INDEX
DES PRIÈRES
XIII
Prière faite à Rome.
XIV
Prière faite à Rome.
XV
Prière faite à Rome, le 12 août, jour de l'octave de
saint Dominique.
XVI
Prière faite à Rome, le 13 février.
XVII
Prière faite à Rome, le 14 février.
XVIII
Prière faite à Rome, le 15 février.
XIX
Prière faite à Rome, le jour de la Chaire de saint
Pierre, apôtre.
XX
Prière faite à Rome, le 26 mars 1379.
XXI
Prière faite à Rome, le Jeudi 5 Avril 1379.
XXII
Prière faite à Borne, le jour de la Circoncision, à
la recommandation d'un Cardinal dominicain, pour obtenir la circoncision des
pécheurs endurcis.
XXIII
Prière faite par sainte Catherine
pendant l'extase qui suivit sa communion, le jour de la Conversion de saint
Paul, en 1377. Elle fut recueillie par le bienheureux Raymond, son
confesseur.
Cette prière ne se trouve pas dans la version
latine.
XXIV
Prière faite à Rome.
XXV
Prière faite à Rocca di Tentennano, chez la comtesse
de Salimbeni, le 26 octobre 1378.
XXVI
Prière faite par sainte Catherine, après le terrible
accident qu'elle éprouva dans la nuit du lundi de la Septuagésime, lorsque
sa famille la pleura comme morte.
appendice
pRIÈRE
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XIII
1. O Dieu d'amour, que puis-je dire de votre Vérité ?
Parlez de la vérité, vous qui êtes la Vérité. Moi je vous ignore, et je ne
puis parler que des ténèbres. Je n'ai pas suivi le Fruit de votre croix, et
j'ai marché dans les ténèbres sans les connaître ; car celui qui connaît les
ténèbres connaît la lumière. Mais moi j'ai suivi les ténèbres, et je ne les
ai pas approfondies. Dites-moi, Seigneur, la vérité sur votre croix, et
j'écouterai. Vous me dites qu'il y en a qui persécutent le Fruit de votre
croix, et c'est vous qui êtes le Fruit de votre croix. O Verbe ! Fils unique
de Dieu, qui, par l'excès de votre amour pour nous, vous êtes placé comme un
fruit sur deux arbres : sur l'arbre de la nature humaine d'abord, pour nous
révéler la vérité de votre Père invisible, que vous représentez ; sur
l'arbre de la Croix ensuite, où ce ne sont pas les clous qui vous ont
attaché, mais les seules forces de votre amour, et cela pour nous montrer la
vérité de la volonté de votre Père qui voulait notre salut.
2. C'est de cet arbre qu'a coulé le Sang précieux
qui, par l'union de la nature divine, nous a donné la vie, et qui, par sa
vertu, nous purifie encore du péché dans les sacrements. Vous avez déposé ce
Sang dans les celliers de l'Église militante, et vous en avez donné les
clefs et la garde à votre Vicaire sur terre. Les hommes ne le savent et ne
le comprennent que par la lumière dont vous éclairez leur intelligence, la
partie la plus noble de notre âme. Et cette lumière est la lumière de la
foi, que vous accordez à tout chrétien dans le baptême, où votre grâce coule
pour effacer la tache originelle et nous donner la lumière suffisante pour
nous conduire à la béatitude.
3. Nous pouvons, par la corruption de l'amour-propre,
obscurcir nos yeux, que votre grâce a illuminés clans le baptême. Nous
pouvons nous aveugler par les nuages de la tiédeur et les vapeurs de
l'amour-propre ; et alors nous vous méconnaissons, vous et le véritable
bien. Nous appelons mal ce qui est bien, et bien ce qui est mai, et nous
devenons, par cet abus de la vérité, plus ingrats et plus mauvais que si
nous n'avions pas reçu la lumière ; car un chrétien qui s'égare est pire
qu'un infidèle ; il peut seulement recourir plus facilement au remède qui
doit le guérir, à cause des lueurs de la foi qui reste encore en lui.
4. Oui, Seigneur, ceux-là sont les ennemis de votre
Croix et de votre Sang ; car ils ne vous suivent pas dans votre Passion ;
ils vous persécutent, ils attaquent votre Vicaire, qui a les clefs du
cellier où se conservent votre Sang et le sang des martyrs, qui n'a de vertu
que par le vôtre. Leur rébellion et leurs péchés viennent de ce qu'il ont
perdu la lumière de la Vérités qu'on acquiert par la foi (Sainte
Catherine parle ici de la rectitude de jugement que donne la foi.).
Aussi les philosophes qui connaissaient les créatures, mais qui n'avaient
pas la foi, n'ont-ils pu se sauver.
XIV
1. O Dieu éternel, délivrez-moi des chaînes de mon
corps, afin que je puisse voir votre Vérité ; car maintenant la mémoire ne
peut vous saisir, l'intelligence vous comprendre, et la volonté vous aimer
comme vous le méritez. O Nature divine, qui ressuscitez les morts, et qui
seule donnez la vie, comment vous êtes-vous unie à notre nature mortelle,
pour lui rendre la vie ? O Verbe éternel ! cette union était si parfaite,
que rien n'a pu la rompre. Sur la Croix, la nature mortelle souffrait, mais
la nature divine vivifiait, et vous étiez à la fois dans la béatitude et la
douleur : le tombeau même n'a pu séparer vos deux natures.
2. O Père éternel ! vous avez revêtu votre Verbe de
notre nature, afin qu'en elle il satisfit pour nous ; vous avez voulu punir
le Fils véritable pour la faute du fils adoptif. O Père éternel ! que vos
jugements sont profonds et ineffables ! L'homme insensé peut-il les
comprendre ? Il juge d'après les apparences vos oeuvres et celles de vos
serviteurs, au lieu de les juger d'après la charité que vous répandez dans
les âmes.
3. Homme ignorant et grossier, puisque Dieu t'a fait
homme pourquoi te faire animal et abaisser ton jugement au dessous de celui
de la brute ? Tu sais que ceux qui sont ainsi tombent dans les peines
éternelles de l'enfer ; et là, l'homme est anéanti, non pas quant à la
nature, mais quant à la grâce qui perfectionne la nature, et sans laquelle
tout n'est rien.
XV
1. O ingratitude de l'homme! ô amour incompréhensible
et infini de Dieu ! Vous dites, Père éternel, que l'homme qui se regarde
vous trouve en lui-même, parce qu'il a été fait à votre image ; il a la
mémoire pour vous retenir, vous et vos bienfaits, et il participe à votre
puissance ; il a l'intelligence pour vous connaître, et il participe à votre
Sagesse, qui est votre Fils unique, notre Sauveur Jésus-Christ ; il a la
volonté pour vous aimer, et il participe à la clémence du Saint Esprit.
Ainsi, non seulement vous l'avez créé à votre ressemblance, mais vous avez
pour ainsi dire en vous sa ressemblance, puisque vous êtes en lui et qu'il
est en vous.
2. Je ne me suis pas connue en vous, mon Dieu ; je ne
vous ai pas connu en moi, et c'est là le malheur des pauvres ignorants qui
vous offensent. Sans leur ignorance, pourraient-ils ne pas vous aimer ?
Cette ignorance est causée par la privation de la lumière de la grâce, et
cette privation vient elle-même des nuages que produit l'amour sensitif. La
conformité entre les hommes est si grande, que quand ils ne s'aiment pas ils
s'éloignent de leur propre nature
A la fin de cette prière, on lit dans la
version latine : "Sainte Catherine pria ensuite pour les siens, afin qu'ils
participassent à la nature divine, en s'aimant les uns les autres, car c'est
la vraie ressemblance. Et elle ajouta : Mon Dieu, je ne puis avoir une plus
grande grâce que de passer ma vie dans les peines, et de la terminer pour
vous par le martyre"
XVI
1. O Amour ineffable, doux Amour, Flamme éternelle,
Feu qui ne s'éteint jamais ! O Dieu, Trinité adorable, vous la Droiture sans
défaut, la simplicité sans ombre, la Sincérité sans mensonge, jetez les
regards de votre miséricorde sur vos créatures. La miséricorde vous est
naturelle ; de quelque côté que je me tourne, je ne rencontre que votre
miséricorde. Je m'adresse donc à votre miséricorde, et je la demande pour le
monde. Vous voulez que nous vous servions selon votre bon plaisir, et vous
dirigez vos serviteurs de mille manières. Aussi ne devons-nous pas juger
l'intérieur de la créature par ses actes extérieurs ; mais nous devons juger
la volonté de chacun dans votre volonté, surtout pour vos serviteurs qui lui
sont entièrement unis.
2. L'âme est heureuse lorsqu'elle voit la lumière
dans votre Lumière. Les moyens que prennent vos serviteurs sont différents ;
mais, quelle que soit leur route, ils sont toujours dans le chemin de votre
ardente charité ; sans cela ils ne suivraient pas véritablement votre
vérité. Nous en voyons courir dans la voie de la pénitence et s'adonner à la
mortification du corps ; d'autres marchent dans l'humilité et la destruction
de leur volonté ; d'autres dans le zèle de la foi ; ceux-ci avancent par la
miséricorde, ceux-là par l'amour du prochain, auquel ils se sacrifient ; et
dans tous, l'âme se développe, parce qu'en se servant bien de la lumière
naturelle, elle obtient la lumière surnaturelle, qui lui fait voir
l'immensité de votre bonté.
3. Oh ! comme ils avancent royalement, ceux qui
voient en toute chose votre volonté, et qui ne jugent jamais celle de votre
créature ! O ineffable Charité! ils connaissent et pratiquent parfaitement
votre doctrine, puisque vous avez dit : "Ne jugez pas d'après le visage" (Jean,
VII, 24). O Vérité éternelle ! quelle est votre doctrine, et quelle voie
devons-nous suivre pour arriver à votre Père ? Je n'en connais pas d'autre
que celle que vous avez tracée avec votre Sang précieux, et que vous avez
affermie par les admirables vertus de votre ardente charité. C'est là notre
chemin ; car notre seule erreur est d'aimer ce que vous détestez, et de haïr
ce que vous aimez.
4. Aujourd'hui, ô abîme de charité! j'implore votre
miséricorde ; faites-moi la grâce de suivre votre vérité avec un cœur
simple ; accordez-moi une faim continuelle de souffrir pour vous les peines
et les tourments. Donnez à mes yeux, Ô mon Père, des fontaines de larmes,
afin que j'obtienne votre miséricorde pour le monde entier, et surtout pour
l'Église votre Épouse.
5. O douce et ineffable Charité, l'Église est le
jardin que vous avez fécondé de votre sang et arrosé de celui des martyrs,
qui ont généreusement couru après le parfum de votre sacrifice ; protégez-la
donc. Qui pourrait prévaloir contre la cité que vous défendez ? O Père très
clément ! plongez nos cœurs dans votre Sang, afin qu'ils brûlent d'ardeur
pour votre gloire et pour le salut des âmes. J'ai péché, Seigneur, ayez
pitié de moi.
6. O Dieu éternel ! comment parler dignement de
vous ? Tout ce que nous pouvons dire, c'est que vous êtes notre Dieu, et que
vous ne voulez que notre sanctification. Ne l'avez-vous pas montré en nous
donnant le sang de votre Fils, qui s'est passionné pour notre salut jusqu'à
la mort ignominieuse de la Croix ? L'homme ne doit-il pas avoir honte de
lever orgueilleusement la tête, lorsque vous, le Dieu très haut, vous vous
êtes humilié dans la boue de notre humanité !
7. O Dieu ! combien la miséricorde vous est
naturelle ! L'homme, votre serviteur, l'invoque contre les rigueurs de votre
justice, que le monde a méritées par ses péchés. Votre miséricorde nous a
créés, votre miséricorde nous mi rachetés de la mort éternelle, votre
miséricorde nous couvre et nous protège contre votre justice ; elle vous
empêche d'ordonner à la terre de s'ouvrir pour nous engloutir, et aux bêtes
féroces de nous dévorer : tout est à notre service, au contraire, et la
terre nous prodigue l'abondance de ses fruits. C'est votre miséricorde qui
règle, qui gouverne tout ; c'est elle qui retarde notre mort afin que nous
ayons le temps de revenir et de nous réconcilier avec vous.
8. O Père tendre et miséricordieux ! qui est-ce qui
empêche les anges de punir l'homme, votre ennemi ? Votre miséricorde. Elle
nous donne aussi les douceurs qui nous obligent à vous aimer, qui séduisent
le cœur de votre créature ; elle nous envoie les peines et les afflictions
qui nous obligent à vous reconnaître, et qui nous font souffrir, afin que
vous puissiez couronner ceux qui auront combattu avec courage.
9. C'est elle qui a conservé les cicatrices
glorieuses de l'Agneau, votre Fils unique, afin qu'elles intercèdent sans
cesse pour nous votre souveraine Majesté. C'est cette miséricorde qui m'a
montré si clairement aujourd'hui, à moi, si indigne et si misérable, que je
ne puis et ne dois jamais juger les intentions des créatures raisonnables
que vous conduisez par des voies si différentes. Vous me l'avez prouvé par
moi-même, et je vous en rends grâces.
10. Votre miséricorde n'a pas voulu que l'Agneau sans
tache rachetât le genre humain par une seule goutte de son sang, comme il le
pouvait ; elle a voulu qu'il le donnât tout entier, qu'il souffrît dans tout
son corps, afin qu'il satisfit surabondamment pour le genre humain qui vous
avait offensé. Et cela pour deux raisons : d'abord parce que, parmi vos
créatures raisonnables, les unes vous outragent avec la tête, les autres
avec les mains ou avec les autres parties de leur corps ; le genre humain
avait donc péché par tous ses membres. Puis tout péché vient de la volonté,
et sans elle il n'en existerait pas ; c'est elle qui dirige tout le corps.
Par conséquent, tout le corps de la créature vous avait offensé.
11. Aussi, vous avez voulu que tout le corps et tout le
sang de votre Fils unique satisfissent à votre justice, afin que la
satisfaction fût complète, et cela par la vertu de la Divinité unie à notre
nature humaine, qui seule pouvait souffrir. La Divinité a accepté le
sacrifice. O Verbe éternel, Fils de Dieu ! comment avez-vous eu la
contrition parfaite de la faute, puisque vous n'en avez jamais eu la
souillure ? Je vois que vous avez voulu satisfaire par les peines de votre
esprit et de votre corps, parce que c'était par son esprit et par son corps
que l'homme avait péché. J'ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi, et ne
regardez pas nos péchés, Dieu tout puissant, Dieu bon et miséricordieux !
XVII
1. O Trinité, éternelle Trinité ! ô feu, ô abîme de
charité ô folie d'amour pour votre créature, Vérité, Sagesse éternelle !
Dieu qui vous êtes donné pour notre rédemption, ce n'est pas Votre Sagesse
seulement qui est venue au monde ; car la Sagesse n'a pas été séparée de la
Puissance, la Puissance de la Sagesse et de la Clémence ; toute la Trinité
était présente. O Trinité éternelle, qu'avez-vous reçu de l'homme, si ce
n'est l'outrage ? Et quel profit deviez-vous retirer de notre rédemption ?
Aucun ; vous n'avez pas besoin de nous, et vous n'avez été utile qu'à nous.
O ineffable Charité, vous avez donné toute votre divinité et toute votre
humanité dans votre Incarnation, et vous les donnez encore à l'âme
raisonnable, afin que pendant notre pèlerinage nous ne succombions pas à la
fatigue, et que nous soyons fortifiés par cette nourriture céleste.
2. Homme mercenaire, à quel prix Dieu veut-il
t'acheter ? Au prix de sa divinité et de son humanité, qu'il te donne tout
entières, sous les blanches apparences du pain. O flamme d'amour, ne
suffisait-il pas de nous créer à votre image et ressemblance, de nous faire
renaître à la grâce dans le sang de votre Fils ? Fallait-il encore nous
donner toute la Trinité en nourriture ! C'est votre charité qui l'a voulu. O
Trinité éternelle, non seulement vous avez donné votre Verbe dans la
Rédemption et dans l'Eucharistie, mais vous vous, êtes donnée tout entière
par amour pour votre créature. Oui, l'âme vous possède, lorsqu'elle se
renonce pour vous, lorsqu'elle ne cherche et ne désire en elle et dans le
prochain que la gloire et l'honneur de votre nom, parce que vous êtes la
Bonté suprême, que doivent aimer et servir toutes les créatures.
3. Non seulement vous vous révélez aux âmes qui vous
aiment ainsi, mais vous les fortifiez contre les assauts du démon, contre
les persécutions des hommes et contre les malheurs qui leur arrivent. Vous
éclairez leur intelligence par la sagesse de votre Fils, afin qu'ils se
connaissent et vous connaissent dans votre lumière. Vous embrasez leur cœur
par la clémence du Saint Esprit, et vous accomplissez toutes ces merveilles
en eux selon la mesure de leur amour et selon l'usage qu'ils font de leurs
facultés.
4. Je vous rends grâces, ô Père éternel, de ce que
vous nous montrez aujourd'hui comment peut être réformée l'Église. Vous avez
éclairé de votre Verbe l'intelligence de vos créatures ; fortifiez
maintenant leur volonté, surtout celle de votre Vicaire, afin qu'il suive
les lumières que vous lui avez données et que vous devez lui donner. O
Trinité éternelle, j'ai péché toute ma vie. Âme misérable, tu as sans cesse
oublié ton Dieu ; car, si tu ne l'avais pas oublié, tu serais consumée du
feu de son amour. O Père éternel, rendez la santé aux malades, la vie aux
morts ; donnez-leur une voix, afin qu'ils crient vers vous, et qu'ils
obtiennent miséricorde pour le monde et pour votre Épouse. C'est avec votre
voix même que nous vous implorons, exaucez-nous.
5. Moi, je vous en prie pour tous, pour votre Vicaire
surtout et pour ceux qui l'entourent, pour ceux que vous m'avez donnés à
aimer d'un amour spécial. Je suis malade et je voudrais les voir en santé ;
je suis pleine de défauts, et je voudrais les voir parfaits ; je suis morte,
et je voudrais les voir vivre de la vie de votre grâce. D'où vient tant
d'humilité et de miséricorde? Un Dieu s'associer si intimement à sa
créature ! non seulement unir la nature divine à la nature humaine, mais
encore se communiquer aux âmes qui vous aiment et qui vous servent dans la
simplicité du cœur ! L'homme ne devrait-il pas avoir honte de ne pas se
fixer en vous, lorsque vous voulez bien rester en lui de tant de manières ?
Âme malheureuse, tu ne te souviens pas de ton Dieu, tu ne peux par
conséquent t'affermir dans la vertu. l'ai péché, Seigneur, ayez pitié de
moi.
6. O Dieu tout puissant, vous êtes la Vie et moi la
mort, la Sagesse et moi la folie, la Lumière et moi les ténèbres, l'Infini
et moi le néant, la Droiture et moi la fausseté, le Médecin et moi le
malade. Qui pourra vous atteindre ô Dieu suprême, pour vous remercier des
bienfaits si grands et si nombreux dont vous nous avez comblés ? Mais vous
nous atteignez par cette lumière que vous versez dans le cœur de ceux qui
veulent vous recevoir : vous enchaînez de vos liens ceux qui se laissent
enchaîner, ceux qui ne s'opposent point à votre volonté. Ne tardez pas, ô
Père très clément, jetez les regards de votre miséricorde sur le inonde : il
vous glorifiera plus en recevant votre lumière qu'en restant dans les
ténèbres du péché.
7. Tout glorifie votre nom, mais ce sont les pécheurs
qui font briller davantage votre miséricorde, lorsqu'elle arrête le glaive
de votre justice, et qu'elle donne au coupable le temps de se convertir.
Votre gloire paraît dans l'enfer, où votre justice punit les damnés, mais
votre miséricorde s'y montre aussi, parce qu'ils n'y souffrent pas tous les
tourments qu'ils ont mérités. Là même, votre nom est honoré. Mais que ne
puis-je surtout le voir glorifié dans vos créatures, qui vous louent en
accomplissant votre volonté, et qui parviennent à la fin pour laquelle vous
les avez créées ! Faites de votre Vicaire un autre vous-même, et donnez-lui
la lumière dont il a si grand besoin puisqu'il doit la répandre sur les
autres. O Père très bon et très clément, je vous en supplie, accordez-nous
votre douce et éternelle bénédiction.
XVIII
1. O Dieu éternel, Dieu éternel, Amour ineffable, en
votre lumière j'ai vu la lumière, j'ai connu la lumière ; j'ai compris la
cause de la lumière, et la cause des ténèbres. Vous êtes la cause de la
lumière, et nous, vos créatures, nous sommes la cause des ténèbres. Je sais
ce que la lumière fait dans l'âme, et ce qu'y font les ténèbres. O Trinité
éternelle, vos oeuvres sont admirables ; la lumière les fait connaître,
parce qu'elles viennent de la lumière. Aujourd'hui, votre Vérité me montre
clairement que la cause des ténèbres est l'enveloppe immonde de notre
volonté propre et que le moyen de connaître la lumière est de se revêtir de
votre douce volonté. Chose admirable! nous sommes dans les ténèbres, et nous
voyons la lumière ; nous sommes dans le fini, et nous connaissons l'infini ;
nous vivons dans la mort, et nous connaissons la vie.
2. De même que l'homme se dépouille d'un vêtement et
le jette loin de lui, l'âme doit se dépouiller de sa volonté viciée, si elle
veut revêtir complètement la vôtre. Pour y parvenir, il faut développer par
le libre arbitre cette lumière que nous avons reçue dans le saint baptême,
et qui nous fait voir la lumière dans la lumière : Cette lumière, vous nous
l'avez montrée sous les voiles de notre humanité. Que reçoit l'âme qui est
revêtue de cette lumière ? Elle est délivrée des ténèbres, de la soif, de la
faim et de la mort. La faim de la vertu chasse la faim insatiable de la
volonté : la soif de votre honneur chasse la soif de l'amour-propre, et la
vie de votre volonté triomphe de la mort de nos convoitises.
3. O vêtement infect de notre volonté, tu ne couvres
pas l'âme, tu causes sa nudité. O volonté détruite, gage de la vie
éternelle, tu es fidèle jusqu'à la mort, non pas au monde, mais à ton doux
créateur. Tu lies l'âme à lui, parce que tu la détaches d'elle-même. O Amour
ineffable, comment l'âme sait-elle qu'elle est parfaitement détachée
d'elle-même ? Elle le sait lorsqu'elle ne choisit plus le lieu, la manière,
le temps qui lui plaisent davantage, mais qu'elle s'en rapporte pour tout à
votre bon plaisir.
4. Votre volonté, Seigneur, est un vêtement
éblouissant, c'est un soleil ; car, comme le soleil éclaire, échauffe et
féconde la terre, votre lumière éclaire et échauffe l'âme qui la possède
dans le feu de votre charité ; elle l'éclaire, parce qu'avec la lumière elle
lui fait connaître la vérité dans la lumière de votre sagesse : elle lui
fait produire, pendant qu'elle est sur cette terre, le fruit des véritables
et saintes vertus. L'âme devient forte par la puissance du Père, prudente
par la sagesse du Fils, et capable d'aimer par la clémence du Saint Esprit (Cette
dernière phrase ne se trouve que dans la version latine.)
5. Qu'est-ce qui empêche l'âme de se dépouiller
d'elle-même ? C'est la privation de la lumière. Elle a méconnu la première
lumière que vous donnez à toute créature raisonnable, et ne l'a pas
développée. Elle a obscurci la vue de l'intelligence par des fautes qui ont
enchaîné la volonté, et lui ont fait commettre le mal. O âme ignorante ! si
tu ne distingues pas la puanteur du péché et les parfums de la vertu et de
la grâce, c'est que tu es privée de la lumière. J'ai péché, Seigneur, ayez
pitié de moi.
6. Dieu éternel, je sais combien vous avez fait la
créature à votre ressemblance ; de quelque côté que mon intelligence
regarde, elle voit que vous l'avez mise comme dans un cercle dont elle ne
peut sortir. Si je considère l'être que vous nous avez donné, j'y trouve
votre image et votre ressemblance, dans nos rapports avec la sainte Trinité,
par les trois puissances de notre âme. Si je considère le Verbe qui nous a
fait naître à la grâce, je vois que vous nous ressemblez, et que nous vous
ressemblons par cette union ineffable de la divinité et de l'humanité. Si je
me tourne vers l'âme que vous éclairez des rayons de votre pure lumière, je
vois qu'elle demeure en vous, parce qu'elle suit la doctrine de votre
Vérité, et qu'elle pratique les vertus inspirées et prouvées par l'amour
qu'elle a pour vous ; et c'est vous-même qui êtes cet amour.
7. Dès que l'âme suit votre doctrine par amour, elle
devient un autre vous-même. Elle s'est dépouillée de sa volonté pour se
revêtir de la vôtre ; elle ne demande, elle ne désire que ce que vous
demandez et ce que vous désirez en elle. Vous aimez cette âme, et cette âme
vous aime ; mais vous l'aimez gratuitement, vous l'avez aimée avant qu'elle
fût, tandis qu'elle vous aime à cause de vos bienfaits. Il lui est
impossible de vous aimer gratuitement comme vous l'aimez, puisqu'elle vous
doit tout, et que vous ne lui devez rien. Mais cet amour désintéressé
qu'elle ne peut vous rendre, elle doit le rendre au prochain, en l'aimant
gratuitement et par devoir. Gratuitement, parce qu'elle doit l'aimer sans
intérêt et sans réciprocité ; par devoir, parce que vous le lui ordonnez, et
qu'elle est obligée de vous obéir.
8. Quelle conformité entre vous et l'âme,
lorsqu'elle s'élève à vous par la lumière intellectuelle qu'elle reçoit de
vous, et par l'amour divin qu'elle acquiert en se contemplant aux clartés de
votre Vérité ! Elle vous ressemble, ô Dieu immortel, parce que vous lui
faites comprendre et goûter dans l'ardeur de votre charité vos biens
immortels. Vous êtes la Lumière, et vous la faites participer à la lumière ;
vous êtes un feu, et vous vous communiquez vous confondez sa volonté avec la
vôtre, et la vôtre avec la sienne. Vous êtes la Sagesse suprême, et vous lui
donnez la sagesse ; vous lui faites discerner et comprendre la vérité. Vous
êtes la Force éternelle, et vous lui donnez la force. Vous la lui donnez si
grande, qu'aucune créature ne saurait l'ébranler, si elle ne le veut pas, et
elle ne le voudra jamais tant qu'elle sera revêtue de votre volonté : sa
seule volonté peut l'affaiblir.
9. Vous êtes infini, et vous la rendez infinie par la
conformité que la grâce lui donne avec vous, pendant la vie de son
pèlerinage, et pendant la vie de l'éternelle vision. Elle vous est tellement
conforme, son libre arbitre vous est tellement uni, qu'elle ne peut plus
perdre votre ressemblance. Oui, votre Vérité a dit vrai : toute créature
raisonnable devient conforme à vous et vous à elle, par la grâce. Vous ne
lui donnez pas une partie de votre grâce, vous la lui donnez tout entière.
Pourquoi ? Parce que rien ne lui manque -pour son salut. Vous la lui donnez
plus ou moins parfaite, selon qu'elle veut développer dans votre lumière la
lumière naturelle que vous lui avez d'abord donnée. Que dire encore, sinon
que l'homme devient Dieu, et que vous, mon Dieu, vous vous êtes fait-homme ?
10. Quelle a été la cause de cette conformité ? La
lumière a fait connaître à l'âme votre volonté ; et parce qu'elle la
connaît, elle se dépouille de sa volonté propre, qui causait ses ténèbres,
sa mort, sa nudité. Elle se revêt de votre volonté, de vous-même par la
grâce, par la lumière, par le feu, par l'union de votre Divinité à notre
humanité. Vous êtes la cause de tout bien, tandis que la volonté corrompue
de l'amour-propre est la cause de tout mal ; et cela parce qu'elle aveugle
l'âme, et qu'elle la fait sortir de la sphère lumineuse de la sainte foi où
elle vous trouvait toujours. Quelle est alors son union et sa ressemblance ?
Dès qu'elle abandonne la lumière de la foi, elle ressemble à la brute
dépourvue de raison : elle suit la loi corrompue des êtres mauvais, visibles
et invisibles, et c'est elle seule qui en est la cause.
11. Oui, je le confesse, Dieu éternel et tout puissant,
je suis la cause misérable de tous ces maux, parce que je n'ai pas exercé ma
lumière dans votre lumière, pour connaître combien vous déplaît et combien
m'est nuisible et mortel ce vêtement de ma propre volonté, ce vêtement dont
vous voulez que je me dépouille complètement. Hélas ! malheureuse, j'ai
méconnu la douceur de votre volonté, que je devais revêtir. J'ai péché,
Seigneur, ayez pitié de moi.
12. Vous êtes, ô Dieu éternel, la lumière qui nous
fait voir la lumière. Je vous supplie de répandre cette lumière sur toutes
vos créatures raisonnables, surtout sur le souverain pontife, votre Vicaire,
afin qu'il devienne un autre vous-même. Éclairez ceux qui sont dans les
ténèbres, et qu'ils connaissent votre vérité. Je vous implore aussi pour
ceux que vous avez confiés à mon affection et à ma sollicitude particulière.
Qu'ils soient illuminés de vos rayons, qu'ils soient purifiés de leurs
fautes, afin qu'ils puissent activement travailler dans le champ que vous
leur avez confié. Punissez et vengez sur moi leurs erreurs et leurs
faiblesses dont je suis cause. J'ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi.
13. Je vous remercie, sainte et adorable Trinité, des
consolations que vous avez données à mon âme en me faisant connaître la
conformité que nous avons avec vous, et en m'expliquant l'excellence de
votre volonté. Je suis celle qui ne suis pas, et vous êtes seul Celui qui
êtes. Rendez-vous grâces vous-même en me donnant les moyens de pouvoir vous
louer. Que votre volonté vous force à faire miséricorde au monde, et à
secourir votre Vicaire et votre Église. J'ai péché, Seigneur, ayez pitié de
moi. O Dieu éternel, accordez-nous votre douce Bénédiction. Ainsi soit-il.
XIX
1. J'ai recours à vous, Médecin suprême, Amour
inexprimable de mon âme ; je soupire avec ardeur vers vous, Trinité
éternelle, infinie, moi si peu de chose ! Je m'adresse à vous dans le corps
mystique de votre sainte Église pour que vous purifiiez par votre grâce
toutes les taches de mon âme. Ne tardez pas davantage, je vous le demande
par les mérites de saint Pierre, que vous avez chargé de conduire votre
Barque. Secourez votre Épouse, qui espère dans le feu de votre charité et
l'abîme de votre admirable sagesse.
2. Ne méprisez pas les désirs de vos serviteurs,
mais dirigez vous-même la Barque sainte. Vous qui faites la paix, attirez à
vous tous les fidèles ; dissipez les ténèbres de l'orage, afin que l'aurore
de votre lumière brille sur les champs de votre Église et y ramène le zèle
pour le salut des âmes. O Père tendre et miséricordieux, vous nous avez
donné des liens pour enchaîner le bras de votre justice ; ce sont les
humbles prières et les ardents désirs de vos ardents serviteurs, que vous
avez promis d'exaucer, lorsqu'ils vous demanderaient d'avoir pitié du monde.
3. Je vous rends grâces, Ô Dieu puissant et éternel,
du repos que vous voulez bien promettre à votre Épouse. Oui, j'entrerai dans
ses jardins et je n'en sortirai pas avant d'avoir vu l'accomplissement de
vos promesses qui ne trompent jamais. Effacez aujourd'hui nos péchés,
Seigneur, et purifiez nos âmes avec le Sang que votre Fils unique a versé
pour nous, afin que, la joie Sur le visage et la pureté tians l'âme, nous
lui rendions amour pour amour, en mourant à nous-mêmes et en vivant pour
lui.
4. Exaucez aussi les prières que nous vous adressons
pour le Pontife qui garde la Chaire sacrée dont nous célébrons la fête ;
rendrez-le l'imitateur et le digne successeur de votre petit vieillard
Pierre (Il succesore di questo tuo vecchiacciuolo di Petro.), et
donnez-lui tout ce qui lui est nécessaire pour gouverner l'Église. Vous le
savez, vous avez promis de satisfaire bientôt mes désirs : ainsi je
m'adresse à vous avec confiance, mon Dieu ; ne tardez pas davantage à
accomplir vos promesses.
5. Et vous, mes frères bien-aimés, travaillons,
tandis que nous le pouvons, pour l'Église du Christ, qui est notre mère dans
la foi. Vous avez été placés dans l'Église comme ses colonnes ; aidez-la de
vos ferventes prières et de vos œuvres ; détruisez eu vous tout amour-propre
et toute paresse. Cultivons avec ardeur le champ sacré de la Foi, afin que
nous accomplissions la volonté de Dieu, qui nous a donné cette tâche pour
notre salut, pour celui des autres, et pour l'unité de l'Église, qui doit
être le salut de nos âmes.
XX
1. O Dieu éternel, souveraine Grandeur, vous êtes
grand, moi je suis petite. Ma bassesse ne peut atteindre votre Grandeur
qu'autant que la volonté, l'intelligence, la mémoire, surmontent la
faiblesse de mon humanité pour vous contempler dans la lumière que vous
m'avez donnée. Si je regarde votre Grandeur, toute grandeur que mon âme peut
atteindre en vous est comme la nuit obscure comparée aux clartés du jour, ou
comme les reflets de la lune comparés au disque éclatant du soleil. Je puis
bien vous posséder par l'amour, mais je ne puis vous voir dans votre
essence : vous avez dit que l'homme vivant ne peut vous voir.
2. Oui, l'homme vivant dans sa sensualité et sa
volonté ne peut vous voir dans l'union de votre charité ; celui qui vit dans
la rectitude de la raison peut vous voir dans l'union de votre charité, mais
il ne peut vous contempler dans votre essence tant qu'il habite son corps
mortel. Il est donc bien certain que je ne puis vous atteindre, mais
seulement jouir de vous comme dans un miroir, c'est-à-dire dans les effets
de votre charité, et non dans votre essence.
3. Et quand ai-je pu prétendre à ce bonheur de vos
adorateurs véritables, à ce bonheur incompatible avec ma vie mortelle ?
Lorsque arriva le moment sacré, le temps vraiment acceptable, où mon âme put
voir dans la lumière l'accomplissement des promesses ; lorsque vint au monde
le grand Médecin, votre Fils unique ; lorsque l'Époux fut uni à l'Épouse, et
le Verbe-Dieu à notre humanité. Cette union s'est faite par Marie, car c'est
elle qui vous a revêtu de sa chair, vous qui êtes l'éternel Époux !
4. Cette union ineffable était cachée d'abord ; peu
la connaissaient, et l'âme ne pouvait comprendre toute votre grandeur ; mais
l'âme eut la connaissance parfaite de votre charité dans la Passion du Verbe
(Il ne s'agit pas d'une connaissance parfaite, absolue mais de la
connaissance dont parle saint Jean dans sa première Épître, III, 16 : In hoc
cognovimus charitatem Dei, quoniam ille animan suam pro nobis posuit.).
Alors le feu caché sous notre cendre se manifesta et produisit ces grandes
flammes qui atteignirent le corps sacré du Sauveur sur l'arbre de la Croix.
Pour que l'affection de l'âme fût attirée aux choses d'en haut, pour que
l’œil de l'intelligence pût vous contempler dans ces flammes, ô Verbe
éternel, vous avez voulu être élevé sur le Calvaire, et le sang que vous y
avez versé nous a prouvé votre amour, votre miséricorde et votre générosité
infinie. Vous nous avez aussi montré, par ce Sang, combien vous est odieuse
et pesante la faute de l'homme. Vous avez purifié dans ce Sang l'âme,
l'épouse que vous avait donnée l'union de votre divinité à notre humanité.
Ce Sang a été un vêtement pour sa misère, et votre mort lui a rendu la vie.
5. O Passion désirable, mais qui ne peut être désirée
ni aimée par ceux qui se désirent, s'aiment encore eux-mêmes ! Passion que
désire celui qui s'est dépouillé de lui-même pour se revêtir de vous, et qui
a connu par votre lainière la grandeur de votre charité ! Passion douce et
profitable, qui donnez à l'âme la paix nécessaire pour traverser les flots
d'une mer orageuse ! Passion, la suavité, la douceur même, richesse de
l'âme, repos des affligés, nourriture de ceux qui ont faim ! vous êtes le
port et le paradis de nos âmes ! notre joie véritable, notre gloire, notre
béatitude ! Celui qui se glorifie en vous possède tout ce qu'il doit
posséder. Et qui est-ce qui se glorifie en vous ? Ce n'est pas celui qui
abaisse la lumière de sa raison aux caprices-de ses sens : celui-là ne peut
voir que ta terre.
6. O Passion qui guérissez toute maladie, pourvu que
le malade consente à sa guérison, car vos bienfaits ne nous ôtent pas la
liberté, vous rendez la vie aux morts et vous délivrez l'âme qui est tombée
dans les pièges du démon si le monde nous poursuit, si notre fragilité nous
accablé, vous êtes notre refuge. L'âme, en voyant les douleurs du Calvaire,
connaît l'immensité de la charité divine que cette Passion lui révèle, et
elle en est enivrée. La faiblesse que le Verbe emprunte à notre humanité
pour souffrir est un miracle de grandeur et de puissance, puisqu'elle vient
de Dieu, qu'elle nous élève à Dieu et qu'elle fait ce que rien ne pourrait
faire.
7. O divine Passion ! l'âme qui se repose en vous
meurt à la sensualité, en goûtant le charme de votre amour. Qu'elle est
grande, qu'elle est suave la douceur qu'elle trouve lorsqu'elle pénètre
cette dure enveloppe sous laquelle se cachent la lumière et le feu de la
charité, lorsqu'elle voit l'admirable union de la Divinité avec l'humanité
qui seule souffre en notre Sauveur ! Regarde, mon âme, contemple le Verbe
dans notre humanité comme dans un nuage qui l'environne ; la Divinité n'est
pas plus blessée par ce nuage de notre humanité que le soleil ne l'est par
les nuages qui voilent ses splendeurs et nous cachent la pureté du ciel.
Oui, la divinité du Verbe assista aux souffrances de son corps. mais après
sa Résurrection, elle changea en lumière les ténèbres de son humanité et la
rendit immortelle.
8. O Passion, vous êtes la doctrine que doit suivre
la créature raisonnable ; vous montrez combien s'égarent ceux qui préfèrent
les plaisirs aux peines ; puisqu'on ne parvient au Père que par le Verbe, et
qu'on ne s'associe au Fils qu'en aimant ses souffrances. Si l'homme veut
éviter la souffrance, il l'endurera malgré lui ; s'il consent à la porter
avec le Soleil de justice, il n'en souffrira pas plus que la Divinité n'a
souffert dans le Verbe les douleurs de la Passion acceptée volontairement.
Depuis votre Passion, ô Verbe de Dieu, l'âme ne peut avec la lumière de la
grâce connaître l'étendue de votre charité ; et c'est par cette lumière, qui
nous est donnée dans le temps, que nous parviendrons à connaître votre
essence dans l'éternité.
9. O Dieu aimable, Dieu éternel, Sublimité infinie,
nous ne pouvions élever à votre hauteur, ni les affections de notre âme à
cause de leur bassesse, ni les regards de notre intelligence à cause des
ténèbres du péché ; mais vous qui êtes le Médecin suprême, vous nous avez
donné le Verbe avec son humanité ; vous avez gagné l'homme, vous avez vaincu
le démon, non par l'humanité mais par la Divinité. En vous faisant petit,
vous avez grandi l'homme : vous vous êtes abreuvé d'outrages pour le remplir
de béatitude ; vous avez souffert la faim pour le rassasier de charité ;
vous vous êtes dépouillé de la vie pour le revêtir de la grâce ; vous vous
êtes couvert de honte pour lui rendre l'honneur ; vous vous êtes caché dans
votre humanité pour lui donner la lumière ; vous vous êtes étendu sur la
Croix pour l'embrasser ; vous lui avez ouvert votre côté pour lui offrir un
asile contre ses ennemis, et lui faire connaître votre amour, dont l'étendue
n'a pas de bornes. C'est là qu'il a trouvé la piscine salutaire qui a guéri
son âme de la lèpre du péché.
10. O Amour ineffable, ô Flamme, ô Abîme de charité,
Grandeur qu'on ne peut mesurer, plus je vous contemple dans votre Passion,
plus je rougis de la misère de mon âme qui ne vous a jamais connu, et cela
parce qu'elle vivait pour les sens et qu'elle était morte à la raison. Mais
que votre admirable charité illumine aujourd'hui mon intelligence,
l'intelligence de ceux que vous m'avez confiés, et celle de toutes les
créatures raisonnables. O Dieu, mon Amour, lors. que le monde se mourait
dans la faiblesse, vous lui avez envoyé pour le guérir votre Fils unique, et
je sais que vous le lui avez envoyé à cause de votre amour, et non à cause
de nos mérites.
11. Maintenant le monde s'affaisse dans la mort, et mon
âme n'en peut supporter le douloureux spectacle. Quel moyen prendrez-vous
pour le ranimer, puisque vous ne pouvez plus souffrir et que vous ne
descendrez plus des cieux pour nous racheter, mais pour nous juger ? Comment
nous rendrez-vous la vie ? Je crois, ô Bonté infinie, que les remèdes ne
vous manquent pas ; je sais que votre amour pour nous est toujours le même,
et que votre puissance n'est pas plus affaiblie que votre sagesse. Vous
voulez, vous pouvez, vous connaissez ce qui peut nous sauver. Je vous en
supplie, montrez-moi ce remède, afin que mon âme ranimée reprenne courage.
12. Il est vrai que votre Fils ne doit plus venir que
dans la majesté du jugement : mais vous avez des serviteurs que vous appelez
vos Christs ; et avec eux vous pouvez sauver le monde et lui rendre la vie,
parce qu'ils marchent avec courage sur les traces de votre Fils, parce
qu'ils brûlent du désir de vous glorifier, de sauver les âmes, et qu'ils
supportent avec patience les peines, les tourments, les opprobres et les
injures. Ces peines finies, accompagnées d'un désir infini, vous feront
exaucer leurs prières, accomplir leurs désirs. S'ils souffraient
corporellement sans ce désir infini, leurs souffrances ne pourraient suffire
ni à eux ni aux autres, comme la Passion du Verbe sans la Divinité n'aurait
pas suffi au salut du genre humain.
13. Sauveur par excellence, donnez-nous donc des
Christs pour qu'ils répandent leur vie pour le salut du monde dans les
jeûnes, les veilles et les larmes. Vous les appelez vos Christs parce qu'ils
deviennent semblables à votre Fils unique. O Père éternel, sauvez-nous de
notre ignorance, de notre aveuglement, de notre froideur, Que nous ne
restions pas dans cette obscurité où nous ne voyons que nous-mêmes ; mais
faites-nous connaître votre volonté. J'ai péché, Seigneur, ayez pitié de
moi ! Je vous remercie de ce que vous avez donné le repos à mon âme, en lui
faisant connaître, dès ici-bas, la grandeur de votre charité et le moyen que
vous avez pour délivrer le monde de la mort.
14. Réveille-toi donc, ô mon âme, secoue ce sommeil qui
a duré toute ta vie ! O Amour ineffable ! ce que souffrent vos serviteurs
devient méritoire par le désir de leur âme, et le désir de leur âme devient
méritoire par le désir de votre charité infinie ! O âme malheureuse qui ne
suis pas la lumière, mais les ténèbres, sors, sors donc de ces ténèbres
éveille-toi, ouvre les yeux de ton intelligence et regarde l'abîme de la
charité divine, sans voir, tu ne peux pas aimer ; et plus tu verras, plus tu
aimeras ; plus tu aimeras, plus tu suivras et te revêtiras sa volonté. J'ai
péché, Seigneur, ayez pitié de moi.
XXI
1. O notre Résurrection ! notre Résurrection !
puissante et éternelle Trinité, faites donc éclater mon âme! O Rédempteur!
notre Résurrection ! Trinité éternelle ! Feu qui brûlez toujours, qui ne
vous éteignez jamais, qui ne pouvez diminuer quand même vous vous
communiqueriez à toute la terre ! O Lumière qui donnez la lumière, je vois
dans votre lumière, et je ne puis rien voir sans vous, parce que vous êtes
Celui qui êtes, et moi je suis celle qui ne suis pas! Je connais par vous
mes besoins, ceux de l'Église et du monde ! C'est parce que je les connais
que je vous conjure d'ébranler, d'enflammer mon âme pour le salut du
inonde ; non pas que je puisse porter quelque fruit par moi-même, mais je le
puis par la vertu de votre charité, qui est la source de tout bien.
2. Oui, dans l'abîme de votre charité, l'âme agit
pour son salut et pour celui de prochain, comme votre Divinité, ô éternelle
Trinité, nous a sauvés au moyen de notre humanité bornée, qui nous a procuré
un bien infini. C'est par cette vertu toute puissante de votre Divinité qu'a
été créé tout ce qui participe à l'être, et qu'a été donné à l'homme le bien
spirituel et temporel qui se trouve en lui. Ce bien, vous avez voulu que
l'homme le cultivât par son libre arbitre.
3. O Trinité, Trinité éternelle! votre lumière nous
fait connaître que vous êtes le Jardin parfait qui renfermez les fleurs et
les fruits. Vous êtes une Fleur de gloire qui vous glorifiez et qui
fructifiez vous-même ! Vous ne pouvez rien recevoir d'un autre : sans cela
vous ne seriez pas le Tout-Puissant, l'Éternel ! Celui qui vous donnerait ne
paraîtrait pas venir de vous. Mais vous êtes votre gloire et votre fruit ;
ce que vous offre votre créature vient de vous ; si elle ne recevait rien,
elle ne pourrait rien vous rendre.
4. O Père éternel ! l'homme était renfermé dans
votre sein ; vous l'avez tiré de votre sainte pensée, comme une fleur où se
distinguent les trois puissances de l'âme. Dans chacune de ces puissances,
vous avez mis un germe afin qu'elles puissent fructifier dans votre jardin
et vous rendre le fruit que vous lui avez donné. Vous entrez dans l'âme pour
la remplir de votre béatitude, et l'âme y est comme le poisson dans la mer
et la mer dans le poisson.
5. Vous lui avez donné la mémoire afin qu'elle puisse
retenir vos bienfaits polir fleurir à la gloire de votre nom et porter de
bons fruits, Vous lui avez donné l'intelligence afin qu'elle connaisse votre
vérité et votre volonté qui veut toujours notre sanctification, et que, la
connaissant, elle vous honore et produise des vertus ! Vous lui avez donné
la volonté afin qu'elle puisse aimer ce que l'intelligence a vu et ce que la
mémoire a retenu.
6. Si je regarde en vous, qui êtes la Lumière, ô
Trinité éternelle, je vois que l'homme a perdu la fleur de la grâce par la
faute qu'il a commise. Il ne pouvait dès lors vous rendre gloire et
atteindre le but pour lequel vous l'aviez créé. Votre plan était détruit ;
votre jardin était fermé, et nous ne pouvions recevoir vos fruits. Alors
vous avez envoyé le Verbe, votre Fils unique, à notre secours.
7. Vous lui avez donné la clef de la Divinité et de
l'humanité réunies pour nous ouvrir la porte de la grâce ; la Divinité ne
pouvait l'ouvrir sans l'humanité, parce que l'humanité l'avait fermée par la
faute du premier homme ; et l'humanité seule ne pouvait ouvrir sans la
Divinité, parce que son action est finie et que la faute avait été commise
contre la perfection infinie. La satisfaction devait égaler la faute ; tout
autre moyen ne pouvait suffire. Et vous, doux et humble Agneau, vous nous
avez ouvert les portes du jardin céleste ; vous nous livrez l'entrée du
paradis et vous nous offrez les fleurs et les fruits de l'éternité.
8. Je comprends maintenant la vérité de ce que vous
disiez, lorsque vous êtes apparu sous la forme d'un pèlerin à vos deux
disciples, sur la route d'Emmaüs. Vous leur disiez qu'il fallait que le
Christ souffrit et qu'il entrât dans la gloire par la voie de la Croix (Luc,
XXIV, 26) ; vous leur citiez les prophéties de Moïse, d'Élie, d'Isaïe,
de David, et vous leur expliquiez les Écritures ; mais ils ne vous
comprenaient pas, parce que les yeux de leur intelligence étaient obscurcis.
Mais vous vous compreniez bien, doux et aimable Verbe, et vous saviez où
était votre gloire ; il vous fallait souffrir pour entrer en vous-même.
Ainsi soit-il.
XXII
1.- O Dieu souverain, ineffable Amour, Feu éternel qui
éclairez les âmes, qui les embrasez du souffle de votre charité et qui
détruisez en elles, autant que vous le pouvez tout ce qui vous est
contraire, l'amour vous a forcé de nous donner la vie, et de vous révéler à
nous pour l'honneur et la gloire de votre nom ; ce même amour vous a forcé
de revêtir notre mortalité pour nous retirer de nos égarements, et c'est
aujourd'hui surtout que parait cet amour.
2. Pour enseigner l'humilité à ceux que vous aimez,
vous vous êtes rendu accessible à la douleur : vous qui avez fait la loi,
vous vous y êtes soumis. Que l'homme rougisse clone de la dureté de son
cœur, et de la violation de la loi que vous lui avez donnée, puisque vous,
notre Dieu, vous avez voulu l'observer. Vous nous avez montré aujourd'hui en
vous le néant de notre humanité, pour que nous apprenions à nous anéantir en
vous. Vous avez souffert, pour nous racheter et nous renouveler dans l'amour
de votre Passion, afin que nous puissions à votre exemple souffrir avec
courage.
3. Que toute âme se fonde et se perde dans votre
amour, ô Créateur, ô Dieu véritable, qui avez tiré l'homme de vous-même pour
qu'il vous connût, vous aimât et vous suivit comme son unique fin. Et nous
avons résisté à tant de bienfaits ; ô Majesté éternelle ! nous avons osé
nous éloigner de vous. Encore aujourd'hui, votre bonté présente à nos âmes
l'anneau de votre charité pour en faire ses épouses, si elles veulent
accepter les conditions qui les fout participer à votre éternité.
4. Aujourd'hui, vous avez donné à mon âme la
rémission de ses péchés, par l'intermédiaire de votre ministre, dont la
puissance est la vôtre. Vous m'avez créée sans moi, mais vous ne pouvez me
sauver sans moi ; et c'est par la prière et la confession que j'ai obtenu de
votre Vicaire la rémission de mes péchés. Votre indigne servante vous en
remercie, Seigneur ; et puisque votre grâce m'a purifiée, ô mon Amour et mon
Dieu, je vous conjure de faire miséricorde au monde, et de l'éclairer, pour
qu'il reconnaisse votre Vicaire dans la pureté de la foi, et qu'il le suive
à la clarté de votre lumière.
5. Donnez aussi à votre Vicaire un cœur courageux et
tout revêtu de votre sainte humilité. Je vous le demande avec instance, et
je ne cesserai de le demander à votre bonté, ô mon Amour, jusqu'à ce que
vous m'ayez exaucée. Manifestez en lui votre vertu ; que son âme virile
brûle sans cesse de vos saints désirs, qu'elle soit pénétrée de votre
humilité, et qu'elle agisse avec votre douceur, votre charité, votre pureté,
votre sagesse ; qu'elle attire à lui l'univers tout entier. Oui, donnez à
votre Vicaire l'abondance de votre vérité, afin qu'il connaisse ce qu'il
était par lui-même et ce que vous êtes en lui par votre grâce.
6. Éclairez aussi ceux qui le combattent et qui
résistent au Saint Esprit et à votre toute-puissance par l'incirconcision de
leur cœur. Frappez à la porte de leurs âmes, car ils ne peuvent se sauver
sans vous. Pour les convertir, ô mon Dieu, réveillez la vie en eux, et que
votre amour ineffable vous force, dans ce jour de grâce, à amollir leur
dureté, afin qu'ils reviennent à vous et qu'ils ne périssent pas puisqu'ils
vous ont offense, ô Dieu de souveraine clémence, punissez sur moi leurs
offenses. Voici mon corps, je vous l'offre, je vous le livre comme une
enclume ou leurs fautes doivent être détruites.
7. Seigneur, vous avez donné à votre Vicaire un cœur
naturellement fort, je vous demande humblement que vous donniez aussi à son
intelligence une lumière surnaturelle qui le porte à la vertu et l'empêche
de tomber dans l'orgueil. Détruisez tout amour-propre en lui, en nous et
dans tous vos ennemis, afin que nous puissions nous réconcilier avec eux
lorsque vous aurez adouci leur dureté, et qu'ils se seront soumis à votre
obéissance.
8. Je vous offre ma vie, maintenant et quand il vous
plaira ; utilisez-la pour votre gloire. Je vous supplie, par les mérites de
votre Passion, de purifier votre Épouse de ses anciennes souillures, et de
retrancher de son sein les rameaux stériles. Ne tardez pas davantage, je
vous en conjure, ô mon Dieu. Je sais que vous pouvez par la force redresser
à la longue les branches difformes de vos ennemis ; mais hâtez-vous,
éternelle Trinité : puisque vous avez fait quelque chose de rien, il ne vous
sera pas difficile de vous servir de ce qui existe, et d'en retrancher le
mal. Je vous recommande mes enfants, et je présente à votre Majesté sainte
celui par le ministère duquel vous vous êtes aujourd'hui donné à moi.
Donnez-vous aussi à lui ; renouvelez-le à l'intérieur et à l'extérieur, afin
que tous ses actes soient conformes à votre bon plaisir. Daignez m'exaucer
et recevez mes actions de grâces, ô Vous, le Béni dans tous les siècles des
siècles ! Ainsi soit-il.
XXIII
1. O Trinité éternelle, Dieu unique, Dieu un en
essence et trine en personnes, permettez-moi de vous comparer à une vigne
qui a trois rameaux. Vous avez fait l'homme à votre image et ressemblance.
Par les trois puissances qu'il, a en son âme, il ressemble à votre Trinité
et à votre unité. Et pour ajouter à cette ressemblance, par la mémoire, il
ressemble et s'unit au Père, auquel on attribue la puissance ; par
l'intelligence, il ressemble et s'unit au Fils, auquel on attribue la
sagesse ; par la volonté, il ressemble et s'unit au Saint Esprit, auquel on
attribue la clémence, et qui est l'amour du Père et du Fils.
2. O Paul, saint Apôtre, vous avez bien connu cette
vérité. Vous saviez parfaitement d'où vous veniez, où vous alliez ; non
seulement où vous alliez, mais par quel chemin vous alliez, car vous avez
connu votre principe et votre fin, et par quelle voie vous alliez à votre
fin. Aussi, vous avez uni les puissances de votre âme aux personnes divines.
Vous avez uni votre mémoire au Père, en Vous rappelant parfaitement qu'il
est le principe d'où procède toutes choses, non seulement les choses créées,
mais encore, en leur manière, les personnes divines. Et par conséquent, vous
n'avez pas douté qu'il ne fût votre principe.
3. Vous avez uni la puissance de votre intelligence
au Fils, le Verbe, en comprenant parfaitement l'ordre qui ramène les choses
créées à leur fin, qui est le même principe réglé par la sagesse du Verbe.
Et pour que cela fût plus clairement manifesté, le Verbe s'est fait chair,
et il a habité parmi nous, afin qu'étant la Vérité, il traçât par ses
oeuvres la voie qui conduit à la vie pour laquelle nous étions créés, et
dont nous étions privés.
4. Vous avez uni votre volonté au Saint Esprit, en
aimant parfaitement cet amour, cette clémence que vous voyiez être la cause
de votre création et de tous les dons gratuits que vous aviez reçu ; et vous
saviez que cette divine clémence agissait toujours uniquement pour votre
bonheur et votre sanctification.
5. En ce jour le Verbe vous convertit de l'erreur à
la vérité ; vous avez reçu la grâce d'un ravissement où vous avez vu la
divine Essence en trois personnes. Lorsque cette vision finit, et que vous
êtes revenu à votre corps ou à vos sens, vous êtes resté revêtu seulement de
la vision du Verbe incarné, et en la méditant vous avez compris que ce Verbe
incarné, par ses souffrances continuelles, avait été la gloire de son Père
et notre salut.
6. Alors vous êtes devenu avide et affamé de
souffrances ; vous oubliiez tout le reste, et vous confessiez que vous ne
saviez autre chose que Jésus, et Jésus crucifié. Comme dans le Père et dans
l'Esprit Saint ne peut se trouver la souffrance, vous paraissiez oublier ces
deux Personnes divines, et vous disiez que vous ne connaissiez que le Fils
Jésus, qui souffrit de si grands tourments ; vous ajoutiez : Jésus crucifié.
XXIV
1. O Dieu éternel, Père tout puissant ! Feu qui
brûlez toujours, Flamme ardente de charité, mon Dieu, mon Dieu ! ce qui
montre votre bonté et votre grandeur, c'est le présent que vous avez fait l'
l'homme. Ce présent, c'est vous tout entier, vous l'infinie, l'éternelle
Trinité : et le lieu où vous avez daigné descendre pour vous donner, c'est
l'étable de notre humanité, qui était devenue le repaire des animaux,
c'est-à-dire des péchés mortels. Vous avez voulu y naître pour faire
comprendre à quel degré de misère l'homme était parvenu par sa faute. Vous
vous êtes donné tout entier en vous faisant semblable à notre humanité, et
en vous unissant à elle.
2. O Dieu éternel ! Dieu éternel, vous me dites de
regarder votre Divinité, afin de me voir en vous, et de mieux connaître, par
votre grandeur, ma misère et ma bassesse. Mais si je ne me dépouille pas
d'abord de ma volonté propre, je ne puis vous voir. Vous m'avez enseigné
qu'il fallait me dépouiller de ma volonté, en me connaissant moi-même, parce
qu'en me connaissant je vous connais, et en vous connaissant mon âme se
dépouille de sa volonté pour revêtir la vôtre.
3. Nous devons aussi arriver par la lumière à nous
connaître en vous. O feu qui brûlez toujours, l'âme qui se connaît en vous,
de quelque côté qu'elle se tourne, rencontre votre grandeur jusque dans les
plus petites choses, dans les créatures raisonnables et dans tout ce que
vous avez créé. Partout elle voit votre puissance, votre sagesse, votre
bonté ; car si vous n'en aviez pas eu le pouvoir, l'intelligence et la
volonté, vous n'auriez pas tout créé vous êtes tout puissant, et vous avez
manifesté votre puissance.
4. O âme misérable ! tu ne t'es jamais connue en
Dieu, parce que tu n'as pas dépouillé ta volonté corrompue, et que tu n'as
pas revêtu la sienne. Comment voulez-vous, ô mon doux Amour, que je me
regarde en vous ? J'y vois que vous nous avez créés à votre image et
ressemblance ; j'y vois que vous, la Pureté même, vous vous êtes uni à la
fange de notre humanité. C'est le feu de votre ineffable charité qui vous
contraint et qui vous force à vous donner à nous en nourriture, vous, la
Nourriture des anges, la souveraine, l'éternelle Pureté, qui demande tant de
pureté, que, s'il était possible à la nature angélique de se purifier
davantage, elle devrait le faire pour vous recevoir ! Et comment l'âme se
purifiera-t-elle ? Par le feu de votre charité, en se lavant dans le sang de
votre Fils unique.
5. O âme pleine de misère ! comment t'approches-tu
d'un si grand Sacrement sans mieux te purifier ? N'as-tu pas honte, et
n'es-tu pas digne d'habiter avec les bêtes et les démons, puisque tu
accomplis les actes des bêtes, et que tu suis les inspirations du démon ? O
Bonté infinie ! vous me montrez en vous que vous m'aimez, et que vous
m'aimez gratuitement, afin que j'aime aussi d'un amour désintéressé mon
prochain, et que je le serve spirituellement et corporellement autant que je
le pourrai, sans espoir de récompense. Vous voulez que, malgré ses
persécutions et son ingratitude, je ne l'abandonne jamais, et que je le
secoure dans tous ses besoins.
6. Que ferai-je pour vous obéir ? Je dépouillerai la
corruption de ma volonté, je me regarderai en vous à la lumière le la foi,
je me revêtirai de votre éternelle volonté, et je verrai que vous êtes, ô
adorable Trinité, notre table, notre nourriture, notre serviteur. Oui, ô
Père, vous êtes la table où nous est servi l'Agneau sans tache, votre Fils
unique. Cet Agneau est notre suave et délicieuse nourriture ; car il nous
nourrit de sa doctrine, et il se donne dans la sainte communion pour nous
soutenir et nous fortifier pendant le pèlerinage de cette vie. Le Salut
Esprit est notre serviteur ; car il nous sert cette doctrine qui éclaire
notre intelligence et qui attire nos cœurs ; il nous donne aussi cet amour
du prochain, cette faim des âmes et du salut du monde pour l'honneur du
Père. Aussi voyons-nous les âmes, éclairées en vous de la véritable lumière,
ne laisser jamais s'écouler un instant sans se nourrir de cet amour et de ce
désir du salut des âmes.
7. O infinie Bonté, vous nous montrez en vous les
nécessités du monde, et surtout celles de la sainte Église, votre Épouse.
Vous nous montrez l'amour que vous lui portez, puisque vous l'avez fondée
dans le sang de votre Fils, et que vous l'y conservez. Vous montrez aussi
votre amour pour votre Vicaire, puisque vous le rendez le dispensateur de ce
précieux Sang. Je me regarderai en vous afin de devenir pure ; et, lorsque
vous m'aurez purifiée, je demanderai à votre miséricorde de jeter des
regards de compassion sur les besoins de votre Église, et d'éclairer, de
fortifier votre Vicaire. Éclairez aussi, ô Père très clément, vos
serviteurs, pour qu'ils vous consultent en toute chose, et qu'ils soient
fidèles aux lumières que vous leur donnez.
8. O souveraine Sagesse, non seulement vous avez
créé l'âme, mais vous l'avez enrichie de trois puissances, de la mémoire, de
l'intelligence et de la volonté ; et ces puissances sont tellement unies,
qu'il suffit d'une seule pour entraîner les autres. Si la mémoire s'occupe à
voir votre bonté, aussitôt l'intelligence veut la comprendre, et la volonté
veut l'aimer et suivre votre volonté. Pourquoi ne l'avez-vous pas créée
seule ? Parce que vous n'avez pas voulu qu'elle fût sans votre amour et sans
celui du prochain ; et quand elle est ainsi accompagnée, elle devient une
même chose avec vous et avec le prochain. Alors s'accomplit cette parole de
saint Paul : "Il y en a beaucoup qui courent dans la carrière, mais le prix
n'appartient qu'à un seul". (I Cor. IX, 24), c'est-à-dire à la
charité.
9. Quand l'âme s'associe au péché, elle reste seule,
parce qu'elle s'éloigne de vous, qui êtes le seul bien ; et en s'éloignant
de vous, elle se sépare de la charité du prochain et s'associe au néant du
péché. J'ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi. Jamais je n'ai su me
connaître en vous ; c'est votre lumière qui fait voir tout le bien qu'on
connaît. Dans votre nature, Dieu éternel, je connaîtrai ma nature. Et quelle
est votre nature, ô Amour ineffable ? C'est un feu, et vous avez donné de
cette nature à l'homme en le créant par le feu de l'amour, ainsi que toutes
les autres créatures. Homme ingrat, ton Dieu t'a donné sa nature, et tu n'as
pas honte de détruire en toi cette noblesse, en commettant le péché.
10. O Dieu, mon doux Amour, comment ce qui n'a pas
l'apparence du feu est-il un feu ? Oui, tout est feu, parce que vous avez
tout créé par le feu de la charité. La plante que porte la terre n'est pas
la terre, elle tire cependant de la terre sa substance. Il est donc Vrai que
vous n'êtes autre chose qu'un feu (Ce paragraphe se trouve dans le latin
seulement).
11. Trinité éternelle, mon doux Amour, vous la Lumière
véritable, donnez-nous la lumière : vous la Sagesse, donnez-nous la
sagesse ; vous la Force infinie, donnez-nous la force. Dissipez, je vous en
conjure, nos ténèbres, afin que nous puissions vous connaître parfaitement,
et suivre votre Vérité dans la sincérité et la simplicité du cœur. O Dieu,
venez à notre aide, hâtez-vous de nous secourir. Ainsi soit-il.
XXV
(Les deux dernières prières ne se trouvent pas
dans la version latine.)
1. O Puissance du Père, aidez-moi ; Sagesse du Fils,
éclairez mon intelligence ; douce Clémence du Saint Esprit, embrasez-moi et
unissez-vous mon cœur. Je confesse, ô Dieu éternel, que votre puissance est
toute puissante pour délivrer l'Église, pour sauver votre peuple et le
retirer des mains du démon, pour faire cesser la persécution contre la
sainte Église, et me donner la victoire et la force contre tous mes ennemis.
Je confesse que la sagesse de votre Fils, qui estime même chose avec vous,
peut éclairer mon intelligence et celle de votre peuple, et dissiper les
ténèbres de votre douce Épouse. Je confesse, ineffable Bonté de Dieu, que la
Clémence du Saint Esprit, que votre ardente charité veut unir et enflammer
en vous mon cœur et les cœurs de toutes les créatures raisonnables.
2. Puisque vous le savez, le voulez et le pouvez, je
vous adjure, par votre puissance, ô Père éternel, par la sagesse de votre
Fils unique et par son précieux Sang, par la clémence du Saint Esprit, le
feu, l'abîme de la charité qui a cloué et percé votre Fils sur la Croix, je
vous adjure de Faire miséricorde au monde et de renouveler dans votre sainte
Église l'union, la paix et l'ardeur de la charité. Oui, je ne veux pas que
vous tardiez davantage. Je vous demande que votre infinie Bonté vous force à
ne pas fermer l’œil de votre miséricorde sur votre sainte Épouse, doux
Jésus, Jésus Amour.
XXVI
1. Dieu éternel, mon bon Maître, qui avez formé le
vaisseau du corps de votre créature avec le limon de la terre ; ô très doux
Amour, vous l'avez formé d'une chose si vile, et vous y avez mis un si grand
trésor, l'âme faite à votre image et ressemblance, ô Dieu éternel ! Oui, mon
bon Maître, mon doux Amour, vous êtes le maître de faire et de refaire, de
briser et de refondre ce vase fragile comme le voudra votre Bonté.
2. O Père, moi votre misérable servante, je vous
offre de nouveau ma vie pour votre douce Épouse. Vous pouvez, toutes les
fois que le voudra votre Bonté, me séparer de mes sens et m'y ramener
toujours d'une manière de plus en plus douloureuse, pourvu que je voie la
réformation de votre douce Épouse, la sainte Église.
3. Je vous recommande cette Épouse, Dieu éternel ; je
vous recommande aussi mes fils bien-aimés, et je vous prie, ô Père suprême,
s'il plaît à votre miséricordieuse bonté de me retirer enfin de mon corps,
je vous prie de ne pas les laisser orphelins, mais de les visiter par votre
grâce et de les faire vivre morts dans la vraie et parfaite lumière.
Unissez-les ensemble par les liens de votre douce charité, afin qu'ils
meurent anéantis dans cette douce Épouse.
4. Je vous prie, ô Dieu éternel, qu'aucun ne me soit
ravi : pardonnez nous toutes nos fautes ; pardonnez-moi mon extrême
ignorance et la grande négligence que j'ai à me reprocher envers votre
Église, puisque je n'ai pas fait tout ce que j'aurais dû et pu faire pour
elle. J'ai. péché, Seigneur, ayez pitié de moi ; je vous offre et vous
recommande mes fils bien-aimés, car ils sont mon âme ; et, s'il plaît à
votre Bonté de me faire rester dans mon corps, Médecin suprême,
guérissez-le, réparez-le ; car il est tout déchiré. Donnez, Père éternel,
donnez-nous votre douce bénédiction.
Ainsi soit-il.
Dieu frappe à la porte de la volonté de Marie
"O Marie, tu deviens le livre dans
lequel aujourd'hui est écrite notre règle. En toi, aujourd'hui, est écrite
la sagesse du Père éternel ; en toi, aujourd'hui, se manifeste la force et
la liberté de l'homme.
Si je considère, Trinité éternelle, ton grand
dessein, je vois que dans ta lumière tu as vu la dignité et la noblesse de
la race humaine; et ainsi, comme l'amour te contraignit à tirer l'homme de
toi-même, ce même amour te contraint à le racheter, car il s'était perdu. Tu
as montré de façon admirable ton amour pour l'homme avant même que celui-ci
n'existât, quand tu as voulu le tirer de toi-même uniquement par amour; mais
tu lui as montré un plus grand amour en te donnant toi-même, en t'enfermant
aujourd'hui dans la fragilité de son humanité. Que pouvais-tu lui donner de
plus que te donner toi-même ? C'est donc en toute vérité que tu peux lui
dire : « Qu'aurais-je dû ou qu'aurais-je pu faire pour toi que je ne l'aie
fait ? »
Ainsi, je vois que ce que ta sagesse, en ce grand
et éternel dessein, a vu devoir être fait pour le salut de l'homme, ta
clémence a voulu le faire et, aujourd'hui, ta puissance l'a réalisé.
Quelle façon as-tu trouvée, Trinité éternelle,
pour que, fidèle à ta vérité, tu fis miséricorde à l'homme et que toutefois
ta justice fût satisfaite ? Quel remède nous as-tu donné ? Oh, le voici, le
remède adapté: tu as déterminé de nous donner le Verbe, ton Fils unique ; tu
as voulu qu'il prit le poids de notre chair qui t'avait offensé, pour que,
en souffrant dans cette humanité, il satisfasse à ta justice, non en vertu
de l'humanité, mais en vertu de la divinité qui lui est unie. Et ainsi fut
accomplie ta vérité et furent satisfaites la justice et la miséricorde.
O Marie, je vois ce Verbe qui t'est donné être en
toi et néanmoins il n'est pas séparé du Père, de même que la parole que
l'homme a dans l'esprit, bien que proférée et communiquée aux autres, ne le
quitte pourtant pas et n'est pas séparée de son cœur. En tout cela se
manifeste la dignité de l'homme, pour qui Dieu a fait de si grandes choses.
En toi, Marie, se manifestent aussi, en ce jour,
la force et la liberté de l'homme, puisque, après la décision de réaliser un
si grand dessein, un ange t'est envoyé pour t'annoncer le mystère du dessein
divin et chercher l'approbation de ta volonté ; et le Fils de Dieu ne
descend pas en toi avant que tu n'y consentes par un acte de ta volonté. Il
attendait à la porte de ta volonté que tu lui ouvres parce qu'il voulait
venir en toi; et il n'y serait jamais entré si tu ne lui avais pas ouvert en
disant : Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta
parole.
O Marie, la divinité éternelle frappait à ta
porte; mais, si tu n'avais pas ouvert la porte de ta volonté, Dieu ne se
serait pas incarné en toi.
Honte à toi, ô mon âme, qui vois qu'aujourd’hui
Dieu, en Marie, a établi avec toi des liens de parenté. Aujourd'hui il t'est
montré que bien que tu aies été créée sans toi, tu ne seras pas sauvée sans
toi.
O Marie, mon doux amour, en toi est écrit le
Verbe qui nous donne la doctrine de vie; et toi, tu es le livre qui nous
présente cette doctrine."
Des Orations de sainte Catherine de Sienne, O.P.
(Écrite pour le jour de l’Annonciation 1379)
Préparé par l'Institut de Spiritualité :
Université Pontificale Saint Thomas d'Aquin
Embrasse Jésus abandonné, aimant et aimé
"Chère sœur en Jésus. Moi,
Catherine, servante des serviteurs de Jésus, je t’écris en son précieux
sang, désireuse que tu t’alimentes de l’amour de Dieu et que tu t’en
nourrisses, comme au sein d’une douce mère. Personne, en fait, ne peut vivre
sans ce lait !
Qui possède l’amour de Dieu, y trouve tant de
joie que chaque amertume se transforme en douceur, et chaque fardeau devient
léger. Il ne faut pas s’en étonner, parce que, en vivant dans l’amour, l’on
vit en Dieu : “Dieu est amour; qui est dans l’amour demeure en Dieu et
Dieu demeure en lui”.
Vivant en Dieu donc, on ne peut avoir aucune
amertume, parce que Dieu est délice, douceur et joie infinie !
Voilà pourquoi les amis de Dieu sont toujours
heureux! Même si nous sommes malades, pauvres, affligés, tourmentés,
persécutés, nous sommes dans la joie.
Même si toutes les langues médisantes parlaient
mal de nous, nous ne nous en préoccuperions pas; mais nous nous réjouissons
de toute chose et sommes heureux, parce que nous vivons en Dieu, notre
repos, et nous goûtons le lait de son amour. Comme l’enfant tête le lait du
sein de sa mère, nous aussi, amoureux de Dieu, puisons l’amour en Jésus
crucifié, en suivant toujours ses traces et en cheminant avec lui sur la
voie des humiliations, des peines et des injures.
Nous ne cherchons pas la joie sinon en Jésus, et
nous fuyons toute gloire qui ne soit pas celle de la croix.
Embrasse donc Jésus crucifié, en
élevant à Lui le regard de ton désir ! Contemple l’amour enflammé pour toi,
qui a conduit Jésus à verser son sang par tout son corps !
Embrasse Jésus crucifié, aimant et aimé, et tu
trouveras en lui la vraie vie, parce qu’ Il est Dieu qui s’est fait homme.
Que ton cœur et ton âme brûlent du feu de l’amour, puisé en Jésus en croix !
Tu dois ensuite devenir amour, en
regardant l’amour de Dieu, qui t’a tant aimée, non parce qu’Il avait quelque
obligation envers toi, mais par pur don, mu seulement par son ineffable
amour.
Tu n’auras pas d’autre désir que de suivre
Jésus ! Comme ivre de l’Amour, tu ne feras plus attention au fait d’être
seule ou en compagnie: ne te préoccupe pas de tant de choses, mais seulement
de trouver Jésus et de le suivre !
Cours donc, Bartoloméa, et ne reste plus à
dormir, parce que le temps passe vite et n’attend pas un seul instant !
Reste dans le doux amour de Dieu.
Doux Jésus, Jésus amour."
Des “Lettres” de Ste Catherine de Sienne
(1347-1380)
(lettre n. 165 à Bartolomea, épouse de Salviato de Lucque).
O Amour inestimable ! Tu nous illumines de ta
sagesse, pour que nous puissions nous connaître nous-mêmes, connaître ta
vérité et les ruses subtiles du démon.
Par le feu de ton amour, allume en nos cœurs le
désir de t’aimer et de te suivre dans la vérité.
Toi seul es l’Amour, digne seulement d’être
aimé !
(de Ste Catherine de Sienne)
FIN DU DIALOGUE
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