QUI EST DESCENDU AUX ENFERS,
ET LE TROISIÈME JOUR EST RESSUSCITÉ DES MORTS.
Il importe extrêmement,
disons-le bien haut, de connaître la gloire de la sépulture de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont nous venons de parler dans l’article
précédent ; mais il importe bien plus encore de connaître les victoires
éclatantes qu’Il a remportées sur le démon vaincu et sur l’enfer
dépouillé ! C’est ce que nous allons expliquer en même temps que sa
Résurrection. Sans doute ces deux vérités pouvaient fort bien être
séparées. Mais pour suivre l’usage et J’autorité des Pères, nous avons
cru devoir les réunir.
§ I. — IL EST DESCENDU AUX ENFERS.
La première partie de cet
article nous propose à croire qu’aussitôt après la Mort de Jésus-Christ
son âme descendit aux enfers, et y demeura aussi longtemps que son Corps
resta dans le tombeau.
Mais ces paroles nous
obligent aussi à reconnaître et à croire, que la même Personne de
Jésus-Christ était en même temps dans les enfers et au fond de son
tombeau. Et ce point de notre Foi n’étonnera personne, surtout si l’on
veut se rappeler comme nous l’avons dit tant de fois, que, bien que l’Ame
eût quitté le Corps réellement, jamais pourtant la Divinité ne fut
séparée ni de l’Ame ni du Corps.
Le Pasteur pourra jeter une
grande lumière sur les premiers mots de cet article, s’il a soin
d’apprendre et de bien expliquer aux Fidèles ce qu’ils doivent entendre
par cette expression: les enfers, qui ne signifient pas ici le sépulcre,
comme quelques-uns l’ont pensé avec autant d’impiété que d’ignorance. En
effet, l’article qui précède nous enseigne positivement que
Notre-Seigneur Jésus-Christ a été enseveli. Par conséquent les Apôtres
n’avaient aucune raison, en nous transmettant la règle de la Foi. de
répéter la même vérité, d’une manière différente et beaucoup plus
obscure.
Ce mot: les enfers, désigne
donc ici ces lieux, ces dépôts cachés où sont retenues prisonnières les
âmes qui n’ont pas encore obtenu la béatitude céleste. C’est dans ce
sens que l’Ecriture Sainte l’emploie dans beaucoup d’endroits. Ainsi
nous lisons dans l’Apôtre Saint Paul: Au nom de Jésus, tout genou
fléchit au ciel, sur la terre et dans les Enfers. Et dans le Livre
des Actes, Saint Pierre nous assure que Jésus-Christ ressuscita,
après avoir été délivré des douleurs de l’Enfer.
Mais ces lieux ne sont pas
tous semblables. L’un est une prison affreuse et obscure, où les âmes
des damnés sont tourmentées avec les esprits immondes par un feu
perpétuel et qui ne s’éteint jamais. Ce lieu porte le nom de géhenne,
d’abîme ; c’est l’Enfer proprement dit.
Il y a un autre enfer où
est le feu du Purgatoire. C’est là que les Aines des justes se purifient
dans des souffrances qui durent un temps déterminé, en attendant
qu’elles soient dignes d’entrer dans la Patrie éternelle, car rien de
souillé ne peut y pénétrer. Cette vérité s’appuie sur le témoignage des
Écritures et sur la tradition apostolique en même temps qu’elle est
confirmée par les décrets des saints Conciles. Les Pasteurs auront soin
de la prêcher souvent et de l’établir sur les raisons les plus solides.
Car nous sommes dans un temps où les hommes ne veulent plus supporter
la saine doctrine.
Un troisième enfer est
celui où étaient reçues les Aines des Saints avant la venue de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, et où elles jouissaient d’un séjour
tranquille, exemptes de toute douleur, et soutenues par l’heureuse
espérance de leur rédemption. Or, ce sont précisément ces Aines saintes,
qui attendaient leur Libérateur dans le sein d’Abraham, que Jésus-Christ
délivra lorsqu’Il descendit aux enfers.
Et il ne faut pas
s’imaginer que Notre-Seigneur descendit aux enfers uniquement par sa
Puissance et par sa Vertu, et que son Ame n’y pénétra pas réellement.
nous devons croire au contraire, et de la manière la plus formelle,
qu’elle y descendit véritablement et qu’elle y fut présente
substantiellement. C’est le témoignage positif de David: Vous ne
laisserez pas mon Ame dans l’Enfer.
Mais en descendant aux
enfers, Jésus-Christ ne perdit rien de sa Puissance ; et l’éclat de sa
Sainteté ne fut point obscurci. Au contraire, cet événement ne servit
qu’à mettre en évidence la vérité des magnifiques descriptions tracées
par les Prophètes, et à faire voir de nouveau qu’Il était vraiment le
Fils de Dieu, comme Il l’avait déjà prouvé Lui-même par tant de
prodiges. C’est ce que nous comprendrons aisément, si nous prenons soin
de comparer ensemble les différentes causes qui ont fait descendre aux
enfers Jésus-Christ et les autres hommes. Les hommes y étaient venus en
captifs. Lui, Il était libre au milieu des morts, libre et
vainqueur, puisqu’Il venait terrasser les démons qui y retenaient les
hommes enfermés et enchaînés à cause de leurs péchés.
Parmi tous ces prisonniers,
les uns enduraient les peines les plus cruelles ; les autres, quoique
exempts de châtiments, souffraient cependant de la privation de Dieu, et
ne pouvaient qu’espérer sans cesse la Gloire qui devait les rendre
heureux. Jésus-Christ, Lui, non seulement n’y souffrit point, mais Il
n’y parut que pour délivrer les Saints et les Justes des douleurs de
leur triste captivité, et pour leur communiquer les fruits de sa
Passion. Ainsi donc sa descente aux enfers ne lui fit rien perdre de sa
Dignité, ni de sa Puissance souveraine.
Ces premières explications
données, le Pasteur devra ensuite exposer que Notre-Seigneur
Jésus-Christ descendit aux enfers, non seulement pour enlever aux démons
leurs dépouilles, et briser les chaînes des saints Patriarches et des
autres Justes, mais encore pour les introduire avec Lui dans le Ciel. Ce
qu’Il fit d’une manière admirable et infiniment glorieuse. Car sa seule
Présence répandit immédiatement au milieu d’eux une lumière
resplendissante, les remplit d’une joie et d’une allégresse ineffable,
et les mit en possession de cette béatitude qu’ils désiraient tant, et
qui consiste dans la vue de Dieu. Alors se trouva vérifiée la promesse
que Notre-Seigneur avait faite au bon larron: Aujourd’hui même tu
seras avec Moi en Paradis.
Cette délivrance des
Justes, le Prophète Osée l’avait prédite longtemps auparavant: ô
Mort, avait-il dit, je serai ta mort ; ô enfer, je te déchirerai.
Le Prophète Zacharie l’avait également annoncée en ces termes: Vous
aussi, par le Sang de votre Alliance, vous avez tiré vos captifs de la
fosse, où il n’y a point d’eau. Et enfin l’Apôtre Saint Paul exprime
la même vérité en disant de Notre-Seigneur Jésus-Christ: Il a
désarmé les Principautés et les Puissances, Il les a exposées en
spectacle avec une pleine autorité, après avoir triomphé d’elles en sa
propre personne. — Mais pour mieux comprendre encore la portée de ce
Mystère, nous devons nous rappeler souvent que les Justes, non seulement
ceux qui vécurent après Notre-Seigneur, mais encore ceux qui L’avaient
précédé depuis Adam, et ceux qui viendront après Lui jusqu’à la fin des
siècles, tous ces justes, sans exception, ont été sauvés par le bienfait
de sa Passion. Voilà pourquoi avant sa Mort et sa Résurrection, les
portes du Ciel n’avaient jamais été ouvertes à personne. Les Ames des
Justes, en se séparant de leurs corps, étaient portées dans le sein
d’Abraham, ou bien comme il arrive encore aujourd’hui à celles qui, en
quittant ce monde, ont quelque souillure à laver et quelque dette à
payer, elles allaient se purifier par le feu du Purgatoire.
Enfin une dernière raison
pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ descendit aux enfers, c’est
qu’Il voulait y manifester sa Force et sa Puissance, aussi bien qu’au
ciel et sur la terre, afin qu’il fût absolument vrai de dire qu’à
son nom tout genou fléchit au Ciel, sur la terre et dans les Enfers.
Qui n’admirerait ici la
Bonté infinie de Dieu envers les hommes ? qui ne serait saisi
d’étonnement en voyant son Fils unique non seulement endurer pour nous
la mort la plus cruelle, mais encore pénétrer jusqu’aux plus basses
parties de la terre, afin d’en arracher les Ames qui lui étaient
chères et de les conduire au séjour du bonheur ?
§ II — IL EST RESSUSCITÉ DES MORTS.
Cette seconde partie de
l’article cinquième veut être expliquée avec le plus grand soin. Le
Pasteur y prendra garde. C’est l’avertissement de l’Apôtre:
Souvenez-vous que Notre-Seigneur Jésus-Christ est ressuscité d’entre les
morts. Or cette recommandation de Saint Paul à Timothée s’applique
évidemment à tous ceux qui ont charge d’âmes.
Voici maintenant le sens de
cette partie de l’article: Après que Jésus-Christ, le sixième jour, à la
neuvième heure, eut rendu l’esprit sur la Croix, et que le même jour,
vers le soir, Il eut été enseveli par ses disciples — lesquels avec la
permission du Procurateur romain Ponce Pilate, avaient descendu son
Corps de la Croix, et L’avaient transporté dans un sépulcre neuf, au
milieu d’un jardin voisin — le troisième jour après, qui était le
Dimanche, de grand matin son âme se réunit de nouveau à son corps.
Ainsi, après être resté mort durant ces trois jours, Il reprit la vie
qu’Il avait quittée en mourant, et ressuscita.
Et, par ce mot de
Résurrection, il ne faut pas seulement entendre que Jésus-Christ s’est
réveillé d’entre les morts, comme cela est arrivé à plusieurs autres,
mais qu’Il est ressuscité par sa propre Force, par sa Puissance
personnelle, ce qui ne peut convenir qu’à Lui seul, car il est contraire
à la nature, et personne n’a jamais eu ce pouvoir, de passer par sa
propre vertu de la mort à la vie. Cela était réservé à Dieu seul, à sa
souveraine Puissance. L’Apôtre nous le dit: S’Il a été crucifié dans
son infirmité d’homme, c’est par sa Puissance de Dieu qu’Il est revenu à
la vie. Et en effet, la Divinité n’ayant jamais été séparée, ni du
Corps de Jésus-Christ pendant qu’Il était dans le tombeau, ni de son
Aine pendant qu’elle était descendue aux enfers, ce Corps et cette Aine
conservaient une Vertu divine. Et c’est par cette Vertu divine que le
Corps pouvait être réuni à l’Aine, que l’Aine pouvait retourner au
Corps, et que Jésus-Christ pouvait revivre et ressusciter des morts par
sa propre puissance.
David, rempli de l’Esprit
de Dieu, avait annoncé ce prodige quand il avait dit: Sa droite et
son bras puissant l’ont sauvé. Notre-Seigneur Lui-même nous en avait
donné l’assurance de sa propre bouche: Je quitte mon âme pour la
reprendre de nouveau. J’ai le pouvoir de la quitter, et J’ai le pouvoir
de la reprendre. C’est pour confirmer cette vérité qu’Il disait aux
Juifs: Détruisez ce temple, et dans trois jours Je le rebâtirai.
Sans doute les Juifs croyaient qu’Il parlait de ce magnifique temple de
pierre qu’ils avaient sous les yeux ; Lui, voulait parler du temple de
son corps, comme le dit saint Jean en termes formels. Et si nous lisons
dans quelques passages de nos Saints Livres que Jésus-Christ a été
ressuscité par son Père , ces paroles se rapportent à Lui, comme
homme ; de même qu’il faut rapporter à sa divinité ces autres paroles de
la sainte Écriture Il s’est ressuscité par sa propre vertu.
Il y a encore ceci de
particulier dans la Résurrection de Jésus-Christ, c’est qu’Il a été le
premier de tous qui ait participé à ce bienfait divin. Voilà pourquoi la
Sainte Écriture L’appelle le premier né d’entre les morts, et le
premier né des morts. Et Saint Paul nous dit de Lui: Le Christ
est ressuscité d’entre les morts, comme les prémices de ceux qui
dorment. Car si la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme
qu’arrive la résurrection. Et de même que tous meurent en Adam, ainsi
tous revivront en Jésus-Christ, mais chacun dans son rang, Jésus-Christ
d’abord comme les prémices, puis ceux qui sont à Jésus-Christ.
Ces paroles doivent
s’entendre de la résurrection parfaite, qui détruit pour nous toute
espèce de nécessité de mourir une seconde fois, et nous met en
possession d’une vie immortelle. Or, dans ce genre de résurrection,
Jésus-Christ tient le premier rang. S’il n’était question en effet que
de ce retour à la vie qui n’enlève pas la nécessité de mourir une
seconde fois, plusieurs, avant Jésus-Christ, étaient ressuscités aussi ;
mais en revenant à la vie ils étaient toujours obligés de mourir de
nouveau ; Jésus-Christ, au contraire, vainquit et dompta tellement la
mort par sa Résurrection qu’Il ne pouvait plus mourir. C’est
l’enseignement formel de Saint Paul: Jésus-Christ ressuscité des
morts ne meurt plus. Et la mort désormais n’aura plus d’empire sur Lui.
§ III. — LE TROISIÈME JOUR.
Ces mots sont ajoutés à
l’article. Le Pasteur aura soin de bien les expliquer aux Fidèles, afin
qu’ils ne s’imaginent point que Notre-Seigneur Jésus-Christ demeura
trois jours entiers dans le tombeau. En effet, Il n’y fut renfermé qu’un
jour entier, une partie du jour précédent et une partie du jour suivant.
Cela suffit pour que nous puissions dire en toute vérité qu’Il resta
trois jours dans le sépulcre et qu’Il ressuscita le troisième jour.
Pour montrer qu’Il était
Dieu, Il ne voulut pas différer sa Résurrection jusqu’à la fin du
monde ; pour prouver qu’Il était vraiment homme, et réellement mort Il
ne ressuscita pas immédiatement après sa mort, mais seulement le
troisième jour après. Cet intervalle de temps Lui parut suffisant pour
garantir la réalité de sa mort.
Les Pères du premier
concile de Constantinople ont ajouté ceci: selon les Ecritures.
Ces mots sont empruntés à l’Apôtre, et les Pères dont nous parlons ne
les ont transportés dans le Symbole de leur Foi que parce qu’ils avaient
appris du même Apôtre combien le mystère de la résurrection était
nécessaire. Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité, dit Saint Paul
aux Corinthiens, notre prédication est vaine, et vaine aussi est
votre Foi. Et encore: Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité, votre
Foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés. Aussi Saint
Augustin plein d’admiration pour cet enseignement de notre Foi,
s’écriait: C’est peu de croire que Jésus-Christ est mort ; les païens,
les Juifs, les méchants le croient. Oui, tous croient qu’Il est mort,
mais ce qui caractérise la Foi des Chrétiens, c’est sa Résurrection. Ce
qui fait sa grandeur, c’est que nous croyons qu’Il est ressuscité. Voilà
pourquoi Notre-Seigneur parlait si fréquemment de sa Résurrection. Et
même Il ne s’entretenait pour ainsi dire jamais de sa Passion avec ses
disciples, sans ajouter quelques mots sur sa Résurrection. Ainsi, après
avoir dit: Le Fils de l’homme sera livré aux gentils, Il sera
outragé, fouetté, couvert de crachats, et mis à mort après avoir été
flagellé, Il terminait en disant: et le troisième jour Il
ressuscitera. Et lorsque les Juifs Lui demandaient de prouver sa
doctrine par un signe, par un prodige quelconque, Il leur répondit:
que nul autre signe ne leur serait donné que celui du prophète Jonas,
et que comme Jonas avait été trois jours et trois nuits dans le
ventre d’une baleine, ainsi le Fils de l’homme serait trois jours et
trois nuits dans le sein de la terre.
Mais pour mieux pénétrer la
profondeur et le sens de cet article, nous devons étudier et savoir
trois choses: 1° le pourquoi la Résurrection de Jésus-Christ était
nécessaire ; 2° quels étaient la fin et le but de cette Résurrection ;
3° enfin, quels fruits et quels avantages nous en avons retirés.
§ IV. — CAUSES, FIN ET FRUITS DE LA RÉSURRECTION.
Et d’abord, il était
nécessaire que Jésus-Christ ressuscitât, pour faire éclater la justice
de Dieu. En effet, Dieu se devait à lui-même de glorifier Celui qui,
pour obéir, S’était volontairement humilié et avait accepté tous les
outrages. C’est la raison même que nous donne l’Apôtre écrivant aux
Philippiens: Il s’est humilié Lui-même, se rendant obéissant jusqu’à
la mort et à la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu L’a élevé.
Une seconde raison de la
Résurrection, c’est qu’elle était nécessaire pour fortifier en nous la
Foi sans laquelle l’homme ne saurait être justifié. Car ce qui prouve le
mieux que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, c’est sa Résurrection
d’entre les morts, et par sa propre vertu.
En troisième lieu, la
Résurrection de Notre-Seigneur était nécessaire pour nourrir et soutenir
notre espérance. En effet, par le seul fait que Jésus-Christ est
ressuscité, nous avons le droit d’espérer d’une manière certaine que
nous aussi nous ressusciterons. Car les membres doivent, de toute
nécessité, partager le sort de la tête. C’est à cette conclusion que
l’Apôtre veut arriver dans ses lettres si motivées aux Fidèles de
Corinthe et de Thessalonique ; c’est également le raisonnement du
Prince des Apôtres, qui nous dit: Béni soit Dieu le Père de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a
régénérés par la Résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, en nous
donnant l’espérance vive d’un héritage incorruptible !
Enfin, ajoutons que la
Résurrection du Sauveur était nécessaire pour achever le mystère de
notre Salut et de notre Rédemption. Par sa mort, Jésus-Christ nous avait
délivrés de nos péchés ; par sa Résurrection, Il nous rendait ces biens
précieux que le péché nous avait fait perdre. Voilà pourquoi l’Apôtre
n’a pas manqué de dire: Jésus-Christ a été livré pour nos péchés, et
Il est ressuscité Pour notre justification. Afin que l’œuvre de
notre salut fût complète, la Résurrection de Notre-Seigneur était donc
nécessaire, aussi bien que sa mort.
Par tout ce que nous avons
dit jusqu’ici, il est facile d’apprécier les avantages considérables que
la Résurrection de Notre-Seigneur nous a procurés.
Et d’abord, nous voyons
dans ce prodige un Dieu immortel, plein de gloire, vainqueur de la mort
et du démon, car tous ces titres appartiennent à Jésus-Christ ; nous le
croyons fermement, et nous faisons profession de le croire.
Ensuite la Résurrection du
Sauveur nous mérite et nous assure notre propre résurrection. D’une part
elle en est la cause efficiente, et d’autre part elle est le modèle
d’après lequel nous devons tous ressusciter. Voici en effet ce que nous
affirme l’Apôtre en parlant de la résurrection des corps: La mort
est venue par un homme, et la résurrection des morts arrivera aussi par
un homme. Tant il est vrai que tout ce que Dieu a fait dans le
mystère de notre rédemption, Il l’a fait en se servant de l’humanité de
son Fils comme d’un moyen efficace. Ainsi sa résurrection a été comme un
instrument pour opérer la nôtre. Et nous disons encore qu’elle est le
modèle de la nôtre, parce qu’elle est la plus parfaite. De même que le
corps de Jésus-Christ, en ressuscitant, s’est élevé dans sa
transformation à une gloire immortelle, de même aussi nos corps,
aujourd’hui faibles et mortels, seront, après la résurrection, revêtus
de gloire et d’immortalité. Car, dit l’Apôtre, nous attendons le
Sauveur Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui réformera notre corps humilié,
en le rendant semblable à son corps de gloire.
Ce que nous venons de dire
du corps peut s’appliquer à l’âme morte par le péché. La Résurrection de
Jésus-Christ est le modèle de la sienne. L’Apôtre nous l’enseigne
clairement: De même, dit-il, que Jésus-Christ est ressuscité d’entre
les morts par la gloire de son Père, ainsi devrons-nous marcher
nous-mêmes dans une vie nouvelle. Car si nous avons été entés en lui par
la ressemblance de sa mort, nous y serons entés aussi par la
ressemblance de sa Résurrection. Et un peu plus loin il dit encore :
Nous savons que Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt
plus, et que la mort n’aura plus d’empire sur Lui. Car s’Il est mort
pour le péché, Il n’est mort qu’une fois ; et maintenant qu’Il vit, Il
vit pour Dieu. Ainsi considérez-vous vous-mêmes comme morts au péché, et
comme ne vivant plus que pour Dieu en Jésus-Christ.
Nous avons donc deux choses
à faire pour imiter la Résurrection de Jésus-Christ. D’abord, après nous
être lavés des souillures du péché, nous devons embrasser un nouveau
genre de vie, où l’on puisse voir briller la pureté des mœurs,
l’innocence, la sainteté, la modestie, la justice, la charité et
l’humilité. Ensuite, il est nécessaire de persévérer dans cette vie
nouvelle, de manière à ne jamais nous écarter, avec la grâce de Dieu, de
la voie de la justice.
Or, les paroles de l’Apôtre
que nous venons de citer ne nous apprennent pas seulement que la
Résurrection de Jésus-Christ nous est proposée comme modèle de la nôtre,
mais qu’elle nous donne en réalité la vertu de ressusciter un jour, et
que, en attendant, elle nous communique les lumières et les forces
nécessaires pour persévérer dans la sainteté, dans la justice et dans
l’accomplissement des préceptes divins. De même en effet que la mort de
notre Sauveur est un modèle de la mort au péché, et que, de plus, elle
nous donne la vertu de réaliser en nous ce genre de mort ; de même aussi
sa Résurrection nous procure les forces suffisantes pour acquérir la
justice, pour servir Dieu dans la piété et dans la sainteté, et pour
marcher définitivement dans cette vie nouvelle où nous entrons. Voilà en
effet ce que Notre-Seigneur a surtout voulu obtenir par sa Résurrection,
c’est que nous, qui auparavant étions morts avec Lui au péché et au
monde, nous puissions ressusciter avec Lui à une vie toute nouvelle et
parfaitement réglée.
Quelles sont les
marques principales de cette résurrection spirituelle ? L’Apôtre a voulu
nous en prévenir. Si, dit-il, vous êtes ressuscités avec
Jésus-Christ, cherchez ce qui est en haut, où Jésus-Christ est assis à
la droite de son Père. C’est bien nous montrer clairement que ceux
qui ne cherchent et désirent la vie, les honneurs, le repos. les
richesses que là où est Jésus-Christ, ceux-là sont vraiment ressuscités
avec Lui. Et quand il ajoute : Aimez les choses du ciel et non celles
de la terre, n’est-ce pas nous donner encore une autre marque pour
reconnaître si vraiment nous sommes ressuscités avec Notre-Seigneur ?
Comme le goût indique habituellement les dispositions du corps, et son
degré de santé, de même dès que quelqu’un goûte tout ce qui est
vrai, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est
saint, dès qu’il éprouve au dedans de lui-même la suavité des choses
célestes, c’est la preuve qu’il est vraiment ressuscité à une vie
nouvelle et spirituelle, avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
|