DEUXIÈME PARTIE
LA CÉLÉBRATION DU MYSTÈRE CHRÉTIEN
PREMIÈRE SECTION - L'ÉCONOMIE SACRAMENTELLE
Le sacrifice de la
croix est la source de l'économie sacramentelle de l'Église. Dans
l'image, Marie, symbole de l'Église, recueille de sa main gauche du côté
transpercé de Jésus, le sang et l'eau, symboles des sacrements de
l'Église :
« Quand ils
arrivèrent à Jésus, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent
pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et
aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau » (Jn 19, 33-34).
Saint Augustin
commente : « Notre Seigneur Jésus Christ, qui en souffrant, a offert
pour nous ce qu'il avait pris de nous en naissant, devenu pour
l'éternité le plus grand des prêtres, disposa que l'on offrit le
sacrifice que vous voyez, c'est-à-dire son corps et son sang. En effet,
son corps, déchiré par la lance, répandit l'eau et le sang, avec
lesquels il remit nos péchés. En vous rappelant cette grâce, en vous
redonnant la santé (car, de plus, c'est Dieu qui le fait en vous),
apprêtez-vous, avec crainte et trépidation, à participer de cet autel.
Reconnaissez dans le pain, le même [corps] que vous avez pendu sur la
croix, et dans le calice, le même [sang] qui jaillit de son côté. Les
sacrifices antiques du peuple de Dieu, dans leur multiple variété,
préfiguraient aussi cet unique sacrifice qui devait venir. Et le Christ
est en même temps l'agneau, en vertu de l'innocence de son âme pure, et
le bouc, à cause de sa chair, semblable à celle du péché. Et tout ce qui
est préfiguré de nombreuses et diverses manières dans les sacrifices de
l'Ancien Testament, se réfère seulement à ce [sacrifice], qui a été
révélé dans le Nouveau Testament.
Prenez donc et
mangez le Corps du Christ, vous qui êtes maintenant devenus membres du
Christ, dans le Corps du Christ ; prenez et buvez-vous le sang du
Christ. Pour ne pas vous séparer, mangez ce qui vous unit ; pour ne pas
vous considérer comme peu de chose, buvez votre prix. Comme il se
transforme en vous lorsque vous en mangez et buvez, de même, vous aussi,
vous vous transformez dans le Corps du Christ, si dans votre vie, vous
vivez dans l'obéissance et dans la piété. En effet, déjà proche de sa
passion, célébrant la Pâque avec ses disciples, il prit le pain, le
bénit en disant : "Ceci est mon corps qui sera livré pour vous". De la
même manière, après l'avoir béni, il donna le calice, en disant : "Ceci
est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera versé pour la
multitude en rémission des péchés". Cela, vous le lisiez déjà et vous
l'entendiez de l'Évangile, cependant vous ne saviez pas que cette
Eucharistie est le Fils lui-même ; mais à présent, avec le cœur purifié
dans une conscience sans tâche, et avec le corps lavé dans une eau pure,
approchez-vous de lui et vous serez illuminés, et vos visages ne
rougiront pas » (Discours 228 B).
218. Qu'est-ce que
la Liturgie ?
La Liturgie est la
célébration du Mystère du Christ, en particulier de son Mystère pascal.
Dans la liturgie, par l'intermédiaire de l'exercice de la fonction
sacerdotale de Jésus Christ, est signifiée et réalisée, par des signes,
la sanctification des hommes. Le Corps mystique du Christ, à savoir la
tête et les membres, exerce le culte public qui est dû à Dieu.
219. Quelle est la
place de la Liturgie dans la vie de l'Église ?
Action sacrée par
excellence, la liturgie constitue le sommet vers lequel tend l'action de
l'Église et en même temps la source d'où provient sa force de vie. Par
la liturgie, le Christ continue dans son Église, avec elle et par elle
l'œuvre de notre rédemption.
220. En quoi
consiste l'économie sacramentelle ?
L'économie
sacramentelle consiste dans le fait de communiquer les fruits de la
rédemption du Christ par la célébration des sacrements de l'Église, en
tout premier lieu de l'Eucharistie, « jusqu'à ce qu'il revienne » (1Co
11, 26).
Chapitre I
Le
mystère pascal dans la vie de l'Église
LA LITURGIE, ŒUVRE DE LA SAINTE TRINITÉ
221. Comment le
Père est-il la source et la fin de la liturgie ?
Dans la liturgie, le
Père nous comble de ses bénédictions en son Fils incarné, mort et
ressuscité pour nous, et il répand dans nos cœurs l'Esprit Saint. En
même temps, l'Église bénit le Père par l'adoration, la louange, l'action
de grâces, et elle implore le don de son Fils et de l'Esprit Saint.
222. Quelle est
l'œuvre du Christ dans la liturgie ?
Dans la liturgie, le
Christ signifie et accomplit principalement son Mystère pascal. En
donnant l'Esprit Saint aux Apôtres, il leur a donné, ainsi qu'à leurs
successeurs, le pouvoir de réaliser l'œuvre du salut par le Sacrifice
eucharistique et par les sacrements, où il agit lui-même pour
communiquer sa grâce aux fidèles de tous les temps et dans le monde
entier.
223. Dans la
liturgie, comment le Saint-Esprit agit-il par rapport à l'Église ?
Dans la liturgie
s'opère la coopération la plus étroite de l'Esprit Saint et de l'Église.
L'Esprit Saint prépare l'Église à rencontrer son Seigneur. Il rappelle
le Christ à la foi de l'assemblée et le lui manifeste. Il rend présent
et actualise le mystère du Christ ; il unit l'Église à la vie et à la
mission du Christ, et il fait fructifier en elle le don de la communion.
LE MYSTÈRE
PASCAL
DANS LES SACREMENTS DE L'ÉGLISE
224. Pourquoi les
sacrements ? Combien y en a-t-il ?
Les sacrements sont
des signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ
et confiés à l'Église, par lesquels nous est donnée la vie divine. Ils
sont au nombre de sept : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la
Pénitence, l'Onction des malades, l'Ordre et le Mariage.
225. Quel est le
rapport des sacrements avec le Christ ?
Les mystères de la
vie du Christ constituent le fondement de ce que maintenant, par les
ministres de l'Église, le Christ dispense dans les sacrements.
« Ce qui était
visible dans notre Sauveur est passé dans les sacrements » (saint Léon
le Grand).
226. Quel est le
lien des sacrements avec l'Église ?
Le Christ a confié
les sacrements à son Église. Ils sont « de l'Église » en un double sens
: ils sont « par l'Église », parce qu'ils sont action de l'Église, qui
est le sacrement de l'action du Christ ; ils sont « pour l'Église », en
ce sens qu'ils édifient l'Église.
227. Qu'est-ce que
le caractère sacramentel ?
C'est un sceau
spirituel conféré par les sacrements du Baptême, de la Confirmation et
de l'Ordre. Il est promesse et garantie de la protection divine. En
vertu de ce sceau, le chrétien est configuré au Christ ; il participe de
diverses manières à son sacerdoce. Il fait partie de l'Église selon des
états et des fonctions différents. Il a ainsi pour vocation le culte
divin et le service de l'Église. Puisque leur caractère est indélébile,
les sacrements qui l'impriment ne sont reçus qu'une seule fois dans la
vie.
228. Quel est le
rapport des sacrements avec la foi ?
Non seulement les
sacrements supposent la foi, mais encore, par les paroles et les
éléments rituels, ils la nourrissent, la fortifient et l'expriment. En
célébrant les sacrements, l'Église confesse la foi apostolique. De là
vient l'ancien adage « lex orandi, lex credendi », ce qui veut dire :
l'Église croit comme elle prie.
229. Pourquoi les
sacrements sont-ils efficaces ?
Les sacrements sont
efficaces ex opere operato (« par le fait même que l'action
sacramentelle est accomplie »). C'est en effet le Christ qui agit en eux
et qui communique la grâce qu'ils signifient, indépendamment de la
sainteté personnelle du ministre ; toutefois les fruits du sacrement
dépendent aussi des dispositions de ceux qui les reçoivent.
230. Pourquoi les
sacrements sont-ils nécessaires au salut ?
Même s'ils ne sont
pas tous donnés à chaque croyant, les sacrements sont nécessaires à ceux
qui croient au Christ, parce qu'ils confèrent les grâces sacramentelles,
le pardon des péchés, l'adoption comme fils de Dieu, la conformation au
Christ Seigneur et l'appartenance à l'Église. L'Esprit Saint guérit et
transforme ceux qui les reçoivent.
231. Qu'est-ce que
la grâce sacramentelle ?
La grâce
sacramentelle est la grâce de l'Esprit Saint, donnée par le Christ et
propre à chaque sacrement. Cette grâce aide le fidèle sur le chemin de
la sainteté ; elle aide aussi l'Église à croître dans la charité et dans
son témoignage.
232. Quel est le
rapport des sacrements avec la vie éternelle ?
Dans les sacrements,
l'Église reçoit déjà une anticipation de la vie éternelle, tout en
demeurant «dans l'attente de la bienheureuse espérance et de la
manifestation de la gloire de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ» (Tt
2, 13).
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