigneur Jésus Christ, vaut uniquement pour la rémission des péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en plus commettre, qu'il soit anathème.

226    Canon 4. De même : Quiconque dit que cette même grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ nous aide à ne plus pécher en ce sens seulement qu'elle nous révèle et nous ouvre l'intelligence des commandements, en sorte que nous sachions ce que nous devons désirer et ce que nous devons éviter, mais qu'elle ne nous donne nullement l'amour et la force de faire aussi ce que nous avons reconnu comme notre devoir, qu'il soit anathème. Car, puisque l'Apôtre dit : « La science enfle, mais la charité édifie » 1Co 8,1, il est très impie de croire que nous avons la grâce du Christ pour la science qui enfle et que nous ne l'avons pas pour la charité qui édifie, puisque c'est également un don de Dieu de savoir ce que nous devons faire et d'avoir l'amour pour le faire. Ainsi, la charité qui édifie empêche que la science ne nous enfle. Comme il est écrit de Dieu : « Il enseigne la science à l'homme » Ps 94,10, il est aussi écrit : « La charité vient de Dieu » 1Jn 4,7.

227    Canon 5. 11 a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de la justification nous est précisément donnée pour pouvoir accomplir plus facilement par elle ce que nous devons faire par notre libre arbitre, en sorte que, si la grâce n'était pas donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité, observer sans elle les commandement de Dieu, qu'il soit anathème.

Lorsqu'il parle du fruit des commandements, le Seigneur ne dit pas : « Sans moi, vous pouvez le faire plus difficilement », mais : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5.

228    Canon 6. Il a été décidé de même : l'apôtre saint Jean dit : « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous abusons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous ». 1Jn 1,8 . Quiconque pense qu'il faut l'entendre ainsi : c'est humilité que l'on doit dire que nous avons le péché, mais non parce que c'est la vérité, qu'il soit anathème. Car l'apôtre ajoute immédiatement : « Si nous confessons nos péchés il est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et nous purifier de toute injustice » 1Jn 1,9. Ce passage fait suffisamment voir que cela n'est pas dit seulement par humilité mais aussi en vérité. Car l'apôtre pouvait dire : « Si disons : nous n'avons pas de péché, nous nous vantons et l'humilité n'est pas en nous » Mais en disant : « Nous nous abusons et la vérité n'est pas en nous », il montre assez que celui qui se déclare sans péché ne dit pas le vrai, mais le faux.

229    Canon 7. Il a été décidé de même : Quiconque dit que, dans la prière du Seigneur, les saints disent : « Remets-nous nos dettes » Mt 6,12 non pour eux-mêmes, puisqu'ils n'ont déjà plus besoin de faire cette demande, mais pour les autres de leur peuple qui sont pécheurs, et que c'est la raison pour laquelle chacun des saints ne dit pas : « Remets-moi mes dettes » mais « Remets-nous nos dettes » ce qui fait comprendre que le juste demande plus pour autrui que pour lui-même qu'il soit anathème. Ce saint et ce juste était l'apôtre saint Jacques, quand il disait : « Tous, nous péchons en bien des choses » Jc 3,2. Pourquoi ajouter « tous » sinon pour que le mot soit d'accord avec le Psaume où se lit : « N'entre pas en jugement avec ton serviteur. car nul vivant n'est justifié devant toi » Ps 143,2 ; et dans la prière du très sage Salomon : « Il n'y a aucun homme qui n'ait péché » 1R 8,46 et dans le livre du saint homme Job : « Il suspend l'activité des hommes, pour que tout homme reconnaisse sa faiblesse Jb 37,7 ; également le saint et juste Daniel, lorsqu'il disait au pluriel : « Nous avons péché et nous avons commis l'iniquité » Jb 9,5-15, et d'autres paroles qu'il confesse dans la vérité et l'humilité ; pour qu'on ne pense pas, comme certains le croient, qu'il parle alors non pas de ses péchés, mais plutôt de ceux de son peuple, il ajoute : « Quand... je priais et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple » Jb 9,20 au Seigneur, mon Dieu, il n'a pas voulu dire « nos péchés » mais il a dit les « péchés de son peuple » et les « siens » car, prophète, il voyait par avance qu'il se trouverait des hommes qui le comprendraient bien mal.

230    Canon 8. Il a été décidé de même : Ces paroles de la prière du Seigneur où nous disons : « Remets-nous nos dettes » Mt 6,12, tous ceux qui veulent que les saints les disent par humilité et non en vérité, qu'ils soient anathèmes. Qui donc admettrait que quelqu'un qui prie mente, non seulement aux hommes, mais au Seigneur lui-même, en déclarant de ses lèvres qu'il veut qu'il lui soit pardonné, et qui dit en son coeur qu'il n'a pas de dettes à se faire remettre.

Epistula tractoria” aux Églises orientales, entre juin et août 418.

Le péché originel

231    Le Seigneur est fidèle dans ses paroles Ps 145,13, et son baptême, en sa réalité et en ses paroles, c'est-à-dire par ce qui est fait, par la confession de foi et par la vraie rémission des péchés, contient la même plénitude pour tout sexe, tout âge et toute condition de l'homme. Nul en effet ne devient libre s'il n'est esclave du péché, et ne peut être dit sauvé que celui qui auparavant était véritablement captif du péché, comme il est écrit : « Si le Fils vous a libérés, vous serez vraiment libres ». Jn 8,36. Par lui en effet nous renaissons spirituellement, par lui nous sommes crucifiés au monde. Par sa mort est déchiré ce décret de mort (voir Col 2,14) qui a été contracté par propagation, et qui a été introduit par Adam pour nous tous et transmis à toute âme - décret auquel tous ceux, sans exception, qui sont nés sont soumis avant d'être libérés par le baptême.

           BONIFACE Ier : 29 décembre 418-4 septembre 422

Lettre “Retro maioribus” à l'évêque Rufus de Thessalie, 11 mars 422.

La prééminence du Siège romain

232    (Chap. 2).. Nous avons envoyé au synode (de Corinthe)... des directives écrites pour que tous les frères comprennent qu'on ne doit pas débattre à nouveau de ce que nous avons jugé. Jamais en effet il n'a été permis de traiter à nouveau de ce qui a été décidé une fois par le Siège apostolique.

Lettre “Institutio” aux évêques de Thessalie, 11 mars 422.

La prééminence du Siège romain

233    (Chap. 1). L'institution de l'Église universelle naissante prit son départ dans le titre d'honneur du bienheureux Pierre en qui consiste son gouvernement et son couronnement. C'est de sa source en effet qu'a coulé la discipline dans toutes les Églises, lorsque la vénération de la religion croissait déjà. Les préceptes du concile de Nicée n'attestent rien d'autre ; il n'a pas osé en effet établir quelque chose au-dessus de lui, car il voyait que rien ne pouvait être placé au-dessus de son rang, et enfin il savait que tout lui était accordé par la parole du Seigneur. Cette (Église romaine) est donc avec certitude pour toutes les Églises répandues par le monde entier comme la tête de ses membres ; si quelqu'un se sépare d'elle, qu'il soit éloigné de la religion chrétienne, puisqu'il a cessé de se trouver dans ce même assemblage.

Lettre “Manet beatum” à Rufus et aux autres évêques de Macédoine, etc., 11 mars 422.

La prééminence du Siège romain

234    Demeure au bienheureux apôtre Pierre, de par la parole du Seigneur, la sollicitude reçue de lui pour l'ensemble de l'Église, laquelle, comme il le sait, a été fondée sur lui selon le témoignage de l'Évangile. Et jamais une position d'honneur ne peut être exempte de soucis, puisqu'il est sûr que toutes choses dépendent de sa réflexion. ... Qu'il n'arrive pas aux prêtres du Seigneur que l'un d'entre eux tombe dans la faute de tenter quelque chose par une usurpation nouvelle, et qu'il devienne l'ennemi des décisions des anciens, alors qu'il sait qu'il a pour rival en particulier celui auprès de qui notre Christ a placé le souverain sacerdoce ; et quiconque se dresse pour l'outrager ne pourra être un habitant du Royaume des cieux. « A toi, dit-il, je donnerai les clés du Royaume des cieux » Mt 16,19 dans lequel nul n'entrera sans la faveur du portier.

235    Puisque le lieu l'exige, recensez s'il vous plaît les déterminations des canons, et vous trouverez quel est après l'Église romaine le deuxième siège, et quel est le troisième. ... Jamais personne n'a levé la main avec audace contre l'éminence apostolique dont il n'est pas permis de réviser le jugement, personne ne s'est dressé contre elle s'il ne voulait pas être jugé. Les dites grandes Églises observent les dignités par les canons : celles d'Alexandrie et d'Antioche (voir le 1er concile de Nicée,  canon 6 ) ; car elles ont connaissance du droit de l'Église. Elles observent, dis-je, les décisions des anciens, en accordant leur bonne grâce en toutes choses comme ils reçoivent cette grâce en retour : celle dont ils savent qu'ils Nous la doivent dans le Seigneur qui est notre paix.

Mais puisque la chose le demande, on montrera par des documents que les Églises des Orientaux surtout, dans les grandes affaires qui rendaient nécessaire un débat de plus grande ampleur, ont toujours consulté le Siège romain et lui ont demandé aide chaque fois que cela était nécessaire.

(Suivent des exemples d'appels et de requêtes dans l'affaire d'Athanase et de Pierre d'Alexandrie, de l'Église d'Antioche, de Nectaire de Constantinople et des Orientaux séparés au temps d'Innocent Ier.)

           CELESTIN Ier : 10 septembre 422 – 27 juillet 432

Lettre “Cuperemus quidem” aux évêques des provinces de Vienne et de Narbonne, 26 juillet 428.

La réconciliation à l'heure de la mort

236    2) Nous avons appris que la pénitence était refusée aux mourants, et que l'on ne répondait pas aux désirs de ceux qui, au moment de leur mort, désiraient qu'on vienne en aide à leur âme par ce remède. Nous restons horrifiés, nous l'avouons, devant l'impiété de ceux qui osent mettre en doute la bonté de Dieu. Comme si Dieu ne pouvait pas secourir tous les pécheurs qui se tournent vers lui, à n'importe quel moment, et comme s'il ne pouvait pas délivrer l'homme, chancelant sous le poids de ses péchés, du fardeau dont il souhaite être débarrassé. Je vous le demande : que signifie ceci , sinon apporter une nouvelle mort à celui qui va mourir et tuer son âme, en se comportant de telle sorte qu'elle ne puisse plus être purifiée ? Or Dieu est toujours disposé au pardon ; il invite à la pénitence et déclare : « Le pécheur, quel que soit le jour où il se sera converti, son péché ne lui sera plus imputé » Ez 33,16. ... Puisque c'est Dieu qui sonde les coeurs, il ne faut refuser à aucun moment la pénitence à qui la demande. ...

Lettre “Apostolici verba”. aux évêques de Gaule. mai 431.

L'autorité d'Augustin.

237    Chap. 2. Augustin, homme de sainte mémoire par sa vie et ses mérites, nous l'avons toujours eu en communion avec nous et jamais ne fût-ce que la rumeur d'une suspicion ne l'a atteint ; et nous nous souvenons qu'il avait en son temps un si grand savoir, qu'auparavant déjà mes prédécesseurs l'ont toujours considéré comme faisant partie des maîtres les meilleurs.

Chapitres pseudo-célestiniens ou “Indiculus”.

La grâce

238    Puisque certains, qui tirent gloire du nom de catholiques, en demeurant par méchanceté ou par ignorance, dans les idées condamnées des hérétiques, osent s'opposer aux pieux argumentateurs, et que, tout en condamnant sans hésitation Pélage et Célestius, ils accusent faussement nos maîtres d'avoir dépassé la mesure nécessaire et qu'ils déclarent vouloir uniquement suivre et reconnaître ce que le très saint Siège du bienheureux apôtre Pierre a, par le ministère de ses évêques, sanctionné et enseigné contre les ennemis de la grâce de Dieu, il a fallu rechercher exactement le jugement des chefs de l'Eglise romaine sur l'hérésie qui avait surgi de leur temps, et les idées qu'ils ont estimé nécessaire d'avoir sur la grâce de Dieu contre les très néfastes défenseurs du libre arbitre. Nous y avons joint aussi quelques sentences des conciles africains : celles que les évêques Apostoliques ont certainement faites leurs en les approuvant. Pour que donc ceux qui doutent en quelque point puissent s'instruire plus complètement, nous publions, en un bref résumé (Indiculus), les constitutions des saints pères. Celui qui n'est pas trop porté à la dispute pourra reconnaître que le résultat de toutes ces discussions est inclus dans les phrases brèves des autorités alléguées et qu'il ne lui reste plus motif à contredire, s'il croit et dit avec les catholiques.

239    Chap. 1. Dans la prévarication d'Adam, tous les hommes ont perdu leur pouvoir naturel et leur innocence, et aucun ne peut, par son libre arbitre, remonter de l'abîme de cette ruine si la grâce du Dieu qui fait miséricorde ne le relève, comme le déclare le pape Innocent, d'heureuse mémoire, dans son épître au concile de Carthage : « Victime un jour de son libre arbitre, en usant de ses biens inconsidérément, l'homme tombe dans les profondeurs de la prévarication, où il s'enfonce, et il ne trouve rien qui puisse lui permettre d'en sortir. Trompé pour toujours par sa liberté, il demeurerait écrasé sous le poids de cette ruine si ensuite ne le relevait, par sa grâce, la venue du Christ, qui a lavé tout péché passé dans le bain du baptême par la purification d'une nouvelle naissance ».

240    Chap. 2. Personne n'est bon par soi-même, si celui qui seul est bon ne le fait participer à lui-même. C'est ce que nous déclare dans la même lettre la sentence du même pape : « Pourrons-nous désormais attendre quelque chose de bon d'esprits qui pensent qu'ils doivent leur bonté à eux-mêmes, sans regarder celui dont ils reçoivent chaque jour la grâce, dans la confiance où ils sont de pouvoir l'obtenir sans lui ? »

241    Chap. 3. Personne, même renouvelé par la grâce du baptême, n'est capable de surmonter les embûches du diable, ni de vaincre les concupiscences de la chair, s'il ne reçoit de l'aide quotidienne de Dieu la persévérance dans une bonne vie. C'est ce que confirme la doctrine du même pasteur dans ces mêmes pages où il dit : « Bien que Dieu ait racheté l'homme de ses péchés passés, parce qu'il sait qu'il y aura des moyens de le redresser, même après ces fautes, en donnant chaque jour ces remèdes sans lesquels, si nous ne nous appuyons pas avec confiance sur eux, nous ne pourrons en aucune façon vaincre nos erreurs humaines. Il est en effet nécessaire que, comme nous sommes vainqueurs avec son aide, sans son aide, nous soyons vaincus ».

242    Chap. 4. Que personne n'use de son libre arbitre, sinon grâce au Christ, le même maître l'a déclaré dans la lettre envoyée au concile de Milève 219 : « Prends garde enfin, perverse doctrine d'esprits très pervertis, que sa liberté même a si bien trompé le premier homme que, tandis qu'il s'est servi plus mollement de son frein, sa présomption l'a fait tomber dans la prévarication. Il n'eût pu en être délivré si, dans le dessein de le régénérer, la venue du Christ n'avait restauré l'état de la liberté première ».

243    Chap. 5. Tous les efforts, toutes les oeuvres et tous les mérites des saints doivent être rapportés à la gloire et à la louange de Dieu. Personne ne lui plaît sinon grâce à ce qu'il a donné lui-même. C'est vers cette idée que nous dirige l'autorité décisive du pape Zosime, d'heureuse mémoire, lorsque, écrivant aux évêques de l'univers entier, il dit : « Pour nous, c'est par une motion divine (tous les biens doivent être en effet rapportés à leur auteur, de qui ils proviennent) que nous avons tout remis à la conscience de nos frères et collègues les évêques ». Les évêques d'Afrique vénérèrent avec tant d'honneur cette parole, où rayonnait la lumière d'une très sincère vérité, qu'ils écrivirent ainsi à leur auteur : « Cette phrase des lettres que vous avez pris soin d'envoyer à toutes les provinces, en disant : “Pour nous, c'est par une motion divine, etc.”, nous avons considéré que vous la disiez pour pourfendre rapidement, comme en passant, avec le glaive dégainé de la vérité, ceux qui exaltent la liberté du libre arbitre contre l'aide de Dieu. Qu'avez-vous fait avec un si libre arbitre sinon tout rapporter à notre humble conscience ? Et cependant, vous avez vu avec sincérité et sagesse que vous faisiez cela par une motion divine, et vous l'avez dit avec véracité et courage. C'est pourquoi, puisque “la volonté est préparée par le Seigneur” » Pr 8,35 LXX ; voir Canon 374 , lui-même touche les coeurs de ses fils par ses inspirations paternelles, pour qu'ils fassent quelque bien. « Car tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu » Rm 8,14 ; ainsi, nous ne pensons pas que notre libre arbitre nous manque et nous ne doutons pas que, dans chacun des bons mouvements de la volonté humaine, l'aide du Saint-Esprit ne soit prévalente ».

244    Chap. 6. Dieu agit dans le coeur des hommes et dans le libre arbitre lui-même, de sorte qu'une sainte pensée, un pieux dessein et tout mouvement de volonté bonne viennent de Dieu : nous pouvons quelque bien grâce à celui sans lequel nous ne pouvons rien Jn 15,5. Le même docteur, Zosime, nous a formés à le dire, lorsqu'il parlait aux évêques de l'univers entier du secours de la grâce divine : « Y a-t-il donc un temps, dit-il, où nous n'ayons pas besoin de son secours ? En tout acte, toute situation, toute pensée, tout mouvement, notre aide et protecteur doit être invoqué ». C'est orgueil, pour la nature humaine, de se targuer de quelque chose, alors que l'Apôtre proclame : « Ce n'est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les principautés et les puissances de l'air, contre les esprits du mal des espaces célestes » Ep 6,12. Et comme il dit encore : « Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? La grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » Rm 7,24. Et encore : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été stérile ; mais j'ai travaillé plus qu'eux tous : pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » 1Co 15,10.

245    Chap. 7. Nous acceptons aussi comme un bien propre, pour ainsi dire, du Siège apostolique, ce qui a été décidé dans les décrets du concile de Carthage (418) dans son troisième chapitre : « Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui justifie l'homme par notre Seigneur Jésus-Christ, vaut uniquement pour la rémission des péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en plus commettre, qu'il soit anathème ».

Et de nouveau dans le quatrième chapitre : « Quiconque dit que la grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ nous aide à ne plus pécher en ce sens seulement qu'elle nous révèle et nous ouvre l'intelligence des commandements, en sorte que nous sachions ce que nous devons désirer et ce que nous devons éviter, mais qu'elle ne nous donne nullement l'amour et la force de faire aussi ce que nous avons reconnu comme notre devoir, qu'il soit anathème. Car, puisque l'Apôtre dit « La science enfle, mais la charité édifie » 1 Co 8,1, il est très impie de croire que nous avons la grâce du Christ pour la science qui enfle et que nous ne l'avons pas pour la charité qui édifie, puisque c'est également un don de Dieu de savoir ce que nous devons faire et d'avoir l'amour pour le faire. Ainsi la charité qui édifie empêche que la science nous enfle. Comme il est écrit de Dieu : « Il enseigne la science à l'homme » Ps 94,10, il est aussi écrit : « La Charité vient de Dieu » 1 Jn 4,7.

Et de même au cinquième chapitre : « Quiconque dit que la grâce de la justification nous est précisément donnée pour pouvoir accomplir plus facilement par elle ce que nous devons faire par notre libre arbitre, en sorte que, si la grâce n'était pas donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité, observer sans elle les commandements de Dieu, qu'il soit anathème. Lorsqu'il parle du fruit des commandements, le Seigneur ne dit pas “Sans moi vous pouvez le faire plus difficilement”, mais : “Sans moi, vous ne pouvez rien faire” 1Jn 15,5.

246    Chap. 8. Outre ces décisions inviolables du très saint Siège apostolique par lesquelles nos saints pères, en rejetant l'orgueil de cette néfaste nouveauté, ont enseigné que les commandements de la bonne volonté, l'accroissement des efforts louables et la persévérance en eux jusqu'à la fin sont à attribuer à la grâce du Christ, considérons aussi les mystères des prières dites par les prêtres. Transmis par les apôtres, ils sont célébrés uniformément dans le monde entier et dans toute l'Église catholique, pour que la loi de la prière constitue la loi de la foi.

Lorsque ceux qui président aux saintes assemblées accomplissent la mission qui leur a été confiée, ils présentent à la clémence divine la cause du genre humain et, toute l'Église gémissant avec eux, ils demandent et ils prient pour que la foi soit donnée aux infidèles, pour que les idolâtres soient délivrés des erreurs qui les laissent sans Dieu, pour que le voile qui couvre le cœur des Juifs disparaisse, et que la lumière de la vérité luise sur eux, pour que les hérétiques se repentent et acceptent la foi catholique, pour que les schismatiques reçoivent l'esprit d'une charité ranimée, pour qu'à ceux qui sont tombés soient donnés les remèdes de la pénitence, pour qu'enfin aux catéchumènes conduits aux sacrements de la régénération soit ouvert le palais de la miséricorde céleste.

Ces demandes ne sont pas adressées à Dieu formellement ni vainement : les faits le montrent effectivement. Car Dieu daigne attirer nombre de victimes de toutes sortes d'erreurs ; « arrachés à la puissance des ténèbres, il les fait passer dans le Royaume de son Fils bien-aimé » Col 1,13 et, « de vases de colère », il en fait « des vases de miséricorde » Rm 9,22-23. Tout cela est si fortement ressenti comme l'œuvre de Dieu que l'action de grâces continuelle et la louange de sa gloire sont adressées à Dieu qui fait ces choses, pour avoir illuminé et corrigé ces hommes.

247    Chap. 9. Contemplons aussi d'un regard diligent ce que la sainte Église fait uniformément pour les baptisés dans le monde entier. Quand des enfants ou des adolescents viennent au sacrement de la régénération, ils n'accèdent pas à la fontaine de vie avant que l'esprit immonde n'ait été expulsé d'eux par les exorcismes et les exsufflations des prêtres ; afin que soit vraiment mis en lumière comment « le prince de ce monde est jeté dehors » Jn 12,31, comment « d'abord l'homme fort est ligoté » Mt 12,29, comment ensuite « on lui prend ses biens » Mc 3,27 passés en possession du vainqueur qui « a emmené captive la captivité » Ep 4,8 et qui « fait des dons aux hommes » Ps 68,19.

248    Ces règles de l'Église et ces preuves fondées sur l'autorité divine nous ont tellement confirmés, avec l'aide du Seigneur, que nous professons que Dieu est l'auteur de tous les bons mouvements et des bonnes actions, de tous les efforts et de toutes les vertus qui, depuis les commencements de la foi, nous font tendre vers Dieu. Nous ne doutons pas que sa grâce prévienne tous les mérites de l'homme. Par lui, nous commençons à « vouloir » et à « faire » quelque bien Ph 2,13.

Cette aide et ce secours de Dieu n'enlèvent certes pas le libre arbitre, mais ils le libèrent, pour que d'obscur il soit lumineux, de pervers il soit droit, de languissant il soit sain, d'imprudent il soit sage. Si grande est en effet la bonté de Dieu pour tous les hommes qu'il veut que nos mérites soient ses propres dons, et qu'il nous donnera une récompense éternelle pour ce qu'il nous a prodigué. Il agit en nous pour que nous voulions et fassions ce qu'il veut, et il ne souffre pas que demeure en nous inactif ce qu'il nous a donné pour nous en servir. non pas pour le négliger. afin que nous soyons aussi les coopérateurs de la grâce de Dieu. Si nous voyons quelque chose s'alanguir en nous par suite de notre lâcheté, recourons instamment à celui qui guérit toutes nos langueurs et rachète notre vie de la mort Ps 103,3-4, lui à qui nous disons chaque jour : « Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal » Mt 6,13.

249    Chap. 10. Pour les points plus profonds et plus difficiles des questions qui se posent, et qu'ont traitées au plus large ceux qui ont résisté aux hérétiques, nous n'osons pas les mépriser, pas plus que nous ne jugeons nécessaire de les alléguer, car pour confesser la grâce de Dieu, à l'oeuvre miséricordieuse de qui rien absolument ne saurait échapper, nous croyons suffisant ce que ces écrits nous ont enseigné, en accord avec les règles du Siège apostolique déjà mentionnées, si bien que nous ne considérons plus comme catholique ce qui se présenterait comme contraire aux sentences déterminées ci-avant.

·     Concile d'EPHESE (3e Œcuménique) : 22 juin - septembre 431

1e session des cyrilliens, 22 juin 431.

a) 2e lettre de Cyrille d'Alexandrie à Nestorius

L'Incarnation du Fils de Dieu

250    Nous ne disons pas en effet que la nature du Verbe par suite d'une transformation est devenue chair, ni non plus qu'elle a été changée en un homme complet, composé d'une âme et d'un corps, mais plutôt ceci : le Verbe, s'étant uni selon l'hypostase une chair animée d'une âme raisonnable, est devenu homme d'une manière indicible et incompréhensible et a reçu le titre de Fils d'homme, non par simple vouloir ou bon plaisir, ni non plus parce qu'il en aurait pris seulement le personnage ; et nous disons que différentes sont les natures rassemblées en une véritable unité, et que des deux il est résulté un seul Christ et un seul Fils, non que la différence des natures ait été supprimée par l'union, mais plutôt parce que la divinité et l'humanité ont formé pour nous l'unique Seigneur Christ et Fils par leur ineffable et indicible concours dans l'unité.

Ainsi, bien qu'il subsiste avant les siècles et qu'il ait été engendré par le Père, il est dit aussi avoir été engendré selon la chair par une femme, non point que sa nature divine ait commencé à être en la sainte Vierge, ni qu'elle ait eu nécessairement besoin d'une seconde naissance par elle après celle qu'il avait reçue du Père, car c'est légèreté et ignorance de dire que celui qui existe avant les siècles et est coéternel au Père a besoin d'une seconde génération pour exister, mais puisque c'est pour nous et pour notre salut qu'il s'est uni selon l'hypostase l'humanité, et qu'il est né de la femme, on dit qu'il a été engendré d'elle selon la chair.

251    (Ce numéro est subdivisé en sous-chapitres : 251a ; 251b ; 251c ; 251d ; 251e)

Car ce n'est pas un homme ordinaire qui a d'abord été engendré de la sainte Vierge et sur lequel ensuite le Verbe serait descendu, mais c'est pour avoir été uni à son humanité dès le sein même qu'il est dit avoir subi la génération charnelle, en tant qu'il s'est approprié la génération de sa propre chair. C'est ainsi que nous disons qu'il a souffert et qu'il est ressuscité, non pas que le Dieu Verbe ait souffert en sa propre nature les coups, les trous des clous et les autres blessures (car la divinité est impassible, puisqu'elle est incorporelle) ; mais puisque le corps qui est devenu le sien propre, a souffert tout cela, on dit encore une fois que c'est lui (le Verbe) qui a souffert pour nous : l'Impassible était dans le corps qui souffrait Et c'est de la même façon que nous pensons au sujet de sa mort. Car le Verbe de Dieu est par nature immortel, incorruptible, vie et vivifiant. Mais encore une fois puisque son propre corps a, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour tout homme, comme dit Paul He 2,9, on dit qu'il a souffert la mort pour nous : non qu'il ait fait l'expérience de la mort en ce qui regarde sa propre nature (ce serait folie de dire cela ou de le penser), mais parce que, comme je l'ai dit à l'instant, sa chair a goûté la mort. Ainsi, sa chair étant ressuscitée, on parle de la résurrection du Verbe, non point que le Verbe soit tombé dans la corruption, non certes, mais encore une fois parce que son corps est ressuscité. (...)

C'est ainsi qu'ils (les saints pères) se sont enhardis à nommer la sainte Vierge Mère de Dieu, non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré selon la chair.

b) 2. lettre de Nestorius à Cyrille

L'union des natures dans le Christ

251a

(Chap. 3) Je crois (nous croyons) donc, disent-ils (les saints pères) en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, son unique. Observe comment ils ont posé d'abord comme des fondements « Seigneur », « Jésus », « Christ », « unique engendré », « Fils », ces noms communs à la divinité et à l'humanité, et édifient ensuite la tradition de l'Incarnation, de la Résurrection et de la Passion ; leur but était, une fois posés certains noms significatifs communs à l'une et à l'autre nature, qu'on ne divise pas ce qui se rapporte à la filiation et à la seigneurie, et que dans l'unicité de la filiation ce qui se rapporte aux natures ne soit pas non plus en péril de disparaître par confusion.

251b

(Chap. 4) Cela, Paul le leur avait en effet enseigné qui, faisant mention de la divine Incarnation et sur le point d'ajouter la Passion, commence par poser ce nom de Christ commun aux natures, comme je l'ai dit un peu plus haut, puis ajoute le discours relatif aux deux natures. Que dit-il en effet : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus. Lui, qui existant en forme de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, Mais (pour ne pas tout citer en détail) il devint obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix » Ph 2,5 ; Ph 8).Ainsi, comme il allait faire mention de la mort, pour qu'on n'en tirât pas la conclusion que le Dieu Verbe est passible, il pose ce nom de Christ, comme une appellation signifiant la substance impassible et passible dans une personne unique, impassible par la divinité, passible par la nature corporelle.

251c

(Chap. 5) Bien que je puisse en dire long sur ce sujet et tout d'abord qu'à propos de l'économie ces saints pères n'ont même pas fait mention de génération mais d'Incarnation, je sens que ma promesse de brièveté dans mon préambule refrène mon discours et qu'elle m'amène au second point de Ta Charité. J'y louais la division des natures selon la raison de l'humanité et de la divinité et leur conjonction en une seule personne ; et aussi que tu dis que le Dieu Verbe n'a pas eu besoin d'une seconde génération à partir de la femme et que tu confesses que la divinité n'est pas susceptible de pâtir. Tout cela est orthodoxe parce que vrai et contraire aux fausses opinions de toutes les hérésies touchant les natures du Seigneur. Si le reste contient une sagesse cachée, incompréhensible aux oreilles des lecteurs, il appartient à ta pénétration de le savoir : pour moi en tout cas, cela m'a paru renverser ce qui précède. Celui en effet qui avait été précédemment proclamé impassible et non susceptible d'une seconde génération, était présenté de nouveau, je ne sais comment, comme passible et nouvellement créé, comme si les qualités par nature inhérentes au Dieu Verbe avaient été détruites par la conjonction avec le Temple, ou que ce fût peu de chose aux yeux des hommes que le Temple sans péché et inséparable de la nature divine eût subi génération et mort pour les pécheurs, ou qu'il ne fallût pas croire à la voix du Seigneur criant aux juifs : « Détruisez ce Temple et je le relèverai en trois jours » Jn 2,19 et non pas : « Détruisez ma divinité, et elle se relèvera en trois jours ».

251d

(Chap. 6)... En tout lieu de la divine Écriture, quand elle fait mention de l'économie du Seigneur, la génération et la Passion qui sont présentées ne sont pas celles de la divinité, mais de l'humanité du Christ, en sorte que la sainte Vierge doive être appelée d'une dénomination plus exacte mère du Christ et non Mère de Dieu. Écoute aussi ces paroles de l'Évangile qui proclament : « Livre de la génération de Jésus Christ, est-il dit, fils de David, fils d'Abraham » Mt 1,1. Il est donc clair que le Dieu Verbe n'était pas fils de David. Apprends, s'il te plaît, un autre témoignage : « Jacob a engendré Joseph l'époux de Marie, de laquelle a été engendré Jésus qu'on appelle le Christ » Mt 1,16. Examine encore une autre voix qui nous atteste : « Voici quelle fut la génération de Jésus Christ. Comme Marie sa mère avait été fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par l'opération de l'Esprit Saint » Mt 1,18. Qui supposerait que la divinité du Fils unique fût une créature de l'Esprit ? Et que dire de ce mot : « La mère de Jésus était là » Jn 2,1. Et encore : « Avec Marie la mère de Jésus » Ac 1,14, et « Ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint » Mt 1,20, et : « Prends l'enfant et sa mère et fuis vers l'Égypte » Mt 2,13, et : « Au sujet de son Fils qui est né de la race de David selon la chair » Rm 1,3 ; et au sujet de la Passion de nouveau : « Dieu, ayant envoyé son Fils dans une ressemblance à la chair de péché et en raison du péché, a condamné le Péché dans la chair » Rm 8,3 ; et encore : « Le Christ est mort pour nos péchés » 1Co 15,3 ; et : « Le Christ a souffert en sa chair » 1P 4,1, et : « Ceci est “non ma divinité, mais mon corps” rompu pour vous »1Co 11,24.

251e

(Chap. 7) Et comme une infinité d'autres voix témoignent au genre humain qu'il ne faut pas regarder la divinité du Fils comme récente ou comme susceptible de souffrance corporelle, mais bien la chair unie à la nature de la divinité (d'où vient que le Christ se nomme lui-même Seigneur de David et son fils : « Quel est votre sentiment, dit-il, sur le Christ ? De qui est-il fils ? » Ils lui disent : “de David”. Jésus leur répondit : “Comment donc David, sous l'action de l'Esprit le nomme-t-il Seigneur, disant : ‘le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite’ » Mt 22,42-44, dans la pensée qu'il est totalement fils de David selon la chair, mais Seigneur de David selon la divinité), il est bon et conforme à la tradition évangélique de confesser que le corps est le Temple de la divinité du Fils et un Temple uni selon une suprême et divine conjonction, en sorte que la nature de la divinité s'approprie ce qui appartient à ce Temple ; mais au nom de cette appropriation, attribuer au Verbe jusqu'aux propriétés de la chair conjointe, je veux dire la génération, la souffrance et la mortalité, c'est le fait, frère, d'une pensée ou égarée par les Grecs, ou malade de la folie d'Apollinaire, d'Arius et des autres hérésies, ou plutôt c'est quelque chose de plus grave que celles-ci. Car de toute nécessité ceux qui se laissent entraîner par le mot “appropriation” devront faire communier le Dieu Verbe à l'allaitement, à cause de l'appropriation, le faire participer à la croissance progressive et à la crainte au moment de la Passion et le mettre dans le besoin de l'assistance d'un ange. Et je passe sous silence la circoncision, le sacrifice, la sueur, la faim, toutes choses qui, attachées à la chair, sont adorables comme étant survenues à cause de nous, mais qui, si elles sont attribuées à la divinité, sont mensongères et cause pour nous, en tant que calomniateurs, d'une juste condamnation.

c) Anathèmes de Cyrille d'Alexandrie, joints à la lettre du concile d'Alexandrie, à Nestorius (3e lettre de Cyrille à Nestorius).

L'union des natures dans le Christ

252    1. Si quelqu'un ne confesse pas que l'Emmanuel est Dieu en vérité et que pour cette raison la sainte Vierge est Mère de Dieu (car elle a engendré charnellement le Verbe de Dieu fait chair), qu'il soit anathème.

253    2. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe issu du Dieu Père a été uni selon l'hypostase à la chair et qu'il est un unique Christ avec sa propre chair, c'est-à-dire le même tout à la fois Dieu et homme, qu'il soit anathème.

254    3. Si quelqu'un, au sujet de l'unique Christ, divise les hypostases après l'union, les conjuguant selon la seule conjonction de la divinité, de la souveraineté ou de la puissance, et non plutôt par la rencontre selon une union physique, qu'il soit anathème.

255    4. Si quelqu'un répartit entre deux personnes ou hypostases les paroles contenues dans les évangiles et les écrits des apôtres, qu'elles aient été prononcées par les saints sur le Christ ou par lui sur lui-même, et lui attribue les unes comme à un homme considéré séparément à part du Verbe issu de Dieu, et les autres au seul Verbe issu du Dieu Père parce qu'elles conviennent à Dieu, qu'il soit anathème.

256    5. Si quelqu'un ose dire que le Christ est un homme théophore et non pas plutôt Dieu en vérité en tant que Fils unique et par nature, selon que le Verbe s'est fait chair et a pris part de la même façon que nous au sang et à la chair, qu'il soit anathème.

257    6. Si quelqu'un dit que le Verbe issu du Dieu père est le Dieu ou le Maître du Christ et ne confesse pas plutôt que le même est tout à la fois Dieu et homme, étant donné que le Verbe s'est fait chair selon les Ecritures, qu'il soit anathème.

258    7. Si quelqu'un dit que Jésus en tant qu'homme a été mû par le Dieu Verbe et que la gloire du Fils unique lui a été attribuée comme à un autre subsistant à part lui, qu'il soit anathème.

259    8. Si quelqu'un ose dire que l'homme assumé doit être coadoré et coglorifié avec le Dieu Verbe et qu'il doit être coappelé Dieu comme un autre avec un autre (car chaque fois l'addition du mot « avec » forcera de concevoir la chose ainsi) et n'honore pas plutôt l'Emmanuel d'une seule adoration et ne lui adresse pas une seule glorification, selon que le Verbe s'est fait chair, qu'il soit anathème.

260    9. Si quelqu'un dit que l'unique Seigneur Jésus Christ a été glorifié par l'Esprit, comme s'il avait utilisé un pouvoir étranger qui lui venait de l'Esprit et qu'il a reçu de lui le pouvoir d'agir contre les esprits impurs et d'accomplir ses signes divins parmi les hommes, et ne dit pas plutôt que cet Esprit, par lequel il a opéré les signes divins, était le sien propre, qu'il soit anathème.

261    10. La sainte Ecriture dit que le Christ a été le grand prêtre et l'apôtre de notre confession de foi (voir He 3,1) et qu'il s'est offert lui-même pour nous en parfum d'agréable odeur au Dieu et Père. Si donc quelqu'un dit que notre grand prêtre et apôtre n'a pas été le Verbe lui-même issu de Dieu quand il est devenu chair et homme semblable à nous, mais qu'il a été un autre proprement distinct de lui, un homme né de la femme ; ou si quelqu'un dit qu'il a présenté l'offrande pour lui-même et non pas plutôt pour nous seuls (car celui qui n'a pas connu la péché ne saurait avoir besoin de l'offrande), qu'il soit anathème.

262    11. Si quelqu'un ne confesse pas que la chair du Seigneur est vivifiante et qu'elle est la propre chair du Verbe issu du Dieu Père mais prétend qu'elle est celle de quelqu'un d'autre, distinct de lui et conjoint à lui selon la dignité ou qu'il a reçu seulement l'habitation divine ; et s'il ne confesse pas plutôt qu'elle est vivifiante, comme nous l'avons dit, parce qu'elle a été la propre chair du Verbe qui a le pouvoir de vivifier toutes choses, qu'il soit anathème.

263    12. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert dans la chair, qu'il a été crucifié dans la chair, qu'il a goûté la mort dans la chair et qu'il a été le premier-né d'entre les morts, en tant qu'il est la vie et vivifiant comme Dieu, qu'il soit anathème.

d) Sentence du concile contre Nestorius.

Condamnation du nestorianisme

264    Comme le très honoré Nestorius, entre autres choses, n'a ni voulu obéir à notre citation ni même reçu les très saints et religieux évêques que nous lui avions envoyés, nous avons été forcés d'en venir à l'examen des impiétés qu'il a proférées, et comme, par ses lettres, par les écrits de lui qui ont été lus et par les propos qu'il a récemment tenus en cette métropole, et sur lesquels nous avons des témoignages, nous l'avons pris en flagrant délit de penser et de prêcher de manière impie, contraints tant par les canons que par la lettre de notre très saint père et collègue dans le ministère Célestin, évêque de l'Église de Rome, nous en sommes venus, non sans beaucoup de larmes, à cette triste sentence contre lui :

Notre Seigneur Jésus Christ, blasphémé par lui, a décidé par le très saint présent concile que le dit Nestorius est désormais déchu de la dignité épiscopale et séparé de tout le corps sacerdotal.

6e session des cyrilliens, 22 juillet 431.

L'attachement a la profession de foi de Nicée.

265    (...) Le saint concile a décidé qu'il n'est permis à personne de professer, ou d'écrire, ou de composer une confession de foi autre que celle définie par les saints pères réunis à Nicée avec le Saint-Esprit. (...)

266    Si certains, évêques, clercs ou laïcs, étaient convaincus d'accepter, de partager ou d'enseigner les doctrines contenues dans l'exposé du prêtre Charisius au sujet de l'Incarnation du Fils unique de Dieu, ou bien encore celles, néfastes et déformées de Nestorius... qu'ils tombent sous le coup de la sentence de ce saint concile oecuménique.

·     7e session des cyrilliens, 31 août (?) 431 ; Lettre synodale.

Condamnation du pélagianisme.

267    1. Le métropolitain d'une éparchie qui se sépare de ce saint concile oecuménique... ou qui a partagé les opinions de Célestius ou les partagera à l'avenir, celui-là ne peut plus agir en aucune façon contre les évêques de l'éparchie, alors qu'il se trouve désormais exclu par le concile de toute communion ecclésiastique et suspendu de toute activité.

268    4. Si certains clercs s'étaient séparés et osaient partager en privé ou publiquement les opinions de Nestorius ou de Célestius, il a été jugé qu'ils sont eux aussi déposés par le saint concile.

           XISTE (SIXTE) III : 31 juillet 432 – 19 août 440

Formule d'union entre Cyrille d'Alexandrie et les évêques de l'Église d'Antioche, printemps 433.

Les deux natures en Christ

271    Ce que nous pensons et disons au sujet de la Vierge Mère de Dieu et du mode de l'Incarnation du Fils unique de Dieu, nous le dirons brièvement et autant qu'il est nécessaire, non pour ajouter quelque chose, mais pour vous en assurer pleinement, comme nous le tenons depuis le commencement, pour l'avoir reçu des divines Écritures et de la tradition des saints pères, sans rien ajouter à la foi qui a été exposée par les saints pères de Nicée. Comme nous l'avons déjà dit, elle suffit à la connaissance de la vraie foi et à la réfutation de toute erreur hérétique. Nous parlerons donc sans avoir l'audace d'aborder ce qui est inaccessible, mais, en confessant notre propre faiblesse, nous fermerons la bouche à ceux qui veulent nous attaquer parce que nous scrutons ce qui est au-dessus de l'homme.

272    Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Dieu parfait et homme parfait, fait d'une âme raisonnable et d'un corps, engendré du Père avant les siècles en sa divinité, et à la fin des jours le même pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie en son humanité ; le même consubstantiel au Père en sa divinité et consubstantiel à nous en son humanité. Car des deux natures l'union s'est faite ; c'est pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, un seul Seigneur. Et à cause de cette notion d'une union sans mélange, nous confessons que la sainte vierge est Mère de Dieu, parce que le Verbe de Dieu s'est fait chair et s'est fait homme, et que dès la conception il s'est uni le Temple qu'il a pris d'elle.

273    Quant aux expressions des évangiles et des apôtres au sujet du Seigneur, nous savons que les théologiens appliquent les unes indifféremment, parce qu'elles visent l'unique personne, mais qu'ils distinguent les autres parce qu'elles visent les deux natures, et qu'ils attribuent à la divinité du Christ celles qui conviennent à Dieu, et à son humanité celles qui marquent son abaissement.

           LEON Ier LE GRAND : 29 septembre 440 – 10 novembre 461

Lettre “Ut nobis gratulationem” aux évêques de Campanie, Picenum et Tuscie, 10 octobre 443.

Usure

280    (Chap.3). Nous avons estimé également ne pas devoir passer sous silence le fait que certains, qui sont captivés par l'envie d'un gain honteux, se livrent à des trafics usuraires, et veulent s'enrichir par le prêt à intérêt ; et que cela vaille, je ne veux pas dire pour ceux qui sont établis dans un office clérical, mais aussi pour des laïcs qui veulent être appelés chrétiens, nous le déplorons beaucoup. Nous décrétons que l'on sévisse plus vivement contre ceux qui en auront été trouvés coupables, afin que soit éloignée toute occasion de pécher.

281    (Chap.4) Nous avons estimé également devoir rappeler qu'aucun clerc ne doit tenter de pratiquer le prêt à intérêt, pas plus au nom d'autrui qu'en son propre nom : il ne convient pas en effet de commettre un forfait pour soi-même en vue de l'avantage d'autrui. Nous devons considérer et pratiquer seulement ce prêt à intérêt qui consiste en ce que ce que nous accordons ici avec miséricorde, nous pouvons le recevoir à nouveau du Seigneur qui accordera avec abondance ce qui demeurera toujours.

Lettre “Quanta fraternitati” à l'évêque Anastase de Thessalie, en 446

La hiérarchie et la monarchie ecclésiastiques.

282    (Chap.11) (...) La conjonction de tout le corps opère une seule et même santé, une seule et même beauté ; et cette conjonction demande l'unanimité de tout le corps mais exige en particulier la concorde des prêtres. Bien qu'ils aient une dignité commune, le rang n'est pas le même car même parmi les bienheureux apôtres il y eut dans un honneur semblable une certaine différence de pouvoir ; et si l'élection de tous fut la même, il fut donné à l'un seulement d'être au-dessus des autres. De ce modèle est issue également une distinction entre les évêques, et par une sage disposition il a été fait en sorte que tous ne revendiquent pas tout pour eux-mêmes mais que dans chaque province il y en ait dont l'avis doit être tenu pour premier parmi les frères et que de même certains, qui sont institués dans des villes plus importantes, portent une sollicitude plus grande ; par eux la charge universelle de l'Église doit confluer ver l'unique Siège de Pierre et rien, nulle part, ne doit être séparé de son chef.

Lettre “Quam laudabiliter” à l'évêque Turribius d'Astorga, 21 Juillet 447.

Les erreurs des priscillianistes en général.

283    (L'impiété des priscillianistes) a surgi même dans les ténèbres du paganisme, en sorte que par les pratiques secrètes et impies des arts magiques et les tromperies vaines des astrologues, ils fondèrent la foi de la religion et la règle des moeurs sur le pouvoir des démons et l'effet des astres. S'il était permis de croire et d'enseigner cela, la récompense ne serait plus due aux vertus, ni le châtiment aux vices, et toutes les ordonnances, non seulement des lois humaines mais également des commandements divins, se trouveraient dissoutes ; car il ne pourrait plus y avoir de jugement, ni sur les actes bons, ni sur les actes mauvais, si une nécessité du destin poussait le mouvement de l'esprit vers chacun des deux côtés, et si tout ce qui est fait par les hommes ne relevait pas des hommes mais des astres. ...

C'est à juste titre que nos pères... ont agi avec fermeté pour que cet égarement impie soit chassé de toute l'Église : les princes du monde également ont abominé à ce point cette folie sacrilège, qu'ils ont abattu son auteur (Priscillien) par l'épée des lois publiques, en même temps que la plupart de ses disciples. Ils voyaient en effet que le lien des mariages serait entièrement défait, et que de même la Loi divine et humaine serait subvertie, s'il était permis à de tels hommes de vivre avec une telle profession en quelque lieu que ce soit. Pendant longtemps cette sévérité a profité à la douceur ecclésiastique, laquelle, même si elle se contente du jugement des prêtres et évite les peines sanglantes, reçoit néanmoins l'aide des décrets sévères des princes chrétiens, puisqu'on voit parfois recourir au remède spirituel ceux qui craignent le supplice corporel.

La Trinité divine, contre les modalistes

284    (Chap. 1) C'est pourquoi, dans un premier chapitre, on montre quelle opinion impie ont de la Trinité divine ceux qui affirment que les personnes du Père, du Fils et de l'Esprit Saint sont une seule et identique personne, comme si le même Dieu était nommé tantôt Père, tantôt Fils, tantôt Esprit Saint ; il n'y aurait pas un qui engendre, un autre qui est engendré, un autre qui procède des deux ; mais cette unité singulière, recevable en tant que dénomination, ne saurait l'être de trois personnes. Ce type de blasphème leur vient de l'opinion de Sabellius, dont les disciples sont justement appelés patripassiens ; car si le Fils est celui qui est le Père, la croix du Fils est la passion du Père, et tout ce que le Fils a enduré dans la forme d'esclave en obéissant au Père, le Père en personne l'a totalement éprouvé en soi.

Cette affirmation est indubitablement contraire à la foi catholique qui professe si fortement l'identité de la substance de la Trinité divine, qu'elle croit que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont indivis sans confusion, sont éternels sans être soumis au temps, sont égaux sans différence, car ce n'est pas une même personne mais une même essence qui réalise l'unité dans la Trinité...

La nature de l'âme humaine.

285    (Chap. 5) Dans un cinquième chapitre est rapportée leur conception selon laquelle l'âme de l'homme serait d'une substance divine et la nature de notre condition ne se distinguerait pas de la nature de son créateur. Cette impiété... la foi catholique la condamne : elle sait en effet qu'il n'est pas de créature aussi sublime et aussi éminente, pour laquelle Dieu serait sa nature propre. Car ce qui est de lui-même est cela même qu'il est lui-même, et ce n'est pas autre chose que le Fils et l'Esprit Saint. En dehors de cette unique divinité, consubstantielle, éternelle et immuable de la très haute Trinité, il n'est absolument rien parmi les créatures qui n'ait été créé de rien à son commencement.

Aucun des hommes n'est la vérité, aucun la sagesse, aucun la justice ; mais beaucoup ont part à la vérité, à la sagesse et à la justice. Mais seul Dieu n'a pas besoin de participer à quoi que ce soit : tout ce qui à son sujet est cru de façon juste, de quelque manière que ce soit, n'est pas qualité mais essence. A qui est sans changement, rien ne s'ajoute et rien n'est enlevé, car à ce qui est éternel l'être appartient toujours en propre. C'est pourquoi il renouvelle tout en demeurant en lui-même, et il n'a rien reçu qu'il n'ait lui-même donné.

La nature du démon.

286    (Chap. 6) La sixième remarque concerne leur affirmation selon laquelle le diable n'a jamais été bon et que sa nature n'est pas l'ouvrage de Dieu, mais qu'il a émergé du chaos et des ténèbres, parce qu'il n'a aucun créateur mais qu'il est lui-même le principe et la substance de tout mal ; mais la vraie foi... professe que la substance de toutes les créatures spirituelles ou corporelles est bonne, et que le mal n'a pas de nature parce que Dieu, qui est le créateur de l'univers, n'a rien fait que de bon. De ce fait le diable serait bon s'il était resté dans l'état où il a été fait. Mais ayant mal usé de son excellence naturelle et « n'étant pas demeuré dans la vérité » Jn 8,44, il n'est pas passé à une substance contraire mais il s'est séparé du souverain bien auquel il devait rester uni, de même que ceux qui affirment cela se précipitent eux-mêmes de ce qui est vrai dans ce qui est faux, et s'en prennent à la nature pour ce qu'ils ont commis intentionnellement, et sont condamnés du fait de leur perversité volontaire. Le mal sera d'ailleurs en eux-mêmes et le mal lui-même ne sera pas la substance mais le châtiment pour la substance.

Lettre “Lectis dilectionis tuæ” à l'évêque Flavien de Constantinople (“Tomus (I) Leonis”), 13 juin 449.

L'Incarnation du Verbe de Dieu

290    (Chap. 2) Ignorant donc ce qu'il devait penser sur l'Incarnation du Verbe de Dieu..., il aurait dû au moins écouter d'une oreille attentive la confession commune et unanime, par laquelle l'universalité des fidèles fait profession de croire « en Dieu le Père tout-puissant et en Jésus Christ son Fils unique, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie » (confession de foi apostolique) cf. Canon 12...

Quand on croit en effet en un Dieu tout-puissant et Père, on démontre que son Fils lui est coéternel, ne différant en rien de son Père, puisqu'il est né Dieu de Dieu, tout-puissant du Tout-Puissant, coéternel de l'Eternel, pas postérieur dans le temps, pas inférieur quant au pouvoir, pas dissemblable en gloire, pas séparé quant à l'essence.

291    Mais ce même Fils unique et éternel d'un Père éternel est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, naissance dans le temps qui n'a rien diminué, rien ajouté à la naissance divine et éternelle, mais s'est tout entière employée à refaire l'homme, qui avait été trompé, afin que celui-ci vainquît la mort et détruisît par sa propre force le diable qui détenait l'empire de la mort. Nous ne pouvions, en effet, l'emporter sur l'auteur du péché et de la mort, si celui que ni le péché n'a pu contaminer ni la mort retenir, n'avait assumé notre nature et ne l'avait faite sienne.

Oui, il a donc été conçu du Saint-Esprit dans le sein la Vierge Mère, qui l'a mis au monde, sa virginité étant sauve tout comme elle avait été sauve quand elle l'a conçu.

292    Ou bien peut-être a-t-il (Eutychès) pensé que notre Seigneur Jésus Christ n'a pas été de notre nature pour la raison que l'ange envoyé à la bienheureuse Marie a dit : « L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre, et c'est pourquoi l'être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » Lc 1,35 , en sorte que, la conception de la Vierge ayant été une opération divine, la chair de l'être conçu n'a pas été de la nature de celle qui concevait ? Mais il ne faut pas comprendre cette génération singulièrement merveilleuse et merveilleusement singulière en ce sens que ce qui est le propre de l'espèce ait été écarté par la nouveauté de sa création. La fécondité de la Vierge est un don de l'Esprit Saint, mais un corps réel a été tiré de son corps. Et la Sagesse se bâtissant une maison Pr 9,1 le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous Jn 1,14 ce qui veut dire dans cette chair qu'il a prise de l'homme et qu'il a animée du souffle de la vie rationnelle.

293    (Chap. 3) Ainsi donc, étant maintenues sauves les propriétés de l'une et l'autre nature réunies dans une seule personne, l'humilité a été assumée par la majesté, la faiblesse par la force, la mortalité par l'éternité, et, pour acquitter la dette de notre condition, la nature inviolable s'est unie à la nature passible, en telle sorte que, comme il convenait à notre guérison, un seul et même médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Christ Jésus. 1Tm 2,5, fût tout à la fois capable de mourir d'une part, et de l'autre incapable de mourir. C'est donc dans la nature intacte d'un homme vrai que le vrai Dieu est né, complet dans ce qui lui est propre, complet dans ce qui nous est propre. Par « ce qui nous est propre », nous voulons dire la condition dans laquelle le créateur nous a établis au commencement et qu'il a assumée pour la restaurer ; car de ce que le trompeur a apporté et que l'homme trompé a accepté, il n'y a nulle trace dans le Sauveur...

Il a assumé la forme du serviteur sans la souillure du péché, enrichissant l'humain sans diminuer le divin, parce que cet anéantissement par lequel l'invisible s'est rendu visible, été inclination de sa miséricorde, non déficience de sa puissance.

294    (Chap. 4) Voici donc que le Fils de Dieu entre dans ces lieux les plus bas du monde, descendant du trône céleste sans pourtant quitter la gloire de son Père, engendré dans un nouvel ordre, par une nouvelle naissance. Un nouvel ordre parce que invisible en ce qui est sien, il a été rendu visible en ce qui est nôtre ; infini il a voulu être contenu ; subsistant avant tous les temps, il a commencé d'exister dans le temps ; Seigneur de l'univers, il a voilé d'ombre l'immensité de sa majesté, il a pris la forme de serviteur ; Dieu impassible, il n'a pas dédaigné d'être homme passible, immortel, de se soumettre aux lois de la mort. Engendré par une naissance nouvelle, parce que la virginité inviolée, sans connaître la concupiscence, a fourni la matière de la chair. De la mère du Seigneur fut assumée la nature, non la faute, et dans le Seigneur Jésus Christ engendré du sein d'une vierge, la merveilleuse naissance ne fait pas que sa nature soit différente de la nôtre. Car celui qui est vrai Dieu est, le même, vrai homme. Dans cette unité il n'y a pas de mensonge, dès lors que l'humilité de l'homme et l'élévation de la divinité s'enveloppent l'une l'autre. Car de même que Dieu n'est pas changé par la miséricorde, de même l'homme n'est pas absorbé par la dignité. Car chacune des deux formes accomplit sa tâche propre dans la communion avec l'autre, le Verbe opérant ce qui est du Verbe, la chair effectuant ce qui est de la chair. Un des deux resplendit de miracles, l'autre succombe aux outrages. Et de même que le Verbe ne cesse pas d'être en égalité de gloire avec le Père, de même la chair ne se dérobe pas à la nature de notre race.

295    Ce n'est pas acte de même nature que dire « Moi et le Père nous sommes un ». Jn 10,30 et dire : « Le Père est plus grand que moi » Jn 14,28. Car bien que dans le Seigneur Jésus Christ la personne de Dieu et de l'homme soit une, autre chose est ce par quoi les outrages sont communs à l'un et à l'autre, autre chose ce par quoi la gloire leur est commune. De ce qui est nôtre, en effet, il tient l'humanité, inférieure au Père, du Père il tient la divinité, égale au Père.

Lettre “Licet per nostros” à Julien de Cos, 13 juin 449.

L'Incarnation du Fils de Dieu

296    (Chap. 1)...En vous et en nous il est une seule instruction et une même doctrine du Saint-Esprit, et si quelqu'un ne la reçoit pas, il n'est pas membre du corps du Christ, et il ne peut pas se glorifier de cette tête dans laquelle, comme il l'affirme, sa nature n'existe pas. ...

297    (Chap. 2) (...) Ce qui appartient à la divinité, la chair ne l'a pas diminué, et ce qui appartient à l'humanité, la divinité ne l'a pas aboli. Le même en effet était à la fois éternel de par le Père, et temporel de par la mère, inviolable dans sa puissance, passible dans notre humanité ; dans la divinité de la Trinité il était d'une unique et même nature avec le Père et l'Esprit Saint, mais en assumant l'homme il n'était pas d'une unique substance, mais d'une unique et même personne, en sorte que le même était riche dans la pauvreté, tout-puissant dans l'abaissement, impassible dans le supplice, immortel dans la mort. Car le Verbe ne s'est pas changé en chair ou en âme par quelque partie de lui-même, puisque la nature simple et immuable de la divinité est toujours entière dans son essence, qu'elle ne connaît ni diminution ni augmentation d'elle-même, et qu'elle rend la nature assumée à ce point bienheureuse qu'elle demeure glorifiée dans celle qui glorifie. Pourquoi paraîtrait-il inconvenant ou impossible que le Verbe et la chair ainsi que l'âme soient l'unique Jésus Christ ou l'unique Fils de Dieu et de l'homme, alors que la chair et l'âme, dont les natures sont dissemblables font une unique personne même dans l'Incarnation du Verbe ?...

Donc ni le Verbe n'a été changé en chair, ni la chair en Verbe, mais les deux demeurent dans un seul et un seul est dans les deux, non divisé par la diversité, non confondu un mélange, ni l'un du Père, l'autre de la mère, mais le même autrement du Père avant tout commencement, autrement de la mère à la fin des siècles, pour qu'il soit « médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ ». 1Tm 2,5 afin qu'habite en lui « corporellement la plénitude de la divinité » Col 2,9 , car c'est une promotion de celui qui a été assumé, et non de celui qui assume, si « Dieu l'a exalté... » Ph 2,9-11.

298    (Chap. 3) (...) Je pense que lorsqu'il (Eutychès) dit cela (à savoir qu'avant l'Incarnation il y avait dans le Christ deux natures, mais après l'Incarnation une seule), il est persuadé que l'âme que le Sauveur a prise séjournait dans les cieux avant de naître de la Vierge Marie, et que le verbe se l'est unie dans le sein. Mais cela les esprits et les oreilles catholiques ne le supportent pas, parce que le Seigneur, lorsqu'il vint du ciel, n'a rien montré qui fit partie de notre condition. Il n'a pas pris une âme qui aurait existé auparavant, ni une chair qui n'aurait pas été du corps de la mère : car notre nature n'a pas été assumée de telle sorte qu'elle aurait été d'abord créée pour être ensuite assumée, mais de telle sorte qu'elle fût créée par l'assomption elle-même. Dès lors ce qui à juste titre a été condamné chez Origène (voir  [?] ), qui affirmait que les âmes, avant d'être insérées dans le corps, n'auraient pas seulement la vie, mais qu'il en émanerait également des activités diverses, doit nécessairement être puni aussi chez celui-là, à moins qu'il ne préfère renoncer a son opinion.

299    Bien qu'en effet la nativité de notre Seigneur selon la chair ait certains traits qui lui sont propres et par lesquels elle dépasse les commencements de la condition humaine, soit parce que seul il a été conçu et est né sans concupiscence (de l'Esprit Saint) de la vierge inviolée, soit parce qu'il est sorti du sein de la mère de telle sorte que tout à la fois la fécondité a fait naître et la virginité est demeurée, sa chair pour autant n'était pas d'une autre nature que la nôtre, et ce n'est pas dans un commencement autre que celui des autres hommes que l'âme lui a été insufflée : une âme qui n'est pas plus excellente du fait d'une différence de genre, mais du fait de l'éminence de la vertu.

Il n'avait rien en effet qui fût opposé à sa chair, et aucune discorde des désirs n'a engendré de conflit des volontés ; les sens du corps se fortifiaient sans la loi du péché et, sous la direction de la divinité et de l'Esprit, la vérité de ce qu'il ressentait n'a pas été tentée par la séduction et n'a pas reculé devant les injures. L'homme vrai a été uni au vrai Dieu, et il n'a pas été amené du ciel selon une âme qui aurait existé auparavant, ni créé de rien selon la chair, car il a la même personne dans la divinité du Verbe, et possède dans le corps et dans l'âme la nature commune avec nous. Il ne serait pas en effet le médiateur de Dieu et des hommes si le même, à la fois Dieu et homme, n'était pas un seul et en vérité dans l'un et dans l'autre.

·     Concile de CHALCEDOINE (4e œcuménique) : 8 octobre - début de novembre

5e session, 22 octobre 451 : profession de foi de Chalcédoine.

Les deux natures dans le Christ

300    (Préambule à la définition. A la suite des professions de foi de Nicée et de Constantinople :) Or donc, pour une connaissance complète et une confirmation de la religion, il eût suffi de ce sage et salutaire Symbole de la grâce divine car il donne un enseignement parfait sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit et il expose l'Incarnation du Sauveur à ceux qui la reçoivent avec foi. Mais voici que ceux qui tentent de rejeter la prédication de la vérité par leurs propres hérésies ont donné naissance à des nouveautés : les uns ont osé rejeter le mot de Mère de Dieu au sujet de la Vierge ; les autres introduisent une confusion et un mélange et imaginent de façon insensée que la chair et la divinité ne font qu'une seule nature et disent de façon monstrueuse que, du fait de la confusion, la nature divine du Fils est passible pour cette raison, voulant leur fermer la porte à toute machination contre la vérité, le saint et grand concile oecuménique, aujourd'hui présent, enseignant la doctrine inébranlable prêchée depuis le commencement, a défini qu'avant tout la confession de foi des 318 pères devait demeurer en dehors de toute atteinte.

Et il ratifie l'enseignement transmis sur la substance de l'Esprit par les 150 pères réunis plus tard dans la ville impériale à cause de ceux qui combattaient contre l'Esprit Saint ; enseignement que ces pères ont fait connaître à tous, non qu'ils aient voulu ajouter un point manquant aux propositions antécédentes, mais parce qu'ils voulaient clarifier par le témoignage des Écritures leur pensée sur le Saint-Esprit contre ceux qui tentaient de rejeter sa Seigneurie. D'autre part, à cause de ceux qui tentent de défigurer le mystère de l'économie et qui, dans leur sottise impudente, disent que celui qu'a enfanté la Sainte Vierge Marie n'est qu'un simple homme, le concile a reçu les lettres synodiques du bienheureux Cyrille, qui fut pasteur de l'Église d'Alexandrie, à Nestorius et aux évêques d'Orient, comme très propres à réfuter les insanités de Nestorius... A ces lettres il a joint à bon droit, pour la confirmation des doctrines orthodoxes, la lettre que le bienheureux et très saint archevêque Léon, qui préside à la très grande et ancienne Rome, a écrite au défunt archevêque Flavien pour la suppression de la perversité d'Eutychès Canon 290-295, en tant que cette lettre s'accorde à la confession du grand Pierre et qu'elle est là comme une sorte de colonne commune contre ceux qui tiennent des opinions fausses.

Il s'oppose en effet à ceux qui tentent de diviser le mystère de l'économie en une dualité de fils ; il repousse loin de l'assemblée des prêtres ceux qui osent dire passible la divinité du Fils unique ; il s'élève contre ceux qui imaginent, à propos des deux natures du Christ, un mélange ou une confusion ; il chasse ceux qui disent dans leur délire que la forme d'esclave que le Christ a reçue pour lui de nous est céleste ou de quelque autre substance ; et il anathématise ceux qui inventent la fable de deux natures du Seigneur avant l'union, mais n'en imaginent plus qu'une seule après l'union.

301    (Définition) Suivant donc les saints pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d'une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l'humanité, en tout semblable à nous sauf le péché (voir He 4,15), avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l'humanité,

302    un seul et même Christ, Fils, Seigneur, l'unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de l'une et l'autre nature étant bien plutôt gardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l'ont enseigné de lui, que Jésus Christ lui-même nous l'a enseigné, et que le Symbole des pères nous l'a transmis.

303    (Sanction) Tout ceci ayant donc été formulé par nous avec la plus scrupuleuse exactitude et diligence, le saint concile oecuménique a défini qu'il n'était permis à personne de professer, de rédiger ou de composer une autre confession de foi, ni de penser ou d'enseigner autrement...

7e session : canons.

Simonie

304    Canon 2. Si un évêque faisait une ordination pour de l'argent et mettait en vente la grâce invendable, et Ordonnait pour de l'argent un évêque, un chorévêque, un prêtre, un diacre ou quelqu'un de ceux qui sont comptés parmi le clergé, ou nommait pour de l'argent un économe, un avoué, un administrateur ou en général quelqu'un de la liste officielle, poussé par sa propre et honteuse cupidité, que celui qui entreprend une telle chose s'expose, si le fait est prouvé, à perdre son propre rang ; et que celui qui a été ordonné ne tire aucun profit de l'ordination ou de la promotion obtenue par commerce, mais qu'il perde la dignité ou la charge acquise pour de l'argent. Si de plus il apparaissait que quelqu'un s'est entremis pour ces profits honteux et prohibés, que celui-là aussi, s'il est clerc, soit déchu de son propre rang et, s'il est laïc ou moine, soit frappé d'anathème.

Mariage mixte et réception du baptême dans l'hérésie

305    Canon 14. Comme dans quelques éparchies on a permis aux lecteurs et aux chantres de se marier, le saint concile a décidé qu'il n'était permis à aucun d'eux d'épouser une femme hérétique. Ceux qui ont eu des enfants de pareils mariages, s'ils ont déjà fait baptiser leurs progénitures chez les hérétiques, doivent les conduire à la communion de l'Église catholique ; si ces enfants ne sont pas encore baptisés, ils ne peuvent pas les faire baptiser chez les hérétiques, ni les donner en mariage à un hérétique, à un juif ou à un païen, à moins naturellement que la personne qui doit se marier à la partie orthodoxe ne promette de passer à la foi orthodoxe. Si quelqu'un transgresse cette décision du saint concile, qu'il soit soumis aux peines canoniques.

Lettre synodale au pape Léon 1er, début de novembre 451

La prééminence du Siège romain

306    (...) Qu'est-ce qui en effet donne plus de joie que la foi ?... Cette foi, le Sauveur lui-même nous l'a transmise depuis les temps anciens en disant : « Allez. enseignez toutes les nations... » Mt 28,19 ; toi-même tu l'as gardée comme une chaîne d'or qui, au commandement de celui qui ordonne, vient jusqu'à nous, en étant pour tous l'interprète de la voix du bienheureux Pierre, et en procurant à tous la bénédiction de sa foi. Nous servant donc nous aussi de toi avec fruit comme d'un guide vers ce bien, nous avons montré aux enfants de l'Église l'héritage de la vérité... en faisant connaître d'un même cœur et d'un même esprit la confession de la foi. Et nous étions dans un même chœur, faisant nos délices, comme dans un banquet royal, des nourritures spirituelles que le Christ, par tes écrits, a préparés aux convives du festin, et nous pensions voir l'époux céleste en convive parmi nous. Car si là où deux ou trois sont rassemblés en son nom il est présent, comme il le dit, au milieu d'eux Mt 18,20, quelle familiarité n'a-t-il pas manifestée alors aux cinq cent vingt prêtres qui ont placé la connaissance de la confession de la foi plus haut que leur patrie et que les fatigues ? Eux que, comme la tête le fait pour les membres, tu as conduits en ceux qui tenaient ta place en faisant connaître ton conseil excellent...

Lettre “Sollicitudinis quidem tuæ” à l'évêque Théodore de Fréjus. 11 juin 452

Le sacrement de la pénitence.

308    (...)

(Chap. 2). La miséricorde de Dieu aux formes multiples a si bien remédié aux fautes humaines, que ce n'est pas par la grâce du baptême seulement mais également par le remède de la pénitence qu'est rendu l'espoir de la vie éternelle de sorte que ceux qui ont souillé les dons de la régénération, s'ils se reconnaissent coupables, puissent parvenir à la rémission de leurs forfaits ; les dispositions de la bonté divine sont ainsi faites que le pardon de Dieu ne peut être obtenu que par la supplication des prêtres. « Le médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ » Mt 1 ; Mt 2,5 a transmis à ceux qui sont préposés à l'Église le pouvoir d'accorder la pénitence aux pécheurs repentants, et, lorsqu'ils se sont purifiés par une satisfaction salutaire, de les admettre à la communion des sacrements en leur ouvrant la porte de la réconciliation...

309    (Chap.4) Pour eux qui en cas de nécessité et dans l'imminence d'un péril implorent le secours de la pénitence et d'une réconciliation rapide, il ne faut leur refuser ni l'expiation ni la réconciliation, car il ne nous appartient pas de poser des limites ou des délais à la miséricorde de Dieu auprès de qui nulle conversion véritable n'attend longtemps le pardon.

310    (Chap.5) Il faut donc que tout chrétien se remette au jugement de sa conscience pour qu'il ne diffère pas de jour en jour la conversion à Dieu, pour qu'il ne fixe pas à la fin de sa vie le temps où il satisfera... et, alors qu'il pouvait mériter le pardon par une satisfaction plus complète, qu'il ne choisisse pas les angoisses d'un moment où la confession du pénitent et la réconciliation procurée par le prêtre n'auront qu'une petite place. Cependant, comme je l'ai dit, il faut porter secours à la détresse de ceux-là, en ne leur refusant ni la pénitence ni la grâce de la communion lorsque, même privés du secours de la voix, ils les réclament par des signes sans équivoque. Mais si la violence de la maladie pèse si fortement sur eux qu'ils ne soient plus capables de manifester en présence du prêtre ce qu'ils demandaient peu auparavant, les témoignages des fidèles présents devront leur servir à recevoir à la fois le bienfait de la pénitence et celui de la réconciliation...

Lettre “Regressus ad nos” à l'évêque Nicétas d'Aquilée, 21 Mars 458.

Le deuxième mariage de veuves putatives.

311    (Chap.1) Puisque vous dites que du fait de la défaite dans la guerre et des très graves attaques de l'ennemi certains mariages ont été désunis, en sorte qu'après que les hommes eurent été emmenés en captivité, leurs femmes restèrent abandonnées, et que, pensant que leurs époux avaient été tués ou croyant qu'ils ne seraient jamais libérés de leur servitude, contraintes par la solitude elles se sont engagées dans un mariage avec d'autres, et parce que maintenant qu'avec l'aide le Dieu l'état des choses s'est changé en mieux certains de ceux que l'on croyait avoir péri sont revenus, ta charité hésite manifestement à juste titre quant à ce que nous devons ordonner au sujet des femmes qui se sont unies à d'autres hommes.

Mais parce que nous savons qu'il est écrit que la femme est unie à l'homme par Dieu (voir Pr 19,14), et que nous connaissons également le commandement selon lequel ce que Dieu a uni, l'homme ne doit pas le séparer Mt 19,6, il est nécessaire que nous croyions que les unions des noces légitimes doivent être rétablies, et qu'après qu'ont été écartés les maux infligés par l'ennemi, soit rendu à chacun ce qu'il avait de façon légitime ; et il faut s'appliquer de tout son zèle à ce que chacun reçoive ce qui est sien.

312    (Chap. 2) Il ne faut pas cependant considérer comme coupable et tenir pour un intrus dans le droit d'autrui, celui qui a joué le rôle de ce mari dont on pensait qu'il n'existait plus. De cette manière bien des choses qui appartenaient à ceux qui ont été emmenés en captivité ont pu passer dans le droit d'autrui, et pourtant il correspond pleinement à la justice que cela leur soit rendu à leur retour. Et si cela est observé s'agissant de propriétés ou encore de maisons ou de possessions, ne faut-il pas d'autant plus, en rétablissant les mariages, faire en sorte que ce qui a été perturbé par la fatalité de la guerre soit rétabli par le remède de la paix ?

313    (Chap.3) Et c'est pourquoi, si des hommes qui sont revenus après une longue captivité persévèrent à ce point dans l'amour de leurs femmes qu'ils désirent qu'elles reviennent dans l'union avec eux, il faut renoncer à ce que la nécessité a provoqué, et le considérer comme exempt de faute, et rétablir ce qu'exige la fidélité.

314    (Chap.4) Mais si certaines femmes sont tellement prises d'amour pour leurs maris ultérieurs qu'elles préfèrent être attachées à eux plutôt que de revenir à la communauté légitime, elles doivent être blâmées à bon droit, en étant privées de la communion ecclésiastique : car au lieu d'une chose excusable elles ont choisi la souillure d'une faute, en montrant que leur a plu dans leur incontinence ce qu'un juste pardon aurait pu expier...

Le caractère non réitérable du baptême.

315    (Chap.6) Quant à ceux... que la crainte a poussés ou que l'erreur a incités à réitérer le baptême, et qui maintenant reconnaissent qu'ils ont agi contre le sacrement de la foi catholique, il leur faut observer la règle selon laquelle ils n'entrent en communauté avec nous que par le remède de la pénitence, et qu'ils ne reçoivent l'unité de la communion que par l'imposition des mains de l'évêque...

316    (Chap.7) Car ceux qui ont reçu le baptême d'hérétiques alors qu'auparavant ils n'avaient pas été baptisés, ne doivent être confirmés que par l'invocation de l'Esprit Saint et l'imposition des mains, car ils n'ont reçu que la forme du baptême sans la vertu de la sanctification. Et cette règle, comme vous le savez, nous prescrivons qu'elle doit être observée dans toutes les Églises, à savoir que le bain une fois reçu ne doit être violé par aucune réitération puisque l'apôtre dit : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » Ep 4,5. Leur ablution ne doit être altérée par aucune réitération, mais, nous l'avons dit, seule la sanctification par l'Esprit Saint doit être invoquée, afin que ce que nul ne reçoit chez les hérétiques, on le reçoive des prêtres catholiques.

Lettre “Promisisse me memini” à l'empereur Léon 1er, 17 août 458.

Les deux natures dans le Christ

317    (Chap.6) Même s'il y a donc dans l'unique Seigneur Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et vrai Fils d'homme, une seule personne du Verbe et de la chair qui, sans séparation ni division, accomplit des actions communes, il faut cependant que les qualités des opérations elles-mêmes soient bien comprises, et l'on peut voir avec une foi sincère à quoi est élevée l'humilité de la chair et à quoi s'abaisse la sublimité de la divinité, ce que la chair ne fait pas sans le Verbe, et ce qu'est ce que le Verbe ne réalise pas sans la chair...

Bien que depuis ce commencement où le Verbe s'est fait chair dans le sein de la Vierge il n'ait donc jamais existé aucune division entre les deux formes, et que tout au long de la croissance du corps à tout moment les actions fussent celles d'une unique personne, ce qui a été fait sans séparation nous ne le confondons pas pour autant par un mélange, mais nous percevons de par la qualité des oeuvres ce qui appartient à chaque forme...

318    (Chap.8) Bien que donc le Seigneur Jésus Christ soit un, et qu'en lui une seule et même personne soit celle de la vraie divinité et de la vraie humanité, nous reconnaissons néanmoins que l'exaltation par laquelle, comme le dit le Docteur des nations, Dieu l'a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom (voir Ph 2,9  s), se rapporte à cette forme qui devait être enrichie par le surcroît d'une glorification si grande. Dans la forme de Dieu en effet le Fils était égal au Père, et entre celui qui a engendré et l'unique engendré il n'y avait pas de distinction dans l'essence, ni aucune différence de majesté ; et par le mystère de l'Incarnation le Verbe n'avait rien perdu qui aurait dû lui être rendu par ce don du Père. Mais la forme du serviteur, par laquelle la divinité impassible a accompli le sacrement de sa grande miséricorde, est l'abaissement humain qui fut élevé dans la gloire de la puissance divine, alors que dès la conception même de la Vierge la divinité et l'humanité avaient été liées en une telle unité que les choses divines n'ont pas été faites sans l'homme, ni les choses humaines sans Dieu.

319-320. Lettre “Frequenter quidem” à l'évêque Néo de Ravenne, 24 octobre 458.

Le baptême douteux et celui conféré par des hérétiques.

319    (1) (...) Par l'information donnée par certains frères nous avons appris que certains captifs revenant libres à leurs domiciles — et qui étaient tombés en captivité à un âge où ils ne pouvaient avoir une connaissance sûre de rien — demandent le remède du baptême, mais ne peuvent pas se souvenir, du fait de l'ignorance due au bas âge, s'ils ont reçu le mystère de ce baptême et les sacrements, et que pour cette raison, du fait de ce souvenir occulté, leurs âmes sont mises en danger parce que, sous couvert de précaution, la grâce leur est refusée — celle-ci ne leur étant pas accordée parce qu'on pense qu'elle a déjà été accordée.

Puisque pour cette raison la crainte de certains frères, non sans raison, a hésité à accorder à de telles personnes les sacrements du mystère du Seigneur, nous avons reçu, comme nous l'avons dit, cette requête formelle...

Tout d'abord nous devons pour cela veiller à ne pas causer, en nous attachant à l'apparence de la précaution, un dommage aux âmes qui doivent être régénérées. Qui en effet sera à ce point attaché à ses suppositions qu'il affirme comme vrai ce qui — puisqu'il n'est plus de preuve — n'est supposé qu'en raison d'une opinion douteuse ?

C'est pourquoi si celui qui désire la régénération ne se souvient pas avoir été baptisé et qu'un autre ne peut pas non plus témoigner à ce sujet, parce qu'il ne sait pas s'il a été sanctifié, il n'y a rien qui permette au péché de s'insinuer, car sur ce point de sa conscience n'est coupable ni celui qui est sanctifié, ni celui qui sanctifie.

Nous savons certes qu'il s'agit d'un forfait inexpiable lorsque quelqu'un, selon les pratiques des hérétiques condamnées par les saints pères, est contraint de se soumettre deux fois au baptême qui a été accordé une fois à ceux qui doivent être régénérés ; car à cela s'oppose la doctrine catholique qui nous proclame une seule divinité dans la Trinité, une seule confession dans la foi, un seul sacrement dans le baptême Ep 4,5. Mais dans ce cas rien n'est à craindre puisqu'il ne peut pas y avoir forfait de réitération lorsqu'on ne sait pas du tout si cela a été fait...

320    (2) Mais s'il était établi que quelqu'un a été baptisé par les hérétiques, le sacrement de la régénération ne doit d'aucune manière être réitéré pour lui, et il ne doit être conféré que ce que qui y a fait défaut : que par l'imposition des mains de l'évêque il obtienne la force du Saint-Esprit.

321-322. Lettre “Epistolas fraternitatis” à l'évêque Rusticus de Narbonne, 458 ou 459

Le caractère d'obligation des vœux religieux.

321    (Question 14) La résolution d'un moine qui a été prise par sa propre décision ou volonté ne peut pas être abandonnée sans péché. Car ce que quelqu'un promet à Dieu, il doit aussi s'en acquitter Dt 23,21 ; Ps 50,14. C'est pourquoi celui qui a délaissé la promesse de la solitude et qui est passé au service armé ou au mariage, doit être purifié en satisfaisant à la pénitence publique, car si le service armé peut être sans mal et le mariage honnête, c'est une transgression que d'avoir délaissé le choix de ce qui est meilleur.

322    (Question 15) Si des jeunes filles, qui n'ont pas été contraintes par un commandement de leurs parents mais ont pris par une décision libre la résolution et le vêtement de la virginité, choisissent ensuite le mariage, elles pêchent, même si aucune consécration n'est encore venue s'y ajouter.

Lettre “Magna indignatione” à tous les évêques de Campanie, etc., 6 mars 459.

La confession secrète

323    (...)

(Chap.2) J'ordonne qu'on doit absolument faire disparaître aussi cette audace contraire à la règle apostolique, qui est commise par certains, je l'ai appris récemment, par une usurpation illicite. Pour la pénitence que demandent les fidèles, qu'on ne lise pas en public un écrit sur lequel figurent en détail leurs péchés, puisqu'il suffit d'indiquer aux prêtres seuls par une confession secrète la culpabilité des consciences. Sans doute paraît-elle louable, cette foi totale qui, par crainte de Dieu, n'a pas peur de rougir devant les hommes ; cependant — puisque les péchés de tous ceux qui demandent la pénitence ne sont pas tels qu'ils ne craignent pas de les voir publiés — on supprimera une coutume si peu louable, de manière qu'un grand nombre ne soit pas tenu écarté des remèdes de la pénitence aussi longtemps qu'ils rougissent ou craignent de voir leurs actions révélées à leurs ennemis, et pour lesquelles, selon la disposition de la loi, ils peuvent être punis. Il suffit en effet de cette confession qui est d'abord faite devant Dieu, puis aussi devant le prêtre, lequel se présente en intercesseur pour les péchés des pénitents. Enfin plusieurs pourront alors être amenés à la pénitence si la conscience de celui qui confesse son péché n'est pas rendue publique aux oreilles du peuple.

Statuta Ecclesiæ Antiqua” milieu ou fin du Ve siècle.

L'examen de la foi avant l'ordination épiscopale

325    Celui qui doit être ordonné évêque sera examiné auparavant pour savoir si... il est prudent en matière d'intelligence des Écritures, s'il a de l'expérience quant aux dogmes de l'Église et surtout, s'il affirme avec des mots simples les enseignements de la foi, c'est-à-dire en confirmant que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont un seul Dieu et en enseignant que toute la divinité dans la Trinité est de même essence, de même substance, de même éternité et de même toute-puissance ; s'il confesse chacune des personnes dans la Trinité comme pleinement Dieu et toutes les trois personnes un seul Dieu ; s'il croit que l'Incarnation divine est advenue non pas dans le Père ni dans l'Esprit Saint mais seulement dans le Fils, en sorte que lui, qui dans la divinité était le Fils de Dieu le Père, est devenu en l'homme le Fils de l'homme sa mère, vrai Dieu du Père et vrai homme de la mère, tenant la chair du sein de la mère, et une âme humaine raisonnable ; en même temps sont en lui les deux natures, à savoir homme et Dieu et il est une seule personne, un seul Fils, un seul Christ, un seul Seigneur, le créateur de tout ce qui est, avec le Père et l'Esprit Saint l'auteur et le Seigneur et le créateur (celui qui régit) de toutes les créatures ; qui a souffert de la vraie souffrance de la chair, qui est mort de la vraie mort de son corps, est ressuscité de la vraie résurrection de la chair et de la vraie reprise de l'âme, en laquelle il viendra juger les vivants et les morts.

Il faut lui demander également s'il croit que l'auteur et Dieu du Nouveau et de l'Ancien Testament, c'est-à-dire de la Loi, des prophètes et des apôtres, est un seul et le même ; s'il croit que le diable n'est pas devenu mauvais en raison de sa condition, mais librement. Il faut lui demander aussi s'il croit à la résurrection de cette chair que nous portons et non d'une autre ; s'il croit en un jugement à venir, et que chacun recevra des châtiments ou la gloire pour ce qu'il a fait dans cette chair ; s'il ne désapprouve pas les noces ; s'il ne condamne pas les remariages ; s'il ne blâme pas la consommation de viandes ; s'il reçoit à la communion les pécheurs réconciliés ; s'il croit que dans le baptême tous les péchés, c'est-à-dire aussi bien celui qui est contracté à l'origine que ceux qui ont été commis volontairement, sont pardonnés ; si en dehors de l'Église catholique nul ne sera sauvé.

Lorsque, ayant été examiné sur tous ces points, il aura été trouvé pleinement instruit, alors, avec le consentement des clercs et des laïcs, et tous les évêques de la province étant rassemblés, (...) qu'il soit ordonné évêque.

L'imposition des mains, signe extérieur de l'ordination.

Récapitulation de l'ordination de ceux qui ont un office dans l'Église :

326    (...)

Canon 90 (2). Lorsqu'un évêque est ordonné, deux évêques posent et tiennent le livre des évangiles sur sa nuque (tête), et pendant que l'un dit sur lui la bénédiction, tous les autres évêques présents doivent toucher sa tête de leurs mains.

327    Canon 91 (3). Lorsqu'un presbytre est ordonné, pendant que l'évêque le bénit et tient ses mains sur sa tête, tous les autres presbytres présents doivent également tenir leur main sur la tête à côté des mains de l'évêque.

328    Canon 92 (4). Lorsqu'un diacre est ordonné, seul l'évêque qui le bénit doit poser ses mains sur sa tête : car il n'est pas sacré pour le sacerdoce mais pour le ministère.

329    Canon 93 (5). Lorsqu'un sous-diacre est ordonné, parce qu'il ne reçoit pas l'imposition des mains, il recevra de la main de l'évêque la patène vide et le calice vide. Mais il recevra de la main de l'archidiacre l'aiguière avec de l'eau, le bassin et le manuterge.

           HILAIRE : 19 novembre 461 – 29 février 468

           SIMPLICIUS : 3 mars 468 – 10 mars 483

·     Concile d'Arles, 473 : Lettre de soumission du prêtre Lucidus.

Grâce et prédestination

330    Votre correction est le salut de tous et votre décision un remède. C'est pourquoi j'estime un souverain remède de me disculper en accusant mes erreurs passées et de revenir à l'innocence par une confession salutaire. Dès lors, selon les récents statuts du vénérable concile, je condamne avec vous cette opinion qui dit que le travail de l'obéissance humaine n'a pas à être uni à la grâce divine ;

331    qui dit qu'après la chute du premier homme le libre arbitre de sa volonté a été totalement détruit ;

332    qui dit que le Christ notre Seigneur et Sauveur n'a pas subi la mort pour le salut de tous ;

333    qui dit que la prescience de Dieu pousse violemment l'homme à la mort ou que ceux qui sont perdus le sont par la volonté de Dieu ;

334    qui dit qu'après avoir légitimement reçu le baptême meurt en Adam quiconque a péché ;

335    qui dit que les uns sont assignés à la mort, les autres prédestinés à la vie ;

336    qui dit que d'Adam jusqu'au Christ aucun des gentils n'a été sauvé par la première grâce de Dieu, c'est-à-dire par la loi de nature, en vue de la venue du Christ, du fait que chez tous le libre arbitre a été perdu dans le premier père ;

337    qui dit que les patriarches et les prophètes ou les plus grands des saints, même avant le temps de la Rédemption, ont vécu dans les demeures du paradis ;

338    qui dit qu'il n'y a pas de feu ni d'enfer.

339    Tout cela, je le condamne comme impie et comme totalement sacrilège. Je soutiens la grâce de Dieu en ce sens que je maintiens uni l'effort de l'homme et l'action de la grâce et que je déclare que la liberté de la volonté humaine n'est pas détruite, mais atténuée et affaiblie, que celui qui est sauvé peut être en danger, et que celui qui périt aurait pu être sauvé.

340    De même le Christ, notre Dieu et Sauveur, pour ce qui est de l'abondance de sa bonté, a payé pour tous la rançon de la mort, et il veut aussi que nul ne périsse, lui qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants, riche à l'égard de tous ceux qui l'invoquent Rm 10,12. Et parce que en ces choses si importantes on doit satisfaire à la conscience, je me souviens avoir dit auparavant que le Christ n'est venu que pour ceux dont il savait à l'avance qu'ils croiraient (référence est faite à Mt 20,28 ; Mt 26,28 ; He 9,27). Mais maintenant, en raison de l'autorité des saints témoignages qui se trouvent en abondance dans le domaine des saintes Écritures et qui sont dévoilés de par la doctrine des anciens, je confesse volontiers que le Christ est venu également pour ceux qui sont perdus, car ils se sont perdus contre sa volonté. Et il ne convient pas que la richesse de la bonté infinie et les bienfaits divins soient limités à ceux-là seulement qui manifestement sont sauvés. Car si nous disons que le Christ n'a apporté de remèdes qu'à ceux qui sont sauvés, nous donnerons l'impression d'absoudre ceux qui ne sont pas sauvés, lesquels, on le sait, doivent être punis pour avoir méprisé la Rédemption.

341    J'affirme également qu'au cours des temps et de l'ordonnance des siècles, les uns ont été sauvés par la Loi de la grâce, d'autres par la Loi de Moïse, d'autres par la Loi naturelle que Dieu a inscrite dans les coeurs de tous (voir Rm 2,15) dans l'espérance de la venue du Christ, mais que depuis le commencement du monde personne n'a été libéré de l'enchaînement originel, sinon par l'intercession du sang sacré.

342    Je confesse également que les feux éternels et les flammes de l'enfer sont préparés pour les péchés mortels ; car les fautes humaines qui demeurent jusqu'à la fin sont suivies à juste titre du jugement divin qu'encourent justement ceux qui n'ont pas cru cela de tout leur cœur,

Priez pour moi, saints seigneurs et pères apostoliques. Moi, le presbytre Lucidus, j'ai souscrit cette lettre de ma main, et ce qui y est assuré, je l'affirme, et ce qui est condamné, je le condamne.

Lettre “Quantum presbyterorum” à l'évêque Acace de Constantinople, 10 janvier 476.

L'autorité des évêques romains et des conciles œcuméniques

343    (Par.3, Chap.2) Puisque la doctrine de nos prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il n'est pas permis de disputer, existe, et que quiconque pense de façon juste n'a donc pas besoin d'être enseigné par de nouvelles explications, mais que tout est clair et parfait par quoi quelqu'un qui a été séduit par des hérétiques pourra être instruit, ou par quoi quelqu'un qui doit être planté dans la vigne du Seigneur pourra être enseigné, implore la foi du prince très clément et fais qu'il rejette le propos de tenir un synode...(6(3)) Je demande donc, frère très cher, que l'on résiste de toutes les manières aux tentatives de gens scélérats de tenir un synode ; on n'en a jamais convoqué que lorsque dans des esprits faussés a surgi quelque chose de nouveau ou que quelque chose de douteux est apparu dans l'explication des dogmes : pour qu'à ceux qui en traitent en vue du bien commun, s'il existe une obscurité, l'autorité de la délibération des prêtres vienne apporter la lumière, comme a contraint de le faire l'impiété d'Arius d'abord, puis celle de Nestorius et enfin celle de Dioscore et d'Eutychès. Et il faut inculquer qu'il est exécrable — ce dont veuille nous préserver la miséricorde du Christ notre Dieu et Sauveur — de réhabiliter des condamnés contre les jugements des prêtres du Seigneur du monde entier et des deux princes régnants...

           FELIX II : 13 mars 483 – 1er mars 492

Lettre “Quoniam pietas” à l'empereur Zénon, 1er août 484.

La liberté de l'Église

345    Puisque même chez les nations barbares et qui ignorent le nom de Dieu, la liberté de n'importe quelle légation est toujours considérée comme sacro-sainte par le droit des gens, même pour la mise en œuvre d'entreprises purement humaines, chacun sait qu'à plus forte raison elle aurait dû être intégralement sauvegardée par un empereur romain et chrétien, surtout dans les affaires religieuses. ...

Mais je pense que ta piété, prête à s'assujettir à ses propres lois plutôt que de s'y opposer, devrait de même obéir aux célestes décrets, et ne pas oublier que sa suprématie sur les choses humaines ne peut s'étendre aux choses divines qu'elle doit recevoir, sans aucun doute possible, des mains des dispensateurs établis par Dieu. Je pense qu'il t'est certainement utile de laisser, au cours de ton principat, l'Église catholique vivre selon ses lois, et de ne permettre à personne de faire obstacle à sa liberté, à elle qui t'a rendu le pouvoir royal.

Il est sûr en effet que la prospérité de tes affaires t'impose, quand il s'agit des intérêts de Dieu, de faire effort, ainsi qu'il l'a voulu, pour soumettre ta volonté aux prêtres du Christ et ne pas la faire prévaloir sur eux : tu dois d'autre part apprendre de ceux qui y sont préposés les mystères sacrés, et non pas les enseigner ; te plier à l'organisation de l'Église, et non pas lui prescrire des règles d'un droit humain, ni vouloir régner sur ses décisions, elle à qui Dieu a voulu par le joug d'un religieux dévouement soumettre ta clémence. Il est à craindre en effet que par les infractions aux dispositions du ciel, on n'en vienne à mépriser celui qui en est l'auteur.

           GELASE Ier : 1er mars 492 – 21 novembre 496

Lettre “Famuli vestrae pietatis” à l'empereur Anastase 1er 494.

Le double pouvoir suprême sur terre

347    (...)

(2) Il y a deux principes par lesquels ce monde est régi principalement : l'autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal ; et parmi les deux la charge des prêtres est d'autant plus lourde qu'ils doivent rendre compte devant la justice divine de ceux-là mêmes qui sont les rois.

Tu le sais en effet, fils très clément : bien que ta dignité te place au-dessus du genre humain, tu inclines cependant, par un devoir religieux, ta tête devant ceux qui sont chargés des choses divines et tu attends d'eux les moyens de te sauver ; et pour recevoir les célestes mystères et les dispenser comme il convient, tu dois, tu le sais aussi, selon la règle de la religion, te soumettre plutôt que diriger. Par conséquent, en tout cela tu dépends de leur jugement et tu ne dois pas vouloir les réduire à ta volonté.

Si en effet, pour ce qui concerne les règles de l'ordre public, les chefs religieux admettent que l'empire t'a été donné par une disposition d'en haut et obéissant eux-mêmes à tes lois, ne voulant pas, au moins dans les affaires de ce monde, paraître aller contre... une décision exclue, dans quels sentiments ne faut-il pas, je t'en prie, obéir à ceux qui sont chargés de dispenser les vénérables mystères ?

C'est pourquoi, de même qu'elle n'est pas légère, la menace qui pèse sur les pontifes qui n'ont pas parlé pour le culte de Dieu, comme ils le doivent, ainsi n'est-il pas négligeable le danger — puisse-t-il ne pas exister — encouru par ceux qui, alors qu'ils devraient obéir, méprisent. Et s'il est normal que le coeur des fidèles se soumette à tous les prêtres en général qui s'acquittent convenablement de leurs divines fonctions, combien plus l'unanimité doit-elle se faire autour du préposé à ce siège, à qui la divinité suprême a voulu donner la prééminence sur tous les prêtres et que la piété universelle de l'Église a dans la suite constamment célébré ?

(3) C'est là que ta piété se rend compte avec évidence que jamais personne sous aucun prétexte humain ne peut s'élever au-dessus de la situation privilégiée de celui que la voix du Christ a placé au-dessus de tous, que l'Église vénérable a toujours reconnu et tient dévotement au premier rang. Elles peuvent être empêchées par des présomptions humaines, les décisions du jugement divin, mais vaincues, elles ne sauraient l'être par aucune puissance de qui que ce soit.

·     Concile de Rome : Actes de l'absolution de Misenus, 13 mai 495

Le Pouvoir de l'Église de pardonner les péchés

348    Puisque le Dieu tout-puissant et miséricordieux a voulu qu'aucune âme qui le désire ne se voie refuser le secours par la miséricorde de l'Église, il n'est pas douteux que c'est par l'effet d'une disposition de Dieu lui-même et d'un repentir inspiré par Dieu qu'on traite de sa réception (de Misenus) au moment où une nécessité qui ne doit pas être différée pousse également à l'accorder, d'autant que notre Seigneur a ordonné au bienheureux Pierre avant les autres : « Tout ce que tu lieras sur terre, sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur terre sera délié aussi dans les cieux » Mt 16,19 ; comme il est établi également que rien n'est exclu de ces paroles, tout sans distinction peut être lié par le ministère de la dispensation apostolique, et tout par conséquent peut également être absous par lui, surtout lorsque par là doit être donné plus encore à tous un exemple de la véritable miséricorde apostolique, afin que tous ceux qui ont été condamnés, s'ils viennent à résipiscence et qu'ils s'éloignent de l'erreur... ne doutent pas que par l'absolution ils seront délivrés de leur condamnation...

C'est pourquoi, autant qu'avec la permission du Seigneur c'est dans le pouvoir de l'homme, nous voulons offrir des remèdes à celui qui le désire, en laissant au jugement divin tout ce qui dépasse la mesure de notre possibilité. Et ils ne pourront pas nous faire reproche de pardonner l'offense d'une transgression à des vivants — ce que l'Église peut en raison de la largesse de Dieu — alors qu'ils demandent que nous accordions également le pardon à ceux qui sont morts — ce qui manifestement n'est pas dans notre pouvoir. Car puisqu'il est dit : « ce que tu lieras sur terre » ceux dont il est établi qu'ils ne sont plus sur terre, il les a réservés à son propre jugement et non à celui des hommes ; et l'Église n'a pas l'audace de revendiquer pour elle-même ce dont elle voit que cela n'a pas été accordé aux bienheureux apôtres eux-mêmes ; car autre est le cas de ceux qui sont encore en vie, autre celui des défunts.

Traité “Ne forte” sur le lien de l'anathème, 495.

La rémission des péchés

349    (...)

(5) Le Seigneur a dit qu'à ceux qui pèchent contre l'Esprit Saint il ne sera pardonné ni ici-bas, ni dans le siècle à venir Mt 12,32. Mais pour combien, qui ont péché contre l'Esprit Saint comme divers hérétiques... et qui sont revenus à la foi catholique, voyons-nous qu'ils ont reçu le pardon ici-bas pour leur blasphème et que pour l'avenir aussi ils ont conçu l'espoir d'obtenir miséricorde ? Pour autant le jugement du Seigneur n'est pas dépourvu de vérité et on ne le considérera aucunement comme annulé, car pour ceux qui continuent d'être cela, il est maintenu sans pouvoir jamais être annulé, tandis qu'il ne peut pas s'appliquer à ceux qui sont devenus autres, puisqu'il n'a pas été prononcé sur ceux-là.

C'est ainsi que la parole du bienheureux apôtre Jean a elle aussi sa logique : il existe un péché qui conduit à la mort : je ne dis pas qu'il faut prier pour celui-là ; et il existe un péché qui ne conduit pas à la mort : Je dis qu'il faut prier pour celui-là Mt 1 ; Jn 5,16 s. Il existe un péché qui conduit à la mort pour ceux qui demeurent dans ce péché ; il existe un péché qui ne conduit pas à la mort pour ceux qui quittent ce péché. Car il n'est pas de péché pour lequel l'Église ne prie pas pour qu'il soit remis, ou dont elle ne puisse absoudre ceux qui s'en éloignent, ou qu'elle ne puisse remettre à ceux qui font pénitence par le pouvoir qui lui a été donné par Dieu — elle à qui il a été dit : Tout ce que vous remettrez sur terre... (voir Jn 20,23) ; « Tout ce que vous délierez sur terre, sera délié aussi au ciel » Mt 18,18. En cela sont compris tous les péchés, qu'elle qu'en soit l'importance et qu'elle qu'en soit la nature, mais n'en demeure pas moins vrai le jugement par lequel il est dit que jamais ne sera délié celui qui continue à y persévérer, mais que le sera celui qui après cela s'en sera détaché.

Decretum Gelasianum”, ou Lettre décrétale sur les livres à recevoir et à ne pas recevoir, date incertaine.

La prééminence du Siège romain

350    Après (toutes ces) Écritures prophétiques, évangéliques et apostoliques (que nous avons mentionnées plus haut) et sur lesquelles l'Église catholique, par la grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé devoir souligner également ceci, à savoir que si c'est bien à l'Église catholique répandue par tout l'univers que revient l'unique chambre nuptiale du Christ, pour autant la sainte Église romaine n'est pas placée devant les autres Églises par des édits de synodes, mais elle a reçu la primauté de par la parole évangélique du Seigneur et Sauveur disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle, et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi au ciel, et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié aussi au ciel Mt 6,18  s.

A cela s'est ajouté également la compagnie du très bienheureux Apôtre Paul, le vase d'élection : ce n'est pas à un autre moment, comme le disent sottement les hérétiques, mais au même moment, le même jour, par une mort glorieuse avec Pierre, qu'il a été couronné en combattant, dans la ville de Rome, sous l'empereur Néron : et de la même manière ils ont consacré au Christ l'Église romaine susdite, et par leur présence et leur triomphe vénérable ils l'ont placée avant toutes les autres villes dans le monde entier.

351    Le premier siège de l'apôtre Pierre est donc l'Église romaine qui n'a ni tache, ni ride, ni rien de semblable Ep 5,27. Le deuxième siège cependant fut consacré à Alexandrie au nom du bienheureux Pierre par le disciple et évangéliste Marc... Comme troisième est tenu en honneur le siège du bienheureux apôtre Pierre à Antioche, puisqu'il y a habité avant de venir à Rome, et que là est apparu pour la première fois le nom de « chrétiens » pour la race nouvelle (voir Ac 11,26).

L'autorité des conciles œcuméniques

352    Et bien que personne ne puisse poser d'autre fondement que celui qui a été posé et qui est Jésus Christ (voir 1Co 3,11), l'Église sainte, c'est-à-dire l'Église romaine, n'interdit pas que pour son édification, outre les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament que nous recevons selon la règle, soient reçus également ces autres écrits, à savoir : le saint synode de Nicée... ; (le saint synode de Constantinople... lors duquel l'hérétique Macedonius a reçu la condamnation méritée ) ; le saint synode d'Ephèse... ; le saint synode de Chalcédoine... (Mais également d'autres synodes, s'il en est, qui ont été tenus par les saints pères jusqu'à aujourd'hui et dont nous avons décrété qu'ils doivent être observés et reçus outre l'autorité de ces quatre.)

Livres qui doivent être reçus

353    De même les ouvrages du bienheureux martyr Cyprien, archevêque de Carthage. De même les ouvrages... (sont mentionnés de la même manière : Grégoire de Naziance, Basile le Grand, Athanase d'Alexandrie, Jean Chrysostome, Théophile d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie, Hilaire de Poitiers, Ambroise, Augustin, Jérôme, Prosper d'Aquitaine). De même la lettre du bienheureux pape Léon destinée à Flavien, évêque de Constantinople ; quiconque, s'agissant de son texte, discute ne serait-ce qu'un seul iota et qui ne le reçoit pas avec vénération en toutes ses parties, qu'il soit anathème. De même nous décidons que doivent être lus les ouvrages et traités de tous les pères orthodoxes... qui n'ont dévié en rien de la communion de l'Eglise romaine.

De même que doivent être reçues avec vénération les lettres décrétales que les bienheureux papes ont écrites à divers moments depuis la ville de Rome pour conseiller divers pères.

De même les actes des saints martyrs... Mais selon une coutume ancienne et selon une prudence particulière, ils ne sont pas lus dans la sainte Église romaine, parce que les noms de ceux qui les ont écrits sont totalement inconnus et qu'ils sont considérés par les non-croyants et par les ignorants comme superflus ou comme moins appropriés que ne l'était la réalité des faits... C'est pourquoi..., pour qu'il n'y ait pas même la moindre occasion de moquerie, ils ne sont pas lus dans la sainte Église romaine. Néanmoins, avec ladite Église, nous vénérons avec une entière dévotion tous les martyrs ainsi que leurs glorieux combats qui sont mieux connus de Dieu que des hommes.

De même nous recevons avec une pleine vénération les vies de Paul, Antoine, Hilarion, et de tous les ermites, mais seulement celles qu'a composées le très bienheureux Jérôme.

(La suite de l'énumération contient l'avertissement suivant) : si cela parvient entre les mains des catholiques, que précède cette phrase du bienheureux apôtre Paul : « Examinez tout, retenez ce qui est bon » 1Th 5,21. De même Ruffin, un homme religieux, a publié de nombreux livres d'un ouvrage ecclésiastique et il a interprété également certaines Écritures.

Mais parce que le vénérable Jérôme l'a blâmé en certaines choses, à propos du libre arbitre, nous pensons ce que nous savons qu'a pensé ledit bienheureux Jérôme, et cela n'est pas vrai seulement pour Ruffin, mais également pour tous ceux que cet homme souvent mentionné blâme dans son zèle pour Dieu et dans la piété de la foi. — De même nous recevons comme devant être lues certaines oeuvres d'Origène que le très bienheureux Jérôme ne rejette pas. Mais tout le reste, nous disons que cela doit être rejeté avec son auteur. ...

Livres qui ne doivent pas être reçus

354    Le reste, qui a été composé ou proclamé par des hérétiques ou des schismatiques, l'Église catholique et apostolique ne le reçoit d'aucune manière.

(Suit une longue liste d'Apocryphes, aussi bien au sens restreint, c'est-à-dire d'écrits pseudo-canoniques, qu'au sens large, d'écrits grevés d'une hérésie.)

Tout cela et ce qui y est semblable, qu'ont enseigné ou écrit... les hérésiarques dont les noms n'ont pas du tout été retenus, nous le déclarons non seulement comme rejeté mais également comme éliminé par toute l'Église romaine, catholique et apostolique, et comme condamné pour toujours, avec leurs auteurs et leurs lecteurs, par le lien indissoluble de l'anathème.

Traité . “Necessarium quoque” contre Eutychès et Nestorius. date incertaine.

Les deux natures en Christ

355    (...)

(Chap. 4) Il est vrai que le Seigneur Jésus Christ est un seul et même, homme entièrement Dieu en même temps que Dieu entièrement homme, et tout ce qui appartient à l'humanité, le Dieu homme le fait sien, et tout ce qui appartient à Dieu, l'homme Dieu le possède ; cependant pour que ce sacrement demeure et qu'il ne puisse être défait par aucun côté, il reste comme homme entier ce qu'est Dieu, en sorte que comme Dieu entier il reste ce qu'est l'homme...

           ANASTASE II : 24 novembre 496 – 17 novembre 498

Lettre “Exordium pontificatus mei” à l'empereur Anastase 1er, fin de 496

La validité des sacrements conférés par des schismatiques.

356    (...)

(Chap. 7) Conformément à l'usage de l'Église catholique, ta très sainte sérénité voudra bien reconnaître qu'aucun de ceux qu'a baptisés Acace ou qu'il a ordonnés prêtres ou lévites conformément aux canons, n'est affecté par quelque dommage en raison du nom d'Acace, en sorte que peut-être la grâce du sacrement transmise par un homme inique paraîtrait moins assurée. En effet, même si le baptême... a été conféré par un adultère ou par un voleur, il parvient comme un don intact à celui qui le reçoit, car cette voix qui a parlé par la colombe exclut toute tache provenant d'une souillure humaine lorsqu'elle dit : « C'est lui qui baptise... » Lc 3,16. Car si les rayons de ce soleil visible, même en traversant les lieux les plus répugnants, ne sont tachés par aucune souillure provenant d'un contact, à plus forte raison la force de ce soleil qui a fait le soleil visible ne sera-t-elle pas limitée par l'indignité du ministre...

   (Chap. 9, autres 8) C'est pourquoi celui-là aussi..., en administrant en mal des choses bonnes, ne s'est nui qu'à lui-même. Car le sacrement inviolable qui a été donné par lui a gardé pour les autres la perfection de sa vertu.

Lettre “In prolixitate epistolæ” à l'évêque Laurentius de Lignido (Illyrie), 497

Profession de foi

357    Nous confessons donc que notre Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, est né du Père selon la divinité sans commencement avant tous les siècles, mais qu'en ces derniers temps le même est devenu chair de la sainte Vierge Marie et homme complet moyennant une âme rationnelle et la réception d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité. Car des deux natures complètes l'unité a été faite de façon ineffable. C'est pourquoi l'unique Christ, nous le confessons à la fois Fils de Dieu et Fils d'homme, unique engendré du Père et premier-né d'entre les morts ; car nous savons qu'il est le créateur de toutes choses, et qu'après le consentement de la Vierge sainte, lorsqu'elle dit à l'ange : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole » Lc 1,38, il a daigné se construire d'elle, de façon ineffable, un temple, et qu'il se l'est uni à lui-même ; ce corps il ne l'a pas amené coéternel de sa substance depuis le ciel, mais, de la pâte de notre substance, c'est-à-dire de la Vierge. En le prenant et en l'unissant à soi, Dieu, le Verbe, n'a pas été changé en chair et il n'est pas apparu non plus comme un être imaginaire, mais il a conservé son essence de façon immuable et sans changement, et il s'est uni à soi les prémices de notre nature. Car le commencement, Dieu Verbe, a daigné dans sa grande bonté unir à soi ces prémices de notre nature, lui qui s'est montré, non pas mélangé, mais un seul et même dans les deux natures selon qu'il est écrit : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » Jn 2,19. Le Christ en effet est détruit selon ma substance qu'il a prise, et il relève son propre temple détruit, et cela selon la substance divine selon laquelle il est aussi le créateur de toutes choses.

358    Jamais cependant après la résurrection de notre nature unie à lui il ne s'est séparé de son temple, et il ne peut pas non plus s'en séparer en raison de son ineffable bonté ; au contraire le Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien passible qu'impassible, passible selon l'humanité, impassible selon la divinité. Dieu, le Verbe, a donc reconstruit son temple, et en lui il a opéré la résurrection et le renouvellement de notre nature. Et celle-ci le Seigneur Christ l'a montrée à ses disciples, après être ressuscité des morts, en disant : « Touchez moi et voyez, car un esprit n'a ni chair ni os comme vous me voyez en avoir » Lc 24,39. Il n'a pas dit « comme vous dites que je suis » mais avoir, pour que l'on considère aussi bien qui possède que qui est possédé, et que l'on voie que ce n'est pas un mélange ou un changement ou une transformation mais une unité qui s'est faite. C'est pourquoi il a montré également les marques — des clous et la blessure faite par la lance, et il a mangé avec les disciples afin de montrer en toutes choses comment en lui notre nature est ressuscitée et renouvelée ; et parce que selon la substance de la divinité bienheureuse il est sans changement, sans transformation, impassible, immortel, sans avoir besoin de rien, il a accompli toutes les souffrances et il a permis qu'elles soient infligées à son temple qu'il a relevé par sa propre force ; et par la propre perfection de son temple, il a opéré la rénovation de note nature.

359    Mais ceux qui affirment que le Christ est un homme apparent ou que Dieu est passible, ou qu'il s'est transformé en chair, ou qu'il n'avait pas un corps uni à lui, ou qu'il l'a fait descendre du ciel, ou qu'il était une vision, ou qui, en qualifiant Dieu le Verbe de mortel, disent qu'il avait besoin d'être ressuscité par le Père, ou qu'il a pris un corps sans âme ou un homme sans esprit, ou que les deux substances du Christ ont été confondues dans un mélange pour faire une unique substance, et qui ne confessent pas que notre Seigneur Jésus Christ est deux natures sans confusion mais une unique personne, et donc un seul Christ et de même un seul Fils, ceux-là l'Église catholique et apostolique les anathématise.

Lettre “Bonum atque iucundum” aux évêques de Gaule, 23 août 498

L'origine de l'âme et le péché originel

360    (Chap. 1, Par 2) (Certains hérétiques affirment que), de même qu'ils lui transmettent les corps à partir d'une excrétion matérielle, les parents donnent aussi au genre humain le souffle de l'âme... (Par 4). Comment donc, contre l'affirmation divine que l'âme des hommes a été faite à l'image de Dieu, pensent-ils avec une intelligence trop charnelle, que l'âme se communique par l'union d'êtres humains alors que l'action de celui qui a fait cela depuis le commencement aujourd'hui encore ne cesse pas, comme il l'a dit lui-même : « Mon Père agit encore et j'agis » (voir Jn 5,17) ?...

(Par. 5) Car ils devraient également comprendre ce qui est écrit : « Celui qui vit éternellement a créé tout ensemble » Si 18,1. Si donc, avant que l'Écriture n'ait disposé, suivant les espèces particulières, ordre et raison en chacune des créatures, il agit « potentiellement », ce qu'on ne saurait nier, et « à titre de cause dans une oeuvre qui se déroule au cours du temps », ils feraient bien d'accepter une saine doctrine : celui qui infuse les âmes et celui qui « appelle ce qui n'est pas pour que cela soit » (Voir Rm 4,17).

361    (Chap. 4, Par 13) S'ils pensent peut-être qu'ils parlent pieusement et bien en croyant pouvoir dire que les âmes sont transmises par les parents puisqu'elles sont profondément enfoncées dans le péché, ils doivent, en opérant une sage séparation, distinguer ceci, à savoir que les parents ne peuvent transmettre autre chose que le fruit de leur mauvaise témérité, c'est-à-dire la faute et la peine du péché, ce qui se voit clairement dans la descendance qui provient de cette transmission : les hommes naissent mauvais et déformés. C'est à cela seulement, on le voit clairement, que Dieu n'a aucune part, lui qui, voulant éviter de les voir tomber dans un fatal malheur, le leur a interdit par la terreur de la mort et le leur a prédit. C'est pourquoi, en parlant de transmission, on voit clairement ce qui est transmis par les parents et ce que, du début à la fin, Dieu a fait et fait encore.

           SYMMAQUE : 22 novembre 498-19 juillet 514

Lettre “Ad augustæ memoriæ à l'empereur Anastase Ier, entre 506 et 512.

Le double pouvoir suprême sur terre

362    (...)

(8) Comparons donc la dignité de l'empereur avec celle du pontife : elles diffèrent dans la mesure même où le premier a la charge des choses humaines, l'autre de celles de Dieu. Toi, l'empereur, c'est par le pontife que tu es baptisé, c'est de sa main que tu communies, ce sont ses prières que tu implores, sa bénédiction que tu espères, c'est à lui que tu demandes ta pénitence. En somme, toi, tu as l'administration des choses humaines, et il te fait participer, lui, aux dons de Dieu. De sorte que sa dignité est au moins égale, pour ne pas dire supérieure. (...)

Que le monde assiste à cette instance, sous le regard de Dieu et de ses anges ; oui, soyons en spectacle à tout ce siècle, en sorte que les prêtres trouvent là l'exemple d'une vie sans reproche et les empereurs, celui d'une pieuse modération. C'est en effet surtout à nos deux fonctions que ressortit l'administration du genre humain, et il ne devrait rien se trouver en elles qui pût offenser la divinité, d'autant plus que les deux dignités semblent devoir être perpétuelles et qu'ainsi l'on doit trouver des deux côtés sollicitude pour le genre humain.

Je t'en prie, ô empereur, souviens-toi que tu es un homme, de façon à pouvoir user de ce pouvoir qui t'a été concédé par Dieu ; en effet bien que cela soit advenu selon le jugement des hommes, il faut cependant que cela soit examiné selon le jugement de Dieu.

Peut-être vas-tu dire qu'il est écrit que nous devons être soumis à tout pouvoir (voir Tt 3,1). Mais pour nous, nous reconnaissons, en les mettant à leur place, les autorités humaines, tant qu'elles ne dressent pas leur volonté contre Dieu. D'ailleurs, si tout pouvoir vient de Dieu, c'est plus vrai encore de celui qui s'est vu assigner la charge des affaires divines. Respecte Dieu en nous et nous, nous respectons Dieu en toi.

           HORMISDAS : 20 juillet 514 – 6 août 523

Libellus fidei” du pape Hormisdas, envoyé à Constantinople le 11 août 515

Profession de foi contre les erreurs christologiques

363    (1) La condition première du salut est de garder la règle de la foi juste et de ne s'écarter d'aucune façon des décrets des pères. Et parce qu'il n'est pas possible de négliger la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église » Mt 16,18, ce qui a été dit est prouvé par les faits ; car la religion catholique a toujours été gardée sans tache auprès du Siège apostolique.

364    (2) Ne voulant donc nous séparer d'aucune façon de cette espérance et de cette foi, et suivant en toutes choses ce qu'ont décrété les pères, nous anathématisons tous les hérétiques, et principalement l'hérétique Nestorius qui fut jadis évêque de la ville de Constantinople, condamné au concile d'Ephèse par Célestin, le pape de la ville de Rome, et par saint (l'homme vénérable) Cyrille, l'évêque de la ville d'Alexandrie ; avec celui-ci (de même)nous anathématisons Eutychès et Dioscore d'Alexandrie, condamnés au saint synode de Chalcédoine que nous suivons et embrassons ( qui, suivant le saint concile de Nicée, a proclamé la foi apostolique)

(3) Nous y ajoutons (nous exécrons également) le criminel Timothée, surnommé Aelure, ainsi que son disciple et partisan en toutes choses Pierre d'Alexandrie ; et de même nous condamnons (également) et nous anathématisons Acace, jadis évêque de Constantinople, condamné par le Siège apostolique, leur complice et partisan, et ceux qui sont restés en communion avec eux ; car (Acace), s'étant joint à leur communion, a mérité la même sentence de condamnation. De même nous condamnons Pierre d'Antioche avec tous ceux qui l'ont suivi et les partisans de ceux qui ont été mentionnés plus haut.

365    (4) (Mais) c'est pourquoi nous recevons et approuvons toutes les lettres du bienheureux pape Léon, qu'il a écrites touchant la religion chrétienne. Comme nous le disions plus haut, suivant en toutes choses le Siège apostolique et prêchant tout ce qu'il a décrété, j'espère (donc) mériter de rentrer dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et vraie (et parfaite) la solidité de la religion chrétienne ; nous promettons (je promets) aussi que (à l'avenir) les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l'Église catholique, c'est-à-dire qui ne sont pas en accord avec le Siège apostolique, ne seront pas lus durant les saints mystères. (Mais si je tentais de dévier en quoi que ce soit de ma profession de foi, je confesse que, selon mon propre jugement, je serais un complice de ceux que j'ai condamnés.) (5) Cette profession de foi je l'ai souscrite de ma propre main, et je l'ai transmise (envoyée) à toi, Hormisdas, le saint et vénérable pape de la ville de Rome...

Lettre “Sicut ratione” à l'évêque africain Possessor, 13 août 520

Autorités en matière de doctrine de la grâce

366    (...)

(Chap. 5) Ce que l'Eglise Romaine, c'est-à-dire catholique, suit et observe s'agissant du libre arbitre et de la grâce de Dieu, on peut sans doute le trouver abondamment dans divers livres du bienheureux Augustin, en particulier (dans ceux adressés) à Hilaire et à Prosper ; mais on trouve aussi dans les archives ecclésiastiques des Chapitres relatifs à la question, que nous enverrons s'ils y manquent et que vous les considérez comme nécessaires, bien que celui qui considère avec soin les paroles de l'Apôtre connaît clairement ce qu'il doit suivre.

Inter ea quæ” à l'empereur Justin. 26 mars 521.

La Trinité divine

367    (Chap. 7) Car si la Trinité est Dieu, c'est-à-dire Père, Fils et Esprit Saint, et que Dieu cependant est un seul, en particulier puisque le Législateur dit : « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est un seul Dieu » Dt 6,4, celui qui tient une autre conception divise nécessairement la divinité en plusieurs ou en particulier impute la passion à l'essence de la Trinité elle-même ; et... cela veut dire soit, à la manière du paganisme impie, introduire plusieurs dieux, soit transférer une souffrance sensible à cette nature qui est exempte de toute souffrance.

(Chap. 8) Une est la sainte Trinité ; elle n'est pas multipliée par le nombre, elle ne croît pas par une augmentation et elle ne peut pas être comprise par l'intelligence, et ce qu'est Dieu ne peut pas être disjoint par une séparation. Qui par conséquent pourrait tenter de faire subir une division impie à ce mystère de la substance éternelle et impénétrable qu'aucune nature, même des créatures invisibles, ne peut explorer, et ramener les arcanes du mystère divin à un calcul à la manière humaine ? Adorons le Père et le Fils et l'Esprit Saint, la substance distinctement indistincte, incompréhensible et indicible de la Trinité ; et même si la raison, y admet un nombre de personnes, l'unité cependant ne l'admet pas pour l'essence ; et de même que nous gardons les propriétés de la nature divine, de même nous voulons garder aussi ce qui est propre à chacune des personnes, en sorte que l'unicité de la divinité ne soit pas déniée aux personnes, et que ce qui est propre aux noms ne soit pas non plus transféré à l'essence.

(Chap. 9) Grand et incompréhensible est le mystère de la Trinité ; Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Esprit Saint, Trinité indivise ; et cependant on sait que c'est le propre du Père d'engendrer le Fils ; que c'est le propre du Fils de Dieu qu'il soit né du Père égal au Père, et on sait aussi ce qu'est le propre de l'Esprit Saint.

L'incarnation du Verbe divin

368    (Chap. 10) Or le propre du Fils de Dieu est que... dans les derniers temps le Verbe est devenu chair et a habité parmi nous (voir Jn 1,14), les deux natures s'étant unies sans aucune confusion dans le sein de la Vierge Marie, Mère de Dieu, de telle sorte que lui, qui était avant les temps le Fils de Dieu, est devenu Fils d'homme et est né dans le temps à la manière des hommes, ouvrant, en naissant, le sein de la mère, et, en vertu de la divinité, ne blessant pas la virginité de la mère.

(Chap. 11) Il est pleinement digne de la naissance de Dieu, le mystère selon lequel celui qui a fait qu'il soit conçu sans semence, ait préservé la naissance de toute altération, en préservant ce qu'il était du Père et en montrant ce qu'il a reçu de la mère. ...

369    (Chap. 12) Le même en effet est Dieu et homme, non pas, comme le disent ceux qui ne croient pas, par l'introduction d'une quatrième personne, mais le Fils de Dieu lui-même est Dieu et homme, le même est puissance et faiblesse, humilité et majesté, qui rachète et qui a été vendu, attaché à la croix et accordant le Royaume des cieux, tel dans notre faiblesse qu'il a pu être mis à mort, tel dans sa puissance qu'il n'a pas pu être détruit par la mort.

(Chap. 13) Il a été enseveli parce qu'il a voulu naître comme homme, et parce qu'il était semblable au Père, il est ressuscité : souffrant des blessures et sauvant les souffrants, l'un parmi les morts et vivificateur des mourants, descendant aux enfers et ne quittant pas le sein du Père. C'est pourquoi aussi cette âme qu'il a laissée du fait de la condition commune, il l'a reprise bientôt en vertu de sa force singulière et de la puissance admirable.

           JEAN 1er : 13 août 523-18 mai 526

           FELIX III : 12 juillet 526-22 septembre 530

·     2e concile d'Orange, commencé le 3 juillet 529.

a) Préambule

370    Il est venu à notre connaissance que certains, dans leur simplicité, veulent parler de la grâce et du libre arbitre sans guère de précaution et d'une façon qui ne correspond pas à la règle de la foi catholique. C'est pourquoi, conformément à l'exhortation et à la volonté du Siège apostolique, il nous a paru juste et raisonnable de devoir produire et souscrire de nos mains, pour qu'ils soient observés par tous, ces quelques chapitres qui nous ont été transmis par le Siège apostolique et que les Pères anciens ont rassemblés des livres des saintes Écritures, afin d'enseigner ceux qui pensent autrement qu'on le doit...

b) Canons

      Le péché originel

371    Canon 1. Si quelqu'un dit que, par l'offense résultant de la prévarication d'Adam, l'homme n'a pas été tout entier, dans son corps et dans son âme, « changé dans un état pire », et s'il croit que le corps seul a été assujetti à la corruption cependant que la liberté de l'âme demeurait intacte, trompé par l'erreur de Pélage, il contredit l'Écriture qui dit : « l'âme qui a péché périra » Ez 18,20 et : « Ignorez-vous que si vous vous livrez à quelqu'un comme esclave, pour lui obéir, vous êtes esclave de celui à qui vous obéissez ? ». Rm 6,16 et : « On est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre » 2P 2,19.

372    Canon 2. Si quelqu'un affirme que la prévarication d'Adam n'a nui qu'à lui seul et non à sa descendance, ou s'il déclare que c'est seulement la mort corporelle, peine du péché, et non le péché, mort de l'âme, qui par un seul homme a passé dans tout le genre humain, il attribue une injustice à Dieu en contredisant l'Apôtre qui dit : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui » Rm 5,12.

La grâce.

373    Canon 3 Si quelqu'un dit que la grâce de Dieu peut être donnée à la demande de l'homme et que ce n'est pas la grâce elle-même qui nous fait demander, il contredit le prophète Isaïe ou l'Apôtre qui dit comme lui : « J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis rendu visible pour ceux qui ne m'interrogeaient pas » Rm 10,20 ; voir Is 65,1.

374    Canon 4. Si quelqu'un prétend que Dieu attend notre vouloir pour nous purifier du péché, et s'il n'admet pas que même notre volonté de purification est un effet de l'infusion et de l'opération du Saint-Esprit en nous, il résiste au Saint-Esprit lui-même qui dit par Salomon : « La volonté est préparée par le Seigneur » Pr 8,35 LXX et à l'Apôtre en sa prédication salutaire : « C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (voir Ph 2,13).

375    Canon 5. Si quelqu'un dit que l'accroissement de la foi comme aussi son commencement, et l'attrait de la croyance par lequel nous croyons en celui qui justifie l'impie et qui nous fait parvenir à la régénération du saint baptême, ne sont pas en nous un don de la grâce, c'est-à-dire par une inspiration du Saint-Esprit qui redresse notre volonté en l'amenant de l'infidélité à la foi et de l'impiété à la piété, mais qu'il nous sont naturels, il s'avère l'adversaire des dogmes apostoliques, puisque saint Paul dit : « Nous avons confiance que celui qui a commencé en vous cette belle oeuvre la mènera à son terme jusqu'au jour du Christ Jésus » Ph 1,6 et ceci : « Il vous a été donné non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui » Ph 1,29 et : « c'est par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi, et cela ne vient pas de vous : c'est le don de Dieu » Ep 2,8. Ceux qui déclarent naturelle la foi par laquelle nous croyons en Dieu en viennent à considérer, d'une certaine manière, comme fidèles tous ceux qui sont étrangers à l'Église du Christ.

376    Canon 6. Si quelqu'un dit que la miséricorde nous est donnée par Dieu lorsque, sans la grâce, nous croyons, nous voulons, nous désirons, nous faisons des efforts, nous travaillons, nous prions, nous veillons, nous étudions, nous demandons, nous cherchons, nous frappons à la porte et qu'il ne confesse pas que notre foi, notre volonté et notre capacité d'accomplir ces actes comme il le faut se font en nous par l'infusion et l'inspiration du Saint-Esprit ; s'il subordonne l'aide de la grâce à l'humilité ou à l'obéissance de l'homme et s'il n'admet pas que c'est le don de la grâce elle-même qui nous permet d'être obéissants et humbles, il résiste à l'Apôtre qui dit : « Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? » 1Co 4,7 et : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis » 1Co 15,10.

377    Canon 7. Si quelqu'un affirme qu'il peut par la seule force de la nature concevoir, comme il convient, une bonne pensée touchant le salut de la vie éternelle ou la choisir ou donner son assentiment à la prédication du salut de l'Évangile, sans l'illumination et l'inspiration du Saint-Esprit qui donne à tous son onction lorsqu'ils adhèrent et croient à la vérité, il est trompé par un esprit d'hérésie et ne comprend pas la parole que Dieu a dite dans l'Évangile : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5, ni ce mot de l'Apôtre : « Ce n'est pas que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous, mais c'est de Dieu que vient toute notre capacité » 2Co 3,5.

378    Canon 8. Si quelqu'un prétend que certains peuvent arriver à la grâce du baptême par la miséricorde, d'autres par le libre arbitre, dont il est clair qu'il est vicié en tous ceux qui sont nés de la prévarication du premier homme, il démontre qu'il est étranger à la vraie foi. Il affirme en effet que ce libre arbitre n'a pas été affaibli en tous par le péché du premier homme, ou au moins il croit qu'il a été lésé seulement, de telle sorte que néanmoins certains hommes peuvent encore d'eux-mêmes, sans révélation divine, conquérir le mystère du salut éternel. Combien cette doctrine est contraire, le Seigneur le montre, qui atteste que ce ne sont pas certains mais personne qui peut venir à lui « si le Père ne l'a attiré » (Voir Jn 6,44), comme il dit aussi à Pierre : « Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce ne sont pas la chair et le sang qui te l'ont révélé mais mon Père qui est dans les cieux » Mt 16,17 ; l'Apôtre dit aussi : « Personne ne peut dire : “Jésus est Seigneur”, si ce n'est dans l'Esprit Saint ». 1Co 12,3.

379    Canon  9. « L'aide de Dieu. C'est par un don de Dieu que nous avons de bonnes pensées, et que nous préservons nos pas du mensonge et de l'injustice ; chaque fois en effet que nous faisons le bien, Dieu opère en nous et avec nous pour que nous opérions ».

380    Canon 10. L'aide de Dieu. Les régénérés et les saints doivent eux aussi toujours implorer l'aide de Dieu pour parvenir à la fin bonne ou pour pouvoir persévérer dans le bien.

381    Canon 11. « Le caractère d'obligation des voeux. Personne ne consacrerait dignement à Dieu quoi que ce soit, s'il n'avait reçu de lui ce qu'il consacre » comme il est écrit : « Et ce que nous avons reçu de ta main, nous te le donnons » 1Ch 29,14.

382    Canon 12. « Comment Dieu nous aime. Dieu nous aime tels que nous serons par son don, non tels que nous sommes par notre mérite ».

383    Canon 13. Le rétablissement du libre arbitre. Le libre arbitre blessé dans le premier homme ne peut être rétabli que par la grâce du baptême ; « ce qui a été perdu, celui-là seul peut le rendre qui a pu le donner. Aussi la Vérité elle-même dit : “Quand le Fils vous aura délivrés, alors vous serez vraiment libres” » Jn 8,36.

384    Canon 14. « Nul misérable ne peut être affranchi de sa misère, si grande qu'elle soit, s'il n'est prévenu par la miséricorde de Dieu », comme le dit le Psalmiste : « Que ta miséricorde vienne vite au-devant de moi, Seigneur » Ps 78,8 et encore : « Mon Dieu, sa miséricorde viendra au-devant de moi » Ps 58,11.

385    Canon 15. « Par rapport à l'état dans lequel Dieu l'avait formé, Adam a été changé mais en pire, par son iniquité. Par rapport à l'état dans lequel l'iniquité l'a fait, le fidèle est changé, mais en mieux, par la grâce de Dieu. Le premier changement est dû au premier pécheur, le second “changement” selon le Psalmiste, “est dû à la droite du Très-Haut” » (voir Ps 77,11).

386    Canon 16. « Nul ne doit se glorifier de ce qu'il possède comme s'il ne l'avait pas reçu d'un autre, ou croire l'avoir reçu simplement parce qu'une lettre est apparue de l'extérieur pour être lue, ou a résonné pour être entendue. Car comme le dit l'Apôtre : “Si la justice vient de la loi, alors le Christ est mort en vain” Ga 2,21 : “montant en haut il a emmené captive la captivité, il a donné ses dons aux hommes” (voir Ep 4,8 ; Ps 68,19. Tout ce qu'on possède, on le tient de là ; quiconque nie l'avoir reçu de là ne le possède pas vraiment ou se verra enlever ce qu'il possède » Mt 25,29.

387    Canon 17. « La force chrétienne. La force des païens est produite par la cupidité terrestre mais la force des chrétiens l'est par la grâce de Dieu » « répandue dans nos cœurs », non par la volonté du libre arbitre qui vient de nous, mais « par l'Esprit Saint qui nous a été donné »Rm 5,5 .

388    Canon 18. « On ne peut prévenir la grâce par aucun mérite. Aux bonnes oeuvres, s'il en est, la récompense est due ; mais la grâce, qui n'est pas due, précède pour qu'elles soient ».

389    Canon 19. « Nul ne peut être sauvé si Dieu ne fait pas miséricorde. Même si la nature humaine était demeurée dans l'intégrité dans laquelle elle a été créée, elle n'aurait pas pu la conserver elle-même sans le secours de son créateur ; si donc elle ne peut garder, sans la grâce de Dieu, le salut qu'elle a reçu, comment pourrait-elle, sans la grâce de Dieu, réparer ce qu'elle a perdu ? »

390    Canon 20. « L'homme ne peut rien de bon sans Dieu. Dieu fait dans l'homme beaucoup de choses bonnes que l'homme ne fait pas ; mais l'homme ne fait aucune chose bonne que Dieu ne lui ait donné de faire ».

391    Canon 21. « Nature et grâce. De même qu'à ceux qui, voulant être justifiés par la Loi, tombèrent hors de la grâce, l'Apôtre dit avec raison : “Si la justice vient de la Loi, alors le Christ est mort en vain” Ga 2,21, de même on dit avec raison à ceux qui pensent que la grâce, que la foi au Christ recommande et reçoit, est la nature : si la justice vient de la nature, “alors le Christ est mort en vain”. La Loi en effet était déjà là et ne justifiait pas, et la nature aussi était là et ne justifiait pas. C'est pourquoi le Christ n'est pas mort en vain, afin que la Loi fût accomplie par celui qui a dit : “Je ne suis pas venu détruire la Loi, mais l'accomplir” Mt 5,17, et afin que la nature perdue par Adam fût réparée par celui qui a dit être venu “pour chercher et sauver ce qui était perdu” » Lc 19,10.

392    Canon 22. « Ce qui est propre à l'homme. Nul n'a en propre que le mensonge et le péché. Mais si quelqu'un possède un tant soi peu de vérité et de justice, il le tient de cette source divine vers laquelle, égarés dans le désert d'ici-bas, nous devons soupirer pour que, humectés en quelque sorte par elle de quelques gouttes, nous ne défaillions pas en chemin ».

393    Canon 23. « La volonté de Dieu et de l'homme. C'est leur volonté que font les hommes, non celle de Dieu, lorsqu'ils font ce qui déplaît à Dieu ; mais lorsqu'ils font ce qu'ils veulent, pour servir la volonté divine, même si c'est en voulant qu'ils font ce qu'ils font, c'est cependant la volonté de celui qui prépare et ordonne ce qu'ils veulent »

394    Canon 24. « Les sarments de la vigne. Les sarments sont dans la vigne sans rien donner à la vigne, mais en recevant d'elle ce qui les fait vivre : car la vigne est dans les sarments en sorte qu'elle leur fournit l'aliment nécessaire à leur vie et qu'elle ne reçoit rien d'eux. Et c'est pourquoi l'un et l'autre : avoir le Christ qui demeure en soi et demeurer dans le Christ, sont utiles aux disciples, non au Christ. Car lorsqu'un sarment a été coupé, un autre peut surgir de la racine vivante ; mais celui qui a été coupé ne peut pas vivre sans la racine » (voir Jn 15,5-8).

395    Canon 25. « L'amour dont nous aimons Dieu. Aimer Dieu est entièrement un don de Dieu. Lui qui aime sans être aimé, a donné de l'aimer. Sans plaire nous avons été aimés afin qu'advienne en nous de quoi plaire. Car il a répandu dans nos cœurs la charité, l'Esprit Rm 5,5 du Père et du Fils, Esprit que nous aimons en même temps que le Père et le Fils ».

c) Conclusion de Césaire d'Arles.

Grâce, coopération de l'homme et prédestination

396    Ainsi, selon les sentences de la sainte Écriture alléguées plus haut et les définitions des anciens Pères, nous devons avec l'aide de Dieu, prêcher et croire que le péché du premier homme a tellement dévié et affaibli le libre arbitre que personne, depuis, ne peut aimer Dieu comme il faut ni croire ni faire le bien pour Dieu si la grâce de la miséricorde divine ne l'a prévenu. C'est pourquoi nous croyons qu'Abel le juste et Noé et Abraham et Isaac et Jacob et toute la multitude des saints d'autrefois, n'ont pas reçu cette admirable foi, dont saint Paul les loue dans sa prédication He 11,1 (et ss), par la bonté de la nature donnée primitivement à Adam, mais par la grâce de Dieu.

Cette grâce, nous savons et nous croyons que pour tous ceux qui désirent être baptisés, même après la venue du Seigneur, elle ne se trouve pas dans le libre arbitre, mais qu'elle est conférée par la libéralité du Christ, selon la parole, déjà souvent répétée, que saint Paul prêche : « Il vous a été donné non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui », Ph 1,29, et ceci : « Dieu qui a commencé en vous cette belle œuvre la mènera à son terme jusqu'au jour de notre Seigneur » Ph 1,6, et ceci : « C'est par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi, et cela ne vient pas de vous ; c'est le don de Dieu » Ep 2,8, et ce que l'Apôtre dit de lui-même : « Il m'a été fait miséricorde, pour que je sois fidèle » 1Co 7,25 ; 1Co 1 ; 1Co 1,13 ; il ne dit pas : « parce que j'étais », mais « pour que je sois ». Et ce texte : « Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? » 1Co 1 ; 1Co 4,7, et celui-ci : « Tout don de valeur et tout cadeau parfait descend du Père des lumières » Jc 1,17, et ceci : « Personne n'a rien qui ne lui ait été donné d'en haut » Jn 3,27. Innombrables sont les témoignages des saintes Écritures, qu'on pourrait citer pour prouver la grâce. Le souci de la brièveté les a fait omettre ; à vrai dire, beaucoup de textes ne seront pas utiles à qui un petit nombre ne suffit pas.

397    Nous croyons aussi, selon la foi catholique, qu'après avoir reçu la grâce par le baptême tous les baptisés peuvent et doivent accomplir, avec l'aide et la coopération du Christ, tout ce qui concerne le salut de leur âme, s'ils veulent fidèlement y travailler. Non seulement nous ne croyons pas que certains hommes soient prédestinés au mal par la puissance divine, mais s'il était des gens qui veuillent croire une telle horreur, nous leur disons avec toute notre réprobation : anathème !

Nous confessons et nous croyons aussi pour notre salut que, dans toute bonne oeuvre, ce n'est pas nous qui commençons et qui sommes ensuite aidés par la miséricorde de Dieu, mais que c'est lui, sans aucun bon mérite préalable de notre part, qui d'abord nous inspire et la foi et l'amour, pour que nous recherchions fidèlement le sacrement du baptême et qu'après le baptême nous puissions accomplir avec son aide ce qui lui plaît. C'est pourquoi nous devons croire très nettement que la foi si admirable du larron appelé par le Seigneur à la patrie du paradis Lc 23,43, celle du centurion Corneille à qui l'ange du Seigneur fut envoyé Ac 10,3 et celle de Zachée qui mérita de recevoir le Seigneur en personne Lc 9,6, ne fut pas un don de la nature, mais un don de la libéralité de la grâce divine.

           BONIFACE II : 22 septembre 530 – 17 octobre 532

Lettre “Per filium nostrum” à l'évêque Césaire d'Arles, 25 janvier 531

Confirmation du 2 concile d'Orange

398    (Chap. 1) (...) Nous n'avons pas tardé à donner une réponse catholique à la requête que tu as composée avec un souci louable de la foi. Tu rapportes en effet que certains évêques des Gaules acquiescent certes au fait que tous les autres biens proviennent de la grâce de Dieu, mais qu'ils entendent que la foi par laquelle nous croyons au Christ relève de la nature et non pas de la grâce ; et — chose qu'il est impie de dire — elle serait restée pour les hommes depuis Adam au pouvoir du libre arbitre, et même maintenant, elle ne serait pas conférée à chacun par la libéralité de la miséricorde divine ; tu demandes que, pour écarter toute ambiguïté, nous confirmions par l'autorité du Siège apostolique cette profession de foi par laquelle, au contraire, vous définissez que la juste foi dans le Christ et le commencement de toute volonté bonne sont inspirés, selon la vérité catholique, aux sens de chacun par la grâce prévenante de Dieu.

399    (Chap. 2). Et parce qu'il est avéré que de nombreux pères, et avant tous les autres l'évêque Augustin de bienheureuse mémoire, mais également nos prédécesseurs, évêques du Siège apostolique, en ont traité si amplement que désormais il ne devrait faire de doute pour personne que la foi elle-même aussi nous vient de la grâce, nous avons pensé pouvoir renoncer à une réponse développée ; d'autant que selon les propos de l'Apôtre que tu as cités et dan lesquels il dit : « J'ai obtenu la miséricorde d'être croyant » 1Co 7,25, et ailleurs : « Il vous a été donné, à propos du Christ, non seulement de croire, mais également de souffrir pour lui » Ph 1,29, il apparaît avec évidence que la foi par laquelle nous croyons en Christ, tout comme tous les biens, sont accordés à chaque homme en raison du don de la grâce d'en haut et non en raison du pouvoir de la nature humaine.

Et cela nous nous réjouissons de ce que ta Fraternité également, en tenant colloque avec certains prêtres des Gaules, l'ait pensé conformément à la foi catholique : à savoir au sujet de ces points pour lesquels ils ont défini d'un consentement unanime, ainsi que tu l'as rapporté, que la foi avec laquelle nous croyons en Christ est conférée par la grâce prévenante de la divinité ; ajoutant même que selon Dieu il n'y a absolument rien de bon que quelqu'un pourrait vouloir, ou commencer, ou faire, ou mener à son terme sans la grâce de Dieu, puisque notre Sauveur dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5. Car il est certain et catholique que pour tous les biens, dont le plus éminent est la foi, même lorsque nous ne voulons pas encore, la miséricorde de Dieu nous prévient pour que nous voulions, elle est en nous lorsque nous voulons, et même suit pour que nous demeurions dans la foi, comme le dit le prophète David : « Mon Dieu, sa miséricorde me devancera » Ps 59,11 ; et encore : « Ma miséricorde est avec lui » Ps 89,25 ; et ailleurs : « Sa miséricorde me suit » Ps 23,6. De même le bienheureux Paul dit aussi : « Qui lui a donné le premier, pour qu'il lui soit donné en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et en lui » Rm 11,35 (et ss.).

400    C'est pourquoi nous nous étonnons beaucoup de ce que ceux qui pensent à l'opposé sont accablés jusqu'à aujourd'hui encore par les restes de l'ancienne erreur, en sorte qu'ils croient qu'on vient au Christ non pas par le bienfait de Dieu, mais par celui de la nature ; et ils disent que le bien de la nature elle-même qui, on le sait, a été corrompu par le péché d'Adam, est davantage l'auteur de notre foi que le Christ ; et ils ne comprennent pas qu'ils contredisent la parole du Seigneur qui dit : « Personne ne vient à moi, à moins que cela lui ait été donné par mon Père » Jn 6,44 ; mais qu'ils s'opposent également au bienheureux Paul qui s'écrie à l'adresse des Hébreux : « Courons vers le combat qui nous est proposé, en considérant celui qui est l'auteur et le consommateur de la foi, Jésus Christ, He 12,1 (et ss). Puisqu'il en est ainsi, nous ne pouvons pas trouver ce qu'ils veulent attribuer à la volonté humaine, sans la grâce de Dieu, pour la foi au Christ, puisque le Christ est l'auteur et le consommateur de la foi. — (Chap. 3) C'est pourquoi... nous approuvons votre profession de foi écrite plus haut comme s'accordant avec les règles catholiques des pères.

           JEAN II : 2 Janvier 533 – 8 mai 535

Lettre “Olim quidem” aux sénateurs de Constantinople, mars 534

Communication des idiomes

401    (L'empereur Justinien) a fait savoir que des controverses avaient surgi à propos des trois questions suivantes : (I) Si le Christ notre Dieu peut être dit « un de la Trinité », c'est-à-dire une personne sainte des trois personnes de la sainte Trinité. (II) Si le Christ Dieu, impassible selon la divinité, a souffert dans la chair. (III) Si Marie, toujours vierge, doit être appelée proprement et véritablement Mère de notre Seigneur et Dieu le Christ...

(L'expression « un de la Trinité a souffert »). Que le Christ est vraiment un de la sainte Trinité, c'est-à-dire une sainte personne ou substance, que les Grecs appellent hypostase, des trois personnes de la sainte Trinité, nous les montrons clairement par ces témoignages (sont cités entre autres Gn 3,22 ; 1Co 8,6 la profession de foi de Nicée  Canon 125-126.

(Le Christ, « Dieu qui a souffert dans la chair »). Mais que Dieu a souffert dans la chair, nous voulons malgré tout le confirmer par ces témoignages Dt 28,66 ; Jn 14,6 ; Ml 3,8 ; Ac 3,15 ; Ac 20,28 ; 1Co 2,8 Cyrille d'Alexandrie, anathème 12 Canon 263 ; Léon 1er, Tome à Flavien Canon 290-295 ; entre autres).

(Le titre « Mère de Dieu »). Nous enseignons qu'il est juste que Marie, glorieuse, sainte et toujours vierge, soit appelée par les catholiques, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu et Mère de Dieu le Verbe incarné en elle. Car, en un sens propre et véritable, c'est le même, incarné en ces derniers temps, qui a daigné naître de la sainte et glorieuse Vierge sa mère. C'est pourquoi, le Fils de Dieu s'étant, en un sens propre et véritable, incarné en elle et étant né d'elle, nous confessons qu'en un sens propre et véritable elle est la Mère de Dieu qui s'est incarné et qui est né d'elle. En un sens propre, pour qu'on ne croie pas que le Seigneur Jésus ait reçu le nom de Dieu comme un titre d'honneur ou de faveur, comme l'a pensé Nestorius en sa sottise. En un sens véritable, pour qu'on ne croie pas qu'il ait pris une chair imaginaire ou irréelle en quelque façon, comme l'a affirmé Eutychès en son impiété.

402    (Résumé de la christologie) Par là est donc montré clairement ce qu'attendait l'empereur, ce à quoi est attachée l'Église romaine et qu'elle tient en honneur, à savoir que le Christ notre Seigneur, comme nous l'avons souvent dit, est l'un de la sainte Trinité, qu'il doit être reconnu comme de deux natures, c'est-à-dire complet dans la divinité et dans l'humanité, la chair n'ayant pas existé auparavant pour s'unir ensuite au Verbe, mais recevant en Dieu Verbe lui-même le commencement qui la fait exister. Pour la raison en effet que la chair du Verbe a pris son commencement du corps de la mère, les propriétés et la vérité de chacune des natures, à savoir de la divinité et de l'humanité, étant sauves (voir 293), nous confessons de façon catholique Fils de Dieu notre Seigneur Jésus Christ, tout changement et toute confusion ultérieurs étant écartés. Car nous ne reconnaissons les natures en lui qu'en considérant et en confessant les différences de la divinité et de l'humanité. Mais par le fait que nous parlons de deux natures nous ne reconnaissons pas deux personnes dans le Christ, de telle façon que nous semblions opérer une division de l'union et qu'il y ait — loin de nous une telle pensée ! — une quaternité et non une trinité, comme le pense Nestorius dans sa folie ; et nous ne confondons pas non plus ces natures unies lorsque nous confessons l'unique personne du Christ, comme le pense Eutychès dans son impiété. Mais tout comme l'Église romaine a reçu et vénéré jusqu'ici le Tomus du pape Léon et toutes ses lettres, ainsi que les quatre conciles de Nicée, de Constantinople, le premier d'Ephèse et celui de Chalcédoine, nous les suivons, nous les embrassons et nous les observons.

           AGAPET Ier : 13mai 535 – 22avril 536

           SILVERE : 1er juin 536 – 11 novembre 537

           VIGILE : 11 novembre 537 – 7 juin 555

          A l'instigation de l'impératrice Théodora le pape Silvère fut déposé, et le 29 mars Vigile fut déclaré son successeur. Ce n'est qu'après que Silvère eut démissionné le 11 novembre que Vigile fut légitime.

Édit de l'empereur Justinien au patriarche Menas de Constantinople, publié au concile de Constantinople de 543.

Anathématismes contre Origène

403    1. Si quelqu'un dit ou pense que les âmes des hommes préexistent, en ce sens qu'elles étaient auparavant des esprits et de saintes puissances qui, lassées de la contemplation de Dieu, se seraient tournés vers un état inférieur ; que, pour ce motif, s'étant refroidies (   ) dans leur amour de Dieu et dès lors ayant été appelées âmes (   ), elles auraient été envoyées dans des corps pour leur châtiment, qu'il soit anathème.

404    2. Si quelqu'un dit ou tient que l'âme du Seigneur a d'abord existé et qu'elle a été unie au Dieu Verbe avant de s'incarner et de naître de la Vierge, qu'il soit anathème.

405    3. Si quelqu'un dit ou tient que le corps de notre Seigneur Jésus Christ a d'abord été formé dans le sein de la sainte Vierge et qu'ensuite Dieu le Verbe et l'âme, déjà existante, lui ont été unie, qu'il soit anathème.

406    4. Si quelqu'un dit ou tient que le Verbe de Dieu est devenu semblable à tous les ordres célestes, en devenant un chérubin pour les chérubins et un séraphin pour les séraphins, en devenant semblable à toute les puissances d'en haut, qu'il soit anathème.

407    5. Si quelqu'un dit ou tient que lors de la résurrection, les corps des humains ressusciteront en forme de sphère, et ne confesse pas que nous ressuscitons debout, qu'il soit anathème.

408    6. Si quelqu'un dit ou tient que le ciel, le soleil, la lune, les étoiles et les eaux qui sont au-dessus des cieux sont des forces animées et raisonnables (matérielles), qu'il soit anathème.

409    7. Si quelqu'un dit ou tient que le Christ Seigneur sera dans le siècle à venir crucifié pour les démons, comme pour les hommes, qu'il soit anathème.

410    8. Si quelqu'un dit ou tient que la puissance de Dieu est limitée, ou qu'il a créé autant qu'il pouvait étreindre et penser, ou que les créatures sont coéternelles à Dieu, qu'il soit anathème.

411    9. Si quelqu'un dit ou pense que le châtiment des démons et des impies est temporaire, et qu'il prendra fin après un certain temps, ou bien qu'il y aura restauration des démons et des impies, qu'il soit anathème.

Lettre “Dum in sanctæ” à l'ensemble du peuple de Dieu, 5 février 552.

          Le pape qui s'était enfui à Chalcédoine pour échapper à l'empereur, s'oppose par ces lettres aux menées monophysites de l'empereur.

Profession de foi du pape Vigile

412    Que tous sachent par conséquent que nous prêchons, tenons et proclamons cette foi qui a été transmise par les apôtres et gardée inviolée par leurs successeurs, que le vénérable synode des 318 pères de Nicée a reçu avec la lumière du Saint-Esprit et à laquelle il a donné la forme d'un symbole, et qu'ont publiée ensuite les trois autres saints synodes, à savoir ceux de Constantinople... d'Ephèse... de Chalcédoine.

413    C'est ainsi que notre Seigneur, contre la sauvagerie des erreurs de cette sorte, a équipé du haut du ciel le ministère pastoral qu'il a confié au bienheureux apôtre Pierre par une triple injonction en disant : « Pais mes agneaux » Jn 5. Et c'est à juste titre que le soin de les paître a été confié à celui dont la profession de foi excellente a été louée par la bouche du Seigneur. ... dans la brièveté admirable d'une question et d'une réponse il a confessé qu'un seul et même (Christ) est Fils d'homme et Fils de Dieu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Mt 16,16, exprimant par là le mystère de la très sainte Incarnation, puisque dans l'unité de la personne et en gardant la propriété des deux natures il était à la fois homme et Dieu, et qu'il demeurait ce qu'il a pris dans le temps de sa mère toujours vierge et ce qu'il est avant les siècles en étant né du Père.

Mais en s'unissant la chair, sans confusion, sans division, sans changement et substantiellement, Dieu Verbe, notre Emmanuel qui était attendu grâce à l'annonce de la Loi et des prophètes, est venu. « Le Verbe s'est donc fait chair et il a habité parmi nous », Jn 1,14, tout entier dans ce qui est sien, tout entier dans ce qui est nôtre, prenant du sein maternel une chair avec une âme rationnelle et intellectuelle...

Il a pris un commencement dans l'humanité pour faire de nous les cohéritiers de son éternité ; il a daigné partager le sort de notre nature pour nous faire participer à son immortalité ; il est devenu pauvre bien qu'il fût riche pour que nous soyons enrichis par sa pauvreté (voir 2Co 8,9) ; il a annulé le document accusateur de nos forfaits et a pardonné tout ce qui est nôtre (voir Col 2,13  s)..., faisant en sorte... que le « médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ » 1Tm 2,5 libère de la malédiction dans laquelle le premier homme, terrestre, était tenu captif des liens de la mort, en étant le deuxième homme, céleste 1Co 15,47 qui écrase la mort par la mort.

414    Le Fils de Dieu a souffert pour nous, a été crucifié dans la chair, est mort dans la chair et est ressuscité le troisième jour afin que, puisque la nature divine impassible demeurait et que la vérité de notre chair était maintenue, nous professions aussi bien les souffrances que les miracles de l'unique et même Seigneur, notre Dieu Jésus Christ, afin que en considérant la glorification de notre Tête, ce que le corps de toute l'Église a discerné en prémices d'entre les morts dans notre Tête, à savoir dans le Christ Dieu et Seigneur, il l'attende aussi en ceux qui sont ses membres pour la venue de la gloire future. Notre rédempteur lui-même par conséquent siège à la droite du Père, un seul et même sans confusion des deux natures, sans division de la personne, et demeurant, nous le croyons, de deux natures et en deux natures, et de là il viendra juger les vivants et les morts.

415    Mais le Père est avec ce même Fils unique engendré et avec l'Esprit Saint un seul dans la divinité et d'une nature égale et sans distinction. La plénitude de cette foi, notre Seigneur l'a commandée aux apôtres après la résurrection en disant : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » Mt 28,19 Il dit « au nom », il n'a pas dit « aux noms », afin que en ceux en qui il y a une unique force, une unique puissance, une unique divinité, une unique éternité, une unique gloire unique toute-puissance, une unique béatitude, une unique opération et une unique nature, demeure aussi l'intégrité d'un unique nom. Car rien dans la divinité n'est différent, puisque seule la propriété manifeste des personnes est désignée par la distinction. Tout donc qu'est la Trinité demeure une divinité consubstantielle et sans différence.

Constitution (1), “Inter innumeras sollicitudines” sur les “Trois Chapitres”, à l'empereur Justinien, 14 mai 553.

Condamnation des erreurs du Nestorianisme concernant l'humanité du Christ

416    1. Si quelqu'un, l'inconvertibilité de la nature divine étant sauve, ne confesse pas que le Verbe s'est fait chair et que, dès sa conception même dans le sein de la Vierge, il s'est uni selon l'hypostase les principes de la nature humaine, mais dit que Dieu le Verbe était comme avec un homme déjà existant, si bien qu'ainsi on ne croira pas que la sainte Vierge est vraiment Mère de Dieu, mais que cette appellation n'est que verbale, qu'il soit anathème.

417    2. Si quelqu'un nie que l'unité des natures dans le Christ est faite selon l'hypostase, mais dit au contraire que Dieu le Verbe habite dans un homme ayant une existence séparée comme dans un des justes, et dès lors ne confesse pas l'unité des natures selon l'hypostase, en sorte que Dieu le Verbe est demeuré et demeure, avec la chair qu'il a assumée, une seule hypostase ou personne, qu'il soit anathème.

418    3. Si quelqu'un, dans l'unique Christ, divise les paroles de l'Évangile et des apôtres, en sorte qu'il introduit ainsi une division des natures qui sont unies en lui, qu'il soit anathème.

419    4. Si quelqu'un dit que l'unique Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et vrai Fils d'homme, était dans l'ignorance de l'avenir ou du jour du jugement dernier, et qu'il n'a pu savoir que ce que la divinité habitant en lui comme dans quelqu'un d'autre lui révélait, qu'il soit anathème.

420    5. Si quelqu'un, à propos du passage de l'Apôtre dans l'épître aux Hébreux He 5,7 s, où il est dit que le Christ a connu par expérience ce qu'était obéir, et présenté, dans un grand cri et des larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, attribue ce passage au Christ comme dépouillé de sa divinité, devenu parfait par les efforts de la vertu, de sorte qu'il semble introduire ainsi deux Christs ou deux Fils ; et s'il ne croit pas qu'il faut confesser et adorer un seul et même Christ, Fils de Dieu et Fils d'homme, de deux natures et en deux natures inséparables et indivisées, qu'il soit anathème.

·     4e concile de Tolède, commencé le 5 décembre 633 : chapitres.

Profession de foi trinitaire et christologique.

485    (Chap. 1) Conformément aux Écritures divines et à la doctrine que nous avons reçues des saints Pères, nous confessons que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont d'une unique divinité et substance ; croyant en la trinité dans la diversité des personnes et prêchant l'unité dans la divinité, nous ne confondons pas les personnes et nous ne séparons pas non plus la substance. Nous disons que le Père n'a été engendré par personne, nous affirmons que le Fils n'a pas été fait par le Père, mais engendré ; de l'Esprit Saint nous confessons qu'il n'a été ni fait ni engendré, mais qu'il procède du Père et du Fils ; notre Seigneur Jésus Christ lui-même, le Fils de Dieu et créateur de tout, a été engendré avant les siècles de la substance du Père, dans les derniers temps, pour la Rédemption du monde, il est descendu du Père, lui qui n'a jamais cessé d'être avec le Père ; il s'est incarné en effet de l'Esprit Saint et de la sainte et glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, et seul il est né d'elle ; le même Seigneur Jésus Christ, l'un de la sainte Trinité, a pris l'homme complet dans son âme et sa chair, sans péché, restant ce qu'il était, assumant ce qu'il n'était pas, égal au Père selon la divinité, moindre que le Père selon l'humanité, ayant en une unique personne les propriétés des deux natures ; il y avait en effet en lui deux natures, Dieu et homme : non pas deux fils et deux dieux, mais le même était une seule personne dans les deux natures ; il a enduré la Passion et la mort pour notre salut, non pas dans la force de la divinité, mais dans la faiblesse de l'humanité ; il est descendu aux enfers pour délivrer les saints qui y étaient retenus, et ayant vaincu le pouvoir de la mort, il est ressuscité ; monté ensuite aux cieux, il viendra dans l'avenir pour juger les vivants et les morts ; purifiés par sa mort et par son sang, nous avons obtenu la rémission des péchés, pour être ressuscités par lui au dernier jour dans la chair dans laquelle nous vivons maintenant, et dans la forme dans laquelle le Seigneur est ressuscité ; les uns recevront de lui la vie éternelle pour les mérites de la justice, les autres la condamnation à la peine éternelle pour leurs péchés. Telle est la foi de l'Église catholique, cette profession de foi nous la gardons et la tenons, et quiconque la gardera très fermement aura le salut éternel.

L'Apocalypse de Jean, Livre des saintes Écritures.

486    (Chap. 17) L'autorité de nombreux conciles et les décrets synodiques des saints évêques romains attribuent le livre de l'Apocalypse à l'évangéliste Jean, et ont commandé qu'il soit reçu parmi les livres divins. Et parce qu'il en est beaucoup qui ne reçoivent pas son autorité et qui négligent de l'annoncer dans l'Église de Dieu, si quelqu'un désormais soit ne le reçoit pas, soit ne l'annonce pas dans l'Église durant les messes de Pâques à Pentecôte, il sera excommunié.

Lettre “Scripta fraternitatis” au patriarche Serge de Constantinople, 634

Les deux volontés et opérations dans le Christ.

487    Sous la conduite de Dieu nous parviendrons à la mesure de la juste foi que les apôtres de la vérité ont répandue par la règle des saintes Écritures : confessant que le Seigneur Jésus Christ, médiateur de Dieu et des hommes 1Tm 2,5, a opéré ce qui est divin moyennant l'humanité unie au Verbe de Dieu selon la nature (grec : selon l'hypostase) et que le même a opéré ce qui est humain par la chair assumée de façon ineffable et unique et remplie par la divinité de façon distincte (grec : sans distinction), sans confusion et sans changement... en sorte que manifestement, avec un très grand étonnement de l'esprit, on reconnaît que (la chair capable de souffrance) s'unit (à la divinité), tandis que les différences des deux natures demeurent de façon admirable...

C'est pourquoi nous confessons, également une seule volonté de notre Seigneur Jésus Christ, parce que de fait notre nature, non pas la faute, a été assumée par la divinité : à savoir cette nature qui a été créée avant le péché, et non celle qui a été viciée après la transgression. Le Christ en effet... conçu de l'Esprit Saint sans péché, est né de même sans péché de la Vierge sainte et immaculée, Mère de Dieu, sans avoir connu aucun contact avec la nature viciée... Car il n'y avait pas dans ses membres d'autre loi, ni une volonté différente et contraire au Sauveur, puisqu'il est né sans être soumis à la loi de l'humaine condition...

Que le Seigneur Jésus Christ, Fils et Verbe de Dieu « par qui tout a été fait » Jn 1,3 soit lui-même l'unique opérateur de la divinité et de l'humanité, les saintes Écritures dans leur entier le démontrent clairement. Quant à savoir si en raison des oeuvres de la divinité et de l'humanité il faut dire ou concevoir une seule ou deux opérations dérivées, cela ne doit pas nous importer ; nous laissons cela aux grammairiens qui ont coutume de vendre aux petits enfants des termes acquis par dérivation. Quant à nous, nous n'avons pas appris des Écritures que le Seigneur Jésus Christ et son Esprit Saint a une seule ou deux opérations, mais nous avons reconnu qu'il a opéré de façon multiforme.

Lettre “Scripta dilectissimi filii” à Serge de Constantinople.

Les deux opérations du Christ.

488    En ce qui concerne la doctrine de l'Église et ce que nous devons tenir et enseigner, à cause de la simplicité des hommes et pour mettre fin aux obscurités inextricables des controverses..., nous devons non pas définir une seule ou deux opérations dans le médiateur de Dieu et des hommes, mais confesser que les deux natures, unies d'une unité de nature dans l'unique Christ, opèrent et agissent chacune en lien avec l'autre, c'est-à-dire que la divine opère ce qui est de Dieu, et l'humaine accomplit ce qui est de la chair : enseignant que, sans division et sans confusion ni changement, la nature de Dieu s'est changée en l'homme, et la nature humaine en Dieu, mais confessant que les différences des natures demeurent intactes.

Voulant donc... écarter le scandale de l'invention nouvelle nous ne devons pas définir et prêcher une seule ou deux opérations, mais au lieu de l'unique opération qu'affirment certains, nous devons confesser en vérité l'unique Christ Seigneur qui opère dans les deux natures ; et au lieu des deux opérations, écartant le terme de double opération, il faut proclamer bien plutôt avec nous que les deux natures elles-mêmes, c'est-à-dire celle de la divinité et celle de la chair assumée, opèrent ce qui leur est propre dans la personne unique du Fils unique de Dieu Père, sans confusion, ni division, et sans changement.

·     6e Concile de Tolède, commencé le 9 janvier 638.

La Trinité et le Fils de Dieu, le Sauveur fait chair.

490    Nous croyons et confessons la Trinité très sainte et toute-puissante, le Père et le Fils et l'Esprit Saint, un seul Dieu non solitaire, d'une seule essence, force, puissance, majesté, et d'une unique nature, inséparablement distincte dans les personnes, indistincte quant à l'essence dans la substance de la divinité, créatrice de toutes les créatures ; le Père, non engendré, incréé, est la source et l'origine de toute la divinité ; le Fils a été engendré, non créé, par le Père intemporellement avant toute créature sans commencement ; car le Père n'a jamais existé sans le Fils, ni le Fils sans le Père, cependant le Fils est Dieu à partir de Dieu Père, et le Père n'est pas Dieu à partir de Dieu Fils, le Père du Fils n'est pas Dieu à partir du Fils ; mais celui-ci est le Fils du Père et Dieu à partir du Père, égal en tout au Père, vrai Dieu de vrai Dieu ; l'Esprit Saint cependant n'est ni engendré ni créé, mais l'Esprit des deux qui procède du Père et du Fils ; et par là ils sont un par la substance, parce qu'un seul procède des deux. Mais dans cette Trinité il est une telle unité de substance qu'elle est dénuée de pluralité et qu'elle conserve l'égalité, et qu'elle n'est pas moindre en chacune des personnes qu'en toutes, ni plus grande en toutes qu'en chacune.

491    De ces trois personnes de la divinité, nous le confessons, seul le Fils, pour la Rédemption du genre humain, afin de supprimer les dettes du péché que nous avons contractées au commencement par la désobéissance d'Adam, est sorti du secret et du mystère du Père, et a assumé de Marie, la sainte toujours Vierge, l'homme sans péché, en sorte que le même Fils de Dieu Père est aussi Fils d'homme, Dieu parfait et homme parfait, en sorte que l'unique Christ est homme et Dieu en deux natures, un seul dans la personne, afin qu'à la Trinité ne vienne pas s'ajouter une quaternité si dans le Christ la personne était dédoublée. Il est donc inséparablement distinct du Père et de l'Esprit Saint par la personne, mais de l'homme assumé, il l'est par la nature, et notre Seigneur Jésus Christ est, comme nous l'avons dit, un seul de deux natures et dans une seule personne, égal au Père dans la forme de la divinité, moindre que le Père dans la forme d'esclave ; c'est à partir de là qu'il faut comprendre sa parole dans le Psaume Ps 22,11 : « Du sein de ma mère tu es mon Dieu ». Lui seul par conséquent est né de Dieu sans mère, et né de la Vierge sans père, et « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » Jn 1,14 ; et bien que la Trinité entière ait coopéré à la formation de l'homme assumé, parce que les œuvres de la Trinité sont inséparables, seul cependant il a assumé l'homme dans la singularité de la personne, non dans l'unité de la nature divine, en ce qui est propre au Fils, non en ce qui est commun à la Trinité ; car s'il avait mêlé l'une en l'autre la nature de l'homme et celle de Dieu, toute la Trinité aurait assumé le corps, puisqu'il est établi que la nature de la Trinité est une seule, mais non la personne.

492    Ce Seigneur Jésus Christ fut donc envoyé par le Père, prenant ce qu'il n'était pas, et ne perdant pas ce qu'il était, ne pouvant subir d'atteinte en raison de ce qui est sien, mortel en raison de ce qui est nôtre, et il est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs et justifier ceux qui croient, et lui qui faisait des miracles, il fut livré en raison de nos forfaits, est mort pour notre expiation ; il est ressuscité pour notre justification ; par ses blessures nous sommes sauvés Is 53,5, réconciliés par sa mort avec Dieu le Père, et ressuscités par sa Résurrection ; nous attendons aussi qu'il vienne à la fin des siècles, pour, en même temps que la résurrection de tous, donner aux justes leur récompense et aux impies leur châtiment, selon son très juste jugement.

493    Nous croyons aussi que l'Église catholique, sans tache dans son oeuvre ni ride Ep 5,23-27 dans la foi, est son corps, et qu'elle obtiendra le Règne avec sa Tête, Jésus Christ le tout-puissant, après que cette réalité corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et cette réalité mortelle l'immortalité 1Co 15,43, « afin que Dieu soit tout en tous' » 1Co 15,28 .

Par cette foi les coeurs sont purifiés Ac 15,9 , par elle les hérésies sont extirpées, en elle l'Église tout entière séjourne déjà dans le Règne céleste et se glorifie tant qu'elle demeure dans le siècle présent ; et il n'est pas de salut dans une autre foi : « Car il n'y a sous le ciel aucun nom offert aux hommes dans lequel il faut que nous soyons sauvés » Ac 4,12.

           SEVERIN : 28 mai – 2 août 640

           JEAN IV : 24 décembre 640-12 octobre 642

Lettre “Dominus qui dixit”, à l'empereur Constantin III (Défense du pape Honorius), printemps 641.

La signification des paroles d'Honorius concernant les deux volontés

496    Le patriarche Serge de bienheureuse mémoire a fait savoir au pontife de la ville de Rome susdit, de sainte mémoire (Honorius), que certains affirmaient qu'il y avait dans notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ deux volontés contraires ; ayant appris cela, ledit pape lui répondit que de même que notre Sauveur est une unité unique, de même aussi il a été conçu et est né miraculeusement au-dessus de tout genre humain. Et en raison de sa sainte économie incarnée, il enseignait que notre Rédempteur, de même qu'il est Dieu parfait est aussi homme parfait, pour que, né sans aucun péché, il rétablisse la noblesse de l'état originel que le premier homme avait perdu par la transgression. Il est donc né comme le second Adam, n'ayant aucun péché, ni du fait de la naissance, ni du fait de ses rapports avec les hommes ; car le Verbe fait chair dans la ressemblance avec la chair de péché a pris tout ce qui est nôtre, sans porter aucune culpabilité encourue de par la transmission de la transgression....

L'unique et seul médiateur sans péché de Dieu et des hommes est donc l'homme Christ Jésus 1Tm 2,5, qui a été conçu et est né libre au milieu des morts. Dans l'économie de sa chair sainte il n'avait donc jamais deux volontés opposées, et jamais la volonté de sa chair n'a contredit la volonté de son esprit...

Puisque donc nous savons qu'en lui, lorsqu'il est né et qu'il était en rapport avec les hommes, il n'y avait absolument aucun péché, nous déclarons, comme il convient, et nous confessons en vérité une seule volonté dans l'humanité de son économie sainte, et nous ne prêchons pas deux volontés contraires, de l'esprit et de la chair, comme dans un simple homme, à la façon dont manifestement le prétendent dans leur délire certains hérétiques.

497    C'est de cette façon donc qu'il apparaît... qu'il (le pape Honorius) a écrit (à Serge), à savoir que dans notre Sauveur il n'y a d'aucune manière deux volontés opposées, c'est-à-dire dans ses membres Rm 7,23 puisqu'il n'a contracté aucun défaut de la transgression du premier homme.

Mais pour que nul, de moindre intelligence, ne blâme (Honorius) de ce qu'il ne parle que de la nature humaine et non pas également de la nature divine... celui qui en débat doit savoir qu'il s'agit d'une réponse donnée à une question dudit patriarche. Pour le reste aussi on a coutume d'appliquer l'aide de la médecine là où se trouve la blessure. Et le bienheureux Apôtre lui aussi, manifestement, l'a souvent fait lorsqu'il s'adaptait à l'habitude des auditeurs ; tantôt, lorsqu'il parle de la nature la plus éminente, il se tait totalement quant à la nature humaine ; tantôt, traitant de l'économie humaine, il ne touche pas le mystère de sa divinité...

498    Mon prédécesseur susdit disait donc, dans son enseignement sur le mystère de l'Incarnation du Christ, qu'il n'a pas existé en lui, comme en nous pécheurs, deux volontés contraires, de l'esprit et de la chair. Ce que certains ont retourné en leur propre conception, et ils ont pensé qu'il aurait enseigné une seule volonté de sa divinité et de son humanité, ce qui est totalement contraire à la vérité.

           THEODORE Ier : 24 novembre 642 – 14 mai 649

           MARTIN Ier : 5 juillet 649 – 17 juin 653 (16 septembre 655).

·     Concile du Latran, 5-31 octobre 649.

a) Profession de foi.

Les deux volontés et opérations dans le Christ

500    (Texte Latin)

et de même que nous confessons ses deux natures unies sans confusion, de même aussi ses deux volontés naturelles, la divine et l'humaine, pour confirmer parfaitement et sans amoindrissement qu'un seul et même, Jésus Christ notre Seigneur et Dieu, est vraiment Dieu parfait et homme parfait en toute vérité, et qu'ainsi il a voulu et opéré divinement et humainement notre salut.

(Texte grec)

et de même que nous confessons ses deux natures unies sans confusion ni division, de même conformément aux natures, deux volontés, la divine et l'humaine, ainsi que deux opérations naturelles, la divine et l'humaine, cela pour confirmer parfaitement et sans omission que le même et unique Jésus Christ, notre Seigneur et Dieu, est vraiment par nature Dieu parfait et homme parfait, à l'exception du péché, et qu'ainsi il voulait et opérait divinement et humainement notre salut.

b) Canons.

Condamnation d'erreurs concernant la Trinité et le Christ :

501    Canon 1. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, le Père et le Fils et le Saint-Esprit, trinité dans l'unité et unité dans la trinité, c'est-à-dire un seul Dieu en trois hypostases consubstantielles et de même gloire, et pour les trois une seule et même divinité, nature, substance, puissance, Seigneurie, royauté, autorité, volonté, opération, incréée, sans commencement, inconcevable, immuable, créatrice de tous les êtres et qui les protège, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, le Père et le Fils et l'Esprit Saint, trinité dans l'unité et unité dans la trinité, c'est-à-dire un seul Dieu en trois hypostases consubstantielles et de même gloire, et pour les trois une seule et même divinité, nature, puissance, seigneurie, royauté, autorité, volonté, opération, souveraineté, incréée, sans commencement, sans limite, immuable, créatrice des êtres et qui les tient ensemble dans sa providence, qu'il soit condamné.

502    Canon 2. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable qu'un de la sainte, consubstantielle et adorable Trinité, Dieu le Verbe lui-même, est descendu du ciel, s'est incarné de l'Esprit Saint et de Marie toujours vierge, s'est fait homme dans la chair, a été crucifié pour nous, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, est monté au ciel et siège à la droite du Père ; reviendra avec la gloire du Père avec la chair prise par lui et animée par l'intellect, pour juger les vivants et les morts, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que l'un de la sainte, consubstantielle et adorable Trinité, Dieu Verbe lui-même est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de Marie, la toute sainte, toujours vierge, s'est fait homme, a été crucifié dans la chair volontairement pour nous et notre salut, a souffert, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux et siège à la droite du Père, avec la chair qu'il a prise et qui est animée par l'intellect, pour juger les vivants et les morts, qu'il soit condamné.

503    Canon 3. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte, toujours vierge et immaculée Marie, puisque c'est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte, toujours vierge, et immaculée Marie, puisque c'est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérée aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné.

504    Canon 4. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, deux naissances du seul et unique Jésus Christ, notre Seigneur et Dieu, aussi bien avant les siècles de Dieu le Père, incorporelle et éternelle, que de Marie, sainte et toujours vierge, Mère de Dieu, corporelle, à la fin des temps, et un seul et même Jésus Christ, notre Seigneur et Dieu, consubstantiel à Dieu Père selon la divinité, et, consubstantiel à l'homme et à la mère selon l'humanité, et le même capable de souffrir en la chair, ne pouvant souffrir en la divinité, limité en son corps, illimité en sa divinité, le même créé et incréé, terrestre et céleste, visible et intelligible, concevable et inconcevable, pour que par le même, à la fois homme complet et Dieu, fût restauré l'homme complet qui était tombé au pouvoir du péché, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, qu'il y a deux naissances du seul et unique Jésus Christ notre Seigneur, l'une avant les siècles, de Dieu le Père, incorporelle et éternelle, l'autre de Marie, sainte, toujours vierge, dans la chair, dans ces derniers temps, et un seul et même Jésus Christ notre Seigneur et Dieu, consubstantiel à Dieu le Père selon la divinité, consubstantiel à la Vierge et mère selon l'humanité, et le même capable de souffrir en la chair, ne pouvant souffrir en la divinité, limité en son corps, illimité en son esprit, le même incréé et créé, terrestre et céleste, visible et intelligible, concevable et inconcevable, pour que par le même, à la fois homme complet et Dieu, fût restauré l'homme complet qui était tombé au pouvoir du péché, qu'il soit condamné.

505    Canon 5. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, une seule nature incarnée du Dieu Verbe, dans ce sens qu'on dit que notre substance est devenue chair complètement et sans restriction dans le Christ Dieu, à la seule exception du péché, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que « une seule nature du Dieu Verbe devenue chair » signifie, à travers l'expression « devenue chair », la substance conforme à nous complètement et sans restriction dans le Christ Dieu lui-même, à la seule exception du péché, qu'il soit condamné.

506    Canon 6. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que de deux et en deux natures, substantiellement unies, sans confusion et sans division, est un seul et même Seigneur et Dieu Jésus Christ, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que de deux natures, divinité et humanité, et en deux natures, divinité et humanité, unies selon l'hypostase sans confusion et sans division, est un seul et même Seigneur et Dieu Jésus Christ, qu'il soit condamné.

507    Canon 7. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que la différence substantielle des natures est sauvegardée en lui sans confusion et sans division, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que la différence substantielle des natures, après leur union ineffable par laquelle existe le seul et unique Jésus Christ, est sauvegardée en lui sans confusion et sans division, qu'il soit condamné.

508    Canon 8. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que l'union substantielle des natures est reconnue en lui sans division et sans confusion, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que l'union des natures selon la conjonction, ou, pour dire vrai, selon l'hypostase, à partir desquelles existe le seul et unique Christ, est reconnue en lui sans division et sans confusion, qu'il soit condamné.

509    Canon 9. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que les propriétés naturelles de sa divinité et de son humanité sont sauvegardées en lui de façon constante et sans diminution, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que les propriétés naturelles de la divinité du Christ sont sauvegardées en lui de façon constante et sans diminution pour confirmer vraiment qu'il est, le même, selon la nature, Dieu parfait et homme parfait, qu'il soit condamné.

510    Canon 10. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, deux volontés du même et unique Christ notre Dieu unies dans un même accord, la divine et l'humaine, du fait que par chacune de ses deux natures le même a voulu, par nature, notre salut, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, deux volontés du même et unique Christ Dieu, unies dans un plein accord, la divine et l'humaine, puisque selon chacune de ses deux natures il était, par nature, à même de vouloir notre salut, qu'il soit condamné.

511    Canon 11. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, deux opérations, unies dans un plein accord, du même et unique Christ notre Dieu, la divine et l'humaine, puisque selon chacune des deux natures il est, par nature, l'opérateur de notre salut, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, deux opérations du même et unique Christ Dieu, unies dans un plein accord, la divine et l'humaine, puisque selon chacune de ses deux natures il opère notre salut, qu'il soit condamné.

512    Canon 12. Si quelqu'un confesse, selon les hérétiques impies, une seule volonté et une seule opération du Christ notre Dieu, et par là supprime ce que confessent les saints Pères, et nie l'économie de celui qui est notre Sauveur, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un confesse, selon les hérétiques impies, une seule nature, une seule volonté, une seule opération de la divinité et de l'humanité du Christ, renversant ainsi ce que confessent les saints Pères et niant l'économie de celui qui est notre Sauveur, qu'il soit condamné.

513    Canon 13. Si quelqu'un selon les hérétiques impies, alors que dans le Christ Dieu deux volontés et deux opérations, la divine et l'humaine, sont sauvegardées substantiellement dans l'unité et enseignées pieusement par nos saints Pères, professe, contre la doctrine des saints Pères, une seule volonté et une seule opération, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un selon les hérétiques impies, en même temps que les deux volontés et opérations, la divine et l'humaine, qui en Christ Dieu sont sauvegardées substantiellement dans l'unité et confessées pieusement par nos saints Pères, commande de professer aussi, contre leur doctrine, une seule opération, qu'il soit condamné.

514    Canon 14. Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, en même temps qu'une seule volonté et une seule opération professées par les hérétiques dans leur impiété, nie et repousse également les deux volontés ainsi que les deux opérations, c'est-à-dire la divine et l'humaine, qui dans le même Christ Dieu sont sauvegardées dans l'unité et enseignées par les saints Pères, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, en même temps qu'une seule volonté et une seule opération professées par les hérétiques dans leur impiété dans le Christ Dieu, nie et repousse également les deux volontés et les deux opérations, c'est-à-dire la divine et l'humaine, qui dans le même Christ sont sauvegardées physiquement dans l'unité et enseignées en lui de façon orthodoxe par les saints Pères, qu'il soit condamné.

515    Canon 15. Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, considère dans sa folie l'opération divino-humaine que les grecs appellent « théandrique » comme une seule et même opération, mais ne la confesse pas, selon les saints Pères, comme double, c'est-à-dire divine et humaine, ou considère que cette nouvelle appellation « divino-humaine » désigne une seule opération, mais ne signifie pas l'union admirable et glorieuse des deux, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, considère dans sa folie l'opération théandrique comme une seule mais ne le confesse pas, selon les saints Pères, comme double, c'est-à-dire divine et humaine, ou considère que cette nouvelle appellation « théandrique » désigne une seule opération, mais ne signifie pas l'union admirable et surnaturelle des deux, qu'il soit condamné.

516    Canon 16. Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, pour abolir les deux volontés et les deux opérations, c'est-à-dire la divine et l'humaine, qui en Christ sont sauvegardées substantiellement dans l'union et ont été enseignées pieusement par les saints Pères, lie dans sa folie des oppositions et des divisions au mystère de son économie, et pour cette raison ne rapporte pas les paroles évangéliques et apostoliques sur ce même Sauveur à la seule et même personne, et substantiellement le même Seigneur Jésus Christ notre Dieu, conformément au bienheureux Cyrille, pour qu'on voie qu'il est, le même, par nature Dieu et homme, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, pour abolir les deux volontés et les deux opérations, la divine et l'humaine, qui en Christ Dieu sont sauvegardées substantiellement dans l'union et sont enseignées pieusement par les saints Pères, introduit dans sa folie des oppositions et des divisions dans le mystère, et pour cette raison n'attribue pas les paroles des évangiles et des apôtres sur ce Sauveur au seul et même notre Seigneur Jésus Christ, conformément au bienheureux Cyrille, pour certifier que le même est par nature Dieu et vraiment homme, qu'il soit condamné.

517    Canon 17. Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, tout ce qui a été transmis et prêché à la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique, tant par les saints Pères eux-mêmes que par les cinq vénérables conciles universels, jusqu'au dernier détail, dans les mots et dans l'esprit, qu'il soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, tout ce qui a été transmis et prêché à la sainte Eglise de Dieu, catholique et apostolique, tant par les saints Pères eux-mêmes que par les cinq conciles oecuméniques reconnus, jusqu'au dernier détail, dans les mots et dans l'esprit, qu'il soit condamné.

518    Canon 18. Si quelqu'un ne rejette pas et n'anathématise pas selon les saints Pères, en accord avec nous et dans la même foi, de son âme et de sa bouche, tous ceux que la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique — c'est-à-dire les cinq saints conciles universels et d'une manière concordante tous les Pères de l'Église éprouvés — rejette et anathématise comme hérétiques les plus abominables, avec tous leurs écrits impies, jusqu'au dernier détail,

(Texte grec).

Si quelqu'un ne rejette pas et n'anathématise pas selon les saints Pères, en accord avec nous et de la même foi, de son âme et de sa bouche, tous ceux que la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique — c'est-à-dire les cinq saints conciles œcuméniques et tous les Pères de l'Église reconnus qui pensent de même — rejette et anathématise comme hérétiques impies, avec tous leurs écrits impies, jusqu'au dernier détail,

519    à savoir, Sabellius, Arius, Eunome, Macédonius, Apollinaire, Polémon, Eutychès, Dioscore, Timothée Aelure, Sévère, Théodose, Colluthus, Themistius, Paul de Samosate, Diodore, Théodore, Nestorius, le Perse Théodure, Origène, Didyme, Evagre et tous les autres hérétiques pris ensemble...

(Texte grec)

à savoir, Sabellius, Arius, Eunome, Macédonius, Apollinaire, Polémon, Eutychès, Dioscore, Timothée Aelure, Sévère, Théodose, Colluthus, Themistius, Paul de Samosate, Diodore, Théodore, Nestorius, le Perse Théodure, Origène, Didyme, Evagre et tous les autres hérétiques pris ensemble...

520    si donc quelqu'un... ne rejette pas et n'anathématise pas les doctrines très impies de leur hérésie et ce qui a été écrit de façon impie par qui que ce soit en leur faveur ou pour les expliquer, ainsi que les dits hérétiques, à savoir Théodore, Cyrus, Serge, Pyrrhus et Paul... ou si quelqu'un considère comme condamné ou même déposé un de ceux qui ont été déposés et condamnés par ceux-là ou par d'autres qui leur sont semblables parce qu'il ne pense aucunement la même chose que ceux-là, mais confesse avec nous la doctrine des saints Pères, et s'il ne le considère pas, bien au contraire... comme un combattant pieux et orthodoxe de l'Église catholique et qu'il considère comme tels bien plutôt ces impies et leurs décisions détestables à ce sujet et leurs sentences nulles, sans effet et invalides, et plus encore impies, exécrables et réprouvées, qu'un tel homme soit condamné.

(Texte grec)

si donc quelqu'un... ne rejette pas et n'anathématise pas les doctrines très impies de leur hérésie et ce qui a été écrit de façon impie par qui que ce soit en leur faveur ou pour leur défense ainsi que les dits hérétiques, à savoir Théodore, Cyrus, Serge, Pyrrhus et Paul... ou si quelqu'un considère comme déposé ou même condamné un de ceux qui ont été déposés ou condamnés par ceux-là ou par d'autres qui pensent de même que ceux-là parce qu'il ne pense pas ce qu'ils pensent, mais confesse avec nous la doctrine des saints Pères, et s'il ne le considère pas, bien au contraire... comme un combattant pieux et orthodoxe de l'Eglise catholique et qu'il considère comme tels bien plutôt ces impies et leurs décisions injustes à ce sujet et leurs sentences vaines, sans effet et invalides, et plus encore impies, exécrables et réprouvées, qu'un tel homme soit condamné.

521    Canon 19. Si quelqu'un professe et pense manifestement ce que tiennent les hérétiques impies et qu'il dit dans son impudence vaine que tels sont les enseignements de la piété que ceux qui observent et servent la Parole — c'est-à-dire les cinq saints conciles universels — ont transmis depuis le commencement, et calomnie ainsi les saints Pères eux-mêmes et les cinq saints conciles susmentionnés afin de tromper les simples ou de défendre sa propre perfidie impie, qu'un tel homme soit condamné.

(Texte grec).

Si quelqu'un pense et enseigne manifestement ce que tiennent les hérétiques impies et qu'il dit dans sa précipitation insensée que tels sont les enseignements de la piété que ceux qui observent et servent la Parole — c'est-à-dire les cinq saints conciles oecuméniques — ont transmis depuis le commencement, et calomnie ainsi les saints Pères eux-mêmes et les cinq saints conciles oecuméniques susmentionnés afin de tromper les simples et de défendre sa propre foi erronée et impie, qu'un tel homme soit condamné.

522    Canon 20. Si quelqu'un selon les hérétiques impies, de quelque façon que ce soit... déplace de façon illicite les bornes que les saints Pères de l'Église catholique — c'est-à-dire les cinq saints conciles universels — ont déterminées de façon irrévocable et recherche de façon téméraire des nouveautés et des présentations d'une autre foi, ou des livres, ou des lettres, ou des écrits, ou des signatures, ou de faux témoignages, ou des synodes, ou des actes de débats, ou des ordinations vaines non reconnues par les canons ecclésiastiques, ou des délégations qui ne conviennent pas et sans fondement, et si d'une façon générale, comme ont coutume de faire les hérétiques, quelqu'un fait quelque chose d'autre par son activité diabolique et par des voies détournées et rusées contre les prédications pieuses des orthodoxes de l'Église catholique — c'est-à-dire de ses saints Pères et de ses synodes — afin de détruire la confession sincère de notre Seigneur et Dieu Jésus Christ, et qu'il persiste jusqu'à la fin, sans repentir, dans ces agissements impies, qu'un tel homme soit condamné pour les siècles des siècles, « et que tout le peuple dise : qu'il en soit ainsi ». Ps 106,48.

(Texte grec).

Si quelqu'un selon les hérétiques impies, de quelque façon que ce soit... déplace de façon illicite les bornes que les saints Pères de l'Église catholique — c'est-à-dire les cinq saints conciles oecuméniques — ont déterminés de façon irrévocable et recherche de façon téméraire des nouveautés et des présentations d'une autre foi, ou des formules, ou des lois, ou des statuts, ou des livres, ou des rapports, ou des lettres, ou des écrits, ou des signatures, ou de faux témoignages, ou des synodes, ou des actes de débats, ou des impositions des mains vaines non reconnues par les canons ecclésiastiques, ou des délégations ou délégués sans légalité ou contraires aux canons, et si d'une façon générale, comme ont coutume de faire les hérétiques impies, quelqu'un fait quelque chose d'autre par son activité diabolique et par des voies détournées et rusées contre les prédications pieuses et orthodoxes de l'Église catholique — c'est-à-dire de ses Pères et de ses conciles — afin de détruire la confession sincère de notre Seigneur et Dieu Jésus Christ, et qu'il persiste jusqu'à la fin, sans repentir, dans ces agissements impies, qu'un tel homme soit condamné pour les siècles des siècles, « et que tout le peuple dise : qu'il en soit ainsi » Ps 106,48.

           EUGENE Ier : 10 août 654 – 2(3 ?) juin 657

           VITALIEN : 30 juillet 657 – 27 janvier 672

           ADEODAT II : 11 avril 672 – 17 (16 ?) juin 676

11e concile de Tolède, commencé le 7 novembre 675 profession de foi

La Trinité divine.

525    (1) Nous confessons et nous croyons que la sainte et ineffable Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, est un seul Dieu par nature, d'une seule substance, d'une seule nature, ainsi que d'une seule majesté et puissance.

(2) Et nous professons que le Père n'est ni engendré ni créé, mais qu'il est inengendré. Il ne tire en effet son origine de personne, lui de qui le Fils a reçu la naissance et l'Esprit Saint la procession. Il est donc lui-même source et origine de toute la divinité.

(3) Il est aussi le Père de sa propre essence, lui qui de son ineffable substance a engendré ineffablement le Fils, et cependant n'a pas engendré autre chose que ce qu'il est lui-même (lui, le Père, à savoir son essence ineffable, a engendré aussi de façon ineffable le Fils de sa substance) : Dieu (a engendré Dieu), la lumière, la lumière, de lui donc est « toute paternité au ciel et sur la terre » Ep 3,15.

526    (4) Nous affirmons aussi que le Fils est né de la substance du Père sans commencement, avant les siècles et cependant il n'a pas été fait : car ni le Père n'a jamais existé sans le Fils, ni le Fils jamais sans le Père.

(5) Et cependant, le Père n'est pas du Fils comme le Fils du Père, parce que le Père n'a pas reçu du Fils la génération, mais le Fils l'a reçue du Père. Le Fils est donc Dieu issu du Père, mais le Père n'est pas Dieu issu du Fils. Père du Fils, il n'est pas Dieu par le Fils. Celui-ci est Fils du Père et Dieu par le Père. Le Fils est cependant égal en toutes choses à Dieu, le Père, parce qu'il n'a jamais ni commencé ni cessé de naître.

(6) Nous croyons aussi qu'il a une seule substance avec le Père ; c'est pourquoi on dit qu'il est homo ousios au Père, c'est-à-dire de même substance que le Père ; en grec en effet homos signifie « un » et ousia « substance » ; les deux mots joints font « une seule substance ». On doit croire que le Fils a été engendré et qu'il est né non de rien ni d'une autre substance, mais du sein du Père, c'est-à-dire de sa substance.

(7) Eternel est donc le Père, éternel est le Fils. Si le Père a toujours été, il a toujours eu un Fils dont il était le Père ; c'est pourquoi nous confessons que le Fils est né du Père sans commencement.

(8) Cependant ce même Fils de Dieu, de ce qu'il a été engendré du Père, nous ne l'appelons pas une « partie de sa nature divisée », mais nous affirmons que le Père parfait a engendré son Fils parfait sans diminution ni division, parce qu'il appartient à la divinité seule de n'avoir pas un Fils inégal.

(9) Ce Fils est Fils de Dieu par nature, non par adoption, et nous devons croire que le Père ne l'a engendré ni par volonté ni par nécessité, car en Dieu aucune nécessité n'existe et la volonté ne précède pas la sagesse.

527    (10) Nous croyons aussi que l'Esprit Saint, qui est la troisième personne dans la Trinité, est Dieu, un et égal au Père et au Fils, de même substance et aussi de même nature : il n'est cependant ni engendré ni créé, mais il procède de l'un et de l'autre, il est l'Esprit de tous deux.

(11) Nous croyons aussi que l'Esprit n'est ni inengendré, ni engendré, de sorte qu'on ne considère pas, si nous le disons inengendré, que nous affirmons deux Pères, ou si nous le disons engendré, que nous prêchons deux Fils ; cependant on ne dit pas qu'il est seulement l'Esprit du Père mais à la fois l'Esprit du Père et du Fils.

(12) Car il ne procède pas du Père vers le Fils ni ne procède du Fils pour sanctifier les créatures, mais il apparaît bien comme ayant procédé à la fois de l'un et de l'autre, parce qu'il est reconnu comme la charité ou la sainteté de tous deux.

(13) Nous croyons donc que le Saint-Esprit est envoyé par les deux, comme le Fils l'est par le Père ; mais il n'est pas considéré comme moindre que le Père et le Fils, à la manière dont le Fils atteste qu'il est moindre que le Père et l'Esprit Saint à cause de la chair qu'il a prise.

528    (14) Voici comment parler de la sainte Trinité : on doit dire qu'elle n'est pas triple mais trine. On ne peut dire justement que la Trinité soit en un seul Dieu mais qu'un seul Dieu est Trinité.

(15) Dans les noms des personnes qui expriment les relations, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint-Esprit aux deux : quand on parle des trois personnes en considérant les relations, on croit cependant qu'ils sont une seule nature ou substance.

(16) Nous n'affirmons pas trois substances comme nous affirmons trois personnes, mais une seule substance et trois personnes.

(17) En effet, le Père est Père, non par rapport à lui-même mais par rapport au Fils ; le Fils est Fils, non par rapport à lui-même, mais par rapport au Père. De même, le Saint-Esprit ne se réfère pas par rapport à lui-même mais au Père et au Fils, parce qu'il est appelé l'Esprit du Père et du Fils.

(18) De même, quand nous disons « Dieu », nous n'exprimons pas une relation à un autre, comme celle du Père au Fils ou du Fils au Père ou du Saint-Esprit au Père et au Fils mais « Dieu » est dit spécialement en référence à lui-même.

529    (19) Si on nous interroge sur chacune des personnes, nous devons confesser qu'elle est Dieu. On dit que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, que le Saint-Esprit est Dieu, chacun en particulier ; cependant ce ne sont pas trois dieux, mais un seul Dieu.

(20) De même, on dit que le Père est tout-puissant, que le Fils est tout-puissant, que le Saint-Esprit est tout-puissant ; cependant ce ne sont pas trois tout-puissants, mais un seul Tout-Puissant, comme nous professons une seule lumière et un seul principe.

(21) Nous confessons et croyons que chacune personne en particulier est pleinement Dieu et que toutes trois sont un seul Dieu : elles ont une divinité, une majesté, une puissance unique, indivisée, égale, qui ne diminue pas en chacun et qui n'augmente pas dans les trois ; car elle n'est pas moindre quand chaque personne est appelée Dieu en particulier ; elle n'est pas plus grande quand les trois personnes sont appelées un seul Dieu.

530    (22) Cette sainte Trinité, qui est un seul vrai Dieu, n'est pas hors du nombre mais elle n'est pas enfermée dans le nombre. Dans les relations des personnes, le nombre apparaît ; dans la substance de la divinité, on ne peut saisir quelque chose qu'on puisse dénombrer. Il y a donc indication de nombre uniquement dans les rapports qu'elles ont entre elles, mais il n'y a pas pour elles de nombre, en tant qu'elles sont référées à elles-mêmes.

(23) Il faut donc un nom de nature à cette sainte Trinité, tel qu'il ne puisse être utilisé au pluriel dans les trois personnes. Pour cela nous croyons ce que l'Écriture dit : « Grand est notre Seigneur et grande est sa puissance et sa sagesse n'a pas de nombre » Ps 147,5.

(24) Ce n'est pas parce que nous disons que ces trois personnes sont un seul Dieu, que nous pouvons dire que le Père est le même que le Fils ou que le Fils est le Père, ou que celui qui est le Saint-Esprit est le Père ou le Fils.

(25) Car celui qui est le Fils n'est pas le Père, et celui qui est le Père n'est pas le Fils, ni le Saint-Esprit n'est celui qui est le Père ou le Fils ; cependant, le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le Père et le Fils cela même qu'est le Saint-Esprit, c'est-à-dire un seul Dieu par nature.

(26) Car lorsque nous disons que le Père n'est pas celui-là même qui est le Fils nous nous référons à la distinction des personnes. Mais quand nous disons que le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le Saint-Esprit cela même qu'est le Père et le Fils, nous exprimons que cela appartient à la nature ou à la substance par laquelle Dieu est, parce qu'ils sont substantiellement un : nous distinguons en effet les personnes, mais nous ne divisons pas la divinité.

531    (27) Nous reconnaissons donc la Trinité dans la distinction des personnes ; l'unité, nous la professons à cause de la nature ou substance. Ces trois sont donc un comme nature, non comme personne.

(28) Cependant il ne faut pas concevoir ces trois personnes comme séparables, puisque nous croyons qu'aucune n'a jamais existé, n'a jamais accompli quelque œuvre ni avant l'autre ni après l'autre ni sans l'autre.

(29) Elles sont inséparables en effet aussi bien en ce qu'elles sont qu'en ce qu'elles font, car entre le Père qui engendre, le Fils lui est engendré et l'Esprit Saint qui procède, nous ne croyons pas qu'il y ait quelque intervalle de temps par lequel celui qui engendre aurait précédé un moment l'engendré, ou l'engendré aurait manqué à celui qui engendre, ou le Saint-Esprit, en procédant, serait apparu comme venant après le Père et le Fils.

(30) C'est pourquoi nous déclarons et croyons cette Trinité inséparable et distincte. Nous parlons de trois personnes, selon ce qu'ont défini nos Pères, pour qu'elles soient connues comme telles, non pour qu'elles soient séparées.

(31) Car si nous considérons ce que la sainte Écriture dit de la Sagesse : « Elle est la splendeur de la lumière éternelle » Sg 7,26, de même que nous voyons la splendeur ne faire qu'un avec la lumière, inséparablement, de même nous confessons que le Fils ne peut être séparé du Père.

(32) De  même que nous ne confondons pas ces trois personnes, dont la nature est une et inséparable, nous déclarons aussi qu'elles ne sont absolument pas séparables.

532    (33) Car la Trinité elle-même a daigné nous montrer cela si clairement que, même dans les noms dont elle a voulu que chaque personne fut désignée, elle n'a pas permis qu'on comprenne l'une sans l'autre : le Père en effet ne peut être connu sans le Fils et le Fils n'est pas découvert sans le Père.

(34) La relation elle-même en effet, dans sa dénomination personnelle, empêche de séparer les personnes et, quand elle ne les nomme pas ensemble, elle les indique ensemble. Personne ne peut entendre l'un de ces noms qu'il ne soit forcé de comprendre aussi l'autre.

(35) Ces trois étant donc un et cet un étant trois, chaque personne garde cependant sa propriété. Le Père a l'éternité sans naissance, le Fils l'éternité avec la naissance, et le Saint-Esprit la procession sans naissance, avec l'éternité.

L'incarnation.

533    (36) Nous croyons que, de ces trois personnes, seule la personne du Fils a pris une nature humaine véritable, sans péché, de la sainte et immaculée Vierge Marie, pour la libération du genre humain ; il est né d'elle selon un nouvel ordre, selon une nouvelle naissance : un nouvel ordre, parce que invisible en sa divinité il paraît visible en la chair ; nouvelle naissance, parce qu'une virginité intacte n'a pas connu le contact de l'homme et a fourni la matière de son corps fécondé par l'Esprit Saint.

(37) Cet enfantement de la Vierge, la raison ne peut le comprendre ; aucun exemple ne l'éclaire. Si la raison le comprend, il n'est pas admirable ; si des exemples l'éclairent, il ne sera plus particulier.

(38) Il ne faut pas cependant croire que le Saint-Esprit est le Père du Fils, du fait que Marie a conçu sous l'ombre de ce même Saint-Esprit, car nous ne devons pas avoir l'air d'affirmer que le Fils a deux Pères ; il est certainement impie de le dire.

534    (39) Dans cette conception admirable, la Sagesse, s'étant bâti une demeure, « le Verbe s'est fait chair et il a habité, parmi nous » Jn 1,14. Cependant, ce Verbe ne s'est pas transformé ni changé dans la chair, en sorte que celui qui voulait être homme cessât d'être Dieu ; mais « Le Verbe s'est fait chair » de telle sorte qu'il y a en lui non seulement le Verbe de Dieu et la chair de l'homme, mais encore une âme humaine raisonnable et que tout est appelé Dieu à cause de Dieu et homme à cause de l'homme.

(40) Dans le Fils de Dieu, nous croyons qu'il y a deux natures, celle de la divinité et celle de l'humanité, que l'unique personne du Christ a unies en lui de telle sorte qu'il est impossible de jamais séparer la divinité de l'humanité et l'humanité de la divinité.

(41) Dès lors, le Christ est Dieu parfait et homme parfait dans l'unité d'une seule personne ; néanmoins, en disant qu'il y a deux natures dans le Fils nous ne faisons pas qu'il y ait deux personnes en lui, de peur qu'à la Trinité — ce qu'à Dieu ne plaise ! — ne vienne s'ajouter une quaternité.

(42) Car Dieu le Verbe n'a pas pris la personne de l'homme, mais sa nature, et dans la personne éternelle de la divinité, il a pris la substance temporelle de la chair.

535    (43) De même nous croyons que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont une unique substance, sans dire pourtant que la Vierge Marie ait enfanté l'unité de cette Trinité : elle n'a enfanté que le Fils, qui seul a pris notre nature dans l'unité de sa personne.

(44) Nous devons croire aussi que l'Incarnation du Fils de Dieu a été réalisée par la Trinité tout entière car les oeuvres de la Trinité ne peuvent être divisées. Cependant le Fils seul a pris la forme d'esclave Ph 2,7, dans la singularité d'une personne, non dans l'unité de la nature divine ; dans ce qui est propre au Fils, non dans ce qui est commun à la Trinité :

(45) cette forme a été jointe à l'unité de la personne, en sorte que le Fils de Dieu et le Fils de l'homme sont un seul Christ. De même le Christ, dans ses deux natures, est fait de trois substances, celle du Verbe, qu'il faut rapporter à l'essence de Dieu uniquement, celles du corps et de l'âme qui appartiennent à l'homme véritable.

536    (46) Il a donc en lui la double substance de sa divinité et de notre humanité.

(47) Parce qu'il est venu de Dieu le Père sans commencement, on dit seulement qu'il est né, car il n'a pas été fait ni prédestiné ; mais parce qu'il est né de la Vierge Marie, on doit croire qu'il est né, a été fait et a été prédestiné.

(48) Cependant en lui les deux générations sont admirables, parce qu'il a été engendré du Père, sans mère, avant les siècles, et parce qu'à la fin des siècles il a été engendré d'une mère, sans père. En tant qu'il est Dieu, il a créé Marie; en tant qu'il est homme, il a été créé par Marie. Il est le père et le fils de Marie sa mère.

(49) De même du fait qu'il est Dieu, il est égal au Père ; du fait qu'il est homme, il est moindre que le Père.

(50) De même nous devons croire qu'il est plus et moins que lui-même : dans la forme de Dieu, le Fils est plus que lui-même, parce qu'il a pris l'humanité, à qui la divinité est supérieure ; mais dans la forme d'esclave, il est moins que lui-même, c'est-à-dire dans l'humanité qui est reconnue inférieure à la divinité.

(51) Car de même que la chair qu'il a prise le fait moins, non seulement que son Père, mais que lui-même, de même selon sa divinité par laquelle il est égal au Père, lui-même et le Père sont plus que l'homme, que seule la personne du Fils a assumé.

537    (52) De même, cherche-t-on si le Fils pourrait être à la fois égal au Saint-Esprit et plus grand que lui, comme l'on croit qu'il est tantôt égal au Père et tantôt moindre que le Père, nous répondrons : selon la forme de Dieu, il est égal au Père et au Saint-Esprit ; selon la forme d'esclave, il est moindre que le Père et le Saint-Esprit, parce que ni le Saint-Esprit ni Dieu le Père, mais seule la personne du Fils s'est incarnée, et eu égard à cette chair, nous croyons qu'il est moindre que ces deux autres personnes.

(53) De même nous croyons que ce Fils, en tant que personne, est distinct, mais inséparable du Père et du Saint-Esprit ; en tant que nature il est distinct de la nature humaine qu'il a prise. De même, avec la nature humaine, il constitue une personne ; avec le Père et le Saint-Esprit, il est la nature ou substance de la divinité.

538    (54) Cependant nous devons croire que le Fils n'a pas été envoyé seulement par le Père, mais par le Saint-Esprit, car lui-même dit par le Prophète : « Voici que maintenant le Seigneur m'a envoyé ainsi que son Esprit » Is 48,16.

(55) On reconnaît aussi qu'il a été envoyé par lui-même, car indivisible est non seulement la volonté mais l'opération de la Trinité tout entière.

(56). Celui qui a été appelé unique avant les siècles est devenu le premier-né dans le temps : unique en raison de l'essence divine, premier-né en raison de la nature de chair qu'il a prise.

La Rédemption.

539    (57) Dans la forme d'homme qu'il a prise, nous croyons, qu'il est, selon la vérité de l'Évangile, conçu sans péché, né sans péché, mort sans péché, lui qui seul « s'est fait péché » pour nous Is 2 ; Is 5,21, c'est-à-dire sacrifice pour nos péchés.

(58) Néanmoins, il a subi la Passion pour nous, sa divinité demeurant intacte, il a été condamné à mort, a eu sur la croix une vraie mort de la chair ; et le troisième jour, relevé par sa propre puissance, il a surgi du tombeau.

Le sort de l'homme après la mort.

540    (59) Ainsi l'exemple de notre chef nous fuit confesser qu'il y a une véritable résurrection de la chair pour tous les morts.

(60) Nous ne croyons pas que nous ressusciterons dans un corps aérien ou dans quelque autre espèce de chair, selon les divagations de certains, mais dans cette chair avec laquelle nous vivons, nous existons et nous nous mouvons.

(61) Notre Seigneur et Sauveur ayant fourni le modèle de cette sainte résurrection, a regagné par son Ascension le trône paternel que sa divinité n'avait jamais abandonné.

(62) Siégeant là, à la droite du Père, il est attendu pour la fin des siècles comme juge de tous les vivants et de tous les morts.

(63) De là il viendra avec tous les saints pour juger et rendre à chacun le salaire qui lui est personnellement dû, selon ce que chacun aura accompli quand il était en son corps, soit en bien, soit en mal 2Co 5,10.

(64) Nous croyons que la sainte Église catholique, rachetée au prix de son sang, régnera avec lui pour toujours.

(65) Rassemblés au sein de cette Église, nous croyons et professons un seul baptême en rémission de tous les péchés.

(66) Dans cette foi, nous croyons sincèrement à la résurrection des morts et nous attendons les joies du siècle à venir.

(67) Il ne nous reste qu'à demander ceci dans notre prière : lorsque, après l'exécution et la fin du jugement, le Fils aura remis son Royaume à Dieu son Père 1Co 15,24, qu'il nous y fasse participer, afin que, par cette foi qui nous unit à lui, nous régnions avec lui sans fin.

541    (68) Tel est l'exposé de la foi que nous professons. Par elle, les doctrines de tous les hérétiques sont anéanties ; par elle, les coeurs des fidèles sont purifiés ; par elle, on arrive glorieusement à Dieu...

           DONUS : 2 novembre 676 – 11 avril 678

           AGATHON : 27 juin 678 – 10 janvier 681

Lettre “consideranti mihi” aux empereurs, 27 mars 680

La Trinité divine.

542    Voici donc en quoi consiste la foi évangélique et apostolique et la tradition qui est la règle : nous confessons que la Trinité sainte et indivisible, c'est-à-dire le Père et le Fils et l'Esprit Saint, est d'une unique divinité, d'une unique nature et substance ou essence, et nous proclamons également qu'elle est d'une unique volonté naturelle, d'une unique force, opération, seigneurie, majesté, puissance et gloire. Et tout ce qui est dit de cette même sainte Trinité quant à l'essence instruits en cela par la doctrine qui est la règle, nous voulons le comprendre au singulier comme de l'unique nature des trois personnes consubstantielles.

Le Verbe de Dieu devenu chair.

543    Mais lorsque nous professons notre foi au sujet de l'une de ces mêmes trois personnes de cette Trinité sainte le Fils de Dieu, Dieu Verbe, et du mystère de son économie adorable dans la chair, nous expliquons, conformément à la tradition de l'Évangile, tout ce qui appartient à l'unique et même Seigneur, notre Sauveur Jésus Christ, d'une double manière c'est-à-dire que nous proclamons ses deux natures, à savoir la divine et l'humaine, à partir desquelles et dans lesquelles il existe également après l'union admirable et inséparable. Nous confessons également que chacune de ses natures a sa propriété naturelle : que la divine possède tout ce qui est divin, et l'humaine tout ce qui est humain, à l'exception du péché. Et nous reconnaissons que les deux appartiennent à l'unique et même Dieu, Verbe incarné, c'est-à-dire devenu homme, sans confusion, sans séparation, sans changement — l'intelligence seule discernant ce qui est uni, en raison de l'erreur que représenterait la confusion. Car nous rejetons de la même façon le blasphème de la division et celui du mélange.

544    Mais lorsque nous confessons deux natures ainsi que deux volontés naturelles et deux opérations naturelles dans notre unique Seigneur Jésus Christ, nous ne disons ni qu'elles sont contraires ou qu'elles s'opposent l'une à l'autre..., ni qu'elles sont comme séparées en deux personnes ou hypostases, mais nous disons que le même Jésus Christ, de même qu'il a deux natures, a également en lui deux volontés et deux opérations naturelles : c'est-à-dire qu'il a la volonté et l'opération divine en commun de toute éternité avec le Père coessentiel, et que la volonté et l'opération humaine il les a prises temporellement de nous avec notre nature. ...

545    De plus l'Église apostolique du Christ ... reconnaît, en raison des propriétés naturelles, que chacune de ces natures du Christ est complète, et tout ce qui a trait aux propriétés des natures, elle le confesse comme donné deux fois, puisque notre Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien Dieu complet qu'homme complet, aussi bien à partir qu'en deux natures...

En conséquence... elle confesse donc et proclame qu'il y a aussi en lui deux volontés naturelles et deux opérations naturelles. Car si quelqu'un comprenait la volonté comme personnelle, il faudrait aussi, puisqu'on parle de trois personnes dans la sainte Trinité, qu'on parle de trois volontés personnelles et de trois opérations personnelles (ce qui est absurde et totalement impie). Mais si, comme le comporte la vérité de la foi chrétienne, la volonté est naturelle, là où l'on parle de cette unique nature de la Trinité sainte et inséparable, il faudra reconnaître aussi, par conséquent, une unique volonté naturelle et une unique opération naturelle. Mais là où nous confessons dans l'unique personne de notre Seigneur Jésus Christ, le médiateur de Dieu et des hommes 1Tm 2,5, deux natures, à savoir la divine et l'humaine, dans lesquelles il existe également après l'union admirable, de même que nous confessons deux natures de l'unique et même, nous confessons également ses deux volontés naturelles et ses deux opérations naturelles.

·     Concile de Rome

Lettre synodale “omnium bonorum spes” aux empereurs, 27

La Trinité divine.

546    Nous croyons en Dieu Père... et en son Fils... et en l'Esprit Saint, Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père, qui est coadoré et coglorifié avec le Père et le Fils : la Trinité dans l'unité et l'unité dans la Trinité, c'est-à-dire l'unité de l'essence, mais la Trinité des personnes ou hypostases ; Nous confessons Dieu Père, Dieu Fils et Dieu Esprit Saint, non pas trois dieux, mais un seul Dieu, Père et Fils et Esprit Saint ; non pas l'hypostase de trois noms, mais une seule substance des trois hypostases ; elles possèdent une seule essence ou substance ou nature, c'est-à-dire une unique divinité, une unique éternité, une unique puissance, une unique seigneurie, une unique gloire, une unique adoration, une unique volonté essentielle et une unique opération de la même Trinité sainte et indivisible, qui a tout créé, l'ordonne et le conserve.

Le Verbe de Dieu devenu chair.

547    Nous confessons que l'un de cette même Trinité sainte et coessentielle, Dieu Verbe, qui est né du Père avant les siècles, dans les derniers temps est descendu des cieux pour nous et pour notre salut, et est devenu chair de l'Esprit Saint et de la Sainte, immaculée et glorieuse Marie, toujours vierge, notre Dame, vraiment et proprement Mère de Dieu selon la chair, c'est-à-dire qu'il est né d'elle et est devenu vraiment homme ; le même est vrai Dieu et le même est homme vrai, Dieu de Dieu Père, mais homme de la Vierge mère, incarné de cette chair qui avait une âme rationnelle et intellectuelle ; le même est consubstantiel à Dieu selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité, semblable à nous en tout à l'exception du seul péché ; il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli et est ressuscité...

548    Nous reconnaissons donc qu'un seul et même Jésus Christ notre Seigneur, Fils de Dieu unique engendré, existe de deux et en deux substances sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n'étant jamais supprimée du fait de l'union, mais au contraire les propriétés des deux natures restant sauves et concourant en une unique personne et une unique hypostase ; il n'est pas partagé ou divisé en une dualité de personnes, ni confondu en une unique nature composée : mais nous reconnaissons qu'un seul et même Fils unique, Dieu Verbe, notre Seigneur Jésus Christ, n'est ni un autre dans un autre, ni un autre et un autre, mais le même en deux natures, c'est-à-dire dans la divinité et l'humanité, y compris après l'union hypostatique ; car ni le Verbe n'a été changé en la nature de la chair, ni la chair n'a été transformée en la nature du Verbe les deux en effet sont demeurés ce qu'ils étaient par nature car la différence des natures unies en lui, à partir desquelles il est composé sans confusion, sans séparation, sans changement, nous ne la reconnaissons que par la réflexion : un seul en effet à partir des deux, et les deux par un seul parce que l'élévation de la divinité aussi bien que l'humilité de la chair sont en même temps, chacune des deux natures gardant intacte sa propriété y compris après l'union, et « l'une et l'autre forme faisant en communion avec l'autre ce qui lui est propre : le Verbe opérant ce qui appartient au Verbe, et la chair exécutant ce qui appartient à la chair : l'un resplendit dans les miracles, l'autre succombe sous les outrages ». 294

Par conséquent, de même que nous confessons qu'il a véritablement deux natures ou substances, c'est-à-dire la divinité et l'humanité, sans confusion, sans division et sans changement, de même aussi nous confessons qu'il a deux volontés naturelles aussi bien que deux opérations, puisque la règle de la piété nous apprend qu'un seul et même Seigneur Jésus Christ est Dieu parfait et homme parfait  501-522 ; car il nous est montré que cela a été établi par la tradition apostolique et évangélique et l'enseignement des saints Pères que reconnaissent la sainte Église catholique et apostolique et les vénérables synodes.

·     3e concile de CONSTANTINOPLE (6eŒcuménique) 7 novembre 680-16 septembre

Condamnation des monothélètes et du pape Honorius Ier

550    Après avoir examiné les lettres dogmatiques écrites par Serge, jadis patriarche de cette ville impériale et confiée à la protection de Dieu, à Cyrus, alors évêque de Phasis, ainsi qu'à Honorius, jadis pape de l'ancienne Rome, comme aussi 1a lettre écrite par celui-ci, Honorius, en réponse à ce même Serge 487, et après avoir trouvé qu'elles contredisent totalement les enseignements apostoliques et les commandements des saints conciles et de tous les saints Pères reconnus, et qu'elles suivent bien plutôt les fausses doctrines des hérétiques, nous les rejetons totalement et nous les abominons comme dommageables pour les âmes.

551    Quant à ceux c'est-à-dire ceux-là même dont nous rejetons les doctrines impies, nous avons jugé que leurs noms également devaient être bannis de la sainte Église, à savoir les noms de Serge... qui a commencé à écrire au sujet de cette doctrine impie, de Cyrus d'Alexandrie, de Pyrrhus, de Paul et de Pierre, et de ceux qui ont présidé sur le siège de cette ville confiée à la protection de Dieu et qui ont pensé comme ceux-là ; ensuite également celui de Théodore, jadis évêque de Pharan ; toutes ces personnes ont été mentionnées par Agathon, le pape très saint et trois fois bienheureux de l'ancienne Rome, dans sa lettre à... l'empereur  542-545  et rejetées par lui comme ayant pensé contrairement à notre foi orthodoxe ; et nous décrétons que ceux-là sont également soumis à l'anathème.

552    Mais avec eux nous sommes d'avis de bannir aussi de la sainte Église de Dieu Honorius, jadis pape de l'ancienne Rome, et de le frapper d'anathème, parce que nous avons trouvé dans la lettre écrite par lui à Serge qu'il a suivi en tout l'opinion de celui-ci et qu'il a confirmé ses enseignements impies.

18e session, 16 septembre 681.

Définition des deux vouloirs et opérations dans le Christ.

553    Le présent saint concile oecuménique a reçu fidèlement et accueilli à bras ouverts la relation faite par le très saint et bienheureux pape de l'ancienne Rome Agathon à notre très religieux et fidèle empereur Constantin, qui a nommément rejeté ceux qui ont prêché et enseigné, comme on l'a montré plus haut, une seule volonté et une seule activité dans l'économie du Christ notre vrai Dieu fait chair (voir 542-545 ; de la même manière il a reçu aussi l'autre relation synodale envoyée sous le même pape très saint par le saint synode des cent vingt-cinq évêques aimés de Dieu à Sa Sérénité divinement sage (voir 546-548 ). Ca ces relations étaient en accord avec le saint concile de Chalcédoine (voir 300-306 et avec le Tome de Léon, le très saint et bienheureux pape de la même ancienne Rome, adressé à Saint Flavien (voir 290-295, que ce concile a appelé colonne de l'orthodoxie.

554    Elles étaient en accord aussi avec les lettres synodales écrites par le bienheureux Cyrille contre l'impie Nestorius et envoyées aux évêques orientaux. Suivant donc les cinq conciles saints et oecuméniques, et les saints Pères approuvés, celui-ci définit et confesse unanimement notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, un de la sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité, parfait en divinité, et parfait, le même, en humanité ; vraiment Dieu, et vraiment homme, le même, fait d'une âme raisonnable et d'un corps ; consubstantiel au Père selon la divinité, et consubstantiel à nous, le même, selon l'humanité ; en tout semblable à nous, sauf le péché He 4,15.

555    Engendré du Père avant les siècles selon la divinité, et dans les derniers jours, pour nous et pour notre salut, le même, de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, laquelle est de plein droit et véritablement Mère de Dieu, selon l'humanité ; un seul et même Christ, Fils, Seigneur, unique engendré, reconnu en deux natures sans confusion, sans changement, sans séparation, sans division ; la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de chaque nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase ; il n'est ni partagé ni divisé en deux personnes, mais il est un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l'ont dit de lui, que Jésus le Christ lui-même nous l'a enseigné et que le Symbole des saints Pères nous l'a transmis 301.

556    Nous proclamons de la même manière en lui, selon l'enseignement des saints Pères, deux volontés ou vouloirs naturels et deux activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage et sans confusion. Les deux vouloirs naturels ne sont pas, comme l'ont dit les hérétiques impies, opposés l'un à l'autre, loin de là. Mais son vouloir humain suit son vouloir divin et tout-puissant, il ne lui résiste pas et ne s'oppose pas à lui, il s'y soumet plutôt. Il fallait que le vouloir de la chair fût mû et fût soumis au vouloir divin, selon le très sage Athanase. Car de même que sa chair est dite et qu'elle est la chair du Dieu Verbe, de même le vouloir naturel de sa chair est dit et il est le propre vouloir du Dieu Verbe, comme lui-même déclare : « Je suis descendu du ciel, non pour faire mon vouloir, mais le vouloir du Père qui m'a envoyé » Jn 6,38. Il déclare sien le vouloir de sa chair, puisque la chair est devenue sienne. Car de même que sa chair animée, toute sainte et immaculée, n'a pas été supprimée en étant divinisée, mais qu'elle est demeurée dans sa propre limite et dans sa raison d'être, de même son vouloir humain en étant divinité n'a pas été supprimé. Il a été plutôt sauvegardé, selon le mot de Grégoire le Théologien : « Car l'acte de volonté de celui que l'on considère en tant que Sauveur n'est pas opposé à Dieu, étant totalement divinisé ».

557    Nous glorifions deux activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage, sans confusion, en notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, c'est-à-dire une activité divine et une activité humaine, selon Léon l'inspiré de Dieu, qui affirme très clairement : « Chaque nature fait en communion avec l'autre ce qui lui est propre, le Verbe opérant ce qui est du Verbe, et le corps exécutant ce qui est du corps » 294. En effet nous n'accorderons pas qu'il y ait une seule activité naturelle de Dieu et de la créature de peur d'élever le créé à la substance divine et d'abaisser la sublimité de la nature divine au niveau qui convient aux êtres engendrés. Car nous reconnaissons que les miracles et les souffrances sont ceux d'un seul et du même, selon l'une et l'autre nature dont il est composé et dans lesquelles il a son être, comme l'a dit l'admirable Cyrille.(cf. 255 260 271-273 423

558    Conservant totalement ce qui est sans confusion ni division, nous proclamons le tout dans une formule concise : croyant que l'un de la Trinité est aussi après l'Incarnation notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, nous disons qu'il a deux natures brillant dans son unique hypostase. En elle, tout au long de son existence selon l'économie, il a manifesté ses miracles et ses souffrances, non pas en apparence, mais en vérité. La différence naturelle en cette unique hypostase même se reconnaît à ce que l'une et l'autre nature veut et opère ce qui lui est propre en communion avec l'autre. Pour cette raison nous glorifions deux vouloirs et deux activités naturels concourant l'un avec l'autre au salut du genre humain.

559    Après avoir formulé ces points avec une précision et une justesse totales, nous définissons qu'il n'est permis à personne de proposer une autre confession de foi, c'est-à-dire de l'écrire, de la composer, de la méditer ou de l'enseigner à d'autres. Quant à ceux qui oseraient composer une autre confession de foi, diffuser, enseigner, ou transmettre un autre symbole à ceux qui veulent se convertir du paganisme, du judaïsme ou de quelque hérésie que ce soit à la connaissance de la vérité, ou introduire un nouveau langage ou une expression inventée afin d'infirmer les points que nous venons de définir, s'ils étaient évêques ou clercs, ils seraient exclus, les évêques de l'épiscopat et les clercs du clergé ; s'ils étaient moines ou laïcs, ils seraient frappés d'anathème.

           LEON II : 17 août 682 – 3 juillet 683

Lettre “regi regum” à l'empereur Constantin IV vers août 682

Confirmation des décisions du 3e concile de Constantinople contre les monothélètes et le Pape Honorius 1er.

561    Nous avons appris en effet que le saint et grand synode universel (Constantinople III) a pensé de même que tout le concile réuni autour de ce saint Siège apostolique (Concile de Rome 68O)... et qu'il a confessé en accord avec nous :

Que notre seigneur Jésus Christ est l'un de la sainte et indivisible Trinité, qui existe à partir et en deux natures, sans confusion, sans séparation, sans division ; qu'il est, un seul et même, Dieu parfait et homme parfait, la propriété de chacune des deux natures qui se joignent en lui demeurant sauves ; qu'un seul et même a opéré les choses divines en tant que Dieu, et qu'il a opéré inséparablement les choses humaines en tant qu'homme, à l'exception du seul péché ; et le concile a affirmé en vérité que pour cette raison il a également deux volontés naturelles et deux opérations naturelles par lesquelles est manifestée principalement aussi la vérité de ses natures, pour qu'on reconnaisse en effet clairement la différence, à quelle nature elles appartiennent, à partir desquelles et dans lesquelles existe un seul et même notre Seigneur Jésus Christ ; en raison de cela nous avons effectivement reconnu... que ce saint... sixième synode... s'est attaché sans défaillance à la prédication apostolique, qu'il est en accord en tout avec la définition des cinq saints conciles universels, et qu'il n'a rien ajouté ni retranché aux déterminations de la vraie foi, mais qu'il s'est avancé avec une grande droiture sur le chemin royal et évangélique ; et en eux et par eux a été gardée l'élaboration des saints dogmes et la doctrine des Pères éprouvés de l'Église catholique...

562    Et parce que (le synode de Constantinople) a proclamé dans toute sa plénitude... la définition de la foi juste que le Siège apostolique du bienheureux apôtre Pierre, lui aussi...a reçue avec vénération, pour cette raison Nous aussi et, par notre ministère, ce vénérable Siège apostolique, d'un accord unanime, Nous donnons notre assentiment à ce qui a été défini par lui, et Nous le confirmons par l'autorité du bienheureux Pierre...

563    Et de la même manière Nous anathématisons les inventeurs de la nouvelle erreur, à savoir Théodore, l'évêque de Pharan, Cyrus d'Alexandrie, Serge, Pyrrhus ...de même aussi que Honorius qui n'a pas purifié cette Église apostolique par l'enseignement de la tradition apostolique, mais a tenté de subvertir la foi immaculée en une trahison impie (texte grec : a permis que l'Église immaculée soit souillée par une trahison impie).

           BENOIT II : 26 juin 684 – 8 mai 685

·     14e Concile de Tolède, 14-20 novembre 684.

Les propriétés des deux natures dans le Christ.

564    (chap. 8) Mais maintenant... nous prêchons (aux fidèles), en le résumant en une brève définition, qu'ils doivent reconnaître en effet que les propriétés indivisibles des deux natures demeurent dans l'unique personne du Christ, Fils de Dieu, sans division et sans séparation, comme aussi sans confusion et sans changement, l'une de la divinité, l'autre de l'homme, l'une dans laquelle il a été engendré de Dieu le Père, l'autre dans laquelle il est né de Marie la Vierge. L'une et l'autre de ses naissances est donc complète, l'une et l'autre est parfaite, ne possédant rien de moins de la divinité ne prenant rien d'imparfait de l'humanité ; il n'est pas divisé par le doublement des natures, il n'est pas redoublé dans la personne, mais Dieu parfait et homme parfait, sans aucun péché, il est l'unique Christ dans la singularité de la personne.

Existant donc comme un seul dans les deux natures, il resplendit dans les signes de la divinité et est soumis aux souffrances de l'humanité. Ce n'est pas un autre en effet qui a été engendré du Père et un autre de la mère, bien qu'il soit né autrement du Père et de la mère : toutefois le même n'est pas divisé entre les deux genres de natures mais, un seul et même, il est à la fois Fils de Dieu et Fils d'homme ; il vit bien qu'il meure, et il meurt bien qu'il vive ; il est impassible bien qu'il souffre ; il ne succombe pas à l souffrance ; il n'y est pas soumis dans la divinité et il ne s'y soustrait pas dans l'humanité ; la nature de la divinité lui donne de ne pas pouvoir mourir, la substance de l'humanité lui donne de ne pas vouloir mourir et de le pouvoir ; de par l'une des conditions il est tenu pour immortel, de par l'autre, celle des mortels, il meurt ; c'est par la volonté éternelle de la divinité qu'il assuma l'homme qu'il a pris ; c'est par la volonté de l'homme qu'il a pris que la volonté humaine est soumise à Dieu. C'est pourquoi lui-même dit au Père : « Père, non pas ma volonté, mais que la tienne soit faite » Lc 22,42, montrant ainsi que l'une est la volonté divine par laquelle l'homme a été assumé, l'autre la volonté de l'homme par laquelle on doit obéir à Dieu.

(Chap. 9) C'est pourquoi, conformément à la différence de ces deux natures, il faut aussi proclamer les propriétés de deux volontés et activités inséparables.

(Chap. 10) ... Si donc quelqu'un soit enlève quelque chose de la divinité à Jésus Christ, le Fils de Dieu né du sein de la Vierge Marie, soit soustrait quelque chose à l'humanité qu'il a prise, à la seule exception de la loi du péché, et s'il ne croit pas de façon sincère qu'il existe comme vrai Dieu et homme parfait en une unique personne, qu'il soit anathème.

           JEAN V : 23 juillet 685 – 2 août 686

           CONON : 21 octobre 686 – 21 septembre 687

           SERGE Ier : 15 décembre 687 – 8 septembre 701

·     15e Concile de Tolède, commencé le 11 mai 688 : apologie de Julien

Déclaration au sujet de la Trinité divine et de l'Incarnation

566    (1) (...) Nous avons appris que dans ce Liber responsionis fidei nostræ que nous avions envoyé à l'Église romaine par le régionnaire Pierre, il apparaissait audit Pape (Benoît II) que le premier chapitre avait été établi par nous de façon imprudente, là nous avons dit à propos de l'essence divine : « La volonté a engendré la volonté comme la sagesse la sagesse » ; cela, cet homme l'a négligé dans une lecture hâtive, et c'est pourquoi il a pensé que nous aurions employé ces expressions de façon relative ou au sens d'une comparaison avec l'esprit humain ; et c'est pourquoi il fut conduit à nous admonester dans sa réplique en disant : « Nous savons par l'ordre naturel que le verbe tire son origine de l'esprit, comme la raison et la volonté ; et on ne peut pas renverser ces termes en disant : comme le verbe et la volonté procèdent de l'esprit, de même aussi l'esprit procède du verbe ou de la volonté » ; et c'est à cause de cette comparaison que le pontife romain a pensé qu'on ne pouvait pas dire « volonté de la volonté » (ex voluntate).

Quant à nous, ce n'est pas au sens de cette comparaison avec l'esprit humain, ni au sens relatif, mais selon l'essence que nous avons dit : la volonté de la volonté (ex voluntate), comme aussi la sagesse de la sagesse (ex sapientia). Pour Dieu en effet être est la même chose que vouloir, et vouloir la même chose que savoir. Cela on ne peut pas le dire de l'homme. Car pour l'homme autre chose est ce qu'il est sans vouloir, et autre chose de vouloir même sans savoir. Mais il n'en est pas ainsi en Dieu, parce que sa nature est ainsi simple ; et c'est pourquoi pour lui être est la même chose que vouloir et savoir...

567    (4) Pour passer aussi à l'examen du deuxième chapitre dans lequel le même pape a pensé que nous aurions dit de façon imprudente que nous professions trois substances dans le Christ, le Fils de Dieu : de même que nous n'avons pas eu honte de défendre ce qui est vrai, de même certains peut-être ont-ils eu honte d'ignorer ce qui est vrai. Car qui ne saurait pas que chaque homme est fait de deux substances, à savoir de l'âme et du corps ? cf. 2Co 4,16 ; Ps 62,21.

(5) Contrairement à cette règle nous trouvons de même dans les Écritures qu'on peut comprendre l'homme tout entier lorsque habituellement est mentionnée la chair, ou qu'on peut entendre la perfection de l'homme tout entier lorsque parfois n'est mentionnée que l'âme. C'est pourquoi la nature divine et la nature humaine qui y est associée peuvent aussi bien être dites trois substances au sens propre que deux substances au sens figuré Mais autre chose est d'exprimer tout l'homme par une propriété, autre chose est de l'entendre tout entier à partir d'une partie. Il existe en effet une façon de parler que l'on trouve utilisée souvent dans les saintes Écritures, par laquelle le tout est désigné à partir d'une partie : aussi cet emploi figuré est-il appelé par les grammairiens « synecdoque ».

La Trinité divine.

568    (Art. 1) Nous croyons et confessons que celle qui est l'auteur de toutes les créatures contenues dans le triple édifice du monde et qui les conserve est la Trinité indivisible

(2) à savoir le Père, qui est la source et l'origine de toute la divinité ; le Fils, qui est l'image complète de Dieu parce que a été exprimée en lui l'union avec la gloire du Père engendré de façon ineffable du sein du Père avant la venue de tous les siècles ; et l'Esprit Saint qui procède du Père et du Fils sans aucun commencement.

569    (3) Bien que ces trois soient séparées par la distinction des personnes, jamais cependant elles ne sont séparée dans la majesté de la puissance : leur divinité en effet est montrée comme étant d'une égalité inséparable. Et cependant, bien que le Père ait engendré le Fils, le Fils pour autant n'est pas le même que le Père, ni le Père le même que Fils, et l'Esprit Saint n'est pas non plus le Père et le Fils, mais seulement l'Esprit du Père et du Fils, lui-même égal au Père et au Fils. (4) On ne doit croire aucunement qu'il y a dans cette sainte Trinité quelque chose qui soit créé, esclave et serviteur ; de même on ne doit pas affirmer que quelque chose d'adventice ou de subreptice y serait en quelque sorte survenu dont il serait établi qu'à un moment elle ne l'aurait pas eu. ...

(6) Bien que pour ces personnes, en ce qu'elles sont par rapport à elles-mêmes, aucune possibilité de séparation ne puisse être trouvée, il existe cependant, quant à ce qui a trait à la distinction, quelque chose qui peut se rapporter à chacune de façon particulière : à savoir que le Père ne tient son origine de personne, que le Fils existe parce que le Père engendre, et que l'Esprit Saint procède de l'union du Père et du Fils. ...

(10) Et lorsque nous disons cela, nous ne confondons pas les propriétés des personnes, et nous ne séparons pas non plus l'unité de la substance ; et de même on ne doit pas croire que dans cette sainte Trinité quelque chose serait plus grand ou plus petit, ni que quelque chose serait imparfait ou susceptible de changement.

(…)

570    (12) C'est pourquoi il existe quelque chose qui dans cette sainte Trinité doit être confessé sans distinction. En cela en effet que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont chacun pour eux-mêmes, le Père doit être cru sans distinction comme un seul Dieu avec le Fils et l'Esprit Saint. Mais pour ce qui a trait à la relation, la propriété des trois personnes doit être proclamée de façon distincte, comme le proclame l'Évangéliste : Allez, enseignez toutes les nations au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint Mt 28,19, On parle en effet de « relation » pour autant qu'une personne se réfère à l'autre ; en effet quand on dit « Père », on n'en dit pas moins la personne du Fils, et quand on dit " Fils " il est montré que le Père est indubitablement présent en lui.

(13) Mais avec le terme « Esprit Saint » par lequel n'est pas désignée toute la Trinité mais la troisième personne qui est dans la Trinité, il n'apparaît pas tout à fait clairement comment, au sens de la relation, il se rapporte à la personne du Père et du Fils ; en effet si nous parlons de l'Esprit Saint du Père, nous ne parlons pas de façon corrélative du Père de l'Esprit Saint, de manière qu'on ne comprenne pas l'Esprit Saint comme Fils ; cependant pour d'autres termes par lesquels est désignée la personne de l'Esprit Saint, on voit clairement qu'ils comportent la relation.

(14) C'est comme « don » en particulier que nous concevons l'Esprit Saint dont on sait qu'il est la troisième personne de la Trinité, pour la raison qu'il est donné aux croyants par le Père et le Fils avec lesquels, selon la foi, il est d'une unique essence ; c'est pourquoi si on parle du « don du donateur » et du « donateur du don », on explique sans nul doute la relation ; cela, pour échapper à tout blâme, on doit le croire aussi du terme « Esprit Saint » lui-même.

Le Christ, le Fils de Dieu incarné.

571    (16) C'est pourquoi, bien que les oeuvres de la Trinité soient inséparables, nous professons cependant dans la foi... que ce n'est pas la Trinité tout entière qui a pris chair, mais seulement le Fils de Dieu qui a été engendré de la substance de Dieu Père avant les siècles, et qui à la fin des siècles est né de la Vierge Marie selon le texte de l'Évangile qui dit : « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous ». Jn 1,14 ...

(18) (...) La prophétie de l'ange qui dit que l'Esprit Saint viendrait sur elle et que la puissance du Très-Haut, qui est le Fils de Dieu le Père, la couvrirait de son ombre Lc 1,35, montre que la Trinité tout entière coopère avec la chair du Fils.

(19) De même en effet que la Vierge a gardé avant la conception la pudeur de la virginité, de même après la naissance elle n'a connu aucune atteinte à son intégrité ; car elle a conçu vierge, elle a enfanté vierge, et après la naissance elle a conservé la pudeur de l'incorruption sans qu'elle lui soit enlevée. ...

572    (22) Que le Fils de Dieu, engendré du Père non engendré, vrai du vrai, parfait du parfait, un de l'un, tout du tout, Dieu sans commencement, ait pris un homme parfait de Marie, la sainte et inviolée toujours vierge, cela est manifeste.

(23) De même que nous lui attribuons la perfection de l'homme, de même nous croyons tout autant que sont en lui deux volontés, l'une de sa divinité, l'autre de notre humanité ;

(24) cela est rendu pleinement manifeste par les paroles des quatre évangélistes lorsque parle notre Rédempteur ; il a en effet parlé ainsi : « Mon Père, s'il est possible que ce calice s'éloigne de moi ; mais non pas comme je veux mais comme toi tu veux » Mt 26,39 ; et encore : Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé Jn 6,38 ...

(25) Par ces paroles il montre aussi qu'il a référé sa volonté à l'homme qu'il a assumé, et celle du Père à la divinité dans laquelle le même est un et égal avec le Père : car pour ce qui a trait à l'unité de la divinité, la volonté du Père n'est pas une autre que celle du Fils ; il y a en effet une seule volonté là où il existe une seule divinité. Mais pour ce qui a trait à la nature de l'homme assumé, autre est la volonté de sa divinité, autre est celle de notre humanité.

(26) C'est pourquoi en disant : « Non pas comme je veux, mais comme toi », Mt 26,39, il montre clairement qu'il ne veut pas qu'advienne ce qu'il disait selon la volonté du sentiment humain, mais ce pour quoi, selon la volonté du père, il était descendu sur terre ; mais cette volonté du Père n'est aucunement contraire à la volonté du Fils, car pour ceux pour qui la divinité est une, la volonté ne peut pas être diverse et là où il ne peut pas exister de diversité dans la nature, on peut néanmoins énumérer en termes généraux des choses qu'on peut nombrer.

573    (27) C'est pourquoi, même s'il est vrai que, du fait d'une similitude comparable selon laquelle la Trinité est appelée mémoire, intelligence et volonté, ce mot « sainte volonté » est rapporté à la personne du Saint-Esprit, dès lors qu'on l'utilise en lui-même, il est dit selon la substance.

(28) En effet, le Père est volonté, le Fils est volonté, l'Esprit Saint est volonté, de même que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu et que l'Esprit Saint est Dieu, et beaucoup d'autres choses semblables qui sont dites selon la substance par ceux qui vénèrent en vérité la foi catholique, sans qu'il y ait aucune ambiguïté.

(29) Et de même qu'il est catholique de dire : « Dieu de Dieu », « lumière de lumière », « clarté de clarté », de même c'est une affirmation juste de la foi catholique de dire : « volonté de volonté » comme sagesse de sagesse, essence d'essence ; et de même que Dieu, le Père, a engendré Dieu, le Fils, de même la volonté, le Père, a engendré la volonté, le Fils.

(30) Et bien que selon l'essence le Père est volonté, le Fils volonté, l'Esprit Saint volonté, on ne doit pas croire cependant que selon la relation ils sont un seul ; car un autre est le Père qui se réfère au Fils, un autre le Fils qui se réfère au Père, un autre l'Esprit Saint qui, parce qu'il procède du Père et du Fils, se réfère au Père et au Fils : non pas quelque chose d'autre, mais un autre ; car ceux qui ont en propre d'être un dans la nature de la divinité, ont une propriété particulière dans la distinction des personnes...

La résurrection des morts.

574    (35) De même que par sa Résurrection il nous a donné un exemple et que, nous vivifiant, après deux jours il est ressuscité le troisième jour, vivant d'entre les morts, de même nous voulons croire de toutes les façons que nous aussi nous ressusciterons à la fin des temps, non pas sous forme d'une ombre aérienne ou en celle d'une vision imaginaire, comme l'affirme l'opinion à réprouver de certains, mais dans la substance de la chair véritable dans laquelle nous nous trouvons et vivons à présent ; et au temps du jugement nous nous tiendrons devant le Christ et ses saints anges, et chacun rapportera ce qu'il a fait dans son corps, soit en bien, soit en mal 2Co 5,10, et il recevra de lui, soit pour ses actions le Règne et la béatitude sans fin, soit pour ses méfaits la mort de la damnation éternelle.

L'éminence et la nécessité de l'Église du Christ

575    (36) La sainte Église catholique qui a cette foi, lavée par l'eau du baptême, rachetée par le précieux sang du Christ, qui n'a pas de ride dans sa foi et ne porte pas la tache d'une oeuvre impure Ep 5,23-27, est en effet riche de marques d'honneur, brille par sa vertu et resplendit des dons de l'Esprit Saint.

(37) Avec le Christ Jésus notre Seigneur, sa tête dont elle est le corps sans aucun doute, elle régnera pour toujours ; et tous ceux qui maintenant ne se trouvent pas en elle ou qui ne s'y seront pas trouvés, qui en sont séparés ou s'en seront séparés, ou tous ceux qui, dans le mal du manque de foi, auront nié que les péchés y sont remis, ceux là, s'ils ne reviennent pas à elle à l'aide de la pénitence et s'ils ne croient pas d'une foi entachée d'aucun doute tout ce que le synode de Nicée..., l'assemblée de Constantinople... et l'autorité du premier concile d'Ephèse a décidé d'embrasser, et que la volonté unanime des saints pères à Chalcédoine ou des autres conciles, ou encore de tous les saints pères qui ont vécu dans la foi juste, prescrivent de garder, ils sont châtiés par une sentence de damnation éternelle, et seront brûlés à la fin des temps avec le diable et ses consorts sur un bûcher enflammé.

           JEAN VI : 30 octobre 701 – 11 janvier 705

           JEAN VI : Ier mars 705 – 18 octobre 707

           SISINNIUS : 15 janvier – 4 février 708

           CONSTANTIN Ier : 25 mars 708 — 9 avril 715

           GREGOIRE II : 19 mai 715 – 11 février 731

Lettre “désiderabilem mihi” à Boniface 22 novembre 726.

Forme et ministre du baptême.

580    Tu as fait savoir que certains ont été baptisés sans interrogation sur le Symbole par des prêtres adultères et indignes. En cette affaire, ta charité doit tenir l'antique coutume de l'Église : si quelqu'un a été baptisé au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, il n'est permis d'aucune manière de le rebaptiser ; ce n'est pas en effet au nom de celui qui baptise, mais au nom de la Trinité qu'il a reçu le don de cette grâce. Et il faut tenir ce que dit l'Apôtre : un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême Ep 4,5. Mais nous te prescrivons de donner à ceux-là, avec plus de zèle encore un enseignement spirituel.

Lettre “ta grammata” à l'empereur Léon III, entre 726 et 730

La vénération des saintes images

581    Et tu affirmes que nous nous prosternons devant des pierres, des murs et des planches de bois. Il n'en est rien, ô empereur ; nous y trouvons un rappel et un stimulant : ils élèvent vers le ciel notre esprit lourd et épais, ce qui est la raison d'être de leurs noms, de leurs titres inscrits, de leurs traits distinctifs ; mais nous n'en faisons pas des dieux, comme tu le prétends — et puisse cela ne pas arriver ! — car nous ne mettons pas notre espérance en eux. Et si c'est une image du Seigneur, nous disons : Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, secours-nous et sauve-nous. Si c'en est une de sa sainte Mère, nous disons : Toi qui as porté Dieu, sainte Mère du Seigneur, intercède auprès de ton fils, notre vrai Dieu, pour le salut de nos âmes. Et pour un martyr : saint Étienne, premier martyr, toi qui as versé ton sang pour le Christ, puisque tu peux lui parler librement, intercède pour nous. Et pour tous ceux qui dans le martyre ont témoigné de leur foi, voilà ce que nous disons, voilà les prières que nous adressons par leur intercession ; et il n'est pas vrai, comme tu le prétends, ô empereur, que nous appelions « dieux » les martyrs.

           GREGOIRE III : 18 mars 731 – 28 (29 ?) novembre 741

Lettre “Magna nos habuit” à l'évêque Boniface, vers 732.

Le baptême de validité douteuse.

582    Pour ce qui concerne ceux dont tu as dit qu'ils ont été baptisés par des païens, s'il en est ainsi, nous te commandons de les baptiser à nouveau au nom de la Trinité. ... Mais nous te prescrivons aussi que soient baptisés également ceux qui doutent s'ils ont été baptisés ou non, ou qui l'ont été par un presbytre qui sacrifie à Jupiter et qui mange des viandes immolées.

Sacrifice de la messe pour des défunts.

583    Tu as cherché à savoir s'il est permis de présenter des oblations pour des défunts. La sainte Église tient que chacun peut présenter des oblations pour ses morts véritablement chrétiens, et que les presbytres peuvent faire mémoire d'eux. Et bien que tous nous soyons soumis au péché, il convient que le prêtre fasse mémoire des catholiques défunts et intercède pour eux. Mais cela, il ne sera pas permis de le faire pour des impies, même s'ils ont été chrétiens.

           ZACHARIE : 10(3?) décembre 741 – 22(15?) mars 752

Lettre “Suscipientes sanctissimae fraternitatis”. à l'archevêque Boniface de Mayence, 5 novembre 744.

Simonie

586    (...)

(2) Nous avons trouvé (dans une lettre de Boniface au pape)... qu'il nous a été rapporté par toi que nous serions des corrupteurs des canons et que nous chercherions à abroger les traditions des Pères, et que par là — ce qu'à Dieu ne plaise ! — nous succomberions avec nos clercs à l'hérésie simoniaque, en acceptant des récompenses ou en demandant à ceux à qui nous conférons le pallium de nous accorder des récompenses en leur demandant de l'argent, ... (Il est demandé à Boniface de ne pas écrire à nouveau de telles choses), parce que nous considérons cela comme outrecuidant et injurieux si on nous attribue ce que nous abominons totalement. Loin de nous et de nos clercs la pensée de vendre pour de l'argent ce que nous avons reçu par la grâce de l'Esprit Saint. ... Nous anathématisons en effet tous ceux qui oseraient vendre pour de l'argent un don de l'Esprit Saint.

·     Concile de Rome, 3e session, 25 octobre 745.

La descente du Christ au enfers.

587    (...) Clément, qui dans sa stupidité rejette les déterminations des saints Pères et tous les actes synodaux, et qui introduit aussi pour les chrétiens le judaïsme lorsqu'il affirme qu'on peut prendre pour femme la veuve d'un frère défunt, et qui de surcroît proclame aussi que le Seigneur Jésus Christ, en descendant aux enfers. en a arraché à la fois les pieux et les impies, doit être dépouillé de tout office sacerdotal et jeté dans les liens de l'anathème.

Lettre “Virgilius et Sedonius” à l'archevêque Boniface de Mayence, 1er juillet 746 (745 ?).

L'intention et la forme requises pour le baptême.

588    Ils ont rapporté en effet qu'il y avait dans cette province un prêtre qui ignorait totalement la langue latine et qui, lorsqu'il baptisait, ne connaissant pas la prononciation latine, disait en déformant la langue : « Baptizo te in nomine Patria et Filia et Spiritus Sancti ». Et pour cette raison ta vénérable fraternité a pensé à rebaptiser. Mais... si celui qui a baptisé, en baptisant, a prononcé comme nous venons de dire non pas pour introduire une erreur ou une hérésie, mais seulement par ignorance du parler romain, nous ne pouvons pas accepter qu'ils soient baptisés à nouveau...

Lettre “Sacris liminibus”, à l'archevêque Boniface de Mayence, 1er mai 748.

L'intention et la forme requises pour le baptême

589    Dans ce (synode des Anglais) on a manifestement prescrit de façon ferme et démontré avec soin la décision et la résolution selon laquelle quiconque a été purifié sans l'invocation de la Trinité n'avait pas le sacrement de la régénération. Ce qui est tout à fait vrai ; car si quelqu'un a été plongé dans la fontaine du baptême sans l'invocation de la Trinité, il n'est pas parfait, s'il n'a pas été baptisé au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint. ... Les prêtres du synode susdit ont voulu que soit observé également que si quelqu'un, lors du baptême, omet de nommer l'une seulement des Personnes de la Trinité, cela ne peut pas être un baptême, ce qui est certainement vrai ; car celui qui n'a pas confessé un seul de la sainte Trinité, ne peut pas être un chrétien parfait.

           ETIENNE II (III) : 26 mars 752 – 26 avril 757

La forme du baptême.

592    (Réponse 14). Pour ce qui concerne ce presbytre qui a baptisé de façon si grossière : Je plonge au nom du Père, et je plonge au nom du Fils et je plonge au nom de l'Esprit Saint, et qui même comme prêtre ne sait pas si c'est un évêque qui l'a béni : celui-là, qui est dans l'ignorance quant à son ordination, il doit absolument être déposé... ; mais les enfants qu'il a baptisés, bien que de façon grossière, puisqu'ils ont été baptisés au nom de la sainte Trinité, qu'ils demeurent dans ce baptême.

           PAUL Ier : 29 mai 757 – 28 juin 767

           ETIENNE III (IV) : 7 août 768 – 24 janvier 772

           ADRIEN Ier : 9 février 772 – 25 décembre 795

Lettre “Institutio universalis” aux évêques d'Espagne, entre 785 et 79I.

L'erreur des adoptianistes.

595    (...) De votre région est venue jusqu'à nous la nouvelle attristante que quelques évêques qui y séjournent, à savoir Eliphand et Ascaricus avec d'autres qui sont en accord avec eux, ne rougissent pas de confesser le Fils de Dieu comme fils adoptif, lors même qu'aucun hérésiarque n'a osé proférer un tel blasphème, à l'exception de ce Nestorius impie qui confessait le Fils de Dieu comme un simple homme. ...

La prédestination

596    Mais ce que disent d'autres dans leurs rangs, à savoir que la prédestination à la vie ou à la mort est au pouvoir de Dieu et non au nôtre ; les uns disent : « Pourquoi nous efforçons-nous de vivre, puisque cela est au pouvoir de Dieu ? » d'autres disent : « Pourquoi prions-nous Dieu de ne pas être vaincus par la tentation, puisque cela est en notre pouvoir, de par le libre arbitre ? »

En vérité ils ne peuvent ni le justifier, ni entendre raison, puisqu'ils ne connaissent pas les écrits du bienheureux Fulgence au presbytre Eugippius contre le propos d'un pélagien : « Dieu a donc préparé dans l'éternité de son immutabilité des oeuvres de miséricorde et de justice... ; il a donc préparé des mérites pour les hommes qui doivent être justifiés ; pour les mêmes, qui doivent être glorifiés, il a préparé aussi des récompenses ; mais pour les méchants il n'a pas préparé des volontés mauvaises ou des oeuvres mauvaises, mais il leur a préparé des supplices justes et éternels. Telle est la prédestination éternelle des oeuvres à venir de Dieu, et nous l'annonçons avec autant de confiance que nous savons qu'elle nous est toujours proposée par la doctrine apostolique ».

·     2e Concile de NICEE (7e Oecuménique) 24 septembre - 23 octobre 787

7e session, 13 octobre 787.

Définition concernant les saintes images

600    (...) Avançant sur la voie royale et nous attachant à l'enseignement divinement inspiré de nos saint Pères et à la tradition de l'Église catholique, dont nous reconnaissons qu'elle est celle de l'Esprit habitant en elle, nous décidons ceci, avec toute la précision et la justesse possibles : comme pour la représentation de la précieuse et vivifiante croix, qu'on place les vénérables et saintes images, mosaïques ou oeuvres faites de toute autre matière convenable, dans les saintes églises de Dieu, sur les objets ou vêtements sacrés, les murs et des tableaux, dans les maisons et les chemins ; l'image de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ, celle de notre Dame sans tache, la sainte Mère de Dieu, celle des anges, dignes de notre respect, celle de tous les saints et justes.

601    En effet, plus on les voit, grâce à leur représentation par l'image, plus en contemplant leurs images on est amené à se rappeler et à aimer les modèles originaux et à leur donner salutations et respectueuse vénération ; non pas l'adoration véritable propre à notre foi, qui convient à la nature divine seule, mais comme on le fait pour la représentation de la glorieuse et vivifiante croix, pour les saints évangiles et tous les autres objets sacrés ; et on fera en leur honneur des encensements et l'apport de lumières, selon la pieuse coutume des Anciens. Car « l'honneur rendu à l'image s'en va au modèle original » et celui qui vénère l'image vénère en elle la personne de celui qu'elle représente.

602    Ainsi sont confirmés l'enseignement de nos saints Pères, la tradition de l'Église catholique, Église qui d'un bout à l'autre de la terre a accueilli l'Évangile ; ainsi nous nous attachons à Paul, qui parlait dans le Christ 2Co 2,17 à toute la divine assemblée des apôtres et à la sainteté de nos Pères, tenant fermement les traditions que nous avons reçues 2Th 2,15 ; ainsi nous chantons prophétiquement les hymnes célébrant la victoire de l'Église : « Réjouis-toi, fille de Sion, élève la voix, fille de Jérusalem, réjouis-toi et jubile de tout ton coeur ; le Seigneur a fait disparaître autour de toi les injustices de tes adversaires, tu es délivrée de la main de tes ennemis ; le Seigneur est roi au milieu de toi ; tu ne verras plus le malheur, et la paix sera sur toi pour toujours » So 3,14 ss. .

603    Ceux qui osent penser ou enseigner autrement, ou à la suite des hérétiques maudits mépriser les traditions de l'Église et imaginer quelque nouveauté, ou rejeter l'un des objets consacrés offerts à l'Église, évangiles, représentations de la croix, tableau ou saintes reliques d'un martyr ; ou imaginer de tortueuses et fourbes manœuvres pour renverser quelque chose dans les légitimes traditions de l'Église catholique ; ou encore faire servir à des usages profanes les objets sacrés ou les saints monastères : tous ceux-là, s'ils sont évêques ou clercs, nous ordonnons de les déposer ; s'ils sont moines ou laïcs, de les exclure de la communion.

8e session, 23 octobre 787.

Les élections aux ministères sacrés

604    Toute élection d'un évêque, d'un prêtre ou d'un diacre faite par des princes demeure nulle, selon le canon (canon des apôtres 30) qui dit : Si un évêque recourant à des princes séculiers entre par eux en possession d'une église, qu'il soit déposé, et que soient excommuniés tous ceux qui acceptent sa communion. Car celui qui doit être élevé à l'épiscopat doit être élu par des évêques, comme il a été décidé par les saints Pères réunis à Nicée, dans le canon (canon 4) qui dit : le plus convenable est qu'un évêque soit établi par tous les évêques de la province ; si la chose se révélait difficile, soit en raison d'une nécessité urgente, soit à cause de la longueur de la route, il faut de toute façon que trois évêques se réunissent au même endroit — les absents donnant aussi leur suffrage et exprimant leur consentement par écrit —, et fassent alors l'ordination. La pleine autorité sur ce qui se fait est donnée dans chaque province au métropolite.

Sur les images, l'humanité du Christ et la tradition de l'Église

605    Nous admettons les vénérables images ; ceux qui ne jugent pas ainsi, nous les soumettons à l'anathème,..

606    Si quelqu'un ne confesse pas que le Christ notre Dieu est l'imité (homologue) selon l'humanité, qu'il soit anathème...

607    Si quelqu'un n'admet pas les présentations de l'Évangile qui se font par des images, qu'il soit anathème.

608    Si quelqu'un ne salue pas ces images, faites au nom du Seigneur et de ses saints, qu'il soit anathème.

609    Si quelqu'un rejette toute la tradition ecclésiastique écrite ou non écrite, qu'il soit anathème...

Lettre “Si tamen licet” aux évêques d'Espagne, entre 793 et 794.

L'hérésie de l'adoptianisme

610    La justification avancée pour l'hérésie de l'adoption de Jésus Christ, le Fils de Dieu, doit être rejetée comme d'autres choses parce que s'appuyant sur des argumentations fausses ; on peut y lire l'ivraie des paroles hérétiques, d'une plume désordonnée. Cela l'Église catholique ne l'a jamais cru, ne l'a jamais enseigné, et jamais elle n'a donné son assentiment à ceux qui croyaient cela faussement..

611    Lui-même en effet (le Christ) a fait savoir au sujet de lui même de qui il est le fils, lorsqu'il dit qu'il a annoncé aux hommes le nom du Père. Il dit en effet : « J'ai manifesté ton nom aux hommes, que tu m'as donnés du milieu du monde » Jn 17,6. Le nom du Père, il l'a jadis manifesté aux hommes, lorsqu'il s'est fait connaître comme le Fils véritable, non putatif, propre et non adoptif. Mais il faut remarquer qu'il est dit : « aux hommes que tu m'as donnés ». De ces hommes en effet que le Père lui avait donnés, et même qu'il avait élus avant la constitution du monde, ne font pas partie ceux qui le confessent comme le fils adoptif et non comme son propre Fils, comme si un moment il avait été étranger au Père, ou s'il s'était éloigné de lui en prenant chair, alors que c'était une unique volonté du Père et du Fils que le Verbe devienne chair, comme il est écrit : « Que je fasse ta volonté ; mon Dieu, je l'ai voulu » Ps 40,9.

C'est pourquoi il dit ailleurs : « Je monte vers mon Père et votre Père » Jn 20,17. Il dit en effet de façon précise « mon » et « votre »,c'est-à-dire le sien non pas par grâce mais par nature, mais le nôtre par la grâce de l'adoption. En outre jamais le Fils n'a pas été, parce que jamais le Père n'a pas été. Toujours et partout il l'appelle expressément son Père. « Mon Père, dit-il, est à l'œuvre jusqu'à présent, et moi aussi je suis à l'œuvre » Jn 5,17 ; et encore : « Père, glorifie ton Fils, pour que ton fils te glorifie » Jn 17,1, et : « Ce que mon Père m'a donné, est plus grand que tout » Jn 10,29.

Mais si dans leurs tergiversations pleines d'astuce ils pensent que tout ce que nous avons avancé ne doit être rapporté qu'à la divinité du Fils de Dieu, qu'ils disent où il a jamais dit d'un commun sentiment avec nous « notre Père ». « Votre Père, dit-il, sait en effet ce qui vous est nécessaire » Mt 6,8. Il ne dit pas « notre », comme s'il avait été adopté avec nous par grâce. Et ailleurs : « Soyez donc parfaits vous aussi, comme votre Père des cieux est parfait » Mt 5,48. Pourquoi n'a-t-il pas dit « notre » ? Parce qu'il est autrement le nôtre, et autrement le sien. Alors il dit encore : « Si vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera l'esprit bon à ceux qui le prient ? » Lc 11,13, etc. Alors Paul, le vase d'élection, dit : « Dieu n'a pas épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour nous tous » Rm 8,32. Nous savons en effet qu'il n'a pas été livré selon la divinité, mais selon qu'il était un homme véritable.

·     Concile de Francfort (Main), vers juin 794.

a) Lettre synodale des évêques du royaume franc aux évêques d'Espagne.

612    (...) Nous avons en effet trouvé par écrit au début de votre lettre que vous affirmez : « Nous confessons et croyons que Dieu, le Fils de Dieu, a été engendré du Père avant tous les siècles et sans commencement, coéternel et consubstantiel, non par adoption mais selon la descendance ». De même on a lu peu après au même endroit : « Nous confessons et croyons que, fait de la femme, fait sous la loi Ga 4,4, il n'est pas Fils de Dieu selon la descendance mais par adoption, non par nature mais par grâce ». Voilà le serpent qui se tient caché entre les arbres fruitiers du paradis afin de tromper tous les imprudents...

613    De même ce que vous avez ajouté dans ce qui suit, nous ne l'avons pas trouvé affirmé dans la profession de foi du symbole de Nicée : « dans le Christ deux natures et trois substances » 18e session, 16 septembre 681. et « homme déifié » et « Dieu humanisé ». Qu'est la nature de l'homme, sinon âme et corps ? ou quelle différence entre « nature » et « substance », de sorte qu'il faudrait parler de trois substances et non pas plus simplement, comme le disent les saints Pères, confesser notre Seigneur Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme en une seule personne ?

Mais la personne du Fils est demeurée dans la sainte Trinité ; à cette personne s'est jointe la nature humaine, en sorte qu'il y a une unique personne, Dieu et homme, non pas un homme divinisé et un Dieu humanisé, mais Dieu homme et homme Dieu : en raison de l'unité de la personne, un seul Fils de Dieu, et le même Fils d'homme, Dieu parfait, homme parfait.

L'homme n'est parfait qu'avec l'âme et le corps ... ; nous non plus nous ne nions pas que dans le Christ ces trois sont vraiment présents, à savoir la divinité, l'âme et le corps. Mais parce qu'il est appelé en vérité Dieu et homme, dans le nom de « Dieu » est désigné tout ce qui est de Dieu, et dans celui d’« homme » est entendu tout ce qu'est l'homme. C'est pourquoi il suffit de confesser en lui l'une et l'autre : la substance parfaite de la divinité, et la substance parfaite de l'humanité ... La coutume ecclésiastique a l'habitude de nommer dans le Christ deux substances, à savoir celle de Dieu et celle de l'homme....

614    S'il est donc Dieu véritable, celui qui est né de la Vierge, comment peut-il être fils adoptif ou esclave ? Car vous n'osez aucunement confesser Dieu comme esclave ou comme fils adoptif ; et même si le prophète l'a appelé esclave, ce n'est pas en raison de la condition de servitude mais en raison de l'obéissance de l'humilité par laquelle il est devenu pour le Père « obéissant jusqu'à la mort » Ph 2,8.

b) Capitulaire du concile.

Condamnation des adoptianistes.

615    Canon 1... Au début des chapitres on a commencé par l'hérésie impie et blasphématoire de l'évêque Eliphand de Tolède et de Félix d'Urgel et de leurs adeptes, qui dans leur pensée fausse affirmaient pour le Fils de Dieu une adoption : ce qu'ont contredit d'une seule voix et ont rejeté tous les très saints Pères susdits, et ils décidèrent que cette hérésie devait être éradiquée complètement de la sainte Eglise.

           LEON III : 27 décembre 795 – 12 juin 816

Concile de Frioul, 796 ou 797 : profession de foi.

La Trinité divine.

616    (Après le symbole de Constantinople suit ceci) : Mais la sainte Trinité, parfaite, inséparable, ineffable et vraie, c'est-à-dire le Père et le Fils et l'Esprit Saint, je la confesse sans division dans l'unité de la nature, parce que Dieu est trine et un ; à savoir trine par la distinction des personnes, un par la substance inséparable de la divinité. Nous croyons donc que ces trois personnes... ne sont pas en apparence seulement ou comme conjecturées, mais vraies, subsistantes, coéternelles, coégales et consubstantielles...

617    Car le Père, vrai Dieu, est vraiment et proprement Père, qui à partir de lui-même, c'est-à-dire de sa substance, a engendré en dehors du temps et sans commencement le vrai Fils, coéternel, consubstantiel et coégal à lui.

Et le Fils, vrai Dieu, est vraiment et proprement Fils, qui a été engendré du Père tous les siècles. ... Et jamais le Père n'a été sans le Fils, ni le Fils sans le Père. ...

618    Et l'Esprit Saint, vrai Dieu, est vraiment et proprement Esprit Saint : ni engendré, ni créé, mais procédant en dehors du temps et inséparablement du Père et du Fils. Il a été, est et sera toujours consubstantiel, coéternel et égal au Père et au Fils. Et jamais le Père ou le Fils n'a été sans l'Esprit Saint, ni l'Esprit Saint sans le Père et le Fils.

619    Et c'est pourquoi les oeuvres de la Trinité sont toujours inséparables, et il n'y a dans la Trinité rien de divers, de dissemblable ou d'inégal : rien n'est divisé dans la nature, rien n'est confondu dans les personnes, rien n'est plus grand ou plus petit, rien n'est antérieur ou postérieur, rien n'est supérieur ; mais une puissance unique et égale, une même majesté, pour toujours, coéternelle et consubstantielle....

Le Christ, le Fils de Dieu par nature, non par adoption.

619    Mais de cette Trinité ineffable, seule la personne du Verbe, c'est-à-dire le Fils... est descendu des cieux dont il ne s'est jamais éloigné. Il s'est incarné de l'Esprit Saint et est devenu vrai homme de Marie toujours vierge, et il demeure vrai Dieu.

Et la naissance humaine et dans le temps n'a pas porté préjudice à cette naissance hors du temps, mais le vrai Fils de Dieu et le vrai Fils d'homme sont dans l'unique personne du Christ Jésus ; ce n'est pas un autre qui est Fils d'homme et un autre qui est Fils de Dieu, mais un seul et même est Fils de Dieu et Fils d'homme, dans les deux natures, la divine et l'humaine, vrai Dieu et vrai homme ; il n'est pas Fils de Dieu putatif, mais vrai ; non pas fils adoptif, mais le propre Fils, car jamais la nature humaine qu'il a prise ne l'a éloigné du Père.

Lui seul en effet est né homme sans péché, puisque seul il s'est incarné, homme nouveau, de l'Esprit Saint et de la Vierge immaculée. Il est consubstantiel à Dieu Père en sa nature, c'est-à-dire divine ; consubstantiel aussi à la mère, sans la souillure du péché, en notre nature, c'est-à-dire la nature humaine. C'est pourquoi nous confessons que dans chacune des deux natures, il est le propre Fils de Dieu et non pas son fils adoptif, parce que, sans confusion et sans séparation, après avoir pris la nature humaine, un seul et même est Fils de Dieu et Fils d'homme. Il est fils du père par nature selon la divinité, et Fils de la mère par nature selon l'humanité, mais proprement Fils du Père en l'un et l'autre.

           ETIENNE IV : 22 juin 816 – 24 janvier 817

           PASCAL Ier : 25 janvier 817 – 11 février 824

           EUGENE II : février – mai 824 – août 827

           VALENTIN : août – septembre 827

           GREGOIRE IV : septembre ( ?)827 – janvier 844

           SERGE II : janvier 844 – 27 janvier 847

           LEON IV : 10 avril 847 – 17 juillet 855

·     Concile de Pavie, 850.

Le sacrement de l'onction des malades.

620    (8) Ce sacrement salutaire aussi que recommande l'apôtre Jacques en disant : « L'un de vous est-il malade ?... il lui sera pardonné » Jc 5,14 doit être porté à la connaissance des peuples par une prédication adroite : c'est en effet un mystère grand et très désirable, par lequel, s'il est demandé dans la foi, le péché est remis et par suite aussi la santé corporelle rétablie. ... Mais il faut savoir que si celui qui est malade est livré à la pénitence publique, il ne peut pas recevoir le remède de ce mystère, à moins qu'ayant d'abord obtenu la réconciliation, il ait pu recevoir le corps et le sang du Christ. Car à celui à qui les autres sacrements sont interdits, il ne sera en aucun cas permis d'user de celui-là.

·     Concile de Quierzy, Mai 853

Le libre arbitre de l'homme et la prédestination.

621    Chap. 1. Dieu tout-puissant a créé l'homme droit, sans péché, et avec le libre arbitre, et il l'a placé dans le paradis, voulant qu'il demeure dans la sainteté de la justice, L'homme, ayant mal usé de son libre arbitre, a péché et est tombé, et il est devenu « masse de perdition » (St Augustin), de tout le genre humain. Mais Dieu, bon et juste, a choisi parmi cette masse de perdition, selon sa prescience, ceux qu'il a prédestinés par grâce Rm 8,29 ; Ep 1,11 à la vie, et il les a prédestinés à la vie éternelle ; les autres, ceux que le jugement de sa justice a hissés dans la masse de perdition, il a su par avance qu'ils seraient perdus, mais il ne les a pas prédestinés à la perdition ; cependant il les a prédestinés à une peine éternelle parce qu'il est juste. Et pour cela nous parlons d'une seule prédestination, qui a trait soit au don de la grâce, soit à la rétribution de la justice.

622    Chap. 2. Nous avons perdu le libre arbitre dans le premier homme et nous l'avons reçu par le Christ notre Seigneur, et le libre arbitre, nous l'avons pour le bien, prévenu et aidé par la grâce, et le libre arbitre, nous l'avons pour le mal, abandonné par la grâce. Mais le libre arbitre nous l'avons, parce qu'il est libéré par la grâce et guéri de la corruption par la grâce.

623    Chap. 3. Dieu tout-puissant veut que « tous les hommes » sans exception « soient sauvés » 1Tm 2,4, bien que tous ne soient pas sauvés. Que certains se sauvent, c'est le don de celui qui sauve ; que certains se perdent, c'est le salaire de ceux qui se perdent.

624    Chap. 4. De même qu'il n'y a eu, qu'il n'y a ou qu'il n'y aura aucun homme dont la nature n'ait été assumée dans le Christ Jésus notre Seigneur, de même il n'y a, il n'y a eu et il n'y aura aucun homme pour qui il n'ait pas souffert, bien que tous pourtant ne soient pas rachetés par le mystère de sa Passion. Que tous ne soient pas rachetés par le mystère de sa Passion ne concerne ni la grandeur ni l'abondance du rachat, mais la partie des infidèles et de ceux qui ne croient pas de cette foi qui « agit par la charité » Ga 5,6 ; car la coupe du salut de l'humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine, contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l'on n'y boit pas, on n'est pas guéri.

·     Concile de Valence, 8 janvier 855.

La prédestination.

625    Canon 1... Les nouveautés dans les expressions et les bavardages présomptueux qui peuvent avoir davantage pour résultat d'attiser les braises des disputes et des scandales entre frères que de susciter une quelconque édification dans la crainte de Dieu, nous les évitons en y mettant tout notre effort. Sans hésitation cependant nous prêtons écoute avec révérence et nous soumettons notre intelligence avec obéissance aux docteurs qui traitent la parole de vérité de façon pieuse et juste, et à ceux qui ont expliqué les saintes Écritures de façon particulièrement lumineuse, c'est-à-dire à Cyprien, Hilaire, Ambroise, Jérôme, Augustin et aux autres qui reposent dans la piété catholique, et de toute nos forces nous embrassons ce qu'ils ont écrit pour notre salut. En effet, au sujet de la prescience de Dieu et de la prédestination, et des autres questions à propos desquelles il est apparu que les frères ont éprouvé un scandale qui n'est pas minime, nous croyons qu'il ne faut tenir très fermement que ce que pour notre joie nous avons puisé du sein maternel de l'Église.

626    Canon 2. Nous tenons fidèlement que « Dieu sait et a su par avance de toute éternité et le bien que feraient les bons, et le mal que commettraient les méchants », car nous avons la parole de l'Écriture qui dit : « Dieu éternel qui connais les choses cachées, qui connais toutes choses avant qu'elles soient » Ga 13,42 ; et il nous plaît de tenir qu’« il a su par avance, absolument, que les bons seraient bons par sa grâce, et qu'ils recevraient par cette même grâce les récompenses éternelles ; qu'il a su par avance que les méchants seraient mauvais par leur propre malice, et qu'ils seraient condamnés par sa justice au châtiment éternel » ; comme selon le Psalmiste : « Parce que Dieu a la puissance et le Seigneur la miséricorde qui rend à chacun selon ses oeuvres " Ps 62,12  ss., et comme il en va dans la doctrine apostolique : « A ceux qui par la persévérance à bien faire recherchent gloire, honneur et incorruptibilité, la vie éternelle ; mais a ceux qui par révolte n'acquiescent pas à la vérité, mettant leur confiance dans l'injustice, colère et indignation, tribulation et angoisse pour toute âme humaine qui commet le mal » Rm 2,7-10.

Dans le même sens le même dit ailleurs : « Dans la révélation de notre Seigneur Jésus Christ depuis le ciel avec les anges de sa puissance, tirant vengeance dans un feu de flammes de ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui n'obéissent pas à l'Évangile de notre Seigneur Jésus Christ, qui subiront des peines éternelles dans la ruine,...lorsqu'il viendra pour être glorifié en ses saints et pour être admiré dans tous ceux qui auront cru » 2Th 1,7-10.

627    Au reste la prescience de Dieu n'a imposé à aucun méchant une nécessité qui l'eût empêché d'être autre, mais ce que celui-ci serait de par sa propre volonté, en tant que Dieu qui sait toutes choses avant qu'elles soient, il l'a su par avance eu raison de sa majesté toute-puissante et immuable. « Nous ne croyons pas non plus que quelqu'un est condamné en raison d'un jugement qu'il (Dieu) a porté par avance, mais qu'il l'est en raison de sa propre iniquité ». « Et ces méchants ne périssent pas parce qu'ils n'ont pas pu être bons, mais parce qu'ils n'ont pas voulu être bons et que par leur vice ils sont demeurés dans la masse de damnation, soit par démérite originel, soit aussi par démérite actuel ».

628    Canon 3. Au sujet de la prédestination également nous avons décidé, et nous nous y tenons fidèlement, selon l'autorité apostolique qui dit : « Le potier n'a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse une masse destinée à être un vase noble, et un autre destiné à un usage vil ? » Rm 9,21, en ajoutant aussitôt : « Si donc Dieu voulant montrer sa colère et manifester sa puissance, a supporté avec beaucoup de patience les vases de colère prêts ou préparés pour la perdition, afin de montrer les richesses de sa grâce dans les vases de miséricorde qu'il a préparés pour la gloire » Rm 9,22 ss. : nous affirmons avec confiance la prédestination des élus à la vie, et la prédestination des impies à la mort ; dans l'élection cependant de ceux qui doivent être sauvés la miséricorde de Dieu précède le mérite, tandis que dans la damnation de ceux qui doivent périr le démérite précède le juste jugement de Dieu. « Par la prédestination Dieu a seulement déterminé ce que lui-même ferait soit par miséricorde gratuite, soit par juste jugement », selon l'Écriture qui dit : « Il a fait ce qui sera » Is 45,11 ; chez les méchants cependant il a su par avance leur malice, parce qu'elle provient d'eux ; il ne l'a pas prédestinée, parce qu'elle ne provient pas de lui.

629    Mais la peine qui suit leur démérite, en tant que Dieu qui voit tout par avance, il l'a sue et destinée à l'avance parce qu'il est juste, lui, auprès de qui se trouve, comme le dit Saint Augustin, pour absolument toute chose aussi bien un jugement fixé qu'une prescience certaine. A cela correspond la parole du Sage : « Les jugements sont préparés pour les moqueurs et les masses qui frappent pour les corps des insensés » Pr 19,29.

De cette immuabilité de la prescience et de la prédestination de Dieu, par laquelle auprès de lui les choses futures sont déjà advenues, la parole de l'Ecclésiaste peut elle aussi bien se comprendre : « J'ai reconnu que toutes les oeuvres que Dieu a faites demeurent pour toujours. Nous ne pouvons rien ajouter ni rien retrancher de ce que Dieu a fait pour qu'on le craigne » Qo 3,14. « Mais qu'il y ait des hommes prédestinés au mal par la puissance divine », de telle sorte que pour ainsi dire ils ne puissent pas être autre chose, « non seulement nous ne le croyons pas, mais s'il en est qui voulaient croire une chose aussi mauvaise, avec toute notre détestation », comme aussi le concile d'Orange, « nous leur disons : anathème » 397.

630    Chap. 4. De même au sujet de la Rédemption par le sang du Christ : en raison de la très grande erreur qui a surgi à ce sujet, au point que certains, comme leurs écrits l'indiquent, définissent qu'il a été versé également pour ces impies qui, depuis le commencement du monde jusqu'à la Passion du Seigneur, sont morts dans leur impiété et ont été punis de la damnation éternelle, et cela contre cette parole prophétique : « Je serai ta mort, ô mort, je serai ton fléau, en fer » Os 13,14, nous avons décidé qu'il faut tenir et enseigner simplement et fidèlement selon la vérité de l'Évangile et des apôtres que nous devons tenir que ce prix a été donné pour ceux-là seulement dont notre Seigneur lui-même dit : « De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même le Fils de l'homme doit être élevé pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Dieu en effet a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » Jn 3,14-16, et l'Apôtre dit : « Le Christ a été offert une fois pour toutes pour enlever les péchés de beaucoup » He 9,28.

631    Quant aux — (quatre chapitres qui ont été imprudemment acceptés par le concile de nos frères, en raison de leur inutilité et même de leur nocivité, et de l'erreur contraire à la vérité ; mais aussi aux autres) — dix-neuf chapitres, résultant de raisonnements ineptes et qui — même si on s'en vante — ne s'appuient sur aucune érudition séculière, dans lesquels on trouve davantage une invention du diable qu'un argument quelconque de la foi : nous les éloignons totalement de l'ouïe pieuse des fidèles, et pour que ceux-ci soient gardés en tout de telles choses et d'autres semblables, nous les interdisons par l'autorité du Saint-Esprit ; nous estimons aussi que ceux qui introduisent des nouveautés doivent être châtiés pour n'être pas frappés plus sévèrement encore.

632    De même nous croyons qu'il faut tenir très fermement que toute la multitude des fidèles qui a été régénérée « de l'eau et de l'Esprit Saint » Jn 3,5, qui par là a été vraiment incorporée à l'Église et, selon la doctrine apostolique, baptisée dans la mort du Christ Rm 6,3 a été lavée de ses péchés dans son sang ; car il n'aurait pas pu y avoir de vraie régénération en eux s'il n'y avait pas eu aussi une vraie Rédemption ; il n'y a rien en effet dans les sacrements de l'Église qui soit vain, rien qui soit trompeur, mais tout est vrai et soutenu par sa vérité et sa sincérité.

Toutefois de cette multitude même des fidèles et des rachetés, les uns sont sauvés par un salut éternel, parce que par la grâce de Dieu ils sont demeurés fidèles dans sa Rédemption, portant dans leur coeur la parole du Seigneur lui-même : « Celui... qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé » Mt 10,22 ; Mt 24,13 ; les autres, qui n'ont pas voulu demeurer dans le salut de la foi qu'ils ont reçue au début, et qui ont préféré annuler la grâce de la Rédemption par une doctrine ou une vie dépravées plutôt que de la conserver, ne parviennent d'aucune manière à la plénitude du salut et à l'obtention de la béatitude éternelle. Rm 6,3 ; Ga 3,27 ; He 10,22 ; He 26,28.

633    Chap.6. De même au sujet de la grâce par laquelle sont sauvés ceux qui croient, et sans laquelle la créature raisonnable n'a jamais vécu de façon bienheureuse, et au sujet du libre arbitre blessé par le péché dans le premier homme mais rétabli et guéri par la grâce du Seigneur Jésus, nous confessons de la façon la plus ferme et d'une foi pleine cela même que les saints Pères sur l'autorité des saintes Écritures nous ont enseigné à tenir, ce qu'ont professé le concile africain 222 et celui d'Orange 370-397, ce que les très bienheureux pontifes du Siège apostolique 238-249 ont tenu par la foi catholique, et au sujet de la nature et de la grâce également nous ne nous permettons d'aucune manière d'aller dans une autre direction.

Quant aux arguties ineptes et aux commérages de vieilles femmes 1Tm 4,7 et quant à la bouillie des disciples de Scot qui répugne jusqu'à la nausée à la pureté de la foi — en ce qui en ces temps très dangereux et difficiles, et pour augmenter encore notre labeur, s'est accru de façon misérable et déplorable jusqu'à rompre la charité —, nous le rejetons complètement pour que les esprits chrétiens n'en soient pas corrompus et ne dévient pas de la simplicité et de la pureté de la foi qui est dans le Christ Jésus 2Co 11,3 et dans la charité du Christ nous exhortons la charité fraternelle à réfréner son ouïe en se gardant de telles choses.

           BENOIT III : juillet 855 – 17 avril 858

           NICOLAS Ier : 24 avril 858 – 13 novembre 867

·     Concile de Rome, 862.

L'hérésie des théopaschites

635    Chap. 1 (7). Il faut certes croire réellement et professer à tous égards que notre seigneur Jésus Christ, Dieu et Fils de Dieu, a enduré la Passion de la croix seulement selon la chair, mais qu'en sa divinité il est demeuré impassible, comme l'enseigne l'autorité apostolique et la splendide doctrine des très saints Pères.

636    Chap. 2. (8) Quant à ceux qui disent que notre Rédempteur et Seigneur Jésus Christ et Fils de Dieu a enduré la Passion de la croix selon la divinité, ce qui est impie et exécrable pour des esprits catholiques, qu'ils soient anathèmes.

L'effet du baptême

637    Chap.9 (4).Tous ceux qui disent que ceux qui sont renés de la source du très saint baptême en croyant au Père et au Fils et au Saint-Esprit, ne sont pas également lavés du péché originel, qu'ils soient anathèmes.

Lettre “Proposueramus quidem” à l'empereur Michel, 28 septembre 865

638    (...) Le juge ne sera jugé ni par l'empereur, ni par tout le clergé, ni par les rois, ni par le peuple... « Le premier Siège ne sera jugé par personne »...

639    Où donc avez-vous lu que les empereurs, vos prédécesseurs, auraient pris part aux assemblées synodales à l'exception peut-être de celles dans lesquelles il a été traité de la foi, qui est universelle, qui est commune à tous, qui ne concerne pas seulement les clercs, mais également les laïcs et en fait tous les chrétiens ?... Plus une plainte est adressée au jugement d'une autorité supérieure, plus il faut se tourner vers une instance plus élevée, jusqu'à ce que, pas à pas, on parvienne à ce Siège dont le jugement est soit modifié en mieux par lui-même, si l'importance de l'affaire l'exige, soit réservé, sans interrogation, au seul jugement de Dieu.

640    En outre, si vous ne Nous écoutez pas, il en résultera que nécessairement vous serez pour Nous tels que notre Seigneur prescrit de considérer ceux qui dédaignent écouter l'Église de Dieu ; d'autant plus que les privilèges de l'Église romaine, confirmés par la bouche du Christ dans le bienheureux Pierre, disposés dans l'Église elle-même, reconnus depuis les temps anciens, célébrés par les saints synodes universels, et vénérés constamment par toute l'Église, ne peuvent d'aucune manière être diminués, limités et modifiés, car le fondement que Dieu a posé, une entreprise humaine ne peut pas l'écarter et ce que Dieu a établi tient de façon ferme et solide... Ces privilèges donc, conférés à cette sainte Église par le Christ qui n'ont pas été conférés par les synodes, mais seulement célébrés et vénérés par eux... Nous contraignent et Nous poussent à « avoir la sollicitude de toutes les Églises » de Dieu 2Co 11,28 ...

641    Car puisque selon les canons le jugement des instances inférieures doit être déféré à l'autorité supérieure pour être annulé ou confirmé, il est manifeste que le jugement du Siège apostolique, pour lequel il n'y a pas d'autorité plus grande, ne doit être réexaminé par personne 232, « et qu'il n'est permis à personne de juger de son jugement. Car les canons ont voulu qu'on fasse appel auprès de lui de toutes les parties du monde ; mais il n'est permis à personne de faire appel de son jugement » ...

Si donc on admet que ce qui a trait au jugement de l'évêque de Rome ne doit plus être examiné — car la coutume le veut elle aussi —, nous ne nions pas que le jugement de ce Siège puisse être modifié en mieux lorsque quelque chose lui a échappé, ou que lui-même, compte tenu des circonstances et du moment, ou en raison d'une grave nécessité, avait décidé d'ordonner quelque chose de façon exceptionnelle, car l'excellent apôtre Paul a lui aussi, comme nous le lisons, fait certaines choses de façon exceptionnelle qu'ensuite, nous le savons, il a réprouvées ; mais dans le cas seulement où celle-ci, à savoir l'Église romaine, après examen attentif, a ordonné que cela soit fait, et non quand elle-même a refusé que ce qui a été bien défini soit examiné à nouveau...

642    Quant à vous, nous le demandons, ne portez pas préjudice à l'Église de Dieu : car elle, elle ne porte aucun préjudice à votre empire puisque, au contraire, elle supplie la divinité éternelle pour sa stabilité, et qu'elle prie, avec une dévotion incessante, pour votre conservation et votre salut. Ne vous arrogez pas ce qui lui revient : ne cherchez pas à lui enlever ce qui a été commis à elle seule : car vous le savez, autant il ne convient pas à un clerc, à un homme au service de Dieu, de se mêler aux affaires du siècle, autant assurément un homme chargé des affaires de ce monde doit rester à l'écart des choses sacrées.

Enfin Nous ignorons absolument comment ceux à qui il est permis seulement de présider aux choses humaines et non aux choses divines, osent juger ceux qui s'occupent de ces choses divines. Cela a existé avant la venue du Christ, lorsque certains étaient de façon exemplaire à la fois rois et prêtres; l'histoire sainte rapporte que saint Melchisédech l'a été Gn 14,18, et cela le diable l'a imité dans ses membres, lui qui toujours cherche à revendiquer pour lui-même, de façon tyrannique, ce qui revient au culte divin, de sorte que les empereurs païens furent appelés en même temps « Souverains pontifes ». Mais dès que l'on fut parvenu à celui qui est à la fois le roi et le pontife véritable, l'empereur ne s'est plus arrogé les droits du pontificat, ni le pontife le nom impérial.

Car le même « médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Christ Jésus » 1Tm 2,5 a séparé les fonctions des deux pouvoirs selon des activités propres et des dignités distinctes — voulant qu'elles soient portées vers le haut par leur propre — humilité, et non pas ramenées vers les profondeurs par l'orgueil humain — en sorte que les empereurs aient besoin des pontifes pour la vie éternelle et que les pontifes fassent usage des lois de l'empereur pour le cours des affaires purement temporelles : afin que l'activité spirituelle soit loin des incursions charnelles, et que donc celui qui est au service de Dieu ne se mêle d'aucune manière des affaires séculières 2Tm 3,4 et que d'autre part l'on ne voie pas présider aux affaires divines celui qui est mêlé aux affaires séculières ; en sorte que tout à la fois il soit pourvu à la modestie des deux ordres, afin qu'ils ne s'élèvent pas en s'appuyant sur l'un et l'autre, et que la fonction soit adaptée à chaque fois à ce que sont les actions.

Réponses “Ad consulta vestra” aux Bulgares, 13 novembre 866.

La forme essentielle du mariage.

643    Chap. 3... Il suffira selon les lois du seul consentement de ceux dont on considère l'union ; si ce seul consentement devait faire défaut lors des noces, tout le reste, même réalisé avec l'union charnelle elle-même, sera vain, comme l'atteste le grand docteur Jean Chrisostome qui dit : « Ce qui fait le mariage, ce n'est pas l'union charnelle, mais le consentement ».

Forme et ministre du baptême.

644    Chap. 15. Vous demandez si les hommes qui ont reçu le baptême de ce (pseudo-prêtre) sont chrétiens ou s'ils doivent être baptisés à nouveau. Mais s'ils ont été baptisés au nom de la Trinité très haute et indivisible, ils sont réellement chrétiens, et quel qu'ait été le chrétien par qui ils ont été baptisés, il ne convient pas qu'ils soient baptisés à nouveau ; car... « le baptême... même conféré par un adultère ou par un voleur, parvient comme un don intact à celui qui le reçoit » 356 (...)

Et c'est pourquoi le méchant, lorsqu'il procure le bien, ce n'est pas aux autres mais à lui-même qu'il fait subir un surcroît de dommage ; et c'est pourquoi il est certain que ceux que ce Grec a baptisés, aucune part de la blessure ne les atteint, en raison de ceci : « C'est lui qui baptise » Jn 1,33, c'est-à-dire le Christ, et encore : « Dieu donne la croissance » 1Co 3,7, sous-entendu : et non pas l'homme.

645    Chap. 71. Personne, aussi impur qu'il soit, ne peut rendre impurs les sacrements divins, qui sont le remède qui purifie de toutes les souillures. De même un rayon de soleil qui passe par les cloaques et les latrines ne peut pas en recevoir de souillure ; aussi, quelle que soit la qualité du prêtre, il ne peut pas polluer ce qui est saint ; c'est pourquoi, jusqu'au moment où il sera rejeté par un jugement des évêques, on doit recevoir de lui la communion, car lorsque les méchants procurent un bien, c'est à eux-mêmes seulement qu'ils portent un tort, et une torche qui est allumée cause certes une perte à elle-même, mais aux autres elle donne la lumière dans les ténèbres... Recevez donc avec intrépidité le mystère du Christ de tout prêtre, car tout est purifié dans la foi.

646    Chap. 104. Vous dites que dans votre patrie beaucoup ont été baptisés par un juif — vous ne savez pas s'il est chrétien ou païen — et vous demandez quelle conduite avoir à leur sujet. Si ceux-ci ont été vraiment baptisés au nom de la sainte Trinité ou seulement au nom du Christ, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres 1Co 2,38 ; 1Co 19,5 (car c'est là une seule et même chose comme l'expose Ambroise), il est établi qu'ils ne doivent pas être baptisés à nouveau ; mais d'abord il faut rechercher si ce juif était chrétien ou païen, ou s'il est devenu chrétien ensuite, encore que nous croyions qu'il ne faut pas négliger ce que le bienheureux Augustin dit du baptême : « Nous l'avons déjà assez démontré, dit-il, le baptême qui est consacré par les paroles de l'Évangile n'est pas mis en jeu par l'erreur du ministre qui a sur le Père, le Fils ou le Saint-Esprit une opinion différente de ce qu'enseigne la doctrine céleste », et à nouveau : « Il en est aussi dans ce nombre certains qui mènent une vie scandaleuse ou même qui traînent dans l'hérésie ou dans les superstitions des gentils ; et pourtant même là “le Seigneur connaît les siens” 2Tm 2,19. Car dans cette ineffable prescience de Dieu, beaucoup de ceux qui paraissent au-dehors sont au-dedans ».

Et dans un autre passage : « Même des esprits assez lents comprennent, comme je le pense, que nulle perversité humaine, du ministre ou du sujet, ne peut faire violence au baptême du Christ » ; et encore : « Quelqu'un qui est séparé peut transmettre, comme quelqu'un qui est séparé peut posséder, mais transmettre de manière funeste ; quant à celui à qui il transmet, il peut recevoir pour son salut si lui-même ne reçoit pas en étant séparé ».

Aucun emploi de la force dans l'acceptation de la foi.

647    Chap. 41. Au sujet de ceux qui refusent de recevoir le bien du christianisme, nous ne pouvons rien vous écrire d'autre, sinon que vous devez les convaincre d'accéder à la vraie foi par des monitions, des exhortations et des instructions, plutôt que de les convaincre par la force de ce que leur pensée est vanité.

Par ailleurs, en aucune manière, il ne doit leur être fait violence pour qu'ils croient. Car tout ce qui ne provient pas d'un désir, ne peut être bon Ps 53,8 ; Ps 118,108 ; Ps 27,7 ; Dieu commande en effet une soumission volontaire, et qui soit manifestée par des volontaires seulement, car s'il avait voulu mettre en œuvre la force, personne n'aurait pu résister à sa toute-puissance.

L'aveu d'un crime ne doit pas être extorqué par la torture.

648    Chap. 86. Vous dites que chez vous, lorsqu'un voleur ou un brigand a été pris et qu'il a nié ce qui lui est reproché, le juge frappe sa tête avec des verges et pique ses flancs avec des pointes de fer jusqu'à ce qu'il produise la vérité ; cela, ni la Loi divine, ni la loi humaine ne l'admet, d'aucune manière, car un aveu ne doit pas être involontaire mais spontané, et il ne doit pas être provoqué par la violence mais proféré de façon volontaire ; s'il arrive en fin de compte qu'après avoir infligé ces tourments vous ne trouviez absolument rien de ce qui est reproché à celui qui les a subis, ne rougissez-vous pas au moins alors et ne reconnaissez-vous pas de quelle façon impie vous jugez ?

Et de même si un homme accusé, qui a subi cela et qui ne peut pas le supporter, dit qu'il a perpétré ce qu'il n'a pas perpétré: ers qui, je le demande, se retourne toute l'ampleur d'une telle impiété, sinon vers celui qui l'a contraint à avouer cela de façon mensongère ? Pourtant on sait qu'il n'avoue pas, mais qu'il parle, celui qui dit de sa bouche ce qu'il n'a pas dans son cœur !...

Par ailleurs lorsqu'un homme libre a été appréhendé pour un crime et que — à moins qu'il ait déjà été trouvé coupable d'un crime auparavant, ou que, confondu par trois témoins, il subisse la peine, ou qu'il n'ait pas pu être confondu — il jure sur le saint Évangile qui lui est présenté qu'il ne l'a pas commis, il sera absous, et ensuite il sera mis un terme à cette affaire comme l'atteste l'apôtre des nations plusieurs fois mentionné lorsqu'il dit : « pour confirmer le terme qui est mis à toute controverse entre eux, il y a le serment » He 6.

           HADRIEN II : 14 décembre 867 – 14 décembre 872

·     4e Concile de CONSTANTINOPLE (8e Œcuménique) 5 octobre 869-28 févrieR

10e session, 28 février 870 : canons.

La tradition, règle pour la foi.

650    (traduction du bibliothécaire Anastase)

Canon 1. Désireux de marcher sans encombre sur la voie droite et royale de la justice divine, nous devons garder comme flambeaux toujours brillants, illuminant nos pas qui vont à la suite de Dieu, les ordonnances et la pensée des saints Pères.

(Version grecque abrégée : « VGA »

1. Désireux de marcher sans encombre sur la voie droite et royale de la justice divine, nous devons garder comme des flambeaux toujours brillants les ordonnances et la pensée des saints Pères ;

651    C'est pourquoi, à l'instar du grand et très sage Denys, nous les regardons et les considérons comme une seconde Parole divine ; et de même, à leur sujet, nous chantons avec le plus vif empressement, avec le divin David : « Le commandement lumineux de Dieu, clarté pour les yeux ». Ps 19,9 ; Ps 119,105 ; Pr 6,23 ; Is 26,9 ...

C'est en effet à la lumière qu'à juste titre sont comparées les recommandations et les interdictions des canons divins, c'est grâce à eux que l'on distingue le meilleur du pire, et que l'on discerne ce qui est utile et profitable de ce qui n'est pas utile mais nuisible.

652    Donc, les règles qui ont été transmises à la sainte Église catholique et apostolique tant par les saints et très illustres apôtres que par les conciles œcuméniques et locaux des orthodoxes, ou même par n'importe quel Père porte-parole de Dieu et docteur de l'Église, nous déclarons les observer et les garder.

Réglant sur eux nos mœurs et notre propre vie, nous décrétons que l'ensemble des prêtres ainsi que ceux qui sont comptés sous le nom de chrétiens, son canoniquement soumis aux peines et condamnations, et, à l'opposé, aux réintégrations et aux justifications qui ont été définies par ces règles ; de fait, à conserver les traditions que nous avons reçues oralement ou par écrit des saints qui brillèrent autrefois, le grand Apôtre nous exhorte ouvertement 2Th 5 .

(VGA)

donc les règles qui ont été transmises à la sainte Église catholique et apostolique tant par les saints et très illustres apôtres que par les conciles oecuméniques orthodoxes ou locaux, ou même par un Père porte-parole de Dieu et docteur de l'Église, nous déclarons les observer et les garder. De fait, à conserver les traditions que nous avons reçues oralement ou par écrit des saints qui brillèrent autrefois, le grand apôtre Paul nous exhorte ouvertement 2Th 2,15.)

La vénération des saintes images.

653    Canon 3. Nous décrétons que l'image sacrée de notre Seigneur Jésus Christ, libérateur et sauveur de tous les hommes, doit être vénérée avec les mêmes honneurs que le livre des saints évangiles.

(VGA)

3. Nous décrétons que l'image de notre Seigneur Jésus Christ doit être vénérée avec les mêmes honneurs que le livre des saints évangiles).

654    En effet, de même que, grâce aux paroles qui se composent des syllabes contenues dans le livre, nous parvenons tous au salut, de même, grâce à l'action que ces images exercent par leurs couleurs, tous, les savants aussi bien que les ignorants, tirent un utile parti de ce qu'ils ont sous les yeux. En effet, ce qui est dit dans les syllabes, l'expression qui emploie les couleurs le proclame et le rehausse ; et il convient, conformément à la raison et à la plus antique tradition, à cause de l'honneur — parce qu'il renvoie aux modèles eux-mêmes — qu'indirectement les images soient honorées, et vénérées comme le livre sacré des saints évangiles et la figure de la précieuse croix.

(VGA)

En effet, de même que, grâce aux paroles contenues dans le livre, tous parviennent au salut, de même grâce à l'action que ces images exercent par leurs couleurs, tous, les savants aussi bien que les ignorants, tirent un utile parti de ce qu'ils ont sous les yeux. En effet, ce qui est dit dans les syllabes, l'écriture en couleurs elle aussi le proclame et le représente par les couleurs.

655    Donc, si quelqu'un ne vénère pas l'image du Christ Sauveur, il n'en verra pas non plus la forme, quand il viendra dans la gloire de son Père pour être glorifié et glorifier ses saints 2Th 1,10 ; qu'il soit tenu à l'écart de sa communion et de sa gloire.

(VGA)

Donc si quelqu'un ne vénère pas l'image du Christ Sauveur, il ne verra pas non plus sa forme lors de la deuxième venue.

656    Il en sera de même pour qui ne vénère pas l'image de Marie sa mère immaculée et mère de Dieu. Nous peignons en outre les images des saints anges, comme la divine Écriture les représente par des mots ; nous honorons et vénérons aussi les images des apôtres dignes de tant de louanges, des prophètes, des martyrs, des hommes consacrés, et de tous les saints.

Que ceux qui ne se conduisent pas ainsi soient anathèmes au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit.

(VGA)

Nous honorons et vénérons de même l'image de sa mère immaculée et les images des saints anges comme la divine Écriture les représente par des mots, et aussi celles de tous les saints ; et que tous ceux qui ne se conduisent pas ainsi soient anathèmes).

L'unicité de l'âme humaine.

657    Canon 11. Alors que l'Ancien et le Nouveau Testament enseignent que l'homme a une seule âme raisonnable et intellectuelle, et que tous les Pères et docteurs porte-parole de Dieu dans l'Église affirment la même doctrine, des individus, consacrant leurs efforts à inventer des maux, en sont venus à un tel degré d'impiété qu'ils enseignent impudemment que l'homme a deux âmes, et qu'ils tentent... d'affermir leur hérésie par des efforts irrationnels.

(VGA)

11. Alors que l'Ancien et le Nouveau Testament enseignent que l'homme a une seule âme raisonnable et intellectuelle, et que tous les Pères et les docteurs porte-parole de Dieu dans l'Église affirment la même doctrine, des individus enseignent que l'homme a deux âmes, et affermissent leur hérésie par des démonstrations insensées.

658    C'est pourquoi ce saint concile oecuménique ... anathématise d'une voix puissante les inventeurs et fauteurs d'une telle impiété, ainsi que ceux qui partagent leur point de vue ; le concile définit et promulgue qu'absolument personne ne doit posséder ni conserver d'une quelconque manière les textes des auteurs de cette impiété.

Si quelqu'un a l'audace d'agir à l'encontre de ce grand et saint concile, qu'il soit anathème, et exclu de la foi et de la religion chrétiennes.

(VGA)

C'est pourquoi ce saint concile oecuménique anathématise d'une voix puissante les auteurs d'une telle impiété, ainsi que ceux qui partagent leur point de vue.

Si quelqu'un à l'avenir a l'audace de dire le contraire, qu'il soit anathème.

La liberté dans la direction de l'Église.

659    Canon 12. (n'existe plus en grec “VGA”) Comme les canons apostoliques et conciliaires interdisent formellement les promotions et consécrations d'évêques accomplies sous l'influence et avec la recommandation des archontes, nous déclarons nous aussi et décidons, en accord avec ces canons, que si un évêque, grâce à la fourberie ou à la tyrannie des puissants, reçoit de cette façon la consécration de sa dignité, il sera de toute manière déposé, comme un homme qui non pas selon la volonté de Dieu, mais d'après la volonté du sentiment charnel, a voulu posséder ou a accepté la maison de Dieu de la part des hommes et par l'intermédiaire des hommes.

660    Canon 17. (latin) Par ailleurs, nous avons rejeté loin de nos oreilles comme une affirmation odieuse ce propos tenu par des ignorants : un synode ne peut être tenu sans la présence d'un archonte. En effet, jamais les saints canons n'ont prescrit la présence des princes séculiers aux synodes, mais seulement celle des évêques. Aussi constatons-nous que les archontes n'ont jamais participé aux conciles, à l'exception des conciles oecuméniques : en effet il ne faut pas que les archontes séculiers soient témoins de ce qui arrive parfois aux prêtres de Dieu.

(VGA)

12 Il est venu à nos oreilles qu'un synode ne peut pas être tenu sans la présence de l'archonte. Mais jamais les saints canons ne prescrivent que les archontes séculiers soient présents aux synodes, mais seulement les évêques. Aussi nous ne constatons pas non plus qu'ils aient été présents, à l'exception des conciles oecuméniques : en effet, il ne faut pas que les archontes séculiers soient témoins de ce qui arrive aux prêtres de Dieu.

La prééminence romaine parmi les sièges patriarcaux.

661    Canon 21 (n'existe pas en grec). La parole de Dieu, que le Christ a dite aux saints apôtres et à ses disciples : « Qui vous reçoit me reçoit » Mt 10,40, « et qui vous méprise me méprise » Lc 10,16, nous croyons qu'elle a été adressée aussi à tous ceux qui, après eux et à leur exemple, sont devenus souverains pontifes et chefs de pasteurs dans l'Église catholique. Nous ordonnons donc qu'absolument aucun des puissants de ce monde n'outrage ni tente de chasser de son trône l'un de ceux qui occupent les sièges patriarcaux, mais qu'au contraire chacun les juge dignes de tout honneur et respect, avant tout le très saint pape de l'ancienne Rome, ensuite le patriarche de Constantinople, puis ceux d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem. En outre, que personne ne rédige ni ne compose des écrits et des discours contre le très saint pape de l'ancienne Rome, sous prétexte de prétendues fautes qu'il aurait commises ; ce qu'a fait récemment Photius, et Dioscore bien avant lui.

662    Quiconque donc montrera assez de présomption et d'audace pour adresser par écrit ou sans écrit des insultes au siège de Pierre, le premier des apôtres, comme l'ont fait Photius et Dioscore, subira une condamnation pareille et identique à la leur.

(VGA)

13. Quiconque montrera assez d'audace pour adresser par écrit ou sans écrit des insultes au siège de Pierre, le premier des apôtres, comme l'ont fait Photius et Dioscore, subira une condamnation identique à la leur.

663    Si quelqu'un jouissant de quelque pouvoir séculier, ou si quelque puissant tente de chasser du Siège apostolique le susdit pape ou l'un des autres patriarches, qu'il soit anathème.

664    De plus, si l'on réunit un concile oecuménique, et s'il apparaît quelque contestation à propos de la sainte Église des Romains, ou quelque controverse, il faut, respectueusement et avec la révérence voulue, s'informer sur le point litigieux, puis adopter une solution dont on tire profit ou dont les autres tirent profit, mais ne jamais , avoir l'audace de prononcer une sentence contre les souverains pontifes de l'ancienne Rome.

(VGA)

Mais si l'on réunit un concile oecuménique et s'il apparaît quelque contestation à propos de l'Église des romains, on peut, avec prudence et avec la révérence voulue, s'informer sur le point litigieux, et trouver de l'aide ou aider, mais ne jamais avoir l'audace de porter une accusation contre les Evêques de l'ancienne Rome.

           JEAN VIII : 14 décembre 872 – 16 décembre 882

Lettre “Unum est” aux princes de Sardaigne, vers septembre 873.

L'esclavage de personnes humaines doit être aboli

668    Il est une chose pour laquelle nous devons paternellement vous admonester ; si vous ne la corrigez pas, vous encourrez un grand péché, et par elle ce ne sont pas les gains que vous accroîtrez, comme vous l'espérez, mais bien plutôt les dommages. Comme nous l'avons appris, à l'instigation des Grecs, beaucoup qui ont été enlevés captifs par les païens sont donc vendus dans vos régions et, après avoir été achetés par vos compatriotes, ils sont gardés sous le joug de l'esclavage ; alors qu'il est avéré qu'il est pieux et saint, comme il convient pour des chrétiens, que lorsqu'ils les ont achetés des Grecs, vos compatriotes les renvoient libres pour l'amour du Christ, et qu'ils reçoivent leur récompense non pas des hommes, mais de notre Seigneur Jésus Christ lui-même. C'est pourquoi nous vous exhortons et nous vous commandons, avec un amour paternel, si vous leur avez acheté des captifs, de les laisser aller libres pour le salut de votre âme.

           MARIN Ier : 16 décembre 882 – 15 mai 884

           ADRIEN III : 17 mai 884 – septembre 885

           ÉTIENNE V (VI) : septembre 885 – 14 septembre 891

Lettre “Consuluisti de infantibus”, à l'archevêque Ludbert de Mayence, entre 887 et 888.

Condamnation des ordalies.

670    Tu nous as consulté au sujet des petits enfants qui, dormant dans un même lit avec leurs parents, sont trouvés morts, pour savoir si les parents doivent se purifier par le fer ardent ou par l'eau bouillante ou par une autre épreuve pour attester qu'ils ne les ont pas étouffés. Les parents en effet doivent être avertis et conjurés de ne pas placer des enfants aussi tendres dans le même lit qu'eux, de crainte que, s'ils se produit une imprudence, ils soient étouffés ou écrasés, et que de ce fait eux-mêmes soient trouvés coupables d'homicide. Car, qu'un aveu soit extorqué à quelqu'un par le fer ardent ou par l'eau bouillante, les saints canons ne l'approuvent pas ; et ce qui n'a pas été établi par les saints Pères ne doit pas être présumé par une invention superstitieuse.

Des délits rendus publics par un aveu spontané ou par l'attestation de témoins ont en effet été confiés à notre gouvernement pour être jugés, puisqu'on avait sous les yeux la crainte de Dieu ; mais ce qui est caché et inconnu doit être laissé au jugement de Celui « qui seul connaît les cœurs des fils des hommes ». 1R 8,39.

Mais ceux dont il est prouvé qu'ils sont coupables d'un tel forfait ou qui en font l'aveu, ta charité doit les châtier ; car si celui qui a détruit par avortement ce qui a été conçu dans le sein est homicide, combien plus celui qui a tué un petit enfant âgé d'un jour au moins ne pourra-t-il pas s'excuser d'être un meurtrier.

           FORMOSE : 6 octobre 891 – 4 avril 896

           BONIFACE VI : avril 896

           ÉTIENNE VI (VII) : mai 896 – août 897

           ROMANUS : août – novembre 897

           THEODORE II : décembre 897

           JEAN IX : janvier 898 – janvier 900

           BENOIT IV : janvier (février ?) 900-juillet 903

           LEON V : juillet – septembre 903

           SERGE III : 29 janvier 904 – 14 avril 911

           ANASTASE III : avril 911 – juin 913

           LANDO : juillet 913 – février 914

           JEAN X : mars 914 – mai 928

           LEON VI : mai – décembre 928

           ÉTIENNE VII (VIII) : décembre 928 – février 931

           JEAN XI : février/mars 931 – décembre 935

           LEON VII : 3 janvier 936-13 juillet 939

           ÉTIENNE VIII (IX) : 14 juillet 939 – octobre 942

           MARIN II : 30 octobre 942 – mai 946

           AGAPET II : 10 mai 946 – décembre 955

           JEAN XII : 16 décembre 955 – 14 mai 964

 

·      (En raison de la déposition de Jean XII (4/12/963) et de Benoît V (23/6/964) la liste des papes est scindée. Étant donné qu'il y a controverse sur le point de savoir quel est chaque fois le pape légitime. on indique les deux )

 

           LEON VIII : 6 (4 ?) décembre 963 – 1er mars 965

           BENOIT V : 22 mai 964 – 4 juillet 966

           JEAN XIII : 1er octobre 965 – 6 septembre 972

           BENOIT VI : 19janvier 973 – juin 974

           BENOIT VII : octobre 974 – 10 juillet 983

           JEAN XIV : décembre 983 – 20 août 984

           JEAN XV : août 985 – mars 996

Encyclique “Cum conventus esset” aux évêques et aux abbés de France et d'Allemagne, 3 février 993.

La vénération des saints

675    (2) ... D'un commun conseil nous avons décrété que sa mémoire — celle du saint évêque Ulrich — doit être vénérée d'une pieuse affection et d'une dévotion fidèle : car lorsque nous révérons et vénérons les reliques des martyrs et des confesseurs, c'est celui dont ils sont les martyrs et les confesseurs que nous révérons ; nous honorons les serviteurs, pour que l'honneur déborde vers le Seigneur qui a dit : « Qui vous reçoit, me reçoit » Mt 10,40, et qu'ainsi nous, qui n'avons pas confiance en notre propre justice, par leurs prières et leurs mérites, nous ayons toujours un secours auprès du Dieu très clément ; car les préceptes divins très salutaires et les enseignements des saints canons et des vénérables Pères — en tenant compte avec piété de l'avis de toutes les Églises, mais aussi grâce à l'appui du gouvernement apostolique — ont poussé de façon instante à ce que l'on parvienne à une solution utile et sûre, de manière que la mémoire du vénérable évêque Ulrich déjà évoqué soit vouée au culte divin, et qu'elle puisse être toujours profitable lors de l'accomplissement très dévot de la louange de Dieu.

           GREGOIRE V : 3 mai 996 – 18 février 999

           SILVESTRE II : 2 avril 999 – 12 mai 1003

           JEAN XVII : juin – décembre 1003

           JEAN XVIII : janvier l004 – juillet 1009

           SERGE IV : 31 juillet 1009 – 12 mai 1012

           BENOIT VIII : 18 mai 1012 – 9 avril 1024

           JEAN XIX : avril/mai 1024 – 1032

           BENOIT IX : 1032 – 1044

 

·      (Déposé pour la première fois en 1044 après avoir retrouvé son siège à deux reprises. en 1045 et en 1047, il fut déposé à nouveau )

 

           SILVESTRE III : 20 janvier – 10 février 1045

           BENOIT IX : 10 avril – 1er mai 1045

           GREGOIRE VI : 5 mai 1045 – 20 décembre 1046

           CLEMENT II : 25 décembre 1046 – 9 octobre 1047

           BENOIT IX : 8 novembre 1047 – 17 juillet 1048

           DAMASE II : 17 juillet – 9 août 1048

           LEON IX : 12 février 1049 – 19 avril 1054

Lettre “Congratulamur vehementer” à Pierre patriarche d'Antioche, 13 avril 1053.

Profession de foi.

680    Je crois fermement ... que la sainte Trinité, le Père, le Fils et l'Esprit Saint, est un seul Dieu tout-puissant, et que toute la divinité dans la Trinité est co-essentielle et consubstantielle, de même éternité et de même toute-puissance, d'une unique volonté, puissance et majesté : créateur de toutes les créatures, de qui, par qui, en qui sont toutes choses Rm 11,36, celles qui sont dans le ciel et celles qui sont sur la terre, les choses visibles et invisibles. Je crois également que chacune des personnes qui sont dans la sainte Trinité, sont un seul Dieu véritable, plein et parfait.

681    Je crois également que le Fils de Dieu Père, le Verbe de Dieu, qui est né du Père de toute éternité avant tous les temps, consubstantiel au Père en tout, de même toute-puissance et co-égal en divinité, est né, dans le temps, de l'Esprit Saint, de Marie toujours vierge, avec une âme rationnelle ; il a deux nativités, l'une éternelle du Père, l'autre temporelle de la mère ; il a deux volontés et deux opérations ; il est vrai Dieu et vrai homme, propre dans chacune des natures et parfait, n'ayant subi ni mélange ni division ; ni fils adoptif, ni être imaginaire ; Dieu unique et un, Fils de Dieu en deux natures, mais dans la singularité d'une unique personne ; impassible et immortel en divinité, il a cependant souffert dans l'humanité pour nous et pour notre salut d'une vraie passion de la chair et a été enseveli ; et il st ressuscité des morts le troisième jour d'une vraie Résurrection de la chair ; pour la confirmer il a mangé avec les disciples, non pas par besoin de nourriture, mais uniquement par sa volonté et sa puissance ; le quarantième jour après la Résurrection il est monté au ciel avec la chair avec laquelle il est ressuscité et avec l'âme, et il siège à la droite du Père ; de là, le dixième jour, il a envoyé l'Esprit Saint et de là il viendra, comme il est monté, pour juger les vivants et les morts, et il rétribuera chacun selon ses oeuvres.

682    Je crois aussi en l'Esprit Saint, pleinement, parfaitement et vraiment Dieu, qui procède du Père et du Fils, égal et co-essentiel en tout au Père et au Fils, de même toute-puissance et de même éternité en tout, qui a parlé par les prophètes.

683    Cette Trinité sainte et indivise, non pas trois dieux, mais en trois personnes et en une unique nature ou essence, un seul Dieu tout-puissant, éternel, invisible et sans changement, je la crois et la confesse en professant vraiment que le Père est non engendré, le Fils unique engendré, l'Esprit Saint ni engendré ni non engendré, mais procédant du Père et du Fils.

684    (Divers :) Je crois que la sainte Église catholique et apostolique est l'unique vraie Église, dans laquelle est donné l'unique baptême et la vraie rémission de tous les péchés. Je crois aussi en la vraie résurrection de cette chair que je porte maintenant, et en la vie éternelle.

685    Je crois également que le Dieu et Seigneur tout-puissant Est l'unique auteur de l'Ancien et du Nouveau Testament, de la Loi, des prophètes et des apôtres ; que Dieu a prédestiné seulement les choses bonnes, mais qu'il a su à l'avance les bonnes et les mauvaises. Je crois et je professe que la grâce de Dieu prévient et suit l'homme, de telle sorte cependant que je ne dénie pas le libre arbitre à la créature raisonnable. Je crois et je proclame que l'âme n'est pas une partie de Dieu mais qu'elle est créée de rien et que sans le baptême elle est soumise au péché originel.

686    En outre j'anathématise toute hérésie qui se lève contre la sainte Église catholique, et de même quiconque aura cru qu'il faut considérer comme ayant autorité d'autres écritures que celles que l'Église catholique reçoit, ou qui les aura vénérées.

Je reçois à tous les égards les quatre conciles et les vénère comme les quatre Évangiles ; car l'Église universelle se tient dans les quatre parties du monde fermement établies sur eux, comme sur une pierre quadrangulaire 472 (...) De la même manière je reçois et je vénère les trois autres conciles... Tout ce que les sept conciles susdits, saints et universels, ont tenu et ont approuvé, je le tiens et l'approuve, et tous ceux qu'ils ont anathématisés, je les anathématise.

Lettre “Ad splendidum nitentis”, à Pierre Damien, 1054.

La malice des égarements sexuels

687    (...) Il convient que, comme tu le désires, nous fassions intervenir notre autorité apostolique de manière à enlever aux lecteurs tout doute inquiet, et pour qu'il soit établi pour tous que tout ce que contient cet écrit (le Liber Gomorrhianus), qui s'oppose au feu diabolique comme de l'eau, a plu à notre jugement. Afin donc que ne se répande pas, impunie, la licence d'un désir immonde, il est nécessaire qu'elle soit repoussée par le blâme de la sévérité apostolique qui convient, et que soit entreprise une tentative de rigueur à leur égard.

Voici, tous ceux qui se souillent par l'une des abominations des quatre sortes qui sont mentionnées, sont chassés de tous les degrés de l'Église immaculée par la censure équitable qui est prévue, et cela selon le jugement des saints canons comme selon le nôtre. Mais parce que nous agissons avec une grande humanité, nous voulons et commandons, confiants en la divine miséricorde, que ceux qui, soit avec leurs mains, soit entre eux, ont fait jaillir leur semence, ou qui l'ont répandue entre les cuisses, et qui ne l'ont pas fait par une longue habitude ou avec plusieurs, s'ils ont réfréné leur sensualité et s'ils ont expié leurs actes infâmes par une juste pénitence, soient admis dans ces mêmes degrés dans lesquels ils ne seraient pas demeurés pour toujours s'ils étaient demeurés dans leur forfait ; aux autres doit être enlevé l'espoir de retrouver leur rang : à ceux qui, soit pendant longtemps avec eux-mêmes ou avec d'autres, soit avec plusieurs, même pendant peu de temps, se seront souillés par l'une des deux abominations que tu décris, ou qui — chose abominable à dire et à entendre — se sont mis sur le dos d'autrui. Si quelqu'un devait oser juger notre décret de sanction apostolique ou aboyer contre lui, qu'il sache qu'agissant ainsi il met en péril son propre rang.

 

           VICTOR II : 16 avril 1055 – 28 juillet 1057

           ETIENNE IX (X) : 3 août 1057 – 29 mars 1058

           NICOLAS II : 6 décembre 1058 – 27 juillet 1061

·     Concile de Rome 1059.

La profession de foi en l'Eucharistie prescrite à Béranger

690    Moi Bérenger... je reconnais la foi vraie et apostolique, j'anathématise toute hérésie, en particulier celle dont j'ai été accusé jusqu'ici : elle ose affirmer que le pain et le vin qui sont posés sur l'autel, après la consécration sont seulement un sacrement et non le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jésus Christ, et qu'ils ne peuvent pas être tenus ou brisés par les mains des prêtres ou broyés par les dents des fidèles de façon sensible, sinon dans le seul sacrement. Or je suis en accord avec la sainte Église romaine et avec le Siège apostolique, et je professe de bouche et de coeur qu'au sujet du sacrement de la table du Seigneur je tiens cette foi que le seigneur et vénérable pape Nicolas et ce saint concile, par l'autorité évangélique et apostolique a transmise pour être tenue et m'a confirmée : à savoir que le pain et le vin qui sont posés sur l'autel, après la consécration ne sont pas seulement un sacrement, mais également le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jésus Christ et qu'ils sont touchés et brisés par les mains des prêtres et broyés par les dents des fidèles de façon sensible, non pas seulement dans le sacrement, mais en vérité ; je le juge par la Trinité sainte et consubstantielle, et par les très saints évangiles du Christ. Quant à ceux qui se dressent contre cette foi, j'affirme qu'avec leurs doctrines et leurs disciples ils sont dignes de l'anathème éternel.

·     Concile du Latran, avril 1060.

Ordinations simoniaques

691    Le seigneur pape Nicolas qui présidait le synode dans la basilique de Constantin dit : (Par 1) Nous décidons qu'aucune miséricorde ne doit être exercée à l'encontre des simoniaques pour ce qui est du maintien de leur rang ; au contraire nous les condamnons conformément aux sanctions des canons et des décrets des saints Pères, et nous décrétons en vertu de l'autorité apostolique qu'ils doivent être déposés.

692    (Par 2) Pour ce qui est de ceux qui ont été ordonnés par des simoniaques, non pour de l'argent mais gratuitement — car cette question a été débattue depuis longtemps —, nous dénouons tout noeud de doute en ce que nous ne permettons pas qu'à l'avenir quelqu'un ait encore des doutes au sujet de ce chapitre. (...) Ceux qui jusqu'ici ont été consacrés gratuitement par des simoniaques..., nous permettons qu'ils demeurent dans les ordres qu'ils ont reçus.

Cependant en vertu de l'autorité des saints apôtres Pierre et Paul, nous interdisons de toutes les manières qu'un de nos successeurs tire ou établisse une règle pour lui-même ou pour quelqu'un de cette permission que nous avons donnée : car ce n'est pas l'autorité des Pères anciens qui a promulgué cela en l'ordonnant ou en le concédant, mais c'est la détresse trop grande du temps qui nous a contraint à le permettre.

693    (Par 3) Pour le reste, si quelqu'un désormais permet qu'il soit consacré par quelqu'un dont il ne doute pas qu'il est simoniaque, celui qui consacre aussi bien que celui qui est consacré ne doivent pas faire l'objet d'une sentence de condamnation inégale, mais tous deux doivent être déposés, faire pénitence, et demeurer privés de leur dignité.

694    (Par. 5) L'évêque Nicolas à tous les évêques : Nous avons émis un décret au sujet de la triple hérésie simoniaque : à savoir au sujet des simoniaques qui ordonnent ou qui ont été ordonnés de façon simoniaque, des simoniaques qui ont été ordonnés de façon simoniaque par des non-simoniaques, et des simoniaques qui ont été ordonnés de façon non simoniaque par des simoniaques :

Les simoniaques qui ont été ordonnés ou qui ordonnent de façon simoniaque doivent être déchus de leur degré conformément aux canons ecclésiastiques. De même les simoniaques qui ont été ordonnés de façon simoniaque par des non-simoniaques doivent être écartés de la même manière de l'office acquis de mauvaise manière. Quant aux simoniaques qui ont été ordonnés de façon non simoniaque par des simoniaques, nous concédons en raison des nécessités du temps que par miséricorde ils peuvent demeurer dans leur office par imposition des main.

           ALEXANDRE II : 1er octobre 1061 – 21 avril 1073.

Lettre “Super causas” à l'évêque Reinald de Côme, 1063.

Condamnation des ordalies.

695    Nous avons consulté publiquement au sujet de ton presbytre Guillandus (Gisandus) soupçonné du meurtre de son évêque, ton prédécesseur... S'il n'existe pas d'accusateurs qui soient certains, alors, selon ce que dicte la justice et sans qu'il y ait de controverse, le presbytre doit recevoir à nouveau tout ce qu'il a perdu pour cette raison de façon injuste, aussi bien le sacerdoce que la totalité de ses bénéfices ; mais nous laissons à ton jugement, s'il n'y a pas d'accusateur, qu'il présente de lui-même une justification à deux prêtres qui lui sont liés.

Enfin nous voulons que tu n'utilises pas toi-même et que tu ne demandes d'aucune manière la loi populaire et appuyée par aucune sanction canonique, à savoir le contact d'eau bouillante ou glacée, ou d'un fer ardent, ou toute invention populaire (car ce sont de purs inventions où l'envie est à l'oeuvre) bien plus nous le prohibons très fermement en vertu de l'autorité apostolique.

Lettre “Licet ex” au prince Landolfe de Bénévent, 1065.

Tolérance à l'égard de la conviction religieuse d'autrui.

698    Bien que nous ne doutions pas que ce soit par un effet du zèle de la dévotion que ton excellence ordonne de mener les juifs au culte de la chrétienté, nous n'en avons pas moins estimé nécessaire de t'envoyer notre lettre pour t'admonester, puisque tu sembles le faire par un zèle désordonné. Notre Seigneur Jésus Christ en effet, comme on le lit, n'a contraint personne a son service par force, mais, toute liberté de juger par lui-même étant laissée à chacun, tous ceux qu'il a prédestinés à la vie éternelle il ne les a pas rappelés de l'erreur en jugeant, mais en répandant son propre sang. ...

De même le bienheureux Grégoire interdit dans une de ses lettres que ce même peuple soit amené à la foi par la violence (cf.  480).

           GREGOIRE VII : 22 avril 1073 – 25 mai 1085

·     Concile de Rome : profession de foi de Bérenger de Tours, 11 février 1079.

La présence eucharistique du Christ.

700    Moi Bérenger, je crois de cœur et confesse de bouche que le pain et le vin qui sont sur l'autel sont, par le mystère de la prière sainte et par les paroles de notre Rédempteur, changés substantiellement en la chair véritable, propre et vivifiante, et au sang de notre Seigneur Jésus Christ, et qu'après la consécration ils sont le vrai corps du Christ, qui est né de la Vierge, qui, offert pour le salut du monde, a été suspendu à la croix, qui siège à la droite du Père, ainsi que le vrai sang du Christ qui a coulé de son côté, non pas de façon figurative seulement et par la vertu du sacrement, mais dans sa nature propre et dans la vérité de la substance. Comme ce bref exposé le contient, comme je l'ai lu et comme vous le comprenez, ainsi je le crois et je n'enseignerai plus désormais contre cette foi. Que Dieu me vienne en aide et ces saints évangiles de Dieu.

           VICTOR III : 24 mai 1086 – 16 septembre 1087

           URBAIN II : 12 mars 1088 – 29 juillet 1099

Lettre “Debent subditi” à l'évêque Pierre de Pistoia et à l'abbé Rusticus de Vallombreuse, 1088.

L'invalidité de l'ordination reçue d'un simoniaque

701    (...) Comme nous l'avons appris par son aveu, Daibert a été certes ordonné diacre par le simoniaque Guezelo, mais non de façon simoniaque, et par le jugement du bienheureux pape Innocent il fut déclaré, on le sait, qu'en tant qu'hérétique, Guezelo, dont il est établi qu'il fut ordonné par des hérétiques, du moment qu'il n'avait rien, n'a rien pu donner à celui à qui il a imposé les mains. Confirmés par l'autorité d'un si grand pape et fortifiés par le témoignage du pape Damase qui dit : « Il faut réitérer ce qui a été mal fait », puisque les besoins de l'Église sont pressants, nous établissons à nouveau comme diacre Daibert qui s'est détaché de corps et d'âme des hérétiques, et qui s'applique de toutes ses forces au bien de l'Église. Nous estimons que cela ne doit pas être considéré comme une réitération, mais seulement comme une pleine collation du diaconat, puisque, comme nous le disions, celui qui n'avait rien n'a rien pu donner.

Lettre “Gaudemus filii” à Lanzo, Rudolf et d'autres, 1er février 1091.

L'invalidité de l'ordination reçu d'un simoniaque.

702    Ceci cependant doit être examiné absolument, à savoir si (Poppo) a été ordonné de façon simoniaque par les mains dudit archevêque de Trèves. En effet, tout ce qu'il a reçu de lui de façon extraordinaire et indigne, nous le tenons pour nul selon le jugement du Saint-Esprit, et en vertu de l'autorité présente en nous, nous ordonnons qu'il reçoive ces ordres d'un évêque catholique. Quelqu'un, en effet, qui ordonne et qui n'a rien n'a rien à donner.

·     Concile de Bénévent, commencé le 18 mars 1091.

Le caractère sacramentel du diaconat

703    Canon 1. Nul désormais ne peut être élu évêque s'il n'a pas été trouvé pieux dans les ordres sacrés. Or nous appelons ordres sacrés le diaconat et le presbytérat. De ceux-là en effet on lit que l'Église primitive les avait ; pour eux seuls nous avons un précepte de l'Apôtre.

           PASCAL II : 14 août 1099 – 21 janvier 1118

·     Concile du Latran, carême 1102.

L'obéissance à l'Eglise.

704    J'anathématise toute hérésie et principalement celle qui perturbe l'état présent de l'Église, qui enseigne et qui affirme qu'il faut négliger un anathème et dédaigner les lois de l'Église. Et je promets obéissance au pontife du Siège apostolique, au seigneur Pascal et à ses successeurs, en prenant à témoin le Christ et l'Église, affirmant ce qu'affirme l'Église sainte et universelle, et condamnant ce qu'elle condamne.

·     Concile de Guastalla, 22 Octobre 1106

Ordinations hérétiques et simoniaques

705    (...)

(4) Depuis de nombreuses années déjà l'étendue de l'empire teutonique est séparée de l'unité du Siège apostolique. Or dans ce schisme le danger est devenu tellement grand — nous le disons avec une grande douleur — qu'à peine on trouve encore quelques prêtres ou clercs catholiques dans des contrées aussi étendues. Puisque donc beaucoup de fils se trouvent jetés dans cette dévastation, la nécessité de la paix chrétienne exige que le coeur maternel de l'Église s'ouvre sur eux.

Instruits par les exemples et les écrits de nos Pères qui, à différentes époques, ont reçu dans leurs ordres des novatiens, des donatistes et d'autres hérétiques, nous recevons dans l'office épiscopal les évêques de cet empire qui ont été ordonnés dans le schisme, à moins qu'ils se révèlent être des intrus, des simoniaques ou des criminels. Nous déterminons la même chose pour les clercs, quel que soit leur ordre, que leur vie et leur science recommandent.

·     Concile du Latran, 7 mars 1110.

Pillage des naufragés et simonie.

706    Canon 9 . Quiconque pille les biens des naufragés, qu'il soit exclu du seuil de l'Église comme les pillards et les fratricides.

707    Canon 10 . Ce qui a été décidé pour les simoniaques, nous aussi nous le confirmons selon le jugement du Saint-Esprit de par notre autorité apostolique. (2) Aussi tout ce qui été acquis, soit dans les ordres sacrés, soit dans les affaires ecclésiastiques, moyennant la promesse ou le don d'argent, nous décidons que cela est nul et ne peut jamais avoir aucune valeur. (4) Quant à ceux qui sciemment ont accepté d'être consacrés — ou mieux : profanés — par des simoniaques, nous déclarons leur consécration totalement nulle.

708    Canon 15 . Nous prescrivons également que pour le chrême, le baptême et la sépulture rien ne sera jamais exigé.

           GELASE II : 24 janvier 1118 – 28 janvier 1119

           CALIXTE II : 2 février 1119 – 13 décembre 1124

·     1er concile du LATRAN (9e Œcuménique) 18-27 mars-(6 avril ?)1123

Canons, 27 mars 1123

Simonie, célibat, investiture.

710    Canon 1 « Suivant l'exemple des saints Pères », et renouvelant le devoir de notre charge, .nous défendons de toute manière, par l'autorité du Siège apostolique, que l'on ordonne ou promeuve qui que ce soit dans l'Église de Dieu pour de l'argent. Si quelqu'un a obtenu dans l'Église ordination ou promotion de cette manière, qu'il soit totalement privé de la dignité obtenue.

711    Canon 3 (autres 7). Nous interdisons absolument aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres d'avoir sous leur toit des concubines ou des épouses et de cohabiter avec d'autres femmes, à l'exception de celles dont le concile de Nicée (Can.3) a permis qu'elles habitent avec eux en raison seulement des nécessités, à savoir la mère, la soeur, la tante paternelle ou maternelle ou d'autres femmes semblables, ne pouvant donner lieu à aucun soupçon justifié.

712    Canon 4 (autres 8). En outre, conformément à l'ordonnance du bienheureux pape Étienne, nous statuons que les laïcs, si religieux qu'ils soient, n'ont aucun pouvoir de disposer en quoi que ce soit des biens ecclésiastiques ; mais, selon les Canons des apôtres (can.38, autres 39), que l'évêque ait la charge de toutes les affaires ecclésiastiques et les dispense comme sous le regard de Dieu. (Autres canon 9) Si donc l'un des princes ou des autres laïcs s'était arrogé le droit de disposer, de donner ou de posséder des biens ecclésiastiques, qu'il soit regardé comme sacrilège.

           HONORIUS II : 15 décembre 1124 – 13 février 1130

           INNOCENT II : 14 février 1130 – 24 septembre 1143

·     2e concile du LATRAN (10e Œcuménique) commencé le 4 avril 1139

Simonie et usure

715    Canon 2. Si poussé par l'exécrable passion de l'avarice quelqu'un a acquis à prix d'argent une prébende, un prieuré, un doyenné, un honneur ou une promotion ecclésiastique ou quelque réalité sacrée de l'Église, comme le saint chrême, l'huile sainte, la consécration d'autels ou d'églises, il sera privé de l'honneur mal acquis ; et acheteur aussi bien que vendeur et intermédiaire seront frappés d'infamie. Et ni pour la subsistance, ni sous le couvert de quelque coutume, rien ne sera exigé de personne avant ou après, et le bénéficiaire lui-même ne donnera rien, car c'est de la simonie ; mais il jouira librement et sans aucune atténuation de la dignité et du bénéfice qui lui ont été conférés.

716    Canon 13. Détestable et scandaleuse au regard des lois divines et humaines et rejetée par l'Écriture dans l'Ancien et le Nouveau Testament est l'insatiable rapacité des usuriers : aussi la condamnons-nous et l'excluons-nous de toute consolation de l'Église, ordonnant qu'aucun archevêque, aucun évêque ou abbé de quelque ordre que ce soit ou aucun clerc ordonné n'ose admettre des usuriers aux sacrements sans une extrême prudence. Qu'ils soient tenus pour infâmes toute leur vie et privés de sépulture ecclésiastique s'ils ne viennent pas à résipiscence.

Fausse pénitence et existence des sacrements.

717    Canon 22. « Parmi d'autres, une chose trouble profondément la sainte Église : la fausse pénitence ; nous demandons donc à nos frères dans l'épiscopat et aux prêtres de ne pas souffrir que les âmes des laïcs soient trompées par les fausses pénitences et ainsi enchaînées en enfer. Il appert qu'il y a fausse pénitence lorsque, méprisant la plupart des péchés, on ne fait pénitence que d'un seul, ou lorsqu'on ne le fait que d'un seul sans renoncer à un autre. Aussi est-il écrit : “Celui qui a observé toute la loi, mais trébuche sur un seul point, devient coupable de tous” Jc 2,10, c'est-à-dire en ce qui concerne la vie éternelle. En effet, qu'il ait été impliqué dans tous les péchés, ou qu'il persiste seulement dans un seul, il ne franchira pas la porte de la vie éternelle.

Il y a aussi fausse pénitence lorsque le pénitent ne renonce pas à une charge curiale ou commerciale qu'il ne peut en aucune manière exercer sans péché, ou si la haine habite son coeur, ou s'il ne rend pas satisfaction à celui qu'il a offensé, ou si étant offensé il ne pardonne pas à l'offenseur, ou si l'on prend les armes contre la justice ».

718    Canon 23. « Quant à ceux qui, sous couleur de religion, condamnent le sacrement du corps et du sang du Seigneur, le baptême des enfants, le sacerdoce, et les autres ordres ecclésiastiques ainsi que le lien des mariages légitimes, nous les chassons de l'Église de Dieu et les condamnons comme hérétiques, et nous ordonnons qu'ils soient soumis à la contrainte des pouvoirs séculiers. Nous lions aussi par le lien de la même condamnation ceux qui prennent leur défense ».

·     Concile de Sens. commencé le 2 juin 1140 (1141 ?).

Erreurs de Pierre Abélard.

721    1. Le Père est la puissance pleine, le Fils a une certaine puissance, l'Esprit Saint n'est aucune puissance.

722    2. L'Esprit Saint n'est pas de la substance du Père, mais l'âme du monde.

723    3. Le Christ n'a pas assumé la chair pour nous libérer du joug du diable.

724    4. Ni le Dieu-et-homme, ni cette personne qu'est le Christ n'est la troisième personne de la Trinité.

725    5. Le libre arbitre suffit par lui-même pour un certain bien.

726    6. Dieu peut faire seulement ce qu'il fait, et permettre ce qu'il permet, ou seulement de cette manière ou à ce moment et non autrement.

727    7. Dieu ne doit ni ne peut empêcher le mal.

728    8. D'Adam nous n'avons pas contracté la faute, mais seulement la peine.

729    9. Ceux-là n'ont pas péché qui ont crucifié le Christ sans le savoir.

730    10. Ce qui est fait par ignorance ne doit pas être imputé à faute.

731    11. Dans le Christ il n'y avait pas l'esprit de la crainte du Seigneur.

732    12. Le pouvoir de lier et de délier a été donné seulement aux apôtres, et non à leurs successeurs.

733    13. De par les oeuvres, l'homme ne devient ni meilleur ni pire.

734    14. Au Père, parce qu'il n'est d'aucun autre, appartient au sens propre et spécial la toute-puissance, mais non pas également la sagesse et la bonté.

735    15. La crainte religieuse également est exclue de la vie future.

736    16. Le diable suscite des inspirations par l'apposition de pierres ou d'herbes.

737    17. La venue à la fin des siècles pourrait être attribuée au Père.

738    18. L'âme du Christ n'est pas descendue aux enfers par elle-même, mais seulement par sa puissance.

739    19. Ni l'oeuvre ni la volonté, ni la concupiscence ni le plaisir qui la meut n'est péché, et nous ne devons pas vouloir qu'elle soit éteinte.

Lettre “Apostolicam Sedem” à l'évêque de Crémone, date incertaine.

Le baptême de désir

741    Le presbytre dont tu as dit qu'il a fini ses jours sans l'eau du baptême, nous affirmons sans hésiter que puisqu'il a persévéré dans la foi de la sainte Mère l'Église et dans la profession du nom du Christ, il a été libéré du péché originel et a obtenu la joie de la patrie céleste. Lis en outre le huitième livre De civitate Dei d'Augustin où on lit entre autres : « Le baptême est administré de façon invisible lorsque ce n'est pas le mépris de la religion mais la barrière de la nécessité qui l'exclut ». Ouvre également le livre du bienheureux Ambroise De obitu Valentiani qui affirme la même chose. Les questions s'étant donc apaisées, tiens les conceptions des Pères docteurs, et fais présenter constamment dans ton Église des prières et des offrandes pour le presbytre que tu as mentionné.

           CELESTIN II : 26 septembre 1143 – 8 mars 1144

           LUCIUS II : 12 mars 1144 – 15 février 1145

           EUGENE III : 15 février 1145 – 8 juillet 1153

·     Concile de Reims, commencé le 21 mars 1148

La Trinité divine

745    « Au sujet du premier (chapitre) seulement le pontife romain décida, afin qu'aucun concept en théologie n'opère une séparation entre nature et personne, et afin qu'on ne parle pas de Dieu comme “essence divine” au sens d'un ablatif seulement, mais également au sens d'un nominatif ».

           ANASTASE IV : 12 juillet 1153 – 3 décembre 1154.

           ADRIEN IV : 4 décembre 1154 – 1er septembre 1159.

           ALEXANDRE III : 7 septembre 1159 – 30 août 1181

·     Concile de Tours, commencé le 19 mai 1163.

Le prêt à intérêt.

747    (Chap. 2) Plusieurs parmi les clercs, et nous le disons avec peine, parmi ceux également qui par la profession et l'habit ont quitté le siècle présent, reculent certes devant le prêt à intérêt usuel parce qu'il est plus clairement condamné, mais prennent en gage les biens de ceux qui sont dans le besoin et auxquels ils ont prêté de l'argent, et en perçoivent les fruits produits au-delà du capital prêté.

C'est pourquoi l'autorité du concile général a décrété que désormais nul qui est établi dans le clergé ne doit avoir l'audace de pratiquer cette sorte de prêt à intérêt ou une autre. Et si quelqu'un jusqu'ici a reçu en gage le bien de quelqu'un après lui avoir donné de l'argent selon cette clause ou avec cette condition, il doit restituer son bien au débiteur sans condition si, déduction faite des dépenses, il a déjà perçu son capital des fruits produits. Et s'il a un déficit, après qu'il l'a perçu, le bien doit être restitué libre à son maître.

Mais si après ce décret il devait y avoir quelqu'un du clergé qui persévère dans ces gains usuraires détestables, que son office ecclésiastique soit en péril, à moins qu'il ne se soit agi d'un bénéfice de l'Église qu'il aura pensé devoir racheter de cette manière de la main d'un laïc.

Lettre “Ex litteris tuis” au sultan qui réside à Iconium, 1169.

Le corps de Marie non corrompu après sa mort.

748    (Marie) en effet a conçu sans déshonneur, a donné naissance sans douleur, et s'en est allée d'ici sans corruption, selon la parole de l'ange, ou mieux : de Dieu par l'ange, pour qu'il soit manifeste qu'elle est pleine et non demi-pleine de grâce, et que Dieu, le Fils, accomplisse fidèlement le commandement ancien qu'il avait jadis enseigné, à savoir d'honorer le père et la mère, et pour que la chair virginale du Christ qui a été assumée de la chair de la mère vierge n'en diffère pas totalement.

Lettre “Cum in nostra” à l'archevêque Guillaume de Sens, 28 mai 1170.

L'erreur de Pierre Lombard concernant l'humanité du Christ.

749    Lorsque jadis tu as été établi dans ta charge en notre présence, nous t'avons enjoint de vive voix de réunir auprès de toi, à Paris, tes évêques suffragants et d'oeuvrer de façon efficace pour que soit éloignée la doctrine fausse de Pierre, l'ancien évêque de Paris, dans laquelle il est dit que le Christ, en tant qu'il est homme, n'est pas un quelque chose. Telle est la raison pour laquelle nous demandons à ta fraternité par rescrit apostolique que... tu convoques tes suffragants à Paris, et qu'avec eux et d'autres hommes religieux et prudents tu t'appliques à abroger totalement la doctrine susdite, et que tu prescrives que les maîtres et les étudiants qui se consacrent à la théologie enseignent que le Christ, de même qu'il est Dieu parfait, est également homme parfait composé d'une âme et d'un corps.

Lettre “Cum Christus” à l'archevêque Guillaume de Reims, 18 février 1177.

L'erreur concernant l'humanité du Christ.

750    Étant donné que le Christ, Dieu parfait, est homme parfait, il est étonnant de voir avec quelle témérité quelqu'un ose dire que le Christ n'est pas un quelque chose en tant qu'il est homme. Pour empêcher que puisse se répandre dans l'Église une telle tromperie ou qu'y soit introduite une erreur, nous ordonnons à ta fraternité par rescrit apostolique... qu'en vertu de notre autorité et sous peine d'anathème tu interdises à quiconque d'oser affirmer désormais que le Christ n'est pas quelque chose en tant qu'homme puisque de même qu'il est vrai Dieu il est également vrai homme, subsistant à partir d'une âme rationnelle et d'une chair humaine.

·     3e concile du LATRAN (11e œcuménique) 5-19 (22?) mars 1179.

Simonie

751    Chap. 10. On ne recevra pas de moines dans un monastère contre de l'argent... Si quelqu'un, après avoir été expulsé, à donné quelque somme d'argent pour être reçu, il n'ira pas jusqu'aux ordres sacrés ; celui qui aura reçu cet argent sera puni par la privation de sa charge.

Lettre “In civitate tua” à l'archevêque de Gènes, date incertaine.

Contrat de vente illicite

753    Tu dis que dans ta ville il arrive souvent que certains se procurent du poivre, de la cannelle ou d'autres marchandises qui à ce moment-là ne valent pas plus de cinq livres, et qu'ils promettent qu'à une date déterminée ils paieront six livres à ceux de qui ils ont reçu ces marchandises. Mais même si un tel contrat ne peut pas être qualifié du nom d'usure en raison d'une telle forme, les vendeurs n'en encourent pas moins un péché, à moins qu'il existe un doute sur le point de savoir si ces marchandises vaudront plus ou moins au moment du paiement, et c'est pourquoi tes concitoyens prendraient bien soin de leur salut s'ils s'abstenaient de contrats de cette sorte, car les pensées des hommes ne peuvent pas être cachées au Dieu tout-puissant.

Lettre “Ex publico instrumento” A l'évêque de Brescia, date incertaine.

Le lien du mariage

754    Parce que la femme susdite, certes, a été épousée par l'homme susdit, mais que selon ses dires elle n'a pas été unie à lui jusqu'ici, nous demandons à ta fraternité, en l'ordonnant par un écrit apostolique, que si l'homme susdit n'a pas connu cette femme charnellement et que cette femme, comme tu nous le fais savoir, veut entrer dans un ordre religieux, et après avoir reçu d'elle la garantie suffisante que dans l'espace de deux mois elle devra soit entrer dans un ordre religieux, soit retourner auprès de son époux, tu l'absolves sans opposition et sans appel possibles de la sentence (d'excommunication) par laquelle elle est liée, en sorte que si elle entre dans un ordre religieux, chacun rende à l'autre ce qu'il a manifestement reçu de lui, et que l'homme lui-même, si elle prend l'habit religieux, ait la permission de contracter un autre mariage. Car ce que dit le Seigneur dans l'Évangile, à savoir qu'il n'est pas permis à l'homme de renvoyer sa femme sauf pour impudicité Mt 5,32; Mt 19,9  doit être entendu, selon l'interprétation de la sainte parole, de ceux dont le mariage a été consommé par l'union charnelle sans laquelle le mariage ne peut pas être consommé, et c'est pourquoi si ladite femme n'a pas été connue par le mari, il lui est permis d'entrer en religion.

Lettre (fragments) “Verum post” à l'archevêque de Salerne, date incertaine.

L'effet du consentement matrimonial.

755    Après le consentement légitime “de praesenti” il est licite à l'un, même si l'autre s'y oppose, de choisir le monastère, comme d'ailleurs des saints ont été éloignés des noces par un appel, aussi longtemps du moins qu'aucune union charnelle n'a existé entre eux ; et si l'autre qui reste, malgré une monition, ne veut pas garder la continence, il lui est permis de s'engager dans un deuxième mariage ; car puisqu'ils ne sont pas devenus une seule chair, l'un peut parfaitement passer à Dieu et l'autre demeurer dans le siècle.

756    Si (entre un homme et une femme) intervient un consentement légitime “de praesenti”..., en sorte que l'un reçoit expressément l'autre comme son époux par consentement mutuel et avec les paroles habituelles... qu'il y ait eu un serment ou non, il n'est pas permis à la femme d'épouser un autre. Et si elle a épousé, et même si l'union charnelle a suivi, elle doit être séparée de celui-là et être contrainte par la sévérité ecclésiastique à revenir au premier, et cela même si d'autres pensent autrement et si certains de nos prédécesseurs aussi ont pu en juger autrement.

Lettre (fragment) à l'évêque Pontius de Clermont (?), date incertaine.

La forme du baptême.

757    Si quelqu'un plonge un enfant trois fois dans l'eau au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen, et qu'il ne dit pas : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen », l'enfant n'est pas baptisé.

758    Mais ceux pour lesquels il existe un doute s'ils ont été baptisés, ils seront baptisés en faisant précéder ces mots : « Si tu es baptisé, je ne te baptise pas ; mais si tu n'es pas encore baptisé, je te baptise, etc. ... »

           LUCIUS III : 1er septembre 1181 – 25 novembre 1185

·     Concile de Vérone, fin octobre - début novembre 1184.

Condamnation des erreurs des sectes laïques au sujet du pouvoir de la hiérarchie

760    (...) Par cette constitution, en vertu de l'autorité apostolique, nous condamnons toute hérésie, quel que soit le nom par lequel elle peut être désignée : en premier lieu nous décrétons donc que sont soumis à un anathème perpétuel les cathares et les patarins, et ceux qui s'appellent mensongèrement d'un faux nom humiliés ou pauvres de Lyon, passagiens, joséphins et arnoldistes.

761    Et parce que certains sous l'apparence de la piété... s'arrogent l'autorité de prêcher... nous lions par le même lien de l'anathème tous ceux qui, alors que cela leur était interdit ou qu'ils n'étaient pas envoyés, osent prêcher de façon privée ou publique sans en avoir reçu le pouvoir du Siège apostolique ou de l'évêque du lieu, et tous ceux qui ne craignent pas de penser et d'enseigner autrement au sujet du sacrement du corps et du sang de notre Seigneur Jésus Christ, ou du baptême ou de la confession des péchés, du mariage ou des autres sacrements de l'Église, que ce que prêche et observe la très sainte Église romaine, ainsi que, d'une façon générale, tous ceux que cette même Église romaine ou les divers évêques dans leurs diocèses avec le conseil des clercs, ou les clercs eux-mêmes lorsque le Siège était vacant, ont jugés hérétiques, si nécessaire, avec le conseil des évêques voisins.

Lettre “Dilectæ in Christo” à l'Evêque Simon de Meaux, date incertaine

Castration

762    (...) La prieure et le couvent de Colonantia ont interrogé le Siège apostolique sur le point de savoir si un homme jeune, à qui ont été enlevés les organes sexuels, peut être ordonné au presbytérat avec la permission des canons.

Soucieux de voir observée en cette affaire la distinction canonique, Nous chargeons par cet écrit Apostolique ta fraternité de rechercher la vérité avec une grande diligence, afin de savoir s'il a été castré par des ennemis ou par des médecins, ou s'il a lui-même porté la main sur lui-même parce qu'il n'a pas su s'opposer au vice de la chair. Les canons admettent en effet les premiers 128 (a) s'ils sont aptes par ailleurs mais ils commandent que le troisième soit puni comme ayant été homicide pour lui-même.

           URBAIN III : 25 novembre 1185 – 19/20 octobre 1187

Lettre “Consuluit nos” à un prêtre de Brescia, date incertaine.

Usure.

764    Ta bonté Nous a interrogé sur le point de savoir si dans le jugement des âmes il faut considérer comme un usurier celui qui, parce que autrement il ne prêterait pas, prête de l'argent dans la conviction que, même sans l'existence de tout contrat, il recevra plus que son capital ; ou si quelqu'un encourt la même punition si, comme on le dit communément, il ne donne pas son assentiment à un serment jusqu'à ce que, même sans l'exiger, il en tire quelque avantage ; et si un marchant doit être condamné de la même peine s'il vend ses marchandises à un prix bien plus élevé lorsque le laps de temps qui va jusqu'au paiement est notablement plus long, que dans le cas où le prix d'achat lui est payé aussitôt.

Mais puisqu'on apprend clairement dans l'évangile de Luc à quoi il faut s'en tenir dans ces cas, lorsqu'il y est dit : « Prêtez sans rien espérer en retour » Lc 6,35 , il faut juger que de telles personnes agissent mal à cause de leur intention de lucre — car toute usure et tout surplus dans la restitution sont défendus par la loi —, et dans le jugement des âmes ils doivent être poussés fermement à restituer ce qu'ils ont acquis de cette manière.

           GREGOIRE VIII : 21 octobre – 17 décembre 1187

           CLEMENT III : 19 décembre 1187 – mars 1191

           CELESTIN III : 30 mars 1191 – 8 janvier 1198

           INNOCENT III : 8 janvier 1198 – 16 juillet 1216

Lettre “Cum apud sedem” à l'archevêque Humbert d'Arles, 15 juillet 1198

La forme sacramentelle du mariage.

766    Tu nous as demandé si un muet et un sourd peuvent contracter un mariage. A cela Nous répondons ainsi à ta fraternité : étant donné que ce qui est édicté au sujet d'un mariage qui doit être contracté est de l'ordre de la prohibition, de sorte que quiconque à qui il n'est pas prohibé peut donc y être admis, et qu'il suffit pour le mariage du seul consentement de ceux dont l'union est en cause, il apparaît que si une telle personne veut contracter un mariage, cela le peut ni ne doit lui être refusé, car ce qu'elle ne peut pas déclarer par des mots, elle peut le faire par des signes.

Lettre “Sicut universitatis” au consul Acerbus de Florence, 30 octobre 1198.

Le double pouvoir suprême sur terre

767    De même que Dieu, le créateur de l'univers, a fixé deux grands luminaires au firmament du ciel, le plus grand pour qu'il préside au jour, le plus petit pour qu'il préside à la nuit, de même il a établi au firmament de l'Église universelle qui est appelée « ciel » deux grandes dignités ; une plus grande pour que, comme pour le jour, elle préside aux âmes, et une lus petite pour que, comme pour les nuits, elle préside aux corps, et ce sont l'autorité pontificale et le pouvoir royal. En outre : de même que la lune reçoit la lumière du soleil, et qu'en vérité elle est plus petite que lui aussi bien quant à sa grandeur que quant à sa qualité, et aussi bien quant à sa situation que quant à son effet, de même aussi le pouvoir royal reçoit de l'autorité pontificale la splendeur de sa dignité ; plus il s'attache à la regarder, plus il est paré d'une grande lumière, et plus il en éloigne son regard, plus il perd de sa splendeur.

Lettre “Quanto te magis” à l'évêque Hugues de Ferrare, 1er mai 1199.

Le lien du mariage et le privilège Paulin

768    Ta fraternité Nous a fait savoir par sa lettre que l'un des conjoints passant à l'hérésie, celui qui est abandonné souhaite s'engager dans un deuxième mariage et procréer des enfants ; et tu as pensé devoir Nous demander par ta lettre si cela peut se faire à bon droit.

Pour répondre à ta question, et sur le conseil commun de nos frères, nous distinguons entre deux cas, même si l'un de nos prédécesseurs (Célestin III) semble avoir pensé autrement : celui de deux infidèles dont l'un se convertit à la foi catholique, et celui de deux fidèles dont l'un tombe dans l'hérésie ou chute dans l'erreur des infidèles. En effet si l'un des conjoints non croyants se convertit à la foi catholique tandis que l'autre ne veut d'aucune manière cohabiter avec lui, du moins pas sans blasphémer le nom de Dieu ou pour l'inciter au péché mortel, celui qui est abandonné s'engagera dans un second mariage s'il le veut ; et c'est en fonction de ce cas que nous comprenons ce que dit l'Apôtre : « Si le non-croyant veut se séparer, qu'il se sépare : le frère en effet ou la soeur ne sont soumis à aucune obligation dans ce cas » 1Co 7,15 ; et de même le canon qui dit : « L'injure faite au créateur brise le lien du mariage de celui qui est abandonné ».

769    Mais si l'un des conjoints croyants tombe dans l'hérésie ou passe à l'erreur du paganisme, nous ne pensons pas que dans ce cas celui qui est abandonné peut s'engager dans de secondes noces aussi longtemps que l'autre vit, même si manifestement dans ce cas une injure plus grande est faite au créateur. Car même s'il existe incontestablement un vrai mariage entre deux non-croyants, il n'est cependant pas scellé ; mais entre croyants il est incontestablement vrai et scellé : car le sacrement de la foi (baptême) une fois conféré n'est jamais perdu, et il scelle le sacrement du mariage en sorte qu'il perdure dans les conjoints aussi longtemps que demeure le premier.

Lettre “Cum ex iniuncto” aux habitants de Metz, 12 juillet 1199.

La nécessité du magistère de l'Église pour l'interprétation de l'Écriture

770    Notre vénérable frère, l'évêque de Metz, Nous a fait savoir par sa lettre qu'aussi bien dans le diocèse que dans la ville de Metz un nombre assez important de laïcs et de femmes, attirés en quelque sorte par le désir des Écritures, s'est fait traduire en langue française les évangiles, les épîtres de Paul, le Psautier, les Moralia sur Job et plusieurs autres livres ;... (il en est résulté) que dans des rencontres secrètes des laïcs et des femmes osent éructer entre eux et se prêcher mutuellement, et ils méprisent également la compagnie de ceux qui ne se mêlent pas à de telles choses... Certains d'entre eux méprisent aussi la simplicité de leurs prêtres, et lorsque la parole du salut leur est proposée par ces derniers, ils murmurent en cachette qu'ils possèdent mieux dans leurs écrits et qu'ils sont capables de l'exprimer de façon plus judicieuse.

Même si le désir de comprendre les Écritures divines et le souci d'exhorter en conformité avec elles ne doit pas être blâmé mais bien au contraire recommandé, ces gens méritent néanmoins d'être blâmés de ce qu'ils tiennent leurs conventicules secrets, qu'ils s'arrogent la fonction de prêcher, qu'ils raillent la simplicité des prêtres et qu'ils dédaignent la compagnie de ceux qui ne s'attachent pas à de telles pratiques. Dieu en effet... hait à ce point les oeuvres des ténèbres qu'il a commandé et dit ( aux apôtres) : « Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille proclamez-le sur les toits », Mt 10,27 ; par là il fait savoir clairement que la prédication de l'Evangile doit être proposée non pas dans des conventicules secrets, comme le font les hérétiques, mais publiquement dans l'Eglise, conformément à l'usage catholique. ...

771    Mais les mystères cachés de la foi ne doivent pas être exposés partout à tous, parce qu'ils ne peuvent pas être compris par tous, mais à ceux-là seulement qui peuvent les saisir par une intelligence croyante ; c'est pourquoi l'apôtre dit aux simples : « Comme à de petits enfants en Christ, c'est du lait que je vous ai fait boire, non de la nourriture solide » 1Co 3,2 . ...

Telle est en effet la profondeur de la sainte Écriture que non seulement les gens simples et non cultivés, mais même ceux qui sont sages et doctes ne sont pas pleinement capables d'en scruter le sens. C'est pourquoi l'Écriture dit : « Car beaucoup de ceux qui cherchent ont défailli dans leur recherche ». Ps 64,7. Aussi est-ce à juste titre qu'il a été établi jadis dans la Loi divine qu'un animal qui a touché la Montagne (du Sinaï) doit être lapidé He 12,20 ; Ex 19,12  ss., afin qu'en effet aucun homme simple ou inculte n'ait la présomption de toucher à la sublimité de la sainte Écriture ou de la prêcher à d'autres. Il est écrit en effet : « Ne cherche pas ce qui est trop haut pour toi » Si 3,22. C'est pourquoi l'Apôtre dit : « Ne recherchez pas plus que ce qu'il faut rechercher, mais recherchez la sobriété » Rm 12,3.

De même en effet que le corps compte de nombreux membres, mais que tous les membres n'ont pas la même activité, de même l'Église compte de nombreux états, mais tous n'ont pas la même charge, car selon l'Apôtre « Le Seigneur a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, mais d'autres comme docteurs, etc. » Ep 4,11. Or l'état de docteur est en quelque sorte le principal dans l'Église et c'est pourquoi nul ne doit s'arroger de façon indistincte la charge de la prédication.

Constitution “Licet perfidia Iudaeorum”, 15 septembre 1199.

Tolérance à l'égard de ceux dont la foi est autre.

772    Bien que l'incrédulité des juifs doive être réprouvée de multiples manières, cependant, parce que par eux notre foi se trouve confirmée en vérité, ils ne doivent pas être lourdement opprimés par les fidèles... De même qu'il ne doit pas être permis aux juifs, dans leurs synagogues, de présumer quelque chose qui aille au-delà de ce qui est permis par la Loi, de même ils ne doivent pas subir de préjudice en ce qui leur est permis.

Aussi, même s'ils préfèrent demeurer dans leur endurcissement plutôt que de connaître les prédictions des prophètes et les mystères de la Loi, et de parvenir à la connaissance de la foi chrétienne, puisqu'ils demandent l'aide de notre défense, poussés par la mansuétude de la piété chrétienne, Nous suivons la trace de nos prédécesseurs d'heureuse mémoire, Calixte (II), Eugène (III), Alexandre (III), Clément (III) et Célestin (III). Nous accueillons leur requête, et leur accordons le bouclier de notre protection.

773    Nous ordonnons en effet qu'aucun chrétien ne doit les contraindre par la force à venir au baptême à leur corps défendant ou contre leur volonté ; mais si l'un d'entre eux vient librement chercher refuge auprès de la foi chrétienne, après que sa volonté aura été éprouvée, qu'il devienne chrétien sans aucune vexation. Car on ne croit pas qu'a la foi véritable de la chrétienté quelqu'un dont on sait que ce n'est pas de façon spontanée, mais contre son gré, qu'il vient au baptême des chrétiens De même aucun chrétien ne doit se permettre de léser leur personne sans scrupule en dehors d'un jugement du seigneur du lieu, ou d'enlever leurs biens par la force, ou de modifier les bons usages qui étaient les leurs jusque-là dans la région qu'ils habitent. En outre, que personne, d'aucune façon, ne les trouble à coups de bâton ou de pierres lors de la célébration de leurs fêtes, et que personne ne cherche à exiger d'eux des services qui ne sont pas dus, ou à les y obliger, à l'exception de ceux qu'ils avaient eux-mêmes coutume de rendre dans le passé. De plus, pour parer à la dépravation et à l'appétit du gain d'hommes mauvais, Nous décrétons que personne ne doit avoir l'audace de violer un cimetière juif, ou de le mépriser, ou encore de déterrer des corps déjà inhumés pour trouver de l'argent, ... (sont excommuniés ceux qui violent ce décret). Cependant Nous voulons que ceux-là seulement bénéficient de cette protection qui ne se permettent pas de se livrer à des machinations en vue de subvertir la foi chrétienne.

Lettre “Apostolicæ Sedis primatus” au patriarche de Constantinople, 12 novembre 1199.

La prééminence du Siège romain

774    La primauté du Siège apostolique, qui a été établie non pas par un homme mais par Dieu, et de façon plus juste encore par le Dieu homme, est confirmée en vérité par de nombreux témoignages aussi bien des évangiles que des apôtres, d'où ont procédé par la suite les dispositions canoniques qui affirment de façon unanime que la très sainte Église consacrée dans le bienheureux Pierre, le prince des apôtres, a la prééminence sur les autres comme leur maîtresse et leur mère. C'est lui en effet... qui a mérité d'entendre : « Tu es Pierre... Je te donnerai les clés du Royaume des cieux » Mt 16,18  s.

En effet, bien que le premier fondement de l'Église et le principal soit le Fils unique de Dieu Jésus Christ, selon ce que dit l'Apôtre : « Car un fondement a été posé, en dehors duquel aucun autre ne peut être posé, et qui est le Christ Jésus » 1Co 3,11, Pierre n'en est pas moins le second fondement de l'Église et qui vient au deuxième rang et s'il n'est pas non plus le premier dans le temps, par son autorité, il n'en a pas moins la prééminence parmi les autres dont l'apôtre Paul dit : « Vous n'êtes plus des étrangers, ni des émigrés, vous êtes concitoyens des saints et de la famille de Dieu, édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes » Ep 2,20 ...

Sa primauté, la Vérité elle-même l'a exprimée également par elle-même lorsqu'elle a dit : « Tu seras appelé Cephas » Jn 1,42 : même si cela est traduit par « Pierre », il n'en est pas moins présenté comme la « tête » de sorte que, de même que la tête a la prééminence parmi les autres membres du corps, puisque aussi bien c'est en elle que vit la plénitude des sens, de même aussi Pierre excelle parmi les apôtres par l'éminence de sa dignité, et ses successeurs parmi tous ceux qui président aux Églises, tandis que les autres sont appelés à avoir part à la sollicitude en sorte que rien n'est perdu par eux de la plénitude de leur pouvoir. C'est à lui que le Seigneur a confié le souci de paître ses brebis par une parole répétée par trois fois, de sorte qu'est considéré comme étranger au troupeau du Seigneur celui qui ne veut pas l'avoir aussi pour pasteur en ses successeurs. Il n'a pas distingué en effet entre telles brebis et telles autres, mais il a dit simplement : « Pais mes brebis » Jn 21,17, afin qu'on comprenne qu'absolument toutes lui ont été confiées.

Jn 21,7  est expliqué de façon allégorique) : Étant donné que la mer désigne le monde Ps 104,25 ... par le fait qu'il s'est jeté à la mer, Pierre a manifesté le privilège du pouvoir singulier du pontife, par lequel il avait assumé le gouvernement de l'univers entier, tandis que les autres apôtres étaient comme contenus dans un navire, puisqu'à aucun d'entre eux l'univers entier n'avait été confié, mais qu'à chacun était assignées des provinces particulières, ou plutôt des Eglises déterminées.

(...)

(Une preuve allégorique analogue est tirée de Mt 14,28-31  par le fait que Pierre a marché sur les eaux de la mer, il a montré qu'il a reçu le pouvoir sur tous les peuples).

775    Qu'il ait prié pour lui, le Seigneur le reconnaît lorsqu'il dit au moment de la Passion : « J'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi. quand tu seras converti, fortifie tes frères » Lc 22,32 ; par là il signifiait manifestement que jamais ses successeurs ne dévieraient de la foi catholique, mais que bien plutôt ils y rappelleraient d'autres et aussi qu'ils confirmeraient les hésitants, et il lui accorda le pouvoir d'en confirmer d'autres par le fait qu'il impose aux autres la nécessité d'obéir. ...

Il lui a dit également... comme tu l'as lu : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi aux cieux », Mt 16,19. Mais si tu trouves que cela a été dit en même temps à tous les apôtres, cela ne l'a pas été aux autres sans lui : mais tu reconnaîtras qu'à lui a été donné par le Seigneur, sans les autres, le pouvoir de lier et de délier, en sorte que ce que le autres ne peuvent pas sans lui, lui-même, du fait du privilège qui lui a été transmis par le Seigneur et de la plénitude du pouvoir qui lui a été accordée, il le peut sans les autres. ...

(Pierre) vit le ciel ouvert et descendre un vase, comme un grand linge qu'on fait descendre du ciel vers la terre. tenu aux quatre coins, et qui contenait tous les quadrupèdes et les serpents de la terre et tous les oiseaux du ciel Ac 10,9-12. ... Et une voix lui dit pour la première fois : « Ce que Dieu a rendu pur, ne l'appelle pas immonde ». Par là est manifestement indiqué que Pierre fut établi à la tête de tous les peuples, puisque ce vase signifie l'univers, et tout ce qui y est contenu, la totalité des nations, des juifs aussi bien que des païens. ...

Lettre “Ex parte tua” à l'évêque de Modène, 1200.

La forme sacramentelle du mariage.

776    Nous voulons que pour les mariages qui à l'avenir seront contractés, tu observes ceci : si, après qu'est intervenu entre personnes légitimes un consentement “de praesenti” — lequel dans de tels cas suffit, conformément aux déterminations canoniques ; et si lui seul fait défaut, même dans le cas où cela a été réalisé par l'union charnelle, tout le reste est en vain —, des personnes unies de façon légitime contractent ensuite de facto avec d'autres, ce qui auparavant a été fait selon le droit ne peut pas être rendu caduc.

Lettre “Gaudeamus in Domino” à l'évêque de Tibériade, début de 1201.

Les mariages des païens et le privilège paulin.

777    Si des païens qui épousent des femmes apparentées à eux au deuxième, troisième, ou à un autre degré, en étant apparentées ainsi, doivent demeurer ensemble après leur conversion, ou s'ils doivent être séparés : telle est la question au sujet de laquelle tu demandes à être informé par un écrit apostolique.

A ce sujet Nous donnons à ta fraternité la réponse suivante : étant donné que le sacrement du mariage existe pour les fidèles et les non-croyants, comme le montre l'Apôtre lorsqu'il dit : « Si un frère a une femme non croyante et qu'elle consent à vivre avec lui, qu'il ne la répudie pas » 1Co 7,12 ; et puisque dans les degrés de parenté précités le mariage a été contracté de façon licite par des non-croyants qui ne sont pas tenus par les déterminations canoniques (que nous importe, selon le même Apôtre, « de juger ceux qui sont au-dehors ? » 1Co 5,12 : pour cette raison, et pour favoriser surtout la religion et la foi chrétiennes que les hommes pourraient facilement être dissuadés d'embrasser par les femmes, si celles-ci craignaient d'être répudiées, des fidèles engagés dans les liens du mariage de cette façon pourront demeurer licitement et librement unis, puisque le sacrement du baptême ne dissout pas les mariages mais enlève les péchés.

778    Mais parce que des païens répartissent l'affection conjugale entre plusieurs femmes en même temps, ce n'est pas sans raison qu'on se demande si, après la conversion, ils peuvent les garder toutes, ou laquelle d'entre elles. Mais cela semble être contraire et hostile à la foi chrétienne, puisque dès le commencement une seule côte a été changée en une seule femme, et que l'Écriture divine atteste que « pour cette raison l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils seront une seule chair » Ep 5,3 ; Gn 2,24 ; Mt 19,5); elle ne dit pas « trois ou plusieurs » mais « deux » ; et elle ne dit pas non plus : « il s'attachera à des femmes », mais « à la femme ». Et il n'a jamais été permis à quiconque d'avoir en même temps plusieurs femmes si cela ne lui a pas été concédé par une révélation divine, considérée parfois comme une coutume, parfois même comme un droit, et par laquelle de même que Jacob a été disculpé de sa tromperie, les Israélites du vol et Samson du meurtre, de même aussi les patriarches et d'autres hommes justes qui, comme on peut le lire, avaient plusieurs femmes, sont disculpés de l'adultère.

Mais cette conception est également manifestée comme pleinement véridique par le témoignage de la Vérité qui atteste dans l'Évangile : « Si quelqu'un répudie sa femme, sauf en cas de fornication, et en épouse une autre, il est adultère » Mt 19,9 ; (cf. Mc 10,11). Si donc, lorsque la femme a été répudiée, le droit empêche d'en épouser une autre, à plus forte raison si elle a été gardée ; par quoi il apparaît clairement que pour les deux sexes — car ils ne sont pas considérés différemment — la pluralité en matière de mariage doit être réprouvée.

779    Mais si quelqu'un a répudié sa femme légitime selon son rite, puisque la Vérité a réprouvé une telle répudiation dans l'Évangile, il ne pourra jamais licitement en avoir une autre du vivant de celle-ci, même s'il se convertit à la foi en Christ, à moins que celle-ci, après la conversion, refuse de cohabiter avec lui, ou si elle y consent, mais non sans blasphémer le créateur ou l'inciter au péché mortel . dans ce cas celle qui demanderait le rétablissement dans ses droits, et même s'il était établi qu'il y a eu spoliation injuste, se verrait refuser ce rétablissement / car selon l'Apôtre le frère ou la soeur ne sont soumis à aucune obligation dans ce cas 1Co 7,15.

Mais si quelqu'un est converti à la foi et que celle-ci le suit en s'étant convertie elle aussi, avant qu'il ait pris une épouse légitime pour les raisons susdites, il doit être contraint à la reprendre. Il est vrai que selon la vérité de l'Évangile celui qui épouse une femme répudiée commet l'adultère Mt 19,9, mais celui qui a répudié ne peut pas reprocher la fornication à celle qui a été répudiée parce que, après la répudiation, elle en a épousé un autre, à moins qu'elle ait forniqué ailleurs.

Lettre “Maiores Ecclesiæ causas” à l'archevêque Humbert d'Arles, fin de 1201.

L'effet du baptême, en particulier le caractère.

780    (...) Ils affirment en effet que le baptême est conféré aux petits enfants de façon inutile. ... Nous répondons que le baptême a succédé à la circoncision. ... C'est pourquoi, de même que l'âme du circoncis n'était pas retranchée de son peuple Gn 17,14, de même celui qui sera né à nouveau de l'eau et de l'Esprit Saint, obtiendra d'entrer dans le Royaume des cieux Jn 3,5.

Bien que la faute originelle fût remise par le mystère de la circoncision, et que le péril de la condamnation fût écarté, on ne parvenait pas cependant au Royaume des cieux qui demeurait fermé à tous jusqu'à la mort du Christ ; mais par le sacrement du baptême rougi par le sang du Christ, la faute est remise et l'on parvient également au Royaume des cieux dont le sang du Christ a ouvert miséricordieusement la porte à ses fidèles. On ne peut admettre en effet que tous les petits enfants, dont tant meurent chaque jour, périssent sans que le Dieu de miséricorde, qui veut que personne ne périsse, leur ait procuré à eux aussi un moyen de salut...

Ce que disent les adversaires, à savoir que la foi ou la charité ou les autres vertus ne sont pas infusées aux petits enfants puisqu'ils ne donnent pas leur consentement, n'est pas concédé par la plupart en un sens absolu... ; d'autres affirment que par la vertu du baptême la faute leur est remise, mais que la grâce ne leur est pas conférée ; quelques-uns cependant disent que le péché leur est pardonné et que les vertus leur sont infusées, qu'ils les ont cependant comme une disposition  904  mais qu'ils n'en ont pas l'usage jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à l'âge adulte...

Nous disons : il faut distinguer qu'il y a un double péché : à savoir le péché originel et le péché actuel, l'originel qu'on contracte sans consentement et l'actuel qui est commis avec consentement. L'originel donc, qui est contracté sans consentement, est remis sans consentement en vertu du sacrement ; mais l'actuel, qui est contracté avec consentement, n'est nullement remis sans consentement... La peine du péché originel est la privation de la vision de Dieu, mais la peine du péché actuel est le supplice de la géhenne éternelle....

781    Il est contraire à la religion chrétienne que quelqu'un qui le refuse de façon permanente et qui s'y oppose de façon constante soit contraint à accepter et à observer le christianisme. C'est pourquoi d'autres distinguent, non sans raison, entre volonté contraire et volonté contraire, et entre contraint et contraint, car celui qui, amené par force, grâce à des moyens de terreur et des supplices, reçoit le sacrement du baptême pour éviter ces dommages, tout de même que celui qui accède au baptême de mauvaise foi reçoit l'empreinte du caractère chrétien et, en tant que voulant sous condition, et bien que ne voulant pas absolument, il doit être obligé à observer la foi chrétienne...

Mais celui qui n'a jamais consenti, et qui a toujours été opposé, ne reçoit ni la réalité ni le caractère du sacrement, parce que contredire expressément est plus que ne pas consentir du tout ; de même n'encourt la marque d'aucune culpabilité celui qui, bien qu'il y contredise de façon constante et s'y oppose, est contraint par la violence de sacrifier aux idoles.

Quant à ceux qui dorment et à ceux qui n'ont pas l'usage de la raison, si avant de perdre la raison ou s'être endormi ils persistent à s'opposer, comme il est visible que pour eux la décision de s'opposer est durable, même s'ils ont été baptisés dans cet état, ils ne reçoivent pas le caractère du sacrement ; il en irait autrement si auparavant ils avaient été catéchumènes et s'ils avaient l'intention d'être baptisés ; c'est pourquoi l'Église a coutume de les baptiser en cas de nécessité. Alors l'acte sacramentel imprime le caractère, puisqu'il ne rencontre pas l'obstacle posé par la résistance d'une volonté contraire.

Lettre “Cum Marthæ circa” à l'archevêque Jean de Lyon, 29 novembre 1202.

La forme sacramentelle de l'eucharistie.

782    Tu as demandé en effet qui, s'agissant de la forme des paroles que le Christ lui-même a exprimées lorsqu'il a transsubstantié le pain et le vin en son corps et son sang, a ajouté ce mot dans le canon de la messe qu'utilise l'ensemble de Église, et qu'aucun des évangélistes n'a exprimé, comme on peut le lire. ... Dans le canon de la messe ce mot, à savoir " mystère de la foi ", se trouve en effet inséré dans ces paroles. ...

Certes nous voyons bien des choses, des paroles ainsi que des actes du Seigneur, qui ont été omises par les évangélistes et que, comme on peut lire, les apôtres ont complétées oralement ou exprimées par leur action. ...

Or dans ce mot qui a incité ta fraternité à poser la question, à savoir « mystère de la foi », certains ont pensé pouvoir trouver un appui pour une erreur, en disant que dans le sacrement de l'autel ce n'est pas vraiment la vérité du corps et du sang du Christ qui est présente, mais seulement une image, une apparence et une figure, et cela parce que l'Écriture indique parfois que ce qui est reçu sur l'autel est un sacrement, un mystère et un exemple. Mais ceux-là sont pris dans les lacets de l'erreur parce qu'ils ne comprennent pas comme il convient l'autorité de l'Écriture et qu'ils ne reçoivent pas avec respect les sacrements de Dieu puisqu'ils ignorent aussi bien les Écritures et la puissance de Dieu Mt 22,29 ...

On dit cependant « mystère de la foi » parce ce que autre chose y est cru que ce qui est vu et qu'autre chose est vu que ce qui est cru. On voit en effet les espèces du pain et du vin, et l'on croit la vérité de la chair et du sang du Christ, ainsi que la vertu de l'unité et de la charité.

Les éléments de l'eucharistie.

783    Il faut cependant distinguer soigneusement trois choses qui sont différentes dans ce sacrement, à savoir la forme visible, la vérité du corps et la vertu spirituelle. La forme est celle du pain et du vin, la vérité celle de la chair et du sang, la vertu celle de l'unité et de la charité. Le premier est « sacrement et non réalité », le deuxième est « sacrement et réalité », le troisième est « réalité et non sacrement ». Mais le premier est sacrement d'une double réalité ; le deuxième est sacrement de l'un et réalité de l'autre ; le troisième est la réalité d'un double sacrement. Nous croyons donc que la forme des paroles telle qu'elle se trouve dans le canon, les apôtres l'ont reçue du Christ, et leurs successeurs de ceux-ci...

L'eau mêlée au vin lors du sacrifice de la messe.

784    Tu as demandé également si l'eau en même temps que le vin est changée en sang. A ce sujet les opinions varient parmi les scolastiques. Certains en effet pensent que, puisque du côté du Christ ont coulé les deux sacrements principaux, celui de la Rédemption dans le sang et celui de la régénération dans l'eau, le vin et l'eau qui sont mêlés dans le calice sont changés dans ces deux-là par la vertu divine... D'autres en revanche tiennent que l'eau est transsubstantiée en sang avec le vin, puisque mêlée au vin elle devient vin... En outre on peut dire que l'eau ne devient pas vin, mais qu'elle reste entourée par les accidents du vin antérieur...

Mais il est impie de penser ce que certains ont eu la présomption de penser, à savoir que l'eau est changée en glaire...

Cependant parmi les opinions mentionnées ci-dessus, celle-là est considérée comme plus probable, qui affirme que l'eau est changée en sang avec le vin 798.

Lettre “Cum venisset” à l'archevêque Basile de Tarnovo (Bulgarie), 25 février 1204.

Le ministre de la confirmation.

785    Par chrismation du front on désigne l'imposition des mains qui porte également le nom de confirmation, parce que par elle l'Esprit Saint est donné en vue de la croissance et de la force. C'est pourquoi si le simple prêtre, ou presbytre, peut procéder à d'autres onctions, celle-ci ne doit être conférée que par le grand prêtre, c'est-à-dire l'évêque, car c'est des seuls apôtres, dont les évêques sont les vicaires, qu'il est dit qu'ils donnent l'Esprit Saint par l'imposition des mains Ac 8,14-25.

Lettre “Ex parte tua” à l'archevêque André de Lund, 12 janvier 1206.

La dissolution d'un mariage valide par la profession religieuse

786    Nous ne voulons pas dévier subitement dans cette affaire des traces de nos prédécesseurs qui, ayant été consultés, ont répondu qu'avant la consommation d'un mariage par l'union charnelle, il est permis à l'autre conjoint — même sans le consulter — d'entrer en religion, de sorte que celui qui reste peut ensuite s'unir à un autre de façon légitime : c'est pourquoi nous te conseillons d'observer cela même.

Lettre “Non ut apponeres” à l'archevêque Thorias de Trondheim (Norvège), 1er mars 1206.

La matière du baptême

787    Tu as demandé s'il faut considérer comme des chrétiens des enfants qui, s'étant trouvés à l'article de la mort et par manque d'eau et en l'absence d'un prêtre, ont été frottés d'aspersions de salive sur la tête et la poitrine et entre les épaules de par la naïveté de certains, en guise de baptême. Nous répondons que puisque dans le baptême deux choses sont toujours requises, à savoir « la parole et l'élément » selon ce que la Vérité dit au sujet de la parole : « Allez dans le monde entier, baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » Mc 16,15 ; Mt 28,19, et selon ce que la même dit au sujet de l'élément : « Celui qui n'est pas rené d'eau et d'Esprit Saint n'entrera pas dans le Royaume des cieux » Jn 3,5, tu ne dois pas douter qu'ils n'ont pas un vrai baptême, non seulement ceux chez qui sont omises les deux choses, mais également ceux chez qui est omise l'une d'elles.

Lettre “Debitum officii pontificalis” à l'évêque Bertold (Bertrand) de Metz, 28 août 1206.

Le ministre du baptême et le baptême de désir.

788    Tu m'as très sagement fait savoir par ta lettre qu'un juif qui s'est trouvé à l'article de la mort, et parce qu'il vivait parmi des juifs seulement, s'est plongé lui-même dans l'eau en disant : « Je me baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Or tu me demandes si ce juif, qui persévère dans la foi chrétienne, doit être baptisé.

Quant à nous, nous répondons ainsi à ta fraternité : étant donné qu'il doit y avoir distinction entre celui qui baptise et celui qui est baptisé, comme le montrent à l'évidence les paroles du Seigneur disant aux apôtres : « Baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » Mt 28,19 le juif dont il est question doit être baptisé à nouveau par un autre, pour qu'il apparaisse qu'autre est celui qui est baptisé, autre celui qui baptise...

Cependant s'il était décédé aussitôt, il aurait rejoint immédiatement la patrie en raison de sa foi au sacrement, même si ce n'avait pas été en raison du sacrement de la foi.

Lettre “De homine qui” aux dirigeants de la Fraternité romaine, 22 septembre 1208.

Célébration simulée de la messe.

789    Vous nous avez demandé en effet ce qui nous semble d'un presbytre imprudent qui, parce qu'il sait se trouver en état de péché mortel et conscient de sa faute, hésite à célébrer les solennités de la messe que pour une raison donnée il ne peut pas omettre... ayant accompli toutes les autres cérémonies, feint de célébrer la messe et, ayant supprimé les paroles par lesquelles est réalisé le corps du Christ, consomme seulement du pain et du vin...

Étant donné donc que doivent être rejetés les faux remèdes qui sont plus graves que les vrais périls : bien que celui qui se considère indigne parce qu'il est conscient de sa faute, doit s'abstenir avec révérence de ce sacrement et pèche donc gravement s'il s'en approche sans révérence, il n'est pas douteux que semble commettre une faute plus grave encore celui qui ose ainsi le simuler de façon trompeuse ; car le premier, qui évite la faute en la commettant, tombe entre les mains de la seule miséricorde de Dieu, tandis que le deuxième, qui commet la faute en l'évitant, se rend coupable non seulement envers Dieu dont il ne craint pas de se moquer, mais également envers le peuple qu'il trompe.

Lettre “Eius exemplo” à l'archevêque de Tarragone, 18 décembre 1208.

La profession de foi prescrite aux Vaudois.

790    Que tous les croyants sachent que moi, Durant de Osca... et tous nos frères, nous croyons de notre coeur, nous reconnaissons par la foi, nous confessons de notre bouche et nous affirmons par ces mots simples :

Le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont trois personnes, un seul Dieu, et toute la Trinité est coessentielle, consubstantielle, coéternelle et toute-puissante, et chacune des personnes dans la Trinité est pleinement Dieu, comme il est contenu dans le « Je crois en Dieu »  30  150  75.

Nous croyons également de notre coeur et confessons de notre bouche que le Père et le Fils et l'Esprit Saint, un seul Dieu dont nous parlons, a créé, a fait, gouverne et ordonne toutes choses corporelles et spirituelles, visibles et invisibles.

Nous croyons que l'auteur du Nouveau et de l'Ancien Testament est un seul et même : Dieu qui, comme il est dit, demeurant dans la Trinité, a créé toutes choses de rien ; et que Jean Baptiste a été envoyé par lui, saint et juste, et rempli de l'Esprit Saint dans le sein de sa mère.

791    Nous croyons de notre coeur et nous confessons de notre bouche que l'Incarnation ne s'est pas faite dans le Père ni dans l'Esprit Saint, mais dans le Fils seulement ; de sorte que celui qui était en divinité le Fils de Dieu le Père, était, en humanité, le Fils de l'homme, vrai homme de la mère, ayant une vraie chair des entrailles de la mère et une âme humaine raisonnable ; en même temps des deux natures, c'est-à-dire Dieu et homme, une seule personne, un seul Fils, un seul Christ, un seul Dieu avec le Père et l'Esprit Saint, auteur de tout et qui dirige tout, né de la Vierge Marie d'une vraie naissance de chair ; il a mangé et bu, il a dormi, et fatigué après la route, il s'est reposé ; il a souffert d'une vraie Passion de sa chair, est mort de la vraie mort de son corps, et est ressuscité de la vraie Résurrection de sa chair et d'un vrai retour de l'âme au corps ; dans cette chair, après avoir mangé et bu, il est monté au ciel, siège à la droite du Père, et il viendra en elle pour juger les vivants et les morts.

792    Nous croyons de notre coeur et confessons de notre bouche une seule Église, non celle des hérétiques, mais la sainte Église romaine, catholique, apostolique, en dehors de laquelle nous croyons que personne n'est sauvé.

793    De même nous ne rejetons d'aucune manière les sacrements qui sont célébrés en elle, et auxquels l'Esprit Saint coopère par sa vertu inestimable et invisible, même s'ils sont administrés par un prêtre pécheur, du moment que l'Église le reconnaît ; et nous ne méprisons pas non plus les actes ecclésiaux et les bénédictions accomplies par lui, mais nous les acceptons d'un coeur bienveillant comme s'ils venaient du plus juste des hommes, car la malice d'un évêque ou d'un prêtre ne nuit ni au baptême d'un enfant, ni à la consécration de l'eucharistie, ni aux autres offices ecclésiastiques célébrés pour leurs sujets.

794    Nous approuvons donc le baptême des enfants, et s'ils sont morts après le baptême, avant d'avoir commis des péchés, nous confessons et croyons qu'ils sont sauvés ; et nous croyons que dans le baptême tous les péchés sont remis, aussi bien le péché originel qui a été contracté que ceux qui ont été commis volontairement.

Nous estimons que la confirmation faite par l'évêque, c'est-à-dire l'imposition des mains, est sainte et doit être reçue avec vénération.

795    Nous croyons fermement et inébranlablement d'un coeur sincère, et nous affirmons simplement par nos paroles pleines de foi, que le sacrifice, c'est-à-dire le pain et le vin, est, après la consécration, le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jésus Christ, et que rien de plus n'y est accompli par un bon prêtre et rien de moins par un mauvais prêtre, car cela n'est pas réalisé par le mérite de celui qui consacre, mais par la parole du Créateur et la vertu de l'Esprit Saint. C'est pourquoi nous croyons et confessons fermement que personne si honnête, si religieux, si saint, et si prudent qu'il soit, ne peut ni ne doit consacrer l'eucharistie ni réaliser le sacrifice de l'autel, à moins d'être prêtre et ordonné régulièrement par un évêque visible et tangible. Pour cet office, trois choses sont nécessaires, nous le croyons : une personne déterminée, c'est-à-dire un prêtre établi particulièrement pour cet office par l'évêque, comme nous l'avons dit ; ces paroles solennelles qui sont exprimées par les saints Pères dans le canon ; et l'intention de foi de celui qui les profère ; c'est pourquoi nous croyons et confessons fermement que quiconque, sans l'ordination par l'évêque comme nous l'avons dit, croit et prétend pouvoir réaliser le sacrifice de l'eucharistie, est un hérétique ; il participe et a part à la perdition de Coré et de ses complices Nb 16, et il doit être séparé de la sainte Eglise romaine.

Nous croyons qu'aux pécheurs qui se repentent vraiment le pardon est accordé par Dieu, et c'est avec grande joie que nous sommes en communion avec eux.

Nous vénérons l'onction des infirmes avec de l'huile.

Nous ne nions pas que des mariages charnels doivent être contractés, selon l'Apôtre 1Co 7, et nous défendons absolument de rompre ceux qui l'ont été régulièrement. Nous croyons et confessons qu'un homme peut aussi être sauvé avec sa femme, et nous ne condamnons pas non plus les secondes et d'autres noces.

Nous ne réprouvons d'aucune manière la consommation de viandes. Nous ne condamnons pas le serment, bien plus, nous croyons d'un cœur sincère qu'il est permis de jurer selon la vérité, le jugement et la justice. (addition de 1210 : Au sujet du pouvoir séculier, nous affirmons qu'il peut, sans péché mortel, exercer un jugement portant effusion de sang, pourvu que, pour exercer la vindicte, il ne procède pas par la haine mais par un jugement, ni avec imprudence mais avec modération.).

796    Nous croyons que la prédication est très nécessaire et louable, cependant nous croyons qu'elle doit s'effectuer en vertu de l'autorité ou avec la permission du souverain pontife ou des prélats. Mais dans tous les lieux où demeurent des hérétiques manifestes qui renient et blasphèment Dieu et la foi de l'Église romaine, nous croyons que nous devons, selon la volonté de Dieu, les confondre par la dispute et l'exhortation, et nous opposer à eux avec la Parole du Seigneur, le front haut et jusqu'à la mort, comme à des adversaires du Christ et de l'Église.

Les ordinations ecclésiastiques et tout ce qui est lu ou chanté selon ce qui a été établi, nous l'approuvons avec humilité et nous le vénérons dans la foi.

797    Nous croyons que le diable n'est pas devenu mauvais de par sa condition, mais par son libre arbitre.

Nous croyons de tout cœur et nous confessons de vive voix la résurrection de cette chair qui est nôtre et non pas celle d'un autre.

Nous croyons et affirmons fermement qu'il y aura aussi un jugement par Jésus Christ et que chacun, selon ce qu'il aura fait dans cette chair, recevra des peines ou des récompenses.

Nous croyons que les aumônes, le sacrifice et d'autres bienfaits peuvent bénéficier aux défunts.

Ceux qui restent dans le monde et possèdent des biens, nous professons et croyons qu'ils seront sauvés s'ils donnent des aumônes et d'autres bienfaits de ce qu'ils possèdent, et s'ils observent les commandements de Dieu. Nous croyons que selon le précepte du Seigneur, les dîmes, les prémices et les offrandes doivent être acquittées aux clercs.

Lettre “In quadam nostra” à l'évêque Hugues de Ferrare, 5 mars 1209.

L'eau mêlée au vin de messe.

798    Tu dis avoir lu dans une de nos lettres décrétales (784) qu'il était impie de penser ce que certains ont eu la présomption de dire, à savoir que dans le sacrement de l'eucharistie l'eau est changée en glaire ; ils affirment en effet faussement que ce n'est pas de l'eau qui est sortie du côté du Christ, mais une humeur aqueuse. Mais même si tu avances que cela a été pensé par des hommes importants et dignes de foi, dont tu as suivi jusqu'ici l'opinion en paroles et par écrit, les raisons qui font que Nous pensons le contraire te contraindront néanmoins de donner ton assentiment à notre conception....

En effet si cela n'avait pas été de l'eau mais de la glaire qui a coulé du côté du Sauveur, celui qui a vu et qui a rendu témoignage à la vérité Jn 19,3 ss. n'aurait certainement pas dit « de l'eau » mais « de la glaire »...

Il reste donc que cette eau, quelle qu'elle ait été, naturelle ou miraculeuse, créée de façon nouvelle par la vertu divine ou tirée des composantes de quelque partie, était sans aucun doute de l'eau véritable.

Lettre “Licet apud” à l'évêque Henri de Strasbourg, 9 janvier 1212.

Les jugements de Dieu

799    Même si chez les juges séculiers sont pratiqués des jugements populaires, comme celui de l'eau froide, du fer ardent ou du duel, l'Eglise cependant n'accepte pas des jugements de cette sorte, car il est écrit dans la Loi divine : " Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu " Dt 6,16; Mt 4,7 .

·     4e concile du LATRAN (12e œcuménique) : 11-30 novembre 1215

Chap. 1 - La foi catholique

Définition contre les albigeois et les cathares

800    Nous croyons fermement et confessons avec simplicité qu'il y a un seul et unique vrai Dieu, éternel et immense, tout-puissant, immuable, qui ne peut être ni saisi ni dit, Père et Fils et Saint-Esprit, trois personnes, mais une seule essence, substance ou nature absolument simple. Le Père ne vient de personne, le Fils vient du seul Père et le Saint-Esprit également de l'un et de l'autre, toujours, sans commencement et sans fin. Le Père engendrant, le Fils naissant et le Saint-Esprit procédant, consubstantiels et semblablement égaux, également tout-puissants, également éternels. Unique principe de toutes choses, créateur de toutes les choses visibles et invisibles, spirituelles et corporelles, qui, par sa force toute-puissante, a tout ensemble créé de rien dès le commencement du temps l'une et l'autre créature, la spirituelle et la corporelle, c'est-à-dire les anges et le monde, puis la créature humaine faite à la fois d'esprit et de corps. En effet le diable et les autres démons ont été créés par Dieu bons par nature . mais ce sont eux qui se sont rendus eux-mêmes mauvais. Quant à l'homme, c'est à l'instigation du démon qu'il a péché.

Cette sainte Trinité, indivise selon son essence commune et distincte selon les propriétés des personnes, a donné au genre humain la doctrine du salut par Moïse, par les saints prophètes et par ses autres serviteurs, selon une disposition des temps parfaitement ordonnée.

801    Enfin, le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, incarné par une oeuvre commune de toute la Trinité, conçu de Marie toujours Vierge par la coopération du Saint-Esprit, fait homme véritable composé d'une âme raisonnable et d'une chair humaine, une seule personne en deux natures, a montré plus manifestement la voie de la vie. Alors que, selon la divinité, il est immortel et incapable de souffrir, il s'est fait lui-même, selon l'humanité, capable de souffrir et mortel ; bien plus pour le salut du genre humain, il a souffert et est monté au ciel ; mais il est descendu en son âme et ressuscité en son corps et est monté en l'une et l'autre également . il viendra à la fin des temps juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres, aussi bien aux réprouvés qu'aux élus. Tous ressusciteront avec leur propre corps qu'ils ont maintenant, pour recevoir, selon ce qu'ils auront mérité en faisant le bien ou en faisant le mal, les uns un châtiment sans fin avec le diable, les autres une gloire éternelle avec le Christ.

802    Il y a une seule Église universelle des fidèles, en dehors de laquelle absolument personne n'est sauvé, et dans laquelle le Christ est lui-même à la fois le prêtre et le sacrifice, lui dont le corps et le sang, dans le sacrement de l'autel, sont vraiment contenus sous les espèces du pain et du vin, le pain étant transsubstantié au corps et le vin au sang par la puissance divine, afin que, pour accomplir le mystère de l'unité, nous recevions nous-mêmes de lui ce qu'il a reçu de nous. Et assurément ce sacrement, personne ne peut le réaliser, sinon le prêtre qui a été légitimement ordonné selon le pouvoir des clés de l'Église que Jésus Christ lui-même a accordé aux apôtres et à leurs successeurs.

Le sacrement du baptême qui s'effectue dans l'eau en invoquant la Trinité indivise, c'est-à-dire le Père, le Fils et le Saint-Esprit légitimement conféré par qui que ce soit selon la forme de l'Église aussi bien aux enfants qu'aux adultes sert au salut.

Et si, après avoir reçu le baptême, quelqu'un est tombé dans le péché, il peut toujours être rétabli dans son état par une vraie pénitence. Ce ne sont pas seulement les vierges et les continents, mais aussi les gens mariés qui, plaisant à Dieu par une foi droite et de bonnes oeuvres, méritent de parvenir à la vie éternelle.

Chap. 2. La fausse doctrine de Joachim de Flore.

La Trinité

803    Nous condamnons donc et nous réprouvons l'opuscule ou traité que l'abbé Joachim a publié contre maître Pierre Lombard au sujet de l'unité ou de l'essence de la Trinité, l'appelant hérétique et insensé à cause de ce qu'il a dit dans ses sentences : « Il y a une réalité suprême qui est Père et Fils et Saint-Esprit, et celle-ci n'engendre pas, n'est pas engendrée et ne procède pas ».

D'où il affirme que celui-ci a érigé en Dieu non pas tant une trinité qu'une quaternité, c'est-à-dire trois personnes et en quelque sorte une quatrième qui serait cette essence commune, alors qu'il professe manifestement qu'il n'y a aucune réalité, ni essence, ni substance, ni nature qui soit Père et Fils et Saint-Esprit, bien qu'il concède que Père et Fils et Saint-Esprit sont une seule essence, une seule substance et une seule nature. Mais il reconnaît qu'une telle unité n'est ni vraie ni propre, mais en quelque sorte collective et analogique, de la même manière qu'on dit que beaucoup d'hommes sont un seul peuple et beaucoup de fidèles une seule Église, conformément à ce qui est dit : « La multitude des croyants était un seul cœur et une seule âme » Ac 4,32, et « Celui qui s'attache à Dieu est un seul esprit » 1Co 6,17 avec lui ; et encore : « Celui qui arrose et celui qui plante ne font qu'un » 1Co 3,8 ; et tous « nous sommes un seul corps dans le Christ » Rm 12,5 ; et encore, dans le livre des Rois : « Ton peuple et mon peuple sont une même chose » 1R 22,5 ; Vulgate ; voir Rt 1,16.

Mais pour fonder cette affirmation il a surtout recours à ce que le Christ dit des fidèles dans l'Évangile : « Je veux Père, qu'en nous ils soient un comme nous aussi nous sommes un, afin qu'ils soient parfaitement un » Jn 17,22 ss.. En effet, dit-il, les fidèles du Christ ne sont pas un, c'est-à-dire une seule réalité qui serait commune à tous ; ils sont seulement un, c'est-à-dire une seule Église à cause de l'unité de la foi catholique et un seul Royaume à cause de l'union dans une charité indissoluble. De la même manière, on lit dans l'épître canonique de Jean : « Car ils sont trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père et le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois sont un » 1Jn 5,7 ; et Jean ajoute aussitôt : « Et ils sont trois qui rendent témoignage sur la terre, l'esprit, l'eau et le sang, et ces trois sont un » 1Jn 5,8, selon ce qu'on trouve dans certains manuscrits.

804    Quant à nous, avec l'approbation du saint concile universel, nous croyons et confessons avec maître Pierre qu'il y a une seule réalité suprême, qui ne peut être saisie ni dite, qui est véritablement Père et Fils et Saint-Esprit, les trois personnes ensemble et chacune d'elles en particulier. C'est pourquoi il y a en Dieu seulement Trinité et non pas quaternité, parce que chacune des trois personnes est cette réalité, c'est-à-dire la substance, l'essence et la nature divine. Elle seule est le principe de toutes choses, en dehors duquel aucun autre principe ne peut être trouvé. Et cette réalité n'engendre pas, n'est pas engendrée et ne procède pas, mais c'est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré et le Saint-Esprit qui procède, en sorte qu'il y a distinction dans les personnes et unité dans la nature.

805    Donc « bien que le Père soit autre, autre le Fils, autre le Saint-Esprit, il n'a cependant pas une autre réalité », mais ce qu'est le Père, le Fils l'est et le Saint-Esprit, absolument la même chose, en sorte que, conformément à la foi orthodoxe et catholique, nous croyons qu'ils sont consubstantiels. En effet, le Père, en engendrant le Fils de toute éternité, lui a donné sa substance, ce même Fils en témoigne : « Ce que m'a donné le Père est plus grand que tout » Jn 10,29.

Et on ne peut pas dire qu'il lui a donné une partie de sa substance et en a retenu une partie pour lui-même, puisque la substance du Père est indivisible, étant absolument simple. Mais on ne peut pas dire que le Père a transféré sa substance dans le Fils en l'engendrant, comme s'il l'avait donnée à un fils sans la retenir pour lui-même : autrement il aurait cessé d'être substance. Il est donc clair que le Fils, en naissant, a reçu la substance du Père sans aucune diminution de celle-ci et que, ainsi, le Père et le Fils ont la même substance et, ainsi encore, sont une même réalité le Père et le Fils et aussi le Saint-Esprit qui procède de l'un et de l'autre.

806    Donc, lorsque la Vérité prie le Père pour ses fidèles en disant : « Je veux qu'eux-mêmes soient un en nous comme nous sommes un » Jn 17,22, ce mot « un » est pris pour les fidèles en ce sens qu'il signifie l'union de la charité dans la grâce, et pour les personnes divines en ce sens qu'est soulignée l'unité de l'identité dans la nature, comme le dit ailleurs la Vérité : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Mt 5,48, comme s'il était dit plus clairement : « Soyez parfaits, de la perfection de la grâce », « comme votre Père céleste est parfait » de la perfection de la nature, chacun à sa manière. Car si grande que soit la ressemblance entre le Créateur et la créature, on doit encore noter une plus grande dissemblance entre eux.

Si quelqu'un ose donc défendre ou approuver sur ce point l'affirmation ou la doctrine du susdit Joachim, qu'il soit réfuté par tous comme hérétique.

807    Cependant nous ne voulons en rien par cela faire tort au monastère de Flore, qui a été institué par Joachim lui-même, parce que l'institution en est régulière et l'observance salutaire. Et cela d'autant plus que ce même Joachim nous a fait remettre tous ses écrits afin qu'ils soient approuvés ou corrigés par le jugement du Siège apostolique, dictant une lettre, signée de sa main, dans laquelle il confesse ferment tenir la foi que tient l'Église romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles par la disposition du Seigneur.

808    Nous réprouvons aussi et condamnons l'opinion extravagante de l'impie Amalric, dont le père du mensonge a tellement aveuglé l'esprit que sa doctrine ne doit pas tant être regardée comme hérétique que comme insensée.

Chap. 3. A propos des hérétiques (Vaudois).

La nécessité de la mission canonique.

809    Parce que « certains », selon ce que dit l'Apôtre, « ayant les apparences de la piété, mais en reniant la force » 2Tm 3,5, s'arrogent le droit de prêcher, alors que le même Apôtre dit : « Comment prêcheront-ils s'ils ne sont pas envoyés ? Rm 10,15, tous ceux à qui cela a été défendu ou qui n'ont pas été envoyés, et qui oseraient usurper, en public ou en privé, l'office de la prédication sans autorisation donnée par le Siège apostolique ou par l'évêque catholique du lieu » 761, seront frappés d'excommunication ; s'ils ne viennent pas promptement à résipiscence, ils seront châtiés par une autre peine appropriée.

Chap. 4. L'insolence des Grecs envers les Latins.

Le mépris à l'égard des rites sacramentels de l'Église latine.

810    Bien que nous voulions encourager et honorer les Grecs qui, de nos jours, reviennent à l'obéissance du Siège apostolique en acceptant, autant que nous le pouvons dans le Seigneur, leurs habitudes et leurs rites, nous ne voulons ni ne devons pourtant pas tolérer chez eux ce qui met les âmes en danger et déroge à l'honnêteté ecclésiastique. En effet, après que l'Église grecque avec certains complices et partisans se fut soustraite à l'obéissance au Siège apostolique, les Grecs se sont mis à abominer tellement les Latins que, entre autres pratiques impies marquant leur mépris à leur égard, s'il arrivait que des prêtres latins célèbrent sur leurs autels, ils ne voulaient eux-mêmes offrir le saint sacrifice sur ces autels avant de les avoir d'abord lavés, comme s'ils avaient été souillés par ce seul fait. Et même, dans une audace téméraire, ces mêmes Grecs osaient rebaptiser ceux qui avaient été baptisés par les Latins ; et nous avons appris que, encore maintenant, certains ne craignent pas de le faire.

Voulant donc écarter de l'Église de Dieu un si grand scandale, sur le conseil du saint concile, nous ordonnons absolument qu'ils n'osent plus désormais agir ainsi, se conformant, en fils obéissants, à leur mère la sainte Église romaine, afin qu'il y ait « un seul troupeau et un seul pasteur » Jn 10,16.

Si quelqu'un devait agir de cette façon, il serait frappé du glaive de l'excommunication et déposé de tout office et bénéfice ecclésiastique.

Chap. 5. Le rang des patriarches.

La prééminence du Siège romain.

811    Renouvelant les anciens privilèges des sièges patriarcaux, avec l'approbation du saint concile universel, nous prescrivons ce qui suit : après l'Église romaine qui, le Seigneur en disposant ainsi, détient la primauté du pouvoir ordinaire sur toutes les autres Églises en tant que mère et maîtresse de tous les chrétiens, l'Église de Constantinople détiendra la première place, celle d'Alexandrie la deuxième, celle d'Antioche la troisième, celle de Jérusalem la quatrième.

Chap. 21. L'obligation de se confesser, le secret de la confession, la réception de la communion à Pâques.

L'obligation de la confession annuelle et de la communion Pascale.

812    Tout fidèle de l'un et l'autre sexe, après avoir atteint l'âge de raison, confessera personnellement et fidèlement tous ses péchés au moins une fois par an à son curé, s'appliquera, dans la mesure de ses forces, d'accomplir la pénitence qui lui sera imposée, recevant avec respect au moins à Pâques le sacrement de l'eucharistie, à moins que, sur le conseil de son curé et pour quelque raison valable, il juge qu'il lui faut s'en abstenir pour un temps ; sinon, il sera empêché d'entrer dans l'église de son vivant et sera privé de sépulture chrétienne à sa mort, afin que personne ne puisse avoir d'excuse pour son ignorance.

Si quelqu'un veut, pour une juste cause, confesser ses péchés à un autre prêtre, il devra d'abord demander et obtenir la permission de son curé, puisque autrement cet autre prêtre ne pourrait l'absoudre ou le lier.

813    Que ce prêtre soit un homme de discernement et prudent afin que, comme un médecin expérimenté, il répande le vin et l'huile sur les plaies du blessé Lc 10,14, s'enquérant diligemment des circonstances concernant et le pécheur et le péché ; il comprendra ainsi, avec prudence, quels conseils il doit lui donner, quel remède apporter en usant de moyens divers pour guérir le malade.

814    Il prendra grandement garde de ne jamais trahir le pécheur par un mot, un signe ou de quelque manière ; mais s'il a besoin d'un avis plus éclairé, il le demandera prudemment sans rien révéler de la personne ; car si quelqu'un osait révéler un péché qui lui a été découvert au tribunal de la pénitence, nous décrétons, non seulement qu'il doit être déposé du ministère sacerdotal, mais encore qu'il soit voué, à perpétuité, à faire pénitence dans un monastère de stricte observance.

Chap. 22. Les malades doivent veiller à leur âme avant de veiller à leur corps.

Moyens interdits pour rétablir la santé.

815    En outre l'âme étant beaucoup plus précieuse que le corps, nous défendons sous peine d'anathème qu'un médecin conseille à un malade pour le salut du corps quelque chose qui deviendrait un danger pour l'âme.

Chap. 41. La nécessité de la bonne foi pour la prescription.

La bonne foi nécessaire pour la prescription.

816    Parce que « tout ce qui ne procède pas de la foi est péché » Rm 14,23, nous définissons cela par sentence synodale : sans bonne foi, aucune prescription n'est valide, qu'elle soit canonique ou civile, puisque, d'une manière générale, on doit déroger à toute constitution et à toute coutume qui ne peuvent être observées sans péché mortel. Il faut donc que celui qui prescrit n'ait à aucun moment conscience d'avoir une chose appartenant à autrui.

Chap. 51. L'interdiction des mariages clandestins.

Les mariages clandestins ne sont pas permis.

817    Suivant les pas de nos prédécesseurs, nous interdisons formellement les mariages clandestins, défendant aussi que n'importe quel prêtre ose être présent à de tels mariages. C'est pourquoi, étendant une coutume propre à certains lieux à tous les autres, nous statuons que, lorsque des mariages doivent être contractés, ils seront publiquement annoncés dans les églises par les prêtres, dans un délai convenable fixé à l'avance, au cours duquel celui qui en aurait la volonté et la capacité pourrait opposer un empêchement légitime. Néanmoins les prêtres rechercheront eux-mêmes si quelque empêchement fait obstacle au mariage. ...

Chap. 62. Les reliques des saints.

Usage indigne des reliques.

818    La religion chrétienne est trop souvent dénigrée parce que certains exposent des reliques des saints pour les vendre ou en faire ostention n'importe où. Pour que cela ne se produise pas à l'avenir, nous statuons par le présent décret que les reliques anciennes ne soient plus exposées hors de leur reliquaire ni montrées pour être vendues. Quant à celles qui ont été nouvellement trouvées, que personne ne les vénère publiquement si elles n'ont pas été auparavant approuvées par l'autorité du pontife romain. A l'avenir, que les responsables ne permettent pas que ceux qui viennent dans leurs églises en vue de vénérer des reliques ne soient trompés par de vaines fictions ou de faux documents, comme on a eu l'habitude de le faire en plusieurs lieux en vue d'un gain.

Abus concernant les indulgences.

819    (...)

Parce que, par suite d'indulgences indiscrètes ou superflues que ne craignent pas d'octroyer certains prélats, le pouvoir des clés de l'Église est méprisé et la satisfaction pénitentielle est privée de sa force, nous décrétons que, lorsque est dédiée une basilique, l'indulgence ne dépassera pas un an... ; ensuite, lors de l'anniversaire de la dédicace, que la rémission pour les pénitences imposées ne dépasse pas quarante jours. Nous ordonnons que les lettres d'indulgence, qui sont accordées pour des raisons variées, doivent aussi se conformer à ce nombre de jours, puisque le pontife romain, qui détient la plénitude du pouvoir, a l'habitude de suivre cette règle en ce domaine.

Chap. 63. Simonie.

820    (...) En de nombreux endroits de nombreuses personnes — semblables aux vendeurs de colombes dans le Temple — commettent de honteuses et exécrables exactions et extorsions pour la consécration des évêques, la bénédiction des abbés et l'ordination des clercs. On tarifie ce qui doit être payé à celui-ci ou à celui-là, à tel ou tel autre ; et, comble de perdition, certains s'efforcent de justifier cette honte et cette dépravation au nom d'une coutume observée de longue date.

Voulant donc abolir un si grand abus, nous réprouvons totalement une telle coutume dont le vrai nom est corruption ; nous statuons formellement que, pour la collation ou la réception des ordres, personne n'ose exiger et extorquer quelque chose sous quelque prétexte que ce soit ; sinon, aussi bien celui qui aura reçu que celui qui aura donné une telle somme absolument interdite sera condamné avec Guéhazi 2R 5,20-27  et Simon Ac 8,9-24.

           HONORIUS III : 18 juillet 1216 – 18 mars 1227.

Lettre “Perniciosus valde” à l'archevêque Olaf d'Uppsala, 13 décembre 1220.

L'eau mêlée au vin lors du sacrifice de la messe.

822    Comme nous l'avons entendu, un abus très pernicieux s'est développé dans ta région, à savoir que lors du sacrifice on utilise une plus grande quantité d'eau que de vin : car selon la coutume bien fondée de l'ensemble de l'Église, il faut utiliser plus de vin que d'eau. C'est pourquoi Nous ordonnons à ta fraternité par lettre apostolique que désormais tu ne le fasses plus, et que tu n'admettes pas que cela se fasse dans ta province.

           GREGOIRE IX : 19 mars 1227 – 22 août 1241

Lettre “Ab Ægyptiis argentea” aux théologiens de Paris, 7 juillet 1228.

Le maintien de la terminologie et de la tradition théologiques.

824    (...) Il appartient certes à l'intelligence théologique de présider comme l'homme en quelque sorte à n'importe quelle faculté et, comme l'esprit le fait pour la chair, d'exercer son pouvoir sur elle et de la diriger dans la voie de la droiture en sorte qu'elle ne s'égare pas. (...)

En vérité nous sommes frappés intérieurement de douleur dans notre cœur Gn 6,6 et saturés de l'amertume de l'absinthe Lm 3,15 de ce que... certains chez vous ... s'occupent avec ardeur à déplacer par des nouveautés impies, « les bornes posées par les Pères » Pr 22,28 ; en effet, la compréhension de l'Écriture céleste qui est délimitée, de par les efforts des saints Pères, par les bornes de l'interprétation qu'il n'est pas seulement téméraire mais impie de transgresser, ils la tournent en doctrine philosophique concernant les choses naturelles, de manière à faire montre de leur Science et non pas pour le profit des auditeurs, en sorte qu'ils n'apparaissent pas comme des hommes qui enseignent Dieu ou des théologiens, mais comme des hommes qui médisent de Dieu.

En effet, bien qu'ils doivent exposer la doctrine de Dieu selon les traditions reconnues des saints et non pas avec des armes charnelles, mais avec des armes « dont la puissance vient de Dieu, capables de détruire toute puissance hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu et de faire captive toute pensée pour l'amener à obéir au Christ » 2Co 10,4  s, séduits par des doctrines diverses et étrangères He 13,9, ils font de la tête la queue Dt 28,13 ; Dt 28,44 et contraignent la reine à se mettre au service de la servante, c'est-à-dire ce qui est céleste au service des doctrines terrestres, en attribuant à la nature ce qui appartient à la grâce. De fait, s'occupant des choses de la nature plus qu'il ne convient, revenus... aux éléments faibles et pauvres du monde et les servant à nouveau Ga 4,9, comme des faibles en Christ ils se nourrissent « de lait et non d'une nourriture solide » He 5,12, et ils ne semblent pas avoir fortifié leur coeur par la grâce He 13,9 ; c'est pourquoi, « dépouillés des dons gratuits et blessés dans leurs dons naturels », ils ne se remémorent pas cette parole de l'Apôtre... : « Évite les nouveautés et les expressions impies et les opinions d'une science mensongère ; pour l'avoir recherchée, certains se sont écartés de la foi » 1Tm 6,20  s...

Et lorsqu'ils s'efforcent plus qu'il ne convient de prouver la foi par la raison naturelle, ne la rendent-ils pas en quelque sorte inutile et vaine ? Car « la foi n'a pas de mérite si la raison humaine lui fournit la preuve ». La nature en effet croit ce qu'elle a compris, mais la foi saisit ce qui est cru par sa propre force et par la compréhension que lui donne la grâce, elle qui pénètre avec audace et témérité ce que l'intelligence naturelle est incapable d'atteindre.

Lettre “Consultationi tuæ” à l'archevêque de Bari, 12 Novembre 1231.

Le caractère sacramentel reçu dans l'ordination.

825    A ta consultation nous répondons ainsi : ceux qui ont reçu les ordres sacrés en dehors des temps fixés ont reçu sans aucun doute le caractère ; après qu'une pénitence appropriée leur aura été imposée pour cette transgression, tu pourras admettre qu'ils exercent leur ministère dans les ordres reçus.

Lettre “Presbyter et diaconus” à l'évêque Olaf de Lund, 9 décembre 1232.

Matière et forme de l'ordination.

826    Lorsque le presbytre et le diacre sont ordonnés, ils reçoivent l'imposition des mains par contact corporel, selon le rite établi par les apôtres 1Tm 4,14 ; 1Tm 5,22 ; 2Tm 1,6 ; Ac 6,6 ; mais si cela a été omis, il n'y a pas lieu de le réitérer d'une quelconque manière, mais au temps fixé pour conférer ces ordres on suppléera prudemment ce qui a été omis par erreur. Cependant les mains doivent être levées lorsque la prière est répandue sur la tête de l'ordinand.

Décret fragmentaire “Si condiciones”, entre 1227 et 1234.

L'invalidité d'un mariage sous condition.

827    Lorsque sont insérées des conditions contraires à la substance du mariage, par exemple si l'un dit à l'autre « je contracte (mariage) avec toi si tu évites d'engendrer des descendants », ou « jusqu'à ce que j'en trouve une autre plus digne par l'honneur ou la fortune », ou « si tu te livres à l'adultère contre rétribution », le contrat de mariage, tout bienvenu qu'il puisse être, est dépourvu d'effet ; cependant d'autres conditions ajoutées au mariage, si elles sont déshonnêtes ou irréalisables, doivent être tenues pour non ajoutées en raison de la faveur (du droit) dont il jouit.

Lettre “Naviganti vel” au frère R., entre 1227 et 1234.

Usure.

828    Quelqu'un qui prête une somme d'argent déterminée à un autre qui se rend à un marché, par terre ou par mer, et qui, parce qu'il accepte un risque pour lui-même, entend recevoir quelque chose au-delà du capital, doit (ne doit pas ?) être considéré comme usurier.

De même celui qui donne dix sols pour qu'à un autre moment lui soient rendues autant de mesures de grain, de vin et d'huile à propos desquelles, même si elles valent alors davantage, on peut douter avec vraisemblance si au moment du paiement elles vaudront plus ou moins, ne doit pas à cause de cela être considéré comme usurier.

En raison de ce doute est excusé également celui qui vend du drap, du grain, du vin, de l'huile et d'autres marchandises pour recevoir davantage pour elles à un moment donné que ce qu'elles valent au moment même (du contrat), à condition cependant de n'avoir pas été sur le point de les vendre à un autre moment du contrat.

Lettre “Cum sicut ex” à l'archevêque Sigurd de Trondheim (Norvège), 8 juillet 1241.

La matière du baptême.

829    Étant donné que, comme nous l'avons appris de ton rapport, il arrive parfois que par manque d'eau des enfants de ton pays soient baptisés avec de la cervoise, nous te répondons par la présente que puisque selon l'enseignement de l'Évangile on doit renaître d'eau et d'Esprit Saint Jn 3,5, ceux qui ont été baptisés avec de la cervoise doivent être considérés comme n'ayant pas été baptisés de façon régulière.

           CELESTIN IV : 25 octobre – 10 novembre 1241

           INNOCENT IV : 25 juin 1243 – 7 décembre 1254

·     1er concile de LYON (13e œcuménique) 28 juin-17juillet 1245

Lettre “Sub catholicæ professione” à l'évêque de Tusculum, légat du Siège apostolique auprès des Grecs, 6 mars 1254.

Les rites et les doctrines qui doivent être inculqués aux Grecs.

830    Par 3 (autres Par. 4). 1. A ce sujet notre réflexion nous a conduit à décider que les Grecs de ce royaume (Chypre), pour ce qui est des onctions qui sont habituellement faites en lien avec le baptême, doivent suivre et observer la coutume de l'Église romaine.

2. Mais si le rite ou la coutume qu'ils disent être les leurs – à savoir d'oindre entièrement le corps de ceux qui doivent être baptisés – ne peut pas être supprimé ou écarté sans scandale, on le tolérera puisqu'il importe peu pour l'effet ou l'efficacité du baptême que cela soit fait ou non.

3. De même il importe peu qu'ils baptisent dans de l'eau froide ou de l'eau chaude, puisque selon leurs dires le baptême a sa vertu et son effet dans les deux cas.

831    4 (Par 5). Seuls les évêques cependant doivent marquer le front des baptisés avec le chrême, puisque cette onction ne doit être conférée que par les évêques. Car, ainsi qu'on peut le lire, seuls les apôtres, dont les évêques tiennent la place, ont conféré l'Esprit Saint par l'imposition des mains que représente la confirmation ou la chrismation du front Ac 8,14-25.

5. Les différents évêques peuvent également confectionner le chrême dans leurs Églises le jour de la Cène du Seigneur et selon la forme de l'Église, c'est-à-dire avec du baume et de l'huile d'olive. Car dans l'onction avec le chrême est conféré le don de l'Esprit Saint. Et de fait, comme un peut le lire, la colombe qui désigne l'Esprit Saint lui-même a ramené dans l'arche un rameau d'olivier. Mais si à ce sujet les Grecs préfèrent garder leur rite ancien, à savoir que le patriarche avec les archevêques et ses évêques suffragants, et les archevêques avec leurs suffragants, confectionnent ensemble le chrême, cette coutume qui est la leur doit être tolérée.

832    6. Mais personne ne doit être simplement oint d'une onction par les prêtres ou les confesseurs à la place de la satisfaction lors de la pénitence.

833    7. Mais selon la parole de l'apôtre Jacques Jc 5,14 s l'extrême-onction doit être conférée aux malades.

834    8 (Par. 6). En outre, lorsqu'ils ajoutent de l'eau, soit froide, soit chaude, soit tiède, lors du sacrifice de l'autel, les Grecs doivent suivre leur coutume s'ils le veulent, pourvu qu'ils croient et confessent que, la forme du canon étant respectée, le sacrifice est réalisé de la même manière à partir des deux.

9. Mais qu'ils ne conservent pas l'eucharistie consacrée le jour de la Cène du Seigneur durant toute l'année en prétextant les malades, c'est-à-dire pour leur donner la communion en la prenant de là. Cependant il leur sera permis de consacrer le corps du Christ pour ces malades et de le conserver durant quinze jours, pas davantage, pour que du fait d'une conservation plus longue les espèces ne risquent pas d'être altérées, et de devenir moins aptes à être consommées : même si la vérité et l'efficacité demeurent toujours pleinement les mêmes et qu'elles ne disparaissent jamais du fait d'une durée plus longue ou du temps qui passe.

835    18 (Par. 14) Pour ce qui est de la fornication commise par un célibataire avec une célibataire, on ne doit absolument pas douter qu'il s'agit d'un péché mortel, puisque l'Apôtre assure qu'aussi bien les fornicateurs que les adultères sont exclus du Royaume de Dieu 1Co 6,9  s.

836    19 (Par. 15). En outre nous voulons et prescrivons expressément que désormais les évêques grecs doivent conférer sept ordres conformément à l'usage de l'Église romaine, puisqu'on lit que jusqu'à présent ils ont négligé ou omis trois des ordres mineurs chez les ordinands. Mais ceux qui ont déjà été ordonnés de cette manière par eux, en raison de leur trop grand nombre ils seront tolérés dans les ordres reçus ainsi.

837    20 (Par. 16). Mais parce que selon l'apôtre une femme est libérée de sa loi après la mort du mari, de sorte qu'elle est entièrement libre d'épouser dans le Seigneur qui elle veut Rm 7,2 ; 1Co 7,39, les Grecs ne doivent aucunement blâmer ou condamner les secondes et les troisièmes noces, et même d'autres, mais ils doivent bien plutôt les reconnaître entre personnes qui par ailleurs peuvent être unies licitement par un mariage.

21. Cependant les prêtres ne doivent en aucun cas bénir ceux qui se marient une seconde fois.

(Le sort des défunts)

838    23 (Par. 18). Enfin puisque la Vérité affirme dans l'Évangile que si quelqu'un a blasphémé contre l'Esprit Saint il ne lui sera pas pardonné, ni dans ce monde ni dans le monde à venir Mt 12,32 — ce qui nous fait comprendre que certains sont déliés de leur faute dans le siècle présent, mais d'autres dans le siècle à venir — et que l'Apôtre dit que « le feu éprouvera l'œuvre de chacun selon ce qu'elle est » et que « celui dont l'œuvre est consumée en subira la perte, mais que lui-même sera sauvé, mais comme à travers le feu » 1Co 13,15 et puisqu'on dit que les Grecs eux-mêmes croient et affirment en toute vérité et sans aucun doute que les âmes de ceux qui meurent après avoir reçu la pénitence, mais sans l'avoir accomplie, ou qui meurent sans péché mortel mais avec des péchés véniels et minimes, sont purifiés après la mort et peuvent être aidés par les suffrages de l'Église, étant donné qu'ils disent qu'aucun nom certain et déterminé ne désigne chez leurs docteurs le lieu d'une telle purification, et puisque selon la tradition et l'autorité des saints Pères nous l'appelons « purgatoire », Nous voulons que désormais il soit appelé ainsi chez eux. En effet ce feu temporaire purifie les péchés, non toutefois les péchés mortels ou capitaux qui n'auraient pas d'abord été remis par la pénitence, mais les péchés légers et minimes qui pèsent encore sur eux après leur mort, même s'ils ont été pardonnés pendant la vie.

839    24. (Par. 19). Mais si quelqu'un meurt sans pénitence en état de péché mortel, il ne fait pas de doute qu'il sera tourmenté pour toujours par les feux de l'enfer éternel.

25 (Par. 20). Mais les âmes des petits enfants qui meurent après le bain du baptême et celles des adultes qui meurent en état de charité, qui ne sont ni retenus par un péché ni tenus à telle ou telle satisfaction pour leur péché, passent immédiatement dans la patrie éternelle.

           ALEXANDRE IV : 12 décembre 1254 – 25 mai 1261

Constitution “Romanus Pontifex de summi”, 5 octobre 1256.

Erreurs de Guillaume de Saint-Amour au sujet des moines mendiants

840    (L'écrit de Guillaume) a été lu par eux de façon attentive et examiné mûrement et avec rigueur, et il nous en a été fait une relation complète ; parce que nous avons appris qu'on y trouve manifestement certaines choses fausses et condamnables.

 

841    Contre le pouvoir et l'autorité du pontife romain et de ses co-évêques, et contre ceux qui, à cause de Dieu, mendient dans la pauvreté la plus rigoureuse, en surmontant ainsi le monde avec ses biens par une indigence volontaire ;

842    d'autres choses aussi contre ceux qui, animés d'un zèle ardent pour le salut des âmes et soucieux des études sacrées, opèrent dans l'Église de Dieu de nombreux progrès spirituels et y portent beaucoup de fruit ;

843    certaines contre l'état salutaire des moines pauvres, ou mendiants, que sont nos chers fils les frères prêcheurs et les frères mineurs qui, dans la force de l'Esprit, abandonnent le siècle avec ses richesses et n'aspirent de toutes leurs forces qu'à la seule patrie céleste ;

ainsi que plusieurs autres choses inconvenantes et dignes par conséquent d'être rejetées et vouées à l'infamie pour toujours ;

844    et parce que cet écrit a été également la source d'un grand scandale, qu'il a donné lieu à beaucoup de trouble et qu'il a causé également des dommages aux âmes, puisqu'il a détourné les fidèles de la dévotion qui leur était familière, de leur libéralité habituelle en matière d'aumône, ainsi que de la conversion et de l'entrée en religion :

sur le conseil de nos frères et en vertu de l'autorité apostolique Nous rejetons et condamnons pour toujours comme inique, sacrilège et exécrable l'écrit qui commence ainsi : « Ecce videntes clamabunt foris », et qui porte le titre « Tractatus brevis de periculis novissimorum temporum » et les enseignements et les doctrines qu'il contient. Nous les condamnons comme erronés, faux et impies.

           URBAIN IV : 29 août 1261 – 2 octobre 1264.

Bulle “Transiturus de hoc mundo”, 11 août 1264.

L'eucharistie comme mémorial du Christ.

846    Or lors de l'institution de ce sacrement il dit lui-même aux apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi » Lc 22,19, afin que ce sacrement sublime et vénérable soit pour nous un mémorial éminent et insigne de l'amour extraordinaire par lequel il nous a aimés. Un mémorial admirable, dis-je... dans lequel nous obtenons sûrement une aide pour la vie et pour la mort. C'est là le mémorial... salvifique dans lequel nous faisons mémoire avec gratitude de notre Rédemption, dans lequel nous sommes éloignés du mal et confortés dans le bien, et progressons dans la croissance des vertus et des grâces, dans lequel en vérité nous progressons de par la présence corporelle du Sauveur lui-même.

D'autres réalités dont nous faisons mémoire, nous les embrassons par l'esprit et par l'intelligence, mais nous n'en possédons pas pour autant la présence réelle. Mais dans cette commémoration sacramentelle du Christ, Jésus Christ nous est présent, certes sous une autre forme, mais dans sa propre substance. Avant de monter au ciel il dit en effet aux apôtres et à leurs successeurs : « Voici, je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles » Mt 28,20, et il les conforta par la promesse bienfaisante qu'il demeurera et sera aussi avec eux d'une présence corporelle.

L'Eucharistie, aliment de l'âme.

847    (...)

Dépassant toute plénitude de largesse, allant au-delà de toute mesure de l'amour, il se distribua en nourriture. O libéralité unique et admirable, où le donateur devient le don, et où ce qui est donné est pleinement identique à celui qui donne ! ...

Il s'est donc donné en nourriture pour que l'homme, qui avait été abattu par la mort, fût relevé par une nourriture à la vie... Manger a blessé et manger a guéri. Voici que de là où est née la blessure est venu aussi le remède, et de là où la mort s'est introduite est sortie aussi la vie. De ce manger-là en effet il est dit : « Du jour où tu en mangeras, de mort tu mourras » Gn 2,17, mais de ce manger-ci on peut lire : « Celui qui aura mangé de ce pain vivra à jamais » Jn 6,52 ...

Ce fut aussi une libéralité qui convient et un acte approprié que le Verbe éternel de Dieu, qui est l'aliment et le réconfort de la créature raisonnable, s'étant fait chair se soit donné en nourriture à la chair et au corps de la créature raisonnable, c'est-à-dire à l'homme... Ce pain est consommé, mais il n'est pas épuisé ; il est mangé, mais il n'est pas changé, car il n'est nullement transformé en celui qui le mange, mais s'il est reçu dignement, celui qui le reçoit lui est conformé.

           CLEMENT IV : 5 Février 1265 – 29 novembre 1268.

Lettre “Quanto sincerius” à l'archevêque Maurin de Narbonne, 28 octobre 1267.

La présence réelle du Christ dans l'eucharistie.

849    (Nous avons appris que tu...) as dit que le corps très saint de notre Seigneur Jésus Christ ne se trouve pas substantiellement sur l'autel, mais seulement comme ce qui est signifié l'est sous le signe, et que tu as ajouté qu'il s'agit là d'une opinion souvent entendue à Paris. Mais cette affirmation s'est répandue... et lorsque enfin elle est parvenue jusqu'à Nous, elle Nous a scandalisé au plus haut point ; et il n'a pas été facile pour Nous de croire que tu as dit de telles choses qui contiennent une hérésie manifeste et dérogent à la vérité de ce sacrement dans lequel la foi s'accomplit d'autant plus utilement qu'elle dépasse les sens, qu'elle tient captive l'intelligence, et qu'elle soumet la raison à ses lois...

Tiens fermement ce que l'Église tient en commun... à savoir que sous les espèces du pain et du vin, après que les paroles sacrées ont été dites par la bouche du prêtre, conformément au rite de l'Église, le corps et le sang de notre Seigneur Jésus Christ sont présents vraiment, réellement et substantiellement, bien que selon le lieu il se trouve au ciel.

           GREGOIRE X : 1er septembre 1271 – 10 janvier 1276

·     2e concile de LYON (14e œcuménique) 7 mai - 17 juillet 1274.

2e session, 18 mai 1274 : constitution sur la Trinité souveraine et la foi catholique.

La procession du Saint-Esprit.

850    Nous professons avec fidélité et dévotion que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, non pas comme deux principes, mais comme d'un seul principe, non pas par deux spirations, mas par une seule et unique spiration. C'est ce que la sainte Église romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles, a jusqu'à maintenant professé, prêché et enseigné ; c'est ce qu'elle tient fermement, prêche, professe et enseigne ;c'est là l'immuable et véritable doctrine des Pères et des Docteurs orthodoxes, aussi bien latins que grecs.

Mais parce que certains, en raison d'une ignorance de la vérité irréfutable affirmée plus haut, sont tombés dans diverses erreurs, nous-mêmes désireux de fermer la route à des erreurs de ce genre, avec l'approbation du saint concile, nous condamnons et réprouvons tous ceux qui oseraient nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, ou qui même, dans une audace téméraire, iraient jusqu'à affirmer que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme de deux principes et non comme d'un seul.

4e session, 6 juillet 1274, lettre de l'empereur Michel au pape Grégoire X.

Profession de foi de l'empereur Michel Paléologue.

851    (Profession de foi). Nous croyons la sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu tout-puissant, et que, dans la Trinité, toute la divinité est également essentielle, consubstantielle, également éternelle, également toute-puissante, qu'il y a en elle une seule volonté, une seule puissance, une seule majesté, qu'elle est le créateur de toutes les créatures, de qui, en qui, par qui sont toutes les choses qui sont dans le ciel et sur la terre, visibles, invisibles, corporelles et spirituelles. Nous croyons que chacune des personnes dans la Trinité est vraiment, pleinement et parfaitement Dieu.

852    Nous croyons le Fils de Dieu, Verbe de Dieu, né éternellement du Père, consubstantiel, également tout-puissant et égal en tout au Père en la divinité : né dans le temps, du Saint-Esprit et de Marie toujours vierge, avec une âme raisonnable. Il a deux naissances, une naissance éternelle, du Père, une naissance temporelle, de sa mère. Vrai Dieu et vrai homme, proprement et parfaitement en l'une et l'autre nature ; ni fils adoptif, ni fils en apparence, mais un seul et unique Fils de Dieu, en deux natures, et de deux natures, la divine et l'humaine, dans l'unité d'une seule personne, incapable de souffrir et immortel par sa divinité, mais qui dans son humanité, a souffert une vraie Passion corporelle, pour nous et pour notre salut ; il est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, et, et le troisième jour, est ressuscité des morts, sa chair étant vraiment ressuscitée, quarante jours après sa Résurrection, avec sa chair ressuscitée et son âme. Il est monté au ciel et il siège à la droite de Dieu le Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts et rendra à chacun selon que ses œuvres auront été bonnes ou mauvaises.

853    Nous croyons aussi le Saint-Esprit, pleinement, parfaitement et vraiment Dieu, procédant du Père et du Fils, égal en tout et consubstantiel, également tout-puissant, également éternel, en tout comme le Père et le Fils. Nous croyons que cette sainte Trinité n'est pas trois dieux, mais un unique Dieu tout-puissant, éternel, invisible et immuable.

854    Nous croyons aussi que l'Église, sainte, catholique et apostolique, est la seule vraie, dans laquelle se donne un saint baptême et la véritable rémission de tous les péchés. Nous croyons aussi à la vraie résurrection de cette chair qui est maintenant nôtre, et à la vie éternelle. Nous croyons aussi qu'il y a un seul auteur du Nouveau et de l'Ancien Testament, de la Loi, des prophètes et des apôtres, le Dieu et Seigneur tout-puissant.

Ajouts particuliers contre les erreurs des Orientaux

855    Telle est la vraie foi catholique que, dans les articles ci-dessus, tient et prêche la sainte Église romaine. Mais en raison de diverses erreurs que certains ont introduites par ignorance et d'autres par malice, elle dit et prêche : Ceux qui, après le baptême, tombent dans le péché, ne doivent pas être rebaptisés, mais obtiennent le pardon de leur péchés par une vraie pénitence.

Le sort des défunts

856    Que si, vraiment pénitents, ils sont morts dans la charité, avant d'avoir satisfait, par de dignes fruits de pénitence, pour ce qu'ils ont commis ou omis, leurs âmes sont purifiés après la mort par des peines purgatoires et purifiantes, comme l'a expliqué notre frère Jean (Parastron, ofm.). Pour adoucir ces peines, les intercessions des fidèles vivants leur sont utiles, à savoir le sacrifice de la messe, les prières, les aumônes et les autres oeuvres de piété que les fidèles ont coutume de faire pour d'autres fidèles selon les institutions de l'Église.

857    Pour les âmes de ceux qui, après avoir reçu le saint baptême, n'ont contracté absolument aucune souillure du péché, pour celles aussi qui, après avoir contracté la souillure du péché ont été purifiées, soient lorsqu'elles demeuraient encore dans leurs corps, soit après s'en être dépouillées, comme on l'a dit plus haut, elles sont immédiatement reçues dans le ciel.

858    Pour les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, où elles reçoivent cependant des peines inégales.

859    La même sainte Église romaine croit et affirme fermement que néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront avec leur corps devant le tribunal du Christ pour y rendre compte de leurs actions Rm 14,10  s.

860    La même sainte Église romaine tient et enseigne encore qu'il y a sept sacrements de l'Église : le baptême, dont on a parlé plus haut ; un autre est le sacrement de la confirmation, que les évêques confèrent par l'imposition des mains en oignant les baptisés ; un autre la pénitence ; un autre est l'Eucharistie, un autre le sacrement de l'ordre, un autre le mariage, un autre l'extrême-onction qui, selon la doctrine du bienheureux Jacques, est administrée aux malades.

La même Église romaine fait le sacrement de l'eucharistie avec du pain azyme ; elle tient et enseigne que, dans ce sacrement, le pain est vraiment transsubstantié en corps et le vin en sang de notre Seigneur Jésus Christ.

Sur le mariage, elle tient qu'un homme n'a pas le droit d'avoir simultanément plusieurs épouses, ni une femme plusieurs maris. Quand le mariage légitime est rompu par la mort d'un des conjoints, elle déclare que les secondes et, ensuite, les troisièmes noces sont successivement licites, si ne s'y oppose pas un autre empêchement canonique pour quelque raison.

861    Cette même sainte Église romaine possède aussi la primauté et autorité souveraine et entière sur l'ensemble de l'Église catholique. Elle reconnaît sincèrement et humblement l'avoir reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur lui-même, en la personne du bienheureux Pierre, chef ou tête des apôtres, dont le pontife romain est le successeur. Et comme elle doit, avant les autres, défendre la vérité de la foi, ainsi les questions qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies par son jugement. N'importe quel accusé peut en appeler à elle, dans les affaires qui relèvent des tribunaux d'Église ; et dans toutes les causes qui touchent à la juridiction ecclésiastique, on peut recourir à son jugement. A elle sont soumises toutes les Églises, dont les prélats lui rendent obéissance et révérence. Sa plénitude de pouvoir est si établie qu'elle admet les autres Églises à partager sa sollicitude. Cette même Église romaine a honoré beaucoup d'Églises, et surtout les Églises patriarcales, de divers privilèges, sa prérogative étant cependant toujours sauve dans les conciles généraux comme en d'autres occasions.

           INNOCENT V : 21 janvier – 22 juin 1276

           ADRIEN V : 11 juillet – 18 août 1276

           JEAN XXI : 8 septembre 1276 – 20 mai 1277

           NICOLAS III : 25 novembre 1277 – 22 août 1280

           MARTIN IV : 22 février 1281 – 28 mars 1285

           HONORIUS IV : 2 avril 1285 – 3 avril 1287

           NICOLAS IV : 22 février 1288 – 4 avril 1292

           CÉLESTIN V : 5 juillet – 13 décembre 1294

           BONIFACE VIII : 24 décembre 1294 – 11 octobre 1303

Bulle “Sæpe sanctam ecclesiam”, 1er Août 1296.

Erreurs de la secte laïque du nouvel Esprit

866    Nous avons appris en effet que certaines personnes —- même de sexe féminin — qui s'érigent contre la sainte Église catholique, enseignent qu'elles auraient les clés pour lier et délier, qu'elles entendent les confessions et absolvent les péchés, qu'elles tiennent des assemblées, non seulement de jour mais de nuit, dans lesquelles elles s'entretiennent de leurs absurdités... et qu'elles ont l'audace de prêcher ; abusant de la tonsure cléricale, contrairement au rite de l'Église, elles prétendent donner le Saint-Esprit par l'imposition des mains et qu'il ne faudrait manifester (compléter : “de révérence” ? “d'obéissance” ?) qu'à Dieu seul et non à quelqu'un d'autre, quelle que soit sa condition, sa dignité et son état. Elles affirment également plus efficaces les prières présentées par des personnes au corps totalement dénudé ; ... et nient qu'il y ait dans ladite Église le pouvoir de lier et de délier... C'est pourquoi nous déclarons cette secte... condamnée et hérétique.

Bulle “Antiquorum habet”, 22 février 1300.

Indulgences.

868    Une relation digne de foi des anciens rapporte qu'à ceux qui se rendaient à la vénérable basilique des princes des apôtres de la Ville, étaient accordées de grandes rémissions et indulgences des péchés.

Nous donc... qui considérons toutes et chacune de ces rémissions et de ces indulgences comme légitimes et bienvenues, nous les confirmons et les approuvons en vertu de l'autorité apostolique...

Confiants en la miséricorde de Dieu tout-puissant et dans les mérites et l'autorité de ces mêmes apôtres, sur le conseil de nos frères et en vertu de la plénitude du pouvoir apostolique, à tous ceux qui... se rendent avec respect dans ces basiliques, qui ont vraiment fait pénitence et se sont confessés, ... dans la présente année et dans chaque centième année qui suivra, nous concéderons et nous concédons un pardon non seulement large et plénier, mais le plus plénier, de tous leurs péchés.

Bulle “Unam sanctam”, 18 novembre 1302.

L'unicité de l'Eglise

870    La foi nous oblige instamment à croire et à tenir une seule sainte Église catholique et en même temps apostolique, et nous la croyons fermement et la confessons simplement, elle hors de laquelle il n'y a pas de salut ni de rémission des péchés... ; elle représente l'unique corps mystique : corps dont le Christ est la tête, Dieu cependant étant celle du Christ. En elle il y a « un seul Seigneur, une seule foi, et un seul baptême » Ep 4,5. Unique en effet fut l'arche de Noé au temps du déluge, qui préfigurait l'unique Église ; achevée à une coudée, elle avait un seul pilote et chef, à savoir Noé, et hors d'elle, nous l'avons lu, tout ce qui subsistait sur terre fut détruit.

871    Nous la vénérons également comme l'unique, car le Seigneur dit dans le prophète : « Dieu, délivre mon âme de l'épée, et des pattes du chien mon unique » Ps 22,2. Car il a prié à la fois pour l'âme, c'est-à-dire pour lui-même, la tête, et pour le corps, puisque le corps il l'a appelé l'unique, c'est-à-dire l'Église, à cause de l'unité de l'époux, de la foi, des sacrements, et de la charité de l'Église. Elle est cette « tunique sans couture » Jn 19,23 du Seigneur qui n'a pas été déchirée, mais tirée au sort.

872    C'est pourquoi cette Église une et unique n'a qu'un seul corps, une seule tête, non pas deux têtes comme pour un monstre, à savoir le Christ et le vicaire du Christ, Pierre, et le successeur de Pierre, car le Seigneur dit à Pierre lui-même : « Pais mes brebis » Jn 21,17. Il dit « mes » en général, et non telle ou telle en particulier, d'où l'on comprend que toutes lui ont été confiées. Si donc les Grecs ou d'autres disent qu'ils n'ont pas été confiés à Pierre et à ses successeurs, il leur faut reconnaître qu'ils ne font pas partie des brebis du Christ, car le Seigneur dit lui-même en Jean : « il y a un seul bercail, un seul et unique pasteur » Jn 10,16.

Le pouvoir spirituel de l'Église.

873    Les paroles de l'Évangile nous l'enseignent : en elle et en son pouvoir il y a deux glaives, le spirituel et le temporel Lc 22,38 ; Mt 26,52 ...

Les deux sont donc au pouvoir de l'Église, le glaive spirituel et le glaive matériel. Cependant l'un doit être manié pour l'Église, l'autre par l'Église. L'autre par la main du prêtre, l'un par la main du roi et du soldat, mais au consentement et au gré du prêtre. Or il convient que le glaive soit sous le glaive, et que l'autorité temporelle soit soumise au pouvoir spirituel... Que le pouvoir spirituel doive l'emporter en dignité et en noblesse sur toute espèce de pouvoir terrestre, il nous faut le reconnaître d'autant plus nettement que les réalités spirituelles ont le pas sur les temporelles... Comme la Vérité l'atteste : il appartient au pouvoir spirituel d'établir le pouvoir terrestre, et de le juger s'il n'a pas été bon...

Si donc le pouvoir terrestre dévie, il sera jugé par le pouvoir spirituel ; et si un pouvoir spirituel inférieur dévie, il le sera par celui qui lui est supérieur ; mais si le pouvoir suprême dévie, c'est par Dieu seul et non par l'homme qu'il pourra être jugé, comme l'atteste l'Apôtre : « L'homme spirituel juge de tout, et n'est lui-même jugé par personne » 1Co 2,15.

874    Cette autorité cependant, bien que donnée à un homme et exercée par un homme, n'est pas un pouvoir humain, mais bien plutôt divin. Donné à Pierre de la bouche de Dieu, confirmé pour lui et ses successeurs dans le Christ lui-même qu'il a confessé, lui, le roc, lorsque le Seigneur dit à Pierre lui-même : « Tout ce que tu lieras », etc. Mt 16,19. Quiconque par conséquent résiste à ce pouvoir ordonné par Dieu, « résiste à ce que Dieu a ordonné » Rm 13,2, à moins qu'il n'imagine, comme Manès, deux principes, ce que nous jugeons faux et hérétique, car au témoignage de Moïse ce n'est pas dans les principes, mais « dans le principe (que) Dieu a créé le ciel et la terre » Gn 1,1.

875    En conséquence nous déclarons, disons et définissons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain.

           BENOIT XI : 22 octobre 1303 – 7 juillet 1304

Constitution, “Inter cunctas sollicitudines” 17 février 1304.

La réitération de la confession.

880    (...)

Même s'il... n'est pas nécessaire de confesser à nouveau les péchés, Nous n'en demandons pas moins de façon ferme — car en raison de la honte qui représente une grande partie de la pénitence, Nous considérons qu'il est salutaire que soit réitérée la confession des mêmes péchés - que les frères (prêcheurs et mineurs) admonestent eux-mêmes les pénitents et les exhortent dans leurs prédications à se confesser au moins une fois l'an à leurs prêtres, en expliquant que cela fait partie sans aucun doute du progrès des âmes.

           CLEMENT V : 5 juin 1305 – 20 avril 1314

·     Concile de VIENNE (15e œcuménique) 16 octobre 1311-6 mai 1312

3e session, 6 mai 1312.

a) Constitution “Ad nostrum qui”.

Erreurs des Bégards et des Béguines concernant l'état de perfection.

891    (1) Dans la vie présente l'homme pourrait atteindre un degré de perfection si élevé qu'il serait rendu incapable de pécher et ne pourrait davantage progresser dans la grâce. Car, disent-ils, si quelqu'un pouvait toujours progresser, il pourrait devenir plus parfait que le Christ.

892    (2)L'homme ne doit ni jeûner ni prier après avoir atteint ce degré de perfection, car la sensualité est alors si parfaitement soumise à l'esprit et à la raison, que l'homme peut librement consentir au corps ce qui lui plaît.

893    (3) Ceux qui ont atteint le degré mentionné de perfection et de liberté de l'esprit ne sont pas soumis à l'obéissance humaine et ne sont pas obligés d'obéir aux préceptes de l'Église, car, disent-ils, « là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » 2Co 3,17.

894    (4) L'homme peut atteindre dans la vie présente la béatitude finale dans toute sa perfection comme il l'obtiendra dans la vie bienheureuse.

895    (5) Toute âme intellectuelle est en elle-même naturellement bienheureuse et l'âme n'a pas besoin de la lumière de la gloire qui l'élève pour voir Dieu et en jouir dans la béatitude.

896    (6) La pratique des actes de vertu est le fait de l'homme imparfait et l'âme parfaite donne congé aux vertus.

897    (7) Embrasser une femme, lorsque la nature n'y incline pas, est un péché mortel, mais l'acte charnel, lorsque la nature y incline, n'est pas un péché surtout lorsque celui qui le pratique est tenté.

898    (8) Ils ne doivent pas se lever au moment de l'élévation du corps du Christ Jésus, ni lui manifester de la révérence, car ils affirment que ce serait pour eux une imperfection de descendre de la pureté et de l'élévation de leur contemplation pour accorder une pensée au ministère ou au sacrement de l'eucharistie ou à la Passion de l'humanité du Christ.

899    (Censure) Nous condamnons cette secte en même temps que ses erreurs, Nous les réprouvons complètement et Nous interdisons avec la plus grande rigueur que quelqu'un à l'avenir les soutienne, les approuve ou les défende.

b) Constitution “Fidei catholica”.

Erreurs attribuée à Pierre Olivi.

Les deux natures du Christ

900    En adhérant fermement au fondement de la foi catholique, auquel personne ne peut en substituer un autre, selon le témoignage de l'apôtre 1Co 3,11, Nous confessons ouvertement avec la sainte Mère Église que le Fils unique de Dieu, qui subsiste éternellement avec le Père en tout ce en quoi le Père existe comme Dieu, a assumé dans le temps et dans le sein virginal, en l'unité de son hypostase et personne, les parties de notre nature qui lui sont en même temps unies, par lesquelles lui, qui existe en lui-même comme vrai Dieu, est devenu vrai homme, à savoir un corps humain passible et une âme intellective ou rationnelle, informant véritablement par elle-même et de manière essentielle le corps lui-même.

Le côté transpercé du Christ

901    Nous confessons aussi que non seulement le Verbe de Dieu lui-même a voulu être cloué sur une croix dans la nature ainsi assumée et y mourir pour accomplir le salut de tous, mais aussi que, après avoir rendu son esprit, il a enduré que son côté fût transpercé par une lance, afin que, du flot d'eau et de sang qui s'en écoulait Jn 19,34 , fût formée la sainte Mère Église, unique, immaculée et vierge, épouse du Christ à l'image d'Ève qui a été formée à partir du côté du premier homme endormi pour devenir son épouse Gn 2,21  s, de sorte que, à la figure du premier et ancien Adam qui, selon l'Apôtre, « est la figure de celui qui était à venir » Rm 5,14, à savoir dans le Christ.

Telle est, dis-je, la vérité appuyée par le témoignage de cet aigle très grand que le prophète Ezéchiel Ez 1,4-28 a vu voler au-dessus des autres animaux évangéliques, c'est-à-dire le bienheureux Jean, apôtre et évangéliste, qui, en décrivant la réalité et l'ordre de ce mystère, dit dans son évangile : « Lorsqu'ils arrivèrent à Jésus, après avoir constaté qu'il était mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats lui ouvrit le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. Et celui qui a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai, et lui sait qu'il a dit la vérité afin que vous croyiez » Jn 19,33-35.

Attentif à ce témoignage autorisé et à l'explication que les Pères et docteurs ont donnée de l'observation apostolique, avec l'approbation du saint concile, Nous déclarons que l'apôtre et évangéliste Jean, déjà mentionné, a respecté l'ordre exact des faits dans ce qui précède, en relatant qu'un des soldats ouvrit avec sa lance le côté du Christ, alors que celui-ci était déjà mort.

L'âme forme du corps

902    De plus, avec l'approbation du saint concile, Nous rejetons comme étant erronée et ennemie de la foi toute doctrine ou position qui affirme témérairement ou qui met en doute que la substance de l'âme rationnelle ou intellective n'est pas vraiment et par elle-même forme du corps humain, et, pour que la vérité de l'authentique foi catholique soit connue de tous et que soit barrée la route conduisant à toutes les erreurs et que personne ne s'y engage, Nous définissons que doit être considéré comme hérétique quiconque osera désormais affirmer, soutenir ou tenir avec entêtement que l'âme rationnelle ou intellective n'est pas forme du corps humain par elle-même et par essence.

L'effet du baptême

903    Pour cette raison, tous doivent fidèlement confesser qu'un unique baptême régénère tous ceux qui sont baptisés dans le Christ comme il n'y a qu'un seul Dieu et une seule foi Ep 4,5, et que, célébré dans l'eau au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Nous croyons qu'il est un remède parfait pour le salut aussi bien pour les adultes que pour les enfants.

904    Au vrai, en ce qui concerne l'effet du baptême chez les enfants, il se trouve des théologiens qui ont eu des opinions contraires, certains affirmant que, par l'efficacité du baptême, la faute était remise aux enfants, mais que la grâce ne leur était pas conférée ; d'autres au contraire que, par le baptême, la faute leur était remise et que les vertus et la grâce informante leur étaient infusées à l'état d'habitus  780 .

Considérant l'efficacité générale de la mort du Christ, qui est également appliquée à tous les baptisés par le baptême, Nous avons décidé que la deuxième opinion, qui affirme que la grâce informante et les vertus sont conférées aux enfants comme aux adultes par le baptême, doit être retenue comme plus probable et conforme aux affirmations des saints et des docteurs modernes en théologie.

c) Constitution “Ex gravi ad Nos”.

L'usure

906    (...)

Si quelqu'un tombe dans cette erreur au point d'avoir la présomption d'affirmer avec entêtement que ce n'est pas un péché de pratiquer l'usure, Nous décidons qu'il doit être puni comme hérétique.

d) Constitution “Exivi de paradiso”.

Erreur concernant l'obligation du voeu de pauvreté (franciscaine).

908    (...) Il a surgi parmi les frères une question qui n'est pas peu scrupuleuse, à savoir s'ils sont tenus, en vertu de la règle qu'ils professent, à un usage pauvre, restreint et parcimonieux des biens : certains d'entre eux croient et disent que, de même qu'ils ont complètement abandonné par voeu le droit de propriété sur les choses, de même la restriction et la parcimonie les plus grandes leur sont enjointes quant à leur usage ; au contraire, d'autres affirment qu'ils ne sont pas obligés par leur profession à un usage qui ne serait pas exprimé dans la règle, bien qu'ils soient tenus à un usage modéré selon la tempérance, qui leur convient encore davantage qu'aux autres chrétiens.

Désireux donc d'apporter le repos aux consciences desdits frères et de mettre un terme à leurs disputes, Nous disons par mode de déclaration que les Frères mineurs sont tenus, en vertu de leur profession, à cet usage restreint et pauvre qui est contenu dans leur règle, et selon le mode d'obligation contenue ou précisée dans la règle pour ledit usage. Nous jugeons présomptueux et téméraire de dire, comme certains semblent l'affirmer, qu'il est hérétique de considérer que l'usage pauvre est inclus ou n'est pas inclus dans le voeu de pauvreté évangélique.

           JEAN XXII : 7 août 1316 – 4 décembre 1334

Constitution “Gloriosam Ecclesiam”, 23 janvier 1318.

L'Église et les sacrements, contre les Fraticelles.

910    Par 12 (...) Lesdits fils de la témérité et de l'impiété sont tombés, comme le rapportent des indications dignes de foi, à un tel point de pauvreté de l'esprit qu'ils pensent de façon impie contre la vérité la plus éminente et la plus salutaire de la foi chrétienne, qu'ils méprisent les sacrements vénérables de l'Église et que, poussés par le désir de la voir rapidement ruinée, ils cherchent, remplis d'une fureur aveugle, à ébranler la glorieuse primauté de l'Église romaine auprès de toutes les nations.

911    Par. 14. La première erreur donc qui sort de leur officine remplie de ténèbres invente deux Églises, l'une charnelle, écrasée par les richesses, débordant de richesses et souillée de méfaits, et sur laquelle règnent, disent-ils, le pontife romain et les autres prélats inférieurs ; l'autre spirituelle, pure de par sa frugalité, ornée de vertus, ceinte par la pauvreté, dans laquelle ils se trouvent seuls avec leurs pareils, et à laquelle ils président également eux-mêmes de par le mérite d'une vie spirituelle, si du moins l'on peut faire crédit à leurs mensonges.

912    Par. 16. La deuxième erreur qui souille la conscience de ces gens arrogants clame très haut que les vénérables prêtres et les autres serviteurs de l'Église sont dénués à ce point du pouvoir de juridiction et d'ordre, qu'ils ne peuvent ni porter des sentences, ni accomplir les sacrements, ni instruire et enseigner le peuple qui leur est soumis, et ils prétendent que sont privés de tout pouvoir ecclésiastique ceux dont ils voient qu'ils sont étrangers à leur perfidie, puisque c'est auprès d'eux seuls (selon leurs divagations) que demeure la sainteté de la vie spirituelle et de ce fait l'autorité ; et en cela ils suivent l'erreur des donatistes.

913    Par. 18. Leur troisième erreur conspire avec l'erreur des vaudois, puisque les uns comme les autres affirment qu'on ne doit jurer dans aucun cas, et enseignent que sont souillés par la tache d'un péché mortel et voués au  châtiment ceux qui se trouveraient liés par les obligations d'un serment.

914    Par. 20. Le quatrième blasphème de ces impies, qui jaillit de la source empoisonnée des vaudois susdits, invente que des prêtres qui ont été ordonnés de façon régulière et légitime selon le rite de l'Église, mais qui sont chargés de quelque méfait, ne peuvent accomplir ou conférer les sacrements de l'Église.

915    Par. 22. La cinquième erreur aveugle à ce point l'esprit de ces hommes, qu'ils affirment que l'Évangile est accompli en eux seuls dans le temps présent, et que jusqu'ici (selon leurs divagations) il était voilé, voire totalement éteint.

916    Par. 24. Il est bien d'autres choses encore, dit-on, que ces hommes présomptueux déblatèrent contre le vénérable sacrement du mariage, beaucoup d'autres choses qu'ils affabulent au sujet du cours des temps et de la fin du monde, beaucoup de choses que dans leurs mensonges déplorables ils répandent dans le peuple au sujet de la venue de l'Antichrist dont ils affirment qu'elle est imminente. Tout cela, que nous considérons pour partie comme hérétique, pour partie comme malsain, pour partie comme inventé, Nous pensons qu'il faut le condamner avec ceux qui en sont les auteurs, plutôt que de l'évoquer ou de le réfuter par écrit.

Constitution “Vas electionis” 24 juillet 1321.

Erreurs de Jean de Polliaco concernant la juridiction en matière de confession

921    (1) - Celui qui s'est confessé à des frères qui ont la faculté générale d'entendre des confessions, est tenu de confesser à nouveau à son prêtre propre les mêmes péchés qu'il a confessés.

922    (2) - Aussi longtemps que vaut la prescription Omnis utriusque sexus du concile général  812 , le pontife romain ne peut pas faire que des paroissiens ne soient pas tenus de confesser tous leurs péchés au moins une fois l'an à leur prêtre propre dont il est dit qu'il est le curé de la paroisse ; pas même Dieu ne pourrait le faire puisque comme il l'a dit, cela implique une contradiction.

923    (3) - Le pape ne peut pas donner un pouvoir général d'entendre les confessions, et pas même Dieu, sans que celui qui s'est confessé à quelqu'un qui possède une faculté générale soit tenu de se confesser à nouveau à son prêtre propre dont il dit (comme cela est présupposé) qu'il est le curé de la paroisse.

Censure

924    (...) Nous avons reconnu que les articles précités contiennent une doctrine qui n'est pas saine, mais très dangereuse et contraire à la vérité. Ces articles, le même maître Jean... les a rétractés tous, sans exception. Tous ces articles et chacun d'entre eux Nous les condamnons et les rejetons, sur le conseil de nos frères, en vertu de notre autorité apostolique, comme étant faux, erronés, s'éloignant de la saine doctrine, et Nous assurons que la doctrine qui leur est contraire est vraie et catholique...

Lettre “Nequaquam sine dolore” aux Arméniens 21 novembre 1321

Le sort des défunts

L'Église romaine enseigne

925    (...) Les âmes de ceux qui, après avoir reçu le sacrement du baptême, n'ont contracté absolument aucune souillure du péché, comme celles aussi qui après avoir contracté la souillure du péché ont été purifiées, soit lorsqu'elles demeuraient encore dans leurs corps, soit après s'en être dépouillées, sont immédiatement reçues dans le ciel.

926    Les âmes cependant de ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, descendent immédiatement en enfer où elles reçoivent cependant des peines différentes en des lieux différents.

Constitution “Cum inter nonnullos” 12 novembre 1323.

Erreurs des spirituels au sujet de la pauvreté du Christ.

930    Puisqu'il arrive souvent chez certains scolastiques qu'on doute s'il faut considérer comme hérétique le fait d'affirmer avec obstination que notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ et ses apôtres n'ont rien possédé, ni personnellement, ni en commun, et qu'ils ont à ce sujet des opinions diverses et même contradictoires : soucieux de mettre fin à cette controverse, Nous déclarons, conformément au conseil de nos frères, par cet édit perpétuel que cette affirmation obstinée,

– Étant donné qu'elle contredit expressément les saintes Écritures qui affirment en beaucoup d'endroits qu'ils ont possédé certaines choses, et qu'elle implique ouvertement que l'Écriture sainte elle-même, par laquelle en vérité sont authentifiés les articles de la foi orthodoxe, contient le ferment du mensonge pour ce qui vient d'être dit,

– et par conséquent, en détruisant entièrement la crédibilité qui est la sienne elle rend la foi catholique douteuse et incertaine en supprimant ce qui l'accrédite doit être considérée désormais comme erronée et hérétique.

931    Et encore (s 'il faut considérer comme hérétique) d'affirmer à l'avenir avec obstination qu'on ne doit pas reconnaître que notre Sauveur susdit et ses apôtres ont eu le droit d'user de ce dont l'Écriture sainte atteste qu'ils le possédaient, et qu'ils n'avaient pas le droit de le vendre ou d'en faire don, ou de s'en servir pour acquérir autre chose, alors que la sainte Écriture atteste qu'ils l'ont fait de ce qui a été mentionné, ou qu'ils auraient pu faire comme elle le donne à entendre expressément ;

– étant donné qu'une telle affirmation, qui n'est pas juste dans ses prémisses, inclut avec évidence ce qu'a été leur usage et ce qu'ils ont fait, — et qu'en tout cas penser cela de l'usage et des faits et gestes de notre Sauveur le Fils de Dieu est impie, contraire à la sainte Écriture et ennemi de la doctrine catholique — Nous déclarons conformément au conseil de nos frères, que cette affirmation obstinée doit être considérée désormais à juste titre comme erronée et hérétique.

Constitution “Licet iuxta Doctrinam” à l'évêque de Worcester 23/10/1327

Erreurs de Marsile de Padoue concernant la constitution de l'Eglise

941    (1) - Ce qu'on lit du Christ dans l'Évangile du bienheureux Matthieu Mt 17,27 à savoir qu'il a payé le tribut à César lorsqu'il ordonna de donner un statère pris dans la bouche d'un poisson à ceux qui demandaient un didrachme, il ne l'a pas fait par condescendance, en raison de la libéralité de sa piété, mais contraint par la nécessité.

942    (2) - Le bienheureux apôtre Pierre n'était pas davantage tête de l'Eglise que tous les autres apôtres, et n'avait pas davantage d'autorité que les autres apôtres ; et le Christ n'a laissé aucune tête à l'Eglise et n'a fait de personne son vicaire.

943    (3) - I1 revient à l'empereur de corriger le pape et de le punir, de l'instituer et de le destituer.

944    (4) - Tous les prêtres, que ce soit le pape, un archevêque ou un simple prêtre, ont de par l'institution du Christ une autorité et une juridiction égales ; mais ce que l'on a de plus que l'autre correspond à ce que l'empereur a concédé en plus ou en moins, et, de même qu'il l'a concédé, il peut le révoquer.

945    (5) - Le pape ou l'Église prise tout entière ne peut pas punir un homme, quelque scélérat qu'il soit, par une punition contraignante, à moins que l'empereur leur en ait donné le pouvoir.

Censure : les articles précités

946    (...) Nous déclarons par jugement qu'ils sont contraires à la sainte Écriture et ennemis de la foi catholique, hérétiques ou analogues à des hérésies et erronés, et que les susdits Marsile et Jean sont des hérétiques et même des hérésiarques manifestes et notoires.

Constitution “In agro dominico” 27 Mars 1329.

Erreurs d'Eckhart concernant le rapport de Dieu au monde et à l'homme.

950    De l'enquête ... faite d'abord par ordre... de l'archevêque de Cologne, et finalement reprise sur notre ordre à la Curie romaine, nous avons appris qu'il est établi de évidente par les aveux du même Eckhart qu'il a prêché, enseigné, écrit vingt-six propositions dont la teneur suit :

951    (1) - Comme on lui demandait un jour pourquoi Dieu n'avait pas produit le monde plus tôt, il répondît alors, comme encore maintenant, que Dieu n'avait pu produire le monde d'abord parce qu'une chose ne peut pas agir avant d'être par conséquent, dès que Dieu fut, il créa le monde.

952    (2) - De plus, on peut concéder que le monde a existé de toute éternité.

953    (3) - De plus, en même temps et à la fois, dès l'instant où Dieu fut et engendra le Fils, Dieu coéternel et coégal en toute choses, il créa aussi le monde.

954    (4) - De plus, en toute oeuvre, même mauvaise, je dis mauvaise aussi bien du mal de la peine que du mal de la faute se manifeste et brille également la gloire de Dieu.

955    (5) - De plus, celui qui injurie un autre loue Dieu par le péché même qu'il commet par ces injures, et il loue Dieu d'autant plus qu'il injurie davantage et qu'il pèche plus gravement.

956    (6) - De plus, celui qui blasphème Dieu lui-même loue Dieu

957    (7) - De plus, celui qui demande ceci ou cela demande le mal et demande mal, parce qu'il demande la négation du bien et la négation de Dieu, et prie Dieu de se nier soi-même.

958    (8) - Ceux qui cherchent ni les biens, ni les honneurs, ni l'agrément, ni le plaisir, ni l'utilité, ni la dévotion intérieure, ni la sainteté, ni la récompense, ni le Royaume des cieux, mais ont, au contraire, renoncé à tout cela, comme à tout ce qui est leur, dans ces hommes-là Dieu est honoré.

959    (9) - Je me suis demandé récemment si je voudrais recevoir ou désirer quelque chose de Dieu. Je veux y penser très sérieusement, parce que là où je serais en acceptant quelque chose de Dieu, je serais sous lui ou son inférieur, tel un serviteur ou un esclave, et lui-même, en donnant, serait comme un maître et ce n'est pas ainsi que nous devons être dans la vie éternelle.

960    (10) - Nous sommes totalement transformés en Dieu et changés en lui ; de la même manière que, dans le sacrement, le pain est changé en corps du Christ, je suis changé en lui, parce qu'il me fait son être un et non pas simplement semblable. Par le Dieu vivant, il est vrai que là il n'y a plus aucune distinction.

961    (11) - Tout ce que Dieu le Père a donné à son Fils unique dans la nature humaine, il me l'a donné tout entier. Ici je n'excepte rien : ni l'union ni la sainteté. Il me l'a donné tout entier comme il le lui a donné.

962    (12) - Tout ce que la sainte Écriture dit du Christ se vérifie intégralement de tout homme bon et divin.

963    (13) - Tout ce qui est propre à la nature divine est aussi en totalité propre à l'homme juste et divin ; c'est pourquoi cet homme opère tout ce que Dieu opère et il a, en commun avec Dieu, créé le ciel et la terre et il est générateur du Verbe éternel et Dieu ne saurait rien faire sans un tel homme.

964    (14) - L'homme bon doit conformer sa volonté à la volonté de Dieu de telle façon qu'il veuille tout ce que Dieu veut : et puisque Dieu veut, en quelque sorte, que j'aie péché, je ne voudrais pas ne pas avoir commis de péchés, et c'est là la vraie pénitence.

965    (15) - Si un homme avait commis mille péchés mortels et que cet homme fût droitement disposé, il ne devrait pas vouloir ne pas les avoir commis.

966    (16) - Dieu ne commande à proprement parler aucun acte extérieur.

967    (17) - L'acte extérieur n'est proprement ni bon, ni divin, et ce n'est pas proprement Dieu qui l'opère ou le produit.

968    (18) - Portons le fruit non d'actes extérieurs qui ne nous rendent pas bons, mais des actes intérieurs que fait et opère le Père qui demeure en nous.

969    (19) - Dieu aime les âmes, non l'œuvre extérieure.

970    (20) - L'homme bon est le Fils unique de Dieu.

971    (21) - L'homme noble est ce Fils unique de Dieu, que le Père a engendré de toute éternité.

972    (22) - Le Père m'engendre comme son fils et le même fils. Tout ce que Dieu opère, tout cela est un ; c'est pourquoi Il m'engendre comme son fils, sans aucune distinction.

973    (23) - Dieu est Un sous toutes les formes et sous tous les rapports, en sorte qu'il ne peut être trouvé en lui nulle multiplicité qu'elle soit réelle ou de raison. Quiconque voit dualité ou voit distinction ne voit pas Dieu, car Dieu est un, hors du nombre et au-dessus du nombre et il ne fait nombre avec rien. Il en résulte (à savoir dans un passage ultérieur) qu'il ne peut y avoir et l'on ne peut concevoir aucune distinction en Dieu lui-même.

974    (24) - Toute distinction est étrangère à Dieu dans la nature et dans les personnes. La preuve en est que la nature est une et Un, et chaque personne est également une et ce même Un que la nature.

975    (25) - Lorsqu'il est dit : « Simon, m'aimes-tu plus que tous ceux-ci ? » Jn 21,15 le sens « plus que tu aimes ceux-ci » est bon, mais non parfait. Car, dans le premier et le second, dans plus et moins, il y a une gradation et un ordre, mais dans l'unité il n'y a ni gradation ni ordre. Donc celui qui aime Dieu plus que son prochain aime bien, mais pas encore parfaitement.

976    (26) - Toutes les créatures sont un pur néant ; je ne dis pas qu'elles sont peu de chose ou quelque chose, mais qu'elles sont un pur néant.

On a, de plus, reproché audit Eckhart d'avoir prêché deux autres articles en ces termes :

977    (1) - il y a dans l'âme quelque chose qui est incréée et incréable ; si l'âme entière était telle, elle serait incréé et incréable ; et c'est cela l'intellect.

978    (2) - Dieu n'est ni bon, ni meilleur, ni le meilleur ; quand j'appelle Dieu bon, je parle aussi mal que si j'appelais noir ce qui est blanc.

Censure

979    (...) Parce que Nous... avons trouvé que les quinze premiers articles mentionnés et aussi les deux derniers, tant par les termes employés que par l'enchaînement de leurs idées, contiennent des erreurs ou sont entachés d'hérésie mais les onze autres, dont le premier commence par les mots « Dieu ne commande, etc.  966  Nous les avons trouvés tout à fait malsonnants, très téméraires et suspects d'hérésie, bien que, moyennant force explications et compléments, ils puissent prendre ou avoir un sens catholique :

– pour que des articles de ce genre ou leur contenu ne puissent continuer de corrompre les coeurs des gens simples qui les ont entendus,... Nous... condamnons et réprouvons expressément comme hérétiques les quinze premiers articles et les deux derniers, et comme malsonnants, téméraires et suspects d'hérésie les onze autres articles précités, et pareillement tous livres ou opuscules contenant lesdits articles ou l'un d'entre eux...

980    En outre ... Nous tenons à faire savoir, ainsi qu'il appert du protocole rédigé par la suite, que ledit Eckhart, confessant à la fin de sa vie la foi catholique, révoqua quant a leur sens et désavoua même les vingt-six articles précités qu'il reconnut avoir prêchés, de même que toutes autres choses écrites ou enseignées par lui... qui pourraient faire adopter aux esprits des fidèles un sens hérétique ou erroné et contraire à la vraie foi..., soumettant tant sa personne que tous ses écrits et toutes ses paroles à la décision du Siège apostolique, notre Siège.

Bulle “Ne super bis” 3 décembre 1334.

Rétractation de Jean XXII - La béatitude des saints.

990    Pour que ce qui a souvent été dit au sujet des âmes purifiées séparées du corps (si avant de reprendre les corps elles voient l'essence divine de cette vision que l'Apôtre appelle face à face), aussi bien par Nous que par certains autres en notre présence, par la citation de la sainte Écriture et des dits authentiques des saints ou par d'autres raisonnements, n'en vienne pas à s'imprimer autrement dans les oreilles des fidèles qu'elles ont été dites et comprises, et qu'elles sont dites et comprises par Nous, voici que par la présente Nous déclarons comme suit la pensée qui est et qui était la nôtre, avec la sainte Église catholique, à ce sujet.

991    Nous professons donc et Nous croyons que les âmes purifiées séparées des corps sont rassemblées au ciel, dans le Royaume des cieux et au paradis, avec le Christ dans la compagnie des anges, et que, suivant la loi commune, elles voient Dieu et l'essence divine face à face et clairement, autant que le permet l'état et la condition de l'âme séparée.

Mais si de façon quelconque sur cette matière autre chose avait été dite par Nous, ou dit autrement, Nous l'avons dit dans la disposition de la foi catholique, et Nous affirmons l'avoir dit ainsi en en traitant et en l'exposant, et Nous voulons que cela ait été dit ainsi. De plus : si au sujet de ce qui a trait à la foi catholique, à la sainte Écriture ou aux bonnes mœurs, Nous avons dit d'autres choses dans la prédication, l'explication, la doctrine, l'enseignement ou d'une autre manière, Nous les approuvons pour autant qu'elles consonnent avec la foi catholique, la détermination de l'Église, la sainte Écriture et les bonnes moeurs ; sinon Nous voulons que cela soit tenu comme n'ayant pas été dit, et Nous ne l'approuvons d'aucune manière, au contraire dans la mesure où cela n'était pas en accord avec ce que Nous avons mentionné — la foi catholique, la détermination de l'Église, la sainte Écriture ou les bonnes mœurs, ou l'une de ces choses — Nous le réprouvons ; et de la même façon tout ce que Nous avons dit et écrit sur quelque matière que ce soit, où que ce soit, en quelque lieu que ce soit, et quel que soit ou qu'ait été notre état jusque-là, Nous le soumettons à la détermination de l'Église et de nos successeurs.

           BENOIT XII : 20 décembre 1334 – 25 avril 1342

Constitution “Benedictus Deus” 29 Janvier 1336

Le sort de l'homme après la mort.

La vision béatifique de Dieu

1000  Par cette constitution qui restera à jamais en vigueur, et en vertu de l'autorité apostolique nous définissons :

– que selon la disposition générale de Dieu, les âmes de tous les saints qui ont quitté ce monde avant la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après avoir reçu le saint baptême du Christ, en qui il n'y avait rien à purifier lorsqu'ils sont morts, et en qui il n'y aura rien à purifier lorsqu'ils mourront à l'avenir, ou s'il y a eu ou s'il y aura quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort, elles auront été purifiées,

– et que les âmes des enfants régénérés par ce même baptême du Christ ou encore à baptiser, une fois qu'ils l'auront été, s'ils viennent à mourir avant d'user de leur libre arbitre, aussitôt après leur mort et la purification dont nous avons parlé pour celles qui en auraient besoin, avant même de reprendre leurs corps et avant même le jugement et cela depuis l'Ascension de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ au ciel, ont été, sont et seront au ciel, au Royaume des cieux et au paradis céleste avec le Christ, réunis dans la compagnie des saints anges,

– et que depuis la Passion et la mort du Seigneur Jésus Christ elles ont vu et voient l'essence divine d'une vision intuitive et même face à face — dans la médiation d'aucune créature qui serait un objet de vision ; au contraire l'essence divine se manifeste à eux immédiatement à nu, clairement et à découvert —, et que par cette vision elles jouissent de cette même essence divine ; et qu'en outre, en raison de cette vision et de cette jouissance, les âmes de ceux qui sont déjà morts sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel, et que de même les âmes de ceux qui mourront dans la suite verront cette même essence divine et en jouiront avant le jugement général ;

1001  et que cette vision de l'essence divine et sa jouissance font disparaître en elles les actes de foi et d'espérance, dans la mesure où la foi et l'espérance sont des vertus proprement théologiques ;

– et que, après qu'une telle vision intuitive face à face et une telle jouissance ont ou auront commencé, cette même vision et cette même jouissance existent de façon continue, sans interruption ni amoindrissement de cette vision et de cette intuition, et demeurent sans fin jusqu'au jugement dernier, et après lui pour toujours.

1002  [?]  En outre nous définissons que,

– selon la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines éternelles, et que néanmoins au jour du jugement tous les hommes comparaîtront avec leurs corps « devant le tribunal du Christ » pour rendre compte de leurs actes personnels, « afin que chacun reçoive le salaire de ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal » 2Co 5,10 .

Ecrit “cum dudum” aux Arméniens - Août 1341

Erreurs reprochées aux Arméniens

1006  4. De même les Arméniens disent et tiennent que le péché personnel des premiers parents eux-mêmes était si grave que tous leurs enfants engendrés de leur semence, jusqu'à la passion du Christ, ont été damnés en raison du péché personnel de ceux-là qu'on vient de dire, et qu'après leur mort ils furent précipités en enfer, non pas parce qu'ils auraient contracté eux-mêmes d'Adam un péché originel — puisqu'ils disent que les enfants n'ont absolument aucun péché originel, ni avant la Passion du Christ, ni après —, mais la damnation mentionnée les a atteints avant la Passion du Christ en raison de la gravité du péché personnel qu'ont commis Adam et Ève en transgressant le précepte divin qui leur avait été donné ; mais après la Passion du Christ dans laquelle le péché des premiers parents a été détruit, les enfants nés des fils d'Adam ne sont pas livrés à la damnation et ne doivent pas être précipités en enfer en raison du péché qui a été mentionné, puisque le Christ a détruit entièrement dans sa Passion le péché des premiers parents.

1007  5. De même un maître des Arméniens du nom de Mechitriz, ce qui se traduit par Paraclet, a de nouveau introduit et enseigné que l'âme humaine de l'enfant est propagée à partir de l'âme du père, comme le corps l'est à partir du corps, et aussi un ange à partir de l'autre ; car puisque l'âme humaine qui est douée de raison et l'ange qui est doué d'une nature intellectuelle sont en quelque sorte des lumières spirituelles, elles propagent par elles-mêmes d'autres lumières spirituelles.

1008  6. De même les Arméniens disent que les enfants qui naissent de parents chrétiens après la Passion du Christ, s'ils meurent avant d'être baptisés, vont au paradis terrestre dans lequel se trouvait Adam avant le péché ; quant aux âmes des enfants qui naissent de parents non chrétiens après la Passion du Christ et qui meurent sans le baptême, elles vont aux lieux où se trouvent les âmes de leurs parents.

1009  De même les Arméniens disent que les âmes des enfants baptisés et les âmes des hommes très parfaits entreront après le jugement général dans le Royaume des cieux où elles seront libres de tout mal de cette vie servant de peine... Cependant elles ne verront pas l'essence de Dieu, car aucune créature ne peut la voir ; mais elles verront l'éclat de Dieu qui émane de son essence de même que la lumière émane du soleil et pourtant n'est pas le soleil.

1010  17. De même les Arméniens tiennent communément qu'il n'y a pas de purgatoire des âmes dans l'autre monde puisque, disent-ils, si le chrétien reconnaît ses péchés, tous les péchés et les peines du péché lui sont remis. Ils ne prient pas non plus pour les défunts, pour que dans l'autre monde les péchés leur soient remis, mais ils prient de façon générale pour tous les morts, comme par exemple pour la bienheureuse Marie, les apôtres...

1011  18. De même les Arméniens croient et tiennent que le Christ est descendu du ciel et s'est incarné pour le salut des hommes non pas parce que les enfants nés d'Adam et d'Ève contractent d'eux, après leur péché, le péché originel dont ils sont sauvés par l'Incarnation et la mort du Christ — puisqu'ils disent qu'il n'existe aucun péché de cette sorte dans les fils d'Adam ; mais ils disent que le Christ s'est incarné et a souffert pour le salut des hommes parce que par sa Passion les fils d'Adam qui ont précédé ladite Passion ont été libérés de l'enfer dans lequel ils se trouvaient, non pas en raison du péché originel qui aurait été en eux, mais en raison de la gravité du péché personnel des premiers parents. Ils croient aussi que le Christ s'est incarné et a souffert pour le salut des enfants nés après sa Passion parce que par sa Passion il a totalement détruit l'enfer. ...

1012  19.... Ils affirment à ce point que... la concupiscence de la chair est un péché et un mal, que même des parents chrétiens, lorsqu'ils s'unissent maritalement, commettent un péché..., puisqu'ils disent que l'acte matrimonial et même le mariage sont un péché.

1013  40.... D'autres cependant disent que les évêques et les prêtres des Arméniens ne font rien pour la rémission des péchés, ni de façon principale, ni de façon ministérielle, mais que seul Dieu remet les péchés ; les évêques et les prêtres n'interviennent pour l'effectuation de cette rémission des péchés que parce qu'ils ont reçu de Dieu le pouvoir de prononcer ces paroles et qu'ils disent par conséquent, lorsqu'ils donnent l'absolution : « Que Dieu te remette tes péchés », ou : « Je te remets tes péchés sur terre, et que Dieu te les remette dans les cieux. »

1014  42. De même les Arméniens disent et tiennent que seule la Passion du Christ, sans aucun autre don de Dieu, même rendant agréable à Dieu, suffit pour la rémission des péchés et ils ne disent pas que pour opérer la rémission des péchés est requise la grâce qui rend agréable à Dieu ou qui justifie, ni non plus que dans les sacrements de la Loi nouvelle est donnée la grâce qui rend agréable à Dieu.

1015  49. De même ils disent que si quelqu'un... prend une troisième (femme), ou une quatrième et ainsi de suite, il ne peut pas être absous par leur Église puisqu'ils disent qu'un tel mariage est de la fornication.

1016  58. De même les Arméniens disent et tiennent que pour qu'un baptême soit vrai, trois choses sont requises, à savoir de l'eau, du chrême... et l'eucharistie, de sorte que si quelqu'un en baptisait un autre et disait « Je te baptise au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen », et qu'il ne serait pas oint ensuite de chrême, il ne serait pas baptisé... Et de même Si l'eucharistie ne lui était pas donnée, il ne serait pas baptisé.

1017  66. De même tous les Arméniens disent et tiennent communément que par les paroles qui se trouvent dans leur canon de la messe, lorsqu'il est dit par le prêtre : « Il prit du pain et rendit grâce, le rompit et le donna à ses disciples élus se trouvant à table : Prenez et mangez-en tous, ceci est mon Corps... ; de même il prit le calice... en disant Prenez et buvez-en tous, ceci est mon Sang ... en rémission des péchés », le Corps et le Sang du Christ ne sont pas réalisés, et qu'il n'ont pas non plus l'intention de les réaliser, et qu'ils ne disent ces paroles que par mode de récit, c'est-à-dire en récitant ce que le Seigneur a fait lorsqu'il a institué le sacrement. Et après lesdites paroles le prêtre dit beaucoup de prières qui se trouvent dans leur canon, et après ces prières il arrive à l'endroit où est dit ceci dans leur canon : « Nous t'adorons, nous te supplions et te demandons, Dieu très bon, envoie sur nous et sur ce don qui est présenté, l'Esprit qui t'est consubstantiel, par lequel du pain qui a été béni tu feras vraiment le Corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ — et ces paroles le prêtre les dit trois fois, et ensuite le prêtre dit sur le calice et le vin qui a été béni « Tu feras vraiment le Sang de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ », et ils croient que c'est par ces paroles (appelées « épiclèse ») que sont réalisés le Corps et le Sang du Christ. ...

1018  67. De même les Arméniens ne disent pas qu'après les paroles de consécration mentionnées ci-dessus s'est produite une transsubstantiation du pain et du vin dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ qui est né de la Vierge Marie, qui a souffert et qui est ressuscité, mais ils tiennent que ce sacrement est une représentation, ou une similitude ou une figure du vrai Corps et du vrai Sang du Seigneur  .. c’est pourquoi ils n’appellent pas le sacrement de l’autel Corps et Sang du Christ, mais hostie, sacrifice ou communion.

1019  68. De même les Arméniens disent et tiennent que si un prêtre ou un évêque ordonné se livre à la fornication, même en secret, il perd le pouvoir d'accomplir tous les sacrements et de les administrer.

1020  70. De même les Arméniens ne disent pas et ne tiennent pas que le sacrement de l'eucharistie reçu dignement opère la rémission des péchés en celui qui les reçoit, ou la remise des peines dues pour le péché, ou que par lui est donnée la grâce de Dieu ou son accroissement, mais ils disent seulement que  le Corps du Christ entre dans son corps et se change en lui, de même que d'autres aliments se changent en celui qui a été alimenté.

           CLEMENT VI : 7 Mai 1342 – 6 Décembre 1352

Bulle jubilaire “Unigenitus Dei Filius” 27 Janvier 1343.

Le trésor des mérites du Christ qui doit être distribué par l'Église.

1025  Le Fils unique de Dieu... « qui. est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification et Rédemption » 1Co 1,30, « non pas avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire et nous a acquis une Rédemption éternelle » He 9,12.

Car ce n'est par rien de corruptible, or ou argent, mais par son sang précieux, le sang de l'agneau pur et sans tache, qu'il nous a rachetés 1P 1,18  ss ; et ce sang, nous le savons, il l'a répandu, innocent immolé sur l'autel de la croix, non pas en une infime goutte, qui pourtant aurait suffi en raison de son union avec le Verbe à la Rédemption de tout le genre humain, mais en abondance, comme un fleuve, tellement que « de la plante des pieds au sommet de la tête plus rien d'intact » Is 1,6  ne se trouvait en lui.

Il a donc acquis un trésor si grand à l'Église militante, pour que la miséricorde d'une telle effusion ne soit pas inutile, vaine ou superflue ; en bon Père il a voulu amasser des trésors pour ses fils, afin que par là « les hommes eussent un inépuisable trésor, où ceux qui y puisent aient part à l'amitié de Dieu » Sg 7,14.

1026  Ce trésor il a voulu qu'il soit dispensé aux fidèles pour leur salut par le bienheureux Pierre, porteur des clés au ciel, et ses successeurs, ses vicaires sur terre, et que, pour des motifs justes et raisonnables, afin de remettre tantôt partiellement tantôt complètement la peine temporelle due au péché, il soit appliqué miséricordieusement, en général comme en particulier (comme ils estimeraient devant Dieu qu'il serait utile) à ceux qui, vraiment pénitents, se seraient confessés.

1027  A l'abondance de ce trésor contribuent, nous le savons, les mérites de la bienheureuse Mère de Dieu et de tous les élus, du premier juste jusqu'au dernier, et il ne faut pas craindre qu'il s'épuise ou qu'il diminue, aussi bien en raison des mérites infinis du Christ (comme il a été dit) que parce que plus il y d'hommes amenés à la justice lorsqu'on applique ce trésor, plus s'accroît l'abondance des mérites.

Rétractation de Nicolas d'Autrecourt, 25 Novembre 1347.

Erreurs philosophiques de Nicolas d'Autrecourt

1028  1... On ne peut avoir pour ainsi dire aucune certitude concernant les réalités moyennant les apparences naturelles mais on peut l'avoir rapidement de façon modique si les hommes tournent leur intellect vers les réalités et non pas vers l'intellect d'Aristote et du commentateur.

1029  2... On ne peut pas, en raison de l'évidence susdite, inférer ou conclure avec évidence d'une seule chose une autre chose, ou du non-être de l'une le non-être de l'autre.

1030  3... Les propositions « Dieu est » et « Dieu n'est pas » signifient totalement la même chose, bien que d'une autre manière.

1031  9... La certitude de l'évidence n'a pas de degrés.

1032  10... Nous n'avons pas la certitude de l'évidence au sujet d'une substance matérielle qui est autre chose que notre âme.

1033  11... A l'exception de la certitude de la foi il n'y avait pas d'autre certitude que la certitude du premier principe ou celle qui peut être ramenée au premier principe.

1034  14... Nous ne savons pas de façon évidente qu'autre chose que Dieu peut être la cause d'un effet quelconque - qu'une cause quelconque, qui n'est pas Dieu, cause de façon efficace - qu'il y a ou qu'il peut y avoir une cause efficiente naturelle quelconque.

1035  15... Nous ne savons pas avec évidence qu'un effet quelconque est ou peut être produit de façon naturelle.

1036  17... Nous ne savons pas avec évidence qu'un sujet concourt dans une production quelconque.

1037  21... Si une réalité quelconque est démontrée, nul ne sait de façon évidente qu'elle ne dépasse pas toutes les autres en excellence.

1038  22... Si une réalité quelconque est démontrée, nul ne sait de façon évidente qu'elle n'est pas Dieu, si par Dieu nous entendons l'être le plus excellent.

1039  25... Nul ne sait de façon évidente que ceci ne peut pas être concédé de façon raisonnable : " Si une réalité quelconque est produite, Dieu est produit."

1040  26... On ne peut pas montrer avec évidence que n'importe quelle réalité n'est pas éternelle.

1041  30... Ces déductions ne sont pas évidentes : « Il existe un acte d'intellection, donc il existe une intelligence. Il existe de vouloir, donc il existe une volonté. »

1042  31... On ne peut pas montrer avec évidence que tout ce qui apparaît n'est pas vrai.

1043  32... Dieu et la créature ne sont pas quelque chose.

1044  39... L'univers est pleinement parfait en lui-même et en toutes ses parties, et il ne peut pas exister d'imperfection, ni dans le tout, ni dans les parties, et c'est pourquoi il faut que le tout aussi bien que les parties soient éternels, et qu'ils ne passent pas du non-être à l'être, ni inversement, parce qu'il résulte nécessairement de cela de l'imperfection dans l'univers ou dans ses parties.

1045  40... Tout ce qui est dans l'univers est mieux lui-même que non lui-même.

1046  42... La récompense des bons et la punition des mauvais se fait par ceci que, lorsque les corps faits d'atomes sont séparés, il reste un certain esprit appelé intellect, et un autre appelé sens ; et de même que dans le bon ces esprits se trouvaient dans la disposition la meilleure, de même ils se trouveront une infinité de fois, conformément au fait que ces atomes se rencontreront une infinité de fois ; et c'est en cela que le bon sera récompensé ; mais le mauvais sera puni parce que une infinité de fois, lorsque se répétera la rencontre de ses atomes, il aura toujours la disposition mauvaise. Ou bien, dit-il (Nicolas d'Autrecourt), on peut admettre d'une autre façon que ces deux esprits des bons, lorsqu'on dit que leur suppôt est détruit, deviennent présents à un autre suppôt constitué d'atomes plus parfaits. Et alors, du fait qu'un tel suppôt a plus de flexibilité et de perfection, ce qui est intelligible vient à eux davantage qu'auparavant.

1047  43... Le fait d'être corruptible inclut un antagonisme une contradiction.

1048  53... Ceci est le premier principe, et aucun autre : « Si quelque chose est, il est quelque chose ».

1049  58...Dieu peut commander à une créature rationnelle qu'elle doit le haïr, et si elle obéit, elle a plus de mérite que si elle l'aimait en raison d'un précepte, car elle le ferait avec un effort plus grand et davantage contre sa propre inclination.

Lettre “Super quibusdam”, à Mekhitar (Consolator), catholicos des Arméniens, 29 septembre 1351.

La prééminence du Siège romain.

1050  Dans le premier chapitre de ta réponse... nous demandons : 1. Si vous croyez, toi et l'Église des Arméniens qui t'obéit, que ceux qui ont reçu dans le baptême la même foi catholique et qui ensuite se sont éloignés ou s'éloigneront de la communion de foi avec cette même Église romaine, qui est l'unique et seule catholique, sont schismatiques et hérétiques s'ils demeurent obstinément séparés de la foi de cette Église romaine.

1051  2. Nous demandons si vous croyez, toi et les Arméniens qui t'obéissent, qu'aucun homme dans la condition de pèlerin ne peut être sauvé à la fin en dehors de cette Église et l'obéissance aux pontifes romains.

1052  Dans le deuxième chapitre... nous demandons 1. Si tu as cru, crois ou es disposé à croire, toi et l'Église des Arméniens qui t'obéit, que le bienheureux Pierre a reçu du Seigneur Jésus Christ le pouvoir de juridiction le plus plénier sur tous les fidèles chrétiens ; et que tout pouvoir de juridiction que Judas Thaddée et d'autres apôtres ont eu de façon spéciale et particulière dans certains pays ou provinces et en diverses partie de l'univers, était soumis pleinement à l'autorité et au pouvoir que le bienheureux Pierre a reçus du Seigneur Jésus Christ lui-même dans toutes les parties de l'univers sur tous ceux qui croient au Christ ; et qu'aucun apôtre ou quiconque d'autre en dehors de Pierre n'a reçu le pouvoir plénier sur tous les chrétiens.

1053  2.Si tu crois et as tenu, ou si tu es disposé à croire et à tenir, toi et les Arméniens qui te sont soumis, que tous les pontifes romains qui, succédant au bienheureux Pierre, sont entrés ou entreront dans leur fonction conformément aux canons, ont succédé et succéderont au bienheureux pontife romain Pierre dans la même plénitude et le même pouvoir de juridiction que celle que Pierre lui-même a reçue du Seigneur Jésus Christ sur le corps entier de l'Église militante.

1054  3. Si tu as cru et crois, toi et les Arméniens qui te sont soumis, que ceux qui ont été les pontifes romains, et Nous qui sommes le pontife romain, et ceux qui le seront successivement, en tant que vicaires du Christ légitimes et très pléniers de par leur pouvoir, ont reçu directement du Christ, à l'égard du corps entier et universel de l'Église militante, toute la juridiction liée au pouvoir que le Christ, en tant que tête ayant la même forme, détenait dans la vie humaine.

1055  4. Si tu as cru et crois que tous ceux qui ont été les pontifes romains, Nous qui le sommes, et tous ceux qui le seront, ont pu, peuvent et pourront, en vertu de la plénitude du pouvoir et de l'autorité précitée, porter des jugements de façon immédiate, par Nous-mêmes et par eux-mêmes, au sujet de tous en tant qu'ils sont soumis à notre juridiction et à la leur, et instituer et déléguer comme juges ecclésiastiques tous ceux que Nous voudrons, pour qu'ils portent des jugements.

1056  5. Si tu as cru et crois que l'autorité suprême et prééminente et le pouvoir de juger de ceux qui étaient les pontifes romains, de Nous qui le sommes, et de ceux qui le seront, était, est et sera telle qu'eux et Nous n'ont pu, ne peuvent et ne pourront être jugés par personne ; mais qu'eux et Nous ont été, sommes et seront laissés au seul jugement de Dieu, et qu'il n'a pas été possible, qu'il n'est pas possible et qu'il ne sera pas possible de faire appel de nos sentences et de nos jugements à un autre juge, quel qu'il soit.

1057  6. Si tu as cru et crois encore maintenant que la plénitude du pouvoir du pontife romain s'étend si loin qu'il peut transférer les patriarches, le catholicos, les archevêques, les évêques, les abbés et n'importe quel autre prélat des dignités, quelles qu'elles soient, dans lesquelles ils ont été établis dans d'autres dignités comprenant une juridiction plus grande ou moindre, ou si leurs fautes l'exigent, les dégrader et les déposer, les excommunier ou les livrer à Satan 1Co 5,5.

1058  7. Si tu as cru et crois encore maintenant que l'autorité du pontife romain ne peut ni ne doit être soumise à aucun pouvoir séculier impérial, royal ou autre pour ce qui est de l'institution, de la remontrance ou de la destitution judiciaires.

1059  8. Si tu as cru et crois que seul le pontife romain peut établir les saints canons universels, accorder des indulgences plénières à ceux qui visitent les tombeaux des apôtres Pierre et Paul ou qui se rendent en pèlerinage en Terre sainte, ou à tous les fidèles qui, se repentant vraiment et pleinement, se seront confessés.

1060  9. Si tu as cru et crois que ceux qui se sont dressés contre la foi de l'Église romaine et qui à la fin sont morts sans repentir, ont été damnés et sont descendus vers les supplices éternels de l'enfer.

1061  10. Si tu as cru et crois encore maintenant que, s'agissant de l'administration des sacrements de l'Église, dès lors que reste toujours sauf ce qui fait partie de l'intégrité et de la nécessité des sacrements, le pontife romain peut tolérer divers rites des Églises du Christ et aussi concéder qu'on les maintienne.

1062  11. Si tu as cru et crois que les Arméniens qui en diverses parties du monde obéissent au pontife romain et qui observent avec zèle et dévotion les formes et les rites de l'Église romaine dans l'administration des sacrements, le jeûne et d'autres cérémonies, agissent bien et qu'agissant ainsi ils méritent la vie éternelle.

1063  12. Si tu as cru et crois que personne ne peut être transféré de la dignité épiscopale à la dignité archiépiscopale, patriarcale ou à celle d'un catholicos en vertu de sa propre autorité ou l'autorité d'un prince séculier, qu'il soit roi ou empereur ou un autre qui s'appuie sur un pouvoir et une dignité terrestre quelles qu'ils soient.

1064  13. Si tu as cru et crois encore maintenant que lorsque surgissent des doutes concernant la foi catholique, seul le pontife romain peut y mettre fin par une décision authentique à laquelle il faut adhérer de façon irrévocable, et qu'est vrai et catholique ce qu'en vertu de l'autorité des clés qui lui ont été remises par le Christ il détermine comme étant vrai, et que ce qu'il détermine comme étant faux et hérétique doit être considéré comme tel.

1065  14. Si tu as cru et crois que le Nouveau et l'Ancien Testament, dans tous les livres que nous a transmis l'autorité de l'Église romaine, contiennent en tout la vérité indubitable...

Le purgatoire

1066  Nous demandons si tu as cru et crois qu'il existe un purgatoire vers lequel descendent les âmes de ceux qui meurent en état de grâce, et qui n'ont pas encore satisfait pour leurs péchés par une entière pénitence.

1067  De même, si tu as cru et crois qu'elles ne sont tourmentées par le feu que pour un temps, et que dès leur purification, avant même le jour du jugement, elles parviennent à la béatitude véritable et éternelle qui consiste dans la vision de Dieu face à face et dans la dilection.

Matière et ministre de la confirmation.

1068  Tu as donné des réponses qui nous conduisent à t'interroger sur les points suivants :

1. au sujet de la consécration du chrême, si tu crois que le chrême ne peut pas être consacré selon les règles et comme il doit l'être par un prêtre qui n'est pas évêque.

1069  2. Si tu croîs que le sacrement de la confirmation ne peut pas être administré ordinairement d'office par un autre qu'un évêque.

1070  3. Si tu crois que seul le pontife romain, qui dispose de la plénitude du pouvoir, peut accorder à des prêtres qui ne sont pas des évêques la permission d'administrer le sacrement de confirmation.

1071  4. Si tu crois que ceux qui ont reçu la chrismation des mains de prêtres qui ne sont pas évêques et qui n'ont reçu pour cela ni mandat ni permission du pontife romain, doivent recevoir à nouveau la chrismation de la main d'un évêque ou de plusieurs évêques.

Doctrines qui s'opposent à des erreurs particulières des Arméniens.

1072  Après tout ce qui précède nous somme conduits à nous étonner beaucoup de ce que dans une lettre qui commence par " Honorabilibus in Christo Patribus, tu passes sous silence quatorze chapitres parmi les cinquante-trois premiers chapitres :

1. L'Esprit Saint procède du Père et du Fils.

1073  3. Les petits enfants contractent le péché originel des premiers parents.

1074  6. Les âmes purifiées entièrement, séparées de leur corps, voient Dieu de façon manifeste.

1075  9. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent en enfer.

1076  12. Le baptême détruit le péché mortel et le péché actuel.

1077  13. Le Christ, en descendant aux enfers, n'a pas détruit l'enfer.

1078  15. Les anges ont été créés bons par Dieu.

1079  30. L'effusion du sang des animaux n'opère aucune rémission des péchés.

1080  32. On ne doit pas juger ceux qui les jours de jeûne consomment des poissons et de l'huile.

1081  39. Ceux qui ont été baptisés dans l'Église catholique, s'ils deviennent des infidèles et qu'ils se convertissent plus tard, ne doivent par être baptisés à nouveau.

1082  40. Les petits enfants peuvent êtres baptisés avant le huitième jour, et le baptême ne peut pas se faire dans un autre liquide que de l'eau véritable.

1083  42. Après les paroles de consécration le corps du Christ est numériquement le même que le corps né de la Vierge et immolé sur la croix.

1084  45. Personne, pas même un saint, ne peut réaliser le Corps du Christ s'il n'est pas prêtre.

1085  46. Il est nécessaire pour le salut de confesser à son prêtre propre, ou avec sa permission, tous les péchés mortels, sous forme complète et distincte.

           INNOCENT VI : 18 Décembre 1352 – 12 Septembre 1362

           URBAIN V : 28 Septembre 1362 – 19 Décembre 1370

Rétractation imposée à Denys Foullechat par la constitution “Ex supernæ clementiæ” du 23 décembre 1368.

Erreurs concernant l'état de perfection et 1a pauvreté

1087  (Art. 4, conclusion 3) Que cette Loi très bénie et très douce, à savoir la Loi de l'amour,... enlève toute propriété et tout droit de disposer...

– je le rétracte comme faux, erroné et hérétique, parce que le Christ et les apôtres ont observé cette loi de la façon la plus parfaite, et que bien d'autres, en des états divers,... l'ont observée... qui possédaient du bien et avaient le droit d'en disposer. (...)

1088  (Corollaire 1) Que cette Loi marie les deux pronoms possessifs, à savoir « mien » et « tien ».

(Corollaire 2) Que la charité parfaite ne rend pas moins communes toutes choses que l'extrême nécessité.

Je dis maintenant que ces deux corollaires, tels qu'ils résultent de la conclusion mentionnée plus haut, sont faux.

1089  (Corollaire 4) Que le Christ a donné cette Loi aux disciples principalement pour qu'ils l'accomplissent en actes et non pas seulement par une disposition...

– Ce corollaire – Si on comprend cette Loi de l'amour en ce sens qu'elle enlève toute propriété et tout droit d'en disposer, comme le dit la conclusion - Si on le comprend ainsi, je le considère comme faux, erroné, hérétique et contraire à ce qu'a déterminé l'Église.

1090  (Conclusion 4) Que le renoncement effectif à la volonté du coeur et au pouvoir temporel, au droit de disposer ou à l'autorité manifeste et réalise l'état le plus parfait...

Cette conclusion, entendue en un sens général, je la considère comme fausse, erronée et hérétique...

1091  (Corollaire 1) Que le Christ n'a pas renoncé à une telle possession et au droit à des biens temporels, on ne le tient pas de la Loi nouvelle, mais bien plutôt le contraire... Mt 8,20

(Corollaire 2) Que cette Loi, le Christ l'a enseignée comme la règle de la perfection et l'a confirmée par l'exemple.

Ces deux corollaires je les rétracte comme faux, erronés et hérétiques, et comme contraires à ce qu'a déterminé la décrétale du seigneur pape Jean (XXII) qui commence par : « Quia quorumdam »

1092  (Corollaire 4) Que le renoncement aux biens temporels qui se rapporte à la préparation de l'esprit ne représente et ne réalise aucune perfection ou une perfection très imparfaite et fragile...

Cet article je le rétracte comme faux et scandaleux.

1093  Répondant à un bachelier (qui disait] ... que le Christ n'a pas renoncé à ces choses, j'ai nié cela et j'ai affirmé que le Christ n'a rien gardé pour soi.

Ces deux affirmations je les rétracte comme fausses et hérétiques, parce que le Christ avait des bourses pour les malades et qu'il conservait ce qui lui était donné par les fidèles...

1094  (Dernier corollaire) Que le Christ ne s'est pas préoccupé davantage des biens temporels que les riches le font des pauvres...

– Je dis maintenant que le Christ s'est préoccupé des biens temporels parce qu'il n'a pas renoncé à tout...

Propositions ajoutées pour la seconde rétractation (12 avril 1369).

1095  Quel le Christ, lors de sa mort, a renoncé absolument à tout.

– Cette proposition je la tiens pour fausse, erronée et hérétique.

1096  Que lorsque le corps  [?]  se trouvait au tombeau, l'amour lui a enlevé là toute possession et tout droit d'en disposer.

– Cette proposition je la rétracte comme fausse, erronée et hérétique.

1097  Qu'alors le siège universel du Seigneur était vide jusqu'à ce jour...

– je le rétracte comme faux et erroné.

           GREGOIRE XI : 30 Décembre 1370 – 26/27 mars 1378

Lettre des cardinaux de l'inquisition aux archevêques de Tarragone et Saragosse, 8 Août 1371.

Erreurs de Pierre de Bonageta et de Jean de Latone concernant l'eucharistie.

1101  1. Lorsqu'une hostie consacrée tombe ou est jetée dans un cloaque, dans la fange ou dans un lieu infâme, même si les espèces demeurent, le Corps du Christ cesse de se trouver sous elles, et la substance du pain revient.

1102  2. Lorsqu'une hostie consacrée est rongée par une souris ou dévorée par une bête, même si les espèces demeurent, le Corps du Christ cesse de se trouver sous elle ; et la substance du pain revient.

1103  3. Lorsqu'une hostie consacrée est mangée par un juste ou par un pécheur, lorsque les espèces sont broyées par les dents, le Christ est enlevé au ciel et n'est pas acheminé dans le ventre de l'homme.

Bulle “Salvator humani generis” à l'archevêque de Riga et à ses suffragants, 8 avril 1374.

Principes de droit erronés contenus dans le “Miroir des Saxons

1110  Par cet écrit apostolique nous demandons à tous les fidèles chrétiens de ne plus utiliser désormais ces écrits ou lois réprouvés...

(Art. 1) Quoi qu'un homme ait pu faire en dehors du tribunal, et quel qu'en soit le caractère notoire, il pourra s'en libérer par son serment (d'innocence), et contre celui-ci aucun témoignage n'a de valeur.

1111  (6) Si quelqu'un a été tué à l'occasion d'une rapine ou d'un vol, et qu'un consanguin de celui qui a été tué se présente pour lui pour un duel, celui-ci, par ce duel, repousse tout témoignage, et ce mort ne pourra pas être confondu sans duel.

1112  (7) Si deux personnes font en même temps devant le tribunal des affirmations contraires, alors celui d'entre eux qui aura le plus de partisans pourra faire prévaloir son affirmation.

1113  (8) Quiconque aura été provoqué en duel selon ce que détermine ce livre, ne pourra pas refuser le duel, à moins que celui qui provoque soit moins bien né que celui qui est provoqué.

1114  (9) Quiconque aura perdu son droit du fait d'un vol ou d'une rapine, s'il est accusé une seconde fois de vol ou de rapine il ne pourra pas se libérer par un serment  [?] , mais il a le choix entre le fer ardent, l'eau bouillante ou le duel. Or la dernière partie de cet article est erronée, qui permet le choix entre le fer ardent, etc.

1115  (12) Un héritier n'est pas tenu de répondre du vol ou de la rapine perpétrés par celui dont il hérite : ce qui est erroné du moins dans le for de la conscience.

1116  (Censure : les écrits sont condamnés comme) faux, téméraires, iniques et injustes, et en certaines choses comme hérétiques, schismatiques, contraires aux bonnes moeurs et dangereux pour les âmes.

Erreurs de John Wyclif, condamnées dans la lettre « Super periculosis » aux évêques de Cantorbéry et de Londres, 22 mai 1377

Erreurs de John Wyclif concernant la disposition des biens temporels

1121  1. Tout le genre humain dans son ensemble, à l'exception du Christ, n'a pas le pouvoir de déterminer purement et simplement que Pierre et toute sa race doivent dominer politiquement le monde pour toujours

1122  2. Dieu ne peut pas donner pour toujours à un homme, pour lui-même et pour ses héritiers, une souveraineté temporelle.

1123  3. Des chartes de l'humanité inventées en vue d'un héritage civil perpétuel sont impossibles.

1124  4. Quiconque se trouve dans la grâce de façon sérieuse et fidèle, n'a pas seulement le droit, mais a réellement tous les dons de Dieu.

1125  5. C'est comme un fief seulement qu'un homme peut donner une souveraineté, soit temporelle, soit éternelle, à un fils qu'il le soit de façon naturelle ou selon l'imitation dans l'école du Christ.

1126  6. S'il y a un Dieu, les seigneurs temporels peuvent enlever de façon légitime des biens de fortune à l'Église si elle commet des manquements.

1127  7. S'agissant de savoir si l'Église se trouve dans un tel état ou non, il ne m'appartient pas d'en discuter ; mais il appartient aux seigneurs temporels de l'examiner et, le cas échéant, d'agir hardiment et de lui enlever les biens temporels sous peine de damnation éternelle.

1128  8. Nous savons qu'il n'est pas possible que le vicaire du Christ confère ou enlève une capacité à quelqu'un simplement en vertu de ses bulles, ou en vertu de celles-ci avec sa volonté et son assentiment ainsi que de celui de son collège.

1129  9. Il n'est pas possible qu'un homme soit excommunié s'il n'a pas été excommunié d'abord et surtout par lui-même.

1130  10. Personne n'est excommunié, suspendu ou tourmenté par d'autres censures pour le mettre dans un état pire, à moins qu'il s'agisse d'une affaire de Dieu.

1131  11. La malédiction ou l'excommunication ne lient pas purement et simplement, mais seulement lorsqu'elles sont portées contre un adversaire de la loi du Christ.

1132  12. Le Christ n'a pas enseigné par des exemples à ses disciples le pouvoir d'excommunier des subordonnés, surtout pas pour avoir récusé des biens temporels, mais bien au contraire.

1133  13. Les disciples du Christ n'ont pas le pouvoir d'exiger des biens temporels par la contrainte moyennant des censures.

1134  14. Il n'est pas possible de par la puissance absolue de Dieu que si le pape ou un autre prétend qu'il lie ou qu'il délie de n'importe quelle manière, il lie ou délie par là même.

1135  15. Nous devons croire qu'il ne lie ou délie que s'il se conforme à la loi du Christ.

1136  16. Ceci doit être cru de façon catholique : n'importe quel prêtre qui a été régulièrement ordonné a le pouvoir de conférer n'importe quel sacrement de façon suffisante, et par conséquent d'absoudre n'importe quel homme contrit de n'importe quel péché.

1137  17. Il est permis aux rois d'enlever des biens temporels à des hommes d'Église si ceux-ci en abusent de façon habituelle.

1138  18. Si des seigneurs temporels, des saints papes, ou la Tête de l'Église qui est le Christ, ont doté l'Église de biens de fortune et de grâce, et s'ils ont excommunié ceux qui lui enlèvent les biens temporels, il n'en est pas moins permis en raison d'une condition implicite, de la dépouiller des biens temporels s'il y a eu un délit proportionné.

1139  Un homme d'Église, et même le pontife romain, peut être légitimement réprimandé et même mis en accusation par des subordonnés et des laïcs.

           URBAIN VI : 8 avril 1378 –15 octobre 1389

           BONIFACE IX : 2 novembre 1389 – 1er octobre 1404

Bulles pontificales concernant le privilège du monastère Sainte-Osyth, dans l'Essex, de conférer les ordres majeurs, 1400 et 1403

Pouvoir d'ordonner accordé à des prêtres

Bulle “sacræ religionis” 1er février 1400

1145  L'honnêteté de la sainte piété avec laquelle les fils bien-aimés, l'abbé et l'assemblée du monastère des apôtres Pierre et Paul et de la sainte vierge et martyre Osyth de l'ordre de saint Augustin dans l'Essex, dans le diocèse de Londres, rendent au Très-Haut leur culte dévot et zélé, mérite que... pour autant que Nous le pouvons avec Dieu, Nous écoutions avec faveur leurs requêtes. C'est pourquoi, cédant aux supplications de l'abbé et de l'assemblée en cette affaire, Nous accordons par les présentes, en vertu de l'autorité apostolique, à ce même abbé, à ses successeurs et à leurs chanoines, que ce même abbé et ses successeurs pour toujours, les abbés de ce monastère, durant le temps où ils seront en fonction, peuvent conférer librement et licitement, aux temps prescrits par le droit, à tous et à chacun des chanoines de ce monastère qui ont fait, ou qui auront fait profession, tous les ordres mineurs ainsi que les ordres du sous-diaconat, du diaconat et du presbytérat, et que lesdits chanoines qui auront été promus par ces mêmes abbés pourront exercer librement et licitement leur fonction dans les ordres ainsi reçus, sans qu'aucune constitution apostolique ou aucun édit contraire le contredisant — confirmé par quelque authentification que ce soit — puisse y mettre obstacle de quelque manière que ce soit.

Comme un don gracieux plus riche encore, Nous concédons à l'abbé et à l'assemblée, et Nous décidons en vertu de cette même autorité, que s'il devait arriver à l'avenir que des grâces, des permissions, des privilèges ou d'autres concessions ou lettres apostoliques concernant la collation ou la réception de ces ordres ou une autre matière ou affaire qui ont été concédés par le Siège apostolique ou en vertu de l'autorité susdite de façon non perpétuelle ou pour un certain temps à l'abbé et à l'assemblée précités, ou à d'autres dans le pays d'Angleterre ou ailleurs, soient révoqués, restreints ou diminués par ce même Siège, de façon générale ou particulière,

pour autant la présente concession ne sera révoquée, restreinte ou diminuée d'aucune manière de ce fait. Au contraire, à moins qu'il n'en soit fait mention de façon complète, explicite et littérale, cette lettre gardera toute la vigueur de sa validité, sans qu'aucune constitution concédée... et aucun édit contraire y fasse obstacle.

Bulle “Apostolicae Sedis”, 6 février 1403

1146  La prévoyance circonspecte du Siège apostolique révoque et annule parfois ce qui a été concédé ou ordonné par elle, dans la mesure où... elle reconnaît que cela est d'une grande utilité, en particulier pour les cathédrales et pour les prélats qui y président. Il y a peu en effet Nous avons pensé devoir donner suite à la requête instante des fils bien-aimés, l'abbé et l'assemblée du monastère Sainte-Osyth de l'ordre de saint Augustin dans le diocèse de Londres, et permettre à ce même abbé et à ses successeurs, en vertu de l'autorité apostolique et comme une grâce spéciale, par une autre lettre venant de Nous  1145, comme cela est dit de façon explicite dans cette lettre,

1 - tout d'abord que l'abbé lui-même et ses successeurs les abbés, durant le temps où ils sont en fonction, utilisent librement la mitre, l'anneau, et tous les autres insignes pontificaux, et que dans ledit monastère et dans les prieurés dépendant de ce monastère ainsi que dans les églises paroissiales ou autres qui relèvent d'eux-mêmes si elles devaient ne pas leur être soumises de plein droit — ils donnent à l'occasion la bénédiction solennelle après la célébration de la messe, des vêpres ou des matines, pourvu que lors d'une telle bénédiction ne soient pas présents un évêque ou un légat du Siège apostolique,

2.- et ensuite que l'abbé et les successeurs susdits puissent conférer librement et licitement, aux temps prescrits par le droit, à tous et à chacun des chanoines qui ont fait ou auront fait profession, tous les ordres mineurs ainsi que les ordres du sous-diaconat, du diaconat et du presbytérat, sans que les constitutions de notre prédécesseur d'heureuse mémoire, le pape Alexandre IV, qui commence par « Abbates » et toute autre constitution apostolique y fasse obstacle de quelque façon que ce soit.

Cependant, étant donné que, comme le dit le contenu de la requête qui Nous est parvenue il y a peu de la part de notre vénérable frère Robert, l'évêque de Londres, le monastère susdit dans lequel ce même évêque a le droit de patronat a été fondé par certains prédécesseurs de cet évêque..., et que de telles lettres ou concessions ont pour effet de léser gravement l'évêque lui-même, sa juridiction ordinaire et l'Église de Londres, Nous avons été priés humblement par cet évêque de daigner, dans notre bonté apostolique, Nous soucier qu'il n'y ait pas de dommage pour lui et pour cette Église dans ce qui précède. Voulant pourvoir à cela... et cédant à ces demandes, en vertu de notre autorité apostolique et de par une science plus certaine, Nous révoquons, cassons et annulons par les présentes cette lettre et ces concessions, et Nous voulons qu'elles soient sans validité et sans portée.

           INNOCENT VII : 17 octobre 1404 – 6 novembre 1406

           GRÉGOIRE XII : 30 novembre 1406 – 4 juillet 1415

1151  1. La substance du pain matériel de même que la substance du vin matériel subsistent dans le sacrement de l'autel.

1152  2. Les accidents du pain ne subsistent pas sans sujet dans le même sacrement.

1153  3. Le Christ n'est pas identiquement et réellement dans le même sacrement en sa propre personne corporelle.

1154  4. Si un évêque ou un prêtre est en état de péché mortel, il n'ordonne pas, n'accomplit pas le sacrement de l'autel, ne consacre pas et ne baptise pas.

1155  5. On ne trouve pas dans l'Évangile que le Christ ait ordonné de célébrer la messe.

1156  6. Dieu doit obéir au diable.

1157  7. Si quelqu'un a une contrition adéquate, toute confession extérieure est pour lui superflue et inutile.

1158  8. Si le pape est réprouvé (prescitus) et mauvais, et par conséquent membre du diable, il n'a pas de pouvoir sur les fidèles qui lui ait été donné par quelqu'un d'autre que, peut-être, César.

1159  9. Depuis Urbain VI, personne ne doit être accepté comme pape, mais il faut vivre à la façon des Grecs, sous ses propres lois.

1160  10. Il est contraire à la sainte Écriture que des hommes d'Église possèdent des biens.

1161  11. Aucun prélat ne doit excommunier quelqu'un, à moins de savoir auparavant qu'il a été excommunié par Dieu ; celui qui excommunie ainsi devient pour cette raison hérétique ou excommunié.

1162  12. Un prélat qui excommunie un clerc qui a fait appel au roi ou au conseil du royaume, est par cela même traître envers le roi et le royaume.

1163  13. Ceux qui cessent de prêcher ou d'entendre la Parole de Dieu en raison d'une excommunication par des hommes sont excommuniés, et ils seront considérés comme traîtres envers le Christ au jour du jugement.

1164  14. Il est permis à un diacre ou à un prêtre de prêcher la Parole de Dieu sans autorisation du Siège apostolique ou d'un évêque catholique.

1165  15. Nul n'est seigneur civil, nul n'est prélat, nul n'est évêque, alors qu'il est en état de péché mortel  1230 .

1166  16. Les seigneurs temporels peuvent, comme ils le veulent, enlever leurs biens temporels aux bénéficiers ecclésiastiques qui sont fautifs de manière habituelle, c'est-à-dire qui sont fautifs par habitude, et non en acte seulement.

1167  17. Les gens du peuple peuvent corriger les seigneurs fautifs selon leur propre jugement.

1168  18. Les dîmes sont de simples aumônes, et les paroissiens peuvent les refuser selon leur bon vouloir à cause des péchés de leurs prélats.

1169  19. Les prières spéciales appliquées à une seule personne par les prélats ou par les religieux ne sont pas plus utiles à celle-ci que les prières générales, toutes choses étant égales.

1170  20. Celui qui fait l'aumône à des frères est de ce fait excommunié.

1171  21. Si quelqu'un entre dans quelque état religieux que ce soit, chez des possédants ou chez des mendiants, il en devient plus incapable et plus inapte à observer les commandements de Dieu.

1172  22. Les saints qui ont fondé des ordres religieux ont péché en les fondant.

1173  23. Les religieux qui vivent dans les ordres religieux ne font pas partie de la religion chrétienne.

1174  24. Les frères sont tenus de se procurer le vivre par le travail manuel, et non en mendiant. (Censure ajoutée ici dans les deux textes :) La première partie est scandaleuse et affirmée avec présomption dans la mesure où l'on parle ainsi d'une manière générale et sans faire de distinction la seconde est erronée, dans la mesure où elle affirme que la mendicité n'est pas permise aux frères.

1175  25. Tous ceux-là sont simoniaques qui s'obligent à prier pour d'autres qui leur viennent en aide temporellement.

1176  26. La prière d'un prescitus (réprouvé) n'a de valeur pour personne.

1177  27. Tout advient par nécessité absolue.

1178  28. C'est en raison de la convoitise d'un gain temporel et d'un honneur que la confirmation des jeunes, l'ordination des clercs, la consécration des lieux sont réservées au pape et aux évêques.

1179  29. Les universités, les studia, les collèges, l'octroi des grades et des fonctions de maître qu'on y exerce sont issus d'un vain paganisme et sont aussi utiles à l'Église que le diable.

1180  30. L'excommunication par le pape ou un quelconque prélat n'est pas à craindre, car elle est une sentence de l'Antéchrist.

1181  31.Ceux qui fondent des cloîtres pèchent et ceux qui y entrent sont des hommes diaboliques.

1182  32. Enrichir un clerc est contraire au commandement du Christ.

1183  33. Le pape Silvestre et l'empereur Constantin ont erré en dotant l'Église.

1184  34. Tous les membres des ordres mendiants sont des hérétiques et ceux qui leur font l'aumône sont excommuniés.

1185  35. Ceux qui entrent en religion ou dans un ordre sont par là même incapables d'observer les préceptes divins  1171  et, par conséquent, de parvenir au Royaume des cieux, à moins qu'ils en apostasient.

1186  36. Le pape et tous ses clercs qui possèdent des biens sont hérétiques du fait qu'ils possèdent des biens, de même que ceux qui sont d'accord avec eux, à savoir tous les seigneurs séculiers et les autres laïcs.

1187  37. L'Église romaine est la synagogue de Satan Ap 2,9 et le pape n'est pas le vicaire immédiat et prochain du Christ et des apôtres.

1188  38. Les lettres décrétales sont apocryphes et éloignent de la foi au Christ, et les clercs qui les étudient sont stupides.

1189  39. L'empereur et les seigneurs séculiers ont été séduits par le diable afin de doter l'Église de biens temporels.

1190  40. L'élection du pape par les cardinaux a été introduite par le diable.

1191  41. Il n'est pas nécessaire au salut de croire que l'Église romaine est supérieure à toutes les autres. (Censure :) C'est une erreur si par Église romaine on entend l'Église universelle ou le concile général, ou dans la mesure où il nierait la primauté du souverain pontife sur les autres Églises particulières.

1192  42. Il est insensé de croire aux indulgences du pape et des évêques.

1193  43. Les serments qui sont faits pour renforcer les contrats humains et les rapports civils sont illicites.

1194  44. Augustin, Benoît et Bernard ont été damnés s'ils ne se sont pas repentis d'avoir possédé des biens, d'avoir fondé des ordres religieux et d'y être entrés ; et ainsi, depuis le pape jusqu'au moindre religieux, tous sont hérétiques.

1195  45. Tous les ordres religieux sans distinction ont été introduits par le diable.

1198  Certains ont la présomption d'affirmer témérairement, dans certaines régions du monde, que le peuple chrétien doit recevoir le saint sacrement de l'eucharistie sous les deux espèces du pain et du vin, et que tous les laïcs doivent communier non seulement sous l'espèce du pain, mais aussi sous l'espèce du vin, même après avoir mangé ou sans être autrement à jeun ; et ils affirment obstinément qu'il faut communier à l'encontre de la louable coutume de l'Eglise, raisonnablement justifiée, qu'ils s'efforcent de récuser d'une manière condamnable comme étant sacrilège, en commençant par la tête.

Pour cette raison, le présent concile général de Constance déclare, décide et définit que, même si le Christ a institué ce vénérable sacrement après la Cène et l'a administré à ses apôtres sous les deux espèces du pain et du vin, toutefois, malgré cela, l'autorité louable des saints canons et la coutume approuvée de l'Église ont soutenu et soutiennent qu'un tel sacrement ne doit pas être accompli après un repas et qu'il ne doit pas être reçu par les fidèles qui ne seraient pas à jeun, si ce n'est dans le cas de maladie et d'une autre nécessité, concédé ou admis par le droit et par l'Église.

1199  Et de même que cette coutume a été raisonnablement établie pour éviter certains dangers et scandales, de même à plus forte raison une coutume similaire a-t-elle pu s'établir et être respectée, à savoir que, même si dans l'Église primitive ce sacrement était reçu par les fidèles sous les deux espèces, cependant il serait par la suite reçu par les célébrants sous les deux espèces, et par les laïcs sous l'espèce du pain seulement, puisqu'on doit très fermement croire et qu'on ne peut douter que le Corps et le Sang entiers du Christ soient vraiment contenus aussi bien sous l'espèce du pain que sous l'espèce du vin. Ainsi donc, puisque cette coutume a été raisonnablement établie par l'Église et par les saints Pères et qu'elle est observée depuis très longtemps, elle doit être considérée comme une loi qu'il n'est pas permis de récuser ni de changer à sa guise sans l'autorisation de l'Église.

1200  Pour cette raison, dire qu'il est sacrilège et illicite d'observer cette coutume ou loi doit être considéré comme erroné et ceux qui affirment obstinément le contraire de ce qui précède doivent être considérés comme hérétiques.

15e session, 6 juillet 1415 décret confirmé par Martin V le 22 février

Erreurs de Jean Hus

1201  1. La sainte Église universelle, constituée de l'ensemble des prédestinés, est unique. Plus bas, il poursuit : I1 n'y a qu'une sainte Église universelle comme il n'y a qu'un seul ensemble de tous les prédestinés.

1202  2. Paul ne fut jamais membre du diable, bien qu'il ait commis certains actes semblables aux actes de l'Église des méchants.

1203  3. Les “presciti” ne sont pas des parties de l'Église puisque aucune partie de celle-ci n'en est retranchée à la fin, étant donné que la charité de la prédestination, qui l'unifie, ne disparaît pas 1Co 13,8.

1204  4. Deux natures, la divinité et l'humanité, sont un seul Christ.

1205  5. Le “prescitus”, même s'il est en grâce selon la justice présente, ne fait cependant jamais partie de la sainte Église et le prédestiné demeure toujours membre de l'Église, même s'il déchoit parfois de la grâce adventice, mais non de la grâce de la prédestination.

1206  6. Si l'on conçoit l'Église comme l'assemblée des prédestinés, que celle-ci soit ou ne soit pas en grâce selon la justice présente, elle est de cette manière un article de foi.

1207  7. Pierre ne fut pas et il n'est pas la tête de la sainte Eglise catholique.

1208  8. Les prêtres vivant dans le péché de quelque façon que ce soit ternissent le pouvoir du sacerdoce et, comme des fils infidèles, ils ont une conception infidèle des sept sacrements des clés, des offices, des censures, des moeurs, des cérémonies et des choses saintes de l'Église, de la vénération des reliques, des indulgences et des ordres.

1209  9. La dignité papale s'est développée à partir de César, et la prééminence et l'institution du pape sont issues du pouvoir de César.

1210  10. Personne n'affirmerait raisonnablement à son propre sujet, ou au sujet d'un autre, sans une révélation qu'il est la tête d'une sainte église particulière ; et le pontife romain n'est pas la tête de l'Église romaine.

1211  11. Il ne faut pas croire que quelque pontife romain particulier est la tête de quelque sainte église particulière, à moins que Dieu ne l'ait prédestiné.

1212  12. Personne ne tient la place du Christ ou de Pierre, à moins de l'imiter par sa conduite : aucune autre façon de les suivre n'est plus pertinente et ne reçoit de Dieu le pouvoir d'agir à titre de procureur ; la conformité des moeurs et l'autorité de celui qui institue sont requises pour cet offre de vicaire.

1213  13. Le pape n'est pas le successeur vrai et manifeste du prince des apôtres, Pierre, s'il vit d'une manière contraire à celle de Pierre ; s'il est avide de biens, il est alors vicaire de Judas Iscariote. Pour la même raison évidente, les cardinaux ne sont pas les successeurs vrais et manifestes du collège des autres apôtres du Christ, à moins qu'ils ne vivent comme les apôtres en observant les commandements et les conseils de notre Seigneur Jésus-Christ.

1214  14. Les docteurs qui soutiennent que celui qui doit être corrigé par une censure ecclésiastique doit être livré au jugement séculier, s'il ne veut pas se corriger, suivent assurément ces grands prêtres, scribes et pharisiens, qui livrèrent au jugement séculier le Christ qui ne voulait pas leur obéir en tout, en disant : Il ne nous est pas permis de mettre quelqu'un à mort Jn 18,31, en raison de quoi ceux-ci sont des homicides plus coupables que Pilate.

1215  15. L'obéissance ecclésiastique est une obéissance controuvée par les prêtres de l'Église, en dehors de l'autorité expresse de l'Écriture.

1216  16. La division immédiate entre les actes humains consiste en ce qu'ils sont ou vertueux ou vicieux : si un homme est vicieux, il agit de manière vicieuse en tous ses actes ; s'il est vertueux, il agit vertueusement en tous ses actes. Car, de même que le vice qui est appelé crime, ou péché mortel, infecte en totalité les actes de l'homme vicieux, de même la vertu vivifie tous les actes de l'homme vertueux.

1217  17. Le prêtre du Christ qui vit selon sa loi, possède une connaissance de l'Écriture et désire édifier le peuple, doit prêcher, nonobstant une prétendue excommunication. Et, plus loin: si le pape ou quelque supérieur ordonne à un prêtre qui se trouve dans cette situation de ne pas prêcher, le subordonné ne doit pas obéir.

1218  18. Quiconque accède au sacerdoce reçoit par mandat la fonction de prêcher ; et il doit exercer ce mandat, nonobstant une prétendue excommunication.

1219  19. Par les sanctions ecclésiastiques d'excommunication, de suspense et d'interdit, le clergé se soumet pour sa propre exaltation le peuple laïc, multiplie l'avarice, protège la malice et prépare la voie à l'Antéchrist. Le signe évident en est que les sanctions, qu'on appelle fulminations dans leurs procès et dont le clergé se sert la plupart du temps contre ceux qui mettent à nu l'iniquité de l'Antéchrist, que le clergé s'est appropriée pour la plus grande part, proviennent de l'Antéchrist.

1220  20. Si le pape est mauvais, et surtout s'il est réprouvé, il est, comme Judas l'Iscariote, un diable, un voleur et un fils de perdition, et non la tête de la sainte Église militante puisqu'il n'en est même pas membre.

1221  21. La grâce de la prédestination est le lien par lequel le corps de l'Eglise et chacun de ses membres sont liés indissolublement à la tête elle-même.

1222  22. Un pape ou un prélat mauvais réprouvé n'est pasteur que d'une manière équivoque ; en réalité, c'est un voleur et un brigand.

1223  23. Le pape ne doit pas être appelé très saint, même en raison de sa fonction, car alors le roi devrait être appelé très saint en raison de sa fonction, et les tortionnaires et les messagers seraient appelés très saints ; bien plus, le diable lui-même devrait être appelé très saint, puisqu'il tient sa fonction de Dieu.

1224  24. Si le pape vit d'une manière contraire au Christ, même s'il a été promu en vertu d'une élection correcte et légitime selon les règles humaines communes, cependant il a été promu autrement que par le Christ, étant donné qu'il n'a accédé à cette charge que par une élection faite principalement par Dieu. Car Judas Iscariote a été élu correctement et légitimement à l'apostolat par le Christ Jésus, et cependant « il s'est introduit dans la bergerie par une autre voie ».

1225  25. La condamnation des quarante-cinq articles de Jean Wyclif faite par les docteurs est déraisonnable, inique et mauvaise, et le motif allégué par eux est inventé, à savoir qu'aucun de ces articles n'est catholique, mais que chacun est soit hérétique, soit erroné, soit scandaleux.

1226  26. Du fait que des électeurs ou la majorité d'entre eux se sont mis d'accord de vive voix sur une personne, conformément aux rites des hommes, cette personne n'est pas par le fait même légitimement élue, ou encore, elle n'est pas par là même le successeur ou le vicaire vrai et manifeste de l'apôtre Pierre ou d'un autre apôtre dans une fonction ecclésiastique. En conséquence, que les électeurs aient bien ou mal élu, nous devons nous fier aux œuvres de l'élu. Car, du fait que quelqu'un agit davantage d'une façon méritoire pour le progrès de l'Église, il possède pour cela un plus grand pouvoir venant de Dieu.

1227  27. Il n'existe pas le moindre indice apparent qu'il faille une seule tête pour gouverner l'Église en matière spirituelle, (tête) qui devrait toujours être en rapport avec l'Église militante.

1228  28. Sans ces têtes monstrueuses, le Christ dirigerait mieux son Eglise par ses vrais disciples répandus par toute la terre.

1229  29. Les apôtres et les prêtres fidèles du Christ ont dirigé fermement l'Église pour les choses nécessaires au salut avant que la fonction de pape ne soit introduite ; et ils feraient ainsi jusqu'au jour du jugement, en cas de défaillance tout à fait possible du pape.

1230  30. Personne n'est seigneur civil, personne n'est prélat, personne n'est évêque, alors qu'il est en état de péché mortel 1165 .

15e session, 6 juillet 1415 : décret “Quilibet tyrannus

Proposition erronée concernant le tyrannicide.

1235  La proposition : Tout tyran peut et doit licitement et méritoirement être tué par n'importe lequel de ses vassaux ou sujets, même en recourant à des pièges, à la flagornerie ou à la flatterie, nonobstant tout serment ou alliance contractée avec lui, et sans attendre la sentence ou l'ordre de quelque juge que ce soit,... est erronée en matière de foi et de moeurs, et le concile la réprouve comme hérétique, scandaleuse, séditieuse et prêtant aux fraudes, aux tromperies, aux mensonges, aux trahisons et aux parjures. De plus il déclare, décide et définit que ceux qui soutiennent avec entêtement cette doctrine très pernicieuse sont hérétiques.

           MARTIN V : 11 novembre 1417 – 20 février 1431

Bulle “Inter cunctas” 22 février 1418

Questionnaire destiné aux wyclifites et aux hussites

1247  5. De même s'il croit, tient et affirme que tout concile général, et aussi celui de Constance, représente l'Église universelle.

1248  6. De même s'il croit que le saint concile de Constance représentant l'Église universelle, a approuvé et approuve en faveur de la foi et pour le salut des âmes, cela doit être approuvé et tenu par tous les fidèles du Christ : et que ce qu'il a condamné et condamne comme contraire à la foi et aux bonnes moeurs, cela doit être tenu, cru et affirmé comme tel par tout catholique.

1249  7. De même s'il croit que les condamnations de John Wyclif d'Angleterre, de Jean Hus de Bohème et de Jérôme de Prague prononcées par le saint concile général de Constance concernant leurs personnes, leurs écrits et leurs doctrines, l'ont été de façon légitime et juste, et qu'elles doivent être tenues et affirmées fermement comme telles par tout catholique.

1250  8. De même s'il croit, tient et affirme que John Wyclif d'Angleterre, Jean Hus de Bohème et Jérôme de Prague ont été hérétiques et doivent être désignés et reconnus comme tels, et que leurs livres et leurs doctrines étaient et sont faux, et que c'est à cause d'eux et de leur obstination qu'ils ont été condamnés comme hérétiques par le saint concile de Constance.

1251  11. De même on demandera à un homme cultivé s'il croit que le jugement porté par le saint concile de Constance sur les quarante-cinq articles de John Wyclif et les trente de Jean Hus reproduits plus haut est vrai et catholique, c'est-à-dire que les quarante-cinq articles de John Wyclif et les trente de Jean Hus ne sont pas catholiques, mais que certains d'entre eux sont manifestement hérétiques, certains erronés, d'autres téméraires et séditieux, et que d'autres offensent les oreilles pies.

1252  12. De même s'il croit et affirme qu'il n'est licite dans aucun cas de prêter serment.

1253  13. De même s'il croit qu'il est licite de prêter serment de dire la vérité par mandat du juge, ou de le faire pour toute autre raison opportune, y compris pour se laver d'un déshonneur.

1254  14. De même s'il croit qu'un parjure commis sciemment, quelle qu'en soit la raison ou l'occasion, pour conserver sa propre vie ou celle d'autrui, même en faveur de la foi, est un péché mortel.

1255  15. De même s'il croit que quiconque, de façon délibérée, méprise le rite de l'Église, les cérémonies de l'exorcisme, du catéchisme et de la consécration de l'eau du baptême, commet un péché mortel.

1256  16. De même s'il croit qu'après la consécration faite par le prêtre il n'y a plus dans le sacrement de l'autel, sous le voile du pain et du vin, du pain et du vin matériels, mais en tout le même Christ qui a souffert sur la croix et qui siège à la droite du Père.

1257  17. De même s'il croit et affirme qu'après la consécration faite par le prêtre, sous la seule espèce du pain et indépendamment de l'espèce du vin, la vraie chair du Christ, son sang, son âme, sa divinité, tout le Christ est présent ; et que c'est le même corps absolument sous chacune de ces espèces prises séparément.

1258  18. De même s'il croit que la coutume observée par l'Église universelle, et approuvée par le saint concile de Constance de communier les personnes laïques uniquement sous l'espèce du pain, doit être respectée en ce sens qu'il n'est pas permis de la réprouver ou de la modifier à son gré sans l'autorisation de l'Église. Et que ceux qui disent le contraire de ce qui précède doivent être écartés et punis comme hérétiques ou comme sentant l'hérésie.

1259  19. De même s'il croit qu'un chrétien qui méprise la réception des sacrements de la confirmation, de l'extrême-onction ou de la solennisation du mariage, commet un péché mortel.

1260  20. De même s'il croit qu'un chrétien est tenu, pour être nécessairement sauvé, en plus de la contrition de son coeur, quand il peut trouver un prêtre qualifié, de se confesser au prêtre seulement et non à un laïc ou à des laïcs, si bons et si pieux qu'ils soient.

1261  21. De même s'il croit que le prêtre, dans le cas où il a la juridiction, peut absoudre de ses péchés un pécheur qui les confesse et qui a la contrition, et qu'il peut lui imposer une pénitence.

1262  22. De même s'il croit qu'un mauvais prêtre qui, avec la matière et la forme prescrites, a l'intention de faire ce que fait l'Église, consacre vraiment l'eucharistie, absout vraiment, baptise vraiment, confère vraiment les autres sacrements.

1263  23. De même s'il croit que le bienheureux Pierre a été le vicaire du Christ, ayant le pouvoir de lier et de délier sur terre.

1264  24. De même s'il croit que le pape canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre, ayant l'autorité suprême dans l'Église de Dieu.

1265  25. De même s'il croit que le pouvoir de juridiction du Pape, d'un archevêque ou d'un évêque, pour lier et délier, est plus grand que le pouvoir d'un simple prêtre, même ayant charge d'âme.

1266  26. De même s'il croit que le pape peut, pour de justes et pieuses raisons, concéder des indulgences pour la rémission des péchés à tous les chrétiens vraiment contrits qui se sont confessés, surtout à ceux qui visitent des saints lieux et qui leur tendent une main secourable.

1267  27. S'il croit que ceux qui, profitant d'une telle concession, visitent les églises et leur tendent une main secourable, peuvent recevoir les indulgences.

1268  28. De même s'il croit que les évêques peuvent concéder à leurs sujets, dans les limites des saints canons, des indulgences de cette sorte.

1269  29. De même s'il croit et affirme qu'il est permis que les reliques et les images des saints soient vénérées par les fidèles.

1270  30. De même s'il croit que les ordres reconnus par l'Église ont été introduits de façon légitime et raisonnable par les saints Pères.

1271  31. De même s'il croit que le pape ou un autre prélat, après mention du pape du moment, ou leurs vicaires, peuvent excommunier pour désobéissance leur sujet ecclésiastique ou séculier, et que celui-ci doit être considéré comme excommunié.

1272  32. De même s'il croit que si la désobéissance ou la révolte de l'excommunié s'accroît, les prélats ou leurs vicaires ont le pouvoir d'aggraver et d'aggraver encore, de jeter l'interdit et de faire appel au bras séculier, et que les sujets doivent obéir à ces censures.

1273  33. De même s'il croit que le pape et d'autres prélats et leurs vicaires pour les affaires spirituelles ont le pouvoir d'excommunier les prêtres et les laïcs désobéissants et révoltés, et de les suspendre de leur office, de leur bénéfice, de l'entrée dans l'église et de l'administration des sacrements.

1274  34. De même s'il croit qu'il est permis sans péché aux personnes ecclésiastiques d'avoir des possessions de ce monde et des biens temporels.

1275  35. De même s'il croit qu'il n'est pas permis aux laïcs de les leur enlever de leur propre initiative ; qu'au contraire, s'ils soustraient ces biens ecclésiastiques, les enlèvent et les occupent ainsi, ils doivent être punis comme sacrilèges, même si les personnes ecclésiastiques qui possèdent ces biens menaient mauvaise vie.

1276  36. De même s'il croit qu'une telle privation ou occupation, quel que soit le prêtre, même menant mauvaise vie, à qui elle aura été infligée ou imposée de façon téméraire et violente, implique un sacrilège.

1277  37. De même s'il croit qu'il est permis aux laïcs de l'un et l'autre sexe, à savoir aux hommes et aux femmes, de prêcher librement la Parole de Dieu.

1278  38. De même s'il croit qu'il est permis à tout prêtre de prêcher librement la Parole de Dieu, où, quand et à qui il le veut, même sans en avoir reçu la mission.

1279  39. De même s'il croit que tous les péchés mortels, et en particulier ceux qui sont manifestes, doivent être corrigés et extirpés publiquement.

Bulle “Gerentes ad vos” à l'abbé du monastère cistercien Altzelle en Saxe, 16 novembre 1427.

Pouvoir d'ordonner accordé à des prêtres.

1290  Éprouvant pour vous et pour votre monastère le sentiment d'un amour paternel, Nous nous soucions volontiers de vos avantages et Nous acquiesçons de bonne grâce à vos requêtes, en particulier à celles par lesquelles il est répondu à vos préjudices. C'est pourquoi, voulant vous conférer à vous et au monastère lui-même une prérogative de grâce et d'honneur, Nous te concédons, à toi, mon fils abbé, en vertu de l'autorité apostolique et par les présentes, la permission et aussi la faculté — à chaque fois que cela sera opportun à partir de maintenant et pour cinq ans — de réconcilier toutes les églises qui dans leur entier ou en partie relèvent du droit de collation, de provision, de présentation et de tout autre droit qui est le tien et celui de l'assemblée des tiens ainsi que les membres dudit monastère qui se trouvent dans le diocèse de Meissen et leurs cimetières qui ont été souillés par du sang ou de la semence, comme aussi de conférer tous les ordres sacrés à tous les moines de ce même monastère et à toutes les personnes qui te sont soumises en tant qu'abbé, sans que soit requise pour cela la permission de l'évêque du lieu et nonobstant toute constitution ou tout édit apostoliques qui y seraient contraires.

           EUGENE IV : 3 mars 1431 – 23 février 1447

La procession du Saint-Esprit

1300  Donc au nom de la sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, avec l'approbation de ce saint concile universel de Florence, nous définissons cette vérité de foi afin qu'elle soit crue et reçue par tous les chrétiens, et qu'ainsi tous le professent : que le Saint-Esprit est éternellement du Père et du Fils, et qu'il tient son essence et son être subsistant du Père et du Fils à la fois, et qu'il procède éternellement de l'un et de l'autre comme d'un seul principe et d'une spiration unique (voir le 2e concile de Lyon  850 ).

1301  déclarant que ce que disent les saints docteurs et les Pères, à savoir que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, tend à cette conception que par là est signifié que le Fils aussi est, selon les Grecs la cause, selon les Latins le principe de la subsistance du Saint-Esprit, aussi bien que le Père.

Et puisque tout ce qui est du Père, le Père lui-même l'a donné à son Fils unique en l'engendrant, sauf le fait d'être Père, ceci même que le Saint-Esprit procède du Fils, le Fils lui-même le tient éternellement du Père par lequel il a été aussi éternellement engendré.

1302  Nous définissons de plus l'explication contenue dans ces mots « et du Fils » a été ajoutée au symbole de façon licite et raisonnable afin d'éclairer la vérité et par une nécessité alors pressante.

1303  De même, dans le pain de froment, qu'il soit azyme ou fermenté, le Corps du Christ est véritablement formé et les prêtres doivent former le Corps même du Seigneur dans l'un ou l'autre de ces pains, c'est-à-dire selon la coutume de son Église, soit occidentale, soit orientale.

Le sort des défunts

1304  De même, si ceux qui se repentent véritablement meurent dans l'amour de Dieu, avant d'avoir par des fruits dignes de leur repentir réparé leurs fautes commises par actions ou par omission, leurs âmes sont purifiées après leur mort par des peines purgatoires et, pour qu'ils soient relevés de peines de cette sorte, leur sont utiles les suffrages des fidèles vivants, c'est-à-dire : offrandes de messes, prières et aumônes et autres œuvres de piété qui sont accomplies d'ordinaire par les fidèles pour d'autres fidèles, selon les prescriptions de l'Église.

1305  Et les âmes de ceux qui après avoir reçu le baptême n'ont été souillées d'absolument aucun péché, celles aussi qui après avoir été souillées par le péché, soit étant dans leurs corps, soit une fois dépouillées de ces mêmes corps, sont purifiées ainsi qu'il a été dit plus haut, elles sont aussitôt reçues au ciel et contemplent clairement Dieu trine et un lui-même, tel qu'il est ; toutefois certaines plus parfaitement que d'autres selon la diversité de leurs mérites.

1306  Quant aux âmes de ceux qui disparaissent en état effectif de péché mortel ou seulement originel, elles descendent aussitôt en enfer, pour y être punies cependant de peines inégales  856-858 .

Le rang des sièges patriarcaux ; le primat romain

1307  De même nous définissons que le Saint-Siège apostolique et le pontife romain détiennent le primat sur tout l'univers et que le pontife romain est quant à lui le successeur du bienheureux Pierre prince des apôtres et le vrai vicaire du Christ, la tête de l'Église entière, le père et le docteur de tous les chrétiens, et que c'est à lui qu'a été transmis par notre Seigneur Jésus Christ, dans le bienheureux Pierre, le pouvoir plénier de paître, de diriger et de gouverner l'Église universelle, ainsi qu'il est contenu dans les actes des conciles oecuméniques et dans les saints canons.

1308  Nous renouvelons de plus l'ordre attesté par les canons pour les autres vénérables patriarches, de telle sorte que le patriarche de Constantinople soit le deuxième après le très saint pontife romain, celui d'Alexandrie le troisième, celui d'Antioche le quatrième et celui de Jérusalem le cinquième, étant bien sûr intacts tous leurs privilèges et leurs droits.

Décret “Moyses vir Dei” contre le concile de Bâle, 4 septembre 1439.

La dépendance du concile général par rapport au pape.

1309  (Les membres du concile de Bâle)... ont publié trois propositions qu'ils appellent des vérités de foi, déclarant en quelque sorte hérétiques nous et tous les princes, prélats et autres fidèles dévoués au Siège apostolique, et dont voici la teneur mot pour mot :

   La vérité sur le pouvoir du concile général représentant l'Église universelle, déclaré supérieur à celui du pape et de n'importe quel autre par les conciles généraux de Constance et présentement de Bâle, est une vérité de foi catholique.

Cette vérité que le pape ne peut en aucune manière, de sa propre autorité, dissoudre un concile général représentant l'Église universelle légitimement réuni sur une des questions énoncées dans la précédente vérité ou sur l'une d'elles, ni le renvoyer à une autre date, ni le transférer en un autre lieu, sans le consentement de ce concile, est une vérité de foi catholique.

Qui s'oppose avec obstination aux précédentes vérités doit être considéré comme hérétique.

(Condamnation :)... les propositions elles-mêmes recopiées ci-dessus selon l'interprétation perverse de ces gens de Bâle, qu'ils montrent par le fait, contraire à la saine intention de la sainte Écriture, des saints Pères et du concile de Constance lui-même, sans oublier la prétendue sentence ci-dessus de déclaration ou de privation avec tout ce qui s'en est suivi et qui pourrait s'ensuivre à l'avenir, comme impies et scandaleuses, et aussi tendant à une scission manifeste de l'Église de Dieu et à la confusion de tout l'ordre ecclésiastique et du principat chrétien.

Bulle sur l'union avec les Arméniens, “Exsultate Deo”, 22 novembre 1439.

Décret pour les Arméniens.

(sont cités tout d'abord :

1 - la profession de Constantinople , avec l'insertion du “Filioque”  150

2 - la définition du Concile de Chalcédoine sur les deux natures dans le Christ  301-303

3 - La définition du Concile sur les deux volontés du Christ  557

4 - Le décret sur l'autorité du concile de Chalcédoine et de Léon le Grand.)

1310  En cinquième lieu nous avons résumé la vérité des sacrements de l'Église, pour une plus facile instruction des Arméniens actuels comme des futurs, sous la très brève formule suivante : les sacrements de la nouvelle Loi sont au nombre de sept, à savoir le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage, qui diffèrent beaucoup des sacrements de l'ancienne Loi. Ceux-ci en effet n'étaient pas cause de la grâce, ils étaient seulement la figure de celle qui devait être donnée par la Passion du Christ. Les nôtres en revanche contiennent la grâce et la confèrent à ceux qui les reçoivent comme il convient.

1311  Les cinq premiers d'entre eux ont été ordonnés pour la perfection spirituelle de chaque homme en soi-même, les deux derniers pour la conduite et la multiplication de l'Église entière. Par le baptême en effet nous renaissons spirituellement ; par la confirmation nous croissons dans la grâce et nous sommes fortifiés par la foi. Nés à nouveau et fortifiés, nous sommes nourris par l'aliment de la divine eucharistie. Et si, par le péché, nous tombons dans une maladie de l'âme, nous sommes guéris spirituellement par la pénitence. Spirituellement et corporellement, selon qu'il convient à l'âme par l'extrême-onction. Mais par l'ordre l'Église est gouvernée et multipliée spirituellement, par le mariage elle est accrue corporellement.

1312  Tous ces sacrements sont accomplis par trois constituants : des choses qui en sont comme la matière, des paroles qui en sont comme la forme, et la personne du ministre qui confère le sacrement avec l'intention de faire ce que fait l'Église. Si l'un de ces constituants manque, le sacrement n'est pas accompli.

Les sacrements

1313  Parmi ces sacrements il y en a trois, le baptême, la confirmation et l'ordre, qui impriment dans l'âme un caractère, c'est-à-dire un certain signe spirituel qui distingue de tous les autres, indélébile. C'est pourquoi ils ne sont pas réitérés dans la même personne. Les quatre autres n'impriment pas de caractère et admettent la réitération.

1314  La première place de tous les sacrements est tenue par le saint baptême, qui est la porte de la vie spirituelle ; par lui nous devenons membres du Christ et du corps de l'Église. Et comme par le premier homme la mort est entrée en tous Rm 5,12, si nous ne renaissons pas par l'eau et l'esprit nous ne pouvons, comme dit la Vérité, entrer dans le Royaume des cieux Jn 3,5.

La matière de ce sacrement est l'eau vraie et naturelle, et il n'importe pas qu'elle soit froide ou chaude.

Sa forme est : « moi je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Cependant nous ne nions pas que par les mots « que tel serviteur du Christ soit baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ou : « par mes mains est baptisé un tel au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ne soit accompli un véritable baptême. Puisque la cause principale d'où le baptême tient sa vertu est la sainte Trinité, la cause instrumentale le ministre qui donne le sacrement externe, si l'acte qui est exécuté par ce ministre est exprimé avec invocation de la sainte Trinité, le sacrement est accompli.

1315  Le ministre de ce sacrement est le prêtre à qui il incombe de par sa charge de baptiser ; mais en cas de nécessité, ce n'est pas seulement un prêtre ou un diacre, mais même un laïc ou une femme, bien plus un païen et un hérétique qui peut baptiser, pourvu qu'il respecte la forme de l'Église et ait l'intention de faire ce que fait l'Église.

1316  L'effet de ce sacrement est la rémission de toute faute originelle et actuelle, et de tout châtiment qui est dû pour cette faute ; par conséquent aucune réparation ne doit être imposée aux baptisés pour leurs péchés passés, mais s'ils meurent avant d'avoir commis une faute quelconque, ils parviennent aussitôt au Royaume des cieux et à la vision de Dieu.

1317  Le deuxième sacrement est la confirmation dont la matière est le chrême fait d'huile, qui signifie la lumière de la conscience, et de baume, qui signifie l'odeur de la bonne réputation, béni par l'évêque.

La forme est « Je te signe du signe de la croix et te confirme par le chrême du salut au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».

1318  Son ministre ordinaire est l'évêque. Et alors que le simple prêtre peut appliquer toutes les onctions, seul l'évêque doit conférer celle-ci, parce qu'on lit des seuls apôtres, dont les évêques tiennent le rôle, qu'ils donnaient le Saint-Esprit par l'imposition de la main comme le montre la lecture des Actes des Apôtres, « Car comme les apôtres, est-il dit, qui étaient à Jérusalem avaient appris que la Samarie avait reçu le Verbe de Dieu, ils envoyèrent vers eux Pierre et Jean qui une fois arrivés prièrent pour eux afin qu'ils reçoivent le Saint-Esprit ; car il n'était encore venu en aucun d'eux, mais ils étaient baptisés seulement au nom du Seigneur Jésus ; alors ils leur imposaient la main et eux recevaient l'Esprit Saint » Ac 8,14-17. Au lieu de cette imposition de la main, dans l'Église on donne la confirmation. On lit cependant quelquefois que par une dispense du Siège apostolique pour un motif raisonnable et tout à fait urgent un simple prêtre avec du chrême confectionné par l'évêque a administré le sacrement de confirmation.

1319  L'effet de ce sacrement est, parce que en lui est donné le Saint-Esprit pour la force, comme il a été donné aux apôtres le jour de la Pentecôte, qu'assurément le chrétien confesse audacieusement le nom du Christ. C'est pourquoi celui qui doit être confirmé est oint sur le front où est le siège de la pudeur, pour qu'il ne rougisse pas de confesser le nom du Christ et surtout sa croix qui est « scandale pour les juifs, mais pour les païens une folie » 1Co 1,23, selon l'Apôtre ; c'est à cause de cela qu'on se signe le front du signe de la croix.

1320  Le troisième sacrement est l'eucharistie, dont la matière est le pain de froment et le vin de la vigne, auquel avant la consécration doit être mêlé un tout petit peu d'eau. On y mêle de l'eau pour la raison que d'après les témoignages des saints Pères et docteurs de l'Église présentés récemment dans la discussion on croit que le Seigneur lui-même a institué ce sacrement au moyen de vin mêlé d'eau.

En outre parce que cela convient à la représentation de la Passion du Seigneur. Le bienheureux pape Alexandre, le cinquième à partir du bienheureux Pierre dit en effet " Dans les offrandes des sacrements qui au cours des solennités des messes sont offertes au Seigneur, que soient offerts en sacrifice seulement du pain et du vin mêlé d'eau. Car dans le calice du Seigneur on ne doit pas offrir seulement du vin ou seulement de l'eau, mais un mélange des deux, parce que les deux, c'est-à-dire le sang et l'eau ont coulé du flanc du Christ, lit-on Jn 19,34.

Puis aussi parce que cela convient pour signifier l'effet de ce sacrement qui est l'union du peuple chrétien au Christ. L'eau en effet signifie le peuple selon ce passage de l'Apocalypse : nombreuses eaux, nombreux peuples Ap 17,15 . Et le pape Jules, le deuxième après le bienheureux Silvestre, dit : « Le calice du Seigneur selon la prescription des canons doit être offert mêlé de vin et d'eau, parce que nous voyons que par l'eau on entend le peuple, et par le vin on comprend le sang du Seigneur ; donc quand dans le calice se mêlent le vin et l'eau, le peuple est uni au Christ et la foule des fidèles est attachée et jointe à celui en qui elle croit ».

Donc puisque la sainte Église romaine instruite par les très bienheureux apôtres Pierre et Paul aussi bien que toutes les autres Églises des Latins et des Grecs, dans lesquelles ont brillé les lumières de toute sainteté et savoir, ont respecté cet usage depuis le commencement de l'Église naissante et le respectent aujourd'hui, il paraît tout à fait inconvenant qu'une autre région quelconque soit en désaccord avec cette observance universelle et raisonnable. Nous décrétons donc que les Arméniens, eux aussi, se conforment à tout le monde chrétien et que leurs prêtres, lors de l'offrande du calice, mêlent au vin un tout petit peu d'eau, comme il a été dit.

1321  La forme de ce sacrement, ce sont les paroles du Sauveur pour lesquelles il a effectué ce sacrement. Car le prêtre effectue ce sacrement en parlant en la personne du Christ. En effet par la vertu de ces paroles la substance du pain se change en corps du Christ et celle du vin en son sang, en sorte cependant que le Christ est contenu tout entier sous l'apparence du pain et tout entier sous l'apparence du vin. Sous n'importe quelle partie aussi de l'hostie consacrée et du vin consacré, une fois la séparation faite, le Christ est tout entier.

1322  L'effet de ce sacrement, qu'il opère dans l'âme de celui qui le reçoit dignement, est l'union de l'homme au Christ. Et parce que par la grâce l'homme est incorporé au Christ et uni à ses membres, il en résulte que par ce sacrement la grâce est accrue chez ceux qui le reçoivent dignement, et tout l'effet que la nourriture et la boisson matérielle produisent en ce qui concerne la vie corporelle, en la soutenant, l'accroissant, la réparant et la délectant, ce sacrement l'opère en ce qui concerne la vie spirituelle, car par lui, comme le dit le pape Urbain (IV) ; 846  , nous repassons en pensée le souvenir plein de grâce de notre Sauveur, nous sommes retirés du mal, confortés par le bien et nous progressons vers un surcroît de vertus et de grâces.

1323  Le quatrième sacrement est la pénitence, dont la matière en quelque sorte est constituée par les actes de pénitence qui se divisent en trois sortes : la première est la contrition du coeur à laquelle se rapporte la douleur du péché commis avec la résolution de ne plus pécher désormais. La deuxième est la confession de bouche pour laquelle il importe que le pécheur confesse intégralement à son prêtre tous les péchés dont il a le souvenir. La troisième est la réparation pour les péchés selon le jugement du prêtre ; elle se fait surtout par l'oraison, le jeûne et l'aumône.

La forme de ce sacrement ce sont les paroles de l'absolution que prononce le prêtre quand il dit : « Moi je t'absous ». Le ministre de ce sacrement est le prêtre ayant l'autorité pour absoudre soit ordinaire soit par délégation d'un supérieur. L'effet de ce sacrement est l'absolution des péchés.

1324  Le cinquième sacrement est l'extrême-onction dont la matière est l'huile d'olive bénite par l'évêque. Ce sacrement ne doit être donné qu'à un malade dont on craint la mort il doit être oint en ces endroits : sur les yeux à cause de la vue, sur les oreilles à cause de l'ouïe, sur les narines à cause de l'odorat, sur la bouche à cause du goût et de la parole, sur les mains à cause du tact, sur les pieds à cause de la marche, sur les reins à cause de la délectation qui y a sa vigueur.

La forme de ce sacrement est celle-ci : « Par cette onction et sa miséricorde pleine de pitié, que le Seigneur te pardonne toutes les fautes que tu as commises par la vue » et pareillement sur tous les autres organes.

1325  Le ministre de ce sacrement est le prêtre. Quant à son effet il est la guérison de l'esprit et, pour autant que cela est utile à l'âme, celle aussi du corps. De ce sacrement le bienheureux apôtre Jacques dit : « L'un de vous est-il malade ? qu'il fasse venir les prêtres de l'église pour qu'ils prient sur lui, l'oignant avec de l'huile au nom du Seigneur ; et la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera, et s'il est dans les péchés, ils lui seront remis » Jc 5,14.

1326  Le sixième est le sacrement de l'ordre dont la matière est ce par transmission de quoi est conféré l'ordre. Par exemple la prêtrise est transmise par l'acte de tendre le calice avec le vin et la patène avec le pain. Le diaconat par la dation du livre des évangiles et le sous-diaconat par la remise du calice vide avec la patène vide placée au-dessus. Et pareillement des autres par l'assignation des objets concernant leurs ministères.

La forme du sacerdoce est la suivante : « Reçois le pouvoir d'offrir le sacrifice dans l'Église pour les vivants et les morts, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Et ainsi des formes des autres ordres, comme elles sont contenues amplement dans le pontifical romain. Le ministre ordinaire de ce sacrement est l'évêque. Son effet est l'accroissement de la grâce, pour que quelqu'un soit ministre qualifié du Christ.

1327  Le septième est le sacrement du mariage qui est le signe de l'union du Christ et de l'Église selon l'Apôtre qui dit « C'est un grand sacrement, moi je vous le dis, dans le Christ et dans l'Église » Ep 5,32. La cause efficiente du mariage est régulièrement le consentement mutuel exprimé de vive voix par des paroles.

On assigne un triple bien au mariage. Le premier est d'avoir des enfants et de les élever en vue du culte de Dieu. Le deuxième est la fidélité que chacun des époux doit garder envers l'autre. Le troisième est l'indivisibilité du mariage, pour la raison qu'il signifie l'union indivisible du Christ et de l'Église. Et quoique, pour motif de fornication, il soit licite de faire la séparation de lit, il n'est pourtant pas permis de contracter un autre mariage, puisque le lien du mariage légitimement contracté est perpétuel.

(suivent : 6 - la profession de foi dite d'Athanase  [?]  7 - le décret d'union avec les Grecs  [?] ; 8 - un décret prescrivant que certaines fêtes doivent être célébrées en commun avec l'Église romaine ; ensuite tout se termine ainsi :)

1328  Une fois ces points expliqués, les susdits orateurs des Arméniens en leur nom propre et au nom de leur patriarche et de tous les Arméniens acceptent, reconnaissent et embrassent avec une entière dévotion et obéissance ce très salutaire décret synodal avec tous ses chapitres, déclarations, définitions, enseignements, prescriptions et statuts, et toute la doctrine enregistrée dans ce décret ainsi que tout ce que soutient et enseigne le Saint-Siège apostolique et l'Église romaine. Ils reconnaissent aussi avec respect les docteurs et saints Pères qu'approuve l'Église romaine. Et toutes les personnes et tout ce que l'Église romaine réprouve et condamne, eux aussi les tiennent pour réprouvés et condamnés.

Bulle sur l'union avec les coptes et les Ethiopiens, “Cantate Domino”, 4 février 1442 (1441 selon le comput de Florence)

Décret pour les jacobites.

1330  La très sainte Église romaine, fondée par la voix de notre Seigneur et Sauveur, croit fermement, professe et prêche un seul vrai Dieu, tout-puissant, immuable et éternel ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; un en essence, trine en personnes, le Père inengendré, le Fils engendré par le Père, le Saint-Esprit procédant du Père et du Fils ; le Père n'est pas le Fils ou le Saint-Esprit, le Saint-Esprit n'est pas le Père ou le Fils, mais le Père est seulement le Père, le Fils est seulement le Fils, le Saint-Esprit est seulement le Saint-Esprit. Le Père seul a engendré de sa substance le Fils. Le Fils seul est né du Père seul. Le Saint-Esprit seul procède à la fois du Père et du Fils. Ces trois personnes sont un seul Dieu, non trois dieux, parce que des trois une est la substance, une l'essence, une la nature, une la divinité, une l'infinité, une l'éternité, et toutes choses sont une, là où ne se rencontre pas l'opposition d'une relation.

1331  « En raison de cette unité le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit, le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit, le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils. Aucun ne précède l'autre par son éternité ou ne l'excède en grandeur ou ne le surpasse en pouvoir. Car c'est éternellement et sans commencement que le Fils naît du Père, et éternellement et sans commencement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ».Tout ce que le Père est ou a, il l'a non pas d'un autre, mais de soi et il est principe sans principe. Tout ce que le Fils est ou a, il l'a du Père, et il est principe issu d'un principe. Tout ce que le Saint-Esprit est ou a, il l'a à la fois du Père et du Fils. Mais le Père et le Fils ne sont pas deux principes du Saint-Esprit, mais un seul principe, de même que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois principes de la créature, mais un seul principe.

1332  Donc tous ceux qui pensent des choses opposées ou contraires, l'Église les condamne, les réprouve, les anathématise et les dénonce comme étrangers au corps du Christ qu'est l'Église. Par suite elle condamne Sabellius qui confond les personnes et ôte complètement la distinction réelle entre elles, elle condamne les ariens, les eunomiens, les macédoniens qui disent que le Père est seul vrai Dieu et placent le Fils et le Saint-Esprit au rang des créatures. Elle condamne aussi tous les autres qui établissent des degrés ou une inégalité dans la Trinité.

1333  Elle croit très fermement, professe et prêche que vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, est le créateur de toutes choses visibles et invisibles, qui, quand il l'a voulu a créé par bonté toutes les créatures tant spirituelles que corporelles, bonnes assurément parce qu'elles ont été faites par le souverain Bien, mais muables, parce qu'elles ont été faites à partir du néant, et elle affirme que le mal n'est pas de nature, parce que toute nature, en tant qu'elle est nature, est bonne.

1334  Elle professe qu'un seul et même Dieu est l'auteur de l'Ancien et du Nouveau Testament, c'est-à-dire de la Loi et des prophètes, et des évangiles, car c'est par l'inspiration du même Esprit Saint qu'ont parlé les saints de l'un et l'autre Testament, dont l'Église reconnaît et vénère les livres qui sont contenus sous les titres suivants.

1335  Cinq de Moïse, c'est-à-dire : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome ; Josué, Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux de Paralipomènes, Esdras, Néhémie, Tobie, Judith, Esther, Job, les Psaumes de David, les Paraboles, l'Ecclésiaste, les Cantiques des Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, Baruch, Ezéchiel, Daniel, les douze petits prophètes, c'est-à-dire : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, les deux livres des Maccabées, les quatre évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc, de Jean ; les quatorze épîtres de Paul, aux Romains, les deux aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, les deux aux Thessaloniciens, aux Colossiens, les deux à Timothée et à Tite, à Philémon, aux Hébreux ; deux de Pierre ; trois de Jean ; une de Jacques ; une de Jude ; les Actes des Apôtres, et l'Apocalypse de Jean.

1336  C'est pourquoi elle anathématise la folie des manichéens qui ont posé deux premiers principes, l'un des choses visibles, l'autre des invisibles et ont dit qu'il y a un Dieu du Nouveau Testament et un autre de l'Ancien.

1337  Elle croit fermement, professe et prêche qu'une seule personne de la Trinité, vrai Dieu Fils de Dieu né du Père, consubstantiel et coéternel au Père, dans la plénitude de temps disposée par l'inscrutable profondeur du dessein divin a pour le salut du genre humain assumé dans le ventre immaculé de la Vierge Marie la vraie et entière nature d'un homme et se l'est attachée dans l'unité d'une personne avec une si profonde unité que tout ce qui en elle est de Dieu n'est pas séparé de l'homme et tout ce qui est de l'homme n'est pas divisé de la divinité, mais qu'il est un seul et même indivisible, chacune des deux natures subsistant dans ses propriétés, Dieu et homme, Fils de Dieu et Fils de l'homme égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon son humanité" (Profession de foi du Pseudo-Athanase : II. Schéma bipartite trinitaire-christologique, immortel et éternel de par la nature de la divinité, passible et temporel de par la condition de l'humanité assumée.

1338  Elle croit fermement, professe et prêche que le Fils de Dieu dans l'humanité assumée est véritablement né de la Vierge, a véritablement souffert, est véritablement mort et a été enseveli, est véritablement ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, et viendra à la fin des siècles pour juger les vivants et les morts.

1339  Elle anathématise, exècre et condamne toute hérésie soutenant des thèses contraires. Et d'abord elle condamne Ebio, Cérinthe, Marcion, Paul de Samosate, Photin et tous ceux qui blasphèment semblablement qui, ne pouvant comprendre l'union personnelle de l'humanité au Verbe Jésus Christ, notre Seigneur, ont nié qu'il soit vrai Dieu, le reconnaissant seulement comme homme qui, par une participation plus grande à la grâce divine qu'il avait reçue par le mérite de sa vie plus sainte, s'était appelé homme divin.

1340  Elle anathématise aussi Mani et ses sectateurs qui, imaginant que le Fils de Dieu a assumé non point un vrai corps, mais un corps apparent, ont entièrement supprimé la vérité dans le Christ.

1341  Et aussi Valentin qui prétend que le Fils de Dieu n'a rien pris de la Vierge Mère, mais a assumé un corps céleste et a traversé l'utérus de la Vierge comme s'écoule l'eau d'un aqueduc.

1342  Arius aussi qui, prétendant que le corps assumé au sortir de la Vierge manquait d'âme, a voulu qu'au lieu d'une âme il y ait eu la divinité.

1343  Apollinaire encore qui, comprenant que si l'on niait une âme qui informe le corps, il n'y avait pas non plus dans le Christ d'humanité véritable, a posé seulement une âme sensitive, mais dit que la divinité du Verbe tenait lieu d'âme rationnelle.

1344  Elle anathématise aussi Théodore de Mopsueste et Nestorius qui prétendent que l'humanité a été unie au Fils de Dieu par la grâce, et que pour cela il y a dans le Christ deux personnes, de même qu'ils professent qu'il y a deux natures, car ils ne pouvaient comprendre qu'il y ait eu union hypostatique de l'humanité au Verbe et pour cette raison niaient qu'elle ait reçu la substance du Verbe. Car selon ce blasphème ce n'est pas le Verbe qui s'est fait chair, mais le Verbe par la grâce a habité dans la chair, c'est-à-dire que ce n'est pas le Fils de Dieu qui s'est fait homme, mais plutôt le Fils de Dieu qui a habité dans l'homme.

1345  Elle anathématise aussi, exècre et condamne l'archimandrite Eutychès, qui, comprenant que selon le blasphème de Nestorius la vérité de l'Incarnation est exclue et que par conséquent il faut que l'humanité ait été unie au Verbe de Dieu de telle sorte qu'il y eût une seule et même personne de la divinité et de l'humanité et de plus ne pouvant concevoir l'unité de la personne si la pluralité des natures restait, de même qu'il a posé qu'il y a dans le Christ une seule personne de la divinité et de l'humanité, il a de même prétendu qu'il y a une seule nature, admettant avec un blasphème et une impiété extrêmes ou bien que l'humanité s'était changée en divinité ou bien la divinité en humanité.

1346  L'Église anathématise aussi, exècre et condamne Macaire d'Antioche et tous ceux qui professent des thèses semblables, qui, tout en soutenant avec vérité la dualité des natures et l'unité de la personne, s'est pourtant démesurément trompé sur les opérations du Christ, disant que dans le Christ les deux natures n'avaient qu'une seule opération et une seule volonté. La sacro-sainte Église romaine anathématise tous ces hommes avec leurs hérésies, en affirmant qu'il y a dans le Christ deux volontés et deux opérations.

1347  Elle croit fermement, professe et enseigne que jamais être conçu d'un homme et d'une femme n'a été délivré de la domination du diable, sinon par la foi en notre Seigneur Jésus Christ médiateur entre Dieu et les hommes 1Tm 2,5, qui, conçu, né et mort sans péché, a seul par sa mort abattu l'ennemi du genre humain, en détruisant nos péchés, qui a de nouveau ouvert l'entrée du Royaume céleste que le premier homme avait perdue par son propre péché avec toute sa descendance, et dont la future venue a été annoncée par tous les saints sacrifices, sacrements et cérémonies de l'Ancien Testament.

1348  Elle croit fermement, professe et enseigne que les prescriptions légales de l'Ancien Testament qui se divisent en cérémonies, saints sacrifices, sacrements, parce qu'ils avaient été institués pour signifier quelque chose de futur, bien qu'en ce temps-là ils aient été adaptés au culte divin, une fois venu notre Seigneur Jésus Christ qui était signifié par eux, ont pris fin et qu'ont commencé les sacrements du Nouveau Testament. Quiconque encore après la Passion met son espoir dans les prescriptions légales et se soumet à elles en les croyant nécessaires au salut, comme si la foi dans le Christ ne pouvait sauver sans elles, a péché mortellement. Elle ne nie pas cependant que, depuis la Passion du Christ jusqu'à la promulgation de l'Évangile, elles ont pu être respectées du moins dans la mesure où on les croyait si peu que ce fût nécessaires au salut. Mais, après la promulgation de l'Évangile, l'Église affirme qu'elles ne peuvent être respectées sans l'anéantissement du salut éternel.

Donc elle dénonce comme étrangers à la foi du Christ tous ceux qui depuis ce temps-là observent la circoncision, le sabbat et les autres prescriptions légales, et affirme qu'ils ne peuvent pas du tout avoir part au salut éternel, sauf si un jour ils reviennent de ces erreurs. Donc à tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, elle prescrit de manière absolue qu'à n'importe quel moment soit avant soit après le baptême il faut renoncer à la circoncision, que l'on place en elle ou non son espoir, elle ne peut être respectée sans anéantissement du salut éternel.

1349  Au sujet des enfants, en raison du péril de mort qui peut souvent se rencontrer, comme il n'est pas possible de leur porter secours par un autre remède que par le sacrement du baptême, par lequel ils sont arrachés à la domination du diable et sont adoptés comme enfants de Dieu, elle avertit qu'il ne faut pas différer le baptême pendant quarante ou quatre-vingts jours ou une autre durée, comme font certains, mais qu'il doit être conféré le plus tôt qu'il sera commodément possible, mais de telle sorte que, s'il y a péril de mort immédiat, ils soient baptisés sans aucun délai, même par un laïc ou une femme, dans la forme de l'Église, si un prêtre fait défaut, comme il est contenu plus complètement dans le décret des Arméniens  1315.

1350  Elle croit fermement, professe et prêche que toute créature de Dieu est bonne « et que rien n'est à rejeter, si on le reçoit avec action de grâces » 1Tm 4,4, parce que selon la parole du Seigneur : « Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme » Mt 15,11, et elle affirme que la différence que fait la Loi de Moïse entre aliments purs et impurs appartient à ce qui est cérémoniel, qui avec l'apparition de l'Évangile s'est effacé et a cessé d'être efficace. Elle dit aussi que l'interdiction faite par les apôtres « des viandes immolées aux idoles, du sang, de la chair étouffée » Ac 15,29, convenait à ce temps-là où, des juifs et des gentils qui vivaient avec des cérémonies et des mœurs différentes, naissait une seule Église, de sorte que, les gentils aussi observaient certaines choses en commun avec les juifs, et que l'occasion était offerte de se rassembler dans un même culte de Dieu et la même foi, et qu'un sujet de dissension était supprimé, puisque les juifs en raison de leur antique tradition considéraient comme abominable le sang et la chair étouffée, et on pouvait penser qu'en mangeant la viande immolée les gentils reviendraient à l'idolâtrie. Mais quand la religion chrétienne se fut propagée jusqu'à un point tel qu'on ne voyait plus en elle un seul juif charnel, mais que tous ceux qui passaient à l'Église communiaient dans les mêmes rites et cérémonies de l'Évangile, croyant qu’« aux purs tout est pur » Tt 1,15, la cause de cette interdiction apostolique ayant cessé, elle prit fin.

Elle proclame donc qu'aucune sorte de nourriture qu'accepte la société humaine ne doit être condamnée, et qu'aucune distinction ne doit être faite entre les animaux par qui que ce soit, homme ou femme, et de quelque genre de mort qu'ils périssent, bien que pour la santé du corps, pour l'entraînement à la vertu, pour la discipline régulière et ecclésiastique beaucoup d'entre eux qui ne sont pas interdits doivent être écartés ; car selon l'Apôtre « toutes sont permises, mais toutes ne sont pas avantageuses » 1Co 6,12 ; 1Co 10,23.

1351  Elle croit fermement, professe et prêche qu’« aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l'Église catholique, non seulement païens mais encore juifs ou hérétiques et schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle, mais iront “dans le feu éternel qui est préparé par le diable et ses anges” Mt 25,41, à moins qu'avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés ; elle professe aussi que l'unité du corps de l'Église a un tel pouvoir que les sacrements de l'Église n'ont d'utilité en vue du salut que pour ceux qui demeurent en elle, pour eux seuls jeûnes, aumônes et tous les autres devoirs de la piété et exercices de la milice chrétienne enfantent les récompenses éternelles, et que “personne ne peut être sauvé, si grandes que soient ses aumônes, même s'il verse son sang pour le nom du Christ, s'il n'est pas demeuré dans le sein et dans l'unité de l'Église catholique” ».

1352  Mais parce que dans le décret des Arméniens rapporté ci-dessus n'a pas été expliquée la formule qu'a toujours eu coutume d'employer, dans la consécration du Corps et du Sang du Seigneur la sacro-sainte Église romaine, affermie par la doctrine et l'autorité des apôtres Pierre et Paul, nous pensons qu'il faut l'introduire dans les présentes. Dans la consécration du Corps du Seigneur elle utilise cette formule : « Ceci est mon corps » ; dans celle du Sang : « Car ceci est le calice de mon sang, nouvelle et éternelle alliance, mystère de foi, qui pour vous et pour beaucoup sera répandu en rémission des péchés ».

Quant au pain de froment dans lequel s'accomplit le sacrement, il est absolument sans importance qu'il ait été cuit ce jour-là, ou plus tôt ; car pourvu que la substance du pain subsiste, il ne faut absolument pas douter que, après que les mots cités de la consécration du Corps ont été prononcés par le prêtre avec l'intention de l'accomplir, il sera aussitôt transsubstantié dans le vrai Corps du Christ.

1353  Puisque, assure-t-on, certains rejettent comme condamnées des quatrièmes noces, pour qu'on ne croie pas qu'il y ait un péché là où il n'y en a pas, comme selon l'Apôtre quand le mari est mort l'épouse est libérée de sa loi et a la permission d'épouser qui elle veut dans le Seigneur Rm 7,2 ; 1Co 7,39, et qu'il ne distingue pas si le mort est son premier, son deuxième ou son troisième mari, nous déclarons que peuvent être licitement contractées non seulement des deuxièmes et des troisièmes, mais encore des quatrièmes et davantage, si n'y fait pas obstacle un empêchement canonique. Cependant nous disons que sont plus louables celles qui s'abstenant ensuite du mariage demeureront dans la chasteté, parce que nous estimons que si la virginité est préférable au veuvage, de même un chaste veuvage est loué, à juste titre comme préférable à des noces.

           NICOLAS V : 6 mars 1447 – 24/25 mars 1455

           CALIXTE III : 8 avril 1455 – 6 Août 1458

Constitution “Regimini universalis” à l'Evêque de Magdebourg, Naumbourg et Halberstadt, 6 mai 1455.

Usure et contrat de cens

1355  Une supplique qui Nous a été récemment adressée disait que depuis très longtemps, et de mémoire d'homme on ne se souvient plus du contraire, dans différentes parties de l'Allemagne, pour le bien commun des hommes parmi les habitants de ces contrées et ceux qui y séjournent, s'était établie et avait été gardée jusqu'à présent la coutume suivante :

les habitants et les résidents, ceux du moins à qui leur condition ou leur avantage leur en suggérait l'utilité, avaient l'habitude de vendre les revenus ou rentes annuelles en marcs, florins et gros — monnaies qui ont cours dans ces pays — provenant de leurs biens, maisons, champs, fonds, possessions ou héritages et, pour chaque marc, florin ou gros, de recevoir en espèces des acquéreurs de ces revenus ou rentes un prix déterminé convenable, variant selon les époques, selon les conventions intervenues à ce sujet entre les vendeurs et les acheteurs eux-mêmes, hypothéquant de façon efficace par le paiement de ces revenus ou rentes ceux des biens, des terres, des champs, des fonds, des possessions et des héritages qui étaient expressément mentionnés dans ces contrats ; en faveur de ces vendeurs ; il était ajouté ceci :

Si ceux-ci restituent aux acheteurs en tout ou en partie la somme reçue d'eux, ils sont entièrement libres, en proportion de cette restitution, de l'obligation de payer les revenus ou rentes afférant à la somme restituée, mais que ces mêmes acheteurs, même si ces biens, maisons, terres, champs, possessions et héritages ont été entièrement détruits ou dévastés avec le temps, ne pouvaient pas recouvrer la somme versée elle-même, même en recourant aux tribunaux.

1356  Certains cependant sont hésitants et inquiets, se demandant si les contrats de ce genre doivent être considérés comme licites. C'est pourquoi certains qui les considèrent comme usuraires en prennent occasion pour refuser le paiement des revenus et des rentes qu'ils doivent. ...

1357  Nous donc..., pour lever à ce sujet toute équivoque et toute incertitude, en vertu de notre autorité apostolique, nous déclarons par les présentes que les contrats précités sont licites et conformes au droit, et que ces vendeurs, toute opposition cessant, sont tenus effectivement au paiement de ces rentes et de ces revenus conformément à la teneur des contrats en question.

           PIE II : 19 Août 1458 – 14 Août 1464

Propositions condamnées de Zaninus de Solcia dans la lettre “cum sicut accepimus”, 14 novembre 1459.

Erreurs de Zaninus de Solcia.

1361  (1) Le monde doit être consumé et prendre fin de façon naturelle, la chaleur du soleil consumant l'humidité de la terre et de l'air en sorte que les éléments s'enflamment.

1362  (2) Et  tous les chrétiens doivent être sauvés.

1363  (3) Et aussi : Dieu a créé un autre monde encore que celui-ci, et dans le temps de ce dernier il a existé beaucoup d'autres hommes et de femmes, et que par conséquent Adam n'a pas été le premier homme.

1364  (4) De même Jésus Christ n'a pas souffert et n'est pas mort pour la Rédemption par amour pour le genre humain mais en raison de l'influence nécessitante des astres.

1365  (5) De même : Jésus Christ, Moïse et Mahomet ont dirigé le monde selon leur bon plaisir.

1366  (6) De même : notre Seigneur Jésus Christ est né illégitime, et il n'est pas dans l'hostie consacrée selon l'humanité mais seulement selon la divinité.

1367  (7) La luxure en dehors du mariage n'est un péché qu'à raison de son interdiction par des lois positives, et c'est pourquoi elles ont moins bien réglé les choses, et c'est seulement par son interdiction par l'Église qu'il est empêché de suivre l'opinion d'Épicure comme vraie.

1368  (8) En outre : s'emparer de choses d'autrui n'est pas un péché mortel, même si cela se fait contre le gré du propriétaire.

1369  (9) Enfin  la Loi chrétienne prendra fin de par la succession d'une autre loi, de même que la Loi de Moise a pris fin de par la Loi du Christ.

Bulle “Exsecrabilis” 18 janvier 1460 (1459 selon le comput florentin).

L'appel du pape à un concile général

1375  En ce temps de tempête est né cet abus exécrable et inconnu des temps anciens que certains, imbus d'esprit de rébellion, non pas par désir d'un jugement plus sain, mais pour échapper à un péché qu'ils ont commis, osent faire appel du pontife romain, le vicaire du Christ, à qui il a été dit dans la personne du bienheureux Pierre  « Pais mes brebis » Jn 21,17 et « Tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi dans les cieux » Mt 16,19, à un concile futur. ... C'est pourquoi, voulant rejeter loin de l'Église du Christ ce poison pernicieux..., nous condamnons les appels de cette sorte et nous les réprouvons comme erronés et détestables.

Bulle “Ineffabilis summi Providentia Patris”, 1er Août 1464 

Le sang du Christ dans les trois jours de la mort

1385  (...) En vertu de l'autorité apostolique Nous statuons et ordonnons par les présentes que désormais il ne sera plus permis à aucun des Frères précités (Mineurs et Prêcheurs) de disputer, de prêcher et de parler publiquement ou en privé au sujet de la question douteuse susdite, ou d'en persuader d'autres que c'est manifestement une hérésie ou un péché que de tenir ou de croire (comme il est présupposé) que le très saint sang était à part ou séparé de quelque façon que ce soit de la divinité durant les trois jours de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, et cela jusqu'au moment où par une décision concernant ce doute il aura été défini par Nous et par le Siège apostolique ce qui doit être tenu.

           PAUL II : 30 août 1464 – 26 juillet 1471

           SIXTE IV : 9 août 1471 – 12 août 1484

Propositions de Pierre de Rivo condamnées dans la bulle “Ad Christi vicarii” du 3 janvier 1474 texte de rétractation.

Erreurs concernant la vérité d'événements futurs.

1391  (1) Lorsqu'en Luc 1 Élisabeth parle et dit à la bienheureuse Vierge Marie « Bienheureuse es-tu qui as cru, parce que s'accomplira en toi ce qui t'a été dit par le Seigneur » Lc 1,45, elle semble donner à entendre que ces propositions, à savoir « « Tu enfanteras un fils et tu lui donneras nom de Jésus ; il sera grand » etc. Lc 1,31  s. n'avaient pas encore de vérité.

1392  (2) De même : lorsqu'à la fin de Luc le Christ dit après la Résurrection « Il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes » Lc 24,44, il semble avoir donné à entendre que de telles propositions étaient auparavant dénuées de vérité.

1393  (3) De même He 10 où l'Apôtre dit : « La loi a l'esquisse des biens à venir » et « non l'expression des réalités elles-mêmes » He 10,1, il semble donner à entendre que les propositions de la Loi ancienne, qui portent sur le futur, n'avaient pas encore de vérité déterminée.

1394  (4) De même, qu'il ne suffit pas pour la vérité d'une proposition concernant le futur qu'une chose sera, mais il est requis qu'elle sera sans qu'il puisse y être mis obstacle.

1395  (5) De même il est nécessaire de dire l'un des deux ou bien qu'il n'y a pas dans les articles de foi concernant le futur de vérité présente ou actuelle, ou bien que ce qui est signifié par eux n'a pas pu être empêché par la volonté divine.

1396  (Censure :) scandaleuses et qui dévient du chemin de la foi catholique.

Bulle “Salvator noster” en faveur de l'église de Saint Pierre de Saintes, 3 Août 1476.

Indulgences pour les défunts.

1398  Et pour procurer le salut des âmes dans le temps surtout où plus que jamais elles ont besoin des suffrages des autres et où moins que jamais elles peuvent s'aider elles-mêmes, Nous voulons en vertu de notre autorité apostolique venir au secours, avec le trésor de l'Église, des âmes séjournant au purgatoire qui ayant quitté la lumière du jour unis au Christ par l'amour ont mérité, durant leur vie, que leur soit accordée une telle indulgence ; animés d'une affection paternelle, autant que Nous le pouvons avec Dieu, Nous concédons et accordons, confiants en la miséricorde divine et en la plénitude du pouvoir, que si des parents, des amis, ou d'autres fidèles du Christ animés par la piété, donnent — pour le bénéfice de ces âmes qui au purgatoire sont exposées au feu pour l'expiation des peines dues au péché — durant ladite période de dix ans et lors de la visite de l'église une somme déterminée ou une valeur en vue de la réfection de l'église de Saintes, selon ce qu'a ordonné le doyen et le chapitre de ladite église ou notre collecteur, ou s'ils l'envoient par un messager à choisir par eux durant la même période de dix ans, Nous voulons que cette indulgence plénière par mode de suffrage  1405  vale pour la rémission des péchés de ces âmes du purgatoire pour lesquelles — comme il est présupposé — on aura acquitté ladite somme d'argent ou valeur, et qu'elle soit à leur bénéfice.

Constitution “Cum præexcelsa” 27 février 1477 (1476 selon le comput de la curie)

L'immaculée Conception de Marie.

1400  Lorsque nous scrutons, en recherchant avec une considération, les marques insurpassables des mérites grâce auxquels la reine des cieux, la glorieuse Marie Mère de Dieu portée dans les hauteurs du ciel, resplendit parmi les astres comme l'étoile du matin..., nous jugeons qu'il est digne, ou plutôt qu'il est un devoir, d'inviter tous les fidèles du Christ pour le pardon et la rémission de leurs péchés, à rendre grâces et louanges au Dieu tout-puissant pour l'admirable conception de la Vierge immaculée. Sa providence considérant de toute éternité l'humilité de cette Vierge, voulant réconcilier avec son Créateur la nature humaine assujettie à la mort par la chute du premier homme, en a fait la demeure de son Fils unique en la préparant par le Saint-Esprit ; d'elle il a pu prendre la chair de notre condition mortelle pour racheter son peuple, cependant qu'elle demeurait vierge après son enfantement. Nous invitons les fidèles à célébrer la messe et les autres offices divins institués à cette fin dans l'Église de Dieu et à y assister, pour que, par les mérites et l'intercession de cette même Vierge, ils deviennent dignes de la grâce divine.

Encyclique “Romani Pontificis Provida”, 27 Novembre 1477.

Le sens des mots “per modum suffragii” ('par mode de suffrage')

1405  Il Nous a donc été rapporté ces derniers mois, qu'à l'occasion de la publication de l'indulgence concédée à une autre occasion à l'Église de Saintes  1398, plusieurs scandales et dangers ont surgi, et que certains prédicateurs... ont mal interprété notre écrit, et qu'à l'occasion de l'indulgence susdite que Nous avons concédée par mode de suffrage pour les âmes du purgatoire, ils ont affirmé et affirment encore publiquement qu'il n'est plus nécessaire de prier ou de présenter de pieux suffrages pour ces âmes. De ce fait beaucoup ont été retenus de bien faire.

Voulant parer à de tels scandales et de telles erreurs en vertu de notre office de pasteur, Nous avons écrit par nos Brefs à divers prélats de cette région pour qu'ils expliquent aux fidèles du Christ que cette indulgence plénière par mode de

1406  Il y a peu cependant Nous avons appris, non sans grand déplaisir pour notre cœur, que certains ont interprété ces paroles de façon moins juste et tout autrement que selon ce qu'a été et est notre intention. ... En effet Nous... n'avons pas écrit et expliqué aux prélats susdits que l'indulgence plénière précitée semble profiter autant aux âmes séjournant au purgatoire que si des prières dévotes étaient faites et des aumônes pies étaient faites ; non qu'il ait été ou qu'il soit dans notre intention ou que Nous voulions inférer que l'indulgence ne profite et ne peut pas davantage que les aumônes et les prières, ou que les aumônes et les prières profitent et peuvent autant qu'une indulgence par mode de suffrage, puisque Nous savons que les prières et les aumônes sont très éloignées d'une indulgence par mode de suffrage ; mais Nous disions qu'elle vaut « autant », ce qui veut dire de la manière, « que si » ce qui veut dire de la manière dont valent mes prières et les aumônes. Et parce que les prières et les aumônes valent comme des suffrages accomplis pour les âmes, Nous, à qui est conférée d'en haut la plénitude du pouvoir, désireux d'apporter aux âmes du purgatoire aide et suffrage puisés dans le trésor de l'Église universelle qui consiste dans les mérites du Christ et de ses saints et qui Nous a été confié, Nous avons concédé l'indulgence susdite, de telle sorte cependant que les fidèles eux-mêmes présentent ces suffrages pour les âmes que les âmes des défunts ne peuvent plus présenter par elles-mêmes. C'est cela que Nous avons pensé et pensons dans nos écrits...

1407  De même que notre désir saint et louable ne peut donc être condamné par personne à bon droit, de même l'intention et la saine compréhension qui vise seulement un bien manifeste ne doivent pas être combattues par le moyen de l'ambiguïté, puisque selon la règle de la science théologique toute proposition qui contient en elle un sens douteux doit toujours être comprise selon le sens qui conduit à une affirmation vraie.

C'est pourquoi... par les présentes Nous décidons et déclarons de notre propre mouvement que dans tous nos écrits notre intention a toujours été et est aussi maintenant que cette indulgence plénière par mode de suffrage pour les âmes séjournant au purgatoire ainsi concédée, vaut et porte secours de la manière dont la position commune des docteurs reconnaît qu'elles valent et portent secours.

Propositions de Pierre d'Osma condamnées dans la bulle “Licet ea quæ de nostro mandato”, 9 août 1479.

Erreurs concernant la confession sacramentelle et les indulgences

1411  (1) La confession des péchés en détail, qui provient en réalité d'un statut de l'Église universelle, n'est pas connue de par le droit divin.

1412  (2) Pour ce qui est de la faute et de la peine, les péchés mortels sont effacés dans l'autre monde sans confession par la seule contrition du coeur,

1413  (3) et les pensées dépravées le sont par le seul déplaisir.

1414  (4) Que la confession soit secrète n'est pas exigé de façon nécessaire.

1415  (5) Ceux qui se confessent ne doivent pas être absous avant d'avoir accompli la pénitence.

1416  (6) Le pontife romain ne peut pas remettre les peines du purgatoire,

1417  (7) ni dispenser de ce qui a été déterminé par l'Église universelle.

1418  (8) Pour ce qui concerne la collation de la grâce, le sacrement de la pénitence est un sacrement de la nature, mais non de l'institution du Nouveau ou de l'Ancien Testament.

1419  (Censure :) Pour prendre une mesure de prudence plus grande, Nous déclarons... que les propositions précitées sont fausses, toutes et chacune, contraires à la sainte foi catholique, erronées et scandaleuses et totalement étrangères à la vérité de l'Évangile, et contraires aussi aux décrets des saints Pères et à d'autres constitutions apostoliques, et qu'elles contiennent une hérésie manifeste.

Constitution “Grave nimis”, 4 Septembre 1483

L'Immaculée Conception de Marie.

1425  Bien que la sainte Église romaine célèbre publiquement et solennellement la fête de la conception de l'immaculée et toujours Vierge Marie et qu'elle a institué un office spécial et particulier à son sujet, certains prédicateurs de divers ordres, comme Nous l'avons appris, n'ont pas eu honte jusqu'ici d'affirmer publiquement au peuple de diverses villes et régions, et ne cessent de prêcher chaque jour, que pèchent mortellement ou sont hérétiques tous ceux qui tiennent ou affirment que cette même glorieuse et immaculée Mère de Dieu a été conçue sans la tache du péché originel, et qu'ils pèchent mortellement ou sont hérétiques s'ils célèbrent l'office de cette Immaculée Conception et qu'ils écoutent les sermons de ceux qui affirment qu'elle a été conçue sans cette tache.

1426  (...) Dans l'intention de Nous opposer à ces hardiesses téméraires..., Nous réprouvons et condamnons — de notre propre mouvement, non à 1a demande d'une requête quelconque qui nous aurait été présentée à ce sujet, mais suite uniquement à notre propre délibération et de science certaine — ces assertions de ces prédicateurs et des autres, quels qu'ils soient, qui osent affirmer que ceux qui croient et tiennent que la mère de Dieu a été préservée du péché originel dans sa conception seraient à cause de cela entachés d'hérésie ou qu'ils pécheraient mortellement, ou que s'ils célèbrent cet office de la conception ou entendent ces sermons ils encourraient la faute d'un péché ; ces affirmations Nous les réprouvons et les condamnons par les présentes, en vertu de l'autorité apostolique, comme fausses, erronées et totalement contraires à la vérité, ainsi que les livres précités qui ont été publiés avec ce contenu ;... Nous soumettons à la même peine et à la même censure ceux qui osent affirmer que les tenants de l'opinion contraire, à savoir que la glorieuse Vierge Marie a été conçue sans le péché originel, se rendent coupables d'hérésie ou d'un péché mortel, puisque la chose n'a pas encore été décidée par l'Église romaine et par le Siège apostolique.

           INNOCENT VIII : 29 août 1484 – 25 juillet 1492.

Bulle “Exposit tu devotionis” à Jean de Cirey, abbé du monastère de Citeaux, diocèse de Chalon-sur-Saône, 9 avril l489

L'étendue du pouvoir d'ordre du prêtre.

1435  Comme Nous l'a fait savoir une requête qui Nous a présentée il y a peu et venant de toi, il t'a été concédé, en vertu de privilèges et d'indults apostoliques, à toi et aux abbés des quatre monastères précités, pour le temps où ils exercent leur fonction, que soient en vigueur les autorisations de conférer tous les ordres mineurs aux personnes de cet ordre à l'intérieur des monastères précités, de bénir les nappes d'autel et d'autres ornements d'Église, de faire usage de la mitre, de l'anneau et des autres insignes pontificaux, ainsi que de donner dans leur propre monastère et dans les autres monastères ou prieurés qui leur sont soumis, et dans les églises paroissiales ou autres qui leur appartiennent en totalité ou en partie — même si elles ne devaient pas leur être soumises de plein droit —,la bénédiction solennelle après la célébration de la messe, des vêpres et des matines, dès lors qu'aucun évêque ou légat du Siège apostolique n'est présent lors d'une telle bénédiction... :

Nous qui entourons cet ordre avant les autres d'un amour affectueux et qui avons l'intention de le gratifier de grâces et de privilèges qui ne soient pas moindres que ce qu'ont accordé nos prédécesseurs, disposés à répondre à tes demandes sur ce point, Nous t'accordons par les présentes comme une faveur spéciale, en vertu de l'autorité apostolique et de science certaine, à toi et à tes successeurs et aux abbés susdits des autres quatre monastères précités, que maintenant et durant le temps où ils exerceront leur fonction, vous et eux vous pourrez à l'avenir, de façon libre et licite, bénir les vêtements et les ornements d'Église mentionnés ci-dessus et tous les autres..., consacrer les calices..., consacrer les autels en tous les lieux de l'ordre avec le saint chrême reçu auparavant d'un évêque catholique, et aussi donner la bénédiction solennelle après la célébration de la messe, des vêpres et des matines, et pour que les moines de l'ordre susdit ne soient pas contraints de courir de-ci, de-là en dehors du monastère pour recevoir les ordres du sous-diaconat et du diaconat, vous pourrez conférer régulièrement ces autres ordres du sous-diaconat et du diaconat à ceux que vous aurez trouvés aptes, toi et tes successeurs, à tous les moines de l'ordre susdit, et les quatre abbés précités et leurs successeurs aux religieux des monastères susmentionnés...

           ALEXANDRE VI : 11 août 1492 – 18 août 1503

           PIE III : 22 septembre – 18 octobre 1503

           JULES II : 31 octobre 1503 – 21 février 1513

·     5e concile du LATRAN (18e œcuménique) 3 mai 1512-16 mars 1517

Continuation du 5e concile du Latran sous LÉON X

           LÉON X : 11 mars 1513 – 1er décembre 1521

8e session : bulle “Apostolici regiminis”.

Doctrine concernant l'âme humaine, contre les néo-aristotéliciens

1440  De nos jours... le semeur de zizanie, l'antique ennemi du genre humain Mt 13,25, a osé à nouveau semer et multiplier dans le champ du Seigneur des erreurs très pernicieuses, qui ont toujours été rejetées par les fidèles, au sujet de l'âme et principalement de l'âme raisonnable, à savoir que celle-ci serait mortelle et unique en tous les hommes. Et certains, s'adonnant à la philosophie avec témérité, soutiennent que cela est vrai, au moins selon la philosophie :

Désirant appliquer un remède opportun contre cette peste, avec l'approbation de ce saint concile, Nous condamnons et réprouvons tous ceux qui affirment que l'âme intellective est mortelle ou unique en tous les hommes, ou qui sont dans le doute à ce sujet.

En effet, non seulement celle-ci est vraiment, par soi et essentiellement forme du corps humain, comme il est dit dans le canon de notre prédécesseur, le pape Clément V, publié au concile de Vienne  902 , mais elle est à la vérité immortelle, sujette à la multiplicité selon la multiplicité des corps dans lesquels elle est infusée, effectivement multipliée et sujette à être multipliée dans l'avenir. ...

1441  Puisque la vérité ne peut aucunement être contraire à la vérité, Nous définissons donc comme étant complètement fausse toute assertion contraire à la vérité de la foi éclairée  3017 , et Nous interdisons avec la plus grande rigueur de permettre que soit enseignée une position différente. Et Nous décidons que tous ceux qui adhèrent à l'affirmation d'une telle erreur, en disséminant de la sorte les hérésies les plus condamnables, doivent être totalement évités et punis, comme étant de détestables et abominables hérétiques et infidèles qui ébranlent la foi catholique.

10e session, 4 mai 1515 : bulle “Inter multiplices

L'usure et les monts de piété.

1442  Certains maîtres et docteurs disent que ces monts ne sont pas licites lorsque, après un certain temps, les administrateurs de tels monts exigent des pauvres mêmes à qui le prêt est fait quelque chose de plus que le capital ; pour cette raison, ces monts n'échapperaient pas au crime d'usure... puisque notre Seigneur, comme l'atteste l'évangéliste Luc Lc 6,34  ss., nous a obligés par un précepte clair à ne pas attendre d'un prêt plus que le capital. En effet, il y a précisément usure lorsque, par suite de l'usage d'une chose qui ne produit pas de fruits, l'on s'efforce d'obtenir un surplus et un fruit sans effort, sans frais et sans risques. ...

1443  De nombreux autres maîtres et docteurs affirment... que, pour un bien si grand et si nécessaire à la chose publique, rien ne doit être exigé ni espéré en raison du seul prêt, mais que, pour indemniser ces mêmes monts pour les dépenses des mêmes administrateurs et pour tout ce qui se rattache à leur nécessaire entretien, il est permis, sans faire preuve de lucre et pourvu que ce soit nécessaire et modéré, d'exiger et de prélever quelque chose de la part de ceux qui sont avantagés par un tel prêt, puisque la règle de droit prévoit que celui qui profite du bienfait doit aussi porter le fardeau, en particulier lorsque l'autorité apostolique y consent. Ces derniers maîtres et docteurs montrent d'autre part que cette position a été approuvée par nos prédécesseurs, les pontifes romains d'heureuse mémoire, Paul II, Sixte IV, Innocent VIII, Alexandre VI et Jules II.

1444  Nous voulons donc Nous occuper de cette question comme il convient par souci de justice, d'une part, afin de ne pas ouvrir l'abîme de l'usure, par amour de la piété et de la vérité, d'autre part, afin de subvenir aux besoins des pauvres. En entretenant ces deux préoccupations, puisqu'elles paraissent concerner la paix et la tranquillité de toute république chrétienne, avec l'approbation du saint concile, Nous déclarons et définissons que les monts-de-piété déjà mentionnés, créés par les républiques et approuvés et confirmés depuis ce temps par l'autorité du Siège apostolique, dans lesquels, en compensation et en indemnisation des seules dépenses encourues pour leurs administrateurs et les autres choses qui concernent leur maintien, on reçoit quelque chose de modéré en plus du prêt, sans lucre et à titre d'indemnité, ne présentent pas d'apparence de mal, n'incitent pas au péché et ne doivent d'aucune façon être condamnés ; bien plus, Nous déclarons et définissons qu'un tel prêt est méritoire, qu'il doit être loué et approuvé, qu'il ne doit aucunement être réputé usuraire...

Nous voulons que tous... ceux qui désormais oseront prêcher ou disputer, oralement ou par écrit, à l'encontre de la présente déclaration et décision... encourent la peine d'une excommunication déjà portée...

11e session, 19 décembre 1516 - Bulle “Pastor aeternus gregem

Le rapport entre le pape et le concile.

1445  Nous estimons ne pas pouvoir ni devoir, sans manquer à notre conscience..., être retenu ni empêché de révoquer cette (Pragmatique) Sanction (de Bourges) si néfaste, ni ce qu'elle contient.

Le fait que cette même Sanction et son contenu aient été publiés au concile de Bâle et que, pendant la tenue du concile, ils aient été reçus et acceptés par l'assemblée de Bourges, ne doit pas Nous impressionner puisque tout cela a été fait après le transfert du même concile de Bâle (à Ferrare, le 18 septembre 1437) par le pape Eugène IV, notre prédécesseur, par le conciliabule de Bâle... et ne pouvait donc plus avoir aucune valeur. En effet, non seulement au témoignage de la sainte Écriture, des affirmations des saints Pères et des autres pontifes romains, nos prédécesseurs, et des décrets des saints canons, mais aussi du propre aveu de ces mêmes conciles, il apparaît clairement que seul le pontife romain en exercice, du fait qu'il a autorité sur tous les conciles, a plein droit et plein pouvoir de convoquer, de transférer et de dissoudre les conciles...

Décret “Cum postquam” à Cajetan de Vio, légat du pape, 9 novembre 1518

Indulgences

1447  (...) Pour qu'à l'avenir personne ne puisse alléguer qu'il ignore la doctrine de l'Église romaine sur ces indulgences et leur efficacité, ni s'excuser en prétextant l'ignorance, ni recourir à une protestation sans fondement, mais pour qu'on puisse convaincre ces gens d'être coupables de mensonge notoire et les condamner justement, Nous avons pensé devoir vous signifier par cette lettre ce que l'Église romaine, que les autres doivent suivre comme leur mère, a enseigné :

1448  Le pontife romain, successeur de Pierre, détenteur des clés et vicaire de Jésus Christ sur terre, en vertu du pouvoir des clés qui ouvrent le Royaume des cieux en enlevant dans les fidèles ce qui y fait obstacle, c'est-à-dire la coulpe et la peine due pour les péchés actuels : la coulpe, au moyen du sacrement de pénitence, la peine temporelle due, selon la justice divine, au moyen de l'indulgence de l'Église, peut, pour de justes raisons, concéder à ces fidèles, membres du Christ par le lien de la charité, qu'ils soient en cette vie ou au purgatoire, des indulgences tirées de la surabondance des mérites du Christ et des saints. Quand, en vertu de son autorité apostolique, il concède l'indulgence pour les vivants comme pour les morts, il distribue selon sa coutume le trésor des mérites de Jésus Christ et des saints, en appliquant l'indulgence elle-même par l'absolution ou en l'appliquant par manière d'intercession.

C'est pourquoi tous ceux, vivants ou morts, qui ont reçu vraiment cette indulgence, sont libérés de la peine temporelle due, selon la justice divine, pour leurs péchés actuels, dans la mesure équivalente à l'indulgence concédée ou acquise.

1449  Et nous décrétons en vertu de l'autorité apostolique et par la teneur des présentes, qu'ainsi tous doivent penser et prêcher sous peine d'excommunication latæ sententiæ.

Bulle “Exsurge Domine”, 15 juin 1520.

Erreurs de Martin Luther.

1451  1. C'est une opinion hérétique, mais fréquente, que les sacrements de la Loi nouvelle donnent la grâce sanctifiante à ceux qui n'y mettent pas obstacle.

1452  2. Nier que le péché demeure dans un enfant après le baptême est fouler aux pieds tout à la fois Paul et le Christ.

1453  3. Le foyer du péché empêche l'entrée du ciel pour l'âme qui quitte son corps, même s'il n'y a pas de péché actuel.

1454  4. La charité imparfaite du mourant comprend nécessairement une grande crainte qui par elle-même suffit à entraîner la peine du purgatoire et qui empêche d'entrer au ciel.

1455  5. Les trois parties de la pénitence, contrition, confession et satisfaction, n'ont de fondement ni dans la sainte Écriture, ni chez les saints docteurs anciens du christianisme.

1456  6. La contrition, que préparent la recherche, la récapitulation et la détestation des péchés, lorsqu'on repense à sa vie dans l'amertume de son coeur Is 38,15, en pesant la gravité, le nombre et la laideur des péchés, en voyant la béatitude éternelle perdue et la damnation éternelle encourue, cette contrition rend hypocrite et même plus pécheur.

1457  7. Très vrai et plus excellent que tous les enseignements donnés jusqu'à ce jour sur les sortes de contrition est le proverbe : « Ne pas faire le mal à l'avenir est souveraine pénitence ; la meilleure pénitence, c'est la vie nouvelle ».

1458  8. N'aie nullement la présomption de confesser les péchés véniels ni même tous les pêchés mortels, car il est impossible que tu connaisses tous tes péchés mortels. Voilà pourquoi dans la primitive Église, on confessait seulement les péchés mortels manifestes.

1459  9. Quand nous voulons confesser tous nos péchés clairement, nous voulons équivalemment ne rien laisser pardonner à la miséricorde de Dieu.

1460  10. Personne n'a ses péchés remis s'il ne croit qu'ils sont remis quand le prêtre les remet ; bien plus, le péché demeurerait si l'on ne croyait qu'il est remis ; car la remise des péchés et la donation de la grâce ne suffisent pas, mais il faut encore croire que le péché est remis.

1461  11. Tu ne dois nullement avoir confiance d'être absous à cause de ta contrition, mais à cause de la parole du Christ « Ce que tu délieras », etc. Mt 16,19. C'est pourquoi, je te le dis, aie confiance si tu as obtenu l'absolution du prêtre, et crois fortement que tu es absous tu seras vraiment absous, quoi qu'il en soit de la contrition.

1462  12. Si par impossible un pénitent n'était pas contrit, ou si le prêtre ne l'absolvait pas sérieusement, mais par plaisanterie, si pourtant le pénitent se croit absous, il l'est en toute vérité.

1463  13. Dans le sacrement de pénitence et dans la rémission des péchés, le pape ou un évêque ne fait pas plus que le moindre des prêtres ; bien plus, là où il n'y aurait pas de prêtre, n'importe quel chrétien, même une femme ou un enfant, en peut tout autant.

1464  14. Personne n'est obligé de répondre au prêtre qu'il est contrit, et le prêtre ne doit pas le demander.

1465  15. Grande est l'erreur de ceux qui s'approchent du sacrement de l'eucharistie en ayant confiance de s'être confessés, de n'être conscients d'aucun péché mortel, d'avoir fait précéder des prières et des préparations : tous ceux-là mangent et boivent leur jugement. Mais s'ils croient et s'ils ont confiance d'obtenir la grâce, cette seule foi les rend purs et dignes.

1466  16. Il semble opportun que l'Église décide dans un concile commun de donner la communion aux laïcs sous les deux espèces et les gens de Bohème qui communient sous les deux espèces ne sont pas des hérétiques mais des schismatiques.

1467  17. Les trésors de l'Église d'où le pape donne les indulgences, ne sont pas les mérites du Christ et des saints.

1468  18. Les indulgences sont une pieuse fraude pour les fidèles et une dispense des bonnes oeuvres ; elles sont du nombre des choses permises, pas du nombre des choses utiles.

1469  19. Les indulgences pour ceux qui les gagnent vraiment, n'ont pas de valeur pour remettre la peine due aux péchés actuels devant la justice de Dieu.

1470  20. Se fourvoient ceux qui croient que les indulgences sont salutaires et utiles au profit spirituel.

1471  21. Les indulgences ne sont nécessaires que pour les fautes graves publiques, et elles ne sont réellement accordées qu'aux gens endurcis et aux impatients.

1472  22. Il est six espèces d'hommes pour lesquels les indulgences ne sont ni nécessaires ni utiles : les morts ou les moribonds, les malades, ceux qui ont un empêchement légitime, ceux qui n'ont pas commis de fautes graves ceux qui ont commis des fautes graves mais non publiques ceux qui font des oeuvres meilleures.

1473  23. Les excommunications ne sont que des peines extérieures et elles ne privent pas l'homme des prières spirituelles communes de l'Eglise.

1474  24. Il faut enseigner aux chrétiens d'aimer l'excommunication plutôt que de la craindre.

1475  25. Le pontife romain successeur de Pierre, n'est pas le vicaire du Christ établi par le Christ lui-même, dans la personne de Pierre, sur toutes les Églises du monde entier.

1476  26. La parole du Christ à Pierre  « tout ce que tu lieras sur la terre, etc. » Mt 16,19  s'étend uniquement à ce que Pierre lui-même a lié.

1477  27. Il est certain qu'il n'est aucunement au pouvoir de l'Église ou du pape d'établir des articles de foi, et moins encore des lois concernant les mœurs ou les bonnes œuvres.

1478  28. Si le pape pensait de telle ou telle matière avec une grande partie de l'Église, il ne se tromperait pas ; cependant, ce n'est ni un péché ni une hérésie de penser le contraire, surtout dans une question qui n'est pas nécessaire au salut, jusqu'à ce que le concile universel ait condamné une opinion et approuvé l'autre.

1479  29. Le chemin nous est ouvert pour énerver l'autorité des conciles, contredire leurs actes, juger leurs décrets, confesser avec confiance ce qui semble vrai, que cela ait été approuvé ou réprouvé par un concile quel qu'il soit.

1480  30. Certains articles de Jean Hus qui ont été condamnés au concile de Constance sont tout à fait chrétiens, très vrais et évangéliques : pas même l'Église entière ne pourrait les condamner.

1481  31. En toute œuvre bonne le juste pèche.

1482  32. Une oeuvre bonne parfaitement accomplie est un péché véniel.

1483  33. Que des hérétiques aient été brûlés est contraire à la volonté de l'Esprit.

1484  34. Se battre contre les Turcs, c'est s'opposer à Dieu qui par eux visite nos iniquités.

1485  35. Personne n'est certain qu'il ne pèche pas sans cesse naturellement, en raison du vice très caché de l'orgueil.

1486  36. Le libre arbitre, après le péché, n'est quelque chose que de nom ; et aussi longtemps qu'il fait ce qui est en son pouvoir, il pèche mortellement.

1487  37. On ne peut pas prouver le purgatoire par un texte de la sainte Écriture qui soit dans le canon.

1488  38. Les âmes du purgatoire ne sont pas sûres de leur salut, du moins pas toutes. Aucune raison et aucun texte d'Écriture ne prouve qu'elles ne sont pas dans un état où elles méritent et où leur charité augmente.

1489  39. Les âmes du purgatoire ne cessent de pécher aussi longtemps qu'elles cherchent le repos et ont horreur des peines.

1490  40. Les âmes libérées du purgatoire grâce aux suffrages des vivants sont moins heureuses que si elles avaient satisfait par elles-mêmes.

1491  41. Les prélats ecclésiastiques et les princes séculiers n'agiraient pas mal s'ils détruisaient tous les mendiants.

1492  (Censure :) Tous et chacun des articles ou des erreurs précités, nous les condamnons, les réprouvons et les rejetons totalement, selon le cas, comme hérétiques, ou scandaleux, ou faux, ou comme offensant les oreilles pies ou comme induisant en erreur les esprits simples et comme opposés à la vérité catholique.

           ADRIEN VI: 9 janvier 1522-14 septembre 1523

           CLÉMENT VII : 19 novembre 1523-25 septembre 1534

           PAUL III: 13 octobre 1534-10 novembre 1549

Bref “Pastorale officium” à l'archevêque de Tolède, 29 Mai 1537

Le droit de l'homme à la liberté et à la propriété

1495  Il est parvenu à notre connaissance que pour faire reculer ceux qui, bouillonnant de cupidité, sont animés d'un esprit inhumain à l'égard du genre humain, l'empereur des Romains Charles (V) a interdit par un édit public à tous ses sujets que qui que ce soit ait l'audace de réduire en esclavage les Indiens occidentaux ou ceux du Sud, ou de les priver de leurs biens.

Puisque Nous voulons que ces Indiens, même s'ils se trouvent en dehors du sein de l'Église, ne soient pas pour autant privés de leur liberté ou de la disposition de leurs biens, ou considérés comme devant l'être du moment que ce sont des hommes et par conséquent capables de croire et de parvenir au salut, qu'ils ne soient pas détruits par l'esclavage mais invités à la vie par des prédications et par l'exemple,

et puisque en outre Nous désirons contenir les entreprises si infâmes de ces impies et pourvoir à ce qu'ils ne soient pas moins enclins à embrasser la foi du Christ parce qu'ils auront été révoltés par les injustices et les torts qu'ils auront subis, Nous demandons... à ta prudence que tu... interdises avec une très grande sévérité. sous peine d'excommunication portée d'avance, à tous et à chacun, quel que soit son rang. d'oser réduire en esclavage les Indiens précités, de quelque façon que ce soit, ou de les dépouiller de leurs biens.

Constitution “Altitudo divini consilii”, 1er juin 1537.

« Privilegium fidei »

1497  S'agissant de leur  [?]  mariage, nous décrétons qu'il faut observer ceci : ceux qui avant la conversion avaient plusieurs femmes selon leurs coutumes et qui ne se souviennent pas quelle est celle qu'ils ont prise la première, lorsqu'ils se convertissent à la foi chrétienne prendront l'une d'entre elles — celle qu'ils voudront — et ils contracteront mariage avec elle par les paroles portant sur le présent comme il est de coutume ; mais ceux qui se souviennent quelle est celle qu'ils ont prise la première, garderont celle-ci en laissant les autres.

·     CONCILE DE TRENTE ( 19e œcuménique ) 13 Décembre 1545-4 décembre 1563

1ère période de Trente : 1ère - 8e session - décembre 1545- 1547

Période de Bologne : 9e et 10e session :

Mars 1547 (février 1548) - septembre 1549

2e de Trente : 11 à 16e session : mai 1551 - avril 1552

3e de Trente : 17 à 25e session : janvier 1562 - décembre 1563

3e session 4 février 1546 - Décret sur le symbole de foi

1500  Ce saint concile œcuménique et général de Trente, réuni légitimement dans l'Esprit Saint, sous la présidence des trois légats du Siège apostolique, a considéré l'importance des choses à traiter, particulièrement celles qui sont comprises sous les titres de l'éradication des hérésies et de la réforme des mœurs, raisons principales de la réunion, (...) a estimé qu'il fallait exprimer le Symbole de foi qu'utilise la sainte Église romaine comme étant le principe dans lequel se retrouvent nécessairement tous ceux qui professent la foi du Christ, et l'unique fondement contre lequel les portes de l'enfer ne prévaudront jamais Mt 16,18, en reprenant les mots avec lesquels il est dit dans toutes les églises.

(suit le symbole de Nicée-Constantinople  150 )

4e session : 8 avril 1546

a) Décret sur la réception des livres saints et des traditions.

1501  Le saint concile œcuménique et général de Trente, légitimement réuni dans l'Esprit Saint, ...

garde toujours devant les yeux le propos, en supprimant les erreurs, de conserver dans l'Église la pureté même de l'Évangile, lequel, promis auparavant par les prophètes dans les saintes Écritures, a été promulgué d'abord par la bouche même de notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu qui ordonna ensuite qu'il soit prêché à toute créature paf ses apôtres comme source de toute vérité salutaire et de toute règle morale Mt 16,15.

Il voit clairement aussi que cette vérité et cette règles sont contenues dans les livres écrits et dans les tradition non écrites qui, reçues par les apôtres de la bouche du Christ lui-même ou transmises comme de main en main par les apôtres sous la dictée de l'Esprit Saint, sont parvenues jusqu'à nous.

C'est pourquoi, suivant l'exemple des pères orthodoxes, le même saint concile reçoit et vénère avec le même sentiment de piété et le même respect tous les livres tant de l'Ancien Testament que du Nouveau Testament, puisque Dieu est l'auteur unique de l'un et de l'autre, ainsi que les traditions elles-mêmes concernant aussi bien la foi que les moeurs, comme ou bien venant de la bouche du Christ ou dictées par l'Esprit Saint et conservées dans l'Église catholique par une succession continue.

Il a jugé bon de joindre à ce décret une liste des livres saints, afin qu'aucun doute ne s'élève pour quiconque sur les livres qui sont reçus par le concile. Ces livres sont mentionnés ci-dessous.

1502  De l'Ancien Testament cinq livres de Moïse, c'est-à-dire la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome ; les livres de Josué, des Juges, de Ruth, les quatre livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes, le premier livre d'Esdras et le second, dit Néhémie, Tobie, Judith, Esther, Job, le psautier de David comprenant cent cinquante psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie avec Baruch, Ezéchiel, Daniel, les douze petits prophètes, c'est-à-dire Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, les deux livres des Maccabées, le premier et le second.

1503  Du nouveau Testament : les quatre évangiles, selon Matthieu, Marc, Luc et Jean ; les Actes des Apôtres écrits par l'évangéliste Luc ; les quatorze épîtres de l'apôtre Paul, aux Romains, deux aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens, aux Philippiens, aux Colossiens deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux, deux de l'apôtre Pierre, trois de l'apôtre Jean, une de l'apôtre Jacques, une de l'apôtre Jude et l'Apocalypse de l'apôtre Jean.

1504  Si quelqu'un ne reçoit pas ces livres pour sacrés et canoniques dans leur totalité, avec toutes leurs parties, tels qu'on a coutume de les lire dans l'Église catholique et qu'on les trouve dans la vieille édition de la Vulgate latine ; s'il méprise en connaissance de cause et de propos délibéré les traditions susdites : qu'il soit anathème.

1505  Que tous comprennent ainsi l'ordre et la voie que le concile suivra, après avoir posé les fondements de la confession de la foi, et particulièrement les témoignages et les appuis dont il usera pour confirmer les dogmes et restaurer les mœurs dans l'Église.

b) Décret sur l'édition de la Vulgate et la manière d'interpréter la sainte Écriture.

1506  De plus le même saint concile a considéré qu'il pourrait être d'une grande utilité pour l'Église de Dieu de savoir, parmi toutes les éditions latines des livres saints qui sont en circulation, celle que l'on doit tenir pour authentique : aussi statue-t-il et déclare-t-il que la vieille édition de la Vulgate, approuvée dans l'Église même par un long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les leçons publiques, les discussions, les prédications et les explications, et que personne n'ait l'audace ou la présomption de la rejeter sous quelque prétexte que ce soit  3825.

1507  En outre. pour contenir les esprits indociles. il décrète que personne, dans les choses de la foi ou des moeurs concernant l'édifice de la foi chrétienne, ne doit, en s'appuyant sur un seul jugement, oser interpréter l'Écriture sainte en détournant celle-ci vers son sens personnel allant contre le sens qu'a tenu et que tient notre sainte Mère l'Église, elle à qui il revient de juger du sens et de l'interprétation véritables des saintes Écritures, ou allant encore contre le consentement unanime des Pères, même si des interprétations de ce genre ne devaient jamais être publiées. ...

1508  Mais le saint concile veut aussi, comme il est juste, imposer une règle en ce domaine aux imprimeurs... aussi décrète-t-il et statue-t-il que désormais la sainte Écriture, particulièrement cette édition ancienne de la Vulgate, soit imprimée le plus correctement possible ; qu'il ne soit permis à personne d'imprimer ou de faire imprimer tout livre traitant des choses sacrées sans nom d'auteur, ni de le vendre à l'avenir ou de le garder chez soi, si auparavant ces livres n'ont pas été examinés et approuvés par l'Ordinaire...

5e session, 17 juin 1546 : décret sur le péché originel.

1510  Pour que notre foi catholique, « sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu » He 11,6, une fois débarrassée des erreurs, demeure intègre et sans tache dans sa pureté, et pour que le peuple chrétien ne soit pas "emporté à tout vent de doctrine" Ep 4,14

– puisque l'antique serpent Ap 12,9 ; Ap 20,2, ennemi perpétuel du genre humain, parmi les nombreux maux qui troublent de nos jours l'Église de Dieu, a suscité au sujet du péché originel et de son remède non seulement de nouvelles, mais même d'anciennes querelles —, le saint concile oecuménique et général de Trente... veut entreprendre de ramener ceux qui errent et d'affermir ceux qui vacillent.

Aussi, suivant le témoignage des saintes Écritures, des saints Pères et des conciles les plus approuvés, ainsi que le jugement et l'accord de l'Église elle-même, il statue, confesse et déclare ce qui suit au sujet du péché originel.

1511  1. Si quelqu'un ne confesse pas que le premier homme, Adam, après avoir transgressé le commandement de Dieu dans le paradis, a immédiatement perdu la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi et a encouru, par l'offense que constituait cette prévarication, la colère et l'indignation de Dieu et, par la suite, la mort dont il avait été auparavant menacé par Dieu, et avec la mort la captivité sous le pouvoir de celui qui ensuite « a eu l'empire de la mort, c'est-à-dire le diable » He 2,14 ; et que par l'offense que constituait cette prévarication Adam tout entier, dans son corps et dans son âme a été changé en un état pire  371 : qu'il soit anathème.

1512  2. « Si quelqu'un affirme que la prévarication d'Adam n'a nui qu'à lui seul et non à sa descendance », et qu'il a perdu la sainteté et la justice reçues de Dieu pour lui seul et non aussi pour nous, ou que, souillé par le péché de désobéissance, « il n'a transmis que la mort » et les punitions « du corps à tout le genre humain, mais non pas le péché, qui est la mort de l'âme » : qu'il soit anathème, « puisqu'il est en contradiction avec l'Apôtre qui dit : “Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui” » Rm 5,12   372 .

1513  3. Si quelqu'un affirme que ce péché d'Adam — qui est un par son origine et. transmis par propagation héréditaire et non par imitation, est propre à chacun —, est enlevé par les forces de la nature humaine ou par un autre remède que le mérite de l'unique médiateur notre Seigneur Jésus Christ  1347  qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang Rm 5,9  s, « devenu pour nous justice, sanctification et Rédemption » 1Co 1,30  ou s'il nie que ce mérite de Jésus Christ soit appliqué aussi bien aux adultes qu'aux enfants par le sacrement conféré selon la forme et l'usage de l'Église : qu'il soit anathème.

Car « il n'est pas d'autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés » Ac 4,12. D'où cette parole : « Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde » Jn 1,19, et celle-ci « Vous tous qui avez été baptisés. vous avez revêtu le Christ » Ga 3,27 .

1514  4. « Si quelqu'un nie que les tout-petits, qui viennent de naître de leur mère, doivent être baptisés », même s'ils viennent de parents baptisés. « ou bien dit qu'ils sont certes baptisés pour la rémission des péchés, mais qu'ils ne portent rien du péché originel venant d'Adam qu'il est nécessaire d'expier par le bain de régénération » pour obtenir la vie éternelle, d'où il suit que pour eux la forme du baptême pour la rémission des péchés n'a pas un sens vrai, mais faux : qu'il soit anathème.

Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l'Apôtre : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui » Rm 5,12, si ce n'est comme l'a toujours compris l'Église catholique répandue en tous lieux. C'est en effet à cause de cette règle de foi venant de la tradition des apôtres « que même les tout-petits, qui n ont pas encore pu commettre aucun péché par eux-mêmes, sont pourtant vraiment baptisés pour la rémission des péchés, afin que soit purifié en eux par la régénération ce qu'il ont contracté par la génération »  223 . En effet « nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit Saint, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » Jn 3,5.

1515  Si quelqu'un nie que, par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ conférée au baptême, la culpabilité du péché originel soit remise, ou même s'il affirme que tout ce qui a vraiment et proprement caractère de péché n'est pas totalement enlevé, mais est seulement rasé ou non imputé : qu'il soit anathème.

En effet en ceux qui sont nés de nouveau rien n'est objet de la haine de Dieu, car « il n'y a pas de condamnation » Rm 8,1 pour ceux qui sont vraiment « ensevelis dans la mort avec le Christ par le baptême » Rm 6,4, « qui ne marchent pas selon la chair » Rm 8,1. mais qui dépouillant le vieil homme et revêtant l'homme nouveau, qui a été créé selon Dieu Ep 4,22-24 ; Col 3,9  s, sont devenus innocents, sans souillure, purs, irréprochables et fils aimés de Dieu, « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ » Rm 8,17, en sorte que rien ne fasse obstacle à leur entrée au ciel.

Que la concupiscence ou le foyer du péché demeure chez les baptisés, ce saint concile le confesse et le pense ; cette concupiscence étant laissée pour être combattue, elle ne peut nuire à ceux qui n'y consentent pas et y résistent courageusement par la grâce du Christ. Bien plus, « celui qui aura lutté selon les règles sera couronné » 2Tm 2,5. Cette concupiscence, que l'Apôtre appelle parfois « péché » Rm 6,12-15 ; Rm 7,7 ; Rm 7,14-20, le saint concile déclare que l'Église catholique n'a jamais compris qu'elle fût appelée péché parce qu'elle serait vraiment et proprement péché chez ceux qui sont nés de nouveau, mais parce qu'elle vient du péché et incline au péché. Si quelqu'un pense le contraire : qu'il soit anathème.

1516  6. Cependant ce même saint concile déclare qu'il n'est pas dans son intention de comprendre dans ce décret, où il est traité du péché originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, mais que l'on doit observer les constitutions du pape Sixte IV, d'heureuse mémoire, sous la menace des peines qui y sont contenues et il les renouvelle [?] s,.

6e 13 janvier 1547 décret sur la justification

Préambule

1520  Ce n'est pas sans la perte de nombreuses âmes et un grave détriment pour l'unité de l’Église que s'est répandue en notre temps une doctrine erronée concernant la justification. Aussi, pour la louange et la gloire du Dieu tout-puissant, pour la paix de l’Église et le salut des âmes, le saint concile œcuménique et général de Trente... se propose d'exposer à tous les chrétiens la véritable et sainte doctrine de la justification qu'a enseignée le Christ Jésus, soleil de justice Ml 4,2, auteur de notre foi, qui la mène à sa perfection He 12,2, que les apôtres nous ont transmise et que l’Église catholique, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, a toujours conservée, en interdisant sévèrement que personne n'ose à l'avenir croire, prêcher ou enseigner autrement que ce qui est statué et déclaré par le présent décret.

CHAPITRE 1

Impuissance de la nature et de la Loi à justifier les hommes.

1521  En premier lieu. le saint concile déclare que. pour avoir une intelligence exacte et authentique de la doctrine de la justification, il faut que chacun reconnaisse et confesse que, tous les hommes ayant perdu l'innocence dans la prévarication d'Adam Rm 5,12 ; 1Co 15,22 239, 3devenus impurs3 Is 64,6 et (comme le dit l'Apôtre) « enfants de colère par nature » Ep 2,3 comme cela a été exposé dans le décret sur le péché originel, ils étaient à ce point « esclaves du péché » Rm 6,20 et sous le pouvoir du diable et de la mort, que non seulement les païens, par la force de la nature 1551, mais aussi les juifs, par la lettre même de la Loi de Moïse, ne pouvaient se libérer ou se relever de cet état, même si le libre arbitre n'était aucunement éteint en eux 1555, bien qu'affaibli et dévié en sa force 378.

CHAPITRE 2

L'économie et le mystère de la venue du Christ

1522  D'où il arriva que le Père céleste, « Père des miséricordes et Dieu de toute consolation » 2Co 1,3, envoya aux hommes le Christ Jésus. son Fils 1551, annoncé et promis aussi bien avant la Loi qu'au temps de la Loi à de nombreux saints Pères Gn 49,10 ; Gn 49,18, lorsque vint cette bienheureuse « plénitude des temps » Ep 1,10 ; Ga 4,4, afin que, d'une part, « il rachète les juifs sujets de la Loi » Ga 4,5 et que, de l'autre, « les païens qui ne poursuivaient pas de justice, atteignent la justice » Rm 9,30, et que tous reçoivent l'adoption filiale Ga 4,5. C'est lui que « Dieu a établi victime propitiatoire par son sang moyennant la foi » Rm 3,25 « pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » 1Jn 2,2.

CHAPITRE 3

Ceux qui sont justifiés par le Christ

1523  Mais, bien que lui soit « mort pour tous » 2Co 5,15, tous cependant ne reçoivent pas le bienfait de sa mort. mais ceux-là seulement auxquels le mérite de sa Passion est communiqué. En effet, de même qu'en toute vérité les hommes ne naîtraient pas injustes s'ils ne naissaient de la descendance issue corporellement d'Adam, puisque, quand ils sont conçus, ils contractent une injustice personnelle par le fait qu'ils descendent corporellement de lui, de même ils ne seraient jamais justifiés s'ils ne renaissaient pas dans le Christ [?] , puisque, grâce à cette renaissance, leur est accordé par le mérite de sa Passion la grâce par laquelle ils deviennent justes. Pour ce bienfait l'Apôtre nous exhorte à toujours « rendre grâce au Père qui nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière et nous a arrachés à la puissance des ténèbres et transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la Rédemption et la rémission des péchés » Col 1,12-14.

CHAPITRE 4

Esquisse d'une description de la justification de l'impie. Son mode dans l'état de grâce.

1524  Ces mots esquissent une description de la justification de l'impie, comme étant un transfert de l'état dans lequel l'homme naît du premier Adam à l'état de grâce et d'adoption des fils de Dieu Rm 8,15, par le second Adam, Jésus Christ, notre Sauveur. Après la promulgation de l’Évangile, ce transfert ne peut se faire sans le bain de la régénération 1618 ou le désir de celui-ci, selon ce qui est écrit  « Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint » Jn 3,5.

CHAPITRE 5

Nécessité pour les adultes d 'une préparation à la justification. Son origine.

1525  Le concile déclare, en outre, que la justification elle-même chez les adultes a son origine dans la grâce prévenante de Dieu par Jésus Christ 1553, c'est-à-dire dans un appel de Dieu par lequel ils sont appelés sans aucun mérite en eux. De la sorte, ceux qui s'étaient détournés de Dieu par leurs péchés, poussés et aidés par la grâce, se disposent à se tourner vers la justification que Dieu leur accorde, en acquiesçant et coopérant librement à cette même grâce 1554-1555. De cette manière, Dieu touchant le cœur de l'homme par l'illumination de l'Esprit Saint, d'une part l'homme lui-même n'est pas totalement sans rien faire, lui qui accueille cette inspiration qu'il lui est possible de rejeter, d'autre part, pourtant, sans la grâce de Dieu, il ne lui est pas possible, par sa propre volonté, d'aller vers la justice en présence de Dieu 1553. Aussi, lorsqu'il est dit dans la sainte Écriture : « Tournez-vous vers moi et moi je me tournerai vers vous » (Za 1,3), notre liberté nous est rappelée ; lorsque nous répondons « Tourne-nous vers toi, Seigneur, et nous nous convertirons » Lm 5,21, nous reconnaissons que la grâce de Dieu nous prévient.

CHAPITRE 6

Mode de la préparation

1526  Les hommes sont disposés à la justice elle-même 1557-1559 lorsque, poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils entendent prêcher Rm 10,17, ils vont librement vers Dieu, croyant qu'est vrai tout ce qui a été divinement révélé et promis 1562-1564 et, avant tout que Dieu justifie l'impie « par sa grâce, au moyen de la Rédemption qui est dans le Christ Jésus » Rm 3,24 ; lorsque, aussi, comprenant qu'ils sont pécheurs et passant de la crainte de la justice divine, qui les frappe fort utilement 1558, à la considération de la miséricorde de Dieu, ils s'élèvent à l'espérance, confiants que Dieu, à cause du Christ, leur sera favorable, commencent à l'aimer comme source de toute justice, et, pour cette raison, se dressent contre les péchés, animés par une sorte de haine et de détestation  1559, c'est-à-dire par cette pénitence que l'on doit faire avant le baptême Ac 2,38 ; lorsque, enfin, ils se proposent de recevoir le baptême, de commencer une vie nouvelle et d'observer les commandements divins.

1527  De cette disposition il est écrit : « Celui qui approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il récompense ceux qui le cherchent » He 11,6, et : « Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis » Mt 9,2, et « La crainte du Seigneur chasse les péchés » Si 1,27, et : « Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit Saint » Ac 2,38, et « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé » Mt 28,19-20, et : « Préparez vos cœurs pour le Seigneur » 1S 7,3.

CHAPITRE 7

La justification de l'impie et ses causes.

1528  Cette disposition ou préparation est suivie par la justification elle-même, qui n'est pas seulement rémission des péchés 1561 , mais à la fois sanctification et rénovation de l'homme intérieur par la réception volontaire de la grâce et des dons. Par là, d'injuste l'homme devient juste, d'ennemi ami, en sorte qu'il est « Héritier, en espérance, de la vie éternelle » Tt 3,7.

1529  Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11 par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint promis « qui est le gage de notre héritage » Ep 1,13-14 ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, « alors que nous étions ennemis » Rm 5,10, « à cause du grand amour dont il nous a aimés » Ep 2,4, par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification 1560 et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, « sacrement de la foi » sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne.

Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, « non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes » 1560-1561, c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes « renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit » Ep 4,23, nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes 1Jn 3,1, recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11 et selon la disposition et la coopération propres à chacun.

1530  En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les cœurs Rm 5,5 de ceux qui sont justifiés et habite en eux 1561. Aussi, avec la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps la foi, l'espérance et la charité.

1531  Car la foi à laquelle ne se joignent ni l'espérance ni la charité n'unit pas parfaitement au Christ et ne rend pas membre vivant de son corps. Pour cette raison, l'on dit en toute vérité que la foi sans les œuvres est morte et inutile Jc 2,17-20 1569, et que dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont de valeur, mais la foi « qui opère par la charité » Ga 5,6 ; Ga 6,15.

C'est elle que, selon la tradition des apôtres, les catéchumènes demandent à l’Église avant le sacrement du baptême, quand ils demandent «la foi qui procure la vie éternelle» que, sans l'espérance et la charité, la foi ne peut procurer. Aussi entendent-ils immédiatement la parole du Christ : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » Mt 19,17 1568-1570. C'est pourquoi lorsqu'ils reçoivent la justice véritable et chrétienne, cette première robe Lc 15,22 qui leur est donnée par le Christ à la place de celle que, par sa désobéissance, Adam a perdue pour lui et pour nous, il est ordonné aussitôt à ceux qui viennent de renaître de la conserver blanche et sans tache, pour l'apporter devant le tribunal de notre Seigneur Jésus Christ et avoir la vie éternelle.

CHAPITRE 8

Comment comprendre que l'impie est justifié par la foi et gratuitement

1532  Lorsque l'Apôtre dit que l'homme est 3justifié par la foi3 1559 et gratuitement Rm 3,22-24, il faut comprendre ces mots dans le sens où l'a toujours et unanimement tenu et exprimé l’Église catholique, à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la foi, c'est parce que « la foi est le commencement du salut de l'homme », le fondement et la racine de toute justification, que sans elle « il est impossible de plaire à Dieu » He 11,6 et de parvenir à partager le sort de ses enfants 2P 1,4 ; et nous sommes dits être justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les œuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet «si c'est une grâce, elle ne vient pas des œuvres ; autrement (comme le dit le même Apôtre) la grâce n'est plus la grâce» Rm 11,6.

CHAPITRE 9

Contre la vaine confiance des hérétiques

1533  Bien qu'il soit indispensable de croire que les péchés ne sont et n'ont jamais été remis que gratuitement par miséricorde divine à cause du Christ, cependant personne ne doit, en se targuant de la confiance et de la certitude que ses péchés sont remis et en se reposant sur cela, dire que ses péchés sont ou ont été remis, alors que cette confiance vaine et éloignée de toute piété peut exister chez des hérétiques et des schismatiques, bien plus que de notre temps elle existe et est prêchée à grand bruit contre l’Église catholique 1562 .

1534  Mais il ne faut pas non plus affirmer que tous ceux qui ont été vraiment justifiés doivent être sans aucune hésitation convaincus en eux-mêmes qu'ils ont été justifiés, ni que personne n'est absous de ses péchés et justifié, sauf celui qui croit avec certitude qu'il a été absous et justifié, et que c'est par cette seule foi que se réalise l'absolution et la justification 1564, comme si celui qui ne croit pas cela mettait en doute les promesses de Dieu et l'efficacité de la mort et de la Résurrection du Christ. En effet, de même qu'aucun homme pieux ne doit mettre en doute la miséricorde de Dieu, les mérites du Christ, la vertu et l'efficacité des sacrements, de même quiconque se considère lui-même, ainsi que sa propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli d'effroi et de crainte au sujet de sa grâce 1563, puisque personne ne peut savoir, d'une certitude de foi excluant toute erreur, qu'il a obtenu la grâce de Dieu.

CHAPITRE 10

L'accroissement de la grâce reçue

1535  Ainsi donc, ceux qui ont été justifiés et sont devenus « amis de Dieu » et « membres de sa famille » Jn 15,15 ; Ep 2,19 marchant « de vertu en vertu » Ps 83,8, se renouvellent (comme dit l'Apôtre) de jour en jour 2Co 4,16, c'est-à-dire en mortifiant les membres de leur chair Col 3,5 et en les présentant comme des armes à la justice pour la sanctification Rm 6,13-19, par l'observation des commandements de Dieu et de l’Église ; ils croissent dans cette justice reçue par la grâce du Christ, la foi coopérant aux bonnes œuvres Jc 2,22 et ils sont davantage justifiés 1574 ; 1582, selon ce qui est écrit : « Celui qui est juste, sera encore justifié » Ap 22,11 et aussi : « Ne crains pas d'être justifié jusqu'à la mort » Si 18,22 et encore « Vous voyez que l'homme est justifié par les œuvres et non par la foi seule » Jc 2,24. Cet accroissement de justice, la sainte Église le demande quand elle dit dans la prière : « Seigneur, augmente en nous la foi, l'espérance et la charité ».

CHAPITRE 11

L’observation des commandements. Sa nécessité et sa possibilité.

1536  Personne, si justifié soit-il, ne doit penser qu'il est libéré de l'observation des commandements 1570. Personne ne doit user de cette expression téméraire et interdite sous peine d'anathèmes par les Pères, à savoir que pour l'homme justifié les commandements de Dieu sont impossibles à observer 1568 ; 1572 ; 397. « Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t'invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas », et il t'aide pour que tu le puisses ; ses commandements ne sont pas pesants 1Jn 5,3, son joug est doux et son fardeau léger Mt 11,30. En effet, ceux qui sont enfants de Dieu aiment le Christ ; ceux qui l'aiment (comme il en témoigne lui-même) gardent ses paroles Jn 14,23, ce qui leur est toujours possible avec l'aide de Dieu.

1537  Bien qu'en cette vie mortelle, aussi saints et justes qu'ils soient, ils tombent parfois au moins dans les péchés légers et quotidiens, qu'on appelle aussi véniels 1573, ils ne cessent pas pour autant d'être justes. En effet l'expression humble et authentique des justes est celle-ci : « Remets-nous nos dettes » Mt 6,12 229 ss. .

C'est pourquoi les justes eux-mêmes doivent se sentir d'autant plus obligés à marcher dans la voie de la justice que, désormais « libérés du péché, devenus serviteurs de Dieu » Rm 6,22, vivant « dans la tempérance, la justice et la piété » Tt 2,12, ils peuvent progresser par le Christ Jésus qui leur a ouvert l'accès à cette grâce Rm 5,2. Car ceux qu'il a justifiés une fois, « Dieu ne les abandonne pas, à moins qu'il ne soit d'abord abandonné par eux ».

1538  C'est pourquoi personne ne doit se rassurer dans la foi seule 1559 ; 1569 ; 1570, pensant que par la foi seule il a été constitué héritier et obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre pas avec le Christ pour être glorifié avec lui Rm 8,17. Car le Christ lui-même (comme le dit l'Apôtre), « tout Fils de Dieu qu'il fût, a appris par ses souffrances à obéir, et, ayant tout accompli, est devenu cause de salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent » He 5,8-9.

C'est pourquoi l'Apôtre lui-même avertit ceux qui ont été justifiés en ces termes : « Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez de manière à le remporter. Pour moi, donc, c'est ainsi que je cours, non à l'aventure ; c'est ainsi que je combats, non comme en frappant dans le vide. Mais je châtie mon corps et je le réduis en esclavage, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même éliminé » 1Co 9,24 ss. Et Pierre, le prince des Apôtres « Appliquez-vous à rendre certaine votre vocation et votre élection par vos bonnes œuvres ; en agissant ainsi vous ne pécherez jamais » 2P 1,10.

1539  Il est par là évident qu'ils s'opposent à la doctrine orthodoxe de la religion ceux qui disent que, dans toute bonne action, le juste pèche au moins véniellement 1575 ; 1481 ss. ou (ce qui est plus intolérable) mérite les peines éternelles ; de même aussi ceux qui déclarent que les justes pèchent dans toutes leurs actions, si, voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager à courir dans le stade, ils considèrent, en même temps que la glorification mise en premier lieu, la récompense éternelle 1576 ; 1581, alors qu'il est écrit : « J'ai disposé mon cœur à la pratique de tes prescriptions à cause de la récompense » Ps 118,112, et que l'Apôtre dit de Moïse qu'il « avait les yeux fixés sur la récompense » He 11,26.

CHAPITRE 12

On doit se garder d'une présomption téméraire concernant la prédestination.

1540  Personne non plus, aussi longtemps qu'il vit dans la condition mortelle, ne doit présumer du mystère caché de la prédestination divine qu'il déclare avec certitude qu'il est absolument du nombre des prédestinés 1565, comme s'il était vrai qu'une fois justifié ou bien il ne puisse plus pécher 1573 ou bien, s'il venait à pécher, il doive se promettre une repentance certaine. Car, à moins d'une révélation spéciale, on ne peut savoir ceux que Dieu s'est choisis 1566.

CHAPITRE 13

Le don de la persévérance

1541  Il en est de même du don de la persévérance 1566. Il est écrit à son sujet : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé » Mt 10,22 ; Mt 24,13 : cela ne peut se faire que par celui qui « a le pouvoir de maintenir celui qui est debout pour qu'il continue de l'être » Rm 14,4 et de relever celui qui tombe. Que personne donc ne se promette rien de sûr avec une certitude absolue, bien que tous doivent placer et faire reposer dans le secours de Dieu la plus ferme espérance. Car Dieu, s'ils ne sont pas infidèles à sa grâce, mènera à son terme la bonne œuvre, comme il l'a déjà commencée Ph 1,6, opérant en eux le vouloir et le faire Ph 2,13 1572.

Pourtant, que ceux qui se croient être debout, veillent à ne pas tomber 1Co 10,12 et travaillent à leur salut avec crainte et tremblement Ph 2,12 dans les fatigues, les veilles, les aumônes, les prières et les offrandes, dans le jeûne et la chasteté 2Co 6,5-6. Sachant, en effet, qu'ils sont nés de nouveau dans l'espérance de la gloire 1P 1,3 mais pas encore dans la gloire, ils doivent avoir des craintes concernant le combat qui leur reste contre la chair, contre le monde, contre le diable, combat dans lequel ils ne peuvent être vainqueurs que si, avec la grâce de Dieu, ils obéissent aux paroles de l'Apôtre : « Nous ne sommes plus tenu, vis-à-vis de la chair, de vivre selon la chair. Si vous vivez, en effet, selon la chair, vous mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites mourir les œuvres de la chair, vous vivrez » Rm 8,12-13.

CHAPITRE 14

Ceux qui sont tombés et leur relèvement

1542  Ceux qui, après avoir reçu la grâce de la justification, en sont déchus par le péché pourront être de nouveau justifiés 1579 lorsque, poussés par Dieu, ils feront en sorte de retrouver la grâce perdue au moyen du sacrement de la pénitence, grâce aux mérites du Christ. Ce mode de justification est le relèvement du pécheur, que les saints Pères ont fort bien appelé « la seconde planche après le naufrage qu'est la perte de la grâce ». En effet pour ceux qui tombent dans le péché après le baptême, le Christ Jésus a institué le sacrement de la pénitence, lorsqu'il dit « Recevez le Saint-Esprit, à ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez » Jn 20,22-23.

1543  Aussi faut-il enseigner que la pénitence du chrétien après une chute est très différente de la pénitence baptismale. Elle comprend non seulement l'abandon des péchés et leur détestation, ou « un cœur contrit et humilié » Ps 50,19, mais aussi la confession sacramentelle de ceux-ci, ou du moins le désir de la faire en temps opportun, l'absolution par un prêtre, et, de plus, la satisfaction par le jeûne, les aumônes, les prières et autres pieux exercices de la vie spirituelle, non pour remettre la peine éternelle — laquelle est remise en même temps que la faute par le sacrement ou le désir du sacrement —, mais pour remettre la faute temporelle 1580 qui (comme l'enseigne l’Écriture sainte) n'est pas toujours totalement remise, comme elle l'est au baptême, à ceux qui, ingrats envers la grâce de Dieu qu'ils ont reçue, ont contristé l'Esprit Saint Ep 4,30 et n'ont pas craint de violer le Temple de Dieu 1Co 3,17.

Il est écrit de cette pénitence : « Souviens-toi d'où tu es tombé, fais pénitence et reviens à tes premières œuvres » Ap 2,51 et aussi : « La tristesse selon Dieu produit une pénitence pour un salut durable » 2Co 7,10, et encore « Faites pénitence » Mt 3,2 ; Mt 4,17, et « Faites de dignes fruits de pénitence » Mt 3,8 ; Lc 3,8.

CHAPITRE 15

Tout péché mortel fait perdre la grâce, mais non la foi.

1544  Contre les esprits rusés de certains hommes qui, 3par de doux discours et des bénédictions, séduisent les cœurs simples3 Rm 16,18, il faut affirmer que la grâce de la justification, qui a été reçue, se perd non seulement par l'infidélité 1577, par laquelle se perd aussi la foi elle-même, mais aussi par n'importe quel péché mortel, bien qu'alors ne se perde pas la foi 1578. On défend ainsi la doctrine de la Loi divine qui exclut du Royaume de Dieu non seulement les infidèles, mais aussi les fidèles fornicateurs, adultères, efféminés, sodomites, voleurs, avares, ivrognes, médisants, rapaces 1Co 6,9-10 et tous les autres qui commettent des péchés mortels dont, avec l'aide de la grâce divine, ils peuvent s'abstenir et à cause desquels ils sont séparés de la grâce du Christ 1577.

CHAPITRE 16

Le fruit de la justification : le mérite, les bonnes œuvres. Sa nature.

1545  C'est donc dans cette perspective qu'il faut proposer aux hommes justifiés, qu'ils aient sans cesse gardé la grâce reçue ou qu'ils l'aient recouvrée après l'avoir perdue, les mots de l'Apôtre : « Soyez riches de toute œuvre bonne, sachant que votre labeur n'est pas vain dans le Seigneur » 1Co 15,58, car « Dieu n'est pas injuste au point d'oublier ce que vous avez fait et la charité dont vous avez fait preuve en son nom » He 6,10, et : « Ne perdez pas votre confiance ; elle aura une grande récompense » He 10,35. Et c'est pourquoi, à ceux qui agissent bien « jusqu'à la fin » Mt 10,22 ; Mt 24,13 et qui espèrent en Dieu, il faut proposer la vie éternelle à la fois comme la grâce miséricordieusement promise par le Christ Jésus aux fils de Dieu et « comme la récompense », que Dieu, selon la promesse qu'il a faite lui-même, accordera à leurs œuvres bonnes et à leurs mérites 1576 ; 1582. Telle est, en effet, « la couronne de justice » dont l'Apôtre disait qu'elle lui était « réservée après son combat et sa course et lui serait donnée par le juste juge, non seulement à lui, mais aussi à tous ceux qui attendent avec amour son avènement » 2Tm 4,7-8.

1546  Le Christ Jésus lui-même communique constamment sa force à ceux qui ont été justifiés, comme la tête aux membres Ep 4,15, comme le cep aux sarments Jn 15,5, force qui toujours précède, accompagne et suit leurs bonnes œuvres et sans laquelle celles-ci ne pourraient en aucune manière être agréables à Dieu et méritoires 1552. Aussi faut-il croire qu'il ne manque rien d'autre aux justifiés eux-mêmes pour qu'ils soient estimés avoir pleinement satisfait à la Loi de Dieu, dans les conditions de cette vie, par ces œuvres qui ont été faites en Dieu Jn 3,21, et avoir vraiment mérité d'obtenir, en son temps, la vie éternelle 1582 , si toutefois ils meurent dans la grâce Ap 14,13. Le Christ notre Sauveur ne dit-il pas : « Si quelqu'un boit de l'eau que je lui donnerai, il n'aura jamais soif ; elle deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle » Jn 4,14.

1547  Ainsi notre justice personnelle n'est pas établie comme venant personnellement de nous 2Co 3,5 et la justice de Dieu n'est ni méconnue ni rejetée Rm 10,3. En effet cette justice est dite nôtre, parce que nous sommes justifiés par cette justice qui habite en nous 1560 ; 1561 ; et cette même justice est celle de Dieu, parce qu'elle est répandue en nous par Dieu et par les mérites du Christ.

1548  Il ne faut pas omettre ceci : la sainte Écriture attribue, certes, une telle valeur aux bonnes œuvres que le Christ promet que même celui qui donne à l'un de ses plus petits un verre d'eau fraîche ne perdra pas sa récompense Mt 10,42 ; Mc 9,40 ; et l'Apôtre atteste que notre « légère tribulation d'un instant nous prépare au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire dans les cieux » 2Co 4,17. Cependant, loin de nous de penser que le chrétien se confie ou se glorifie en lui-même et non pas dans le Seigneur 1Co 1,31 ; 2Co 10,17, dont la bonté envers les hommes est si grande qu'il veut que ses dons soient leurs mérites 1582 ; 248.

1549  Et parce que «nous péchons tous en bien des choses» Jc 3,2 1573, chacun doit avoir devant les yeux non seulement la miséricorde et la bonté, mais aussi la sévérité et le jugement, et l'on ne doit pas se juger soi-même, même si on n'est conscient d'aucune faute. Car toute la vie des hommes doit être examinée et jugée non pas par un jugement d'homme, mais par celui de Dieu « qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les secrets des cœurs ; et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient » 1Co 4,4 s., lui qui, comme il est écrit, « rendra à chacun selon ses œuvres » Rm 2,6.

1550  Après avoir exposé la doctrine catholique concernant la justification 1583, que chacun recevra fidèlement et fermement pour être justifié, le saint concile a jugé bon d'y joindre les canons suivants, pour que tous sachent non seulement ce qu'ils doivent tenir et suivre, mais aussi ce qu'ils doivent éviter et fuir.

Canons sur La justification.

1551  1. Si quelqu'un dit que l'homme peut être justifié devant Dieu par ses œuvres — que celles-ci soient accomplies par les forces de la nature humaine ou par l'enseignement de la loi — sans la grâce divine venant par Jésus Christ : qu'il soit anathème 1521.

1552  2. Si quelqu'un dit que la grâce divine venant par Jésus Christ n'est donnée que pour que l'homme puisse plus facilement vivre dans la justice et mériter la vie éternelle, comme si, par le libre arbitre et sans la grâce, il pouvait parvenir à l'une et à l'autre chose, toutefois péniblement et difficilement : qu'il soit anathème 1524 ss.

1553  3. Si quelqu'un dit que, sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et sans son aide, l'homme peut croire, espérer et aimer, ou se repentir, comme il le faut, pour que lui soit accordée la grâce de la justification : qu'il soit anathème 1525.

1554  4. Si quelqu'un dit que le libre arbitre de l'homme, mû et poussé par Dieu, ne coopère en rien quand il acquiesce à Dieu, qui le pousse et l'appelle à se disposer et préparer à obtenir la grâce de la justification, et qu'il ne peut refuser d'acquiescer, s'il le veut, mais que tel un être inanimé il ne fait absolument rien et se comporte purement passivement : qu'il soit anathème 1525.

1555  5. Si quelqu'un dit que, après le péché d'Adam, le libre arbitre de l'homme a été perdu et éteint, ou qu'il est une réalité qui n'en porte que le nom, bien plus un nom sans réalité, une fiction enfin introduite par Satan dans l’Église : qu'il soit anathème 1521 ; 1525 ; 1486.

1556  6. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de s'engager dans les voies du mal, mais que ses mauvaises comme ses bonnes actions sont l’œuvre de Dieu, non seulement parce qu'il les permet, mais encore proprement et par lui-même, tellement que la trahison de Judas ne serait pas moins son œuvre propre que la vocation de Paul : qu'il soit anathème.

1557  7. Si quelqu'un dit que toutes les œuvres accomplies avant la justification, de quelque façon qu'elles le soient, sont vraiment des péchés et méritent la haine de Dieu, ou que plus on fait d'efforts pour se disposer à la grâce, plus on pèche gravement : qu'il soit anathème 1526.

1558  8. Si quelqu'un dit que la crainte de l'enfer, par laquelle, en nous affligeant de nos péchés, nous nous réfugions dans la miséricorde de Dieu ou nous nous abstenons de pécher, est un péché ou rend les hommes encore pires : qu'il soit anathème 1526 ; 1456.

1559  9. Si quelqu'un dit que l'impie est justifié par la seule foi, entendant par là que rien d'autre n'est requis pour coopérer à l'obtention de la grâce, et qu'il ne lui est en aucune manière nécessaire de se préparer et disposer par un mouvement de sa volonté : qu'il soit anathème 1532 ; 1538 ; 1465 ; 1460 ss .

1560  10. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés sans la justice du Christ, par laquelle il a mérité pour nous, ou qu'ils sont formellement justes par cette justice : qu'il soit anathème 1523 ; 1529.

1561  11. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés ou bien par la seule imputation de la justice du Christ, ou bien par la seule rémission des péchés, à l'exclusion de la grâce et de la charité qui est répandue dans leurs cœurs par l'Esprit Saint Rm 5,5 et habite en eux, ou encore que la grâce par laquelle nous sommes justifiés est seulement la faveur de Dieu : qu'il soit anathème 1528-1531  1545 ss .

1562  12. Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que la confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés à cause du Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes justifiés : qu'il soit anathème. 1533.

1563  13. Si quelqu'un dit qu'il est indispensable à tout homme, pour obtenir la rémission des péchés, de croire avec certitude et sans aucune hésitation venant de sa faiblesse personne1le ou de son manque de disposition que ses péchés lui sont remis : qu'il soit anathème 1533 s ; 1460-1464.

1564  14. Si quelqu'un dit que l'homme est absous de ses péchés et justifié parce qu'il croit avec une certitude qu'il est absous et justifié, ou que n'est vraiment justifié que celui qui croit qu'il est justifié, et que cette seule foi réalise l'absolution et la justification : qu'il soit anathème. 1533 s ; 1460-1464.

1565  15. Si quelqu'un dit que l'homme né de nouveau et justifié est tenu par la foi de croire qu'il est certainement au nombre des prédestinés : qu'il soit anathème 1540.

1566  16. Si quelqu'un dit avec une certitude absolue et infaillible qu'il aura certainement le grand don de la persévérance jusqu'à la fin Mt 10,22 ; Mt 24,13, à moins qu'il ne l'ait appris par une révélation spéciale : qu'il soit anathème 1540 s

1567  17. Si quelqu'un dit que la grâce de la justification n'échoit qu'à ceux qui sont prédestinés à la vie et que tous les autres qui sont appelés, le sont assurément, mais ne reçoivent pas la grâce, parce que prédestinés au mal par la puissance divine : qu'il soit anathème.

1568  8. Si quelqu'un dit que les commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour l'homme justifié et établi dans la grâce : qu'il soit anathème 1536s.

1569  19. Si quelqu'un dit que rien n'est commandé dans l’Évangile en dehors de la foi, que les autres choses sont indifférentes, ni commandées, ni défendues, mais libres, ou que les dix commandements ne concernent pas les chrétiens : qu'il soit anathème 1536s.

1570  20. Si quelqu'un dit que l'homme justifié, aussi parfait qu'il soit, n'est pas tenu d'observer les commandements de Dieu et de l’Église, mais seulement de croire, comme si l’Évangile était une pure et simple promesse de la vie éternelle sans la condition d'observer les commandements : qu'il soit anathème 1536 s.

1571  21. Si quelqu'un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir : qu'il soit anathème.

1572  22. Si quelqu'un dit que le justifié soit peut persévérer dans la justice sans un secours spécial de Dieu, soit ne le peut pas avec ce secours : qu'il soit anathème 1541.

1573  23. Si quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou, au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés, même véniels, à moins que ce soit par un privilège spécial de Dieu, comme l’Église le tient au sujet de la bienheureuse Vierge : qu'il soit anathème  1537 ; 1549.

1574  24. Si quelqu'un dit que la justice reçue ne se conserve pas et même ne s'accroît pas devant Dieu par les bonnes œuvres, mais que ces œuvres ne sont que le fruit et le signe de la justification obtenue et non pas aussi la cause de son accroissement : qu'il soit anathème 1535.

1575  25. Si quelqu'un dit qu'en toute bonne œuvre le juste pèche au moins véniellement ou (ce qui est plus intolérable) mortellement, et qu'il mérite pour cela les peines éternelles ; qu'il n'est pas damné à cause de cela seulement, parce que Dieu n'impute pas ses œuvres pour la damnation : qu'il soit anathème 1539 ; 1481s .

1576  26. Si quelqu'un dit que, pour les bonnes œuvres qu'ils ont faites en Dieu Jn 3,21, les justes ne doivent pas attendre et espérer de rétribution éternelle de la part de Dieu, en raison de sa miséricorde et des mérites de Jésus Christ, s'ils persévèrent jusqu'à la fin à faire le bien et à garder les commandements divins Mt 10,22 ; Mt 24,13 : qu'il soit anathème 1538.

1577  27. Si quelqu'un dit qu'il n'y a aucun péché mortel, sauf celui d'infidélité, ou que la grâce une fois reçue ne peut être perdue par aucun autre péché, aussi grave et énorme soit-il, sauf par celui de l'infidélité : qu'il soit anathème 1544.

1578  28. Si quelqu'un dit qu'une fois la grâce perdue par le péché, en même temps la foi est pour toujours perdue ou que la foi qui reste n'est pas une vraie foi, puisqu'elle n'est pas vivante Jc 2,26, ou bien que celui qui a la foi sans la charité n'est pas un chrétien : qu'il soit anathème 1544.

1579  29. Si quelqu'un dit que celui qui est tombé après le baptême ne peut pas se relever avec la grâce de Dieu, ou qu'il peut certes recouvrer la justice perdue, mais par la seule foi, sans le sacrement de la pénitence, comme l'a jusqu'ici professé, gardé et enseigné la sainte Église romaine universelle, instruite par notre Seigneur et les apôtres : qu'il soit anathème 1542.

1580  30. Si quelqu'un dit que, après avoir reçu la grâce de la justification, tout pécheur pénitent voit sa faute remise et sa condamnation à la peine éternelle annulée, en sorte que ne reste aucune condamnation à une peine temporelle à expier, ou dans ce monde ou dans le monde à venir au purgatoire, avant que ne puisse s'ouvrir l'entrée au royaume des cieux qu'il soit anathème 1543.

1581  31. Si quelqu'un dit que le justifié pèche en faisant le bien en vue d'une récompense éternelle : qu'il soit anathème 1539.

1582  32. Si quelqu'un dit que les bonnes œuvres de l'homme justifié sont les dons de Dieu, en telle sorte qu'elles ne soient pas aussi de bons mérites de justifié ; ou que, par les bonnes œuvres qu'il fait par la grâce de Dieu et les mérites du Christ (dont il est un membre vivant), le justifié ne mérite pas vraiment un accroissement de la grâce, la vie éternelle et (s'il meurt dans la grâce) l'entrée dans la vie éternelle, ainsi que l'accroissement de gloire : qu'il soit anathème  1548 ; 1545-1550.

1583  33. Si quelqu'un dit que, par cette doctrine catholique sur la justification exposée par le saint concile dans le présent décret, il fait tort en partie à la gloire de Dieu ou aux mérites de Jésus Christ notre Seigneur et non plutôt que sont ainsi mises en lumière la vérité de notre foi et la gloire de Dieu et du Christ Jésus : qu'il soit anathème.

7e session, 3 Mars 1547, décret sur les sacrements

Préambule

1600  Pour compléter cette doctrine salutaire sur la justification, promulguée lors de la précédente session avec le consentement unanime de tous les pères, il a paru à propos de traiter des sacrements très saints de l'Église. C'est par eux que toute véritable justice ou commence, ou, une fois commencée, s'accroît, ou, perdue, est réparée.

C'est pourquoi le saint concile œcuménique et général de Trente, veut éliminer les erreurs et extirper les hérésies qui, apparues de notre temps, concernant les très saints sacrements, sont nées d'hérésies autrefois condamnées par nos Pères ou bien même ont été découvertes, nuisant grandement à la pureté de l'Église catholique et ,au salut des âmes, attaché à l'enseignement des saintes Écritures, aux traditions apostoliques et à l'accord unanime des Pères des autres conciles, ce saint concile a décidé de statuer et de décréter les canons suivants. Ceux qui restent encore pour porter à son terme l’œuvre commencée seront, avec l'aide de l'Esprit Saint, publiés plus tard.

Canons sur les sacrements en général.

1601  1. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle n'ont pas été tous institués par Jésus Christ notre Seigneur ou bien qu'il y en a plus ou moins que sept, à savoir : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage, ou encore que l'un de ces sept n'est pas vraiment et proprement un sacrement : qu'il soit anathème.

1602  2. Si quelqu'un dit que ces sacrements de la Loi nouvelle ne diffèrent des sacrements de la Loi ancienne que parce que les cérémonies sont autres et que sont autres les rites extérieurs : qu'il soit anathème.

1603  3. Si quelqu'un dit que ces sept sacrements sont si égaux entre eux que d'aucune façon l'un n'est plus digne que l'autre : qu'il soit anathème.

1604  4. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais superflus, et que, sans eux ou sans le désir de ceux-ci, les hommes obtiennent de Dieu la grâce de la justification 1559, étant admis que tous ne sont pas nécessaires à chacun : qu'il soit anathème.

1605  5. Si quelqu'un dit que ces sacrements n'ont été institués que pour nourrir la foi : qu'il soit anathème.

1606  6. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne contiennent pas la grâce qu'ils signifient ou qu'ils ne confèrent pas cette grâce elle-même à ceux qui n'y mettent pas d'obstacle 1451, comme s'ils n'étaient que les signes extérieurs de la grâce et de la justice reçus par la foi, et des marques de profession chrétienne par lesquelles les fidèles sont distingués des infidèles parmi les hommes : qu'il soit anathème.

1607  7. Si quelqu'un dit que par de tels sacrements la grâce n'est pas donnée toujours et à tous, pour ce qui est de Dieu, même s'ils sont reçus comme il convient, mais seulement parfois et à quelques-uns : qu'il soit anathème.

1608  8. Si quelqu'un dit que la grâce n'est pas conférée ex opere operato par ces sacrements de la Loi nouvelle, mais que seule la foi en la promesse divine suffit pour obtenir la grâce : qu'il soit anathème.

1609  9. Si quelqu'un dit que dans les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l'ordre n'est pas imprimé dans l'âme un caractère, c'est-à-dire une marque spirituelle et indélébile telle qu'on ne peut les réitérer : qu'il soit anathème.

1610  10. Si quelqu'un dit que tous les chrétiens ont pouvoir sur la parole et sur l'administration des sacrements : qu'il soit anathème.

1611  11. Si quelqu'un dit que chez les ministres, alors qu'ils réalisent et confèrent les sacrements, l'intention n'est pas requise de faire au moins ce que fait l'Église : qu'il soit anathème. 1262.

1612  12. Si quelqu'un dit qu'un ministre en état de péché mortel, du moment qu'il observe tout ce qui est essentiel concernant la réalisation ou la collation du sacrement, en réalise ou ne confère par un sacrement : qu'il soit anathème 1154.

1613  13. Si quelqu'un dit que les rites reçus et approuvés de l’Église catholique, en usage dans l'administration solennelle des sacrements, peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, au gré des ministres, ou encore être changés en d'autres nouveaux par tout pasteur des églises : qu'il soit anathème.

Canons sur le sacrement de baptême

1614  1. Si quelqu'un dit que le baptême de Jean a eu la même force que le baptême du Christ : qu'il soit anathème.

1615  2. Si quelqu'un dit que l'eau vraie et naturelle n'est pas chose nécessaire pour le baptême et si, en conséquence, il détourne au sens d'une métaphore les paroles de notre Seigneur Jésus Christ : « Si l'on ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint » Jn 3,5 ; qu'il soit anathème.

1616  3. Si quelqu'un dit que dans l'Église romaine, qui est Mère et maîtresse de toutes les Églises, ne se trouve pas la vraie doctrine sur le sacrement de baptême : qu'il soit anathème.

1617  4. Si quelqu'un dit que le baptême, même donné par des hérétiques au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, avec l'intention de faire ce que fait l'Église, n'est pas un vrai baptême : qu'il soit anathème.

1618  5. Si quelqu'un dit que le baptême est libre, c'est-à-dire n'est pas nécessaire pour le salut : qu'il soit anathème 1524.

1619  6. Si quelqu'un dit que le baptisé ne peut pas, même s'il le voulait, perdre la grâce, quelque nombreux que soient ses péchés, sauf s'il ne veut pas croire : qu'il soit anathème 1544.

1620  7. Si quelqu'un dit que les baptisés, par leur baptême, ne sont pas obligés qu'à la foi, mais non à l'observation de toute la Loi du Christ : qu'il soit anathème.

1621  8. Si quelqu'un dit que les baptisés sont libres par rapport à tous les commandements de la sainte Église, aussi bien ceux qui sont écrits que ceux qui sont transmis, en sorte qu'ils ne soient tenus de les observer que s'ils veulent spontanément s'y soumettre : qu'il soit anathème.

1622  9. Si quelqu'un dit que l'on doit rappeler aux hommes le souvenir du baptême, de telle manière qu'ils comprennent que tous les vœux faits après le baptême sont nuls, en vertu de la promesse déjà faite lors du baptême lui-même, comme si ces vœux portaient atteinte et à la foi qu'ils ont alors professée et au baptême lui-même : qu'il soit anathème.

1623  10. Si quelqu'un dit que tous les péchés commis après le baptême sont remis ou rendus véniels par le seul souvenir et par la foi du baptême qui a été reçu : qu'il soit anathème.

1624  11. Si quelqu'un dit que le vrai baptême, conféré selon les rites, doit être réitéré pour celui qui a renié la foi du Christ parmi les infidèles, lorsqu'il s'est converti et a fait pénitence : qu'il soit anathème.

1625  12. Si quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé qu'à l'âge où le Christ a été baptisé ou bien à l'article de la mort : qu'il soit anathème.

1626  13. Si quelqu'un dit que les petits enfants, par le fait qu'ils ne font pas acte de foi, ne doivent pas être comptés parmi les fidèles, après qu'ils ont reçu le baptême, et que, pour cette raison, ils doivent être rebaptisés quand ils sont arrivés à l'âge de discrétion, ou qu'il est préférable d'omettre leur baptême plutôt que de les baptiser dans la seule foi de l'Église, eux qui ne croient pas par un acte personnel de foi : qu'il soit anathème.

1627  14. Si quelqu'un dit que l'on doit demander à ces petits enfants ainsi baptisés, lorsqu'ils ont grandi, s'ils veulent ratifier ce que les parrains ont promis en leur nom quand ils ont été baptisés et que ceux qui répondent qu'ils ne le veulent pas, on doit les laisser à leur libre arbitre et ne les contraindre par aucune peine à une vie chrétienne, sauf en les écartant de la réception de l'eucharistie et des autres sacrements jusqu'à ce qu'ils s'amendent : qu'il soit anathème.

Canons sur le sacrement de confirmation.

1628  1. Si quelqu'un dit que la confirmation des baptisés est une cérémonie vaine et non pas plutôt un sacrement véritable et proprement dit, ou qu'elle ne fut autrefois rien d'autre qu'une catéchèse, par laquelle ceux qui approchaient de l'adolescence rendaient compte de leur foi en présence de l'Église : qu'il soit anathème.

1629  2. Si quelqu'un dit que font injure à l'Esprit Saint ceux qui attribuent quelque vertu au saint chrême de la confirmation : qu'il soit anathème.

1630  3. Si quelqu'un dit que le ministre ordinaire de la confirmation n'est pas l'évêque seul, mais n'importe quel simple prêtre : qu'il soit anathème 1318.

·      Continuation du Concile de Trente sous Jules III

13e session, 11 octobre 1551 : décret sur le sacrement de l'eucharistie

Préambule

1635  Le saint concile œcuménique et général de Trente... s'est réuni, non sans être particulièrement conduit et gouverné par l'Esprit Saint, dans le but d'exposer la véritable et antique doctrine sur la foi et les sacrements et pour porter remède à toutes les hérésies et à tous les autres très graves dommages qui, aujourd'hui, troublent malheureusement l'Église de Dieu et la divisent en de nombreuses et diverses parties. Il a cependant, dès le début, eu spécialement à cœur d'arracher jusqu'à la racine l'ivraie des erreurs et schismes exécrables que l'ennemi, en ces temps malheureux qui sont les nôtres, a semé Mt 13,15 dans la doctrine de la foi, dans l'usage et le culte de la sainte eucharistie, elle que notre Seigneur a pourtant laissée dans son Église comme le symbole de cette unité et de cet amour par lesquels il a voulu que tous les chrétiens soient unis et reliés entre eux.

C'est pourquoi ce même saint concile, transmettant la saine et authentique doctrine concernant ce vénérable et divin sacrement de l'eucharistie, que l'Église catholique, instruite par Jésus Christ notre Seigneur lui-même et par les apôtres, enseignées par l'Esprit Saint lui rappelant de jour en jour la vérité tout entière Jn 14,26, a toujours gardée et conservera jusqu'à la fin du monde, interdit à tous les chrétiens d'oser croire, enseigner ou prêcher désormais sur la très sainte eucharistie autre chose que ce qui est expliqué et défini par le présent décret.

CHAPITRE 1

La présence réelle de notre Seigneur Jésus Christ dans le très saint sacrement de l'eucharistie.

1636  En premier lieu, le saint concile enseigne et professe ouvertement et sans détour que, dans le vénérable sacrement de la sainte eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, est vraiment, réellement et substantiellement 1651 contenu sous l'apparence de ces réalités sensibles. Il n'y a en effet aucune opposition à ce que notre Sauveur lui-même siège toujours dans les cieux à la droite du Père, selon un mode d'existence qui est surnaturel, et à ce que néanmoins il soit pour nous sacramentellement présent en de nombreux autres lieux en sa substance, par un mode d'existence que nous pouvons à peine exprimer par des mots, et que nous pouvons cependant reconnaître et constamment croire comme possible à Dieu Mt 19,26 ; Lc 18,27, par notre pensée éclairée par la foi.

1637  C'est ainsi en effet que tous nos ancêtres, qui ont tous été dans la véritable Église du Christ et ont traité de ce très saint sacrement, ont professé très ouvertement que notre Rédempteur a institué ce sacrement si admirable lors de la dernière Cène, lorsque, après avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis qu'il leur donnait son propre Corps et son propre Sang. Ces paroles, rappelées par les saints évangélistes Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19-20 et répétées ensuite par saint Paul 1Co 11,24-25, se présentent en un sens propre et très clair, selon ce que les Pères ont compris. Aussi est-ce le scandale le plus indigne de voir certains hommes querelleurs et pervers les ramener à des figures de style sans consistance et imaginaires, par lesquels est niée la vérité de la Chair et du Sang du Christ, contre le sentiment universel de l'Église, elle qui en tant que « colonne et fondement de la vérité » 1Tm 3,15 déteste comme sataniques ces inventions imaginées par des hommes impies, elle qui reconnaît, d'un esprit qui sait toujours rendre grâces et se souvenir, cet insigne bienfait du Christ.

CHAPITRE 2

Raison de l'institution de ce très saint sacrement

1638  Donc, notre Sauveur, allant quitter ce monde pour le Père, a institué ce sacrement dans lequel il a en quelque sorte répandu les richesses de son amour divin pour les hommes, « laissant un mémorial de ses merveilles » Ps 110,4, et il nous a donné dans la réception de ce sacrement de célébrer sa mémoire Lc 22,19 ; 1Co 11,24 et d'annoncer sa mort jusqu'à ce qu'il vienne 1Co 11,26 pour juger lui-même le monde.

Il a voulu ce sacrement comme aliment spirituel des âmes Mt 26,26 qui nourrit et fortifie ceux qui vivent de sa vie 1655, lui qui a dit «qui me mange vivra lui-même par moi» Jn 6,57, et comme antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des péchés mortels.

Il a voulu, en outre, que ce soit le gage de notre gloire à venir et de notre félicité éternelle, en même temps qu'un symbole de cet unique corps dont il est lui-même la tête 1Co 11,3 ; Ep 5,23 et auquel Il a voulu que nous, en tant que ses membres, nous soyons attachés par les liens les plus étroits de la foi, de l'espérance et de la charité, en sorte que nous disions tous la même chose et qu'il n'y ait pas de divisions parmi nous 1Co 1,10.

CHAPITRE 3

Excellence de la très sainte eucharistie
par rapport aux autres sacrements

1639  La très sainte eucharistie a, certes, ceci de commun avec les autres sacrements qu'elle est «le symbole d'une réalité sainte et la forme visible d'une grâce invisible». Mais ce que l'on trouve en elle d'excellent et de particulier est que les autres sacrements ont la vertu de sanctifier lorsque quelqu'un y a recours, alors que dans l'eucharistie se trouve l'auteur même de la sainteté avant qu'on ne la reçoive 1654.

1640  En effet, les apôtres n'avaient pas encore reçu l'eucharistie de la main du Seigneur Mt 26,26 ; Mc 14,22 qu'il affirmait pourtant que c'était vraiment son Corps qu'il présentait ; et ce fut toujours la foi dans l'Église de Dieu que, immédiatement après la consécration, le véritable Corps et le véritable Sang de notre Seigneur se trouvaient sous les espèces du pain et du vin en même temps que son âme et sa divinité. Certes, si le Corps se trouve sous l'espèce du pain, et le Sang sous l'espèce du vin par la vertu des paroles, le Corps lui-même est aussi sous l'espèce du vin, et le Sang sous l'espèce du pain, et l'âme sous les deux espèces, en vertu de cette connexion naturelle et de cette concomitance qui unissent entre elles les parties du Christ Seigneur qui, ressuscité des morts, ne meurt plus Rm 6,9. La divinité est unie, à cause de cette admirable union hypostatique avec son corps et son âme  1651 ; 1653 .

1641  C'est pourquoi il est tout à fait vrai que le Christ est contenu sous l'une ou l'autre espèce et sous les deux espèces ensemble. En effet, le Christ est totalement et intégralement sous l'espèce du pain et sous n'importe quelle partie de cette espèce il est de même totalement sous l'espèce du vin et sous les parties de celle-ci 1653.

CHAPITRE 4

La transsubstantiation

1642  Parce que le Christ notre Rédempteur a dit qu'était vraiment son corps ce qu'il offrait sous l'espèce du pain Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19 ; 1Co 11,24-26, on a toujours été persuadé dans l'Église de Dieu — et c'est ce que déclare de nouveau aujourd'hui ce saint concile — que par la consécration du pain et du vin se fait un changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son sang. Ce changement a été justement et proprement appelé, par la sainte Église catholique, transsubstantiation 1652 .

CHAPITRE 5

Le culte et la vénération qui sont dus
à ce très saint sacrement.

1643  C'est pourquoi il ne reste aucune raison de douter que tous les chrétiens selon la coutume reçue depuis toujours dans l'Église catholique, rendent avec vénération le culte de latrie, qui est dû au vrai Dieu, à ce très saint sacrement 1656.

En effet, celui-ci ne doit pas être moins adoré parce qu'il a été institué par le Christ Seigneur pour nous nourrir Mt 26,26-29. Car nous croyons qu'en lui est présent ce même Dieu que le Père éternel a introduit dans le monde en disant «Et que tous les anges de Dieu l'adorent» He 1,6 ; Ps 96,7, lui que les mages ont adoré en se prosternant Mt 2,11, lui enfin dont toute l'Écriture témoigne qu'il fut adoré en Galilée par les apôtres Mt 28,17 ; Lc 24,52.

1644  En outre, le saint concile déclare que la coutume a été pieusement et religieusement introduite dans l'Église de Dieu de célébrer chaque année, en un jour de fête particulier, ce sacrement éminent et vénérable dans une vénération et une solennité spéciales, et de porter celui-ci avec respect et honneur dans des processions à travers les rues et les places publiques. 846

Il est, en effet, très juste qu'il y ait des jours saints fixés où tous les chrétiens, par des manifestations singulières et extraordinaires, attestent de leur reconnaissance et de leur mémoire envers leur commun Seigneur et Rédempteur pour un bienfait si ineffable et vraiment divin, par lequel sont représentés sa victoire et son triomphe sur la mort. Et ainsi a-t-il fallu que la vérité victorieuse du mensonge et de l'hérésie triomphe, pour que ses adversaires, placés face à une si grande splendeur et à la joie si grande de l’Église universelle, ou bien affaiblis et brisés dépérissent, ou bien, pris de honte et de confusion, viennent un jour à résipiscence.

CHAPITRE 6

Le sacrement de la sainte eucharistie
que l'on conserve et que l'on porte aux malades.

1645  La coutume de conserver la sainte eucharistie en un lieu sacré est si ancienne que le siècle du concile de Nicée la connaissait déjà. En outre, porter cette sainte eucharistie aux malades et, pour ce faire, la conserver soigneusement dans les églises non seulement est chose très équitable en même temps que conforme à la raison, mais est aussi prescrit par de nombreux conciles et observé par une très ancienne coutume de l'Église catholique. C'est pourquoi ce saint concile a statué qu'il fallait garder absolument cette coutume salutaire et nécessaire 1657 .

CHAPITRE 7

La préparation à apporter pour qu'on reçoive dignement
la sainte eucharistie

1646  S'il ne convient pas que qui que ce soit s'approche d'une fonction sacrée si ce n'est saintement, à coup sûr plus un chrétien découvre la sainteté et le caractère divin de ce sacrement céleste, plus il doit diligemment veiller à ne s'en approcher pour le recevoir qu'avec grand respect et sainteté 1661 , d'autant plus que nous lisons dans l'Apôtre ces mots pleins de crainte : « Qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Christ » 1Co 11,29. C'est pourquoi il faut rappeler à qui veut communier le commandement : « Que l'homme s'éprouve lui-même » 1Co 11,28.

1647  La coutume de l'Église montre clairement que cette épreuve est nécessaire pour que personne en ayant conscience d'un péché mortel, quelque contrit qu'il s'estime, ne s'approche de la sainte eucharistie sans une confession sacramentelle préalable.

Ce saint concile a décrété que cela devait être observé toujours par tous les chrétiens, même par les prêtres qui sont tenus par office de célébrer, du moment qu'ils peuvent avoir recours à un confesseur. Que si, en raison d'une nécessité urgente, un prêtre a dû célébrer sans confession préalable qu'il se confesse le plus tôt possible 2058 .

CHAPITRE 8

L'usage de ce sacrement admirable

1648  Pour ce qui est de l'usage, nos pères ont justement et sagement distingué trois manières de recevoir ce saint sacrement. Ils ont enseigné que certains ne le reçoivent que sacramentellement en tant que pécheurs. D'autres ne le reçoivent que spirituellement : ce sont ceux qui, mangeant par le désir le pain céleste qui leur est offert avec cette « foi » vive « qui opère par la charité » Ga 5,6, en ressentent le fruit et l'utilité. D'autres, enfin, le reçoivent à la fois sacramentellement et spirituellement 1658 : ce sont ceux qui s'éprouvent et se préparent de telle sorte qu'ils s'approchent de cette table divine après avoir revêtu la robe nuptiale Mt 22,11-14.

Dans la réception sacramentelle, l'usage a toujours été dans l'Église de Dieu que les laïcs reçoivent la communion des prêtres et que les prêtres qui célèbrent se communient eux-mêmes  1560 ; cette coutume, en tant que venant de la tradition apostolique, doit être maintenue à juste titre et à bon droit.

1649  Enfin, avec une affection paternelle, le saint concile avertit, exhorte, demande et conjure, « par les entrailles de la miséricorde de Dieu » Lc 1,78, tous et chacun de ceux qui portent le nom de chrétiens de se retrouver enfin désormais ne formant qu'un seul cœur, dans ce « signe », dans ce « lien de la charité », dans ce symbole de l'accord des cœurs ; se souvenant de la majesté si grande et de l'amour si admirable de notre Seigneur Jésus Christ, qui a donné sa chère vie pour prix de notre salut et sa chair pour que nous la mangions Jn 6,48-58, qu'ils croient et vénèrent les saints mystères de son Corps et de son Sang avec une foi si constante et ferme, avec un cœur si dévot, avec une piété et un respect tels qu'ils puissent recevoir fréquemment ce pain supersubstantiel Mt 6,11. Qu'il soit vraiment la vie de leur âme et la santé perpétuelle de leur esprit ; que, fortifiés par sa vigueur 1R 19,8, ils soient à même de terminer le chemin de leur malheureux pèlerinage pour entrer dans la patrie céleste, où ils seront nourris sans aucun voile par ce pain des anges Ps 77,25 qu'ils mangent seulement sous des voiles sacrés.

1650  Puisqu'il ne suffit pas de dire la vérité si l'on ne fait apparaître et si l'on ne réfute pas les erreurs, le saint concile a décidé d'ajouter les canons suivants pour que tous, une fois bien connue la doctrine catholique, comprennent aussi quelles hérésies doivent être écartées et évitées.

Canons sur le saint sacrement de l'eucharistie.

1651  1. Si quelqu'un dit que dans le très saint sacrement de l'eucharistie ne sont pas contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang en même temps que l'âme et la divinité de notre Seigneur Jésus Christ et, en conséquence, le Christ tout entier, mais dit qu'ils n'y sont qu'en tant que dans un signe ou en figure ou virtuellement qu'il soit anathème 1636 ; 1640 .

1652  2. Si quelqu'un dit que, dans le très saint sacrement de l'eucharistie, la substance du pain et du vin demeure avec le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ, et s'il nie ce changement admirable et unique de toute la substance du pain en son Corps et de toute la substance du vin en son Sang, alors que demeurent les espèces du pain et du vin, changement que l'Église catholique appelle d'une manière très appropriée transsubstantiation : qu'il soit anathème 1642.

1653  3. Si quelqu'un nie que, dans le vénérable sacrement de l'eucharistie, le Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce et sous chacune des parties de l'une ou l'autre espèce, après leur séparation : qu'il soit anathème 1641.

1654  4. Si quelqu'un dit que, une fois achevée la consécration, le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ ne sont pas dans l'admirable sacrement de l'eucharistie, mais seulement quand on en use en le recevant, ni avant, ni après, et que le vrai Corps du Seigneur ne demeure pas dans les hosties ou les parcelles consacrées qui sont gardées ou restent après la communion : qu'il soit anathème 1639s.

1655  5. Si quelqu'un dit ou bien que le fruit principal de la très sainte eucharistie est la rémission des péchés ou bien qu'elle ne produit pas d'autres effets : qu'il soit anathème 1638.

1656  6. Si quelqu'un dit que, dans le saint sacrement de l'eucharistie, le Christ, Fils unique de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur et que, en conséquence, il ne doit pas être vénéré par une célébration festive particulière, ni être porté solennellement en procession selon le rite ou la coutume louables et universels de la sainte Église, ni être proposé publiquement à l'adoration du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres : qu'il soit anathème  1643s.

1657  7. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis de garder la sainte eucharistie dans le tabernacle, mais qu'elle doit nécessairement être distribuée aux assistants immédiatement après la consécration, ou qu'il n'est pas permis de la porter avec honneur aux malades : qu'il soit anathème 1645.

1658  8. Si quelqu'un dit que le Christ présenté dans l'eucharistie est mangé seulement spirituellement et non pas aussi sacramentellement et réellement : qu'il soit anathème 1648.

1659  9. Si quelqu'un nie que, une fois qu'ils ont atteint l'âge de discrétion, tous et chacun des chrétiens de l'un et l'autre sexe sont tenus de communier chaque année au moins à Pâques, conformément au commandement de notre sainte mère l'Église : qu'il soit anathème 812.

1660  10. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis au prêtre qui célèbre de se communier lui-même : qu'il soit anathème 1648.

1661  11. Si quelqu'un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très sainte eucharistie : qu'il soit anathème 1646.

Et pour qu'un si grand sacrement ne soit pas reçu indignement et donc pour la mort et la condamnation, ce saint concile statue et déclare que ceux dont la conscience est chargée d'un péché mortel, quelque contrits qu'ils se jugent, doivent nécessairement au préalable se confesser sacramentellement, s'il se trouve un confesseur.

Si quelqu'un a l'audace d'enseigner, prêcher ou affirmer opiniâtrement le contraire ou même le défendre dans des disputes publiques, qu'il soit par le fait même, excommunié 1647.

14e session, 25 novembre 1551

Doctrine sur le sacrement de la pénitence

1667  Le saint concile œcuménique et général de Trente... a largement parlé, à l'occasion du décret sur la justification 1542s ; 1579, du sacrement de pénitence, une certaine nécessité l'exigeant à cause de la relation entre les sujets. Néanmoins la multitude d'erreurs diverses sur ce sacrement est si grande qu'il a jugé d'une utilité publique d'en donner une définition plus exacte et plus complète. Par là, une fois démasquées et repoussées toutes les erreurs, sous la protection de l'Esprit Saint, la vérité catholique deviendra claire et nette. C'est elle que ce saint concile expose à tous les chrétiens pour qu'ils la gardent toujours.

CHAPITRE 1

Nécessité et institution du sacrement de la pénitence

1668  S'il y avait dans tous les régénérés une telle reconnaissance envers Dieu qu'ils gardent constamment la justice, reçue dans le baptême de sa bonté et de sa grâce, il n'aurait pas été besoin d'instituer un autre sacrement que celui du baptême pour la rémission des péchés 1702. Mais parce que « Dieu, riche en miséricorde » Ep 2,4, « sait de quoi nous sommes faits » Ps 102,14, il a aussi donné un remède rendant la vie à ceux qui se sont ensuite livrés à l'esclavage du péché et au pouvoir du démon : le sacrement de la pénitence  1701, par lequel le bienfait de la mort du Christ est appliqué à ceux qui sont tombés après le baptême.

1669  Pour tous les hommes qui se sont souillés de quelque péché mortel, la pénitence fut certes nécessaire en tout temps pour obtenir la grâce et la justice, même pour ceux qui avaient demandé à être lavés par le sacrement du baptême, pour que, ayant rejeté et amendé toute perversité, ils détestent une si grande offense faite à Dieu en ressentant en même temps la haine du péché et une sainte douleur dans leur âme. Aussi le prophète dit-il : « Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et votre iniquité ne sera pas pour votre ruine » Ez 18,30 . Le Seigneur dit aussi : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière » Lc 13,3 . Et le chef des apôtres, Pierre, disait, en recommandant la pénitence aux pécheurs qui allaient recevoir le baptême : « Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé » Ac 2,38.

1670  Mais, avant la venue du Christ, la pénitence n'était pas un sacrement ; et après sa venue, elle n'en est un pour personne avant le baptême. Or le Seigneur a principalement institué ce sacrement de pénitence lorsque, ressuscité des morts, il souffla sur les disciples en disant : « Recevez l'Esprit Saint ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez ; ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez » Jn 10,22-23.

Que, par un fait hors du commun et des paroles si claires, le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, afin de réconcilier les fidèles tombés après le baptême, ait été communiqué aux apôtres et à leurs successeurs légitimes, les Pères l'ont toujours compris unanimement 1703 ; et l'Église a eu grandement raison de rejeter et de condamner comme hérétiques les novatiens qui, autrefois, niaient avec obstination le pouvoir de remettre les péchés.

C'est pourquoi ce saint concile, approuvant et faisant sienne cette signification très authentique des paroles du Seigneur, condamne les interprétations mensongères de ceux qui détournent faussement ces paroles pour les appliquer au pouvoir de prêcher la Parole de Dieu et l'Évangile du Christ et pour s'opposer à l'institution de ce sacrement.

CHAPITRE 2

Différence entre le sacrement
de la pénitence et le baptême.

1671  D'ailleurs on discerne que, par bien des aspects, ce sacrement diffère du baptême 1702. En effet, outre le fait que la matière et la forme, qui constituent l'essence du sacrement, sont très différentes, il est absolument évident qu'il ne faut pas que le ministre du baptême soit un juge, puisque l'Église n'exerce de jugement sur personne qui ne soit d'abord entré dans l'Église par la porte du baptême. « Qu'ai-je à faire en effet (dit l'Apôtre) de juger ceux du dehors ? » 1Co 5,12.

Il en va autrement de ceux qui sont de la famille de la foi Ga 6,10, que le Seigneur Christ a faits une fois pour toutes membres de son corps par le bain du baptême 1Co 12,12-13. En effet il a voulu pour ceux-là que, s'ils se souillent ensuite de quelque faute, ils ne soient pas lavés par un baptême qu'on répéterait, puisque cela n'est en aucune façon permis dans l'Église catholique, mais qu'ils se présentent en coupables devant ce tribunal pour que, par la sentence des prêtres, ils puissent être libérés, non pas une seule fois, mais toutes les fois que, se repentant des péchés commis, ils cherchent refuge en lui.

1672  En outre, autre est le fruit du baptême et autre celui de la pénitence. En effet, revêtant le Christ par le baptême Ga 3,27, nous devenons en lui une créature nouvelle, alors que nous obtenons une rémission pleine et entière de tous les péchés. Nous ne pouvons nullement parvenir à cette nouveauté et à cette intégrité par le sacrement de la pénitence, sans de grandes larmes et peines de notre part, ce qu'exige la justice divine. Aussi la pénitence a-t-elle été dite à juste titre par les Pères « un baptême laborieux ». Ce sacrement de la pénitence est nécessaire au salut pour ceux qui sont tombés après le baptême, comme l'est le baptême lui-même pour ceux qui n'ont pas encore été régénérés 1706.

CHAPITRE 3

Les parties et les fruits de ce sacrement.

1673  Le saint concile enseigne en outre que la forme du sacrement de la pénitence, dans laquelle réside principalement sa vertu, est placée dans ces paroles du ministre : « Je t'absous, etc. », paroles auxquelles, selon la coutume de la sainte Église, sont ajoutées de manière louable certaines prières qui, cependant, ne concernent nullement l'essence de cette forme et ne sont pas nécessaires pour l'administration de ce sacrement.

Sont quasi matière de ce sacrement les actes du pénitent lui-même : la contrition, la confession et la satisfaction 1704. Dans la mesure où ces actes sont requis, parce que d'institution divine, chez le pénitent pour l'intégrité du sacrement, pour une pleine et parfaite rémission des péchés, ils sont dits pour cette raison parties de la pénitence.

1674  Pour ce qui concerne la vertu et l'efficacité du sacrement, la réconciliation avec Dieu en est la réalité et l'effet ; chez les hommes pieux et qui reçoivent ce sacrement avec dévotion, elle produit habituellement paix et sérénité en même temps que grande consolation spirituelle.

1675  En disant tout cela sur les parties et l'effet de ce sacrement, le saint concile condamne en même temps les affirmations de ceux qui prétendent que les terreurs qui s'emparent de la conscience et la foi sont des parties de la pénitence 1704.

CHAPITRE 4

La contrition

1676  La contrition, qui tient la première place parmi les actes du pénitent dont il a été parlé, est une douleur de l'âme et une détestation du péché commis, avec le propos de ne pas pécher à l'avenir. En tout temps ce mouvement de contrition a été nécessaire pour obtenir le pardon des péchés ; dans celui qui est tombé après le baptême, il prépare encore à la rémission des péchés s'il est joint à la confiance en la miséricorde divine et au désir de faire tout le reste requis pour recevoir ce sacrement comme il convient.

Le saint concile déclare donc que cette contrition comprend non seulement l'abandon du péché, le propos et le début d'une vie nouvelle, mais aussi la haine de la vie ancienne, conformément à ces paroles : « Rejetez loin de vous toutes les iniquités par lesquelles vous avez prévariqué, et faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau » Ez 18,31.

Et assurément celui qui aura considéré ces cris des saints : « Contre toi seul j'ai péché et en ta présence j'ai fait le mal » Ps 50,6 ; « j'ai peiné en gémissant, chaque nuit, je baigne ma couche » Ps 6,7 ; « je me rappellerai pour toi toutes mes années dans l'amertume de mon âme » Is 38,15, et d'autres de ce genre, comprendra aisément qu'elles provenaient d'une violente haine de la vie passée et d'une très grande détestation des péchés.

1677  Le saint concile enseigne en outre que, même s'il arrive parfois que cette contrition soit rendue parfaite par la charité et réconcilie l'homme avec Dieu avant que ce sacrement ne soit effectivement reçu, il ne faut néanmoins pas attribuer cette réconciliation à cette seule contrition sans le désir du sacrement, désir qui est inclus en elle.

1678  La contrition imparfaite 1705, qu'on appelle attrition, parce qu'on la conçoit en général ou bien en considérant la laideur du péché ou bien par crainte de l'enfer et des châtiments, si elle exclut la volonté de pécher jointe à l'espoir du pardon, le saint concile déclare que non seulement elle ne fait pas de l'homme un hypocrite et un plus grand pécheur 1456, mais qu'elle est aussi un don de Dieu, une impulsion de l'Esprit Saint qui, n'habitant pas encore le pénitent, mais le mouvant seulement, lui vient en aide, pour qu'il prépare pour lui-même le chemin vers la justice. Et bien que sans le sacrement de la pénitence elle ne puisse pas par elle-même conduire le pécheur jusqu'à la justification, cependant elle le dispose à obtenir la grâce de Dieu dans le sacrement de la pénitence. C'est fort utilement frappés par cette crainte que les gens de Ninive firent une pénitence complète à la prédication terrifiante de Jonas et obtinrent miséricorde du Seigneur Jon 3.

C'est pourquoi on calomnie faussement des écrivains catholiques, comme s'ils avaient enseigné que le sacrement de la pénitence conférait la grâce sans aucun bon mouvement de la part de ceux qui le reçoivent ; jamais l'Église de Dieu n'a enseigné ni pensé cela. Mais fausse est la doctrine qui enseigne que la contrition est extorquée et forcée, et non pas libre et volontaire 1705.

CHAPITRE 5

La confession

1679  De l'institution du sacrement de la pénitence qu'on a déjà expliquée, l'Église universelle a toujours compris que l'entière confession des péchés avait été aussi instituée par le Seigneur Jc 5,16 ; 1Jn 1,9 ; Lc 5,14 ; Lc 7,14, et qu'elle était de droit divin nécessaire pour tous ceux qui sont tombés après le baptême 1707. Alors qu'il allait monter de la terre au ciel, notre Seigneur Jésus Christ a laissé les prêtres pour tenir sa place Mt 16,19 ; Mt 18,18 ; Jn 20,23 en tant que présidents et juges auxquels seraient déférées toutes les fautes mortelles dans lesquelles tomberaient les chrétiens, afin que, en vertu du pouvoir des clés, ils prononcent la sentence qui remet ou retient les péchés. Il est, en effet, évident que les prêtres ne pourraient exercer ce jugement si la cause ne leur était pas connue, et qu'ils ne pourraient agir équitablement dans l'injonction des peines si les pénitents déclaraient leurs péchés d'une manière générale et non pas plutôt en les spécifiant et en les précisant.

1680  Il ressort de cela que doivent être énumérés par les pénitents, dans la confession, tous les péchés mortels dont ils ont conscience à la suite d'un sérieux examen d'eux-mêmes, même si ces péchés sont très cachés et commis seulement contre les deux derniers commandements du Décalogue Ex 20,17 ; Dt 5,21 ; Mt 5,28 : parfois ceux-ci blessent plus gravement l'âme et sont plus dangereux que ceux qui sont faits à la vue des autres. Quant aux péchés véniels, qui ne nous excluent pas de la grâce de Dieu et dans lesquels nous tombons assez fréquemment, bien qu'il soit juste, utile et nullement présomptueux de les dire en confession 1707, comme le montre la pratique des hommes pieux, ils peuvent cependant être tus sans qu'il y ait faute et être expiés par de nombreux autres remèdes. Mais comme tous les autres péchés mortels, même commis en pensée, rendent les hommes « enfants de colère » Ep 2,4 et ennemis de Dieu, il est indispensable d'en chercher le pardon de la part de Dieu par une confession franche et pleine de confusion.

C'est pourquoi, en s'efforçant de confesser tous les péchés qui leur viennent en mémoire, les chrétiens les proposent tous, sans qu'on puisse en douter, au pardon de la miséricorde divine 1707. Ceux qui font autrement et en cachent quelques-uns sciemment, ne proposent à la bonté divine rien qui soit remis par l'intermédiaire du prêtre. « En effet, si le malade rougit de découvrir au médecin une plaie que celui-ci ignore, le médicament ne guérit pas ».

1681  Il s'ensuit, en outre, que doivent aussi être expliquées en confession les circonstances qui changent l'espèce du péché 1707, parce que sans elles ces péchés ne sont pas entièrement exposés par les pénitents ni connus des juges ; il ne peut se faire que ceux-ci soient à même de juger de la gravité des fautes et d'imposer aux pénitents la peine qu'il faut pour ces fautes. C'est donc sans raison que l'on enseigne que ces circonstances ont été inventées par des hommes désœuvrés ou qu'il ne faut confesser qu'une seule circonstance, par exemple qu'on a péché contre son frère.

1682  Il est aussi impie de dire que la confession que l'on prescrit de faire de cette manière est chose impossible 1708 ou de l'appeler torture des consciences ; il est, en effet, évident que, dans l'Église, il n'est rien exigé d'autre de la part des pénitents que, après s'être sérieusement examinés et après avoir exploré les replis et les coins secrets de la conscience, de confesser les péchés par lesquels on se souvient avoir mortellement offensé son Seigneur et son Dieu. Quant aux autres péchés qui ne se présentent pas à l'esprit de qui réfléchit sérieusement, il est entendu qu'ils sont compris dans l'ensemble de cette confession ; pour eux, nous disons avec foi les paroles du prophète : « Seigneur, purifie-moi de mes péchés cachés » Ps 9,13. La difficulté d'une telle confession et la honte de devoir découvrir ses péchés pourraient paraître lourdes si elles n'étaient pas allégées par le nombre et l'importance des avantages et des consolations que l'absolution apporte très certainement à tous ceux qui s'approchent dignement de ce sacrement.

1683  D'autre part, pour la manière de se confesser en secret à un prêtre seul, sans doute le Christ n'a-t-il pas défendu que l'on confesse publiquement ses fautes comme châtiment de ses fautes et acte d'humilité personnelle, aussi bien pour donner l'exemple aux autres, que pour édifier l'Église qui a été offensée. Cependant, ce précepte ne vient pas d'un commandement divin, et il serait peu prudent qu'une loi humaine commande qu'on doive révéler par une confession publique des fautes, surtout des fautes secrètes 1706.

Aussi, les Pères les plus saints et les plus anciens, par un consentement général et unanime, ayant toujours recommandé la confession secrète sacramentelle, dont la sainte Église a usé depuis le commencement et use encore maintenant, est manifestement réfutée la vaine calomnie de ceux qui ne craignent pas d'enseigner qu'elle est étrangère au commandement divin, que c'est une invention humaine et qu'elle a commencé avec les Pères rassemblés lors du (IVe) concile du Latran 1708. En effet, par le concile du Latran, l'Église n'a pas statué que les chrétiens se confesseraient — elle avait compris que cela était nécessaire et institué de droit divin —, mais que le précepte de la confession serait accompli au moins une fois par an par tous et chacun de ceux qui auraient atteint l'âge de raison. D'où il vient que, dans l'Église universelle et avec un grand fruit pour les âmes, est observée cette coutume salutaire de se confesser au temps saint et très propice du carême, coutume que ce saint concile approuve grandement et embrasse comme pieuse et à garder à juste titre 1708 ; 812.

CHAPITRE 6

Le ministre de ce sacrement et l'absolution.

1684  Au sujet du ministre de ce sacrement, le saint concile déclare que sont fausses et entièrement étrangères à la vérité de l'Évangile toutes les doctrines qui étendent pernicieusement le ministère des clés à toutes sortes d'hommes en dehors des évêques et des prêtres 1710. Leurs auteurs pensent que ces paroles du Seigneur : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel, ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel » Mt 18,18, et : « A ceux à qui vous remettrez les péchés, ceux-ci seront remis ; à ceux à qui vous les aurez retenus, ceux-ci seront retenus » Jn 20,23, ont été dites à tous les chrétiens indifféremment et indistinctement, en contradiction avec l'institution du sacrement, en sorte que n'importe qui ait le pouvoir de remettre les péchés, les péchés publics par la correction, avec l'accord de celui qui est corrigé, les péchés secrets par une confession spontanée faite à n'importe qui.

Le saint concile enseigne aussi que même les prêtre en état de péché mortel exercent, en tant que ministres du Christ la fonction de remettre les péchés par la vertu de l'Esprit Saint qu'ils ont reçue par l'ordination, et que c'est une opinion erronée de prétendre que ce pouvoir n'existe pas chez les mauvais prêtres.

1685  Bien que l'absolution du prêtre soit la dispensation d'un bienfait qui ne lui appartient pas, elle n'est pourtant pas le seul et simple ministère ou d'annoncer l'Évangile ou de déclarer que les péchés sont remis, mais elle est à l'image d'un acte judiciaire par où une sentence est prononcée par le prêtre comme par un juge 1709.

C'est pourquoi le pénitent ne doit pas tellement s'appuyer sur sa propre foi qu'il pense que, même s'il n'y a en lui aucune contrition ou si le prêtre n'a pas l'intention d'agir sérieusement et de l'absoudre vraiment, il soit pourtant vraiment absous devant Dieu à cause de sa seule foi. En effet, la foi ne procurerait aucune rémission des péchés sans la pénitence, et il aurait une très grande négligence de son salut, celui qui saurait qu'un prêtre l'absout par plaisanterie et n'en rechercherait soigneusement un autre qui agisse avec sérieux 1462.

CHAPITRE 7

La réservation des cas

1686  Donc, parce que la nature et la constitution d'un jugement demandent que la sentence soit portée sur des sujets, on a toujours été persuadé dans l'Église de Dieu — et ce concile confirme que cela est très vrai - que ne doit avoir aucune valeur l'absolution prononcée par un prêtre sur quelqu'un sur lequel il n'a pas de juridiction ordinaire ou déléguée.

1687  Mais un point a paru à nos très saints Pères concerner spécialement la discipline du peuple chrétien  que certains péchés, des plus atroces et des plus graves, ne puissent être absous par n'importe quel prêtre, mais seulement par ceux du plus haut rang. Aussi est-ce à juste titre que les souverains pontifes, en vertu du pouvoir suprême qui leur a été donné dans l'Église universelle, ont pu réserver à leur jugement particulier certaines causes délictueuses plus graves.

Et l'on ne doit pas douter, puisque tout ce qui vient de Dieu a été disposé par ordre Rm 13,1, que cela soit permis à chaque évêque dans son propre diocèse, « pour l'édification, non pour la destruction » 2Co 10,8 ; 2Co 13,10, en vertu de l'autorité qui leur a été donnée sur leurs sujets et qui dépasse celle des autres prêtres inférieurs, surtout pour les fautes auxquelles est attachée une censure d'excommunication. C'est en plein accord avec l'autorité divine que cette réservation des fautes a valeur non seulement dans la discipline extérieure, mais aussi devant Dieu 1711.

1688  Néanmoins pour que personne ne vienne à périr à cause de cela, il a toujours été très pieusement maintenu dans l'Église de Dieu qu'il n'y a plus aucune réservation à l'heure de la mort et que, par suite, tous les prêtres peuvent absoudre tous les pénitents de tous les péchés et censures possibles. Hors l'article de la mort, les prêtres, puisqu'ils ne peuvent rien dans les cas réservés, s'efforceront uniquement de persuader les pénitents de recourir aux juges supérieurs et légitimes pour bénéficier de l'absolution.

CHAPITRE 8

Nécessité et fruit de la satisfaction.

1689  Enfin pour ce qui est de la satisfaction : parmi toutes les parties de la pénitence, autant elle a été de tout temps recommandée au peuple chrétien par nos Pères, autant, à notre époque, elle est extrêmement attaquée, sous couvert essentiellement de piété, par ceux qui ont les apparences de la piété, mais renient ce qui en est la force 2Tm 3,5. Le saint concile déclare donc qu'il est totalement faux et contraire à la Parole de Dieu de dire que la faute n'est jamais remise par le Seigneur sans que la peine entière soit aussi gracieusement remise. On trouve, en effet, dans la sainte Écriture des exemples évidents et bien connus qui, en dehors de la tradition divine, réfutent très manifestement cette erreur (voir Gn 3,16-19 ; Nb 12,14 ; 2S 12,13-14.)

1690  Assurément le caractère de la justice divine semble exiger que ceux qui ont péché par ignorance avant le baptême rentrent en grâce autrement que ceux qui, une fois délivrés de l'esclavage du péché et du démon, après avoir reçu le don du Saint-Esprit, n'ont pas craint de violer sciemment le Temple de Dieu 1Co 3,17 et de contrister l'Esprit Saint Ep 4,30.

Il convient que la clémence divine ne nous remette pas nos péchés sans aucune satisfaction si bien que, saisissant l'occasion et estimant nos péchés assez légers, nous tomberions dans de plus graves, faisant outrage et injure à l'Esprit Saint He 10,29, et amassant contre nous des trésors de colère pour le jour de la colère Rm 2,5 ; Jc 5,3. Sans aucun doute, en effet, ces peines expiatoires écartent grandement du péché, retiennent comme un frein, et rendent les pénitents plus prudents et plus vigilants pour l'avenir ; elles sont aussi un remède pour les séquelles du péché et enlèvent les habitudes vicieuses prises par une mauvaise vie en faisant accomplir des actions vertueuses opposées à ces habitudes.

Et aucune voie n'a jamais été estimée plus sûre dans l'Église de Dieu pour écarter la peine dont menace le Seigneur Mt 3,2 ; Mt 3,8 ; Mt 4,17 ; Mt 11,21 que de se consacrer assidûment à ces œuvres de pénitence avec une vraie douleur de cœur.

À cela s'ajoute que, en souffrant lorsque nous satisfaisons pour nos péchés, nous devenons conformes au Christ Jésus qui a satisfait pour nos péchés Rm 5,10 ; Jn 2,1-2, lui de qui vient notre capacité 2Co 3,5, ayant aussi l'assurance très certaine que si nous souffrons avec lui, avec lui nous serons glorifiés Rm 8,17.

1691  Mais cette satisfaction, que nous acquittons pour nos péchés, n'est pas nôtre de telle sorte qu'elle ne soit pas par Jésus Christ ; en effet nous qui, de nous-mêmes, ne pouvons rien qui vienne de nous, avec l'aide de celui qui nous rend forts, nous pouvons tout Ph 4,13. Ainsi l'homme n'a rien dont il se glorifie, mais toute notre glorification est dans le Christ 1Co 1,31 ; 2Co 10,17 ; Ga 6,14 en qui nous vivons Ac 17,28, en qui nous méritons, en qui nous satisfaisons, faisant de dignes fruits de pénitence Lc 3,8; Mt 3,8, qui tirent de lui leur force, sont offerts par lui au Père et sont acceptés grâce à lui par le Père 1713ss.

1692  Les prêtres du Seigneur doivent donc, autant que l'esprit et la prudence le suggéreront, imposer les satisfactions salutaires et qui conviennent, en rapport avec la nature des péchés et les possibilités des pénitents. S'ils venaient à fermer les yeux sur les péchés et à se montrer trop indulgents avec les pénitents en imposant des œuvres très légères pour des fautes très graves, ils participeraient aux péchés des autres 1Tm 5,22. Qu'ils aient devant les yeux la pensée que la satisfaction qu'ils imposent ne vise pas seulement à sauvegarder la vie nouvelle et à guérir la faiblesse, mais aussi à venger et châtier les péchés passés. En effet, les anciens Pères eux aussi croient et enseignent que le pouvoir des clés a été accordé aux prêtres non pas seulement pour délier, mais aussi pour lier Mt 16,19 ; Mt 18,18 ; Jn 20,23 1705.

Et ils n'ont pas, à cause de cela, estimé que le sacrement de la pénitence était un tribunal de colères et de peines — ce qu'aucun catholique n'a jamais pensé — ni que, par de telles satisfactions de notre part, était ou obscurcie ou diminuée en partie la force du mérite de notre Seigneur Jésus Christ. En ne voulant pas comprendre cela, les novateurs enseignent de telle manière que la meilleure pénitence est une vie nouvelle 1457, qu'ils suppriment toute force propre à la satisfaction et tout recours à celle-ci 1713.

CHAPITRE 9

Les œuvres satisfactoires.

1693  Le concile enseigne encore que si étendue est la munificence divine, que non seulement les peines que nous nous infligeons spontanément en châtiment du péché ou qui sont imposées par la volonté du prêtre selon la mesure de la faute, mais aussi (ce qui est la plus grande marque d'amour) que les épreuves temporelles infligées par Dieu et supportées par nous dans la patience, peuvent satisfaire auprès de Dieu le Père par le Christ Jésus 1713 .

Doctrine sur le sacrement de l'extrême-onction.

Préambule

1694  Il a semblé bon au saint concile d'ajouter a la doctrine précédente sur la pénitence ce qui suit sur le sacrement de l'extrême-onction, dont les Pères ont estimé qu'il était la consommation non seulement du sacrement de la pénitence, mais aussi de toute la vie chrétienne, qui doit être une pénitence perpétuelle.

C'est pourquoi voici d'abord ce qu'il déclare et enseigne au sujet de son institution. Notre très clément Rédempteur a voulu que ses serviteurs soient en tout temps pourvus de remèdes salutaires contre tous les traits de tous les ennemis. De même qu'il a préparé dans les autres sacrements les plus grands secours par lesquels les chrétiens pourraient se garder, tant qu'ils vivraient, indemnes de tout grave dommage spirituel, de même, par le sacrement de l'extrême-onction il a fortifié la fin de leur vie comme d'une très solide protection 1716. En effet bien que notre adversaire cherche et saisisse pendant toute notre vie des occasions lui permettant par tous les moyens de dévorer nos âmes 1P 5,8, il n'est cependant aucun temps où il tende avec plus de violence toutes les cordes de sa ruse pour nous perdre totalement et, s'il le pouvait, nous détourner aussi de la confiance en la miséricorde divine, que lorsqu'il voit que s'approche pour nous la fin de la vie.

CHAPITRE 1

L'institution du sacrement de l'extrême-onction

1695  Cette onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre Seigneur comme étant véritablement un sacrement de la Nouvelle Alliance ; ce sacrement a été indiqué dans Marc Mc 6,13, recommandé et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur 1716. « Quelqu'un parmi vous est-il malade ?, dit-il, qu'il appelle les presbytres de l’Église, et que ceux-ci prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le soulagera ; et, s'il est dans les péchés, ceux-ci lui seront remis » Jc 5,14-15.

Par ces mots, comme l'Église l'a appris, transmis de main en main par la tradition apostolique, il enseigne quels sont la matière, la forme, le ministre propre et l'effet de ce sacrement salutaire. L'Église a, en effet, compris que la matière était l'huile bénie par l'évêque ; car l'onction représente très adéquatement la grâce de l'Esprit Saint, dont l'âme du malade est ointe invisiblement. Et la forme, ce sont ces mots : « Par cette onction, etc. »

CHAPITRE 2

L'effet de ce sacrement

1696  La réalité et l'effet de ce sacrement sont expliqués par ces mots : « La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le soulagera ; et, s'il est dans les péchés, ceux-ci lui seront remis » Jc 5,15. La réalité est, en effet, cette grâce du Saint-Esprit dont l'onction nettoie les fautes, si certaines sont encore à expier, et les séquelles du péché ; elle soulage et fortifie l'âme du malade 1717, suscitant en lui une grande confiance en la miséricorde divine. Allégé par cette grâce, le malade d'une part supporte plus aisément les difficultés et les peines de la maladie, d'autre part résiste plus facilement aux tentations du démon qui cherche à le mordre au talon Gn 3,15, parfois enfin, obtient la santé du corps, quand cela est utile au salut de l'âme.

CHAPITRE 3

Le ministre de ce sacrement et le temps
où l'on doit l'administrer

1697  Ce qui est prescrit concernant ceux qui doivent recevoir et administrer ce sacrement nous a été aussi transmis sans ambiguïté dans les paroles citées plus haut. Il nous y est en effet montré que les ministres de ce sacrement sont les presbytres de l'Église  1719. Par ce nom il faut ici entendre non pas ceux qui sont plus âgés ou plus dignes dans le peuple, mais ou bien les évêques ou bien les prêtres régulièrement ordonnés par ceux-ci par 3l'imposition des mains du presbyterium3 1Tm 4,14  1719.

1698  Il y est aussi déclaré que cette onction doit être faite aux malades, surtout à ceux qui sont en si grand danger qu'ils semblent arrivés au terme de la vie ; aussi est-il également appelé sacrement des mourants. Si les malades retrouvent la santé après cette onction, ils pourront de nouveau être aidés et soutenus par ce sacrement, au cas où leur vie se trouverait une autre fois en un danger semblable.

1699  C'est pourquoi il ne faut pour aucune raison écouter ceux qui enseignent, contrairement à l'affirmation si évidente et si claire de l'apôtre Jacques Jc 5,14 s., que cette onction ou bien est une invention humaine ou bien est un rite reçu des Pères, qui ne s'appuie ni sur un commandement de Dieu ni sur une promesse de la grâce 1716 ; ni ceux qui affirment que cette onction est maintenant finie, comme si elle ne se rapportait qu'à la grâce des guérisons dans l'Église primitive . ni ceux qui disent que le rite et l'usage observés par la sainte Église romaine dans l'administration de ce sacrement sont a l'opposé de ce que dit l'apôtre Jacques et doivent être changés ; ni, enfin, ceux qui affirment que les fidèles peuvent sans péché mépriser cette extrême-onction 1718.

En effet toutes ces propositions vont très manifestement à l'encontre des paroles claires d'un si grand apôtre. L'Église romaine, mère et maîtresse de toutes les autres, en administrant cette onction, ne fait assurément rien d'autre, pour ce qui touche à la substance du sacrement, que ce qu'a prescrit saint Jacques. On ne pourrait mépriser un si grand sacrement sans commettre un grand crime et sans faire injure à l'Esprit Saint lui-même.

1700  Tel est donc ce que ce saint concile œcuménique professe et enseigne sur les sacrements de pénitence et d'extrême-onction, et qu'il propose de croire et de tenir à tous les chrétiens. Il donne les canons suivants pour qu'ils soient inviolablement observés ; il condamne et anathématise à jamais ceux qui affirment le contraire.

Canons sur les deux doctrines

Canons sur le très saint sacrement de la pénitence

1701  1. Si quelqu'un dit que, dans l'Église catholique, la pénitence n'est pas vraiment et proprement un sacrement institué par le Christ notre Seigneur pour réconcilier avec Dieu les fidèles toutes les fois qu'ils tombent dans le péché après le baptême / qu'il soit anathème 1668-1670.

1702  2. Si quelqu'un, confondant les sacrements, dit que le baptême lui-même est le sacrement de la pénitence, comme si ces deux sacrements n'étaient pas distincts, et qu'il n'est donc pas juste d'appeler la pénitence la « seconde planche du salut » : qu'il soit anathème 1542 ; 1671.

1703  3. Si quelqu'un dit que ces paroles du Seigneur et Sauveur : « Recevez le Saint-Esprit : à ceux à qui vous remettrez les péchés, ceux-ci sont remis ; et à ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus » Jn 20,22-23, ne doivent pas être comprises du pouvoir de remettre et de retenir les péchés dans le sacrement de la pénitence, comme l'Église catholique l'a toujours compris dès le début, et, s'opposant à l'institution de ce sacrement, en détourne le sens pour qu'elles signifient le pouvoir de prêcher l'Évangile : qu'il soit anathème 1670.

1704  4. Si quelqu'un nie que, pour une entière et parfaite rémission des péchés, trois actes sont requis chez le pénitent comme matière du sacrement de la pénitence, à savoir la contrition, la confession et la satisfaction, qui sont dites les trois parties de la pénitence ; ou s'il dit qu'il n'y a que deux parties de la pénitence : les terreurs qui frappent la conscience en reconnaissant son péché et la foi née de l'Évangile ou l'absolution par laquelle on croit les péchés remis par le Christ: qu'il soit anathème 1673 ; 1675 .

1705  5. Si quelqu'un dit que la contrition que préparent l'examen, le rappel et la détestation des péchés, et par laquelle on pense à ses années dans l'amertume de son cœur Is 38,15, en pesant la gravité, l'abondance et la laideur de ses péchés, ainsi que la perte du bonheur éternel et la damnation éternelle encourue, avec le ferme propos d'une vie meilleure, que cette contrition n'est pas une douleur véritable et utile et ne prépare pas à la grâce, mais qu'elle rend l'homme hypocrite et davantage pécheur ; que, enfin, elle est une douleur contrainte et non pas libre et volontaire : qu'il soit anathème  1456 ; 1676.

1706  6. Si quelqu'un nie que la confession sacramentelle a été instituée ou est nécessaire pour le salut de droit divin ; ou s'il dit que se confesser secrètement à un prêtre seul — ce que l'Église catholique a toujours observé et observe depuis le début —, est contraire à l'institution et au commandement du Christ et que c'est une institution humaine : qu'il soit anathème 1679-1684.

1707  7. Si quelqu'un dit que, dans le sacrement de la pénitence, pour la rémission des péchés, il n'est pas nécessaire, de droit divin, que l'on confesse tous et chacun des péchés mortels dont on se souvient après avoir réfléchi comme il se doit et sérieusement, même les péchés cachés et ceux qui sont contre les deux derniers commandements du Décalogue, ni les circonstances, qui changent l'espèce du péché, mais que cette confession ne sert seulement qu'à instruire et à conso1er le pénitent, et qu'elle n'a jadis été utilisée que pour imposer une satisfaction canonique ; ou s'il dit que ceux qui s'efforcent de confesser tous leurs péchés ne veulent rien laisser au pardon de la miséricorde divine ; ou qu'enfin il n'est pas permis de confesser les péchés véniels : qu'il soit anathème 1679-1684.

1708  8. Si quelqu'un dit que la confession de tous les péchés, telle que l'observe l'Église, est impossible et est une tradition humaine que les âmes pieuses doivent abolir ; ou que tous et chacun des chrétiens des deux sexes n'y sont pas tenus une fois par an, conformément à la constitution du grand concile du Latran, et que, pour cela, on doit persuader les chrétiens de ne pas se confesser au moment du carême : qu'il soit anathème 1682s.

1709  9. Si quelqu'un dit que l'absolution sacramentelle. du prêtre n'est pas un acte judiciaire, mais un simple ministère qui prononce et déclare que les péchés sont remis à celui qui les confesse, pourvu seulement qu'il croie qu'il est absous, ou si le prêtre ne l'absout pas sérieusement, mais par plaisanterie ; ou s'il dit que la confession du pénitent n'est pas requise pour que le prêtre puisse l'absoudre : qu'il soit anathème  1462 ; 1685.

1710  10. Si quelqu'un dit que les prêtres en état de péché mortel n'ont pas le pouvoir de lier et de délier, ou que les prêtres ne sont pas seuls à être ministres de l'absolution, mais que c'est à tous et à chacun des chrétiens qu'il a été dit : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel» Mt 18,18 et : « à ceux à qui vous remettrez les péchés, ceux-ci seront remis, à ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus » Jn 20,23 ; qu'en vertu de ces paroles n'importe qui peut absoudre les péchés, les péchés publics au moins par la correction, avec l'accord de celui qui est corrigé, les péchés secrets par une confession spontanée : qu'il soit anathème 1684.

1711  11. Si quelqu'un dit que les évêques n'ont pas le droit de réserver des cas, sauf pour ce qui relève de la discipline extérieure et que, par suite, la réservation des cas n'empêche pas un prêtre d'absoudre vraiment des cas réservés : qu'il soit anathème 1687.

1712  12. Si quelqu'un dit que toute la peine est toujours remise par Dieu en même temps que la faute, et que la satisfaction des pénitents n'est pas autre chose que la foi par laquelle ils saisissent que le Christ a satisfait pour eux : qu'il soit anathème 1689.

1713  13. Si quelqu'un dit que, pour ce qui est de la peine temporelle, on ne satisfait nullement à Dieu pour les pêchés par les mérites du Christ ni par le moyen de peines infligées par Dieu et supportées avec patience, ni par le moyen de celles imposées par le prêtre, les prières, les aumônes ou les autres œuvres de piété, et que, en conséquence, la meilleure pénitence est seulement une vie nouvelle : qu'il soit anathème 1690-1692.

1714  14. Si quelqu'un dit que les satisfactions, par lesquelles les pénitents rachètent leurs pêchés par Jésus Christ, ne sont pas un culte rendu à Dieu, mais des traditions humaines qui obscurcissent la doctrine de la grâce, le vrai culte rendu à Dieu et le bienfait même de la mort du Christ : qu'il soit anathème 1692.

1715  15. Si quelqu'un dit que le pouvoir des clés n'a été donné à l'Église que pour délier et non aussi pour lier et que, à cause de cela, les prêtres, en imposant des peines à ceux qui se confessent, agissent à l'encontre de ce pouvoir et de l'institution du Christ ; et que c'est une invention de penser que, une fois la peine éternelle enlevée par le pouvoir des clés, il reste la plupart du temps une peine temporelle à expier : qu'il soit anathème  1692.

Canons sur le sacrement de l'extrême-onction.

1716  1. Si quelqu'un dit que l'extrême-onction n'est pas vraiment et proprement un sacrement institué par le Christ notre Seigneur Mc 6,13 et promulgué par l'apôtre saint Jacques Jc 5,14-15, mais seulement un rite reçu par les Pères ou un invention humaine qu'il soit anathème 1695 ; 1699.

1717  2. Si quelqu'un dit que la sainte onction des malades ne confère pas la grâce, ne remet pas les péchés, ne soulage pas les malades, mais qu'elle n'existe plus, comme si elle avait été autrefois seulement une grâce de guérison : qu'il soit anathème 1696 ; 1699.

1718  3. Si quelqu'un dit que le rite et l'usage de l'extrême-onction, observés par la sainte Église romaine, sont à l'opposé des paroles du saint apôtre Jacques et, par suite, doivent être changés ; qu'ils peuvent être méprisés sans péché par les chrétiens : qu'il soit anathème 1699 .

1719  4. Si quelqu'un dit que les presbytres de l'Église, que saint Jacques recommande de faire venir pour oindre un malade, ne sont pas des prêtres ordonnés par l'évêque, mais les plus âgés dans toute communauté et que, pour cette raison, le ministre propre de l'extrême-onction n'est pas le prêtre seul qu'il soit anathème 1697.

·      Continuation et fin du Concile de Trente sous Pie IV

Préambule

1725  Le saint concile œcuménique et général de Trente... a pensé que, puisque, par les artifices du très pervers démon, se sont répandus en divers lieux différentes erreurs monstrueuses concernant le redoutable et très saint sacrement de l'eucharistie, erreurs qui semblent avoir écarté un grand nombre de la foi et de l'obéissance de l'Église catholique en certaines provinces, il fallait exposer ici ce qui concerne la communion sous les deux espèces et la communion des enfants. C'est pourquoi il est interdit à tous les chrétiens d'oser à l'avenir croire, enseigner ou prêcher à ce sujet autre chose que ce qui est expliqué et défini par les décrets suivants.

CHAPITRE 1

Les laïcs et les clercs qui ne célèbrent pas ne sont pas tenus
de droit divin à la communion sous les deux espèces

1726  C'est pourquoi ce même saint concile, instruit par l'Esprit Saint, qui est «Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de piété» Is 11,2, et suivant le jugement et la coutume de l'Église elle-même, déclare et enseigne qu'aucun commandement divin n'oblige les laïcs et les clercs qui ne célèbrent pas à recevoir le sacrement de l'eucharistie sous les deux espèces ; et que l'on ne peut en aucune façon douter, sans léser la foi, que la communion sous l'une des deux espèces leur suffise pour leur salut.

1727  En effet, sans doute, le Seigneur Christ, lors de la dernière Cène, a-t-il institué et donné aux apôtres ce vénérable sacrement sous les espèces du pain et du vin Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19 ; 1Co 11,24. Cependant cette institution et ce don n'ont pas pour objet d'astreindre tous les chrétiens, par un décret du Seigneur, à recevoir les deux espèces 1731 ; 1732.

Et l'on ne conclut pas avec raison, des paroles que l'on trouve au chapitre 6 de Jean, que la communion sous les deux espèces a été commandée par le Seigneur  1733 , de quelque manière qu'on les comprenne en suivant les diverses interprétations des saints et des docteurs. En effet, celui qui a dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » Jn 6,53, a dit aussi : « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement » Jn 6,58. Et celui qui a dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle », Jn 6,54 et dit aussi « Le pain que je vous donnerai est ma chair pour la vie éternelle » Jn 6,51. Enfin celui qui a dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » Jn 6,56, a dit néanmoins : « Qui mange ce pain vivra éternellement » Jn 6,58.

CHAPITRE 2

Le pouvoir de l'Église dans l'administration du sacrement
de l'eucharistie.

1728  Le concile déclare, en outre, que dans l'administration des sacrements il y eut toujours dans l'Église le pouvoir de décider ou de modifier, la substance de ces sacrements étant sauve, ce qu'elle jugerait mieux convenir à l'utilité de ceux qui les reçoivent et au respect des sacrements eux-mêmes, selon la diversité des choses, des temps et des lieux. Ce que l'Apôtre a semblé indiquer assez nettement en disant : « Que l'on nous considère comme des ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu » 1Co 4,1. Et il est assez évident qu'il a lui-même usé de ce pouvoir aussi bien pour de nombreuses autres choses que pour ce sacrement lui-même, lorsqu'il dit, après avoir pris quelques ordonnances sur son usage : « Je réglerai le reste quand je viendrai » 1Co 11,34.

C'est pourquoi, bien qu'au début de la religion chrétienne l'usage des deux espèces n'ait pas été rare, cette coutume ayant très généralement changé avec le cours du temps, notre sainte Mère l'Église, sachant quelle autorité est la sienne dans l'administration des sacrements, fut amenée par des graves et justes causes à approuver cette coutume de communier sous l'une des deux espèces et à décréter que ce serait une loi qu'il n'est pas permis de blâmer ou de changer à son gré sans l'autorité de l'Église elle-même 1732.

CHAPITRE 3

Sous chaque espèce, le Christ est reçu totalement
et entièrement, et le sacrement est reçu en toute vérité.

1729  Il déclare en outre que, bien que notre Rédempteur, comme il a été dit plus haut, lors de la dernière Cène, ait institué et donné aux apôtres ce sacrement sous les deux espèces il faut pourtant reconnaître que même sous l'une des deux espèces seulement on reçoit le Christ totalement et entièrement ainsi que le sacrement en toute vérité, et qu'en conséquence, en ce qui concerne le fruit du sacrement, ceux qui reçoivent une seule espèce ne sont privés d'aucune grâce nécessaire au salut 1733.

CHAPITRE 4

Les enfants ne sont pas obligés à la communion sacramentelle

1730  Enfin le même saint concile enseigne qu'aucune nécessité n'oblige les enfants, qui n'ont pas l'âge de raison, à la communion sacramentelle de l'eucharistie 1734, puisque régénérés par le bain du baptême Tt 3,5 et incorporés au Christ, ils ne peuvent pas à cet âge perdre la grâce des enfants de Dieu qu'ils ont reçue.

Et pourtant il ne faut pas pour cela condamner l'Antiquité, si on y a parfois observé cette habitude en certains lieux. En effet, de même que ces très saints Pères ont eu un motif louable d'agir en raison de leur temps, de même faut-il très certainement croire sans contestations qu'ils ont agi ainsi sans qu'il y ait aucune nécessité pour le salut.

Canons sur la communion sous les deux espèces et la communion des enfants

1731  1. Si quelqu'un dit que, en raison d'un commandement de Dieu ou par nécessité pour le salut, tous et chacun des chrétiens doivent recevoir les deux espèces du très saint sacrement de l'eucharistie : qu'il soit anathème 1726s.

1732  2. Si quelqu'un dit que la sainte Église catholique n'a pas été amenée par de justes causes et raisons à ce que les laïcs, ainsi que les clercs qui ne célèbrent pas, ne communient que sous la seule espèce du pain, ou qu'elle a erré en cela qu'il soit anathème 1728.

1733  3. Si quelqu'un nie que le Christ, source et auteur de toutes les grâces soit reçu totalement et entièrement sous la seule espèce du pain, parce que - comme certains l'affirment faussement - il n'est pas reçu sous les deux espèces conformément à l'institution du Christ lui-même : qu'il soit anathème 1726s.

1734  4. Si quelqu'un dit que la communion eucharistique est nécessaire aux enfants avant qu'ils aient l'âge de raison : qu'il soit anathème 1730.

22e session, 17 septembre 1562

Doctrines et canons sur le sacrifice de la messe.
Préambule.

1738  Pour que l'on garde dans la sainte Église catholique la foi et la doctrine anciennes, absolues et en tout point parfaites sur le grand mystère de l'eucharistie, et qu'on les conserve dans leur pureté, après avoir repoussé erreurs et hérésies, le saint concile œcuménique et général de Trente... instruit par la lumière de l'Esprit Saint, enseigne, déclare et décrète ce qui suit, qui doit être prêché aux peuples fidèles, concernant l'eucharistie en tant que véritable et unique sacrifice.

CHAPITRE 1

L'institution du sacrifice de la messe

1739  Parce que la perfection n'avait pas été réalisée sous la première Alliance, au témoignage de l'apôtre Paul, en raison de la faiblesse du sacerdoce lévitique, il a fallu, Dieu le Père des miséricordes l'ordonnant ainsi, que se lève un autre prêtre « selon l'ordre de Melchisédech » Ps 110,4 ; He 5,6 ; He 5,10 ; He 7,11 ; He 7,17 ; Gn 14,18 notre Seigneur Jésus Christ, qui pourrait amener à la plénitude He 10,14 et conduire à la perfection tous ceux qui devaient être sanctifiés.

1740  Sans doute, lui, notre Dieu et Seigneur, allait-il s'offrir lui-même une fois pour toutes à Dieu le Père sur l'autel de la croix par sa mort He 7,27, afin de réaliser pour eux (là même) une Rédemption éternelle. Cependant, parce qu'il ne fallait pas que son sacerdoce fût éteint par la mort He 7,24 lors de la dernière Cène, « la nuit où il fut livré » 1Co 11,23, il voulut laisser à l'Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice qui soit visible (comme l'exige la nature humaine). Par là serait représenté le sacrifice sanglant qui devait s'accomplir une fois pour toutes sur la croix, le souvenir en demeurerait jusqu'à la fin du monde, et sa vertu salutaire serait appliquée à la rémission de ces péchés que nous commentons chaque jour.

Se déclarant établi prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech Ps 110,4 ; He 5,6 ; He 7,17, il offrit à Dieu le Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin ; sous le symbole de celles-ci, il les donna aux apôtres (qu'il constituait alors prêtres de la Nouvelle Alliance) pour qu'ils les prennent ; et à ceux-ci ainsi qu'à leurs successeurs dans le sacerdoce, il ordonna de les offrir en prononçant ces paroles : « Faites ceci en mémoire de moi » Lc 22,19 ; 1Co 11,24, etc., comme l'a toujours compris et enseigné l'Église catholique 1752.

1741  En effet, ayant célébré la Pâque ancienne, que la multitude des enfants d'Israël immolait en souvenir de la sortie d'Égypte Ex 12, il institua la Pâque nouvelle où lui-même doit être immolé par l'Église par le ministère des prêtres, sous des signes visibles en mémoire de son passage de ce monde à son Père, lorsque, par l'effusion de son sang il nous racheta et « nous arracha à la puissance des ténèbres et nous fit passer dans son Royaume » Col 1,13.

1742  Et c'est là l'oblation pure, qui ne peut être souillée par aucune indignité ou malice de ceux qui l'offrent, dont le Seigneur a prédit par Malachie qu'elle devrait être offerte pure en tout lieu en son nom, qui serait grand parmi les nations Ml 1,11, que l'apôtre Paul a désigné sans ambiguïté lorsque, écrivant aux Corinthiens, il dit : ceux qui se sont souillés en participant à la table des démons ne peuvent participer à la table du Seigneur 1Co 10,21, entendant par le mot «table», dans l'un et l'autre cas, l'autel. C'est elle enfin, qui, au temps de la nature et de la Loi, était figurée par les diverses images des sacrifices Gn 4,4 ; Gn 8,20 ; Gn 12,8 ; Gn 22,1-19 (Ex : passim), en tant que renfermant en elle tous les biens que ceux-ci signifiaient, en étant la consommation et la perfection de tous.

CHAPITRE 2

Le sacrifice visible, expiation pour les vivants et les morts.

1743  Parce que, dans ce divin sacrifice qui s'accomplit à la messe, ce même Christ est contenu et immolé de manière non sanglante, lui qui s'est offert une fois pour toutes de manière sanglante sur l'autel de la croix He 9,14 ; He 9,27, le saint concile enseigne que ce sacrifice est vraiment propitiatoire 1753 , et que par lui il se fait que, si nous nous approchons de Dieu avec un cœur sincère et une foi droite, avec crainte et respect, contrits et pénitents, « nous obtenons miséricorde, et nous trouvons la grâce d'un secours opportun » He 4,16. Apaisé par l'oblation de ce sacrifice, le Seigneur, en accordant la grâce et le don de la pénitence, remet les crimes et les péchés, même ceux qui sont énormes. C'est, en effet, une seule et même victime, c'est le même qui, s'offrant maintenant par le ministère des prêtres, s'est offert alors lui-même sur la croix, la manière de s'offrir étant seule différente.

Les fruits de cette oblation — celle qui est sanglante — sont reçus abondamment par le moyen de cette oblation non sanglante ; tant il s'en faut que celle-ci ne fasse en aucune façon tort à celle-là 1754. C'est pourquoi, conformément à la tradition des apôtres, elle est légitimement offerte, non seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres besoins des fidèles vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés 1753.

CHAPITRE 3

Messes en l'honneur des saints.

1744  Bien que l'Église ait coutume de célébrer parfois quelques messes en l'honneur et en mémoire des saints, elle enseigne que ce n'est pourtant pas à eux que le sacrifice est offert, mais à Dieu seul qui les a couronnés 1755. Aussi le prêtre n'a-t-il pas l'habitude de dire : « Je vous offre le sacrifice, Pierre et Paul », mais, en rendant grâces à Dieu de leurs victoires, il implore leur protection, «pour que daignent intercéder pour nous dans les cieux ceux mêmes dont nous faisons mémoire sur la terre».

CHAPITRE 4

Le canon de la messe

1745  Comme il convient que les choses saintes soient saintement administrées et comme la plus sainte de toutes est ce sacrifice, pour qu'il soit offert et reçu avec dignité et respect, l'Église catholique a institué, il y a de nombreux siècles, le saint canon si pur de toute erreur 1756, qu'il n'est rien en lui qui ne respire grandement la sainteté et la piété et n'élève vers Dieu l'esprit de ceux qui l'offrent. Il apparaît clairement, en effet, qu'il est fait soit des paroles mêmes du Seigneur, soit des traditions des apôtres et des pieuses instructions des saints pontifes.

CHAPITRE 5

Les cérémonies du sacrifice de la messe

1746  La nature humaine est telle qu'elle ne peut facilement s'élever à la méditation des choses divines sans les aides extérieures. C'est pourquoi notre pieuse Mère l'Église a institué certains rites, pour que l'on prononce à la messe certaines choses à voix basse 1759 et d'autres à voix plus haute. Elle a aussi introduit des cérémonies 1757, telles que les bénédictions mystiques, les lumières, les encensements, les vêtements et de nombreuses autres choses de ce genre, reçues de l'autorité et de la tradition des apôtres. Par là serait soulignée la majesté d'un si grand sacrifice, et les esprits des fidèles seraient stimulés, par le moyen de ces signes visibles de religion et de piété, à la contemplation des choses les plus hautes qui sont cachées dans ce sacrifice.

CHAPITRE 6

La messe à laquelle seule le prêtre communie

1747  Le saint concile souhaiterait, certes, que les fidèles assistant à chaque messe ne communient pas seulement par un désir spirituel, mais aussi par la réception sacramentelle de l'eucharistie, par quoi ils recueilleraient un fruit plus abondant de ce très saint sacrifice. Cependant, s'il n'en est pas toujours ainsi, il ne condamne pas pour cela, comme privées et illicites 1758, les messes où seul le prêtre communie sacramentellement ; mais il les approuve et les recommande, puisque ces messes doivent elles aussi être regardées comme vraiment publiques, en partie parce que le peuple y communie spirituellement, en partie parce qu'elles sont célébrées par un ministre public de l'Église, non pas pour lui seulement, mais pour tous les fidèles qui appartiennent au corps du Christ.

CHAPITRE 7

L'eau mêlée au vin.

1748  Le saint concile avertit ensuite que l'Église a prescrit aux prêtres de mêler de l'eau au vin que l'on doit offrir dans le calice 1759 , aussi bien parce que l'on croit que le Seigneur Christ a fait ainsi que, aussi, parce que de son côté a coulé de l'eau en même temps que du sang Jn 19,34, ce que le sacrement rappelle par ce mélange. Et puisque, dans l'Apocalypse de saint Jean, les eaux sont dites être les peuples Ap 17,15, ainsi est représentée l'union du peuple fidèle avec le Christ, sa tête.

CHAPITRE 8

Rejet de la langue vulgaire dans la messe ;
explication de ses mystères.

1749  Bien que la messe contienne un grand enseignement pour le peuple fidèle, il n'a pas cependant paru bon aux pères qu'elle soit célébrée çà et là en langue vulgaire 1759. C'est pourquoi, tout en gardant partout le rite antique propre à chaque Église et approuvé par la sainte Église romaine, Mère et maîtresse de toutes les Églises, pour que les brebis du Christ ne meurent pas de faim et que les petits ne demandent pas du pain et que personne ne leur en donne Lm 4,4, le saint concile ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge d'âme de donner quelques explications fréquemment, pendant la célébration des messes, par eux-mêmes ou par d'autres, à partir des textes lus à la messe, et, entre autres, d'éclairer le mystère de ce sacrifice, surtout les dimanches et les jours de fête.

CHAPITRE 9

Remarques préalables aux canons qui suivent.

1750  Mais parce que, aujourd'hui, contre cette foi ancienne fondée sur le saint Évangile, sur les traditions des apôtres et sur l'enseignement des saints Pères, de nombreuses erreurs se sont répandues, et quantité de choses ont été enseignées et discutées par quantité de gens, le saint concile, après avoir abondamment, sérieusement et mûrement traité de ces choses, a l'unanimité de tous les pères, a décidé de condamner et d'éliminer de la sainte Église ce qui va à l'encontre de cette foi très pure et de cette sainte doctrine, par les canons ci-dessous.

Canons sur le très saint sacrifice de la messe

1751  1. Si quelqu'un dit que, dans la messe, n'est pas offert à Dieu un véritable et authentique sacrifice ou qu’« être offert » ne signifie pas autre chose que le fait que le Christ nous est donné en nourriture : qu'il soit anathème.

1752  2. Si quelqu'un dit que par ces mots : « Faites ceci en mémoire de moi » 1Co 11,25 ; 1Co 11,24 le Christ n'a pas institué les apôtres prêtres, ou qu'il n'a pas ordonné qu'eux et les autres prêtres offrent son Corps et son Sang qu'il soit anathème 1470.

1753  3. Si quelqu'un dit que le sacrifice de la messe n'est qu'un sacrifice de louange et d'action de grâces, ou simple commémoration du sacrifice accompli sur la croix, mais n'est pas un sacrifice propitiatoire ; ou qu'il n'est profitable qu'à celui-là seul qui reçoit le Christ et qu'il ne doit pas être offert pour les vivants et les morts, ni pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités : qu'il soit anathème 1743.

1754  4. Si quelqu'un dit que, par le sacrifice de la messe, on commet un blasphème contre le très saint sacrifice du Christ accompli sur la croix ou qu'il en constitue un amoindrissement : qu'il soit anathème 1743.

1755  5. Si quelqu'un dit que c'est une imposture de célébrer la messe en l'honneur des saints et pour obtenir leur intercession auprès de Dieu, comme l'entend l'Église : qu'il soit anathème 1744.

1756  6. Si quelqu'un dit que le canon de la messe contient des erreurs et qu'il doit être abrogé : qu'il soit anathème 1745.

1757  7. Si quelqu'un dit que les cérémonies, les vêtements et les signes extérieurs dont l'Église se sert dans la célébration de la messe sont plutôt des dérisions de l'impiété que des marques de piété : qu'il soit anathème 1746.

1758  8. Si quelqu'un dit que les messes où seul le prêtre communie sacramentellement sont illicites et doivent donc être abrogées : qu'il soit anathème 1747.

1759  9. Si quelqu'un dit que le rite de l'Église romaine, selon lequel une partie du canon et les paroles de la consécration sont prononcées à voix basse, doit être condamné ; ou que la messe ne doit être célébrée qu'en langue vulgaire ; ou que l'eau ne doit pas être mêlée, dans le calice, au vin que l'on doit offrir, parce que cela est contraire à l'institution du Christ : qu'il soit anathème 1746 ; 1748.

Décret sur la demande de concession du calice.

1760  De plus, le même saint concile, dans sa dernière session, s'était réservé d'examiner et de définir en un autre temps, quand l'occasion s'en présenterait, deux articles qui lui avaient été proposés par ailleurs et n'avaient pas encore été discutés : Les raisons pour lesquelles la sainte Église catholique a été amenée à donner la communion aux laïcs et aussi aux prêtres qui ne célèbrent pas sous la seule espèce du pain doivent-elles être retenues en sorte que l'usage du calice ne soit permis à personne pour aucune raison ? — et : Si l'usage du calice, pour des raisons honnêtes et conformes à la charité chrétienne, doit être accordé à un pays ou à un royaume, sous quelles conditions cela doit-il être concédé ? et quelles sont ces conditions ?

Voulant maintenant pourvoir au mieux au salut de ceux pour qui la demande a été faite, le concile a décrété que toute l'affaire devrait être déférée à notre très Saint-Père, comme il le défère par le présent décret ; selon sa singulière prudence, celui-ci fera ce qu'il jugera devoir être utile pour les États chrétiens et salutaire pour ceux qui demandent l'usage du calice.

23e session, 15 juillet 1563-

Doctrine et canons sur le sacrement de l'ordre

1763  Doctrine véritable et catholique sur le sacrement de l'ordre pour condamner les erreurs de notre temps, décrétée par le concile de Trente et publiée dans la septième session (sous Pie IV).

CHAPITRE 1

L'institution du sacerdoce de la Nouvelle Alliance.

1764  Sacrifice et sacerdoce ont été si unis par une disposition de Dieu que l'un et l'autre ont existé dans toute loi. C'est pourquoi, comme l'Église catholique a reçu dans le Nouveau Testament, par une institution du Seigneur, le saint sacrifice visible de l'eucharistie, il faut aussi reconnaître qu'il y a en elle un nouveau sacerdoce visible et extérieur 1771, dans lequel est passé l'ancien sacerdoce He 7,12. Ce sacerdoce a été institué par ce même Seigneur, notre Sauveur 1773 ; aux apôtres et à leurs successeurs dans le sacerdoce a été donné le pouvoir de consacrer, d'offrir et d'administrer son Corps et son Sang, ainsi que celui de remettre et de retenir les péchés : voilà ce que montre l'Écriture sainte et ce qu'a toujours enseigné la tradition de l'Église catholique 1771.

CHAPITRE 2

Les sept degrés de l'ordre.

1765  Comme le ministère d'un si saint sacerdoce est une chose divine, il convenait, pour qu'il puisse être exercé plus dignement et avec un plus grand respect, qu'il y eût, dans la structure parfaitement ordonnée de l'Église, plusieurs ordres différents de ministères, qui seraient, par leur fonction, au service du sacerdoce, répartis de telle sorte que ceux qui auraient reçu la tonsure cléricale s'élèvent des ordres mineurs aux ordres majeurs  1772.

En effet, la sainte Écriture ne fait pas clairement mention seulement des prêtres, mais aussi des diacres ; elle enseigne, par les expressions les plus graves, ce à quoi il faut être très attentif en ordonnant ceux-ci Ac 6,5 ; Ac 21,8 ; 1Tm 3,8-13 ; Ph 1,1. Dès le début de l'Église on sait qu'ont été en usage, bien qu'à des degrés divers, les noms des ordres suivants et les ministères propres à chacun d'eux : sous-diacres, acolytes, exorcistes, lecteurs et portiers. En effet le sous-diaconat est rattaché aux ordres majeurs par les Pères et les saints conciles, dans lesquels nous lisons très fréquemment des mentions concernant les autres ordres inférieurs.

CHAPITRE 3

La sacramentalité de l 'ordre

1766  Comme le témoignage de l'Écriture, la tradition apostolique et l'accord des Pères montrent clairement que la sainte ordination, qui est donnée par des paroles et des signes extérieurs, confère la grâce, personne ne doit douter que l'ordre est vraiment et proprement l'un des sept sacrements de la sainte Église 1773 . L'Apôtre dit en effet : «Je t'exhorte à raviver la grâce de Dieu qui est en toi par l'imposition de mes mains. Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de force, d'amour et de modération» 2Tm 1,6 ; 1Tm 4,14.

Chapitre 4

La hiérarchie ecclésiastique et l'ordination.

1767  Parce que, dans le sacrement de l'ordre, comme dans le baptême et la confirmation, est imprimé un caractère 1774 qui ne peut être ni détruit ni enlevé, le saint concile condamne à juste titre la pensée de ceux qui affirment que les prêtres du Nouveau Testament ont seulement un pouvoir temporaire, et qu'une fois ordonnés selon les règles, ils peuvent redevenir laïcs, s'ils n'exercent pas le ministère de la Parole de Dieu 1771.

Si quelqu'un affirme que tous les chrétiens, sans distinction, sont les prêtres du Nouveau Testament, ou que tous sont dotés d'un même pouvoir spirituel entre eux, il semble ne rien faire d'autre que d'effacer la hiérarchie ecclésiastique  1776, laquelle est comme « une armée rangée en bataille » Ct 6,3 ; Ct 6,9 ; comme si, à l'encontre de l'enseignement de saint Paul 1Co 12,28-29 ; Ep 4,11 tous étaient apôtres et tous prophètes, tous évangélistes, tous pasteurs, tous docteurs.

1768  Aussi le saint concile déclare-t-il que, outre les autres degrés ecclésiastiques, les évêques, qui ont succédé aux apôtres, appartiennent à titre principal à cet ordre hiérarchique ; qu'ils ont été placés (comme dit le même apôtre) par l'Esprit Saint « pour gouverner l'Église de Dieu » Ac 20,28 ; qu'ils sont supérieurs aux presbytres ; qu'ils confèrent le sacrement de la confirmation ; qu'ils ordonnent les ministres de l'Église ; qu'ils peuvent accomplir plusieurs autres choses pour lesquelles les autres d'un ordre inférieur n'ont aucun pouvoir 1777.

1769  En outre, le saint concile enseigne que, dans l'ordination des évêques, des prêtres et des autres ordres, ne sont requis ni le consentement, ni l'appel, ni l'autorité du peuple ou de quelque puissance ou magistrature civile, comme si, sans cela, l'ordination était nulle. Bien plutôt, il décrète que ceux qui appelés et institués par le peuple ou par une puissance ou par une magistrature, s'élèvent à l'exercice de ce ministère, et ceux qui les prennent pour eux, dans leur témérité doivent être tenus, non pour des ministres de l'Église, mais pour des voleurs et des brigands qui ne sont pas entrés par la porte Jn 10,1 ; 1778 .

1770  Tel est ce qu'il a semblé bon au saint concile d'enseigner d'une manière générale aux chrétiens sur le sacrement de l'ordre. Il a décidé de condamner de la manière suivante ce qui est contraire à des canons précis et propres, pour que, avec l'aide du Christ, tous, utilisant la règle de la foi, au milieu des ténèbres de tant d'erreurs, puissent connaître et tenir plus facilement la foi catholique.

Canons sur le sacrement de l'ordre

1771  1. Si quelqu'un dit qu'il n'y a pas dans le Nouveau Testament de sacerdoce visible et extérieur, ou qu'il n'y pas un pouvoir de consacrer et d'offrir le vrai Corps et le vrai Sang du Seigneur et de remettre ou de retenir les péchés, mais seulement une fonction et un simple ministère de la prédication de l'Évangile ; ou que ceux qui ne prêchent pas ne sont pas prêtres qu'il soit anathème  1764 ; 1767.

1772  2. Si quelqu'un dit qu'en plus du sacerdoce il n'y a pas dans l’Église catholique d'autres ordres majeurs et mineurs, par lesquels, comme par degrés, on s'avance jusqu'au sacerdoce : qu'il soit anathème 1765.

1773  3. Si quelqu'un dit que l'ordre ou la sainte ordination n'est pas vraiment et proprement un sacrement institué par le Christ Seigneur ; ou que c'est une invention humaine, imaginée par des hommes qui n'entendent rien aux choses de l'Église ; ou que c'est seulement un rite par lequel on choisit les ministres de la Parole de Dieu et des sacrements : qu'il soit anathème 1766.

1774  4. Si quelqu'un dit que l'Esprit Saint n'est pas donné par la sainte ordination et que c'est donc en vain que les évêques disent : « Reçois l'Esprit Saint » ; ou que l'ordination n'imprime pas un caractère ; ou que celui qui est devenu prêtre une fois pour toutes peut redevenir laïc : qu'il soit anathème  1767.

1775  5. Si quelqu'un dit que la sainte onction dont l'Église use au cours de l'ordination, non seulement n'est pas requise, mais doit être méprisée et est pernicieuse, et qu'il en est de même pour les autres cérémonies de l'ordre : qu'il soit anathème.

1776  6. Si quelqu'un dit qu'il n'y a pas dans l'Église catholique une hiérarchie instituée par une disposition divine, composée d'évêques, de prêtres et de ministres : qu'il soit anathème 1768.

1777  7. Si quelqu'un dit que les évêques ne sont pas supérieurs aux prêtres ; ou qu'ils n'ont pas le pouvoir de confirmer et d'ordonner ; ou que le pouvoir qu'ils ont leur est commun avec les prêtres ; ou que les ordres conférés par eux sans l'accord ou l'appel du peuple ou de quelque puissance civile sont nuls ; ou que ceux qui n'ont pas été légitimement ordonnés ni envoyés par une autorité ecclésiastique et canonique, mais viennent d'ailleurs, sont des ministres légitimes de la Parole et des sacrements : qu'il soit anathème 1768s.

1778  8. Si quelqu'un dit que les évêques qui sont choisis par l'autorité du pontife romain ne sont pas de légitimes et véritables évêques, mais une invention humaine : qu'il soit anathème.

24e session, 11 novembre 1563.

Doctrine et canons sur le sacrement de mariage

1797  Sous l'inspiration du Saint-Esprit, le premier Père du genre humain a proclamé le lien perpétuel et indissoluble du mariage quand il a dit « Voilà maintenant l'os de mes os, la chair de ma chair. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils seront deux en une seule chair » Gn 2,23 ; Mt 19,5 ; Ep 5,31.

1798  Que par ce lien ne sont unis que deux êtres, le Christ notre Seigneur l'a assez clairement enseigné lorsque, rappelant ces paroles comme prononcées par Dieu, il a dit : « C'est pourquoi ils ne sont plus deux, mais une seule chair» Mt 19,6, et il confirma immédiatement après ces paroles, la solidité de ce lien proclamé si longtemps auparavant par Adam «Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas » Mt 19,6 ; Mc 10,9.

1799  La grâce qui porterait cet amour naturel à sa perfection affirmerait cette unité indissoluble et sanctifierait les époux, le Christ lui-même, qui a institué et porté à leur perfection les vénérables sacrements, nous l'a méritée par sa Passion. C'est ce que l'apôtre Paul nous suggère quand il dit : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même pour elle » Ep 5,25, en ajoutant aussitôt « Ce sacrement est grand, je le dis : dans le Christ et dans l'Église » Ep 5,32.

1800  Comme le mariage dans la Loi évangélique l'emporte en grâce, par le Christ, sur les noces de l'ancienne Loi, c'est à juste titre que nos saints Pères, les conciles et la tradition de l'Église universelle ont toujours enseigné qu'il fallait le compter parmi les sacrements de la Loi nouvelle. Allant contre cette tradition, des hommes impies de ce siècle, déraisonnant, non seulement ont eu des opinions fausses sur ce vénérable sacrement, mais à leur habitude, introduisant la liberté de la chair sous le couvert de l'Évangile, par écrit et oralement, ont répandu nombre d'éléments étrangers au sentiment de l'Église catholique et aux coutumes approuvées depuis le temps des apôtres, et cela non sans grand dommage pour les fidèles.

Désirant faire face à la témérité de ces hommes, le saint concile universel a jugé qu'il fallait exterminer les hérésies et erreurs notables des schismatiques susdits, pour que leur pernicieuse contagion n'en attire pas un grand nombre à eux aussi décrète-t-il contre ces hérétiques et leurs erreurs les anathématismes suivants.

Canons sur le sacrement du mariage.

1801  1. Si quelqu'un dit que le mariage n'est pas vraiment et proprement l'un des sept sacrements de la Loi évangélique que le Christ notre Seigneur a institués, mais qu'il a été inventé dans l'Église par les hommes et qu'il ne confère pas la grâce : qu'il soit anathème 1800.

1802  2. Si quelqu'un dit qu'il est permis aux chrétiens d'avoir en même temps plusieurs épouses, et que cela n'a été défendu par aucune Loi divine Mt 19,9 : qu'il soit anathème 1798.

1803  3. Si quelqu'un dit que seuls les degrés de consanguinité et d'affinité exprimés dans le Lévitique Lv 18,6-18 peuvent empêcher de contracter mariage et rendent nul celui qui a été contracté, que l’Église ne peut dispenser d'aucun d'entre eux ni décider qu'un plus grand nombre soit cause d'empêchement et de nullité : qu'il soit anathème  2659.

1804  4. Si quelqu'un dit que l'Église n'a pas pu établir des empêchements dirimant le mariage, ou qu'elle s'est trompée en les établissant : qu'il soit anathème.

1805  5. Si quelqu'un dit que le lien du mariage peut être rompu en raison de l'hérésie, ou bien d'une vie en commun insupportable, ou bien en l'absence voulue d'un conjoint : qu'il soit anathème.

1806  6. Si quelqu'un dit qu'un mariage contracté et non consommé n'est pas annulé par la profession religieuse solennelle de l'un des conjoints : qu'il soit anathème.

1807  7. Si quelqu'un dit que l'Église se trompe quand elle a enseigné et enseigne, conformément à l'enseignement de l'Évangile et de l'Apôtre Mt 5,32 ; Mt 19,9 ; Mc 10,11-12 ; Lc 16,18 ; 1Co 7,11, que le lien du mariage ne peut pas être rompu par l'adultère de l'un des époux, et que ni l'un ni l'autre, même l'innocent qui n'a pas donné motif à l'adultère, ne peut, du vivant de l'autre conjoint, contracter un autre mariage ; qu'est adultère celui qui épouse une autre femme après avoir renvoyé l'adultère et celle qui épouse un autre homme après avoir renvoyé l'adultère : qu'il soit anathème.

1808  8. Si quelqu'un dit que l'Église se trompe lorsqu'elle décrète que, pour de nombreuses raisons, les époux peuvent vivre séparés, sans vie conjugale ou sans vie en commun, pour un temps indéterminé ou déterminé : qu'il soit anathème.

1809  9. Si quelqu'un dit que les clercs qui ont reçu les ordres sacrés ou les réguliers qui ont fait profession solennelle de chasteté peuvent contracter mariage, qu'un tel mariage est valide, malgré la Loi de l'Église ou leur vœu, et qu'affirmer le contraire n'est rien d'autre que condamner le mariage ; que peuvent contracter mariage tous ceux qui n'ont pas le sentiment d'avoir le don de chasteté (même s'ils en ont fait vœu) : qu'il soit anathème. Puisque Dieu ne refuse pas ce don à ceux qui le demandent comme il faut, et qu'il ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces 1Co 10,13.

1810  10. Si quelqu'un dit que l'état du mariage doit être placé au-dessus de l'état de virginité ou de célibat, et qu'il n'est ni mieux ni plus heureux de rester dans la virginité ou le célibat que de contracter mariage Mt 19,11 ; 1Co 7,25 ; 1Co 7,38-40.

1811  11. Si quelqu'un dit que l'interdiction de la solennité des noces à des temps déterminés de l'année est une superstition tyrannique issue d'une superstition des païens, Ou s'il condamne les bénédictions et autres cérémonies dont use l'Église : qu'il soit anathème.

1812  12. Si quelqu'un dit que les causes matrimoniales ne relèvent pas des juges ecclésiastiques : qu'il soit anathème 2598 ; 2659.

Canons sur la réforme du mariage : décret «Tametsi»

1813  Chap. 1 (Motif et teneur de la loi) On ne doit certes pas douter que les mariages clandestins, qui se sont faits avec le libre consentement des contractants, sont des mariages valides et véritables, tant que l'Église ne les a pas rendus invalides ; aussi est-ce à bon droit que doivent être condamnés, comme le saint concile les condamne par anathème, ceux qui nient que ces mariages sont véritables et valides et affirment faussement que les mariages contractés par les fils de famille, sans le consentement de leurs parents, sont invalides et que les parents peuvent les faire valides ou invalides. La sainte Église néanmoins, pour de très justes raisons, a toujours eu ces mariages en horreur et les a défendus.

1814  Mais le saint synode s'aperçoit que ces défenses ne servent plus à rien en raison de la désobéissance des hommes ; il pèse la gravité des péchés venant de ces mariages clandestins, particulièrement pour ceux qui demeurent dans l'état de damnation lorsque, après avoir abandonné la première épouse avec laquelle ils avaient secrètement contracté mariage, ils contractent publiquement un mariage avec une autre et vivent avec elle en un perpétuel adultère ; l'Église qui ne porte pas de jugement sur les choses secrètes, ne peut apporter remède à ce mal qu'en recourant à un remède plus efficace. C'est pourquoi, mettant ses pas dans les pas du saint concile du Latran (IV) tenu sous Innocent III 817, le concile ordonne ce qui suit. A l'avenir, avant que soit contracté un mariage, trois fois, trois jours de fête consécutifs, le curé des parties contractantes annoncera publiquement dans l'église, pendant la célébration des messes, entre qui le mariage doit être contracté. Ces annonces faites, si ne s'y oppose aucun empêchement légitime, on procédera à la célébration du mariage devant l'Église, après avoir interrogé l'homme et la femme ; une fois bien compris qu'il y a consentement mutuel de leur part, le curé dira : « Je vous unis par le mariage, au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit » ; ou bien il se servira d'une autre formule, conformément au rite reçu de chaque province.

1815  (Restriction de la loi) S'il y avait un soupçon plausible que le mariage peut être empêché par la mauvaise foi, s'il est précédé de tant d'annonces ; soit on ne fera qu'une seule annonce, soit même le mariage sera célébré en présence du curé et de deux ou trois témoins ; ensuite, avant la consommation du mariage, les annonces seront faites dans l'église afin que, s'il demeure quelques empêchements, ceux-ci soient plus facilement découverts, à moins que l'Ordinaire lui-même ne juge expédient d'omettre les susdites annonces, ce que le saint concile laisse à sa prudence et à son jugement.

1816  (Sanction) Quant à ceux qui entreprendront de contracter mariage autrement qu'en présence du curé ou d'un autre prêtre autorisé par le curé ou l'Ordinaire, et devant deux ou trois témoins, le saint concile les rend absolument inhabiles à contracter de la sorte et décrète que de tels contrats sont invalides et nuls, comme par le présent décret il les rend invalides et les annule.

25e session, 3 et 4 décembre 1563

Décret sur le purgatoire, 3 décembre 1563

1820  L'Église catholique, instruite par l'Esprit Saint, à partir de la sainte Écriture et de la tradition ancienne des Pères, a enseigné dans les saints conciles et tout dernièrement dans ce concile œcuménique qu'il y a un purgatoire  1580 et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles, et surtout par le sacrifice de l'autel si agréable à Dieu 1743 ; 1753. Aussi le saint concile prescrit-il aux évêques de tout faire pour que la saine doctrine du purgatoire, transmise par les saints Pères et les saints conciles, soit l'objet de la foi des fidèles, que ceux-ci la gardent, et qu'elle soit enseignée et proclamée en tous lieux.

On exclura des prédications populaires auprès des gens sans instruction les questions plus difficiles et subtiles, qui ne sont d'aucune utilité pour l'édification, et desquelles la plupart du temps la piété ne tire aucun profit. On ne permettra pas que soient divulgués et abordés des points incertains ou qui sont apparemment faux. On interdira, comme scandaleux et offensant pour les fidèles, tout ce qui relève d'une certaine curiosité ou de la superstition ou tout ce qui a indécemment un goût de lucre. ...

Décret sur l'invocation, la vénération et les reliques des saints, et sur les saintes images, 3 décembre 1563.

1821  Le saint concile enjoint à tous les évêques et à tous les autres ayant la charge et le devoir d'enseigner que, conformément à l'usage de l'Église catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne, et conformément au sentiment unanime des saints Pères et aux décrets des saints conciles, ils instruisent diligemment les fidèles, particulièrement sur l'intercession des saints et leur invocation, les honneurs dus aux reliques et le légitime usage des images. Aussi leur enseigneront-ils que les saints qui règnent avec le Christ offrent à Dieu leurs prières pour les hommes qu'il est bon et utile de les invoquer humblement et, pour obtenir de Dieu des bienfaits par son Fils Jésus Christ notre Seigneur, qui est notre seule Rédempteur et Sauveur, de recourir à leurs prières, à leur aide et à leur assistance. Ceux qui nient que l'on doit invoquer les saints qui jouissent dans le ciel d'un bonheur éternel ; ou bien ceux qui affirment que ceux-ci ne prient pas pour les hommes ou que les invoquer pour qu'ils prient pour chacun de nous est de l'idolâtrie, ou que cela va à l'encontre de la Parole de Dieu et s'oppose à l'honneur de Jésus Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes 1Tm 2,5 ; ou bien encore qu'il est stupide de supplier vocalement ou mentalement ceux qui règnent dans les cieux : tous ceux-là pensent d'une manière impie.

1822  Les fidèles doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le Christ, eux qui ont été des membres vivants du Christ et le Temple du Saint-Esprit 1Co 3,16 ; 1Co 6,15 ; 1Co 6,19 ; 2Co 6,16 et qui seront ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle ; par eux Dieu accorde de nombreux bienfaits aux hommes. Aussi, ceux qui affirment qu'on ne doit ni honneur ni vénération aux reliques des saints, ou bien que c'est inutilement que les fidèles les honorent ainsi que les autres souvenirs sacrés, et qu'il est vain de visiter les lieux de leur martyre pour obtenir leur soutien, tous ceux-là doivent être totalement condamnés, comme l'Église les a déjà condamnés autrefois et les condamne encore aujourd'hui.

1823  De plus, on doit avoir et garder, surtout dans les églises, les images du Christ, de la Vierge Marie Mère de Dieu et des autres saints, et leur rendre l'honneur et la vénération qui leur sont dus. Non pas parce que l'on croit qu'il y a en elles quelque divinité ou quelque vertu justifiant leur culte, ou parce qu'on doit leur demander quelque chose ou mettre sa confiance dans des images, comme le faisaient autrefois les païens qui plaçaient leur espérance dans des idoles Ps 135,15-17, mais parce que l'honneur qui leur est rendu renvoie aux modèles originaux que ces images représentent. Aussi, à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous prosternons, c'est le Christ que nous adorons et les saints, dont elles portent la ressemblance, que nous vénérons. C'est ce qui a été défini par les décrets des conciles, spécialement du deuxième concile de Nicée, contre les adversaires des images 600-603.

1824  Les évêques enseigneront avec soin que, par le moyen de l'histoire des mystères de notre Rédemption représentés par des peintures ou par d'autres moyens semblables, le peuple est instruit et affermi dans les articles de foi, qu'il doit se rappeler et vénérer assidûment. Et l'on retire aussi grand fruit de toutes les images saintes, non seulement parce que sont enseignés au peuple les bienfaits et les dons que lui confère le Christ, mais parce que, aussi, sont mis sous les yeux des fidèles les miracles de Dieu accomplis par les saints et les exemples salutaires donnés par ceux-ci de la sorte, ils en rendent grâces à Dieu, ils conforment leur vie et leurs mœurs à l'imitation des saints et sont poussés à adorer et aimer Dieu et à cultiver la piété. Si quelqu'un enseigne ou pense des choses contraires à ces décrets : qu'il soit anathème.

1825  Si certains abus s'étaient glissés dans ces saintes et salutaires pratiques, le saint concile désire vivement qu'ils soient entièrement abolis, en sorte qu'on expose aucune image porteuse d'une fausse doctrine et pouvant être l'occasion d'une erreur dangereuse pour les gens simples.

S'il arrive parfois que l'on exprime par des images les histoires et les récits de la sainte Écriture, parce que cela sera utile pour des gens sans instruction, on enseignera au peuple qu'elles ne représentent pas pour autant la divinité, comme si celle-ci pouvait être vue avec les yeux du corps ou exprimée par des couleurs et par des formes.

On supprimera donc toute superstition dans l'invocation des saints, dans la vénération des reliques ou dans un usage sacré des images ; toute recherche de gains honteux sera éliminée ; enfin toute indécence sera évitée, en sorte que les images ne soient ni peintes ni ornées d'une beauté provocante...

Pour que cela soit plus fidèlement observé, le saint concile statue qu'il n'est permis à personne, dans aucun lieu... de placer ou faire placer une image inhabituelle, à moins que celle-ci n'ait été approuvée par l'évêque. On ne reconnaîtra pas de nouveaux miracles, on ne recevra pas de nouvelles reliques sans l'examen et l'approbation de l'évêque.

 

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