La famille de Marie-Claire Dubas
habitait Laudun en Languedoc (aujourd'hui du département du Gard). C'est dans ce
village qu'elle vint au monde le 9 janvier 1727. Ses parents ajoutaient
d'ordinaire à leur nom celui de Pradines et écrivaient parfois en deux mots leur
nom «du Bas». Baptisée le 16 janvier par M. l'abbé d'Argilliers, Marie-Claire
était la fille d'Edouard Dubas et de Anne Fauverge. Peu de temps après sa
naissance sa famille quittait Laudun et venait s'établir à Bollène.
Le couvent de Sainte-Ursule était
alors florissant. Non seulement son cloître abritait la vie religieuse de plus
d'une professe de qualité, mais tout auprès du couvent, les jeunes filles de la
noblesse et de la bourgeoisie, trouvaient une maison d'éducation et
d'enseignement parfaitement adaptée à leur condition et très capable de les
préparer à tenir leur place dans le monde. Nous avons déjà fait observer,
d'ailleurs, que bien souvent du pensionnat au monastère la transition se faisait
naturellement, par la pente insensible en apparence, mais décisive en réalité,
qui amenait les pensionnaires si chrétiennement élevées à désirer et à mériter,
tout ensemble, la grâce de la vocation religieuse.
C'est par ce chemin que
Marie-Claire Dubas, après tant d'autres, gravit les degrés de la perfection.
Elle reçut, en religion, le nom de Sœur Claire de Sainte-Rosalie. Le 12 février
1746, à l'âge de dix-neuf ans, elle faisait profession et se consacrait sous la
règle de Sainte Ursule, au service de Dieu, à l'éducation et à l'édification des
enfants par l'enseignement des sciences profanes, et l'exemple des vertus
chrétiennes.
Nous n'avons pas de détails sur la
manière dont Sœur Claire comprit et pratiqua son rôle d'ursuline. Il nous faut
arriver presque à l'heure de son martyre, pour mesurer le travail de la grâce en
cette âme d'élite. Dieu qui lui ménageait, en Sa bonté, la plus glorieuse des
morts, voulut, semble-t-il, l'y préparer par la plus obscure des existences :
mais si rien ne nous est parvenu de cette vie, si autant que nous en pouvons
juger, Sœur Claire n'eût pas dans sa communauté une place éminente, si elle n'y
joua aucun rôle historique, elle sut, pendant ces quarante-six ans de vie
religieuse, accumuler des réserves spirituelles abondantes, de claire
intelligence des choses, et surtout d'inébranlable fermeté.
Dès les premières réponses à son
interrogatoire, elle donne à sa présence devant les juges son vrai sens, indique
d'un mot la raison de son jugement, et éclaire d'un autre le motif de sa mort.
— «Qui es-tu ?» lui demande tout
d'abord Fauvéty.
Pour tout autre accusé cela voulait
dire :
— « Comment t'appelles-tu ?»
Écoutez la réponse de la martyre :
— «Je suis religieuse, dit elle, et
je le resterai jusqu'à la mort ».
Ainsi engagée, la lutte ne pouvait
être longue. Une deuxième question suffit à l'achever.
— «Veux-tu prêter serment,» lui
demanda encore le président ?»
— « Non, dit-elle, ma conscience me
le défend ».
Et sans autre débat, Marie-Claire
est envoyée à la mort.
Admirable simplicité, qui résume en
deux mots toute la foi, toute la fidélité de la martyre et renferme en deux
brèves réponses, manifestement animées de l'Esprit de Dieu toute la grandeur de
sa vie et tout le sens de sa mort.
Abbé Méritan
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