Répandues en plus
de trente maisons à travers le monde, les religieuses "Filles de
saint Joseph" préparent chaque année des millions d'hosties,
pressent des tombereaux de raisin, lavent des tonnes de linges
liturgiques. La Basilique Saint-Pierre de Rome utilise leurs
services, mais aussi d'humbles chapelles de missions. Leur vie est
tout orientée vers l'autel du Saint-Sacrifice de la Messe et vers le
tabernacle. Elles manifestent au monde l'amour de l'Église pour
l'Eucharistie.
TRÉSOR SPIRITUEL
«L'Eucharistie
est la source et le sommet de toute la vie chrétienne. Les autres
sacrements ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches
apostoliques sont tous liés à l'Eucharistie et ordonnés à elle. Car
la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l'Église;
c'est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque» (Catéchisme de
l'Église Catholique, CEC, 1324). Sur quoi l'Église se
fonde-t-elle pour affirmer la présence réelle de Jésus dans le
sacrement de l'autel? «La présence du véritable Corps du Christ et
du véritable Sang du Christ dans ce sacrement, "on ne l'apprend
point par les sens, dit saint Thomas d'Aquin, mais par la foi seule,
laquelle s'appuie sur l'autorité de Dieu". C'est pourquoi,
commentant le texte de saint Luc (22, 19): Ceci est mon corps qui
sera livré pour vous, saint Cyrille déclare: "Ne va pas te
demander si c'est vrai, mais accueille plutôt avec foi les paroles
du Seigneur, parce que Lui, qui est la Vérité, ne ment pas"» (CEC,
1381).
Ces "Filles de saint
Joseph" qui consacrent leur vie religieuse à honorer Jésus dans
l'Eucharistie, ont eu pour fondateur Clément Marchisio, béatifié le
30 septembre 1984 par le Pape Jean-Paul II. «Homme de prière, comme
doit l'être tout prêtre, disait de lui le Saint-Père lors de la
béatification, il fut conscient de son devoir d'invoquer Dieu,
Seigneur de l'univers et de sa vie, mais il fut tout aussi conscient
du fait que la véritable adoration, digne de l'infinie sainteté de
Dieu, se réalise surtout par le sacrement du Corps et du Sang du
Christ. Aussi montra-t-il toujours le plus grand zèle dans la pieuse
célébration du mystère eucharistique, dans l'adoration assidue et
dans le soin apporté au faste des diverses célébrations liturgiques.
Il était, en effet, persuadé que l'Église s'édifie surtout autour de
l'Eucharistie et qu'en y participant, les membres de la communauté
chrétienne s'identifient mystiquement au Christ et deviennent une
seule chose entre eux».
« JE VEUX ÊTRE PRÉVÔT »
Clément Marchisio naît
le ²er mars 1833, au bourg de Raconnigi, dans la région
de Turin, où sa famille est estimée, tant pour sa foi que pour son
ardeur au travail. Le père, modeste savetier, n'a qu'un rêve: que le
petit Clément, l'aîné de la famille qui comptera cinq enfants,
puisse l'aider un jour dans son métier de cordonnier. Mais, tout
jeune, l'enfant déclare: «Je veux être prévôt», c'est-à-dire curé.
La mère, une sainte femme, arrive à persuader son mari: «Laissons-le
devenir prêtre». Grâce à un prêtre charitable, don Sacco,
l'adolescent peut suivre les cours secondaires puis étudier la
philosophie.
À 16 ans, Clément
Marchisio revêt l'habit ecclésiastique, auquel il restera toujours
fidèle. Il est ordonné prêtre le 21 septembre 1856. Dans son ardeur
juvénile, il n'a pas pris toute la mesure des responsabilités
sacerdotales. Heureusement, après son ordination, il passe deux ans
dans l'internat dirigé par saint Joseph Cafasso et destiné à
parfaire la formation des jeunes prêtres. « Être prêtre, c'est le
chemin le plus sûr pour aller en Paradis et pour y conduire les
autres », lui dit don Cafasso. À la sortie de l'internat,
Clément Marchisio constatera: «J'y entrai comme un grand gamin et
une tête étourdie sans savoir ce que voulait dire: "être prêtre".
J'en sortis totalement différent, ayant pleinement compris la
dignité du sacerdoce».
LE PROGRAMME DE DON MARCHISIO
Les commencements du
ministère paroissial de don Marchisio se déroulent sereinement dans
une petite ville où la population s'avère fervente. Il distribue
près de 400 communions chaque jour à la Messe. Mais cet apostolat
facile ne dure pas. En 1860, il est nommé curé de Rivalba Torinese,
pays violemment anticlérical, la «tanière du diable», dit-on. Comme
Jésus-Christ, il veut être pour ses brebis un "bon Pasteur". Son
désir profond est de les sauver, et par là de se sauver lui-même. Le
discours d'installation qu'il adresse à ses paroissiens expose son
programme éminemment sacerdotal: «Je vous dois, leur dit-il, le bon
exemple, l'instruction, mes services et tout moi-même. Je dois même
me sacrifier pour vos âmes, si c'est nécessaire. Mon premier devoir,
c'est le bon exemple. Comme pasteur, je dois être la lumière du
monde et le sel de la terre, ce qui m'oblige à toutes les vertus Je
dois honorer mon ministère par une vie sainte et irréprochable, et
vous, vous devez honorer, respecter et imiter mon ministère. Ce
n'est pas à ma personne, mais à mon ministère que vous devez cet
honneur et ce respect: j'ai en main des pouvoirs que n'auront jamais
ni les anges du Ciel, ni les rois de la terre. Je puis vous
réconcilier avec Dieu, vous remettre vos péchés, vous ouvrir la
source des grâces et la porte du Ciel, consacrer l'Eucharistie et
faire venir parmi vous Jésus, notre Sauveur. Vous devez me regarder
comme l'envoyé de Dieu pour vous conduire au Ciel Mon second devoir
est de vous instruire: catéchiser les enfants, enseigner les
ignorants, y compris ceux qui ne fréquentent pas l'église,
conseiller les pères et mères de famille, exhorter les jeunes. Et
s'il se présente quelque vice, il me faudra élever la voix. Quelle
disgrâce pour moi, si je ne disais pas clairement la vérité En
troisième lieu, je me dois tout à vous comme Jésus qui a dit: Le
Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et
pour donner sa vie pour les hommes (Mt 20, 28). Je dois vous
consacrer mes veilles, mes soins, mes fatigues, à tout moment, de
jour ou de nuit, malgré la distance, la chaleur, le froid, pour vous
apporter mes secours... À mes services, j'ajouterai ma prière: c'est
par elle que saint Paul a converti tant d'âmes...»
Ce programme de
dévouement par amour des âmes nous stimule dans l'accomplissement de
notre devoir d'état. Dans ses Exercices Spirituels, saint Ignace
nous invite tous à travailler avec Notre-Seigneur à la conquête du
monde entier, à Le suivre dans les fatigues, afin de Le suivre aussi
dans la gloire (n. 95). Mais cette conquête pacifique ne se fait pas
sans la croix.
LA VÉRITÉ N'EST PAS TOUJOURS AGRÉABLE
Don Marchisio commence
par catéchiser les enfants, qui écoutent volontiers ce prêtre à la
parole simple, claire et vivante. Mais en chaire, à l'imitation du
curé d'Ars, il prêche fortement contre les blasphèmes, l'irrespect
du dimanche, la dépravation des moeurs: «Sachez-le, une bonne fois
pour toutes, dit-il à ses auditeurs: je ne suis pas venu ici pour
vous plaire, mais pour vous dire la vérité et vous convertir».
Cependant la vérité n'est pas toujours agréable à entendre. Alors,
ceux que choquent ces sermons vigoureux vont tenter de faire taire
leur curé en lui rendant la vie impossible. Dès que la lecture de
l'Évangile est terminée, les hommes ébauchent un signe de croix et
quittent l'église. "Pour le bien de la paix", leurs épouses les
imitent. Jeunes gens et jeunes filles s'empressent d'en faire
autant. Et le prédicateur se trouve devant un auditoire de quelques
vieilles dames sourdes et d'enfants. Puis l'attaque prend plus
d'ampleur: on introduit par la porte de l'église un âne qui brait à
tue-tête. Le jeune curé cache un instant sa figure dans ses mains
puis, le calme revenu, il reprend son homélie avec ferveur et
persuasion.
D'autres mauvais tours
lui sont joués: vacarme dans l'église, coups de sifflets, chants
provocateurs se succèdent sans interruption. On scrute ses moindres
mouvements, les traits de son visage, et tout est bon pour semer le
soupçon, l'amplifier et le transformer en calomnie. Un jour, un
agresseur maladroit l'attaque avec un bâton. Plus habile, le prêtre
lui prend le bâton, puis le lui rend en disant: «Prends et fais de
moi ce que tu veux. Je suis prêt à mourir. Je ne regrette pourtant
qu'une chose, c'est que tu seras découvert et que tu tomberas entre
les mains de la justice». Cette charité désarme son adversaire.
SUR LA CROIX
Après avoir longtemps
tout supporté en silence, Clément Marchisio finit par prendre peur
et demande son changement de paroisse. Son Évêque lui répond de
rester avec courage sur sa croix. Clément obéit, s'abandonne au
Coeur de Jésus, à la Très Sainte Vierge, à saint Joseph. «Pour aimer
Jésus, dit-il, non pas seulement en paroles enflammées, mais en
actes, il faut être haï, renié. Il faut souffrir, être fatigué et
humilié pour lui. Le bien majeur s'accomplit sur la croix». Ces
paroles font écho à celles de Jésus: Heureux êtes-vous, quand les
hommes vous haïront, quand ils vous frapperont d'exclusion et qu'ils
insulteront et proscriront votre nom comme infâme, à cause du Fils
de l'homme. Réjouissez-vous ce jour-là et tressaillez d'allégresse,
car voici que votre récompense sera grande dans le ciel (Lc 6,
22-23).
C'est dans la
célébration de la Messe et dans l'adoration du Saint-Sacrement, que
le bienheureux Clément Marchisio a puisé la force nécessaire pour
suivre Jésus sur le Calvaire. «La spiritualité de tous les prêtres
est liée à l'Eucharistie. C'est ici qu'ils reçoivent la force
nécessaire pour offrir leur vie en même temps que Jésus, Souverain
prêtre et Victime de Salut... Du haut de sa Croix, Notre-Seigneur
parle à tous ses prêtres et les invite à être, avec Lui, signes de
contradiction pour le monde. La contradiction de Jésus est entrée
dans la tradition apostolique: Ne vous modelez pas sur le monde
présent (Rm 12, 2)» (Jean-Paul II, 9 septembre 1983).
Chaque jour, Don
Marchisio se prépare longuement à la célébration de la Messe qu'il
dit sans lenteur, mais dans un grand recueillement. À ses
paroissiens, il recommande aussi de se préparer soigneusement à la
communion: «Si vous ne préparez pas le terrain pour semer, inutile
pour vous de semer du bon grain; il en est de même pour cet aliment
de l'âme qu'est la sainte communion. Celui qui veut recevoir les
fruits de l'union à Dieu, conserver la vie de l'âme et en accroître
les forces, doit posséder les dispositions nécessaires».
UNE FORCE DE CONVERSION
Il met encore ses
délices à demeurer longtemps devant le Saint-Sacrement, surtout
lorsque la croix des incompréhensions, des calomnies et des dettes
se fait plus pesante. À une femme affligée, il avoue: «Voyez, moi
aussi, je me trouve parfois accablé sous le fardeau des
tribulations. Mais après cinq minutes passées devant le
Saint-Sacrement, qui est notre tout, je me sens pleinement revigoré.
Faites de même, quand vous êtes abattue et découragée». Nous
pouvons, nous aussi, puiser à la source intarissable de
l'Eucharistie, l'eau de la grâce qui nous fortifiera dans les
tribulations de la vie. Sans rien dire, Jésus-Hostie changera
l'éclairage, celui de notre coeur d'abord, puis quelquefois celui
des autres, et la croix nous semblera légère à porter, plus douce à
souffrir.
La persécution
déclenchée contre Clément Marchisio durera une dizaine d'années.
Après avoir longtemps scruté les faits et gestes de leur curé,
plusieurs paroissiens remarquent sa fidélité à accomplir ses
engagements. «Jamais on ne le vit commettre la moindre imperfection
dans l'observation des commandements de Dieu et de l'Église», dira
l'un d'eux. Touchés et édifiés, beaucoup se convertissent. Le vent
tourne, et les plus acharnés de ses adversaires finissent par
revenir à Dieu. Mais au prix de combien de prières, de conversations
privées, de moments d'abandon et de solitude, d'actes de patience,
a-t-il obtenu de Dieu le salut des âmes de sa paroisse! «Il confesse
comme un ange», se dit-on: finesse, délicatesse, miséricorde, en un
mot: «coeur», tel est son style. Mais s'ils sont revenus à Dieu, ses
paroissiens n'ont pas encore tous déraciné les mauvaises habitudes
et plusieurs restent de pauvres pécheurs: «Ce qui me brise le coeur,
dit-il, et qui m'empêche d'avoir la paix, c'est de voir tant de
péchés commis avec indifférence, comme si le péché n'était rien. Or,
c'est le plus grand mal qui soit au monde. Non seulement le péché
apporte la ruine pour l'éternité, mais c'est déjà dans la vie
présente une sorte d'enfer. Ah! Quel bonheur que d'être en la grâce
de Dieu... Ô Seigneur, donnez à ma voix la force de pénétrer les
coeurs, et une très puissante vigueur pour abattre et pour déraciner
le vice!»
LES DEUX CHARITÉS
Don Marchisio parle
ainsi par charité "spirituelle", pour le salut éternel de ses
fidèles. Mais la charité pour leurs besoins matériels est aussi
l'objet de toute sa sollicitude. Personne ne repart de chez lui sans
avoir reçu de l'aide. Il va jusqu'à donner sa literie, draps et
couvertures, à des pauvres réduits à se réfugier dans une écurie.
Entre 1871 et 1876, il bâtit un asile pour les enfants, ainsi qu'un
atelier de tissage afin de fournir aux jeunes filles une occupation
et un salaire. Des bonnes volontés féminines l'aident à mener à bien
ces tâches charitables. Ils les réunira en une communauté sous le
titre de "Filles de saint Joseph".
L'exemple de don
Marchisio nous invite à pratiquer les oeuvres de miséricorde,
c'est-à-dire «les actions charitables par lesquelles nous venons en
aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles et
spirituelles. Instruire, conseiller, consoler, conforter sont des
oeuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter
avec patience. Les oeuvres de miséricorde corporelle consistent
notamment à nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les
déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les
morts. Parmi ces gestes, l'aumône faite aux pauvres est un des
principaux témoignages de la charité fraternelle: elle est aussi une
pratique de justice qui plaît à Dieu» (CEC, 2447).
Mais la charité de don
Marchisio est surtout attentive à la manière dont Jésus lui-même est
traité dans le sacrement de l'autel. Il est blessé au fond de son
âme en apprenant qu'ont eu lieu des profanations de l'Eucharistie.
Le spectacle des ornements liturgiques en mauvais état, comme la
malpropreté des nappes et linges d'autel l'affligent profondément.
Aussi, après avoir longuement prié et demandé l'avis de ses
supérieurs, il confie aux "Filles de saint Joseph" une charge toute
différente de celle pour laquelle il les avait réunies. Elles
consacreront leur vie au culte eucharistique. La charge spéciale des
soeurs sera donc de préparer avec un grand respect, selon les normes
de l'Église, la matière du sacrifice eucharistique, de confectionner
les ornements, les nappes, de pourvoir à la décence et à l'honneur
que requiert l'Eucharistie. Elles catéchiseront les enfants en vue
de les préparer à la première communion et veilleront aussi à
l'éducation liturgique des enfants de choeur et des fidèles. Les
soeurs, et surtout la co-fondatrice, soeur Rosalie Sismonda,
accueillent unanimement et avec enthousiasme cette fin nouvelle de
leur Institut.
Après avoir défini le
but de sa Congrégation, don Marchisio la maintient soigneusement
sous le patronage de saint Joseph: «Mettons, dit-il, les choses dans
les mains de saint Joseph. C'est notre bon père nourricier qui ne
nous laissera manquer de rien... Priez, frappez à la porte de la
divine Providence et espérez tout de Dieu par l'intercession de
saint Joseph». Il encourage également la confiance en Marie. «Allons
toujours à Marie, répète-t-il, et elle ne manquera pas de nous
secourir. Pensons à sa pureté, à son humilité, à son union à Dieu, à
sa conformité à la volonté divine et efforçons-nous de la faire
resplendir en nous pour lui ressembler... Tenez Marie en votre
coeur... La Madone sait que nous sommes ses fils. Elle est la Mère
de notre salut éternel. Ayons courage: un jour nous verrons notre
bonne Mère du Ciel. Avez-vous réfléchi au bonheur d'avoir une mère?»
L'ESCALADE DU SOMMET
Soutenu par la main
maternelle de Marie, don Marchisio ne cesse d'avancer sur le chemin
de la sainteté. Cinq ans avant sa mort, il a annoncé qu'il mourrait
à 70 ans. Mais il lui faudra auparavant traverser une nuit bien
obscure: «Pauvre de moi! gémit-il. Jamais le démon ne m'a ainsi
tourmenté! Quelles douleurs ne m'a-t-il pas fait endurer? Comme il
m'a désabusé en me présentant ma vie inutile! Quelles tentations,
jusqu'à celle de détruire mon Institut de religieuses!» Appuyé sur
le secours de la Sainte Vierge, il sort victorieux de l'épreuve.
Le matin du 15 décembre
1903, il va célébrer la Messe et visiter la co-fondatrice, soeur
Rosalie Sismonda, mourante, qui rendra son âme à Dieu deux heures
avant lui. Mais il est pris d'un malaise: «Si seulement je pouvais
encore célébrer une Messe! Aujourd'hui, peut-être, je ne pourrai
pas réciter le bréviaire!» Bientôt l'agonie commence, scandée de
brèves prières: «Mon Dieu ayez pitié de moi! Créez en moi un coeur
pur! Jésus, Marie, Joseph!» Telles sont ses dernières paroles.
Ainsi passe de ce monde
à l'autre, celui qui a écrit: «Les choses de ce monde ne sont rien.
Le Ciel, l'éternité m'attendent. Qu'en sera-t-il de moi, de nous? Un
million d'années après ma mort, je ne serai qu'au commencement de
l'éternité. La terre est un lieu de passage où je suis comme un
voyageur. La vie est un moment qui fuit comme l'eau du torrent».
Au printemps de 1891,
don Marchisio avait rencontré l'évêque de Mantoue, Mgr Sarto, le
futur Pape saint Pie X. Celui-ci a déclaré plus tard aux "Filles de
saint Joseph": «Savez-vous que votre curé de Rivalba est un saint?
Oui, votre fondateur. Il faut grandement tenir compte de ses
paroles, de ses avis, de ses souvenirs». Puissions-nous profiter de
l'exemple de ce Bienheureux pour pratiquer la miséricorde, croître
de jour en jour en dévotion envers la Sainte Eucharistie et parvenir
avec lui à la Patrie céleste. C'est la grâce que nous vous
souhaitons, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers, vivants et
défunts.
Dom Antoine Marie
osb, abbé
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