INDEX
TRAITÉ
DE LA PRIÈRE
CII
Comment on doit reprendre le prochain sans tomber
dans de faux jugements.
CIII
Celui qui voit une âme pleine de ténèbres ne doit pas
en conclure qu'elle est en péché mortel.
CIV
On ne doit pas prendre pour fondement de l'âme la
pénitence, mais l'amour de la vertu.
CV
Résumé
des choses précédentes.- Explication sur la correction du prochain.
CVI
Des signes qui font connaître si les visites et les
visions spirituelles viennent de Dieu ou du démon.
CVII
Dieu satisfait aux désirs de ses serviteurs.- Combien
lui sont agréables ceux qui frappent avec persévérance à la porte de la
Vérité.
CVIII
L'âme rend grâces à Dieu et prie pour le monde, et en
particulier pour le corps mystique de la sainte Église.
CIX
Dieu sollicite l'âme à la prière et répond à
quelques-unes de ses demandes.
CX
De la dignité des prêtres.- De la sainte Eucharistie,
et de ceux qui la reçoivent dignement ou indignement.
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TRAITÉ
DE LA PRIÈRE
1. Ma fille bien-aimée, écoute maintenant, afin que
tu puisses mieux comprendre ce que tu me demandais. Je t'ai parlé de la
lumière générale que vous devez tous avoir, dans quelque état que vous
soyez, dès que vous êtes dans la charité commune. Je t'ai dit que ceux qui
étaient dans la lumière parfaite l'avaient de deux manières : les uns se
séparent du monde et s'appliquent à mortifier leurs corps ; les autres
mettent tous leurs soins à tuer leur volonté ; ce sont les parfaits qui se
nourrissent à la table du saint désir.
2. Maintenant je te parlerai plus particulièrement,
et en te parlant je parlerai aux autres et je satisferai ton désir. Je veux
surtout que, tu fasses trois choses, afin que l'ignorance n'empêche pas la
perfection à laquelle je t'appelle. Il ne faut pas que, le démon, sous le
manteau de la charité du prochain, nourrisse en toi la racine de la
présomption pour te faire tomber dans les faux jugements que je t'ai
défendus. Tu croirais juger bien et tu jugerais mal, si tu suivais tes
impressions, et le démon te ferait souvent voir beaucoup de vérités pour te
conduire au mensonge. Cela t'arriverait si tu te faisais juge des pensées et
des intentions des créatures raisonnables ; car comme je te l'ai dit, je
dois seul les juger.
3. C'est là une des trois choses que je te recommande
d'observer. Je veux que tu ne juges personne sans une règle, et je veux que
cette règle soit celle-ci : A moins que je ne t'aie manifesté clairement,
non seulement une ou deux fois, mais plusieurs fois, le défaut de ton
prochain, tu ne dois pas reprendre particulièrement celui en qui tu crois
voir ce défaut, mais tu dois reprendre d'une manière générale les vices de
celui qui. vient te visiter, et lui prêcher la vertu avec, charité et
douceur, en n'ajoutant la sévérité à la douceur que si tu en vois le besoin.
4. S'il te semble que je t'ai montré souvent les
défauts de quelqu'un, mais si tu ne vois pas que ce soit une révélation
formelle, comme je te l'ai dit, tu ne dois pas le reprendre
particulièrement ; tu dois suivre la voie la plus sûre, afin d'éviter les
pièges et la malice du démon qui pourrait te prendre par l'amorce du désir,
en te faisant souvent voir dans le prochain ce qui n'y serait pas ; tu
pourrais ainsi te scandaliser injustement.
5. Que ta bouche garde donc le silence, ou qu'elle
parle seulement de la vertu pour combattre le vice ; et quand tu croiras
reconnaître dans les autres un défaut, reprends-le aussi en toi-même par un
acte d'une sincère humilité. Si ce défaut est véritablement dans cette
personne, elle se corrigera mieux, en se voyant si doucement reprise, et tes
avis lui seront plus profitables, en te disant à toi-même ce que tu voulais
dire. Tu seras plus tranquille toi-même et tu auras repoussé le démon, qui
ne pourra pas te tromper et empêcher la perfection de ton âme.
6. Je veux que tu saches que tu ne dois pas te fier à
ce que tu vois ; il vaut mieux détourner la tête et tâcher de ne rien voir ;
mais il faut seulement persévérer dans la vue et la connaissance de
toi-même, et dans celle de ma bonté et de ma générosité envers toi. Ainsi
font, ceux qui sont arrivés au dernier état dont je te parle. Ils retournent
toujours à la vallée de la connaissance d'eux-mêmes. Cela n'empêche pas leur
élévation et leur union avec moi. C'est là une des trois choses que je t'ai
dit que je voulais te voir faire pour que tu me serves en vérité.
1. Voici maintenant la seconde explication : si, en
priant particulièrement pour deux âmes, tu vois dans l'une la lumière de ma
grâce que tu ne vois pas dans l'autre, quoique les deux me soient fidèles,
il ne faut pas conclure des ténèbres de l'âme éprouvée que son état vient de
quelque faute ; car souvent ton jugement pourrait être faux. Quelquefois, en
priant pour quelqu'un tu trouveras en lui une lumière et un désir de moi si
saint, qu'il te semblera que ton âme s'engraisse de sa vertu, comme le veut
l'ardeur de la charité qui fait participer chacun au bien des autres. Une
autre fois au contraire, son âme te semblera éloignée de moi et si pleine de
ténèbres et de tentations, que ce te sera une fatigue d'offrir pour elle tes
prières devant moi. Il pourra se faire que cet état vienne de quelque défaut
de celui pour qui tu pries. Mais le plus souvent ce ne sera pas la punition
d'une faute, mais l'effet d'une de ces privations que j'envoie souvent pour
faire parvenir à la perfection, ainsi que je te l'ai dit en te parlant des
états de l'âme.
2. Je me serai retiré par sentiment et non par
grâce. L'âme ne sentira plus de douceur et de consolation ; elle sera
plongée dans la sécheresse, l'aridité, la peine ; et cette peine, je la fais
sentir à ceux nièmes qui prient pour cette âme. J'agis ainsi par- amour pour
cette âme qui est l'objet de la prière, afin que celui qui prie s'unisse à
elle pour dissiper le nuage qui l'environne. Ainsi tu vois, ma douce et
chère fille, combien serait ignorant et digne de blâme celui qui jugerait
sur les apparences et qui croirait que c'est le péché qui cause les ténèbres
que je t'ai montrées dans cette âme ; car tu as vu qu'elle n'était pas
privée de ma grâce, mais seulement de la douceur du sentiment que je lui
donnais de ma présence.
3. Oui, vous tous, mes serviteurs, vous devez désirer
vous connaître parfaitement vous-mêmes, afin que vous connaissiez plus
parfaitement ma bonté envers vous. Laissez-moi les jugements sur les autres,
car c'est ma part et non la vôtre. Abandonnez-moi la justice qui
m'appartient ; ayez seulement compassion de votre prochain, et faim de mon
honneur et du salut des âmes. Prêchez la vertu avec l'ardeur du désir et
reprenez le vice en vous et dans les autres, comme je l'ai dit plus haut.
4. C'est ainsi que tu viendras à moi en vérité et que
tu montreras que tu gardes et que tu observes la doctrine que t'a donnée mon
Fils. Ne vois que ma volonté et non celle des hommes ; c'est le seul moyen
d'acquérir une vertu réelle et de demeurer dans la parfaite et grande
lumière, en te nourrissant à la table des saints désirs, de la nourriture
des âmes, pour la gloire et l'honneur de mon nom.
1. Ma fille bien-aimée, après ces deux choses, je
t'en dirai une troisième à laquelle je veux que tu fasses attention pour en
profiter toi-même, si le démon ou la faiblesse de ta vue te portait à
vouloir conduire mes serviteurs par la voie où tu as marché toi-même, car ce
serait contre la doctrine que tu as reçue de ma Vérité. il arrive souvent
qu'en voyant marcher les autres par la voie d'une austère pénitence, on veut
que tous suivent la même route, et s'ils ne la prennent pas, on en est
affligé, scandalisé, et on pense qu'ils font mal.
2. Vois cependant quelle erreur. Souvent celui qu'on
juge mal parce qu'il fait moins pénitence, fera mieux et sera plus vertueux,
quoiqu'il ne pratique pas les austérités de celui qui murmure. Je te l'ai
dit, si ceux qui se nourrissent à la table de la pénitence n'agissent pas
avec une humilité véritable, s'ils ne prennent pas la pénitence, non comme
but principal, mais comme instrument de vertu, leurs murmures nuiront
souvent à leur perfection.
3. Ils doivent savoir que la perfection ne consiste
pas à macérer et à tuer son corps, mais à détruire sa propre volonté, et
c'est par cette voie de la volonté anéantie et soumise à ma douce Volonté
que vous devez désirer ce que je veux que tu désires pour tous. C'est la
doctrine éclatante de cette glorieuse Lumière, où court l'âme passionnée et
revêtue de ma Vérité.
4. Je ne méprise pas cependant la pénitence ; car la
pénitence est bonne à dompter le corps, quand il veut combattre contre
l'esprit. Mais je ne veux pas, ma chère fille, que tu la prennes pour règle
générale, parce que tous les corps ne sont pas égaux et n'ont pas la même
complexion ; la nature est plus forte dans l'un que dans l'autre, et souvent
il arrive, comme je te l'ai dit, que les circonstances forcent à abandonner
les austérités qu'on avait commencées. Alors, si tu avais pris ou si tu
avais fait prendre la pénitence pour base de conduite, il y aurait
découragement, imperfection ; l'âme perdrait la consolation et la vertu.
5. Parce que vous êtes privés d'une chose que vous
aimiez trop et que vous aviez prise pour votre but, vous vous croyez privés
de moi, et en vous croyant séparés de ma bonté, vous tombez dans l'ennui, le
dégoût et le trouble. Vous perdez ainsi la pratique de l'oraison et la
ferveur que vous aviez quand vous faisiez pénitence. Les circonstances vous
ont forcés à l'abandonner, et vous ne trouvez plus dans la prière la douceur
que vous goûtiez auparavant. Cela vient de ce que vous avez pris pour
fondement l'amour de la pénitence, et non l'ardeur du désir des véritables
et solides vertus.
6. Tu vois le mal qui arrive lorsque vous prenez
pour base principale la pénitence : vous êtes dans l'erreur et vous tombez
dans des murmures contre mes serviteurs. Vous rencontrez l'ennui,
l'amertume, et vous voulez nie servir par des œuvres finies, moi qui suis le
Bien infini et qui vous demande un désir infini. La chose principale pour
vous est de tuer et d'anéantir la volonté-propre. C'est en la soumettant
entièrement à ma volonté que vous me présenterez, comme une agréable
offrande, l'ardeur de votre désir infini pour mon honneur et le salut des
âmes.
7. Vous vous nourrirez ainsi à la table du saint
désir, et vous ne serez jamais scandalisés, ni à votre occasion, ni à celle
du prochain ; mais vous vous réjouirez en, toute chose, et vous profiterez
des moyens si variés que je donne à l'âme. Ce n'est pas ce que font les
malheureux qui ne suivent pas cette douce doctrine, et la voie droite donnée
par ma Vérité. Ils jugent au contraire selon l'aveuglement et l'infirmité de
leur vue ; ils vont comme des insensés qui ignorent leur route ; ils se
privent des biens de la terre et du ciel. Dès cette vie, comme je te l'ai
dit dans un autre endroit, ils ont un avant-goût de l'enfer.
1. Maintenant, ma très chère fille, je satisferai ton
désir, et je t'expliquerai ce que tu me demandais sur la manière de
reprendre ton prochain sans te laisser tromper par le démon, ou par la
faiblesse de ta vue. Tu dois le reprendre d'une manière générale, et non
particulière, à moins que je ne te l'aie expressément révélé ; mais toujours
avec une grande humilité, et en te reprenant toi-même avec les autres.
2. Je t'ai dit, et je te répète qu'en aucune
occasion il n'est permis de juger les créatures et les âmes de mes
serviteurs suivant les dispositions heureuses ou fâcheuses où on les trouve.
Car tu es incapable de les juger, et en le faisant tu te tromperais dans tes
jugements. Vous devez compatir au prochain, et me le laisser juger.
3. Je t'ai dit aussi la règle que tu devais donner à
ceux qui viendraient te consulter. et qui voudraient sortir des ténèbres du
péché mortel et suivre les sentiers de la vertu. Il faut leur donner pour
principe et fondement l'amour de la vertu, par la connaissance d'eux-mêmes
et la connaissance de ma bonté envers eux ; il faut leur faire tuer et
détruire leur propre volonté, afin qu'elle ne se révolte jamais contre moi.
Montre-leur la pénitence comme un moyen, et non comme un but ; elle ne doit
pas être égale pour tous, mais elle doit se régler sur l'aptitude, les
forces et l'état de chacun : les uns peuvent beaucoup, les autres moins,
selon leurs dispositions extérieures.
4. Je t'ai dit qu'il ne fallait reprendre le
prochain que d'une manière générale, et c'est la vérité. Je ne veux pas
cependant que tu penses qu'en voyant un défaut formel dans quelqu'un, tu ne
puisses le reprendre entre toi et lui. Tu peux le faire, et même s'il
s'obstine et s'il ne se corrige pas, tu peux le dire à deux ou trois
personnes et si cela ne sert de rien, tu peux le déclarer au corps mystique
de la sainte Église (S. Matthieu, XVIII, 15-17), Mais je t'ai dit
d'être prudente et de ne pas te hâter sur des apparences que tu verras dans
ton esprit ou extérieurement. A moins de voir clairement la vérité, ou d'en
recevoir une révélation positive, tu ne dois reprendre personne, si ce n'est
comme je te l'ai dit : c'est le parti le plus sûr pour que le démon ne te
trompe pas sous le manteau de la, charité. J'ai fini maintenant, ma bien
chère fille, de t'expliquer ce qui est nécessaire pour conserver et
accroître la perfection de l'âme.
1. Je vais te dire maintenant ce que tu, me demandais
sur le signe que je donne à l'âme dans ses visions et ses consolations
spirituelles pour distinguer les visites qu'elle reçoit, et pour reconnaître
si elles viennent de moi ou d'un autre. Je t'ai dit que le signe de ma
visite était ta joie que je laissais dans l'âme et la faim de la vertu
qu'elle ressent, les sentiments d'une humilité sincère et l'ardeur de la
divine charité. Tu m'as demandé si dans cette joie ne pouvait pas se
rencontrer quelque illusion, parce que tu voudrais suivre la route la plus
sûre et le signe de la vertu qui ne peut t'égarer. Je te dirai le piège que
tu dois craindre et comment tu reconnaîtras si cette joie est bonne ou
mauvaise. Voici la manière dont l'ennemi peut vous tromper.
2. Apprends que toute créature raisonnable qui aime
et désire une chose, éprouve de la joie lorsqu'elle la possède ; et plus
elle aime cette chose, moins elle la voit avec discernement, moins elle
s'applique à la connaître avec prudence. Elle est tout entière à la
jouissance de ce qu'elle a désiré, et la joie qu'elle y trouve la rend
aveugle à son sujet. Aussi ceux qui aiment et désirent trop les consolations
spirituelles, recherchent les visions et s'attachent plus aux douceurs des
consolations qu'à moi-même, comme je te l'ai dit de ceux qui sont dans
l'état imparfait, parce qu'ils s'arrêtent plus aux faveurs qu'ils reçoivent
de moi qu'à l'ineffable charité avec laquelle je leur donne.
3. Ces personnes peuvent être trompées dans leur
joie, sans compter les autres dangers qui les menacent. Comment sont-elles
trompées ? Le voici : Lorsque l'âme s'est passionnée pour la consolation et
qu'elle la reçoit de quelque manière, elle ressent une grande joie, parce
qu'elle voit ce qu'elle aime et ce qu'elle désire. Souvent ces consolations
peuvent venir du démon, et l'âme en ressent cependant de la joie. Mais, je
te l'ai dit, quand c'est le démon qui agit, cette visite de l'âme commence
dans la joie et finit dans la peine, le trouble de la conscience et
l'indifférence de la vertu.
4. Quelquefois l'âme peut avoir cette joie et la
conserver jusqu'à la fin de l'oraison, mais si cette joie se trouve sans un
ardent désir de la vertu, si elle n'est pas embaumée d'humilité et embrasée
du feu de ma divine charité, ces visites, ces consolations, ces visions
qu'elle a reçues sont du démon et non de moi, quoiqu'elle éprouve le signe
de la joie. Puisque cette joie n'est pas unie à l'amour de la vertu, il est
évident qu'elle vient de l'amour que l'âme avait pour sa propre consolation.
Elle jouit, elle est heureuse parce qu'elle a ce qu'elle désirait, car c'est
le propre de tout amour de ressentir de la joie quand il reçoit ce qu'il
aime.
5. Tu ne dois donc pas te fier à ta seule joie, lors
même qu'elle durerait pendant toute la consolation, et encore davantage.
L'amour aveuglé par cette joie ne peut reconnaître la tromperie du démon,
s'il n'agit pas avec prudence, mais en agissant avec prudence, l'âme verra
si la joie est accompagnée de l'amour de la vertu, et par ce moyen elle
connaîtra si la visite qu'elle reçoit vient de moi ou du démon.
6. Ainsi pour reconnaître quand c'est moi qui te
visite, il faut que ta joie soit unie à la vertu ; c'est le signe que je
t'ai donné et qui te fera discerner l'erreur et la vérité, c'est-à-dire la
joie qui viendra réellement de moi et la' joie qui viendra de l'amour-propre
spirituel uniquement attaché à la consolation. Ma visite donne la joie unie
à l'amour de la vertu, et celle du démon, donne la joie seulement. Quand on
s'aperçoit que la vertu n'augmente pas, on doit en conclure que la joie
procède de l'amour de la consolation.
7. Je veux que tu saches que tous ne sont pas trompés
par cette joie ; il n'y a que les imparfaits qui recherchent la consolation
et qui s'attachent plus au bienfait qu'au bienfaiteur. Mais ceux qui sont
embrasés pour moi d'un amour pur et désintéressé, ceux qui aiment le
bienfait à cause du bienfaiteur et non à cause de leur consolation, ceux-là
ne peuvent jamais être trompés par cette joie ; car ils ont un signe certain
pour reconnaître que le démon veut les tromper en se transformant en ange de
lumière et en les remplissant d'allégresse. Ils ne sont point passionnés
pour la consolation, et ils reconnaissent avec prudence le piège du démon ;
leur joie passe vite, et comme ils voient qu'ils sont dans les ténèbres, ils
s'humilient dans la vraie connaissance d'eux-mêmes. Ils méprisent toute
consolation et embrassent avec ardeur la doctrine de ma Vérité. Le démon,
honteux de sa défaite, ne revient jamais ou presque jamais sous cette forme.
8. Ceux qui aiment leur consolation seront souvent
ainsi trompés, mais ils reconnaîtront leur illusion par le moyen que je
t'indique, c'est-à-dire en s'apercevant que cette joie n'est pas accompagnée
de l'amour de la vertu, de l'humilité, de la vraie charité, du désir de mon
honneur et du salut des âmes. Mon ineffable bonté donne ainsi aux parfaits
et aux imparfaits, dans quelque état qu'ils soient, un moyen de n'être
jamais trompé. Si vous voulez conserver la lumière de l'intelligence que je
vous donne par la sainte foi, ne la laissez jamais obscurcir par le démon et
par l'amour-propre ; car si vous ne la perdez pas volontairement, personne
ne pourra vous l'enlever.
1. Maintenant, ma très chère fille, j'ai clairement
dévoilé, à l'œil de ton intelligence les pièges que le démon pourrait te
tendre, et j'ai satisfait aux demandes que tu m'avais adressées, car je ne
méprise jamais les désirs de mes serviteurs ; je donne à qui demande, et je
vous invite à demander. J'ai en aversion celui qui ne frappe pas
véritablement à la porte de mon Fils en suivant sa doctrine. Suivre sa
doctrine, c'est frapper en m'appelant par la voix du saint désir, par
d'humbles et continuelles prières.
2. Je suis le Père qui vous donne le pain de la
grâce à la porte de ma douce Vérité. Quelquefois, pour éprouver vos désirs
et votre persévérance, je parais ne pas entendre, mais je vous entends bien
et je vous donne ce dont ,vous avez besoin ; car je vous donne la faim et la
voix avec laquelle vous criez vers moi. En voyant votre constance,
j'accomplis vos désirs lorsqu'ils sont justes et dirigés vers moi. C'est à
demander ainsi que ma Vérité vous invite lorsqu'elle dit : "Appelez et on
vous répondra ; frappez et on vous ouvrira ; demandez et on vous donnera".
3. Et moi je te le dis aussi : Je ne veux pas que tu
te lasses de désirer et de chercher mon secours. Que ta voix ne cesse jamais
de crier vers moi pour que je fasse miséricorde au monde. Frappe toujours à
la porte de mon Fils ; aime à être avec lui sur la croix, à te nourrir de la
nourriture des âmes pour la gloire et l'honneur de mon nom, et à gémir dans
l'angoisse de ton cœur sur la perte des hommes que tu vois plongés dans une
telle misère, que la, langue ne saurait jamais la raconter. C'est par vos
cris et vos gémissements que je veux faire miséricorde au monde. Et c'est
pour cela que je les demande à mes serviteurs ; ils me prouveront ainsi
qu'ils m'aiment en vérité, et je te l'ai dit, je ne mépriserai pas leur
désir.
1. Alors cette âme, tout enivrée, paraissait hors
d'elle-même ; l'action de ses sens était suspendue par l'amour qui
l'unissait à son Créateur ; son intelligence était ravie dans la
contemplation de l'éternelle Vérité ; ce qu'elle voyait l'enflammait
d'ardeur, et elle disait :
2. O souveraine et éternelle bonté de Dieu ! qui
suis-je, misérable, pour que vous le Père, vous me manifestiez votre vérité
et les pièges secrets du démon, les dangers de l'amour-propre auxquels je
suis exposée pendant le pèlerinage de cette vie, pour que je ne sois pas
trompée par le démon, et par moi-même ? Qui vous fait agir ainsi ? L'amour !
Vous m'avez aimée avant d'être aimé de moi.
3. O foyer d'amour ! grâces, grâces vous soient
rendues à vous, ô Père éternel ! Je suis imparfaite et remplie de ténèbres,
vous êtes la perfection et la lumière. Vous m'avez montré la perfection et
la voie lumineuse de la doctrine de votre Fils unique. J'étais morte et vous
m'avez ressuscitée ; j'étais malade et vous m'avez guérie. Non Seulement
vous m'avez donné le remède du sang que vous avez appliqué au genre humain
malade, par votre Fils unique, mais vous m'avez donné un remède pour les
infirmités secrètes que je ne connaissais pas, en m'apprenant qu'il ne
fallait juger aucune créature raisonnable, surtout vos serviteurs : je
tombais souvent dans cet aveuglement et cette infirmité, en les jugeant
témérairement, comme par zèle pour votre honneur et pour le salut des âmes.
4. Je vous remercie, souveraine et éternelle Bonté,
de m'avoir fait connaître mon infirmité en me manifestant votre vérité et
les illusions du démon et de l'amour-propre. Je supplie votre grâce et votre
miséricorde de me mettre dans, l'impossibilité de m'écarter des
enseignements que vous avez daigné donner à moi et à tous ceux qui voudront
les suivre. Sans vous, rien ne peut se faire ; j'ai donc recours à vous, je
me réfugie en vous, ô Père éternel, et je ne vous implore pas pour moi
seule, mais pour le monde entier et particulièrement pour le corps mystique
de la sainte Église.
5. Que cette doctrine que vomis m'avez enseignée, à
moi misérable, brille dans vos ministres Je vous le demande aussi
spécialement pour tous ceux que vous m'avez donnés, que j'aime d'un amour
particulier et que vous avez faits une même chose avec moi ; car ils seront
ma joie pour la gloire et l'honneur de votre nom, si je les vois courir dans
cette douce et droite voie, parfaitement morts à leur volonté, à leurs
opinions, purs de tout jugement, de tout scandale et de tout murmure contre
leur prochain Je vous demande, ô mon doux Amour, qu'aucun ne me soit ravi
par les mains de l'infernal démon, mais que tous parviennent à vous, ô Père,
qui êtes leur fin dernière.
6. Je vous fais aussi une autre prière pour les deux
appuis que vous avez donnés a ma faiblesse, pour les deux pères auxquels
vous avez confié ici-bas la garde et l'enseignement de ma misère, depuis le
commencement de ma conversion jusqu'à cette heure. Unissez-les ensemble ;
que leurs deux corps n'aient qu'une âme, et qu'ils ne pensent qu'à accomplir
en eux et dans le ministère que vous leur avez donné, la gloire et l'honneur
de votre nom pour le salut des âmes. Et moi, leur indigne et misérable
servante, que j'agisse avec eux par amour pour vous, avec un grand respect
et une sainte crainte, et que je fasse tout pour votre honneur, pour leur
paix et leur repos et pour l'édification du prochain.
7. Je suis certaine, ô Vérité suprême ! que vous ne
méprisez pas mon désir et mes prières ; car je sais, et Vous avez daigné me
faire comprendre, surtout par expérience, que vous exauciez les Saints
désirs. Moi, votre indigne servante, je m'efforcerai, avec le secours de
votre grâce, d'observer votre doctrine et vos commandements.
8. Maintenant, ô Père, je me rappelle une parole que
vous m'avez dite lorsque vous m'avez parlé des ministres de la Sainte
Église. Vous m'avez annoncé que vous me montreriez plus en détail les fautes
qu'ils commettent. S'il plaît à votre bonté de le faire, je vous écouterai
pour augmenter en moi la douleur, la compassion que j'ai pour eux, et
l'ardent désir que je ressens pour leur salut, car je me souviens que vous
m'avez promis d'accorder aux souffrances, aux douleurs, aux sueurs, aux
prières de vos serviteurs, le repos et la réforme de l'Église par de bons et
saints pasteurs. Pour que je puisse mieux y travailler, accordez-moi ma
demande.
1. Alors Dieu, jetant un regard de miséricorde sur
cette âme, ne méprisa pas son désir. Il accueillit sa prière, et pour
satisfaire à la demande qu'elle lui avait faite au sujet de sa promesse, il
lui disait : O ma très douce et très chère fille, je satisferai ton désir
comme tu me le demandes, pourvu que de ton côté tu ne commettes pas d'erreur
ou de négligence ; car ta faute serait beaucoup plus grave et beaucoup plus
digne de reproche m,aintenant qu'auparavant, puisque tu connais davantage ma
vérité. Applique-toi donc à prier pour toutes les créatures raisonnables,
pour le corps mystique de la sainte Église et pour ceux que je t'ai donnés
et que tu aimes d'un amour particulier.
2. Oui, ne cesse jamais de prier avec ardeur ; offre
à tous l'exemple de ta vie, l'enseignement de ta parole ; combats le vice et
prêche la vertu autant que tu le pourras. Pour les appuis que je t'ai
donnés, ce que tu m'as dit est vrai. Tâche d'être un moyen de donner à
chacun ce dont il a besoin ; c'est moi, ton Créateur, qui te ferai faire ce
qui leur convient, car sans moi tu ne pourrais rien faire. Je remplirai tous
tes désirs ; mais ne cesse jamais d'espérer en moi, parce que ma providence
ne vous manquera jamais. Que chacun reçoive humblement ce qu'il est capable
de recevoir ; qu'il remplisse le ministère que je lui ai confié, selon la
mesure qu'il a reçue et qu'il recevra de ma bonté.
1. Je vais répondre à ce que tu m'as demandé sur les
ministres de la sainte Église, et pour que tu comprennes mieux la vérité,
ouvre l’œil de ton intelligence et regarde leur excellence et la dignité à
laquelle je les ai élevés. Comme les choses se comprennent mieux par leur
contraire je veux te montrer la grandeur de ceux qui font saintement valoir
le trésor que je leur ai confié. Tu verras ainsi davantage la misère de ceux
qui, à cette époque, sont attachés au sein de l'Église, mon épouse.
2. Alors cette âme obéissante contempla la Vérité,
et vit, briller la vertu de ceux qui la goûtent véritablement. Dieu lui
disait : Ma fille bien-aimée, je veux d'abord te montrer la dignité que ma
bonté leur a donnée, outre l'amour général que j'ai eu pour mes autres
créatures en les créant à mon image et ressemblance, et en les faisant
renaître à la grâce dans le sang de mon Fils unique.
3. L'union de ma divinité à la nature humaine par mon
Fils vous a tellement élevés, qu'en cela vous surpassez l'ange même, puisque
la Divinité a pris votre nature et non celle de l'ange, tellement que,
comme, je te l'ai dit, Dieu s'est fait homme et l'homme est devenu Dieu par
l'union des deux natures. Cette grandeur a été donnée à toutes les
créatures, raisonnables ; mais parmi les créatures j'ai choisi des ministres
pour votre salut, afin que vous receviez de leur main le sang de l'humble
Agneau sans tache, mon Fils unique. Je leur ai donné la charge d'administrer
le soleil, en leur confiant la lumière de la science et la chaleur de la
divine charité, et avec cette lumière et cette chaleur, la couleur,
c'est-à-dire le sang et le corps de mon Fils.
4. Ce corps est un soleil ; car il n'est qu'une même
chose avec le vrai Soleil, et cette union est si grande, que la séparation
est impossible ; le soleil ne peut séparer sa lumière de sa chaleur, ni sa
chaleur de sa lumière, tarit leur union est parfaite. Ce Soleil ne quitte
pas son centre, il ne se divise pas pour éclairer tout le monde : quiconque
le veut, participe à sa chaleur. Aucune souillure ne peut l'atteindre, et sa
lumière lui est unie, ainsi que je te l'ai dit.
5. Le Verbe, mon Fils, avec son Sang précieux, est
donc un soleil tout Dieu et tout homme ; car il est une même chose avec moi,
et moi avec lui. Ma puissance n'est pas Séparée de sa sagesse, et la
chaleur, le feu du Saint-Esprit, n'est pas séparée du Père et du Fils, car
il est une -même chose avec nous. Le Saint-Esprit procède du Père et du
Fils ; nous ne sommes qu'un même soleil.
6. Moi, je suis le Soleil, le Dieu éternel, principe
du Fils et du Saint-Esprit ; au Saint-Esprit est attribuée l'ardeur, au Fils
la sagesse, et dans cette sagesse mes ministres reçoivent une lumière de
grâce, parce qu'ils administrent cette lumière avec la lumière et la
gratitude du bienfait qu'ils ont reçu de moi, le Père, en suivant la
doctrine de la Sagesse, mon Fils unique.
7. Cette lumière est celle qui a en elle la couleur
de votre humanité, unie l'une avec l'autre. La lumière de ma divinité a été
la lumière unie à la couleur de votre humanité, et cette couleur est devenue
lumineuse, quand elle devint impassible par la lumière de la nature divine.
Par ce moyen, c'est-à-dire par le Verbe incarné, mêlé et uni à ma nature
divine et à la chaleur, au feu de l'Esprit-Saint, vous avez reçu la Lumière.
A qui l'ai-je donnée cette Lumière à administrer ? A mes ministres, dans le
corps mystique de la sainte Église, afin que vous ayez la vie, en vous
donnant son corps pour aliment et son sang pour breuvage.
8. Je t'ai dit que ce corps est un soleil, et le
corps ne peut vous être donné sans le sang, le sang ni le corps sans l'âme
du Verbe ; et l'âme ni le corps tans ma divinité, parce que l'une ne peut
être séparée de l'autre ; je t'ai dit ailleurs que la nature divine ne
pouvait jamais être séparée de la nature humaine, ni par la mort, ni par
aucune cause imaginable. Ainsi, dans cet ineffable sacrement, vous recevez
toute l'essence divine sous la blancheur du pain, et comme le soleil ne peut
se diviser, la divinité et l'humanité entières ne peuvent se diviser dans la
blancheur de cette Hostie. Quand même l'Hostie serait divisée en des
millions de parties, dans chacune de ses parties se trouverait le Dieu et
l'homme tout entiers, comme je te l'ai dit. En partageant un miroir, on ne
partage pas l'image qui se voit dans le miroir ; de même en divisant
l'Hostie, on ne divise pas la divinité et l'humanité, mais elles se trouvent
en chaque partie dans leur totalité et sans être diminuées, comme le feu
peut le faire comprendre.
9. Si tu avais une lumière, et si tout le monde
venait en profiter, la lumière ne diminuerait pas pour cela, et chacun
l'aurait vue complètement. Il est vrai qu'on participe plus ou -moins à
cette lumière, selon ce qu'on présente à la flamme ; un exemple te le fera
comprendre. Si des personnes portaient des flambeaux de poids différents,
d'une once, de deux, de trois, de six onces, ou d'une livre, et si elles les
allumaient à une lumière, les flambeaux, petits ou grands, recevraient tous
la lumière, sa chaleur et son éclat, et pourtant le flambeau d'une once
aurait moins que celui d'une livre.
10. Il en est de même de ceux qui reçoivent ce
sacrement : chacun porte son flambeau, c'est-à-dire le saint désir avec
lequel il reçoit ce sacrement. Le flambeau est éteint, et il s'allume en
recevant le sacrement. Je dis qu'il est éteint, parce que par vous-mêmes
vous n'êtes rien, il est vrai que je vous ai donné la matière avec laquelle
vous pouvez alimenter en vous cette lumière et la recevoir. Cette matière
est l'amour ; car je vous ai créés par amour, et vous ne pouvez vivre sans
amour.
11. Cet être que vous a donné l'amour, a reçu au saint
baptême, en vertu du sang de mon Fils, la disposition sans laquelle vous ne
pourriez participer à cette lumière. Vous seriez comme un flambeau sans
mèche, qui ne peut briller et recevoir la lumière. Il en serait de même pour
vous, si votre âme n'avait cette mèche qui reçoit la lumière de la sainte
foi, unie à la grâce que vous recevez au baptême, avec cette faculté de
votre âme créée pour aimer. L'âme est tellement faite pour aimer, que sans
amour elle ne peut vivre ; car l'amour est vraiment sa nourriture. Mais où
s'allume l'âme ainsi préparée ? Au feu de ma divine charité, en m'aimant, en
me craignant et en suivant la doctrine de mon Fils.
12. Il est vrai qu'elle s'enflammera plus ou moins,
selon la matière qu'elle aura pour alimenter le feu, bien que vous ayez la
même matière, puisque tous vous êtes créés à mon image et ressemblance, et
qu'étant chrétiens, vous avez la lumière du saint baptême. Mais chacun peut
croître en amour et en vertu, selon qu'il le veut, avec le secours de ma
grâce. Vous ne changez pas la forme que je vous ai donnée ; vous grandissez
seulement et vous augmentez vos vertus, en exerçant votre libre arbitre dans
l'ardeur de la charité, pendant que vous en avez le temps ; car lorsque le
temps est passé, vous ne pouvez rien faire.
13. Ainsi, vous pouvez croître en amour, comme je vous
l'ai dit, et avec cet amour vous devez venir recevoir l'ineffable Sacrement,
cette douce et glorieuse Lumière, que j'ai chargé mes ministres de vous
distribuer pour votre nourriture. Vous recevez cette lumière selon la mesure
de votre ‘amour et l'ardeur de votre désir ; vous la recevez, comme je te
l'ai expliqué, par l'exemple de ceux qui ont des flambeaux, et qui reçoivent
la lumière selon l'importance de ces flambeaux, quoique la lumière soit
complète et indivisible.
14. Cette lumière ne peut être divisée par
l'imperfection de celui qui la reçoit ou de celui qui l'administre. Vous
participez à la lumière, c'est-à-dire à la grâce que vous recevez dans ce
sacrement, autant que vous vous disposez à le recevoir par un saint désir.
Et si quelqu'un s'approche de ce sacrement en état de péché mortel, il ne
reçoit pas la grâce, quoiqu'il reçoive réellement l'Homme-Dieu tout entier,
ainsi que je te l'ai dit.
15. Ma fille bien-aimée, sais-tu à quoi ressemble cette
âme qui me reçoit indignement ? Elle ressemble à un flambeau qui est tombé
dans l'eau et qui ne fait que pétiller quand on l'approche du feu ; la
flamme s'éteint dès qu'on l'y met, et il ne reste que la fumée. Il en est
ainsi de l'âme : elle porte en elle te flambeau qu'elle a reçu dans le saint
baptême, mais elle jette en elle l'eau du péché, et cette eau mouille la
mèche, destinée à la lumière de la grâce dans le saint baptême. Tant qu'elle
ne l'a pas séchée par le feu d'une vraie contrition et par l'humble
confession de ses fautes, elle va au banquet de l'Autel recevoir cette
lumière corporellement, mais non spirituellement.
16. Ainsi, quand l'âme n'est pas disposée comme elle
devrait l'être pour un aussi grand mystère, cette vraie Lumière ne reste pas
en elle par la grâce ; mais elle disparaît, elle s'éteint, et l'âme reste
dans une confusion plus grande les ténèbres du péché augmentent, et elle
n'éprouve autre chose de ce sacrement qu'un remords de conscience de plus,
non par l'effet de la Lumière qui ne peut jamais être altérée, mais par
l'effet de l'eau du péché qui est dans l'âme et qui l'empêche de recevoir la
Lumière.
17. Tu vois donc qu'en aucune manière cette Lumière,
unie à sa chaleur et à sa couleur, ne peut être altérée, ni par la faiblesse
du désir que l'âme apporte à recevoir ce sacrement, ni par la faute de l'âme
qui le reçoit, ni par celle de celui qui l'administre. Je te disais que le
soleil, en éclairant une chose immonde, n'en est jamais souillé ; de même
cette douce Lumière, dans ce sacrement, ne peut jamais être souillés, ni
divisée, ni diminuée, ni séparée de son centre, quoique le monde entier
participe à sa lumière et à sa chaleur.
18. Ainsi, le soleil du Verbe, mon Fils, ne se sépare
jamais de moi, le Soleil son Père, lorsque dans le corps mystique de la
sainte Église, il est administré à tous ceux qui veulent le recevoir ; mais
il est toujours en moi ; et vous le recevez cependant, Dieu et homme tout
entier, comme je te l'ai expliqué par la comparaison de la lumière, où tous
les hommes pourraient allumer leurs flambeaux, en la laissant dans sa
totalité.
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