Congrégation pour le clergé
Congrégation pour l’Éducation catholique
RATIO
FUNDAMENTALIS INSTITUTIONIS
DIACONORUM PERMANENTIUM
1 Le
Diaconat permanent, restauré par le concile Vatican II dans la
continuité harmonieuse avec la Tradition ancienne, répondant
ainsi aux souhaits explicites du concile œcuménique de Trente, a
connu ces dernières décennies, en de nombreux endroits, un essor
important et a donné des fruits prometteurs, pour le plus grand
profit de la mission si urgente d'une nouvelle évangélisation.
Le Saint-Siège et de nombreux épiscopats n'ont pas manqué de
proposer des éléments normatifs et des points de repères
concernant la vie et la formation des diacres, en favorisant une
expérience ecclésiale qui a besoin pour grandir aujourd'hui
d'une unité dans ses orientations, de quelques éléments
d'éclaircissement ultérieurs et, dans le domaine pratique,
d'impulsions et de précisions pastorales. La question du
diaconat dans son ensemble (sa conception théologique
fondamentale, le discernement de la vocation qui s'en suit et sa
préparation, la vie, le ministère, la spiritualité et la
formation permanente) suppose que soit évalué le chemin parcouru
jusqu'à ce jour, pour arriver à une clarification globale,
indispensable à un nouvel essor de ce degré de l'Ordre sacré,
afin de correspondre aux voeux et aux intentions du concile
oecuménique Vatican II.
Après la
publication de la Ratio fundamentalis institutionis
sacerdotalis sur la formation au sacerdoce, puis du
Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, les
Congrégations pour l'Éducation catholique et pour le Clergé ont
perçu qu'il fallait accorder une attention spéciale au thème du
diaconat permanent, ne serait-ce que pour compléter l'exposé
concernant les deux premiers degrés du sacrement de l'Ordre,
objet de leur compétence. Ainsi, après avoir entendu les évêques
du monde entier et de nombreux experts, ces deux Congrégations
ont consacré à cette question leurs assemblées plénières de
novembre 1995. Le résultat de ces consultations et les très
nombreuses expériences relatées ont fait l'objet d'une étude
attentive de la part des cardinaux et des évêques membres ; les
deux Congrégations ont ensuite élaboré les rédactions finales de
la Ratio fundamentalis institutionis diaconorum permanentium
et du Directoire pour le ministère et la vie des diacres
permanents, qui sont les fidèles reflets des requêtes, des
indications et des propositions venues de toutes les parties du
monde, représentées au plus haut niveau. Les travaux des deux
assemblées plénières ont révélé de nombreuses convergences et la
nécessité, de plus en plus ressentie aujourd'hui, d'une harmonie
concertée, au bénéfice d'une formation unifiée et d'une
efficacité pastorale du ministère sacré, face aux défis posés
par le troisième millénaire, si proche de nous désormais. Les
Pères eux-mêmes ont donc demandé aux deux dicastères de veiller
à rédiger dans les mêmes temps ces deux documents, en les
publiant simultanément, avec une même introduction ou seraient
rappelés quelques éléments fondamentaux.
2 La
Ratio fundamentalis institutionis diaconorum permanentium,
préparée par la Congrégation pour l'Éducation catholique, veut
non seulement offrir quelques principes d'orientation pour la
formation des diacres permanents, mais encore donner des
directives qui doivent être prises en compte par les conférences
d'Évêques dans la préparation de leur “Ratio” nationale. La
Congrégation a souhaité offrir aux évêques cet instrument,
analogue à la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis,
afin de les aider à mettre en oeuvre de manière adéquate les
prescriptions du canon 236 du Code de Droit canonique ( CIC 236
), en vue d'assurer à l'Église l'unité, le sérieux et
l'intégralité de la formation des diacres permanents.
Quant au Directoire
pour le ministère et la vie des diacres permanents, il n'a pas
seulement valeur d'exhortation, mais comme le précédent
directoire destiné aux prêtres, il revêt un caractère
juridiquement contraignant là ou ses normes “rappellent des
normes disciplinaires semblables du Code de Droit canonique”, ou
“déterminent la façon dont les lois universelles de l'Église
doivent être exécutées, en développent les raisons doctrinales,
et en inculquent ou en encouragent la fidèle observance”. Dans
ces cas précis, il sera considéré comme un décret général
exécutoire formel
.
3 Tout
en conservant leur identité propre et leur valeur juridique
spécifique, les deux documents publiés aujourd'hui, chacun sous
l'autorité du dicastère dont il émane, renvoient l'un à l'autre
et s'enrichissent mutuellement, en vertu de leur continuité
logique ; il est vivement souhaité qu'ils soient dans leur
ensemble présentés, accueillis et appliqués partout. L'unique
introduction, point de référence et source de toutes les normes,
publiée ici conjointement, fait partie intégrante de l'un et
l'autre document.
Ladite introduction
traite des dimensions historiques et pastorales du diaconat
permanent, en se référant tout particulièrement aux aspects
pratiques de la formation et du ministère. Les éléments
doctrinaux qui sous-tendent les argumentations sont ceux
exprimés dans les documents du concile Vatican II et dans le
magistère pontifical ultérieur.
Les documents
répondent au besoin vivement ressenti d'éclaircir et de
réglementer la diversité de conception des expériences menées
jusqu'ici, tant au niveau du discernement et de la préparation,
qu'au niveau de la pratique ministérielle et de la formation
permanente. On pourra ainsi assurer la stabilité de leurs lignes
directrices, ce qui ne manquera pas de garantir à la pluralité
légitime l'unité qui lui est indispensable ; cela contribuera à
la fécondité d'un ministère qui a déjà produit de bons fruits et
qui est le gage d'une contribution efficace à la nouvelle
évangélisation, au seuil du troisième millénaire.
4 Les
directives contenues dans les deux documents concernent les
diacres permanents du clergé séculier diocésain, bien que les
diacres permanents membres d'Instituts de vie consacrée ou de
Sociétés de vie apostolique doivent tenir compte de nombre
d'entre elles, avec les adaptations nécessaires.
11 “Le
Christ Seigneur, pour paître et faire toujours croître le Peuple
de Dieu, a institué dans son Église des ministères variés qui
tendent au bien de tout le Corps. En effet les ministres, qui
disposent du pouvoir sacré (sacra potestas), sont au
service de leurs frères, pour que tous ceux qui appartiennent au
Peuple de Dieu et jouissent par conséquent de la vraie dignité
chrétienne parviennent au salut, dans leur effort commun, libre
et ordonné, vers une même fin”
.
Le sacrement de
l'Ordre “configure au Christ par une grâce spéciale de l'Esprit
Saint, en vue de servir d'instrument du Christ pour son Église.
Par l'ordination, on est habilité à agir comme représentant du
Christ, Tête de l'Église, dans sa triple fonction de prêtre,
prophète et roi”
.
Grâce au sacrement
de l'Ordre, “la mission confiée par le Christ à ses Apôtres
continue à être exercée dans l'Église jusqu'à la fin des temps :
il est donc le sacrement du ministère apostolique”
.
L'acte sacramentel de l'ordination “va au-delà d'une simple
élection, désignation, délégation ou institution par la
communauté, car il confère un don du Saint Esprit permettant
d'exercer un “pouvoir sacré (sacra potestas) qui ne peut venir
que du Christ Lui-même, par son Église”
.
“L'envoyé du Seigneur parle et agit non pas par autorité propre,
mais en vertu de l'autorité du Christ ; non pas comme membre de
la communauté, mais parlant à elle au nom du Christ. Personne ne
peut se conférer à lui-même la grâce, elle doit être donnée et
offerte. Cela suppose des ministres de la grâce, autorisés et
habilités de la part du Christ”
.
Le sacrement du
ministère apostolique comprend trois degrés. En effet, “le
ministère ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la
diversité des ordres par ceux que déjà depuis l'antiquité on
appelle évêques, prêtres, diacres”
.
Avec les prêtres et les diacres qui leur apportent leur aide,
les évêques ont reçu le ministère pastoral dans la communauté et
président au nom de Dieu le troupeau dont ils sont les pasteurs,
“comme maîtres de doctrine, prêtres du culte sacré et ministres
de gouvernement”
.
La nature
sacramentelle du ministère ecclésial est telle que lui est
“intrinsèquement lié (...) le caractère de service. En effet,
entièrement dépendants du Christ qui donne mission et autorité,
les ministres sont vraiment “esclaves du Christ” (Rm 1,1),
à l'image du Christ qui a pris librement pour nous “la forme
d'esclave” (Ph 2,7)
.
Par ailleurs, le
ministère sacré a un caractère collégial
et un caractère personnel,
par lesquels “le ministère sacramentel dans l'Église est donc un
service exercé au nom du Christ. Il a un caractère personnel et
une forme collégiale”
.
12 Le
service des diacres dans l'Église est attesté depuis les temps
apostoliques. Une tradition établie, déjà rapportée par saint
Irénée et attestée dans la liturgie de l'ordination, a vu les
débuts du diaconat dans l'institution des “Sept”, que décrivent
les Actes des Apôtres (Ac 6,1-6). Les diacres occupent
donc le degré initial de la hiérarchie sacrée et leur ministère
a toujours été tenu en grande estime dans l'Église
.
Dans l'exorde de la Lettre aux Philippiens ( Ph 1,1 ), saint
Paul les salue avec les évêques et, dans la Première lettre à
Timothée, il énumère les qualités et les vertus qu'ils doivent
avoir pour accomplir dignement leur ministère (1Tm 3,8-13)
.
La littérature
patristique atteste depuis ses débuts cette structure
hiérarchique et ministérielle de l'Église dont le diaconat est
partie intégrante. Pour saint Ignace d'Antioche,
une Église particulière sans évêque, prêtre et diacre semble
inconcevable ; ce Père souligne à quel point le ministère du
diacre n'est rien d'autre que “le ministère de Jésus Christ, qui
avant les siècles était auprès du Père et qui est apparu à la
fin des temps”. “En fait, ils ne sont pas diacres pour la
nourriture ou la boisson, mais ministres de l'Église de Dieu”.
La Didascalie des Apôtres
et les Pères des siècles suivants, ainsi que les différents
Conciles
et la pratique de l'Église
témoignent de la continuité et du développement de ce donné
révélé.
L'institution du
diaconat fut florissante dans l'Église d'Occident jusqu'au Ve
siècle ; ensuite, pour diverses raisons, elle subit un lent
déclin, pour finir par n'être plus qu'une étape intermédiaire
réservée aux candidats à l'ordination sacerdotale.
Le Concile de
Trente prescrit que le diaconat permanent soit restauré en son
état primitif, conformément à sa nature propre, comme une
fonction originaire dans l'Église
.
Mais cette prescription devait rester lettre morte.
Il revenait au
concile Vatican II d'établir que le diaconat pourrait “dans
l'avenir, être rétabli en tant que degré propre et permanent de
la hiérarchie. (... Il pourrait) être conféré à des hommes d'âge
mûr même mariés, ainsi qu'à des jeunes gens aptes à cet office,
pour lesquels cependant la loi du célibat doit demeurer ferme”,
selon la tradition constante. Les raisons qui ont déterminé ce
choix furent en substance au nombre de trois : a) Le désir
d'enrichir l'Église avec les fonctions du ministère diaconal qui
autrement, en beaucoup de régions, auraient difficilement pu
être exercées ; b) L'intention de renforcer par la grâce de
l'ordination diaconale ceux qui déjà exerçaient de fait des
fonctions diaconales ; c) Le souci de fournir des ministres
sacrés aux pays qui souffraient d'un manque de clergé. Ces
raisons soulignent combien la restauration du diaconat permanent
n'entendait absolument pas compromettre la signification, le
rôle et le développement du sacerdoce ministériel ;
développement auquel on doit toujours travailler avec
générosité, particulièrement en raison de son caractère
irremplaçable.
Voulant donner
corps aux indications conciliaires, Paul VI a établi, dans la
lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem (18 juin 1967),
les règles générales d'une restauration du diaconat permanent
dans l'Église latine. L'année suivante, avec la Constitution
apostolique Pontificalis romani recognitio (18 juin
1968),
il a approuvé le nouveau rite pour la collation des ordres
sacrés de l'épiscopat, du presbytérat et du diaconat,
définissant en même temps la matière et la forme de ces
ordinations. Enfin, avec la Lettre apostolique Ad pascendum (15
août 1972),
il devait préciser les conditions à remplir pour l'admission et
pour l'ordination des candidats au diaconat. L'essentiel de ces
dispositions fut inséré dans les normes du Code de Droit
canonique, promulgué par le Pape Jean-Paul II le 25 janvier 1983
.
En continuité avec
cette législation universelle, de nombreuses conférences
d'Évêques ont procédé ou procèdent, avec l'approbation préalable
du Saint-Siège, à la restauration du diaconat permanent dans
leurs pays et à la rédaction de normes complémentaires.
13
L'expérience pluriséculaire de l'Église a inspiré la norme selon
laquelle l'ordre du presbytérat n'est conféré qu'à celui qui a
reçu auparavant le diaconat et qui l'a exercé comme il convient
.
Cependant, l'ordre du diaconat “ne doit pas être considéré comme
un pur et simple degré d'accession au sacerdoce”
.
“Ce fut l'un des
fruits du Concile oecuménique Vatican II que de vouloir
restituer le diaconat comme un degré propre et permanent de la
hiérarchie”
.
Derrière des “raisons liées aux circonstances historiques et aux
perspectives pastorales” reconnues par les Pères conciliaires,
en vérité, “l'Esprit Saint était mystérieusement à l'œuvre,
comme protagoniste de la vie de l'Église, déployant de manière
renouvelée le cadre complet de la hiérarchie, traditionnellement
composée d'évêques, de prêtres et de diacres. On promouvait de
la sorte une revitalisation des communautés chrétiennes, rendues
plus conformes à celles sorties des mains des Apôtres et
épanouies lors des premiers siècles, toujours sous l'impulsion
du Paraclet, comme l'attestent les Actes”
.
Le diaconat
permanent est un enrichissement important pour la mission de
l'Église
.
Puisque les munera qui reviennent aux diacres sont nécessaires à
la vie de l'Église,
il est souhaitable et utile, surtout dans les pays de mission,
que les hommes qui dans l'Église sont appelés à un ministère
véritablement diaconal, tant dans la vie liturgique et pastorale
que dans les oeuvres socio-caritatives, “soient fortifiés par
l'imposition des mains transmise depuis les apôtres, et qu'ils
soient plus étroitement unis à l'autel, pour pouvoir s'acquitter
de leur ministère plus efficacement, au moyen de la grâce
sacramentelle du diaconat”
.
Cité
du Vatican, 22 février 1998, en la fête de la Chaire de saint
Pierre Apôtre.
Congrégation pour l'Éducation catholique Pio Card.
Laghi Préfet
† José
Saraiva Martins
Arch. titulaire de Tuburnica, Secrétaire
Congrégation pour le Clergé Dario Card. Castrillon
Hoyos Préfet
† Csaba
Ternyak Arch.
titulaire d'Eminenziana, Secrétaire
DIRECTORIUM PRO MINISTERIO ET
VITA DIACONORUM PERMANENTIUM
1 Le
diaconat prend sa source dans la consécration et la mission du
Christ, auxquelles le diacre est appelé à participer
.
Par l'imposition des mains et la prière consécratoire, il
devient ministre sacré et membre de la hiérarchie. Cette
condition détermine son statut théologique et juridique dans
l'Église.
2 Au
moment de l'admission, tous les candidats devront manifester
clairement, par écrit, leur intention de servir l'Église
leur vie durant, dans une circonscription territoriale ou
personnelle déterminée, ou encore dans un Institut de vie
consacrée ou dans une Société de vie apostolique, ayant la
faculté d'incardiner
.
L'acceptation écrite de cette demande est réservée à celui qui
détient faculté d'incardiner, et elle détermine qui est
l'Ordinaire du candidat
.
L'incardination est
un lien juridique qui a une portée écclésiologique et
spirituelle en tant qu'elle exprime la consécration
ministérielle du diacre à l'Église.
3 Un
diacre déjà incardiné dans une circonscription ecclésiastique
peut être incardiné dans une autre circonscription, selon les
règles du droit
.
Le diacre qui, pour
de justes motifs, désire exercer son ministère dans un diocèse
qui n'est pas celui de son incardination doit obtenir
l'autorisation écrite de l'un et l'autre évêque.
Les évêques
donneront toute facilité aux diacres de leurs diocèses qui
voudraient se mettre à la disposition définitive ou temporaire
des Églises souffrant du manque de clergé ; ils aideront en
particulier ceux qui demandent à se dévouer, après une
préparation spécifique conduite avec soin, à la mission ad
gentes. Les relations nécessaires seront définies par une
convention appropriée entre les évêques concernés
.
C'est un devoir de
l'évêque que de suivre avec une sollicitude particulière les
diacres de son diocèse
.
Il y veillera soit personnellement, soit en déléguant un prêtre
; il se préoccupera avec une attention spéciale de ceux qui
rencontreraient des difficultés particulières en raison de leur
situation.
4 Le
diacre incardiné dans un Institut de vie consacrée ou une
Société de vie apostolique, exercera son ministère sous le
pouvoir de l'évêque en tout ce qui concerne la charge pastorale,
l'exercice public du culte divin et les oeuvres d'apostolat,
tout en restant également le sujet de ses supérieurs propres,
dans le cadre de leurs compétences et en restant fidèle à la
discipline de sa communauté de référence
.
Si le diacre est transféré à une communauté dans un autre
diocèse, son supérieur devra le présenter à l'Ordinaire, pour
qu'il reçoive de ce dernier l'autorisation d'exercer le
ministère, selon les modalités qu'ils auront définies dans le
cadre d'une convention avisée.
5 La
vocation spécifique du diacre permanent suppose la stabilité
dans cet ordre. Aussi l'éventuelle accession à la prêtrise de
diacres permanents célibataires ou devenus veufs sera-t-elle
toujours une très rare exception, possible seulement si des
raisons spéciales et graves le motivent. La décision d'admettre
à l'ordre du presbytérat appartient à l'évêque diocésain propre,
s'il n'y a pas d'autres empêchements réservés au Saint-Siège
.
Mais, s'agissant de cas exceptionnels, il conviendra de
consulter au préalable la Congrégation pour l'Éducation
catholique en ce qui concerne le programme de préparation
intellectuelle et théologique du candidat, et la Congrégation
pour le Clergé en ce qui concerne le programme de préparation
pastorale et les aptitudes du diacre au ministère presbytéral.
6 En
vertu de l'ordre qu'ils ont reçu, les diacres sont unis entre
eux dans une fraternité sacramentelle. Ils tendent tous au même
but : la construction du Corps du Christ, sous l'autorité de
l'évêque, en communion avec le Souverain Pontife
.
Chaque diacre se sentira uni à ses confrères par le lien de la
charité, de la prière, de l'obéissance à son propre évêque, du
zèle dans le ministère et de la collaboration.
C'est une bonne
chose que les diacres, avec l'accord de l'évêque, en sa présence
ou en présence de son délégué, se réunissent régulièrement pour
vérifier la façon dont ils accomplissent leur ministère, pour
échanger leurs expériences, pour poursuivre leur formation et
pour se stimuler mutuellement dans la fidélité.
Ces rencontres de
diacres permanents pourront être aussi un point de référence
pour les candidats à l'ordination diaconale.
Il revient à
l'évêque du lieu d'entretenir chez les diacres en activité dans
son diocèse un “esprit de communion”, en évitant que naisse ce
“corporatisme” qui a contribué autrefois à la disparition du
diaconat permanent.
7 Le
statut du diacre comprend aussi un ensemble de devoirs et de
droits spécifiques, décrit dans les canons 273-283 du Code de
Droit canonique sur les obligations et les droits des
clercs(CIC 273-283), avec les particularités prévues pour
les diacres.
8 Le
rite de l'ordination diaconale prévoit une promesse d'obéissance
à l'évêque : “Promettez-vous de vivre en communion avec moi et
mes successeurs, dans le respect et l'obéissance ?”
.
Le diacre, en
promettant obéissance à son évêque, prend Jésus pour modèle,
l'obéissant par excellence (cf. Ph 2,5-11) : à son
exemple il déclinera son obéissance sur le mode de l'écoute (cf.
He 10,5; Jn 4,34) et de la disponibilité radicale (cf.
Lc 9,54; Lc 10,1).
Il s'engage donc,
d'abord envers Dieu, à agir en pleine conformité avec la volonté
du Père ; dans le même temps, il s'engage aussi envers l'Église,
qui a besoin de personnes pleinement disponibles
.
Dans la prière, par l'esprit d'oraison dont il doit être pétri,
le diacre approfondira quotidiennement le don total de soi,
comme le Seigneur l'a réalisé “jusqu'à la mort, et la mort sur
la croix” (Ph 2,8).
Cette vision de
l'obéissance prédispose à accepter les déterminations concrètes
de l'obligation assumée par le diacre dans la promesse de son
ordination, selon ce que prévoit la loi de l'Église : “A moins
qu'ils n'en soient excusés par un empêchement légitime, les
clercs sont tenus d'accepter et de remplir fidèlement la
fonction que leur Ordinaire leur a confiée”
.
Cette obligation se
fonde sur la participation même au ministère épiscopal, que
confèrent le sacrement de l'Ordre et la mission canonique. Le
domaine de l'obéissance et de la disponibilité est déterminé par
le ministère diaconal lui-même et par tout ce qui lui est lié
objectivement, directement et immédiatement.
Dans le décret lui
conférant son office, l'évêque assignera au diacre des tâches
correspondant à ses capacités personnelles, à son état de
célibataire ou à sa situation de famille, à sa formation, à son
âge, à ses aspirations reconnues spirituellement légitimes.
Seront également définis le cadre territorial ou personnel dans
lequel s'exercera son service apostolique, le temps qu'il
consacrera à son office (complet ou partiel), et quel est le
prêtre responsable de la “cura animarum” dans le milieu ou il
exercera son office.
9 C'est
le devoir des clercs de vivre unis par le lien de la fraternité
et de la prière, en s'engageant à collaborer entre eux et avec
leur évêque, en reconnaissant et en promouvant également la
mission des fidèles laïcs dans l'Église et dans le monde ;
en adoptant un style de vie sobre et simple, qui s'ouvre à la
“culture du don” et favorise un partage fraternel généreux
.
10 Les
diacres permanents ne sont pas tenus de porter l'habit
ecclésiastique, à la différence des diacres candidats à la
prêtrise,
pour lesquels s'appliquent les normes destinées aux prêtres, en
tous lieux
.
Les membres des
Instituts de vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique se
conformeront à ce que le Code de Droit canonique a prévu
pour eux
.
11
L'Église reconnaît dans son ordonnancement canonique le droit
des diacres de s'associer entre eux, afin de nourrir leur vie
spirituelle, d'exercer des œuvres de charité et de piété et de
poursuivre d'autres finalités, en pleine conformité avec leur
consécration sacramentelle et leur mission
.
Mais aux diacres
comme aux autres clercs, il n'est pas permis de créer, d'adhérer
ni de participer à des associations ou regroupements de tout
genre — même civils — incompatibles avec l'état clérical, ou
faisant obstacle à l'accomplissement assidu de leur ministère.
Ils éviteront aussi toutes les associations qui, par leur
nature, leurs buts et leurs procédés, nuisent à la pleine
communion hiérarchique de l'Église, celles qui nuisent à
l'identité diaconale et à l'accomplissement de leurs devoirs au
service du Peuple de Dieu, ainsi que celles qui conspirent
contre l'Église
.
Des associations
qui se prétendraient représentatives des diacres, les réunissant
dans une sorte de « corporation » ou de « syndicat »
ù ou sous une forme ou sous une autre en groupes de pression ù
seraient absolument incompatibles avec l'état diaconal : en
pratique elles réduiraient le ministère sacré à une profession
ou à un métier, sur le modèle de fonctions à caractère profane.
Seraient encore incompatibles des associations qui d'une manière
ou d'une autre dénatureraient le rapport direct et immédiat
entre chaque diacre et son évêque propre.
Ces groupements
sont interdits car ils nuisent à l'exercice du ministère sacré
diaconal, qui risque d'être considéré comme une sorte de
responsabilité subalterne ; ils introduisent ainsi une attitude
d'opposition aux pasteurs, considérés uniquement comme des
employeurs
.
On se rappellera
qu'aucune association privée ne peut être reconnue d'Église sans
la recognitio préalable de ses statuts par l'autorité
ecclésiastique compétente
.
Cette autorité a un droit et un devoir de vigilance sur la
marche des associations et sur la réalisation des buts définis
dans leurs statuts
.
Les diacres issus
d'associations ou de mouvements d'Église ne doivent pas être
privés de leur patrimoine spirituel ; dans ces groupements, ils
peuvent continuer à trouver l'aide et le soutien nécessaires à
l'accomplissement de leur mission au service de l'Église
particulière.
12
L'éventuelle activité professionnelle des diacres a un sens
différent de celui qu'elle a pour les fidèles laïcs :
chez les diacres permanents, le travail reste lié au ministère ;
les diacres se rappelleront donc que les fidèles laïcs, par leur
mission propre, “sont appelés tout spécialement à assurer la
présence et l'action de l'Église dans les lieux et les
circonstances ou elle ne peut devenir autrement que par eux le
sel de la terre”
.
La discipline
actuelle de l'Église n'interdit pas aux diacres permanents de
détenir ni d'exercer une profession comportant l'exercice d'un
pouvoir civil, ni de s'engager dans l'administration des biens
temporels, ni d'exercer des fonctions séculières comportant
l'obligation de rendre des comptes : en cela, ils dérogent à ce
qui est prévu pour les autres membres du clergé
.
Parce que cette dérogation peut être inopportune, il est prévu
que le droit particulier en dispose autrement.
Si les dispositions
opportunes du droit particulier ne s'y opposent pas, il est
consenti aux diacres de faire du commerce ou des affaires
.
Ils devront alors donner un bon témoignage d'honnêteté et de
correction déontologique, y compris dans l'observance des
obligations de justice et des lois civiles qui ne s'opposent pas
au droit naturel, au Magistère, aux lois et à la liberté de
l'Église
.
Cette dérogation ne
s'applique pas aux diacres appartenant aux Instituts de vie
consacrée et aux Sociétés de vie apostolique
.
Les diacres
permanents, quoi qu'il en soit, auront toujours soin de peser
prudemment chaque chose, en demandant conseil à leur évêque,
surtout dans les situations et les cas les plus complexes. Des
professions, bien qu'honnêtes et utiles à la communauté — quand
c'est un diacre permanent qui les exerce — pourraient s'avérer
en certaines circonstances difficilement compatibles avec les
responsabilités pastorales propres à son ministère. L'autorité
compétente doit donc évaluer prudemment les cas particuliers, en
tenant compte des exigences de la communion ecclésiale et du
fruit de l'action pastorale au service de cette communion, y
compris quand intervient un changement de profession après
l'ordination diaconale.
En cas de conflit
de conscience, les diacres ne peuvent qu'agir, même au prix d'un
grave sacrifice, en conformité avec la doctrine et la discipline
de l'Église.
13
Ministres sacrés, les diacres doivent donner la priorité à leur
ministère et à la charité pastorale, pour contribuer “toujours
et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la
concorde”
.
On peut leur
consentir de militer activement dans des partis politiques et
dans des syndicats, dans des circonstances particulièrement
importantes pour “la défense des droits de l'Église ou la
promotion du bien commun”,
selon les règles établies par les conférences d'Évêques
.
Cependant, il leur reste absolument interdit, et dans tous les
cas, de collaborer à l'action des partis politiques et des
forces syndicales qui reposent sur des idéologies, des pratiques
et des alliances incompatibles avec la doctrine catholique.
14
Canoniquement, s'il doit quitter le diocèse “pendant un temps
notable”, le diacre devra en demander l'autorisation à son
ordinaire propre ou à son supérieur majeur, selon les
dispositions du droit particulier
.
15 Les
diacres engagés dans des activités professionnelles doivent
pourvoir à leur entretien sur leurs propres revenus
.
Mais il est
parfaitement légitime que ceux qui se consacrent entièrement au
service de Dieu dans l'exercice d'offices ecclésiastiques
soient équitablement rémunérés : “l'ouvrier mérite son salaire”
(Lc 10,7) et “le Seigneur a voulu que ceux qui annoncent
l'Évangile vivent de l'Évangile” (1Co 9,14). Ce qui
n'exclut pas qu'à l'exemple de l'apôtre Paul (cf. ibid.
1Co 9,12), il ne leur soit pas possible de renoncer à ce
droit et de subvenir à leurs besoins par un autre moyen.
Il n'est guère
facile de fixer des normes générales, contraignantes pour tous,
concernant les moyens de subsistance : la situation des diacres
est très variée d'une Église particulière à l'autre et selon les
pays. Sur cette question, il faut en outre tenir compte des
accords éventuellement conclus entre les gouvernements et le
Saint-Siège ou les conférences d'Évêques. Les déterminations
qu'il convient de prendre sont donc renvoyées au droit
particulier.
16 En tant
qu'ils se vouent, de manière active et concrète, au ministère
ecclésiastique, les clercs ont droit à la subsistance,
c'est-à-dire à “une rémunération convenable”
et à une assistance sociale
.
Selon le Code de
Droit canonique, “les diacres mariés qui se dévouent
entièrement au ministère ecclésiastique méritent une
rémunération leur permettant de subvenir à leurs besoins et à
ceux de leur propre famille ; mais ceux qui, en raison d'une
profession civile qu'il exercent ou ont exercée, reçoivent une
rémunération, pourvoiront à leur besoins et à ceux de leur
famille avec ces revenus”
.
Lorsque on dit que la rémunération doit être “convenable”, on
donne aussi les paramètres pour en déterminer et en évaluer la
mesure : la situation personnelle, la nature de l'office exercé,
les circonstances de lieux et de temps, les exigences de la vie
du ministre (et de sa famille, s'il est marié), la juste
rétribution des personnes éventuellement à son service. Il
s'agit de critères généraux applicables à tous les clercs.
En vue de pourvoir
“à la subsistance des clercs qui sont au service du diocèse”, un
organisme spécial doit être créé dans chaque Église particulière
pour “recueillir les biens et les offrandes” dans ce but
.
S'il n'y est pas
pourvu autrement, la couverture sociale des clercs est confiée à
un autre organisme approprié
.
17 S'ils
ne disposent pas d'une autre source de subsistance, les diacres
célibataires qui se consacrent à plein-temps au ministère
ecclésiastique au profit du diocèse ont droit eux aussi à être
rémunérés selon le principe général
.
18 Les
diacres mariés, qui se consacrent à plein temps au ministère
ecclésiastique sans recevoir d'autre source aucune contrepartie
économique, doivent être rémunérés de façon à pouvoir subvenir à
leur propre subsistance et à celle de leur famille,
en conformité avec le principe général mentionné ci-dessus.
19 S'ils
reçoivent une rémunération pour la profession civile qu'ils
exercent ou ont exercée, les diacres mariés engagés à
plein-temps ou à temps partiel dans le ministère ecclésiastique
sont tenus de pourvoir avec ces revenus à leurs besoins et à
ceux de leur famille
.
20 Il
revient au droit particulier de régler les autres aspects de
cette question complexe avec des normes appropriées. Il pourrait
être établi par exemple que les institutions et les paroisses
bénéficiaires du ministère d'un diacre soient tenues de
rembourser elles-mêmes les frais engagés par le diacre dans
l'exercice de son ministère.
Le droit
particulier peut en outre définir quelle est la charge que doit
assumer le diocèse dans le cas d'un diacre qui se retrouverait
au chômage, sans faute de sa part. De la même manière, il sera
bon de préciser les éventuelles obligations financières du
diocèse envers la veuve et les enfants d'un diacre décédé. Là ou
cela est possible, il convient que le diacre adhère dès avant
son ordination à une mutuelle qui prévoirait ces éventualités.
21 Le
diacre est appelé à vivre avec un dévouement généreux le
sacrement de l'Ordre qu'il a reçu, dans une persévérance
renouvelée, confiant en la fidélité permanente de Dieu.
L'ordination sacrée, validement reçue, ne devient jamais nulle.
Cependant, la perte de l'état clérical peut intervenir,
conformément à ce que prévoit la norme canonique
.
22 Le
concile Vatican II synthétise le ministère diaconal par la
trilogie “diaconie de la liturgie, de la Parole et de la
charité”
.
De cette façon, s'exprime la participation diaconale à l'unique
et triple munus du Christ dans le ministère ordonné : “En
tant qu'il proclame et commente la Parole de Dieu, il est
maître ; en tant qu'il administre les sacrements du Baptême
et de l'Eucharistie, ainsi que les sacramentaux, qu'il participe
à la célébration de la Messe comme “ministre du Sang”, qu'il
conserve et distribue l'Eucharistie, il est sanctificateur
; en tant qu'animateur de communautés ou de secteurs de la vie
ecclésiale, il est guide”
.
Ainsi, le diacre assiste et sert les évêques et les prêtres, qui
président toute liturgie, qui veillent sur la doctrine et qui
conduisent le Peuple de Dieu.
Dans le service de
la communauté des fidèles, par leur ministère, les diacres
doivent “collaborer à la construction de l'unité des chrétiens
sans préjugés et sans initiatives maladroites”,
en entretenant les “qualités humaines qui rendent une personne
acceptable et crédible par les autres, en surveillant son propre
langage et ses propres capacités de dialogue, pour acquérir une
attitude authentiquement oecuménique”
.
23 Pendant
l'ordination, l'évêque remet au diacre le livre des Évangiles en
lui disant : “Recevez l'Évangile du Christ, que vous avez la
mission d'annoncer”
.
Comme les prêtres, les diacres se consacrent à tous les hommes,
tant par leur bonne conduite que dans la prédication explicite
du mystère du Christ, dans la transmission de la doctrine
chrétienne ou dans l'étude des problèmes contemporains. La
fonction principale du diacre est donc de collaborer avec
l'évêque et les prêtres dans l'exercice du ministère,
qui n'est pas au service de leur propre sagesse mais de la
Parole de Dieu, en invitant tout homme à la conversion et à la
sainteté
.
Pour bien remplir cette mission, les diacres sont tenus à s'y
préparer : avant tout, par l'étude rigoureuse de l'Écriture
Sainte, de la Tradition, de la liturgie et de la vie de l'Église
.
En interprétant et en actualisant ce dépôt sacré, ils sont tenus
en outre à se laisser guider docilement par le Magistère de ceux
qui sont les “témoins de la vérité divine et catholique”
: le Pontife Romain et les évêques en communion avec lui,
de façon à proposer “intégralement et fidèlement le mystère du
Christ”
.
Enfin, il est
nécessaire qu'ils apprennent l'art de communiquer la foi à
l'homme d'aujourd'hui, efficacement, intégralement, dans toutes
les cultures, à tous les âges de la vie
.
24 C'est
le propre du diacre que de proclamer l'Évangile et de prêcher la
Parole de Dieu
.
Les diacres jouissent de la faculté de prêcher partout, dans les
conditions prévues par le droit
.
Cette faculté procède du sacrement et doit être exercée avec le
consentement au moins tacite du recteur de l'Église, avec
l'humilité de celui qui est ministre et non pas propriétaire de
la Parole de Dieu. C'est pour ce motif que l'avertissement de
l'Apôtre est toujours actuel : “Miséricor-dieusement investis de
ce ministère, nous ne faiblissons pas, mais nous avons répudié
les dissimulations de la honte, ne nous conduisant pas avec
astuce et ne falsifiant pas la parole de Dieu. Au contraire, par
la manifestation de la vérité, nous nous recommandons à toute
conscience humaine devant Dieu” (2Co 4,1-12)
.
25 Quand
ils doivent présider une célébration liturgique ou lorsqu'ils en
reçoivent la charge en conformité avec les normes en vigueur,
les diacres donneront une grande importance à l'homélie, car
“elle est l'annonce des merveilles de Dieu dans le mystère du
Christ, toujours présent et actif parmi nous, surtout dans les
célébrations liturgiques”
.
Ils sauront la préparer avec un soin particulier par la prière
et par l'étude des textes sacrés, en pleine harmonie avec le
Magistère et en réfléchissant aux attentes de ceux auxquels ils
s'adressent.
Ils accorderont
aussi une attention assidue à la catéchèse des fidèles dans les
diverses étapes de l'existence chrétienne, pour les aider à
connaître la foi dans le Christ, à l'affermir par la réception
des sacrements et à l'exprimer par leur vie personnelle,
familiale, professionnelle et sociale
.
Une telle catéchèse est particulièrement urgente aujourd'hui, et
se doit d'être complète, fidèle, claire, étrangère aux débats
inutiles, d'autant plus que la société est davantage sécularisée
et que les défis que la vie moderne lance à l'homme et à
l'Évangile sont plus importants.
26 La
nouvelle évangélisation s'adresse à la société actuelle. Elle
réclame l'effort le plus généreux des ministres ordonnés. Pour
promouvoir cette évangélisation, les diacres, “nourris de la
prière et surtout de l'amour de l'Eucharistie”,
transmettront la Parole non seulement en participant aux
programmes de catéchèse du diocèse ou des paroisses, à
l'évangélisation et à la préparation aux sacrements, mais encore
dans le cadre de leur éventuelle activité professionnelle, par
une parole explicite comme par leur simple présence active dans
les lieux ou se forme l'opinion publique et ou s'appliquent les
normes éthiques (services sociaux, services pour les droits de
la famille, pour la vie, etc.) ; ils tiendront en estime les
grandes possibilités offertes dans le cadre du ministère de la
Parole, par l'enseignement scolaire de la religion et de la
morale,
par l'enseignement dans les universités catholiques et même
laïques,
et par l'usage approprié des moyens modernes de communication
.
Bien sûr, ces
“nouveaux aréopages” exigent, outre une saine doctrine,
indispensable, une préparation spécifique faite avec soin ;
cependant ils s'imposent comme autant de moyens efficaces pour
porter l'Évangile aux hommes de ce temps et à la société
elle-même
.
Enfin, les diacres
se rappelleront qu'il faut soumettre à l'appréciation de
l'Ordinaire, avant publication, les écrits concernant la foi et
les moeurs,
et que la permission de l'Ordinaire du lieu leur est
indispensable pour collaborer à des publications qui ont
l'habitude d'attaquer la religion catholique ou les bonnes
moeurs. Pour les émissions à la radio ou à la télévision, ils
s'en tiendront aux dispositions de la conférence des Évêques
.
En toute
circonstance, ils auront toujours comme exigence première, à
laquelle ils ne sauraient renoncer, de ne jamais s'abaisser à
aucun compromis dans la présentation de la vérité.
27 Les
diacres se rappelleront que l'Église est missionnaire par nature
:
à la fois parce qu'elle tire son origine de la mission du Fils
et de celle de l'Esprit Saint, selon le projet du Père, et parce
qu'elle a reçu du Seigneur ressuscité la mission explicite de
prêcher l'Évangile à toute créature et de baptiser ceux qui
auront cru (cf. Mc 16,15-16 ; Mt 28,19). Les diacres sont
ministres de cette Église, ce qui fait que même s'ils sont
incardinés dans une Église particulière ils ne peuvent se
soustraire à la tâche missionnaire de l'Église universelle, et
ils doivent donc rester toujours disponibles pour la missio
ad gentes, dans la mesure ou le leur permettent leurs
obligations familiales ù s'ils sont mariés ù et professionnelles
.
La dimension du
service est liée à la dimension missionnaire de l'Église ;
c'est-à-dire que l'effort missionnaire du diacre comprend le
service de la Parole, de la liturgie et de la charité, qui se
prolonge à son tour dans la vie quotidienne. La mission s'étend
aussi au témoignage rendu au Christ dans le cadre de l'éventuel
exercice d'une profession civile.
28 Le
service de l'autel est un autre aspect du ministère diaconal mis
en évidence par le rite de l'ordination
.
Le diacre reçoit le
sacrement de l'Ordre pour servir en qualité de ministre en vue
de la sanctification de la communauté chrétienne, en communion
hiérarchique avec l'évêque et les prêtres. Il apporte au
ministère de l'évêque et, de manière subordonnée, à celui des
prêtres, une aide sacramentelle : elle est donc intrinsèque,
organique et irremplaçable.
Parce qu'elle prend
sa source dans le sacrement de l'Ordre, la diaconie de l'autel
diffère dans son essence de tout type de ministère liturgique
que les pasteurs peuvent confier à des fidèles non ordonnés. Le
ministère liturgique du diacre diffère également du ministère
ordonné sacerdotal
.
Il s'ensuit que
dans l'offrande du Sacrifice eucharistique, le diacre ne peut
pas réaliser le mystère ; mais, d'une part, il représente de
manière effective le Peuple fidèle, il l'aide de façon
spécifique à associer l'offrande de sa vie à l'offrande du
Christ ; d'autre part, il sert, au nom du Christ lui-même, à
rendre l'Église partie prenante des fruits de son sacrifice.
Puisque “la
liturgie est le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et,
en même temps, la source d'ou découle toute sa vertu”,
cette prérogative de la consécration diaconale est aussi la
source d'une grâce sacramentelle qui tend à féconder tout son
ministère ; il convient de correspondre à cette grâce, y compris
par une préparation sérieuse et complète, sur le plan
théologique et liturgique, pour pouvoir participer dignement à
la célébration des sacrements et des sacramentaux.
29 Dans
son ministère, le diacre gardera toujours la vive conscience que
“toute célébration liturgique, en tant qu'oeuvre du Christ
prêtre, et de son Corps qui est l'Église, est l'action sacrée
par excellence dont nulle autre action de l'Église ne peut
atteindre l'efficacité au même titre et au même degré”
.
La liturgie est source de grâce et de sanctification. Son
efficacité vient du Christ rédempteur et ne repose pas sur la
sainteté du ministre. Cette certitude invitera le diacre à
l'humilité, sûr que rien ne pourra jamais compromettre l'oeuvre
du Christ ; et, en même temps, elle l'incitera à vivre
saintement pour être le digne ministre de cette oeuvre. Les
actions liturgiques ne peuvent donc être réduites à des actions
privées ou sociales que chacun pourrait célébrer à sa façon,
mais elles appartiennent au Corps universel de l'Église
.
Les diacres doivent observer les normes propres des saints
mystères avec une telle dévotion qu'ils entraînent les fidèles
dans une participation consciente qui fortifie leur foi, qui
rende culte à Dieu et qui sanctifie l'Église
.
30 Selon
la Tradition de l'Église et selon les dispositions du droit,
il revient aux diacres d’“aider l'évêque et les prêtres dans la
célébration des mystères divins”
.
Ceux-là s'emploieront donc à favoriser des célébrations ou toute
l'assemblée se trouve engagée, en veillant à la participation
intérieure de tous et à l'exercice des divers ministères
.
Ils n'oublieront
pas la dimension esthétique : elle est tout aussi importante,
car elle aide l'homme à percevoir avec tout ce qu'il est la
beauté de ce qu'on célèbre. La musique et le chant, même
modestes et simples, la parole prêchée, la communion des fidèles
qui vivent la paix du Christ et son pardon, sont un trésor que
le diacre veillera, en ce qui le concerne, à faire grandir.
Ils seront toujours
fidèles à ce que requièrent les livres liturgiques, sans rien
ajouter, retrancher ou modifier de leur propre initiative
.
Manipuler la liturgie, c'est la priver de la richesse du mystère
du Christ qui est en elle ; cela pourrait être le signe d'une
certaine présomption vis-à-vis de ce qui est établi par la
sagesse de l'Église. Qu'ils se contentent donc d'accomplir tout
et seulement ce qui leur revient
.
Qu'ils revêtent avec dignité les habits liturgiques prescrits :
la dalmatique, de couleur liturgique appropriée, portée sur
l'aube, le cordon et l'étole, “constitue le vêtement propre du
diacre”
.
La préparation des
fidèles aux sacrements, et leur accompagnement pastoral après la
célébration relèvent aussi du service des diacres.
31 Le
diacre, comme l'évêque et le prêtre, est le ministre ordinaire
du baptême
.
Pour exercer cette faculté, il lui faut la permission du curé ù
à qui il revient de façon spéciale de baptiser ses paroissiens
— sauf cas de nécessité
.
Le ministère des diacres dans la préparation à ce sacrement est
d'une particulière importance.
32 Dans la
célébration de l'Eucharistie, le diacre assiste et aide ceux qui
président l'assemblée et consacrent le Corps et le Sang du
Seigneur, à savoir l'évêque et les prêtres,
selon ce qui est prévu par l'Institutio generalis du
Missel romain,
et manifeste ainsi le Christ Serviteur : il se tient auprès du
prêtre pour le seconder ; en particulier il assiste dans la
célébration de la Messe le prêtre aveugle ou atteint d'une autre
infirmité
.
A l'autel, il accomplit le service du calice et du livre ; il
propose aux fidèles les intentions pour la prière et il les
invite à échanger le signe de la paix ; en l'absence d'autres
ministres, il remplit lui-même leurs offices, selon les
nécessités.
A l'inverse, il ne
peut prononcer la prière eucharistique et les oraisons, ni faire
les actions et les gestes exclusivement réservés à celui qui
préside et consacre
.
C'est le propre du
diacre que de proclamer les livres de l'Écriture Sainte
.
Comme ministre
ordinaire de la sainte Communion,
le diacre la distribue pendant la célébration ou en dehors
d'elle, et il la porte aux malades, y compris sous forme de
viatique
.
Il est aussi ministre ordinaire de l'exposition du
Saint-Sacrement et de la bénédiction eucharistique
.
Le cas échéant, c'est à lui qu'il revient de présider des
assemblées dominicales en absence de prêtre
.
33 On peut
confier aux diacres le soin de la pastorale familiale, dont
l'évêque est le premier responsable. Cette responsabilité
s'étend aux problèmes moraux, liturgiques, mais aussi à ceux de
caractère personnel et social, pour soutenir la famille dans ses
difficultés et ses souffrances
.
Cette responsabilité peut être exercée au niveau diocésain ou,
sous l'autorité d'un curé, au niveau local, dans la catéchèse
sur le mariage chrétien, dans la préparation personnelle des
futurs époux, dans la célébration fructueuse du sacrement et
dans l'aide proposée aux conjoints après le mariage
.
Les diacres mariés
peuvent être d'un grand secours pour proposer la bonne nouvelle
sur l'amour conjugal, les vertus qui le soutiennent et
l'exercice d'une paternité chrétiennement et humainement
responsable.
Il revient aussi au
diacre, s'il en reçoit la faculté de la part du curé ou de
l'Ordinaire du lieu, de présider la célébration du mariage en
dehors de la messe et de donner la bénédiction nuptiale au nom
de l'Église
.
La délégation peut aussi être concédée au diacre sous forme
générale, aux conditions prévues,
et peut être sous-déléguée exclusivement selon les modalités
précisées par le Code de Droit canonique
.
34 C'est
une doctrine définie
que l'administration du sacrement de l'onction des malades est
réservée à l'évêque et aux prêtres ; cela tient à sa
subordination envers le pardon des péchés et la digne réception
de l'Eucharistie.
Le soin pastoral
des malades peut être confié aux diacres. Le service actif pour
les soutenir dans leur souffrance, la catéchèse qui les prépare
à recevoir le sacrement des malades, la suppléance du prêtre
pour préparer les fidèles à la mort et l'administration du
viatique selon le rite propre, sont autant de moyens par
lesquels les diacres rendent présente aux fidèles la charité de
l'Église
.
35 Comme
le veut l'Église, les diacres sont tenus de célébrer la Liturgie
des Heures, par laquelle le Corps mystique tout entier s'associe
à la prière que le Christ Tête fait monter vers le Père.
Conscients de cette responsabilité, ils célébreront cette
liturgie quotidiennement, selon les livres liturgiques approuvés
et selon les modalités établies par la conférence des Évêques
.
Ils s'efforceront encore de favoriser la participation de la
communauté chrétienne à cette liturgie, qui n'est jamais une
pratique privée mais toujours l'acte même de l'Église entière,
y compris dans la célébration individuelle.
36 Le
diacre est ministre des sacramentaux, ces “signes sacrés par
lesquels, selon une certaine imitation des sacrements, des
effets surtout spirituels sont signifiés et sont obtenus grâce à
l'intercession de l'Église”
.
Le diacre peut
ainsi conférer les bénédictions touchant de plus près à la vie
ecclésiale et sacramentelle qui lui sont expressément consenties
par le droit
.
Il lui revient en outre de présider les obsèques sans messe et
le rite de la mise au tombeau
.
Cependant, quand un
prêtre est présent et disponible, c'est à lui qu'il revient de
les présider
.
37 Par le
sacrement de l'Ordre, le diacre, en communion avec l'évêque et
le presbytérium du diocèse, participe aussi des mêmes fonctions
pastorales,
mais il les exerce sur un mode différent, en servant et en
aidant l'évêque et les prêtres. Parce qu'elle relève du
sacrement, cette participation fait que les diacres servent le
Peuple de Dieu au nom du Christ. Et pour cette même raison, ils
doivent s'en acquitter avec une humble charité et, comme le dit
saint Polycarpe, “être miséricordieux, zélés, marcher selon la
vérité du Seigneur, qui s'est fait le serviteur de tous”
.
Leur autorité, exercée en communion hiérarchique avec l'évêque
et les prêtres, comme l'exige l'unité de consécration et de
mission elle-même,
est un service de la charité dont le but est d'aider et
d'encourager tous les membres de l'Église particulière, pour
qu'ils puissent participer, dans un esprit de communion et selon
leurs charismes, à la vie et à la mission de l'Église.
38 Dans le
ministère de la charité, les diacres doivent se rendre
semblables au Christ Serviteur qu'ils représentent ; ils seront
surtout “adonnés aux œuvres de charité et d'administration”
.
Aussi l'évêque, dans la prière d'ordination, demande-t-il pour
eux à Dieu le Père : “Fais croître en eux les vertus
évangéliques : qu'ils soient animés d'une charité sincère,
qu'ils prennent soin des malades et des pauvres, qu'ils fassent
preuve d'une autorité pleine de mesure (...) en imitant ainsi
ton Fils Jésus, venu pour servir, non pour être servi”
.
Par l'exemple et par la parole, ils doivent s'appliquer à faire
que tous les fidèles se mettent au service constant de leurs
frères, en suivant l'exemple du Christ.
Les œuvres de
charité, au niveau du diocèse ou de la paroisse, sont parmi les
premiers devoirs de l'évêque et des prêtres. Comme l'atteste la
Tradition de l'Église, elles sont transmises aux serviteurs dans
le ministère ecclésiastique : les diacres ;
il en va de même pour le service de la charité dans le domaine
de l'éducation chrétienne ; pour l'animation des associations,
des groupes ecclésiaux de jeunes et des professions séculières ;
pour la promotion de la vie à toutes ses étapes, et pour la
transformation du monde selon l'ordre chrétien
.
Dans ces domaines, leur service est particulièrement précieux
parce que, dans les circonstances actuelles, les besoins
spirituels et matériels auxquels l'Église est appelée à répondre
sont d'une grande diversité. Qu'ils cherchent donc à servir tout
le monde sans discrimination, en faisant particulièrement
attention à ceux qui souffrent le plus et aux pécheurs. Comme
ministres du Christ et de l'Église, ils sauront aller au-delà de
toute sorte d'idéologie et d'intérêt partisan, pour ne pas
enlever à la mission de l'Église ce qui fait sa force : la
charité du Christ. La diaconie doit réellement faire éprouver à
l'homme l'amour de Dieu, l'amener à la conversion et à ouvrir
son coeur à la grâce.
La fonction
caritative des diacres “comporte aussi un service opportun, dans
l'administration des biens et dans les œuvres de charité de
l'Église. En ce domaine, les diacres ont pour fonction
d'exercer, au nom de la hiérarchie, les devoirs de la charité et
de l'administration, ainsi que les œuvres de service social”
.
“Selon les cas, ils peuvent donc être investis de l'office
d'économe diocésain”
ou “être cooptés au sein du conseil diocésain pour les affaires
économiques”
.
39 Des
trois domaines du ministère diaconal, l'un ou l'autre pourra
certainement absorber une part plus ou moins grande de
l'activité d'un diacre, selon les cas, mais leur ensemble
constitue une unité au service du plan divin de Rédemption : le
ministère de la parole conduit au ministère de l'autel, qui, à
son tour, pousse à traduire concrètement la liturgie par une vie
qui aboutit sur la charité : “Si nous considérons la profonde
nature spirituelle de cette diaconie, alors nous pouvons mieux
apprécier l'interrelation entre les trois champs du ministère
traditionnellement associés au diaconat : le ministère de la
parole, le ministère de l'autel, et le ministère de la charité.
Selon les circonstances, l'un ou l'autre peut prendre une
importance particulière dans le travail individuel d'un diacre,
mais ces trois ministères sont inséparablement unis pour
servir au plan rédempteur de Dieu”
.
40 A
travers l'histoire, le service diaconal a pris des formes
multiples pour répondre aux besoins de la communauté chrétienne
et pour lui permettre d'accomplir sa mission de charité. Il
appartient seulement aux évêques,
qui gouvernent et qui ont la charge des Églises particulières
“en tant que vicaires et légats du Christ”
,
de confier à chacun des diacres son office ecclésiastique selon
la norme du droit. Pour conférer l'office, il est nécessaire de
considérer attentivement les besoins pastoraux et,
éventuellement, la situation personnelle des diacres permanents
: professionnelle, et familiale s'ils sont mariés. Mais de toute
manière, il est très important que les diacres puissent
accomplir, selon leurs possibilités, leur ministère en plénitude
: dans la prédication, dans la liturgie et dans la charité ; et
qu'ils ne soient pas cantonnés dans des emplois marginaux, dans
des fonctions de suppléance ou dans des tâches qui peuvent être
ordinairement accomplies par des fidèles non ordonnés. Ainsi
seulement les diacres permanents apparaîtront dans leur
véritable identité de ministres du Christ, et non comme des
laïcs particulièrement engagés dans la vie de l'Église.
Pour le bien du
diacre lui-même et pour qu'il ne soit pas livré à lui-même, il
est nécessaire que son ordination soit suivie d'une claire
investiture de responsabilité pastorale.
41 Les
différents secteurs de la pastorale diocésaine et la paroisse
sont d'ordinaire le champ d'exercice propre du ministère
diaconal, qui prend des formes diverses.
L'évêque peut
confier aux diacres le mandat de coopérer à la charge pastorale
d'une paroisse confiée à un seul curé,
ou à la charge pastorale des paroisses confiées in solidum
à un ou plusieurs prêtres
.
Pour participer à
l'exercice de la charge pastorale d'une paroisse, dans le cas
ou, faute de prêtre, elle ne pourrait profiter immédiatement des
soins d'un curé,
les diacres ont toujours la préséance sur les fidèles non
ordonnés. En pareil cas, il faut préciser que le modérateur est
un prêtre, puisque lui seul est le “pasteur propre” et peut
recevoir la charge du soin des âmes (la cura animarum),
dont le diacre est coopérateur.
Les diacres peuvent
également être chargés de guider des communautés chrétiennes
dispersées, au nom du curé ou de l'évêque.
“C'est une fonction missionnaire qu'il faut accomplir dans les
territoires, les milieux, les couches sociales, les groupes ou
le prêtre est absent ou difficilement joignable. Spécialement là
ou aucun prêtre n'est disponible pour célébrer l'Eucharistie, le
diacre réunit et dirige la communauté dans une célébration de la
Parole avec distribution de la Sainte Communion, dûment
conservée.
C'est une fonction de suppléance que le diacre exerce par mandat
ecclésial quand il s'agit de remédier au manque de prêtres”
.
Dans ce type de célébrations, on ne manquera jamais de prier
également pour l'accroissement des vocations sacerdotales, en
expliquant bien qu'elles sont indispensables. En présence d'un
diacre, on ne peut confier ni à un fidèle laïc ni à une
communauté de personnes (une “équipe”) la participation à
l'exercice de la charge pastorale ; il en va de même pour la
présidence d'une célébration dominicale.
Dans tous les cas,
les compétences du diacre doivent être soigneusement définies
par écrit au moment de lui conférer son office.
Entre les diacres
et les différents acteurs de la pastorale, il faudra rechercher
avec générosité et conviction des modalités de collaboration
constructive et patiente. Tandis que les diacres ont le devoir
de toujours respecter l'office du curé et de travailler en
communion avec tous ceux qui partagent la charge pastorale de ce
dernier, ils ont aussi le droit d'être acceptés par tous et
pleinement reconnus. Si l'évêque décide d'instituer des conseils
pastoraux paroissiaux, les diacres qui ont reçu une
participation à la charge pastorale de la paroisse en sont
membres de droit.
Quoiqu'il en soit, la charité sincère devra toujours prévaloir,
qui reconnaît en chaque ministère un don de l'Esprit pour
l'édification du Corps du Christ.
42 Le
contexte diocésain offre aux diacres de nombreuses occasions
d'accomplir fructueusement leur ministère.
Quand sont réunies
les conditions requises, ils peuvent en effet être membres des
organismes consultatifs diocésains : du conseil pastoral
en particulier et, comme on l'a dit, du conseil diocésain pour
les affaires économiques ; ils peuvent aussi participer au
synode diocésain
.
Cependant les
diacres ne peuvent pas faire partie du conseil presbytéral, en
tant que ce dernier représente exclusivement le presbytérium
.
S'ils
possèdent les qualités expressément requises, ils peuvent être
appelés dans l'administration diocésaine à remplir l'office de
chancelier,
de juge,
d'assesseur,
d'auditeur,
de promoteur de justice, de défenseur du lien
et de notaire
.
En revanche, ils ne
peuvent être nommés vicaires judiciaires, ni vice-officiaux, ni
doyens (vicaires forains), puisque ces offices sont réservés aux
prêtres
.
Les commissions ou
organismes diocésains, la pastorale de milieux sociaux
spécifiques, en particulier la pastorale de la famille ou des
populations qui ont besoin d'un soin pastoral particulier, comme
par exemple les groupes ethniques, sont pour les diacres autant
de champs ouverts à leur ministère.
Dans
l'accomplissement de ces derniers offices, le diacre n'oubliera
pas que toute action de l'Église doit être signe de la charité
et du service des frères. Dans l'action judiciaire,
administrative et organisatrice, il se gardera donc de toute
forme de bureaucratisation, pour ne pas priver son ministère de
son sens et de sa fécondité pastorales. Voilà pourquoi, pour
préserver l'intégrité du ministère diaconal, celui qui est
appelé à remplir ces offices doit de toute manière être mis dans
les conditions qui lui permettent d'accomplir un service
typiquement et proprement diaconal.
43
L'Église, rassemblée par Jésus Christ et conduite par l'Esprit
Saint selon le dessein de Dieu le Père, est “présente dans le
monde, tout en étant en pèlerinage”
vers la plénitude du Royaume ;
elle vit et annonce l'Évangile dans des circonstances
historiques concrètes. “Le monde qu'elle a ainsi en vue est
celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l'univers
au sein duquel elle vit. C'est le théâtre ou se joue l'histoire
du genre humain, le monde marqué par l'effort de l'homme, ses
défaites et ses victoires. Pour la foi des chrétiens, ce monde a
été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur ; il est
tombé, certes, sous l'esclavage du péché, mais le Christ, par la
croix et la résurrection, a brisé le pouvoir du Malin, et l'a
libéré pour qu'il soit transformé selon le dessein de Dieu et
qu'il parvienne à son accomplissement”
.
Le diacre, membre
et ministre de l'Église, doit en tenir compte dans sa vie et
dans son apostolat ; il doit connaître les cultures, les
aspirations et les problèmes de son temps, car c'est dans ce
contexte qu'il est appelé à être un signe vivant du Christ
Serviteur, et tout à la fois à faire sienne la tâche de l'Église
de “scruter les signes des temps et de les interpréter à la
lumière de l'Évangile ; pour qu'elle puisse répondre, de façon
adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes
sur le sens de la vie présente et future et sur leur relation
mutuelle”
.
44 La
vocation universelle à la sainteté a sa source dans le “baptême
de la foi”, qui nous a rendus “vraiment enfants de Dieu et
participants de la nature divine, donc réellement saints”
.
Par le sacrement de
l'Ordre, les diacres “sont consacrés à Dieu d'une manière
nouvelle, (...) consacrés par l'onction du Saint-Esprit et
envoyés par le Christ”
au service du Peuple de Dieu, “en vue de construire le Corps du
Christ” (Ep 4,12).
“De là jaillit la
spiritualité diaconale”, qui a sa source dans ce que le
Concile Vatican II appelle “la grâce sacramentelle du diaconat”
.
Non seulement elle est une aide précieuse dans l'accomplissement
des diverses fonctions, mais elle imprègne profondément l'âme du
diacre, l'incitant à l'offrande, au don de toute sa personne
pour le service du Royaume de Dieu dans l'Église. Comme
l'indique le mot lui-même de diaconat, ce qui caractérise les
sentiments et la volonté de celui qui reçoit ce sacrement, c'est
l'esprit de service. Par le diaconat, on tend à réaliser ce
que Jésus a déclaré au sujet de sa mission : “Le Fils de l'Homme
n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie
en rançon pour la multitude” (Mc 10,45 ; Mt 20,28).
Ainsi le diacre vit par et dans son ministère la vertu
d'obéissance : quand il accomplit fidèlement les tâches qui lui
sont confiées, il sert l'épiscopat et le presbytérat dans les
“munera” de la mission du Christ. Et c'est le ministère pastoral
lui-même qu'il accomplit, pour le bien des hommes.
45 De cela
découle la nécessité pour le diacre d'accueillir avec
reconnaissance l'invitation à suivre le Christ Serviteur, et de
s'appliquer à lui être fidèle dans toutes les circonstances de
sa vie. Le “caractère” reçu dans l'ordination réalise une
configuration au Christ à laquelle il lui faut consentir et
qu'il doit faire croître dans toute sa vie.
La sanctification
est une exigence commune à tous les fidèles ;
chez le diacre, elle se fonde ultérieurement sur la consécration
spéciale reçue.
Elle comporte la pratique des vertus chrétiennes et des divers
préceptes et conseils d'origine évangélique, selon son propre
état de vie. Le diacre est appelé à vivre saintement car, par
les sacrements du Baptême et de l'Ordre, l'Esprit de Dieu l'a
déjà rendu saint, il l'a constitué ministre de l'œuvre par
laquelle l'Église du Christ sert et sanctifie l'homme
.
Pour les diacres,
la vocation à la sainteté consiste plus particulièrement à
“suivre Jésus dans son attitude d'humble serviteur, qui ne
s'exprime pas seulement par les œuvres de charité mais investit
et modèle toute la manière de penser et d'agir”
.
“Si leur ministère est en harmonie avec cet esprit, ils mettent
davantage en lumière ce trait spécifique du visage du Christ :
le service”,
pour ne pas être seulement “serviteurs de Dieu”, mais aussi
serviteurs de Dieu en la personne de leurs frères
.
46
L'ordination sacrée confère au diacre, à travers des dons
sacramentels spécifiques, une participation spéciale à la
consécration et à la mission de Celui qui s'est fait serviteur
du Père par la rédemption de l'homme ; elle l'introduit, d'une
façon nouvelle et particulière, dans le mystère du Christ, de
l'Église et du salut de tous les hommes. C'est pourquoi la vie
spirituelle du diacre doit approfondir et développer cette
triple relation, selon les principes d'une spiritualité
communautaire par laquelle on s'attache à témoigner que l'Église
est, par nature, une communion.
47 La
relation au Christ, qui a pris la condition de serviteur par
amour pour le Père et pour ses frères les hommes, est la
première et la plus fondamentale des relations.
En vertu de son ordination, le diacre est véritablement appelé à
agir en conformité au Christ Serviteur.
Le Fils éternel de
Dieu “s'est dépouillé lui-même en prenant la condition de
serviteur” (Ph 2,7) et Il a vécu cette condition dans
l'obéissance au Père (cf. Jn 4,34) et dans l'humble
service de ses frères (cf. Jn 13,4-15). En tant que
serviteur du Père dans l'œuvre de rédemption des hommes, le
Christ devient le chemin, la vérité et la vie de chaque diacre
dans l'Église.
Toute l'activité
ministérielle n'aura de sens que si elle contribue à mieux faire
connaître, aimer et suivre le Christ dans sa diaconie. Il est
donc nécessaire que les diacres s'emploient à conformer leur vie
à Jésus-Christ qui, par son obéissance au Père “jusqu'à la mort,
et la mort sur la croix” (Ph 2,8), a racheté l'humanité.
48
L'Église est inséparablement associée à cette relation
fondamentale.
Le Christ l'aime, il la purifie, il la nourrit et il prend soin
d'elle (cf. Ep 5,25-29). Le diacre ne pourrait vivre
fidèlement sa configuration au Christ sans partager son amour de
l'Église : “Pour elle, il ne peut que nourrir un profond
attachement, étant donné sa mission et son institution divine”
.
Le rite de
l'ordination met en relief le lien qui s'établit entre l'évêque
et le diacre : seul l'évêque impose les mains à celui qui a été
choisi, en appelant sur lui l'effusion de l'Esprit Saint. Chaque
diacre trouve donc la référence de son ministère dans la
communion hiérarchique avec son évêque
.
L'ordination
diaconale souligne encore un autre aspect ecclésial: le diacre
reçoit une participation ministérielle à la diaconie du Christ,
par laquelle le Peuple de Dieu, guidé par le Successeur de
Pierre et par les autres évêques en communion avec lui, avec la
coopération des prêtres, poursuit l'œuvre de la Rédemption des
hommes. Le diacre est donc appelé à nourrir son esprit et son
ministère par un amour ardent et actif de l'Église, et par un
désir sincère d'être en communion avec le Saint-Père, avec son
évêque et avec les prêtres de son diocèse.
49 Il ne
faut pas perdre de vue enfin que la diaconie du Christ est
destinée à l'homme, à tout homme
qui dans son esprit et dans son corps porte la marque du péché,
mais qui est appelé à la communion avec Dieu. “Car Dieu a tant
aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle” (Jn 3,16).
Le Christ s'est fait le serviteur de ce dessein d'amour en
prenant notre chair ; et l'Église est dans l'histoire
l'instrument et le signe de cette diaconie.
Ainsi, en vertu du
sacrement, le diacre est destiné à servir ses frères, qui ont
besoin du salut. Et si, dans le Christ Serviteur, dans ses
paroles et ses actes, l'homme peut découvrir en plénitude
l'amour déployé par le Père pour le sauver, il doit pouvoir
trouver aussi cette charité dans la vie du diacre. La tâche
essentielle de la vie spirituelle du diacre sera d'imiter
toujours davantage l'amour du Christ pour l'homme, qui dépasse
les limites de toute idéologie humaine.
A ceux qui désirent
être admis à la formation diaconale, on demande “un esprit
naturellement enclin à servir la hiérarchie sacrée et la
communauté chrétienne”
:
il ne faut pas l'entendre “au sens d'une simple spontanéité des
dispositions naturelles (...) Il s'agit d'une propension de la
nature animée par la grâce, avec un esprit de service qui
conforme le comportement humain à celui du Christ. Le sacrement
du diaconat développe cette propension : il rend le sujet plus
intimement participant à l'esprit de service du Christ, il
pénètre sa volonté par une grâce spéciale, il fait en sorte que
le diacre, dans tout son comportement, soit animé d'une
propension nouvelle au service de ses frères”
.
50 Les
relations précédemment évoquées font apparaître la primauté de
la vie spirituelle. Le diacre doit donc se rappeler que vivre la
diaconie du Seigneur dépasse toute capacité naturelle ; il lui
faut donc correspondre, en pleine conscience et en toute
liberté, à cet appel du Christ : “Demeurez en moi, comme moi en
vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit
s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous
ne demeurez pas en moi” (Jn 15,4).
Suivre le Christ
dans le ministère diaconal est une aventure fascinante mais
ardue : elle est remplie de satisfactions et de fruits, mais
parfois, elle fait aussi traverser les difficultés et les peines
des vrais disciples du Seigneur Jésus Christ. Pour réussir, le
diacre a besoin de demeurer avec le Christ, pour que ce soit Lui
qui porte la responsabilité de son ministère ; il a besoin de
réserver la première place à la vie spirituelle, de vivre
généreusement la diaconie, de concilier son ministère et ses
obligations familiales ù s'il est marié ù ou professionnelles,
de façon à adhérer toujours davantage à la personne et à la
mission du Christ Serviteur.
51
L'accomplissement fidèle et inlassable du ministère, dans une
unité de vie raisonnée et sans cesse à rechercher, est sans
aucun doute la source première du progrès dans la vie
spirituelle.
Accompli de manière exemplaire, loin de s'opposer à la vie
spirituelle, le ministère contribue au développement des vertus
théologales, il accroît le propos de se donner au service de ses
frères et il favorise la communion hiérarchique. Avec les
adaptations nécessaires, ce qui est dit des prêtres vaut aussi
pour les diacres : “Ils sont ordonnés à la perfection de la vie
par les actions sacrées quotidiennes elles-mêmes, comme aussi
par leur ministère tout entier (...). Quant à la sainteté, (...)
elle contribue beaucoup à rendre fructueux le ministère qu'ils
accomplissent”
.
52 Le
diacre aura toujours présent à l'esprit l'exhortation de la
liturgie d'ordination : “Recevez l'Évangile du Christ, que vous
avez la mission d'annoncer. Soyez attentif à croire à la Parole
que vous lirez, à enseigner ce que vous aurez cru, à vivre ce
que vous aurez enseigné”
.
Pour proclamer la
Parole de Dieu dignement et avec fruit, le diacre doit “par une
lecture sacrée assidue et par une étude approfondie, s'attacher
aux Écritures, de peur qu'il ne devienne un vain prédicateur de
la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l'écouterait pas
au-dedans de lui”,
“alors qu'il doit faire part aux fidèles qui lui sont confiés,
spécialement au cours de la sainte liturgie, des richesses sans
mesure de la Parole divine”
.
Sous la conduite de
ceux qui dans l'Église sont les maîtres authentiques de la
vérité divine et catholique,
il devra en outre approfondir cette Parole pour en éprouver
l'attrait et la puissance salvifique (cf. Rm 1,16). Sa
sainteté se fonde sur sa consécration et sa mission également en
ce qui concerne la Parole: il prendra conscience d'en être le
ministre. Comme membre de la hiérarchie, ses actes et ses
déclarations engagent l'Église : il est donc essentiel pour sa
charité pastorale qu'il vérifie l'authenticité de ce qu'il
enseigne, sa communion effective et explicite avec le Souverain
Pontife, avec l'ordre épiscopal et avec son évêque, non
seulement en ce qui concerne le symbole de la foi, mais aussi
l'enseignement du Magistère ordinaire et la discipline, dans
l'esprit de la profession de foi qu'il prononce avant
l'ordination et du serment de fidélité.
Car “la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont
si grandes qu'elles constituent, pour l'Église, son point
d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Église, la force
de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et
permanente de leur vie spirituelle”
.
Plus le diacre fréquentera la Parole de Dieu, plus il aura envie
de la communiquer à ses frères. Dans l'Écriture, c'est Dieu qui
parle à l'homme,
dans la prédication le ministre sacré favorise cette rencontre
de salut. Il se consacrera donc avec un soin tout particulier à
la prédication inlassable de la Parole, afin que les fidèles
n'en soient pas privés à cause de l'ignorance ou de la paresse
du ministre ; il sera intimement persuadé que l'exercice du
ministère de la Parole ne se réduit pas à la prédication.
53 De
même, quand il baptise, quand il distribue le Corps et le Sang
du Seigneur ou quand il sert dans la célébration des autres
sacrements et des sacramentaux, le diacre réalise son identité
dans la vie de l'Église : il est ministre du Corps du Christ,
corps mystique et corps ecclésial ; il se rappellera que, vécues
dans la foi et le respect, ces actions de l'Église contribuent à
sa croissance spirituelle et à l'édification de la communauté
chrétienne
.
54 Dans
leur vie spirituelle, les diacres accorderont toute l'importance
qu'ils méritent aux sacrements de la grâce, qui “ont pour fin de
sanctifier les hommes, d'édifier le Corps du Christ, enfin de
rendre culte à Dieu”
.
Ils participeront
surtout, avec une foi particulière, à la célébration quotidienne
du sacrifice eucharistique,
en exerçant si possible leur propre munus liturgique ;
ils ne se lasseront pas d'adorer le Seigneur présent dans le
Sacrement,
puisque l'Eucharistie, source et sommet de toute
l'évangélisation, “contient tout le trésor spirituel de
l'Église”
.
Elle sera pour eux une véritable rencontre du Christ, qui, par
amour de l'homme, s'est fait victime expiatoire, nourriture de
vie éternelle, et ami compatissant à toute souffrance.
Conscients de leur
faiblesse et confiants dans la miséricorde divine, ils auront
régulièrement recours au sacrement de la réconciliation :
le pécheur y rencontre le Christ rédempteur, il y reçoit le
pardon de ses fautes et se trouve entraîné vers la plénitude de
la charité.
55 Dans
les engagements caritatifs que l'évêque lui aura confiés, le
diacre se laissera toujours conduire par l'amour du Christ pour
tous les hommes, et non par ses intérêts personnels ou par les
idéologies qui contredisent l'universalité du salut ou nient la
vocation transcendante de l'homme. Que le diacre se souvienne
aussi que la diaconie de la charité conduit nécessairement à
promouvoir la communion à l'intérieur de l'Église particulière.
La charité est, en effet, l'âme de la communion ecclésiale. Le
diacre s'investira pour favoriser la fraternité, la coopération
avec les prêtres et la communion sincère avec l'évêque.
56 Que les
diacres sachent toujours, quels que soient le contexte et les
circonstances, demeurer fidèles au précepte du Seigneur :
“Veillez et priez sans cesse, pour pouvoir échapper à tout ce
qui doit arriver et comparaître devant le Fils de l'homme” (Lc
21,36 cf. Ph 4,6-7)
La prière est ce
dialogue personnel avec Dieu ou leur seront conférées la lumière
et la force nécessaires pour suivre Jésus-Christ et pour servir
leurs frères dans leurs diverses vicissitudes. Forts de cette
certitude, que les diacres cherchent à se laisser modeler par
les diverses formes de prière : la célébration de la Liturgie
des Heures, selon les modalités établies par la conférence des
Évêques,
caractérise toute leur vie de prière ; en tant que ministres,
ils intercèdent pour toute l'Église. Cette prière se prolonge
dans la lectio divina, l'oraison mentale assidue, la
participation aux retraites spirituelles selon les dispositions
du droit particulier
.
Les diacres auront
également à cœur la vertu de pénitence et les autres moyens de
sanctification, qui aident tant à rencontrer Dieu
personnellement
.
57 Pour le
diacre, participer au mystère du Christ Serviteur oriente
nécessairement le cœur vers l'Église et vers celle qui en est la
Mère très sainte. On ne peut en effet séparer le Christ de
l'Église, qui est son Corps. La réalité de l'union avec la Tête
suscitera un véritable amour pour le Corps. Et cet amour
permettra au diacre de collaborer efficacement à la construction
de l'Église, en se consacrant aux devoirs de son ministère, dans
la fraternité et la communion hiérarchique avec son évêque et le
presbytérium. Toute l'Église doit être dans le cœur du diacre :
l'Église universelle, qui trouve en la personne du Pape, en tant
que successeur de Pierre, le principe et le fondement perpétuel
et visible de son unité ;
l'Église particulière, qui “adhérant à son pasteur et par lui
rassemblée dans le Saint-Esprit grâce à l'Évangile et à
l'Eucharistie (...) (rend) vraiment présente et agissante
l'Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique”
.
L'amour du Christ
et de l'Église est étroitement lié à celui pour la Vierge Marie,
l'humble servante du Seigneur, qui, au titre unique et admirable
de “mère”, a été l'associée généreuse de la diaconie de son
divin Fils (cf. Jn 19,25-27). L'amour pour la Mère du
Seigneur, fondé sur la foi, exprimé dans la prière quotidienne
du chapelet, l'imitation de ses vertus et le fait de s'en
remettre à elle avec confiance, donnera leur sens à des
manifestations de vraie dévotion filiale
.
Chaque diacre aura
les yeux tournés vers Marie, avec respect et dans une profonde
affection ; car “la Vierge Mère a été parmi toutes les créatures
celle qui aura le mieux vécu la pleine vérité de la vocation :
personne n'a répondu avec autant d'amour à l'immense amour de
Dieu”
.
Cet amour particulier envers la Vierge servante du Seigneur, né
de la Parole et totalement enraciné dans la Parole, deviendra
une imitation de sa vie. Ce sera une façon d'introduire dans
l'Église cette dimension mariale si proche de la vocation du
diacre
.
58 Enfin,
la direction spirituelle régulière sera pour le diacre d'une
très grande utilité. L'expérience montre tous les bienfaits qui
peuvent être retirés d'un dialogue sincère et humble avec un
directeur sage, non seulement pour résoudre les doutes et les
problèmes inévitables de la vie, mais pour réaliser le
discernement nécessaire et pour parvenir à une meilleure
connaissance de soi, afin de suivre enfin le Christ dans une
fidélité grandissante.
59 A la
différence de ce qui est demandé pour le presbytérat, on peut
admettre au diaconat permanent d'abord des hommes célibataires,
mais aussi des hommes qui vivent dans le sacrement du mariage,
ainsi que des veufs
.
60
L'Église reconnaît avec gratitude le magnifique don du célibat
que Dieu accorde à certains de ses membres. Sous des formes
variées, tant en Orient qu'en Occident, elle l'a lié au
ministère ordonné, auquel il est toujours remarquablement
approprié.
Elle sait bien que ce charisme, accepté et vécu par amour du
Royaume des Cieux (cf. Mt 19,12), oriente toute la
personne du diacre vers le Christ qui, dans la virginité, se
consacra lui-même pour servir le Père et conduire les hommes à
la plénitude du Royaume. Aimer Dieu et servir ses frères par ce
choix de totalité, loin de s'opposer au développement personnel
du diacre, le favorise, car la charité est la véritable
perfection de tout homme. Or dans le célibat, l'amour se
présente comme signe d'une consécration totale au Christ, dans
un cœur sans partage, dans une plus libre consécration au
service de Dieu et des hommes ;
ceci justement parce que le choix du célibat ne signifie pas le
mépris du mariage, ni une fuite du monde, mais plutôt une façon
privilégiée de servir les hommes et le monde.
Les hommes de notre
temps, si souvent plongés dans l'éphémère, sont très sensibles
au témoignage de ceux qui proclament l'éternité par leur propre
vie. Les diacres ne se priveront pas de donner ce témoignage à
leurs frères, par la fidélité à leur célibat, afin de les
inciter à chercher les valeurs qui manifestent la vocation de
l'homme à la transcendance. “Le célibat ‘en vue du Royaume’
n'est pas seulement un signe eschatologique, mais il a aussi une
grande signification sociale, dans la vie présente, pour le
service du peuple de Dieu”
.
Pour mieux
conserver durant toute leur vie le don qu'ils ont reçu de Dieu,
pour le bien de l'Église entière, les diacres ne s'appuieront
pas de manière excessive sur leurs propres forces, mais
garderont toujours un esprit d'humble prudence et de vigilance,
se rappelant que “l'esprit est prompt mais la chair est faible”
(Mt 26,41). Ils seront aussi fidèles à la vie de prière
et aux devoirs du ministère.
Envers les
personnes dont la familiarité pourrait compromettre leur
chasteté ou provoquer le scandale, ils se comporteront avec
prudence
.
Enfin, ils seront
conscients que la société pluraliste actuelle les oblige à un
discernement attentif dans l'usage des médias.
61 Le
sacrement du mariage, qui sanctifie l'amour des conjoints et le
rend signe efficace de l'amour par lequel le Christ se donne à
l'Église (cf. Ep 5,25), est aussi un don de Dieu et doit
nourrir la vie spirituelle du diacre marié. Puisque la vie
conjugale et familiale, et le travail professionnel, réduisent
inévitablement le temps que l'on peut consacrer au ministère, il
faut un engagement particulier pour atteindre l'unité de vie
nécessaire, y compris à travers la prière commune. Dans le
mariage, l'amour prend la forme d'un don interpersonnel, d'une
fidélité mutuelle, source de vie nouvelle, soutien dans les
moments de joie et d'épreuves ; en un mot, l'amour se fait
service. Vécu dans la foi, ce “service familial” est pour
les autres fidèles un exemple d'amour dans le Christ, et le
diacre marié doit le mettre à profit pour stimuler sa diaconie
dans l'Église.
Le diacre marié
doit percevoir particulièrement qu'il a la responsabilité
d'offrir le témoignage évident de la sainteté du mariage et de
la famille. Plus le diacre et son épouse grandiront dans l'amour
mutuel, plus forte sera leur donation envers leurs enfants et
plus significatif sera leur exemple pour la communauté
chrétienne. “L'enrichissement et l'approfondissement de l'amour-sacrifice
réciproque entre mari et femme est peut-être l'implication la
plus significative que la femme du diacre puisse avoir dans le
ministère public de son mari dans l'Église”
.
Cet amour grandit grâce à la vertu de chasteté, qui fleurit
toujours ù y compris à travers l'exercice de la paternité
responsable ù dans l'apprentissage du respect pour le conjoint
et dans la pratique d'une certaine continence. Cette vertu
favorise une maturité de donation qui se traduit rapidement dans
le ministère : elle permet d’échapper aux attitudes possessives,
à l'idolâtrie de la réussite professionnelle et à l'incapacité
d'organiser son temps ; elle favorise au contraire des relations
personnelles authentiques, la délicatesse, la capacité à donner
à chaque chose la place qui lui revient.
Des initiatives
opportunes seront prises pour faire croître dans toute la
famille le sens du ministère diaconal. La femme du diacre, qui a
donné son consentement au choix de son mari,
devra être aidée et soutenue pour vivre son rôle avec joie et
discrétion, pour pouvoir apprécier tout ce qui concerne
l'Église, et en particulier les engagements confiés à son mari.
Pour cette raison, il est bon qu'elle soit informée des
activités de son mari, évitant cependant tout envahissement indu
: de façon à établir et mettre en place un rapport équilibré et
harmonieux entre la vie familiale, professionnelle et
ecclésiale. Les enfants du diacre également, s'ils sont bien
préparés, pourront apprécier le choix de leur père et s'engager
avec un intérêt particulier dans l'apostolat et dans un
témoignage de vie cohérent.
En conclusion, la
famille du diacre marié, comme d'ailleurs toute famille
chrétienne, est invitée à prendre une part active et responsable
à la mission de l'Église dans la situation du monde actuel. “Le
diacre et sa femme doivent être un exemple de la fidélité et
de l'indissolubilité du mariage chrétien, face au monde qui
exprime son besoin de tels signes. Affrontant avec un esprit
de foi les défis de la vie conjugale et les exigences de la
vie quotidienne, ils renforcent la vie familiale, non seulement
dans la communauté ecclésiale, mais aussi dans toute la société.
Ils montreront aussi comment les obligations familiales,
professionnelles, pastorales peuvent être harmonisées au
service de la mission de l'Eglise. Les diacres, leurs femmes
et leurs enfants peuvent beaucoup encourager tous ceux qui
travaillent à promouvoir la vie de famille”
.
62 Il faut
réfléchir sur la situation qui résulte de la mort de l'épouse
d'un diacre. C'est un moment de l'existence qui doit être vécu
dans la foi et dans l'espérance chrétiennes. Le veuvage ne doit
pas anéantir le dévouement pour les enfants, s'il y en a ; il ne
doit pas non plus conduire à une tristesse sans espérance. Cette
étape de la vie, aussi douloureuse qu'elle puisse être, est un
appel à la purification intérieure, une incitation à croître
dans la charité, dans le service des siens et de tous les
membres de l'Église. C'est aussi un appel à grandir dans
l'espérance, puisque l'accomplissement fidèle du ministère est
un chemin pour rejoindre dans la gloire du Père le Christ et
ceux que nous aimons.
Mais il faut
reconnaître que cet événement introduit, dans la vie de la
famille, une situation nouvelle qui influe sur les rapports
humains et qui amène souvent des difficultés économiques. Le
diacre devenu veuf devra donc être aidé avec une grande charité
: il doit discerner et accepter cette nouvelle situation
personnelle, il ne doit négliger ni son devoir d'éduquer les
enfants éventuels, ni les nouveaux besoins de sa famille.
Plus spécialement,
le diacre veuf devra être aidé à garder la continence parfaite
et perpétuelle à laquelle il est tenu,
et à comprendre les profondes raisons ecclésiales qui rendent
impossible son remariage (cf. 1Tm 3,12), en conformité
avec la discipline constante de l'Église d'Orient comme de celle
d'Occident.
Un dévouement plus intense aux autres dans le ministère, pour
l'amour de Dieu, peut aider à y parvenir ; l'aide fraternelle
des autres ministres et des fidèles, ainsi que la proximité de
l'évêque, seront d'un grand réconfort.
Si c'est la femme
du diacre qui reste veuve, que les ministres et les fidèles ne
la laissent jamais seule face à ses besoins, selon ce qui sera
possible.
Les commissions ou
organismes diocésains, la pastorale de milieux sociaux
spécifiques, en particulier la pastorale de la famille ou des
populations qui ont besoin d'un soin pastoral particulier, comme
par exemple les groupes ethniques, sont pour les diacres autant
de champs ouverts à leur ministère.
Dans
l'accomplissement de ces derniers offices, le diacre n'oubliera
pas que toute action de l'Église doit être signe de la charité
et du service des frères. Dans l'action judiciaire,
administrative et organisatrice, il se gardera donc de toute
forme de bureaucratisation, pour ne pas priver son ministère de
son sens et de sa fécondité pastorales. Voilà pourquoi, pour
préserver l'intégrité du ministère diaconal, celui qui est
appelé à remplir ces offices doit de toute manière être mis dans
les conditions qui lui permettent d'accomplir un service
typiquement et proprement diaconal.
63 La
formation permanente des diacres est une exigence humaine qui
prolonge l'appel surnaturel à servir l'Église de façon
ministérielle et la formation initiale au ministère, à tel point
qu'il faut considérer ces deux moments de formation comme un
unique parcours de vie chrétienne et diaconale.
“A celui qui reçoit le diaconat, s'impose l'obligation de la
formation doctrinale permanente, pour compléter et actualiser
sans cesse le patrimoine reçu avant l'ordination“,
de sorte que la vocation “au” diaconat continue et s'exprime à
nouveau comme vocation “dans” le diaconat, à travers le
renouvellement périodique du “Oui, je le veux” prononcé à
l'ordination.
Cette formation
doit donc être considérée ù tant par l'Église qui la dispense
que par les diacres qui en bénéficient ù comme un droit-devoir
mutuel, fondé sur la vérité de l'engagement vocationnel assumé.
Les évêques et les
diacres ne peuvent négliger cette obligation d'avoir toujours à
proposer et à recevoir la formation intégrale appropriée.
Les normes de
l'Église
rappellent constamment les caractéristiques de cette formation
permanente : obligatoire, globale, interdisciplinaire, profonde,
scientifique et orientée vers la vie apostolique ; elles sont
encore plus nécessaires si la formation initiale ne s'est pas
déroulée selon le modèle ordinaire.
Cette formation
présente les traits de la " fidélité " au Christ et à l'Église,
et de la “conversion continue”, fruit de la grâce sacramentelle
vécue dans le dynamisme de la charité pastorale propre à chaque
expression du ministère ordonné. Elle apparaît comme un choix
fondamental, qui a besoin de s'affirmer et de s'exprimer à
nouveau au fil des années de diaconat permanent, à travers une
longue suite de réponses cohérentes, enracinées et vivifiées par
le “oui” initial
.
64 Si on
s'inspire de la prière d'ordination, la formation permanente se
fonde sur la nécessité pour le diacre d'aimer le Christ de façon
à l'imiter (“En imitant ainsi ton Fils Jésus”) ; elle tend à le
confirmer dans une fidélité totale au ministère (“qu'ils soient
fortifiés pour remplir fidèlement leur ministère”) ; elle est
une invitation à suivre le Christ Serviteur dans la radicalité
et la loyauté (“Fais croître en eux les vertus évangéliques...
une charité sincère ... qu'ils prennent soin... qu'ils
s'efforcent d'être dociles ... par l'exemple de leur conduite,
qu'ils soient un modèle pour le peuple saint”).
La formation
permanente a donc “son fondement propre et sa raison
particulière dans le dynamisme même de l'ordination reçue”
et elle se nourrit avant tout de l'Eucharistie, condensé du
mystère chrétien, source inépuisable de toute énergie
spirituelle. Le diacre peut aussi s'appliquer, en quelque sorte,
l'exhortation de l'apôtre Paul à Timothée : “Je t'invite à
raviver le don spirituel que Dieu a déposé en toi” (2Tm 1,6
cf. 1Tm 4,14-16). Les exigences théologiques de l'appel à
une mission singulière de service ecclésial réclament du diacre
un amour croissant pour l'Église et pour ses frères, que
manifeste l'accomplissement fidèle de ses tâches et de ses
fonctions propres. Choisi par Dieu pour être saint en servant
l'Église et tous les hommes, le diacre doit grandir dans la
conscience de son caractère ministériel, de façon continue et
équilibrée, responsable, zélée et toujours joyeuse.
65 Le
diacre est le premier responsable et le premier acteur de sa
formation permanente. Pour lui, elle est avant tout un processus
perpétuel de conversion, qui concerne son être en tant que
diacre, c'est-à-dire toute sa personne consacrée par le
sacrement de l'Ordre et mise au service de l'Église, pour en
développer toutes les capacités ; ainsi, il peut vivre
pleinement les dons ministériels reçus, à chaque instant de sa
vie, dans toutes les conditions de son existence et dans les
diverses responsabilités que lui confère l'évêque
.
La sollicitude de
l'Église pour la formation permanente des diacres serait donc
inefficace si chacun d'eux ne s'y engageait pas. Cette formation
ne peut donc être réduite à des cours, des journées d'étude,
etc., mais elle demande que chaque diacre, conscient de cette
nécessité, s'intéresse à la cultiver avec un esprit de saine
initiative. Que le diacre prenne soin de lire des ouvrages
choisis selon des critères d'Église, qu'il ne manque pas de
suivre quelque périodique dont la fidélité au magistère est
éprouvée, et qu'il ne néglige pas la méditation quotidienne. Se
former toujours plus pour servir toujours mieux est une part
importante du service qui lui est demandé.
66 Pour
l'évêque,
comme aussi pour les prêtres coopérateurs de l'ordre épiscopal,
qui portent la responsabilité et la charge de sa réalisation, la
formation permanente revient à aider les diacres à “répondre
généreusement à l'engagement que requiert la dignité et la
responsabilité que Dieu leur a confiées par le sacrement de
l'Ordre, à conserver, à défendre et à développer leur identité
et leur vocation spécifique, à se sanctifier et à sanctifier les
autres dans l'exercice de leur ministère”
.
Les perspectives du
diacre et de l'évêque sont complémentaires et s'appellent
mutuellement en tant qu'elles se fondent, avec l'aide des dons
surnaturels, dans l'unité intérieure de la personne.
L'aide que les
formateurs sont appelés à offrir sera d'autant plus efficace
qu'elle répondra mieux aux besoins personnels de chaque diacre,
parce que chacun vit son ministère dans l'Église comme une
personne unique et dans des conditions qui lui sont propres.
L'accompagnement
personnalisé fera également ressentir aux diacres l'amour avec
lequel notre mère l'Église a le souci de leur engagement à vivre
fidèlement la grâce du sacrement. Il est donc de la plus haute
importance que les diacres aient la possibilité de choisir un
directeur spirituel approuvé par l'évêque, avec lequel
s'entretenir régulièrement et fréquemment.
Par ailleurs, toute
la communauté diocésaine est, à sa manière, impliquée dans la
formation des diacres,
et plus particulièrement le curé ù ou un autre prêtre désigné
pour cela ù qui apportera son soutien avec une sollicitude
fraternelle.
67
L'application et l'engagement personnel mis dans la formation
permanente sont des signes sans équivoque d'une réponse
cohérente à la vocation divine, d'un amour sincère pour l'Église
et d'une préoccupation pastorale authentique pour les fidèles
chrétiens et pour tous les hommes. On peut étendre aux diacres
ce qui est dit des prêtres : “La formation permanente est un
moyen nécessaire (...) pour atteindre la fin de sa vocation,
c'est-à-dire le service de Dieu et de son peuple”
.
La formation
permanente est une vraie nécessité : elle se présente en
continuité avec la formation initiale, dont elle partage les
finalités et la signification, et qu'elle a pour rôle
d'intégrer, de conserver et d'approfondir.
La disponibilité
essentielle aux autres du diacre est une expression pratique de
sa configuration sacramentelle au Christ Serviteur, reçue dans
l'Ordination sacrée et imprimée dans l'âme par le caractère :
c'est un objectif et un rappel permanent pour le ministère et la
vie des diacres. Dans cette perspective, on ne peut réduire la
formation permanente à un simple effort de complément culturel
ou pratique pour faire plus ou mieux. La formation
permanente ne doit pas viser seulement à garantir une mise à
jour, mais tendre à faciliter une progressive conformation
pratique de toute l'existence du diacre à Jésus-Christ, qui aime
et sert tous les hommes.
68 La
formation permanente doit englober toutes les dimensions de la
vie et du ministère du diacre et les harmoniser. Aussi, comme
pour les prêtres, se doit-elle d'être concrète, systématique et
personnalisée, dans chacune de ses dimensions : humaine,
spirituelle, intellectuelle et pastorale
.
69 Avoir
soin des divers aspects de la formation humaine des diacres,
aujourd'hui comme hier, est une tâche importante des pasteurs.
Le diacre, conscient d'avoir été choisi en tant qu'homme parmi
les hommes, pour se mettre au service de tous les hommes, doit
être prêt à accepter une aide pour l'amélioration de ses
qualités humaines ù précieux instruments de son service
ecclésial ù et à perfectionner tous les aspects de sa
personnalité qui peuvent rendre son ministère plus efficace.
Pour réaliser de
manière plus utile sa vocation à la sainteté et sa mission
ecclésiale particulière, il doit s'appliquer surtout ù en
gardant les yeux fixés sur Celui qui est Dieu parfait et homme
parfait ù à pratiquer les vertus naturelles et surnaturelles qui
le rendront plus semblable à l'image du Christ et plus digne de
l'estime de ses frères.
En particulier, il devra développer, dans son ministère et dans
la vie quotidienne, la bonté du coeur, la patience, l'amabilité,
la force d'âme, l'amour de la justice, la fidélité à la parole
donnée, l'esprit de sacrifice, la cohérence dans les engagements
librement assumés, l'esprit de service, etc.
La pratique de ces
vertus aidera les diacres à devenir des hommes à la personnalité
équilibrée, mûrs dans leur agir et dans le discernement des
événements et des circonstances.
Il est tout aussi
essentiel que le diacre, conscient de la dimension d'exemple de
son comportement social, réfléchisse sur l'importance de la
capacité de dialogue, sur la justesse des diverses formes de
relations personnelles, sur l'aptitude à comprendre les
cultures, sur la valeur de l'amitié et sur la noblesse des
attitudes
.
70 La
formation spirituelle permanente est étroitement liée à la
spiritualité diaconale, qu'elle doit nourrir et faire
progresser, ainsi qu'au ministère, soutenu par “une vraie
rencontre personnelle avec Jésus, un dialogue confiant avec le
Père, une expérience profonde de l'Esprit”
.
Les diacres seront donc spécialement encouragés et soutenus par
les Pasteurs à nourrir de manière responsable leur vie
spirituelle, de laquelle jaillit avec abondance la charité qui
soutient et qui rend fécond leur ministère, en évitant le danger
de tomber dans l'activisme ou dans une mentalité
“bureaucratique” dans l'exercice du diaconat.
En particulier, la
formation spirituelle devra développer chez les diacres des
attitudes liées à la triple diaconie de la parole, de la
liturgie et de la charité.
La méditation
assidue de la Sainte Écriture fera parvenir à une familiarité et
à un dialogue d'adoration avec le Dieu vivant, qui favoriseront
l'assimilation de la Parole révélée tout entière.
La connaissance
profonde de la Tradition et des livres liturgiques aidera le
diacre à redécouvrir continuellement les richesses inépuisables
des mystères divins, pour être un ministre digne.
La sollicitude
fraternelle dans la charité orientera le diacre vers l'animation
et la coordination des initiatives de miséricorde spirituelle et
corporelle, comme un signe vivant de la charité de l'Église.
Tout ceci demande
de programmer de façon précise et réaliste les moyens et les
temps dont on dispose, en cherchant toujours à éviter les
improvisations. Outre l'encouragement à la direction
spirituelle, on doit prévoir des cours, des sessions d'étude de
thèmes appartenant à la grande tradition chrétienne théologique
et spirituelle, des temps spirituels particulièrement forts et
des visites de haut-lieux spirituels.
A l'occasion des
exercices spirituels, auxquels il devrait participer au moins
tous les deux ans,
le diacre ne manquera pas d'établir un programme de vie concret,
qu'il vérifiera périodiquement avec son directeur spirituel.
Dans ce projet, ne devront pas manquer les temps consacrés
quotidiennement à la dévotion eucharistique fervente, à une
filiale piété mariale et aux pratiques ascétiques habituelles,
en plus de ceux consacrés à la prière liturgique et à la
méditation personnelle.
Le centre
unificateur de cet itinéraire spirituel est l'Eucharistie. Elle
est le critère d'orientation, la dimension permanente de toute
la vie et de l'action diaconale, le moyen indispensable pour une
persévérance consciente et pour tout renouveau authentique, afin
de parvenir ainsi à une synthèse équilibrée de sa propre vie.
Dans cette perspective, la formation spirituelle du diacre fait
redécouvrir l'Eucharistie comme une Pâque, dans sa réalisation
annuelle (la Semaine Sainte), hebdomadaire (le Dimanche) et
quotidienne (la Messe en semaine).
71
L'insertion des diacres dans le mystère de l'Église, en vertu de
leur baptême et du premier degré du sacrement de l'Ordre, rend
nécessaire une formation permanente qui affermit chez eux la
conscience et la volonté de vivre dans une communion consentie,
effective et mûrie, avec les prêtres et avec l'évêque propre,
ainsi qu'avec le Souverain Pontife qui est le fondement visible
de l'unité de toute l'Église.
Ainsi formés, les
diacres se présenteront eux aussi comme des animateurs de
communion dans leur ministère. Face à des tensions, ils ne
manqueront pas, en particulier, de promouvoir la pacification
pour le bien de l'Église.
72 Il faut
organiser des initiatives adaptées (journées d'étude, cours de
recyclage, participation à des cours ou des séminaires donnés
par des instituts d'étude) pour approfondir la doctrine de la
foi. En ce sens, il sera particulièrement utile d'inciter à
l'étude attentive, approfondie et systématique du Catéchisme
de l'Église catholique. Il est indispensable de s'assurer
que le diacre a une connaissance exacte des sacrements de
l'Ordre, de l'Eucharistie et des sacrements habituellement
confiés aux diacres, comme le Baptême et le Mariage. Il est
aussi nécessaire d'approfondir les thèmes de la philosophie, de
l'ecclésiologie, de la théologie dogmatique, de la Sainte
Écriture et du droit canonique qui sont les plus utiles à
l'accomplissement de leur ministère.
En plus d'une saine
mise à jour, ces rencontres devraient être des stimulants pour
la prière, pour une meilleure communion et pour une action
pastorale toujours plus efficace, répondant aux nécessités
urgentes de la nouvelle évangélisation.
Il conviendra
d'approfondir également, de façon communautaire et sous la
conduite de maîtres sûrs, les documents du Magistère, en
particulier ceux qui expriment la position de l'Église sur des
questions doctrinales et morales plus délicates, toujours dans
l'optique du ministère pastoral. Ce faisant, il est possible
d'exprimer et de réaliser l'obéissance due au pasteur universel
de l'Église et aux pasteurs diocésains, et d'être plus fidèle à
la doctrine et à la discipline de l'Église, dans un lien de
communion renforcé.
Il est encore du
plus grand intérêt et il demeure très actuel d'étudier,
d'approfondir et de diffuser la doctrine sociale de l'Église.
L'insertion d'une bonne part des diacres dans la vie
professionnelle, le travail et la famille leur permettra
d'élaborer des médiations effectives pour faire connaître et
pour mettre en pratique l'enseignement social chrétien.
Ceux qui en ont les
capacités peuvent être orientés par leur évêque vers une
spécialisation dans une discipline théologique, en obtenant si
possible leurs titres d'étude auprès de centres académiques
pontificaux ou reconnus par le Saint-Siège, qui assurent une
formation doctrinale sûre.
Enfin, qu'ils aient
toujours à coeur l'étude systématique, non seulement pour
perfectionner leur savoir théologique, mais aussi pour vivifier
continuellement leur ministère, en le rendant toujours plus
adapté aux besoins de la communauté ecclésiale.
73 A côté
du devoir d'approfondir les sciences sacrées, il faut prendre
soin d'acquérir convenablement les méthodes pastorales
en vue d'un ministère fructueux.
La formation
pastorale permanente consiste en premier lieu à promouvoir
continuellement la volonté du diacre de rendre son ministère
plus efficace : rendre présent dans l'Église et la société
l'amour et le service du Christ envers tous les hommes, sans
distinction, spécialement envers les plus faibles et les plus
nécessiteux. En effet, c'est dans la charité pastorale de Jésus
que le diacre puise la force d'agir et trouve son modèle. Cette
même charité le pousse et le stimule, en collaborant avec
l'évêque et les prêtres, à promouvoir la mission propre des
fidèles laïcs dans le monde. Il est donc incité à “toujours
mieux connaître la condition réelle des hommes auxquels il est
envoyé, à discerner les appels de l'Esprit dans les
circonstances historiques ou il se trouve, à rechercher les
méthodes les plus adaptées et les formes les plus utiles
d'exercer aujourd'hui son ministère”,
dans une communion loyale et convaincue avec le Souverain
Pontife et avec son évêque.
Dans l'apostolat
actuel, le travail en groupe est une des formes requises qui,
pour porter du fruit, exige de savoir respecter et défendre, en
harmonie avec la nature organique de la communion ecclésiale, la
diversité et la complémentarité des dons et des fonctions
propres aux prêtres, aux diacres et à tous les autres fidèles.
74 La
variété des situations, d'une Église particulière à l'autre,
rend difficile la description exhaustive de l'organisation et
des moyens adaptés pour une bonne formation permanente des
diacres. Il est nécessaire de toujours choisir les moyens de
formation avec un souci de clarté théologique et pastorale.
Il semble donc
plus opportun d'offrir seulement quelques indications générales,
facilement adaptables dans les situations concrètes.
75 Le
ministère lui-même est pour les diacres le premier lieu de
formation permanente. C'est dans son accomplissement que le
diacre acquiert une certaine maturité, en réalisant toujours
plus sa vocation personnelle à la sainteté dans
l'accomplissement de ses devoirs sociaux et ecclésiaux, et en
particulier dans ses fonctions et ses responsabilités
ministérielles. La conscience d'être ministre est donc le but
premier que se fixe la formation spécifique qui est dispensée.
76 Le
cursus de la formation permanente doit répondre à un projet
précis et rigoureux, défini et contrôlé par l'autorité
compétente ; il doit être unifié, comprendre des étapes
progressives et se dérouler en pleine harmonie avec le Magistère
de l'Église. Il est bon d'établir un minimum indispensable pour
tous, à ne pas confondre avec les parcours d'approfondissement.
Ce projet
doit prendre en compte deux niveaux de formation étroitement
liés : le niveau diocésain, qui a pour référence l'évêque ou son
délégué ; le niveau de la communauté dans laquelle le diacre
exerce son ministère, qui a pour référence le curé ou un autre
prêtre.
77 La
première nomination d'un diacre dans une communauté ou un milieu
pastoral est une étape délicate. Sa présentation aux
responsables de la communauté (curé, prêtres, etc.), et la
présentation de celle-là au diacre lui-même, en plus de
faciliter la connaissance réciproque, contribuera à engager
immédiatement la collaboration sur le plan de l'estime et du
dialogue respectueux, dans un esprit de foi et de charité. La
communauté chrétienne peut s'avérer avantageusement formatrice,
quand le diacre s'y insère avec l'esprit de celui qui sait
respecter les saines traditions, qui sait écouter, discerner,
servir et aimer comme le ferait le Seigneur Jésus.
Cette première
expérience pastorale sera suivie avec une particulière attention
par un prêtre responsable exemplaire, choisi par l'évêque.
78 On
garantira aux diacres des rencontres périodiques avec un contenu
liturgique et spirituel, avec une perspective de recyclage,
d'évaluation et d'étude, au niveau diocésain ou supra-diocésain.
Sous l'autorité de
l'évêque et sans multiplier les structures, il sera bon de
prévoir des rencontres périodiques entre prêtres, diacres,
religieux, religieuses et laïcs engagés dans l'exercice de la
charge pastorale, tant pour dépasser l'isolement de petits
groupes, que pour garantir l'unité de vue et d'action par
rapport aux différents modèles pastoraux.
L'évêque suivra
soigneusement les diacres ses collaborateurs, en participant à
leurs rencontres chaque fois qu'il le pourra, et, s'il est
empêché, en ne manquant pas de se faire représenter.
79 Avec
l'approbation de l'évêque, devra être élaboré un programme de
formation permanente réaliste, réalisable, conforme aux
dispositions présentes, qui tienne compte de l'âge et des
situations particulières des diacres, ainsi que des exigences de
leur ministère pastoral.
Pour ce faire,
l'évêque pourra constituer une équipe de formateurs capables,
ou, éventuellement, demander la collaboration des diocèses
voisins.
80 Il est
souhaitable que l'évêque instaure un organisme de
coordination des diacres, pour programmer, coordonner et
vérifier le ministère diaconal, du discernement des vocations
jusqu'à la formation et à l'exercice du ministère, sans oublier
la formation permanente.
En seront membres
l'évêque lui-même, qui sera le président, ou un prêtre qu'il
aura délégué, ainsi qu'un nombre proportionné de diacres. Cet
organisme ne manquera pas de maintenir les liens nécessaires
avec les autres organismes diocésains.
Des normes propres,
émanées de l'évêque, régleront tout ce qui concerne la vie et le
fonctionnement de cet organisme.
81 Pour
les diacres mariés, on organisera en outre d'autres initiatives
et activités de formation permanente qui, selon l'opportunité,
pourraient aussi impliquer, d'une certaine manière, les épouses
et les familles, en tenant toujours compte d'une distinction
essentielle des rôles et de la claire indépendance du ministère.
82 Les
diacres feront le plus grand cas de toutes les propositions
habituelles de la conférence des Évêques ou des diocèses,
destinées à promouvoir la formation permanente du clergé :
retraites spirituelles, conférences, journées d'études, congrès,
cours complémentaires à caractère théologique et pastoral.
Ils auront soin
également de ne pas déserter les initiatives qui concernent plus
spécialement leur ministère d'évangélisation, de liturgie et de
charité.
Le
Souverain Pontife, Jean-Paul II, a approuvé le présent
Directoire et en a ordonné la publication.
Fait à Rome
au palais des Congrégations, le 22 février 1998, en la fête de
la Chaire de saint Pierre.
Dario
Cardinal Castrillon
Hoyos Préfet
† Csaba
Ternyak
Archevêque titulaire d'Eminenziana, Secrétaire
·
PRIERE
A
LA TRES SAINTE VIERGE MARIE
3 MARIE,
Modèle de foi, qui par ton obéissance à la Parole de Dieu as
collaboré de façon éminente à l'œuvre de la Rédemption, daigne
faire fructifier le ministère des diacres, en leur enseignant à
écouter et à annoncer avec foi la Parole.
MARIE, Modèle
de charité, qui par ta pleine disponibilité à l'appel de Dieu,
as coopéré à la naissance des fidèles de l'Église, daigne rendre
fécond le ministère et la vie des diacres, en leur enseignant à
se donner au service du Peuple de Dieu.
MARIE, Modèle
de prière, qui par ton intercession maternelle as soutenu et
aidé l'Église naissante, daigne rendre les diacres toujours
attentifs aux besoins des fidèles, en leur enseignant à
découvrir la valeur de la prière.
MARIE, Modèle
d'humilité, qui par ta profonde conscience d'être la servante du
Seigneur as été comblée de l'Esprit-Saint, daigne faire des
diacres de dociles instruments de la Rédemption du Christ, en
leur enseignant la grandeur de l'humilité.
MARIE, Modèle
du service caché, qui par ta vie normale et ordinaire remplie
d'amour as su seconder de manière exemplaire le plan du salut,
daigne faire des diacres des serviteurs bons et fidèles, en leur
enseignant la joie de servir dans l'Église avec un amour ardent.
Amen.
RATIO
FUNDAMENTALIS INSTITUTIONIS
DIACONORUM PERMANENTIUM
1 Les
premières indications sur la formation des diacres permanents furent
données par la Lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem
.
Celles-ci furent
ensuite reprises et précisées dans la Lettre circulaire de la Sacrée
Congrégation pour l'Éducation catholique du 16 juillet 1969, Come
è a conoscenza, ou l'on prévoyait “divers types de formation”
selon les “divers types de diaconat” (pour célibataires, hommes
mariés, “destinés aux lieux de mission ou à des Pays encore en voie
de développement”, appelés à “exercer leur fonction dans des Nations
d'une certaine civilisation et d'une culture assez élevée”). Pour la
formation doctrinale, on spécifiait qu'elle devait être au-dessus de
celle d'un simple catéchiste et, de quelque manière, analogue à
celle du prêtre. On établissait ensuite la liste des matières qui
devaient être prises en considération dans l'élaboration du
programme des études
.
Par la suite, la Lettre
apostolique Ad pascendum précisa que, “pour tout ce qui
regarde le cours des études théologiques devant précéder
l'ordination des diacres permanents, il est du devoir des
Conférences épiscopales de promulguer, en fonction des circonstances
locales, les normes opportunes, et de les soumettre à l'approbation
de la Sacrée Congrégation pour l'Éducation catholique”
.
Le nouveau Code de
Droit Canonique intègre les éléments essentiels de ces
dispositions dans le canon CIC 236 .
2 A environ
trente ans de distance de ces premières indications, et en
possession des apports fournis par les expériences qui ont suivi, on
a cru opportun à présent d'élaborer une Ratio fundamentalis
institutionis diaconorum permanentium. Celle-ci a pour but de
s'offrir comme instrument pour orienter et harmoniser, dans le
respect des diversités légitimes, les programmes éducatifs parfois
très différents les uns des autres tracés par les Conférences
Épiscopales et par les diocèses.
3 L'efficacité
de la formation des diacres permanents dépend en grande partie de la
conception théologique du diaconat qui la sous-tend. Celle-ci offre
en effet les coordonnées pour déterminer et orienter l'itinéraire de
la formation et, en même temps, indique le but vers lequel tendre.
La quasi totale
disparition du diaconat permanent dans l'Église d'Occident pendant
plus d'un millénaire a certainement rendu plus difficile la
compréhension de la réalité profonde de ce ministère. On ne peut
cependant pas dire pour autant que la théologie du diaconat soit
sans aucun point de repère autorisé, à la merci complète des
différentes opinions théologiques. Les points de repère existent et
sont très claires, même s'ils exigent d'être ultérieurement
développés et approfondis. On va en rappeler ci-après quelques uns
considérés parmi les plus importants, sans avoir aucunement la
prétention d'être exhaustif en la matière.
4 Comme il en
est de toute autre identité chrétienne il faut avant tout considérer
le diaconat à l'intérieur de l'Église, mystère de communion
trinitaire et d'élan missionnaire. Il s'agit là d'un élément
constitutif dans la définition de l'identité de tout ministre
ordonné, même s'il n'est pas prioritaire, en tant que sa pleine
vérité consiste en une participation spécifique et en une
actualisation du ministère du Christ
.
C'est pour cela que le diacre reçoit l'imposition des mains et se
trouve fortifié d'une grâce sacramentelle spécifique qui l'insère
dans le sacrement de l'ordre
.
5 Le diaconat
est conféré par une effusion spéciale de l'Esprit (ordination),
qui réalise en celui qui la reçoit une configuration spécifique au
Christ, Seigneur et serviteur de tous. Dans la Constitution Lumen
gentium, LG 29 , on précise, en citant un texte des
Constitutiones Ecclesiae Aegyptiacae, que l'imposition des mains
au diacre n'est pas “ad sacerdotium, sed ad ministerium”,
c'est-à-dire, non pour la célébration eucharistique, mais pour le
service. Cette indication, tout comme l'avertissement de Saint
Polycarpe repris aussi par la Constitution Lumen gentium,
LG 29 ,
dégage l'identité théologique propre au diacre: celui-ci, en
participant à l'unique ministère ecclésiastique, est dans l'Église
signe sacramentel spécifique du Christ serviteur. Sa tâche est
d'être “l'interprète des nécessités et des désirs des communautés
chrétiennes” et “l'animateur du service, c'est-à-dire de la
diakonia”,
qui est une partie essentielle de la mission de l'Église.
6 La
matière de l'ordination diaconale est l'imposition des mains de
l'Évêque; la forme consiste dans les paroles de la prière
d'ordination constituée de l'anamnèse, de l'épiclèse et de
l'intercession
.
L'anamnèse (qui parcourt l'histoire du salut centrée sur le Christ)
remonte aux lévites, en rappelant le culte, et aux “sept” des
Actes des Apôtres, en rappelant la charité. L'épiclèse invoque
la force des sept dons de l'Esprit pour que l'ordinand soit à même
d'imiter le Christ comme “diacre”. L'intercession exhorte à une vie
généreuse et chaste.
La forme essentielle
pour le sacrement est l'épiclèse, qui consiste dans les paroles
suivantes : “Nous Te supplions, Seigneur, répands sur eux l'Esprit
Saint, qu'il les fortifie des sept dons de ta grâce, pour qu'ils
accomplissent fidèlement l'oeuvre du ministère”. Les sept dons ont
leur origine dans un passage d'Isaïe (Is 11,2 ), selon
la version développée qu'en ont donné les Septante. Il s'agit
des dons de l'Esprit donnés au Messie, auxquels ont part les
nouveaux ordonnés.
7 En tant que
degré de l'ordre sacré, le diaconat imprime le caractère et
communique une grâce sacramentelle spécifique. Le caractère diaconal
est le signe configuratif et distinctif qui, gravé dans l'âme de
façon indélébile, configure la personne qui est ordonnée au Christ,
qui s'est fait diacre, c'est-à-dire serviteur de tous
.
Ce signe confère une grâce sacramentelle spécifique, qui est force,
vigor specialis, don pour vivre la nouvelle réalité accomplie
par le sacrement. “Quant aux diacres, la grâce sacramentelle leur
donne la force nécessaire pour servir le Peuple de Dieu dans la
diaconia de la Liturgie, de la Parole et de la charité, en
communion avec l'Évêque et son presbyterium”
.
Comme dans tous les sacrements qui impriment le caractère, la grâce
a une virtualité permanente. Elle fleurit et refleurit dans la
mesure ou elle est accueillie et ré-accueillie dans la foi.
8 Dans
l'exercice de leur autorité, les diacres, participant au degré
inférieur du ministère ecclésiastique, dépendent nécessairement des
Évêques, qui ont reçu la plénitude du sacrement de l'ordre. D'autre
part, ils sont placés dans une relation spéciale avec les prêtres,
et c'est en communion avec eux qu'ils sont appelés à servir le
peuple de Dieu
.
D'un point de vue
disciplinaire, le diacre, par l'ordination diaconale, est incardiné
dans l'Église particulière ou dans la Prélature personnelle au
service de laquelle il a été admis, ou bien, comme clerc dans un
Institut religieux de vie consacrée ou dans une Société cléricale de
vie apostolique
.
L'institution de
l'incardination ne représente pas un fait plus ou moins accidentel,
mais se caractérise comme un lien constant de service envers une
portion concrète du peuple de Dieu. Un tel lien implique
l'appartenance ecclésiale à un niveau juridique, humain et spirituel
et l'obligation du service ministériel.
9 Le
ministère du diacre se caractérise par l'exercice des trois
munera propres au ministère ordonné, selon la perspective
spécifique de la diaconia. En référence au munus docendi, le
diacre est appelé à proclamer l'Écriture, à instruire et à exhorter
le peuple
.
Ceci est exprimé dans la remise du livre des Évangiles, prévue dans
le rite lui-même de l'Ordination
.
Le munus
sanctificandi du diacre s'exerce dans la prière, dans la
célébration solennelle du baptême, dans la conservation et la
distribution de l'Eucharistie, dans l'assistance au mariage et la
bénédiction de celui-ci, dans la présidence du rite des funérailles
et de la sépulture et dans la célébration des sacramentaux
.
Il apparaît ainsi évident que le ministère diaconal a son point de
départ et son point d'arrivée dans l'Eucharistie, et ne peut se
ramener à un simple service social.
Enfin, le munus
regendi s'exerce dans le dévouement aux oeuvres de charité et
d'assistance
(
et dans l'animation des communautés ou des secteurs de la vie
ecclésiale, spécialement en ce qui regarde la charité. Il s'agit là
du ministère le plus caractéristique du diacre.
10 Les lignes
du profil ministériel originaire du diaconat ù comme on peut le
constater à partir de l'antique pratique diaconale et des
indications conciliaires ù sont donc très bien définies. Toutefois,
si ce profil ministériel originaire est unique, les modèles concrets
de son exercice restent variés; ceux-ci devront être envisagés d'une
fois à l'autre selon les situations pastorales particulières de
chaque Église. Dans la mise au point de l'itinéraire de formation,
on ne pourra pas, bien évidemment, ne pas en tenir compte.
11 De
l'identité théologique du diacre, dérivent avec clarté les traits de
sa spiritualité spécifique, qui se présente essentiellement comme
une spiritualité du service.
Le modèle par
excellence est le Christ serviteur, qui a vécu totalement au service
de Dieu pour le bien des hommes. Il s'est reconnu comme celui qui
était préfiguré dans le serviteur du premier chant du Livre
d'Isaïe (cf. Lc 4,18-19 ); il a expressément qualifié son
action de diaconie (cf. Mt 20,28; Lc 22,27; Jn 13,1-17; Ph 2,7-8;
1P 2,21-25 )et il a recommandé à ses disciples de faire de même
( Jn 13,34-35; Lc 12,37 ).
La spiritualité du
service est la spiritualité de toute l'Église, en tant que toute
l'Église, à l'image de Marie, est la " servante du Seigneur (
Lc 1,28 ), au service du salut du monde. C'est précisément pour
que toute l'Église puisse mieux vivre cette spiritualité du service
que le Seigneur lui donne le signe vivant et personnel de son être
même de serviteur. Il s'en suit que la spiritualité du service est,
de manière spécifique, la spiritualité du diacre. Celui-ci en effet,
de par l'ordination sacrée, est constitué dans l'Église icône
vivante du Christ serviteur. Le Leitmotiv de sa vie
spirituelle sera donc le service; sa sainteté se manifestera dans un
service généreux et fidèle de Dieu et des hommes, spécialement des
plus pauvres et des souffrants; son engagement ascétique se traduira
dans l'acquisition des vertus requises à l'exercice de son
ministère.
12 Il est
évident que cette spiritualité devra s'intégrer de manière
harmonieuse à la spiritualité liée à l'état de vie de la personne.
Pour cela, la même spiritualité diaconale acquerra des connotations
diverses selon qu'elle se trouve vécue par un homme marié, par un
veuf, par un célibataire, par un religieux, par un consacré vivant
dans le monde. L'itinéraire de formation devra tenir compte de ces
diverses modulations et offrir, selon les types de candidats, des
parcours spirituels différenciés.
13 “Il
appartient aux assemblées d'Évêques ou aux Conférences Épiscopales
légitimes de décider, avec l'assentiment du Souverain Pontife, si et
ou le diaconat doit être institué, comme degré propre et permanent
de la hiérarchie, pour le bien des fidèles”
.
Aux Conférences
Épiscopales, le Code de Droit Canonique attribue encore la
compétence de spécifier par des dispositions complémentaires la
discipline concernant la récitation de la liturgie des heures,
l'âge requis pour l'admission
et la formation à laquelle est consacré le canon 236 ( CIC 236
). Ce canon établit qu'il revient aux Conférences Épiscopales de
promulguer, selon les circonstances de lieu, les normes opportunes
pour que les candidats au diaconat permanent, jeunes ou d'un âge
plus mûr, célibataires ou mariés, “soient formés à mener une vie
évangélique et soient instruits à remplir dûment les devoirs propres
à leur ordre”.
14 Pour aider
les Conférences Épiscopales à tracer des itinéraires de formation
qui, tout en répondant aux exigences des diverses situations
particulières, soient cependant en harmonie avec le parcours
universel de l'Église, la Congrégation pour l'Éducation Catholique a
préparé la présente Ratio fundamentalis institutionis diaconorum
permanentium, qui entend offrir un point de repère pour la
détermination des critères du discernement vocationnel et des
différents aspects de la formation. Un tel document n'établit ù
selon sa nature ù que les lignes les plus fondamentales de caractère
général, qui constituent la norme à laquelle devront se référer les
Conférences Épiscopales dans l'élaboration ou l'éventuel
perfectionnement de leurs rationes nationales respectives.
Ainsi, sans aucunement porter atteinte à la créativité et à
l'originalité des Églises particulières, on va indiquer les
principes et les critères sur la base desquels la formation des
diacres permanents peut être programmée d'une façon assurée et en
harmonie avec les autres Églises.
15 De manière
analogue à ce que le Concile Vatican II lui-même a établit pour les
rationes institutionis sacerdotalis,
les Conférences Épiscopales qui ont restauré le diaconat permanent
sont invitées dans le présent document à soumettre leurs rationes
institutionis diaconorum permanentium respectives à l'examen et
à l'approbation du Saint-Siège. Celui-ci les approuvera d'abord
ad experimentum, puis pour un nombre déterminé d'années, de
manière que puissent être assurées des révisions périodiques.
16 La
restauration du diaconat permanent dans une Nation n'implique pas
l'obligation de sa restauration dans tous les diocèses. Ce sera
l'Évêque diocésain qui, après avoir prudemment entendu l'avis du
Conseil presbytéral et, s'il existe, du Conseil pastoral,
entreprendra cette restauration, en tenant compte des nécessités
concrètes et de la situation spécifique de son Église particulière.
Dans l'éventualité
d'une option pour la restauration du diaconat permanent, l'Évêque
diocésain aura soin de promouvoir une opportune catéchèse sur le
sujet, tant parmi les laïcs que parmi les prêtres et les religieux,
de manière que le ministère diaconal soit compris dans toute sa
profondeur. Il veillera en outre à la mise en place de structures
conformes aux exigences de la préparation des candidats et à la
nomination de collaborateurs adéquatement formés, qui soient
directement responsables de la formation; dans d'autres cas, selon
les circonstances, l'Évêque s'engagera à profiter des structures de
formation d'autres diocèses, ou encore des structures régionales ou
nationales.
L'Évêque se préoccupera
ensuite, sur la base de la ratio nationale et de l'expérience
en cours, de faire rédiger et mettre à jour périodiquement un
règlement diocésain approprié.
17
L'institution du diaconat permanent parmi les membres des Instituts
de vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique est réglée par
les normes de la Lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem.
Celle-ci établit que l'institution du diaconat permanent parmi les
religieux est “un droit réservé au Saint-Siège, auquel il appartient
exclusivement d'examiner et d'approuver les voeux des chapitres
généraux à ce sujet”
.
Tout ce qui a été dit — continue le document — “doit être entendu
comme s'appliquant également aux membres des autres instituts qui
professent les conseils évangéliques”
.
Tout Institut ou
Société qui a obtenu le droit de rétablir en son sein le diaconat
permanent assume la responsabilité de garantir la formation humaine,
spirituelle, intellectuelle et pastorale de ses candidats. Cet
Institut ou Société devra par conséquent s'engager à préparer un
programme propre de formation qui admette le charisme et la
spiritualité propres de l'Institut ou de la Société et soit en même
temps en harmonie avec la présente Ratio fundamentalis,
spécialement en ce qui regarde la formation intellectuelle et
pastorale.
Le programme de chaque
Institut ou Société devra être soumis à l'examen et à l'approbation
de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les
Sociétés de vie apostolique ou de la Congrégation pour
l'Évangélisation des Peuples et de la Congrégation pour les Églises
orientales pour les territoires de leur compétence. La Congrégation
compétente, après avoir entendu l'avis de la Congrégation pour
l'Éducation Catholique pour ce qui a trait à la formation
intellectuelle, l'approuvera d'abord ad experimentum, puis
pour un nombre déterminé d'années, de manière que puissent être
assurées des révisions périodiques.
·
1. L'Église
et l'Évêque
18 La
formation des diacres, comme du reste celle des autres ministres et
de tous les baptisés, est un devoir qui concerne toute l'Église.
Celle-ci, saluée par l'Apôtre Paul comme “la Jérusalem d'en haut” et
“notre mère” ( Ga 4,26 ), engendre à l'image de Marie, “par
la prédication et le baptême, à une vie nouvelle et immortelle, des
fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu”
.
En imitant la maternité de Marie, l'Église accompagne ses fils avec
un amour maternel et prend soin de tous pour que tous atteignent à
la plénitude de leur vocation.
La sollicitude de
l'Église pour ses fils s'exprime dans l'offrande de la parole et des
sacrements, dans l'amour et dans la solidarité, dans la prière et le
dévouement de ses divers ministres. Mais en cette sollicitude, pour
ainsi dire visible, se rend présente celle-là même de l'Esprit du
Christ. En effet, “l'organisme social que constitue l'Église est au
service de l'Esprit du Christ qui lui donne vie, en vue de la
croissance du corps”,
dans sa totalité comme dans la singularité de ses membres.
Dans la sollicitude de
l'Église pour ses fils, le premier protagoniste est donc l'Esprit du
Christ. C'est lui qui les appelle, qui les accompagne et qui forme
leurs coeurs pour que, reconnaissant sa grâce, ils puissent y
correspondre généreusement. L'Église doit être bien consciente de
cette dimension sacramentelle de son oeuvre éducative.
19 Dans la
formation des diacres permanents, le premier signe et instrument
de l'Esprit du Christ est l'Évêque propre (ou le Supérieur majeur
compétent)
.
C'est lui le plus haut responsable de leur discernement et de leur
formation
.
Tout en accomplissant ordinairement cette tâche à travers les
collaborateurs qu'il s'est choisi, il s'efforcera néanmoins, dans
les limites du possible, de connaître personnellement tous ceux qui
se préparent au diaconat.
20 Les
personnes qui, en dépendance de l'Évêque (ou du Supérieur majeur
compétent) et en étroite collaboration avec la communauté diaconale,
ont une responsabilité spéciale dans la formation des candidats au
diaconat permanent sont: le directeur de la formation, le tuteur (là
ou le nombre le requiert), le directeur spirituel et le curé (ou le
ministre à qui le candidat est confié pour le stage diaconal).
21 Le
directeur de la formation, nommé par l'Évêque (ou par le Supérieur
majeur compétent), a la charge d'assurer la coordination des
différentes personnes engagées dans la formation, de présider et
d'animer toute l'oeuvre éducative dans ses diverses dimensions, de
maintenir des contacts avec les familles des aspirants et des
candidats mariés et avec leurs communautés de provenance. Il a par
ailleurs la responsabilité de présenter à l'Évêque (ou au Supérieur
majeur compétent), après avoir entendu l'avis des autres formateurs
à l'exception du directeur spirituel, le jugement d'idonéité sur les
aspirants pour leur admission parmi les candidats, et sur les
candidats pour leur promotion à l'ordre du diaconat.
En raison de ses
charges déterminantes et délicates, le directeur de la formation
devra être choisi avec beaucoup de soin. Il devra être un homme de
foi profonde et avoir un grand sens ecclésial, être en possession
d'une large expérience pastorale et avoir donné des preuves de
sagesse, d'équilibre et de capacité de communion ; il devra en outre
avoir acquis une solide compétence théologique et pédagogique.
Il pourra être prêtre
ou diacre et, de préférence, ne pas être en même temps le
responsable des diacres ordonnés. Il serait préférable en effet que
cette dernière responsabilité reste distincte de celle de la
formation des aspirants et des candidats.
22 Le tuteur,
désigné par le directeur de la formation parmi les diacres ou les
prêtres d'expérience éprouvée et nommé par l'Évêque (ou par le
Supérieur majeur compétent), est l'accompagnateur direct de chaque
aspirant et de chaque candidat. Il est chargé de suivre de près le
cheminement de chacun, en offrant son soutien et son conseil pour la
solution de problèmes éventuels et pour la personnalisation des
divers moments de la formation. Il est par ailleurs appelé à
collaborer avec le directeur de la formation à la programmation des
diverses activités éducatives et à l'élaboration du jugement d'idonéité
à présenter à l'Évêque (ou au Supérieur majeur compétent). Selon les
circonstances, le tuteur aura la responsabilité d'une seule personne
ou d'un petit groupe.
23 Le
directeur spirituel est choisi par chaque aspirant ou candidat. Il
devra être approuvé par l'Évêque ou par le Supérieur majeur. Sa
tâche est de discerner l'oeuvre intérieure que l'Esprit accomplit
dans l'âme des appelés et, en même temps, d'accompagner et de
soutenir l'oeuvre continuelle de leur conversion; il devra en outre
donner des suggestions concrètes pour la maturation d'une
authentique spiritualité diaconale et offrir des impulsions visant à
encourager d'une façon efficace pour l'acquisition des vertus
correspondantes. Pour tout cela, les aspirants et les candidats sont
invités à ne se confier pour la direction spirituelle qu'à des
prêtres de vertu éprouvée, dotés d'une bonne culture théologique,
d'une profonde expérience spirituelle, d'un sens pédagogique marqué,
d'une forte et exquise sensibilité ministérielle.
24 Le curé (ou
un autre ministre) est choisi par le directeur de la formation en
accord avec l'équipe éducative et en tenant compte des diverses
situations des candidats. Il est appelé à offrir à celui qui lui a
été confié le témoignage d'une profonde communion ministérielle, en
l'initiant aux activités pastorales les plus appropriées et en
l'accompagnant dans leur accomplissement; il aura soin également de
faire une vérification périodique du travail fourni par le candidat
lui-même et de rendre compte du déroulement du stage au directeur de
la formation.
25 Les
enseignants concourent de manière importante à la formation des
futurs diacres. Ceux-ci en effet, à travers l'enseignement du
sacrum depositum gardé par l'Église, alimentent la foi des
candidats et les habilitent à la fonction de maîtres du peuple de
Dieu. Pour cette raison, ils doivent se préoccuper, non seulement
d'acquérir la compétence scientifique nécessaire et une capacité
pédagogique suffisante, mais aussi de témoigner par leur vie de la
Vérité qu'ils enseignent.
Afin de pouvoir
harmoniser leur contribution spécifique avec les autres dimensions
de la formation, il est important que les professeurs se montrent
disponibles, selon les circonstances, à collaborer et à se
confronter avec les autres personnes engagées dans la formation. Ils
contribueront ainsi à offrir aux candidats une formation unifiée et
leur faciliteront le nécessaire travail de synthèse.
26 Les
aspirants et les candidats au diaconat permanent constituent
nécessairement un milieu original, une communauté ecclésiale
spécifique qui influe profondément sur la dynamique de formation.
Les préposés à la
formation doivent se préoccuper qu'une telle communauté soit marquée
de spiritualité profonde, du sens d'appartenance, d'esprit de
service et d'élan missionnaire, et ait un rythme bien précis de
rencontres et de prière.
La communauté de
formation des diacres permanents pourra ainsi constituer, pour les
aspirants et les candidats au diaconat, un précieux soutien dans le
discernement de leur vocation, dans leur maturation humaine, dans
leur initiation à la vie spirituelle, dans l'étude théologique et
l'expérience pastorale.
27 Les
communautés de provenance des aspirants et des candidats au diaconat
peuvent exercer une influence non négligeable sur leur formation.
Pour les aspirants et
les candidats plus jeunes, la famille peut constituer une aide
extraordinaire. Elle devra être invitée à “accompagner le parcours
de formation par la prière, le respect, le bon exemple des vertus
familiales et l'aide spirituelle et matérielle, surtout dans les
moments difficiles... Même dans le cas de parents et de membres de
la famille indifférents et opposés au choix vocationnel, la
confrontation claire et sereine à leur position et les stimulations
qui en découlent peuvent être d'un grand secours pour le mûrissement
plus conscient et plus déterminé de la vocation”
.
Pour tout ce qui concerne les aspirants et les candidats mariés, on
devra s'efforcer de faire en sorte que la communion conjugale
contribue validement à soutenir leur cheminement de formation vers
le diaconat.
La communauté
paroissiale est appelée à accompagner l'itinéraire de chacun de ses
membres vers le diaconat par le soutien de la prière et un parcours
adéquat de catéchèse qui, tout en sensibilisant les fidèles à ce
ministère, apporte au candidat une aide valable pour le discernement
de sa vocation.
Les groupes ecclésiaux
d'ou proviennent aspirants et candidats au diaconat peuvent
continuer à leur apporter assistance et soutien, lumière et chaleur.
Mais, ils doivent, en même temps, témoigner du respect pour l'appel
ministériel de leurs membres en ne mettant pas d'obstacle, mais bien
plutôt en favorisant en eux la maturation d'une spiritualité et
d'une disponibilité authentiquement diaconales.
·
6.
L'aspirant et le candidat
28 Enfin,
celui qui se prépare au diaconat “doit se dire protagoniste
nécessaire et irremplaçable de sa formation : toute formation... est
finalement une autoformation”
.
L'autoformation ne
signifie pas isolement, fermeture ou indépendance par rapport aux
formateurs, mais responsabilité et dynamisme dans une réponse
généreuse à l'appel de Dieu, en valorisant au maximum les personnes
et les instruments que la Providence met à disposition.
L'autoformation a son
origine dans une ferme détermination à croître dans la vie selon
l'Esprit en conformité à la vocation reçue et elle s'alimente dans
l'humble disponibilité à reconnaître ses propres limites et ses
propres dons.
29 “L'histoire
de toute vocation sacerdotale comme d'ailleurs de toute vocation
chrétienne, est l'histoire d'un dialogue ineffable entre Dieu et
l'homme, entre l'amour de Dieu qui appelle et la liberté de
l'homme qui dans l'amour répond à Dieu”
.
Mais, à côté de l'appel de Dieu et de la réponse de l'homme, il y a
un autre élément constitutif de la vocation et en particulier de la
vocation ministérielle : l'appel public de l'Église. “Vocari a Deo
dicuntur qui a legitimis Ecclesiae ministris vocantur”
.
L'expression ne doit pas s'entendre en un sens à prédominance
juridique, comme si c'était à l'autorité qui appelle de déterminer
la vocation, mais en un sens sacramentel, qui considère
l'autorité qui appelle comme le signe et l'instrument de
l'intervention personnelle de Dieu, qui se réalise dans l'imposition
des mains. Dans cette perspective, toute élection régulière
traduit une inspiration et représente un choix de Dieu. Le
discernement de l'Église est donc décisif pour le choix de la
vocation; ceci vaut d'autant plus, en raison de sa signification
ecclésiale, pour le choix d'une vocation au ministère ordonné.
Un tel discernement
doit être conduit sur la base de critères objectifs, qui mettent à
profit l'antique tradition de l'Église et tiennent compte des
nécessités pastorales actuelles. Parmi les qualités à prendre en
considération pour le discernement des vocations au diaconat
permanent, les unes sont d'ordre général et les autres plus en
correspondance avec l'état de vie particulier des appelés.
30 Le premier
profil diaconal est tracé dans la Première Lettre de S. Paul à
Timothée : “les diacres, eux aussi, seront des hommes dignes,
n'ayant qu'une parole, modérés dans l'usage du vin, fuyant les
profits déshonnêtes. Qu'ils gardent le mystère de la foi dans une
conscience pure. On commencera par les mettre à l'épreuve, et
ensuite, si on n'a rien à leur reprocher, on les admettra aux
fonctions de diacre... Les diacres doivent être maris d'une seule
femme, savoir bien gouverner leurs enfants et leur propre maison.
Ceux qui remplissent bien leurs fonctions s'acquièrent un rang
honorable et une ferme assurance dans la foi en Jésus-Christ” (
1Tm 3,8-10; 1Tm 3,12-13 ).
Les qualités énumérées
par S. Paul sont pour la plupart des qualités humaines, comme pour
dire que les diacres ne pourront accomplir leur ministère que s'ils
sont aussi des modèles humainement appréciés. Nous trouvons un écho
du rappel de S. Paul en d'autres textes des Pères Apostoliques,
spécialement dans la Didachè et dans saint Polycarpe. La
Didachè exhorte “à choisir les évêques et des diacres dignes du
Seigneur, hommes pleins de douceur, détachés de l'argent, véridiques
et éprouvés”,
et saint Polycarpe conseille : “Les diacres doivent être
irréprochables du point de vue de la justice, comme ministres de
Dieu et du Christ et non des hommes; non calomniateurs, exempts de
duplicité, détachés de l'argent; tolérants en toute chose,
miséricordieux, actifs ; qu'ils cheminent dans la vérité du Seigneur
qui s'est fait le serviteur de tous”
.
31 La
tradition de l'Église a dans la suite complété et précisé les
qualités qui garantissent l'authenticité d'un appel au diaconat Ce
sont avant tout celles qui valent pour tous les ordres en général :
“Seront seuls promus aux ordres ceux qui... ont une foi intègre,
sont animés par une intention droite, possèdent la science voulue,
jouissent d'une bonne réputation et sont dotés de moeurs intègres,
de vertus éprouvées et des autres qualités physiques et psychiques
en rapport avec l'ordre qu'ils vont recevoir”
.
32 Diverses
qualités humaines spécifiques et vertus évangéliques exigées par la
diaconia complètent le profil du diacre. Parmi les qualités
humaines sont à signaler: la maturité psychique, la capacité de
dialogue et de communication, le sens des responsabilités, l'amour
du travail, l'équilibre et la prudence. Parmi les vertus
évangéliques ont une particulière importance : la prière, la piété
eucharistique et mariale, un sens de l'Église humble et
particulièrement marqué, l'amour de l'Église et de sa mission,
l'esprit de pauvreté, la capacité d'obéissance et de communion
fraternelle, le zèle apostolique, la disponibilité pour le service,
la charité envers les frères.
33 Par
ailleurs, les candidats au diaconat doivent être vitalement insérés
dans une communauté chrétienne et avoir déjà exercé dans un
engagement digne d'éloge les œuvres d'apostolat.
34 Les diacres
peuvent venir de tous les milieux sociaux et exercer n'importe
quelle activité ou profession pourvu que, selon les normes de
l'Église et au jugement prudent de l'Évêque, elle ne soit pas
inconvenante à l'état diaconal
.
Par ailleurs, cette activité doit être pratiquement conciliable avec
les engagements de formation et l'exercice effectif du ministère.
35 Quand à
l'âge minimum, le Code de Droit Canonique établit que “le
candidat au diaconat permanent qui ne serait pas marié ne doit pas y
être admis, s'il n'a pas au moins vingt-cinq ans accomplis ; un
candidat qui est marié ne doit pas y être admis s'il n'a pas au
moins trente-cinq ans accomplis”
.
Les candidats, enfin,
doivent être libres d'irrégularités et d'empêchements.
36 “En vertu
de la loi de l'Église, confirmée par le même Concile oecuménique,
ceux qui ont été appelés dans leur jeunesse au diaconat sont tenus
d'observer la loi du célibat”
.
C'est une loi qui convient particulièrement au ministère sacré, à
laquelle se soumettent librement ceux qui en ont reçu le charisme.
Le diaconat permanent
vécu dans le célibat donne au ministère certaines accentuations
particulières. L'identification sacramentelle avec le Christ est en
effet placée dans le contexte du coeur non partagé. c'est-à-dire
d'un choix sponsal exclusif, perpétuel et total de l'unique et
suprême Amour; le service de l'Église peut compter sur une pleine
disponibilité; l'annonce du Règne est étayée par le témoignage
courageux de celui qui, pour ce Règne, a aussi laissé les biens les
plus chers.
37 “Lorsqu'il
s'agit d'hommes mariés, il faut veiller à ce que soient promus au
diaconat ceux-là seulement qui, vivant déjà depuis de nombreuses
années dans le mariage, ont montré qu'ils savent diriger leurs
maisons, dont la femme et les enfants mènent une vie vraiment
chrétienne et ont en tous points une bonne réputation”
.
En outre, une fois
attestée la stabilité de leur vie familiale, les candidats mariés ne
peuvent être admis “qu'après s'être assurés non seulement du
consentement de leur épouse, mais aussi de sa probité chrétienne et
de la présence en elle de qualités naturelles qui ne feront pas
obstacle au ministère de son mari ou ne le déshonoreront pas”
.
38 “Après
réception de l'ordre du diaconat, même ceux qui ont été appelés à un
âge plus mûr ne sont pas habilités, à contracter mariage, en vertu
de la discipline ecclésiastique traditionnelle”
.
Le même principe vaut pour les diacres demeurés veufs
.
Ils sont appelés à donner une preuve de solidité humaine et
spirituelle dans leur condition de vie.
Une autre condition
pour que les diacres veufs puissent être accueillis est qu'ils aient
déjà pourvus ou montrent qu'ils sont en état de pourvoir
adéquatement aux besoins humains et chrétiens de leurs enfants.
39 Les diacres
permanents appartenant à des Instituts de vie consacrée ou à des
Sociétés de vie apostolique
sont appelés à enrichir leur ministère du charisme particulier
qu'ils ont reçu. Leur action pastorale, en effet, tout en étant sous
la juridiction de l'Ordinaire du lieu,
est cependant caractérisée par les traits particuliers de leur état
de vie religieux ou consacré. C'est pourquoi ils devront s'engager à
harmoniser la vocation religieuse ou consacrée avec la vocation
ministérielle et à apporter leur contribution originale à la mission
de l'Église.
40 La décision
d'entreprendre l'itinéraire de la formation diaconale peut advenir
sur initiative de l'aspirant lui-même ou sur proposition explicite
de la communauté à laquelle appartient l'aspirant. En tout cas, une
telle décision doit être accueillie et partagée par la communauté.
Au nom de la
communauté, c'est le curé (ou le supérieur, dans les cas des
religieux) qui doit présenter à l'Évêque (ou au Supérieur majeur
compétent) l'aspirant au diaconat. Il le fera en joignant à la
candidature la présentation des motifs qui la soutiennent et un
curriculum vitae et pastoral de l'aspirant.
L'Évêque (ou le
Supérieur majeur compétent), après avoir consulté le directeur de la
formation et l'équipe éducative, décidera d'admettre ou non
l'aspirant à la période propédeutique.
41 Avec
l'admission parmi les candidats au diaconat commence une période
propédeutique, qui devra avoir une durée convenable. C'est une
période au cours de laquelle les aspirants seront introduits à une
plus profonde connaissance de la théologie, de la spiritualité et du
ministère diaconal et seront invités à un discernement plus attentif
de leur vocation.
42 Le
responsable de la période propédeutique est le directeur de la
formation qui, selon les cas, pourra confier les aspirants à un ou
plusieurs tuteurs. Il est souhaitable, là ou les circonstances le
permettent, que les aspirants forment une communauté avec un rythme
propre de rencontres et de prière qui prévoit aussi des moments
communs avec la communauté des candidats.
Le directeur de la
formation vérifiera que chaque aspirant soit accompagné d'un
directeur spirituel approuvé et prendra contact avec le curé de
chacun (ou un autre prêtre) pour programmer un stage pastoral. En
outre il aura soin de prendre contact avec les familles des
aspirants mariés pour s'assurer de la disponibilité à accepter,
partager et accompagner la vocation d'un de leurs membres.
43 Le
programme de la période propédeutique, en principe, ne devrait pas
prévoir des cours de caractère scolaire, mais des rencontres de
prière, des instructions, des moments de réflexion et de
confrontation orientés à favoriser l'objectivité du discernement de
la vocation, selon un plan bien structuré.
Déjà, dès cette
période, on aura aussi le souci d'impliquer les épouses des
aspirants.
44 Les
aspirants, sur la base des qualités requises pour le ministère
diaconal, seront invités à opérer un discernement libre et
conscient, sans se laisser conditionner par des intérêts personnels
ou des pressions externes de quelque type que ce soit
.
A la fin de la période
propédeutique, le directeur de la formation, après avoir consulté
l'équipe éducative et en tenant compte de tous les éléments en sa
possession, présentera à l'Évêque propre (ou au Supérieur majeur
compétent) une attestation qui trace le profil de la personnalité du
candidat et aussi, sur demande, un jugement d'idonéité.
Pour sa part, l'Évêque
(ou le Supérieur majeur compétent) n'inscrira au nombre des
candidats que ceux à propos desquels il sera parvenu, soit en vertu
de sa connaissance personnelle, soit par les informations reçues des
éducateurs, à la certitude morale de l'idonéité.
45 L'admission
parmi les candidats à l'ordre du diaconat se fait par un rite
liturgique approprié, “grâce auquel celui qui aspire au diaconat ou
au presbytérat manifeste publiquement sa volonté de s'offrir à Dieu
et à l'Église pour exercer l'ordre sacré ; l'Église, de son côté, en
recevant cette offrande, le choisit et l'appelle pour qu'il se
prépare à recevoir l'ordre sacré, et soit ainsi régulièrement admis
parmi les candidats au diaconat”
.
46 Le
Supérieur compétent pour cette acceptation est l'Évêque propre ou,
pour les membres d'un Institut religieux clérical de droit
pontifical ou d'une Société cléricale de vie apostolique de droit
pontifical, le Supérieur majeur
.
47 En raison
de son caractère public et de sa signification ecclésiale, le rite
sera valorisé de manière adéquate et célébré de préférence un jour
de fête. L'aspirant s'y préparera par une retraite spirituelle.
48 Le rite
liturgique de l'admission doit être précédé d'une demande
d'inscription parmi les candidats, rédigée et signée de la main de
l'aspirant lui-même et acceptée par écrit de l'Évêque propre ou du
Supérieur majeur auquel elle est adressée
.
L'inscription parmi les
candidats au diaconat ne donne lieu à aucun droit à recevoir
nécessairement l'ordination diaconale. Elle est une première
reconnaissance officielle des signes positifs de la vocation au
diaconat, qui doit être confirmée dans les années suivantes de la
formation.
49 Pour tous
les candidats, le programme de formation doit durer au moins trois
ans, outre la période propédeutique
.
50 Le Code
de Droit Canonique prescrit que les jeunes candidats reçoivent
leur formation “en passant trois années dans une maison appropriée à
moins que pour des raisons graves l'Évêque diocésain n'en ait décidé
autrement”
.
Pour la création de ces maisons, “les Évêques d'une même région ou,
si cela est nécessaire, les Évêques de plusieurs régions d'une même
nation, selon la diversité des circonstances, uniront leurs efforts.
Ils choisiront donc pour les diriger des supérieurs particulièrement
aptes et ils établiront une soigneuse réglementation de la
discipline et du programme des études”
.
On veillera à ce que ces candidats soient en relation avec les
diacres de leur diocèse d'appartenance.
51 Pour les
candidats d'âge plus mûr, qu'ils soient célibataires ou mariés, le
Code de Droit Canonique prescrit “une formation selon un
programme de trois ans tel qu'il est déterminé par la Conférence
Épiscopale”
.
Celui-ci doit être mis en oeuvre, là ou les circonstances le
permettent, dans le contexte d'une vivante participation à la
communauté des candidats, qui aura son calendrier propre de
rencontres de prière et de formation et prévoira aussi des moments
communs avec la communauté des aspirants.
Pour ces candidats,
divers modèles d'organisation de la formation sont possibles. En
raison des engagements de travail ou familiaux, les modèles les plus
habituels prévoient les rencontres de formation et d'études pendant
les heures du soir, les fins de semaine, les temps de vacances ou
selon un autre agencement de possibilités diverses. Là ou les
facteurs géographiques se révéleraient particulièrement difficiles,
on devrait penser à d'autres modèles, déployés sur un arc de temps
plus long ou faisant usage des moyens modernes de communication.
52 Pour les
candidats appartenant à des Instituts de vie consacrée ou à des
Sociétés de vie apostolique, la formation sera faite selon les
directives de l'éventuelle ratio de l'Institut propre ou de
la Société propre, mais en utilisant les structures du diocèse ou se
trouvent les candidats.
53 Dans les
cas ou les parcours indiqués ci-dessus ne seront pas mis en oeuvre
ou se révéleront impraticables, “la formation de l'aspirant sera
confiée à un prêtre de vertu éminente qui prendra soin de lui,
l'instruira et pourra ainsi témoigner de sa prudence et de sa
maturité. Mais il faut cependant toujours veiller à ce que seulement
des hommes capables et expérimentés soient admis à cet Ordre sacré”
.
54 Dans tous
les cas, le directeur de la formation (ou le prêtre qui en a reçu la
charge) vérifiera que durant tout le temps de la formation, chaque
candidat persévère dans son engagement à suivre une direction
spirituelle sous la conduite un directeur spirituel approuvé. Il
veillera, en outre, à accompagner, à évaluer et éventuellement à
modifier le stage pastoral de chacun.
55 Le
programme de la formation dont on donnera une ligne générale dans le
prochain chapitre, devra intégrer harmonieusement les diverses
dimensions de la formation (humaine, spirituelle, théologique et
pastorale), être bien fondé théologiquement, avoir une finalisation
pastorale spécifique et être adapté aux nécessités et aux programmes
de la pastorale locale.
56 On devra y
impliquer, selon les formes que l'on jugera opportunes, les épouses
et les enfants des candidats mariés et donc aussi leurs communautés
d'appartenance. En particulier, l'on prévoira aussi pour les épouses
des candidats un programme de formation qui leur soit spécifique,
pour les préparer à leur future mission d'accompagnement et de
soutien du ministère de leur mari.
57 “Avant
d'être promu au diaconat, permanent ou transitoire, il est requis
d'avoir reçu et exercé pendant un temps convenable les ministères de
lecteur et d'acolyte”,
“afin de mieux se préparer aux futurs services de la parole et de
l'autel”
.
L'Église, en effet, “estime très opportun que les candidats aux
ordres sacrés, à la fois par l'étude et par l'exercice graduel du
ministère de la parole et de l'autel, connaissent et méditent de
l'intérieur ce double aspect de la fonction sacerdotale”. De cette
manière, l'authenticité de leur ministère sera mis en évidence avec
la plus grande efficacité. Les candidats s'approcheront alors des
ordres sacrés, pleinement conscients de leur vocation, “dans la
ferveur de l'esprit, prompts à servir le Seigneur, assidus à la
prière, attentifs aux besoins des saints” (Rm 12,11-13)
.
L'identité de ces
ministères et leur importance pastorale se trouvent éclairés par la
Lettre apostolique Ministeria quaedam, à laquelle l'on
renvoie.
58 Les
aspirants au lectorat et à l'acolytat, à l'invitation du directeur
de la formation, feront une demande d'admission, rédigée librement
et signée, à l'Ordinaire (l'Évêque ou le Supérieur majeur), à qui en
revient l'acceptation
.
L'acceptation ayant eu lieu, l'Évêque ou le Supérieur majeur
procédera à la collation des ministères, selon le rite du
Pontifical Romain
.
59 Entre la
collation du lectorat et de l'acolytat, il est opportun que s'écoule
un certain temps de manière que le candidat puisse exercer le
ministère reçu
.
“Entre la collation de l'acolytat et celle du diaconat, il y aura un
intervalle d'au moins six mois”
.
·
6.
L'ordination diaconale
60 A la fin du
parcours de formation, le candidat qui, d'accord avec le directeur
de la formation, estime avoir les qualités nécessaires pour être
ordonné, peut adresser à l'Évêque propre ou au Supérieur majeur
compétent “une déclaration écrite et signée de sa propre main, par
laquelle il atteste qu'il entend recevoir l'ordre sacré spontanément
et librement et qu'il se consacrera pour toujours au ministère
ecclésiastique, demandant en même temps d'être admis à recevoir
l'ordre”
.
61 A cette
demande, le candidat devra joindre un certificat de baptême et de
confirmation ainsi que de la réception des ministères qui a déjà eu
lieu et dont il est question au canon CIC 1035 ; il ajoutera
une attestation des études régulièrement accomplies selon la norme
du canon CIC 1032
.
Si l'ordinand qui doit être promu est marié, il doit présenter le
certificat de mariage e le consentement écrit de l'épouse
.
62 Une fois
reçue la demande de l'ordinand, l'Évêque (ou le Supérieur majeur
compétent) évaluera par un examen attentif son idonéité. Il
examinera surtout l'attestation que le directeur de la formation est
tenu de lui présenter “au sujet des qualités requises chez le
candidat pour la réception de l'ordre, à savoir : doctrine sûre,
piété authentique, bonnes moeurs, aptitude à l'exercice du
ministère ; et de plus, après recherche soigneusement faite, état de
santé physique et psychique”
.
L'Évêque diocésain ou le Supérieur majeur, “pour que l'enquête soit
correctement menée, peut faire appel à d'autres moyens qui lui
paraissent utiles selon les circonstances de temps et de lieu, tels
que lettres testimoniales, publications ou autres renseignements”
.
L'Évêque ou le
Supérieur majeur compétent, après avoir vérifié l'idonéité du
candidat et s'être assuré qu'il est conscient des nouvelles
obligations qu'il assume,
l'admettra à l'ordre du diaconat.
63 Avant
l'ordination, le candidat célibataire doit assumer publiquement
l'obligation du célibat, selon le rite prescrit ;
à cette obligation est aussi tenu le candidat appartenant à un
Institut de vie consacrée ou à une Société de vie apostolique et
ayant prononcé les vœux perpétuels, ou d'autres formes d'engagement
définitif, dans son Institut ou Société
.
Tous les candidats sont tenus de faire personnellement, avant
l'ordination, leur profession de foi et de prêter le serment de
fidélité, selon les formules approuvées par le Siège Apostolique, en
présence de l'Ordinaire du lieu ou de son délégué
.
64 “Chacun
sera ordonné... au diaconat par son Évêque propre, ou en ayant de
lui des lettres dimissoriales régulières”
.
Si celui qui doit être promu appartient à un Institut religieux
clérical de droit pontifical ou à une Société cléricale de vie
apostolique de droit pontifical, il revient à son Supérieur majeur
de lui accorder les lettres dimissoriales
.
65
L'ordination, accomplie selon le rite du Pontifical Romain,
sera célébrée au cours de la Messe solennelle, de préférence le
dimanche ou un jour de fête de précepte et généralement dans
l'Église cathédrale
.
Les ordinands s'y prépareront “en suivant les exercices spirituels
pendant au moins cinq jours, à l'endroit et de la manière fixés par
l'Ordinaire”
.
Au cours du rite, on donnera un relief spécial à la participation
des épouses et des enfants des ordinands mariés.
66 La
formation humaine a pour but de façonner la personnalité des
ministres sacrés de manière à ce qu'ils deviennent “un pont
et non un obstacle pour les autres dans la rencontre avec
Jésus-Christ Rédempteur de l'homme”
.
Pour cela, ils doivent recevoir une éducation qui leur donne
d'acquérir et de perfectionner une série de qualités humaines qui
leur permettent de bénéficier de la confiance de la communauté, de
s'engager avec sérénité dans le service pastoral, de vivre plus
facilement la rencontre et le dialogue.
De manière analogue aux
indications de Pastores dabo vobis pour la formation des
prêtres, les candidats au diaconat devront eux aussi être éduqués “à
l'amour de la vérité, à la loyauté, au respect de toute personne, au
sens de la justice, à la fidélité à la parole donnée, à la véritable
compassion, à la cohérence et, en particulier, à l'équilibre du
jugement et du comportement”
.
67 La capacité
de relation avec les autres revêt une importance particulière pour
les diacres appelés à être des hommes de communion et de service.
Ceci exige qu'ils soient affables, accueillants, sincères dans leurs
propos et dans leur coeur, prudents, discrets, généreux et prêts à
rendre service, capables d'établir avec les autres et de susciter
chez tous des relations sincères et fraternelles, prompts à
comprendre, à pardonner et à consoler
.
Un candidat qui serait excessivement fermé sur lui-même, irritable
et incapable d'établir des relations significatives et sereines avec
les autres, devrait opérer une profonde conversion avant de pouvoir
s'avancer résolument sur la voie du service ministériel.
68 A la racine
de la capacité de relation avec les autres, il y a la maturité
affective, qui doit être obtenue avec une large marge de sécurité
aussi bien chez le candidat célibataire que chez celui qui est
marié. Une telle maturité suppose, chez les deux types de candidats,
la découverte du caractère central de l'amour dans sa propre
existence et la lutte victorieuse contre l'égoïsme. En réalité,
comme l'a écrit le Pape Jean-Paul II dans l'encyclique Redemptor
hominis, “l'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour
lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens, s'il
ne reçoit pas la révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas
l'amour, s'il n'en fait pas l'expérience et s'il ne le fait pas
sien, s'il n'y participe pas fortement”
.
Il s'agit d'un amour ù explique le Pape dans Pastores dabo vobis
ù qui englobe la personne entière, dans ses dimensions physiques,
psychiques et spirituelles et qui exige donc une maîtrise réelle et
pleinement personnelle de la sexualité
.
Pour les candidats
célibataires, vivre l'amour signifie offrir la totalité de son être,
de ses énergies et de sa sollicitude à Jésus-Christ et à l'Église.
C'est une vocation difficile qui doit compter avec les inclinations
de l'affectivité et les pulsions de l'instinct et qui nécessite pour
cela renoncement et vigilance, prière et fidélité à une règle de vie
bien précise. Une aide décisive peut être apportée par la présence
de vraies amitiés, qui constituent un précieux secours et un soutien
providentiel dans la réalisation de sa propre vocation
.
Pour les candidats
mariés, vivre l'amour signifie s'offrir eux-mêmes à leurs propres
épouses, dans une appartenance réciproque, par un lien total, fidèle
et indissoluble, à l'image de l'amour du Christ pour son Église;
cela signifie en même temps accueillir les enfants, les aimer et les
élever, et rayonner la communion familiale sur toute l'Église et la
société. C'est une vocation mise aujourd'hui à dure épreuve par la
dégradation préoccupante de certaines valeurs fondamentales et par
l'exaltation de l'hédonisme et d'une fausse conception de la
liberté. Pour être vécue en plénitude, la vocation à la vie
familiale exige d'être alimentée par la prière, la liturgie et
l'offrande quotidienne de soi
.
69 Une
condition pour une authentique maturité humaine est l'éducation à la
liberté, qui prend les traits d'une obéissance à la vérité de son
être propre. “Ainsi comprise, la liberté exige que la personne soit
vraiment maîtresse d'elle-même, décidée à combattre et à surmonter
les diverses formes d'égoïsme et d'individualisme qui menacent la
vie de chacun, prompte à s'ouvrir aux autres, généreuse dans le
dévouement et le service du prochain”
.
L'éducation à la liberté inclut aussi la formation de la conscience
morale, qui entraîne à l'écoute de la voix de Dieu au plus profond
du coeur et à sa ferme adhésion.
70 Ces
multiples aspects de la maturité humaine ù qualités humaines,
capacité de relation, maturité affective, éducation à la liberté et
à la conscience morale ù devront être pris en considération en
tenant compte de l'âge, de la formation précédente des candidats et
planifiés avec des programmes personnalisés. Le directeur de la
formation et le tuteur interviendront selon leur part de
compétence ; le directeur spirituel ne manquera pas de prendre en
considération ces aspects et de les vérifier dans les colloques de
direction spirituelle. On relève aussi l'utilité de rencontres et de
conférences qui peuvent aider la révision et stimuler la maturation.
La vie communautaire ù selon les diverses formes ou elle pourra être
programmée ù constituera un cadre privilégié pour la vérification et
la correction fraternelle. Dans les cas ou, au jugement des
formateurs, cela apparaît nécessaire, on pourra recourir, avec le
consentement des intéressés, à une consultation psychologique.
71 La
formation humaine s'ouvre et se complète dans la formation
spirituelle, qui constitue le coeur et le centre unificateur de
toute formation chrétienne. Sa fin est de tendre au développement de
la vie nouvelle reçue au baptême.
Quand un candidat
commence le parcours de formation diaconale, il est généralement en
possession d'une certaine expérience de vie spirituelle comme, par
exemple, la reconnaissance de l'action de l'Esprit, l'écoute et la
méditation de la Parole de Dieu, le goût de la prière, l'engagement
au service des frères, la disponibilité au sacrifice, le sens de
l'Église, le zèle apostolique. Selon son état de vie, il a déjà mûri
une certaine spiritualité bien précise : familiale, de consécration
dans le monde ou de consécration dans la vie religieuse. La
formation spirituelle du futur diacre ne pourra donc ignorer cette
expérience déjà acquise, mais devra la vérifier et la renforcer,
pour greffer sur elle les traits spécifiques de la spiritualité
diaconale.
72 L'élément
qui caractérise le plus la spiritualité diaconale est la découverte
et le partage de l'amour du Christ serviteur, venu non pour être
servi, mais pour servir. Le candidat devra donc être aidé dans
l'acquisition progressive de ces attitudes qui, sans être
exclusivement diaconales, le sont cependant d'une façon
caractéristique, comme la simplicité du cœur, le don total et
désintéressé de soi, l'amour humble et serviable envers les frères,
surtout les plus pauvres, les plus souffrants et nécessiteux, le
choix d'un certain style de partage et de pauvreté. Marie la
servante du Seigneur sera présente sur ce chemin et invoquée,
dans la récitation quotidienne du Rosaire, comme mère et
auxiliatrice.
73 La source
de cette nouvelle capacité d'amour est l'Eucharistie qui
caractérise, d'une façon significative, le ministère du diacre. Le
service des pauvres en effet est la continuation logique du service
de l'autel. C'est pourquoi le candidat sera invité à participer
chaque jour, ou au moins fréquemment, dans les limites de ses
propres engagements familiaux et professionnels, à la célébration
eucharistique et sera aidé à en pénétrer toujours plus le mystère.
Dans la perspective de cette spiritualité eucharistique, on aura le
souci de valoriser adéquatement le sacrement de Pénitence.
74 Un autre
élément caractéristique de la spiritualité diaconale est la Parole
de Dieu, dont le diacre est appelé à être l'annonciateur autorisé,
en croyant ce qu'il proclame, en enseignant ce qu'il croit, en
vivant ce qu'il enseigne
.
C'est pourquoi le candidat devra apprendre à connaître toujours plus
en profondeur la Parole de Dieu et chercher en elle l'aliment
constant de sa vie spirituelle, à travers l'étude appliquée et
amoureuse et l'exercice quotidien de la lectio divina.
75
L'introduction au sens de la prière de l'Église ne devra pas non
plus faire défaut. Prier au nom de l'Église et pour l'Église fait en
effet partie du ministère du diacre. Ceci exige une réflexion sur
l'originalité de la prière chrétienne et sur le sens de la liturgie
des Heures, mais surtout l'initiation pratique à celle-ci. Dans ce
but, il est important qu'en toutes les rencontres entre futurs
diacres il y ait du temps consacré à cette prière.
76 Le diacre
incarne enfin le charisme du service comme participation au
ministère ecclésiastique. Ceci a d'importantes incidences sur sa vie
spirituelle, qui devra être marquée par l'obéissance et la communion
fraternelle. Une authentique éducation à l'obéissance, bien loin de
diminuer les dons reçus avec la grâce de l'ordination, garantira
plutôt à l'élan apostolique l'authenticité ecclésiale. La communion
avec les confrères ordonnés, prêtres et diacres, est, à son tour, un
réconfort qui peut soutenir et stimuler la générosité du ministre.
Aussi le candidat devra-t-il être éduqué au sens de l'appartenance
au corps des ministres ordonnés, à la collaboration fraternelle avec
eux et au partage spirituel.
77 Les moyens
de cette formation sont les retraites mensuelles et les exercices
spirituels annuels; les instructions à programmer selon un plan
organique et progressif, qui tienne compte des diverses étapes de la
formation; l'accompagnement spirituel qui doit pouvoir être assidu.
C'est en particulier le devoir du directeur spirituel d'aider le
candidat à discerner les signes de sa vocation, à se placer en une
attitude de continuelle conversion, à mûrir les traits propres de la
spiritualité diaconale, en puisant aux écrits de la spiritualité
classique et aux exemples des saints, à réaliser une synthèse
harmonieuse entre l'état de vie, la profession et le ministère.
78 On fera en
outre le nécessaire pour que les épouses des candidats mariés
croissent dans la conscience de la vocation de leur mari et de la
mission propre qu'elles ont auprès de lui. Pour cela, elles seront
invitées à participer régulièrement aux rencontres de formation
spirituelle.
Pour les enfants aussi,
devront être prises d'opportunes initiatives de sensibilisation au
ministère diaconal.
79 La
formation intellectuelle est une dimension nécessaire de la
formation diaconale, en tant qu'elle offre au diacre un aliment
substantiel pour sa vie spirituelle et un précieux instrument pour
son ministère. Elle est particulièrement urgente aujourd'hui, face
au défi de la nouvelle évangélisation à laquelle l'Église est
appelée en cette époque difficile de transition vers le troisième
millénaire. L'indifférence religieuse, l'obscurcissement des
valeurs, la perte de la convergence éthique, le pluralisme culturel
exigent de ceux qui sont engagés dans le ministère diaconal une
formation intellectuelle complète et sérieuse.
Dans la Lettre
circulaire de 1969, Come è a conoscenza, la Congrégation pour
l'Éducation Catholique invitait les Conférences Épiscopales à
préparer un système de formation doctrinale pour les candidats au
diaconat qui tienne compte des diverses situations personnelles et
ecclésiales, mais qui exclue aussi absolument toute “préparation
hâtive et superficielle, parce que les devoirs des diacres, selon
tout ce qui a été établi dans la Constitution Lumen gentium (LG 29)
et dans le Motu proprio (n° 22),
sont d'une telle importance, qu'ils exigent une formation solide et
efficiente”.
80 Les
critères à suivre dans la mise en place de ce dispositif de
formation sont :
a)
la nécessité
pour le diacre d'être capable de rendre compte de sa foi et de mûrir
une vive conscience ecclésiale ;
b)
le soin de sa
préparation aux tâches spécifiques du ministère diaconal ;
c)
l'importance
pour lui d'acquérir une capacité de lecture des situations et
d'inculturation adéquate de l'Évangile ;
d)
l'utilité pour
lui de connaître les techniques de communication et d'animation des
réunions, comme par exemple de savoir parler en public, d'être en
mesure de guider et de conseiller.
81 En tenant
compte de ces critères, on devra prendre en considération les
contenus suivants :
a)
l'introduction à
l'Écriture Sainte et à sa juste interprétation; la théologie de
l'Ancien et du Nouveau Testament; le rapport réciproque entre
Écriture et Tradition; l'usage de l'Écriture dans la prédication,
dans la catéchèse et dans l'activité pastorale en général ;
b)
l'initiation à
l'étude des Pères de l'Église et à la connaissance de l'histoire de
l'Église :
c)
la théologie
fondamentale, avec un éclairage sur les sources, les thèmes et les
méthodes de la théologie, la présentation des questions relatives à
la Révélation et la mise en place du rapport entre foi et raison,
afin de rendre aptes les futurs diacres à exprimer le bien-fondé de
la foi :
d)
la théologie
dogmatique dans ses divers traités: Trinité, création, christologie,
ecclésiologie et oecuménisme, mariologie, anthropogie chrétienne,
sacrements (spécialement la théologie du ministère ordonné),
eschatologie :
e)
la morale
chrétienne, dans ses dimensions personnelles et sociales, et en
particulier la doctrine sociale de l'Église :
f)
la théologie
spirituelle :
g)
la liturgie :
h)
le droit canon.
Selon les situations et
les nécessités, on intégrera au programme des études d'autres
disciplines, telles que l'étude des autres religions, l'ensemble des
questions philosophiques, l'approfondissement de certains problèmes
économiques et politiques
.
82 Pour la
formation théologique, on utilisera, là ou c'est possible, les
instituts de sciences religieuses qui existent déjà ou d'autres
instituts de formation théologique. Là ou devront être instituées
des écoles appropriées pour la formation théologique des diacres, on
fera en sorte que le nombre des heures de cours et de séminaires ne
soit pas inférieur à un millier dans l'espace des trois années de
formation. Les cours fondamentaux tout au moins se concluront par un
examen et, à la fin du triennat, l'on prévoira un examen final
d'ensemble.
83 Pour
l'accès à ce programme de formation, on demandera une préparation
préalable de base, qui sera déterminée en fonction de la situation
culturelle du Pays.
84 Les
candidats se montreront prédisposés à continuer leur formation après
l'ordination. Dans ce but, on les invitera à se constituer une
petite bibliothèque personnelle de contenu théologique et pastoral
et à être disponibles aux programmes de formation permanente.
85 Au sens
large, la formation pastorale coïncide avec la formation
spirituelle: il s'agit d'une formation à l'identification toujours
plus complète à la diaconie du Christ. Une telle attitude doit
présider l'articulation des diverses dimensions de la formation, en
les intégrant dans la perspective unitaire de la vocation diaconale,
qui consiste dans le fait d'être signe du Christ, serviteur du Père.
En un sens plus strict,
la formation pastorale se développe au moyen d'une discipline
théologique spécifique et d'un stage pratique.
86 La
discipline théologique porte le nom de théologie pastorale.
Celle-ci est “une réflexion scientifique sur l'Église qui se
construit chaque jour, avec la force de l'Esprit, au cours de
l'histoire, donc sur l'Église comme” “sacrement universel de salut,
comme signe et instrument vivant du salut de Jésus-Christ dans la
Parole, dans les sacrements et dans le service de la Charité”
.
L'objet de cette discipline est la présentation des principes, des
critères et des méthodes qui orientent l'action apostolique et
missionnaire de l'Église tout au long de l'histoire.
La théologie
pastorale programmée pour les diacres portera une attention
particulière aux champs d'action principalement confiés aux
diacres comme :
a)
la pratique
liturgique: l'administration des sacrements et des sacramentaux, le
service de l'autel ;
b)
la proclamation
de la Parole dans les divers contextes du service ministériel:
kérigme, catéchèse, préparation aux sacrements, homélie ;
c)
l'engagement de
l'Église pour la justice sociale et la charité ;
d)
la vie de la
communauté, en particulier l'animation des équipes familiales, des
petites communautés, des groupes et des mouvements, etc.
Pourront être utiles
également, pour la préparation des candidats à des activités
ministérielles spécifiques, certains enseignements techniques, comme
la psychologie, la pédagogie catéchétique, l'homélitique, le chant
sacré, l'administration ecclésiastique, l'informatique, etc.
87 En
concomitance (et si possible en lien) avec l'enseignement de la
théologie pastorale, on doit prévoir pour chaque candidat un stage
pratique, qui lui permette d'avoir une vérification sur le terrain
de tout ce qu'il a appris par l'étude. Celui-ci doit être graduel,
différencié et continuellement vérifié. Pour le choix de l'activité,
on tiendra compte de la collation des ministères institués et on
valorisera leur exercice.
On veillera à ce que
les candidats soient insérés dans l'activité pastorale diocésaine et
puissent avoir des échanges d'expériences périodiques avec les
diacres engagés dans le ministère.
88 Par
ailleurs, on se préoccupera de faire mûrir chez futurs diacres une
forte sensibilité missionnaire. Comme les prêtres, ils reçoivent eux
aussi par l'ordination sacrée un don spirituel qui les prépare à une
mission universelle jusqu'aux extrémités de la terre (cf. Ac 1,8)
.
On les aidera donc à acquérir une vive conscience de cette identité
missionnaire et à prendre aussi en charge l'annonce de la vérité aux
non chrétiens, spécialement à ceux qui font partie de leur peuple.
Mais on n'excluera pas non plus la perspective de la mission Ad
gentes, lorsque les circonstances le requerront ou le
permettront.
89 La
Didascalie des Apôtres fait aux diacres des premiers siècles la
recommandation suivante : “Comme Notre Sauveur et Maître a dit dans
l'Évangile: celui qui voudra devenir grand parmi vous, se fera
votre serviteur, comme le Fils de l'Homme qui n'est pas venu pour
être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la
multitude, de même, vous les diacres, devez faire la même chose,
même si cela comporte le don de votre vie pour vos frères, pour le
service que vous êtes tenus d'accomplir”
.
Il s'agit là d'une invitation très actuelle, pour ceux qui sont
appelés au diaconat aujourd'hui, à s'engager fortement dans la
préparation à leur futur ministère.
90 Les
Conférences Épiscopales et les Ordinaires du monde entier à qui est
remis le présent document veilleront à en faire l'objet d'une
réflexion attentive en communion avec leurs prêtres et leurs
communautés. Ce document constituera un point de référence important
pour les Églises ou le diaconat permanent est une réalité vivante et
agissante; pour les autres, il sera une invitation efficace à mettre
en valeur le service diaconal parmi les dons précieux de l'Esprit.
Le Souverain Pontife
Jean-Paul II a approuvé et ordonné de publier cette "Ratio
fundamentalis institutionis diaconorum permanentium".
Rome, du Palais
des Congrégations, le 22 février 1998, fête de la Chaire de
Saint-Pierre.
Pio Cardinal
Laghi Préfet
† José
Saraiva Martins
Archevêque titulaire de Tuburnica, Secrétaire
CIC 236 Cf. Paul VI, Lett. ap. Sacrum diaconatus
ordinem, II, 6: l. c., p. 699.
Cf. Conc. Rcum. Vat. II, Decr.
Presbyterorum
ordinis,
PO 10 Decr. Ad gentes, AGD 20