CHAPITRE
DEUXIEME
LES
SACREMENTS DE GUERISON
1420
Par les sacrements de l’initiation chrétienne, l’homme reçoit la
vie nouvelle du Christ. Or, cette vie, nous la portons " en des
vases d’argile " (2 Co 4, 7). Maintenant, elle est encore
" cachée avec le Christ en Dieu " (Col 3, 3). Nous sommes encore
dans " notre demeure terrestre " (2 Co 5, 1) soumise à la
souffrance, à la maladie et à la mort. Cette vie nouvelle
d’enfant de Dieu peut être affaiblie et même perdue par le
péché.
1421
Le Seigneur Jésus-Christ, médecin de nos âmes et de nos corps,
Lui qui a remis les péchés au paralytique et lui a rendu la
santé du corps (cf. Mc 2, 1-12), a voulu que son Église
continue, dans la force de l’Esprit Saint, son œuvre de guérison
et de salut, même auprès de ses propres membres. C’est le but
des deux sacrements de guérison : du sacrement de Pénitence et
de l’Onction des malades.
Article 4
Le sacrement
de Pénitence et de Réconciliation
1422
" Ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de
la miséricorde de Dieu le pardon de l’offense qu’ils lui ont
faite et du même coup sont réconciliés avec l’Église que leur
péché a blessée et qui, par la charité, l’exemple, les prières,
travaille à leur conversion " (LG 11).
I. Comment
est appelé ce sacrement ?
1423
Il est appelé sacrement de conversion puisqu’il réalise
sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion (cf. Mc 1,
15), la démarche de revenir au Père (cf. Lc 15, 18) dont on
s’est éloigné par le péché.
Il est
appelé sacrement de Pénitence puisqu’il consacre une
démarche personnelle et ecclésiale de conversion, de repentir et
de satisfaction du chrétien pécheur.
1424 Il est
appelé sacrement de la confession puisque l’aveu, la
confession des péchés devant le prêtre est un élément essentiel
de ce sacrement. Dans un sens profond ce sacrement est aussi une
" confession ", reconnaissance et louange de la sainteté de Dieu
et de sa miséricorde envers l’homme pécheur.
Il est
appelé sacrement du pardon puisque par l’absolution
sacramentelle du prêtre, Dieu accorde au pénitent " le pardon et
la paix " (OP formule de l’absolution).
Il est
appelé sacrement de Réconciliation car il donne au
pécheur l’amour de Dieu qui réconcilie : " Laissez-vous
réconcilier avec Dieu " (2 Co 5, 20). Celui qui vit de l’amour
miséricordieux de Dieu est prêt à répondre à l’appel du
Seigneur : " Va d’abord te réconcilier avec ton frère " (Mt 5,
24).
II. Pourquoi
un sacrement de la réconciliation après le Baptême ?
1425
" Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été
justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de
notre Dieu " (1 Co 6,11). Il faut se rendre compte de la
grandeur du don de Dieu qui nous est fait dans les sacrements de
l’initiation chrétienne pour saisir à quel point le péché est
une chose exclue pour celui qui a " revêtu le Christ " (Ga 3,
27). Mais l’apôtre saint Jean dit aussi : " Si nous disons que
nous sommes sans péché, nous nous abusons nous-mêmes, et la
vérité n’est point en nous " (1 Jn 1,8). Et le Seigneur lui-même
nous a enseigné de prier : " Pardonne-nous nos offenses " (Lc
11,4) en liant le pardon mutuel de nos offenses au pardon que
Dieu accordera à nos péchés.
1426
La conversion au Christ, la nouvelle naissance du
Baptême, le don de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ
reçus en nourriture, nous ont rendu " saints et immaculés devant
lui " (Ep 1, 4), comme l’Église elle-même, épouse du Christ, est
" sainte et immaculée devant lui " (Ep 5, 27). Cependant, la vie
nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la
fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination
au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui
demeure dans les baptisés pour qu’ils fassent leurs preuves dans
le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ (cf.
DS 1515). Ce combat est celui de la conversion en vue de
la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne
cesse de nous appeler (cf. DS 1545 ; LG 40).
III. La
conversion des baptisés
1427
Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie
essentielle de l’annonce du Royaume : " Les temps sont accomplis
et le Royaume de Dieu est tout proche ; repentez-vous et croyez
à la Bonne Nouvelle " (Mc 1,15). Dans la prédication de l’Église
cet appel s’adresse d’abord à ceux qui ne connaissent pas encore
le Christ et son Évangile. Aussi, le Baptême est-il le lieu
principal de la conversion première et fondamentale. C’est par
la foi en la Bonne Nouvelle et par le Baptême (cf. Ac 2, 38) que
l’on renonce au mal et qu’on acquiert le salut, c’est-à-dire la
rémission de tous les péchés et le don de la vie nouvelle.
1428
Or, l’appel du Christ à la conversion continue à retentir dans
la vie des chrétiens. Cette seconde conversion est une
tâche ininterrompue pour toute l’Église qui " enferme des
pécheurs dans son propre sein " et qui " est donc à la fois
sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son
effort de pénitence et de renouvellement " (LG 8). Cet effort de
conversion n’est pas seulement une œuvre humaine. Elle est le
mouvement du " cœur contrit " (Ps 51, 19) attiré et mû par la
grâce (cf. Jn 6, 44 ; 12, 32) à répondre à l’amour
miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4,
10).
1429
En témoigne la conversion de S. Pierre après le triple reniement
de son Maître. Le regard d’infinie miséricorde de Jésus provoque
les larmes du repentir (Lc 22, 61) et, après la résurrection du
Seigneur, la triple affirmation de son amour envers lui (cf. Jn
21, 15-17). La seconde conversion a aussi une dimension
communautaire. Cela apparaît dans l’appel du Seigneur à
toute une Église : " Repends-toi ! " (Ap 2, 5. 16).
S. Ambroise
dit des deux conversions que, dans l’Église, " il y a l’eau et
les larmes : l’eau du Baptême et les larmes de la Pénitence "
(ep. 41, 12 : PL 16, 1116B).
IV. La
pénitence intérieure
1430
Comme déjà chez les prophètes, l’appel de Jésus à la conversion
et à la pénitence ne vise pas d’abord des œuvres extérieures,
" le sac et la cendre ", les jeûnes et les mortifications, mais
la conversion du cœur, la pénitence intérieure. Sans
elle, les œuvres de pénitence restent stériles et mensongères ;
par contre, la conversion intérieure pousse à l’expression de
cette attitude en des signes visibles, des gestes et des œuvres
de pénitence (cf. Jl 2, 12-13 ; Is 1, 16-17 ; Mt 6, 1-6. 16-18).
1431
La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute
la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur,
une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance
envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même
temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie
avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en
l’aide de sa grâce. Cette conversion du cœur est accompagnée
d’une douleur et d’une tristesse salutaires que les Pères ont
appelées animi cruciatus (affliction de l’esprit),
compunctio cordis (repentir du cœur) (cf. Cc. Trente : DS
1677-1678 ; 1705 ; Catech. R. 2, 5, 4).
1432
Le cœur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne
à l’homme un cœur nouveau (cf. Ez 36, 26-27). La conversion est
d’abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos cœurs
à lui : " Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis "
(Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau.
C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre
cœur est ébranlé par l’horreur et le poids du péché et qu’il
commence à craindre d’offenser Dieu par le péché et d’être
séparé de lui. Le cœur humain se convertit en regardant vers
Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19, 37 ; Za 12,
10) :
Ayons les
yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est
précieux à son Père car, répandu pour notre salut, il a ménagé
au monde entier la grâce du repentir (S. Clément de Rome, Cor.
7,4).
1433
Depuis Pâques, c’est l’Esprit Saint qui " confond " le monde en
matière de péché " (Jn 16, 8-9), à savoir que le monde n’a pas
cru en Celui que le Père a envoyé. Mais ce même Esprit, qui
dévoile le péché, est le Consolateur (cf. Jn 15, 26) qui donne
au cœur de l’homme la grâce du repentir et de la conversion (cf.
Ac 2, 36-38 ; cf. Jean-Paul II, DeV 27-48).
V. Les
multiples formes de la pénitence dans la vie chrétienne
1434
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions
très variées. L’Écriture et les Pères insistent surtout sur
trois formes : le jeûne, la prière, l’aumône (cf. Tb 12,
8 ; Mt 6, 1-18), qui expriment la conversion par rapport à
soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté
de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le
martyre, ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés,
les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les
larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (cf. Jc 5,
20) l’intercession des saints et la pratique de la charité " qui
couvre une multitude de péchés " (1 P 4, 8).
1435
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes
de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la
défense de la justice et du droit (cf. Am 5, 24 ; Is 1, 17), par
l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la
révision de vie, l’examen de conscience, la direction
spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la
persécution à cause de la justice. Prendre sa croix, chaque
jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence
(cf. Lc 9, 23).
1436
Eucharistie et Pénitence. La conversion et la pénitence
quotidiennes trouvent leur source et leur nourriture dans
l’Eucharistie, car en elle est rendu présent le sacrifice du
Christ qui nous a réconciliés avec Dieu ; par elle sont nourris
et fortifiés ceux qui vivent de la vie du Christ ; " elle est
l’antidote qui nous libère de nos fautes quotidiennes et nous
préserve des péchés mortels " (Cc. Trente : DS 1638).
1437
La lecture de l’Écriture Sainte, la prière de la Liturgie des
Heures et du Notre Père, tout acte sincère de culte ou de piété
ravive en nous l’esprit de conversion et de pénitence et
contribue au pardon de nos péchés.
1438 Les
temps et les jours de pénitence au cours de l’année
liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la
mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique
pénitentielle de l’Église (cf. SC 109-110 ;
⇒ CIC, can. 1249-1253; CCEO, can. 880-883). Ces temps
sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels,
les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de
pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et
l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et
missionnaires).
1439
Le mouvement de la conversion et de la pénitence a
été merveilleusement décrit par Jésus dans la parabole dite " du
fils prodigue " dont le centre est " le père miséricordieux "
(Lc 15, 11-24) : la fascination d’une liberté illusoire,
l’abandon de la maison paternelle ; la misère extrême dans
laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune ;
l’humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et
pire encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que
mangeaient les cochons ; la réflexion sur les biens perdus ; le
repentir et la décision de se déclarer coupable devant son
père ; le chemin du retour ; l’accueil généreux par le père ; la
joie du père : ce sont là des traits propres au processus de
conversion. La belle robe, l’anneau et le banquet de fête sont
des symboles de cette vie nouvelle, pure, digne, pleine de joie
qu’est la vie de l’homme qui revient à Dieu et au sein de sa
famille, qui est l’Église. Seul le cœur du Christ qui connaît
les profondeurs de l’amour de son Père, a pu nous révéler
l’abîme de sa miséricorde d’une manière si pleine de simplicité
et de beauté.
VI. Le
sacrement de la pénitence et de la réconciliation
1440
Le péché est avant tout offense à Dieu, rupture de la communion
avec Lui. Il porte en même temps atteinte à la communion avec
l’Église. C’est pourquoi la conversion apporte à la fois le
pardon de Dieu et la réconciliation avec l’Église, ce qu’exprime
et réalise liturgiquement le sacrement de la Pénitence et de la
Réconciliation (cf. LG 11).
Dieu seul
pardonne le péché
1441
Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2, 7). Parce que Jésus est
le Fils de Dieu, il dit de lui-même : " Le Fils de l’homme a le
pouvoir de remettre les péchés sur la terre " (Mc 2, 10) et il
exerce ce pouvoir divin : " Tes péchés sont pardonnés ! " (Mc 2,
5 ; Lc 7, 48). Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il
donne ce pouvoir aux hommes (cf. Jn 20, 21-23) pour qu’ils
l’exercent en son nom.
1442
Le Christ a voulu que son Église soit tout entière, dans sa
prière, sa vie et son agir, le signe et l’instrument du pardon
et de la réconciliation qu’Il nous a acquis au prix de son sang.
Il a cependant confié l’exercice du pouvoir d’absolution au
ministère apostolique. Celui-ci est chargé du " ministère de la
réconciliation " (2 Co 5, 18). L’apôtre est envoyé " au nom du
Christ ", et " c’est Dieu lui-même " qui, à travers lui, exhorte
et supplie : " Laissez vous réconcilier avec Dieu " (2 Co 5,
20).
Réconciliation avec l’Église
1443
Durant sa vie publique, Jésus n’a pas seulement pardonné les
péchés, il a aussi manifesté l’effet de ce pardon : il a
réintégré les pécheurs pardonnés dans la communauté du peuple de
Dieud’où le péché les avait éloignés ou même exclus. Un signe
éclatant en est le fait que Jésus admet les pécheurs à sa table,
plus encore, qu’il se met lui-même à leur table, geste qui
exprime de façon bouleversante à la fois le pardon de Dieu (cf.
Lc 15) et le retour au sein du peuple de Dieu (cf. Lc 19, 9).
1444
En donnant part aux apôtres de son propre pouvoir de pardonner
les péchés, le Seigneur leur donne aussi l’autorité de
réconcilier les pécheurs avec l’Église. Cette dimension
ecclésiale de leur tâche s’exprime notamment dans la parole
solennelle du Christ à Simon Pierre : " Je te donnerai les clefs
du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera
lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera
délié aux cieux " (Mt 16, 19). " Cette même charge de lier et de
délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée au collège
des apôtres unis à leur chef (Mt 18, 18 ; 28, 16-20) " (LG 22).
1445
Les mots lier et délier signifient : celui que vous
exclurez de votre communion, celui-là sera exclu de la communion
avec Dieu ; celui que vous recevez de nouveau dans votre
communion, Dieu l’accueillera aussi dans la sienne. La
réconciliation avec l’Église est inséparable de la
réconciliation avec Dieu.
Le sacrement
du pardon
1446
Le Christ a institué le sacrement de Pénitence pour tous les
membres pécheurs de son Église, avant tout pour ceux qui, après
le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi
perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale.
C’est à eux que le sacrement de Pénitence offre une nouvelle
possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la
justification. Les Pères de l’Église présentent ce sacrement
comme " la seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est
la perte de la grâce " (Tertullien, pæn. 4, 2 ; cf. Cc. Trente :
DS 1542).
1447
Au cours des sièclesla forme concrète, selon laquelle l’Église a
exercé ce pouvoir reçu du Seigneur, a beaucoup varié. Durant les
premiers siècles, la réconciliation des chrétiens qui avaient
commis des péchés particulièrement graves après leur Baptême
(par exemple l’idolâtrie, l’homicide ou l’adultère), était liée
à une discipline très rigoureuse, selon laquelle les pénitents
devaient faire pénitence publique pour leurs péchés, souvent
durant de longues années, avant de recevoir la réconciliation. A
cet " ordre des pénitents " (qui ne concernait que certains
péchés graves) on n’était admis que rarement et, dans certaines
régions, une seule fois dans sa vie. Pendant le septième siècle,
inspirés par la tradition monastique d’Orient, les missionnaires
irlandais apportèrent en Europe continentale la pratique
" privée " de la pénitence qui n’exige pas la réalisation
publique et prolongée d’œuvres de pénitence avant de recevoir la
réconciliation avec l’Église. Le sacrement se réalise désormais
d’une manière plus secrète entre le pénitent et le prêtre. Cette
nouvelle pratique prévoyait la possibilité de la réitération et
ouvrait ainsi le chemin à une fréquentation régulière de ce
sacrement. Elle permettait d’intégrer dans une seule célébration
sacramentelle le pardon des péchés graves et des péchés véniels.
C’est, dans les grandes lignes, cette forme de la pénitence que
l’Église pratique jusqu’à nos jours.
1448
A travers les changements que la discipline et la célébration de
ce sacrement ont connu au cours des siècles, on discerne la même
structure fondamentale. Elle comporte deux éléments
également essentiels ; d’une part, les actes de l’homme qui se
convertit sous l’action de l’Esprit Saint : à savoir la
contrition, l’aveu et la satisfaction ; d’autre part, l’action
de Dieu par l’intervention de l’Église. L’Église qui, par
l’évêque et ses prêtres, donne au nom de Jésus-Christ le pardon
des péchés et fixe la modalité de la satisfaction, prie aussi
pour le pécheur et fait pénitence avec lui. Ainsi le pécheur est
guéri et rétabli dans la communion ecclésiale.
1449
La formule d’absolution en usage dans l’Église latine exprime
les éléments essentielles de ce sacrement : le Père des
miséricordes est la source de tout pardon. Il réalise la
réconciliation des pécheurs par la Pâque de son Fils et le don
de son Esprit, à travers la prière et le ministère de l’Église :
" Que Dieu
notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la
résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et
il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : par le
ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix. Et
moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous
pardonne tous vos péchés ". (Ordo Paenitentiae 46. 55
[Polyglotte Vaticane 1974, p. 27. 37])
VII. Les
actes du pénitent
1450
" La Pénitence oblige le pécheur à accepter volontiers tous ses
éléments : dans son cœur, la contrition ; dans sa bouche, la
confession ; dans son comportement, une totale humilité ou une
fructueuse satisfaction " (Catech. R. 2, 5, 21 ; cf. Cc.
Trente : DS 1673).
La
contrition
1451
Parmi les actes du pénitent, la contritionvient en premier lieu.
Elle est " une douleur de l’âme et une détestation du péché
commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir " (Cc.
Trente : DS 1676).
1452
Quand elle provient de l’amour de Dieu aimé plus que tout, la
contrition est appelée " parfaite " (contrition de charité). Une
telle contrition remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi
le pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme
résolution de recourir dès que possible à la confession
sacramentelle (cf. Cc. Trente : DS 1677)
1453
La contrition dite " imparfaite " (ou " attrition ") est, elle
aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Elle
naît de la considération de la laideur du péché ou de la crainte
de la damnation éternelle et des autres peines dont est menacé
le pécheur (contrition par crainte). Un tel ébranlement de la
conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera
parachevée sous l’action de la grâce, par l’absolution
sacramentelle. Par elle-même, cependant, la contrition
imparfaite n’obtient pas le pardon des péchés graves, mais elle
dispose à l’obtenir dans le sacrement de la Pénitence (cf. Cc.
Trente : DS 1678 ; 1705).
1454
Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un
examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu.
Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le
Décalogue et dans la catéchèse morale des Évangiles et des
lettres apostoliques : Sermon sur la montagne, les enseignements
apostoliques (cf. Rm 12-15 ; 1 Co 12-13 ; Ga 5 ; Ep 4-6).
La
confession des péchés
1455
La confession des péchés (l’aveu), même d’un point de vue
simplement humain, nous libère et facilite notre réconciliation
avec les autres. Par l’aveu, l’homme regarde en face les péchés
dont il s’est rendu coupable ; il en assume la responsabilité et
par là, il s’ouvre de nouveau à Dieu et à la communion de
l’Église afin de rendre possible un nouvel avenir.
1456
L’aveu au prêtre constitue une partie essentielle du sacrement
de Pénitence : " Les pénitents doivent, dans la confession,
énumérer tous les péchés mortels dont ils ont conscience après
s’être examinés sérieusement, même si ces péchés sont très
secrets et s’ils ont été commis seulement contre les deux
derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20, 17 ; Mt 5, 28), car
parfois ces péchés blessent plus grièvement l’âme et sont plus
dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous " (Cc.
Trente : DS 1680) :
Lorsque les
fidèles du Christ s’efforcent de confesser tous les péchés qui
leur viennent à la mémoire, on ne peut pas douter qu’ils les
présentent tous au pardon de la miséricorde divine. Ceux qui
agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns ne
proposent à la bonté divine rien qu’elle puisse remettre par
l’intermédiaire du prêtre. Car " si le malade rougit de
découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce
qu’elle ignore " (S. Jérôme, Eccl. 10, 11 : PL 23, 1096) (Cc.
Trente : DS 1680).
1457
D’après le commandement de l’Église, " tout fidèle parvenu à
l’âge de la discrétion doit confesser au moins une fois par an,
les péchés graves dont il a conscience " (DS 1683 ; cf. DS
1708 ;
⇒ CIC, can. 989). Celui qui a conscience d’avoir
commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion,
même s’il éprouve une grande contrition, sans avoir
préalablement reçu l’absolution sacramentelle (cf. Cc.
Trente :DS 1647 ; 1661), à moins qu’il n’ait un motif grave pour
communier et qu’il ne lui soit possible d’accéder à un
confesseur (cf.
⇒ CIC, can. 916; CCEO, can. 711). Les enfants doivent
accéder au sacrement de la Pénitence avant de recevoir pour la
première fois la Sainte. Communion (cf.
⇒ CIC, can. 914).
1458
Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes
quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée
par l’Église (cf. Cc. Trente : DS 1680 ;
⇒ CIC, can. 988, § 2). En effet, la confession
régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre
conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous
laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de
l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don
de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être
miséricordieux comme lui (cf. Lc 6, 36) :
Celui qui
confesse ses péchés agit déjà avec Dieu. Dieu accuse tes
péchés ; si tu les accuses toi aussi, tu te joins à Dieu.
L’homme et le pécheur sont pour ainsi dire deux réalités : quand
tu entends parler de l’homme, c’est Dieu qui l’a fait ; quand tu
entends parler du pécheur, c’est l’homme lui-même qui l’a fait.
Détruis ce que tu as fais pour que Dieu sauve ce qu’il a fait...
Quand tu commences à détester ce que tu as fait, c’est alors que
tes œuvres bonnes commencent parce que tu accuses tes œuvres
mauvaises. Le commencement des œuvres bonnes, c’est la
confession des œuvres mauvaises. Tu fais la vérité et tu viens à
la Lumière (S. Augustin, ev. Jo. 12, 13).
La
satisfaction
1459
Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire le
possible pour le réparer (par exemple restituer des choses
volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié,
compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en
plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi
que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution
enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres
que le péché a causés (cf. Cc. Trente : DS 1712). Relevé du
péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé
spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour
réparer ses péchés : il doit " satisfaire " de manière
appropriée ou " expier " ses péchés. Cette satisfaction
s’appelle aussi " pénitence ".
1460
La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte
de la situation personnelle du pénitent et doit chercher son
bien spirituel. Elle doit correspondre autant que possible à la
gravité et à la nature des péchés commis. Elle peut consister
dans la prière, une offrande, dans les œuvres de miséricorde, le
service du prochain, dans des privations volontaires, des
sacrifices, et surtout dans l’acceptation patiente de la croix
que nous devons porter. De telles pénitences aident à nous
configurer au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm
3, 25 ; 1 Jn 2, 1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent
de devenir les cohéritiers du Christ ressuscité, " puisque nous
souffrons avec lui " (Rm 8, 17 ; cf. Cc. Trente : DS 1690) :
Mais notre
satisfaction, celle que nous acquittons pour nos péchés, n’est
que par Jésus-Christ : nous qui, de nous mêmes comme tels, ne
pouvons rien nous-mêmes, avec l’aide " de celui qui nous
fortifie, nous pouvons tout " (Ph 4, 13). Ainsi l’homme n’a rien
dont il puisse se glorifier, mais toute notre " gloire " est
dans le Christ... en qui nous satisfaisons, " en faisant de
dignes fruits de pénitence " (Lc 3, 8), qui en Lui puisent leur
force, par Lui sont offerts au Père et grâce à Lui sont acceptés
par le Père (Cc. Trente : DS 1691).
VIII.
Le ministre de ce sacrement
1461
Puisque le Christ a confié à ses apôtres le ministère de la
réconciliation (cf. Jn 20, 23 ; 2 Co 5, 18), les évêques, leurs
successeurs, et les presbytres, collaborateurs des évêques,
continuent à exercer ce ministère. En effet, ce sont les évêques
et les presbytres, qui ont, en vertu du sacrement de l’Ordre, le
pouvoir de pardonner tous les péchés " au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit ".
1462
Le pardon des péchés réconcilie avec Dieu mais aussi avec
l’Église. L’évêque, chef visible de l’Église particulière, est
donc considéré à juste titre, depuis les temps anciens, comme
celui qui a principalement le pouvoir et le ministère de la
réconciliation : il est le modérateur de la discipline
pénitentielle (LG 26). Les presbytres, ses collaborateurs,
l’exercent dans la mesure où ils en ont reçu la charge soit de
leur évêque (ou d’un supérieur religieux) soit du Pape, à
travers le droit de l’Église (cf.
⇒ CIC, can. 844;
⇒ 967-969;
⇒ 972; CCEO, can. 722, §§ 3-4).
1463
Certains péchés particulièrement graves sont frappés de
l’excommunication, la peine ecclésiastique la plus sévère, qui
empêche le réception des sacrements et l’exercice de certains
actes ecclésiastiques (cf.
⇒ CIC, can. 1331; CCEO, can. 1431 ; 1434), et dont
l’absolution, par conséquent, ne peut être accordée, selon le
droit de l’Église, que par le Pape, l’évêque du lieu ou des
prêtres autorisés par eux (cf.
⇒ CIC, can. 1354-1357; CCEO, can. 1420). En cas de
danger de mort tout prêtre, même dépourvu de la faculté
d’entendre les confessions, peut absoudre de tout péché (cf.
⇒ CIC, can. 976; CCEO, can. 725) et de toute
excommunication.
1464
Les prêtres doivent encourager les fidèles à accéder au
sacrement de la Pénitence et doivent se montrer disponibles à
célébrer ce sacrement chaque fois que les chrétiens le demandent
de manière raisonnable (cf.
⇒ CIC, can. 986; CCEO, can. 735 ; PO 13).
1465
En célébrant le sacrement de la Pénitence, le prêtre accomplit
le ministère du Bon Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui
du Bon Samaritain qui panse les blessures, du Père qui attend le
Fils prodigue et l’accueille à son retour, du juste Juge qui ne
fait pas acception de personne et dont le jugement est à la fois
juste et miséricordieux. Bref, le prêtre est le signe et
l’instrument de l’amour miséricordieux de Dieu envers le
pécheur.
1466
Le confesseur n’est pas le maître, mais le serviteur du pardon
de Dieu. Le ministre de ce sacrement doit s’unir à l’intention
et à la charité du Christ (cf. PO 13). Il doit avoir une
connaissance éprouvée du comportement chrétien, l’expérience des
choses humaines, le respect et la délicatesse envers celui qui
est tombé ; il doit aimer la vérité, être fidèle au magistère de
l’Église et conduire le pénitent avec patience vers la guérison
et la pleine maturité. Il doit prier et faire pénitence pour lui
en le confiant à la miséricorde du Seigneur.
1467
Étant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le
respect dû aux personnes, l’Église déclare que tout prêtre qui
entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au
sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des
peines très sévères (⇒
CIC, can. 1388, §1; CCEO, can. 1456). Il ne peut pas non plus
faire état des connaissances que la confession lui donne sur la
vie des pénitents. Ce secret, qui n’admet pas d’exceptions,
s’appelle le " sceau sacramentel ", car ce que le pénitent a
manifesté au prêtre reste " scellé " par le sacrement.
IX. Les
effets de ce sacrement
1468
" Toute l’efficacité de la Pénitence consiste à nous rétablir
dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une souveraine
amitié " (Catech. R. 2, 5, 18). Le but et l’effet de ce
sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez
ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un cœur
contrit et dans une disposition religieuse, " il est suivi de la
paix et de la tranquillité de la conscience, qu’accompagne une
forte consolation spirituelle " (Cc. Trente : DS 1674). En
effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une
véritable " résurrection spirituelle ", une restitution de la
dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus
précieux est l’amitié de Dieu (Lc 15, 32).
1469
Ce sacrement nous réconcilie avec l’Église. Le péché
ébrèche ou brise la communion fraternelle. Le sacrement de
Pénitence la répare ou la restaure. En ce sens, il ne guérit pas
seulement celui qui est rétabli dans la communion ecclésiale, il
a aussi un effet vivifiant sur la vie de l’Église qui a souffert
du péché d’un de ses membres (cf. 1 Co 12, 26). Rétabli ou
affermi dans la communion des saints, le pécheur est fortifié
par l’échange des biens spirituels entre tous les membres
vivants du Corps du Christ, qu’ils soient encore dans l’état de
pèlerinage ou qu’ils soient déjà dans la patrie céleste (cf. LG
48-50) :
Il faut
rappeler que la réconciliation avec Dieu a comme conséquence,
pour ainsi dire, d’autres réconciliations qui porteront remède à
d’autres ruptures produites par le péché : le pénitent pardonné
se réconcilie avec lui-même dans la profondeur de son être, où
il récupère la propre vérité intérieure ; il se réconcilie avec
les frères que de quelque manière il a offensé et blessé ; il se
réconcilie avec l’Église ; il se réconcilie avec la création
toute entière (RP 31).
1470
Dans ce sacrement, le pécheur, en se remettant au jugement
miséricordieux de Dieu, anticipe d’une certaine façon
le jugement auquel il sera soumis à la fin de cette vie
terrestre. Car c’est maintenant, dans cette vie-ci, que
nous est offert le choix entre la vie et la mort, et ce n’est
que par le chemin de la conversion que nous pouvons entrer dans
le Royaume d’où exclut le péché grave (cf. 1 Co 5, 11 ; Ga 5,
19-21 ; Ap 22, 15). En se convertissant au Christ par la
pénitence et la foi, le pécheur passe de la mort à la vie " et
il n’est pas soumis au jugement " (Jn 5, 24).
X. Les
indulgences
1471
La doctrine et la pratique des indulgences dans l’Église sont
étroitement liées aux effets du sacrement de Pénitence.
Qu’est-ce
que l’indulgence ?
" L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine
temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée,
rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines
conditions déterminées, par l’action de l’Église, laquelle, en
tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique
par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des
saints " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum doctrina ", Norme
1).
" L’indulgence est partielle ou plénière, selon qu’elle libère
partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le
péché " (ibid, Norme 2). " Tout fidèle peut gagner des
indulgences pour soi-même ou les appliquer aux défunts " (⇒
CIC, can. 994).
Les peines
du péché
1472
Pour comprendre cette doctrine et cette pratique de l’Église il
faut voir que le péché a une double conséquence. Le péché
grave nous prive de la communion avec Dieu, et par là il nous
rend incapables de la vie éternelle, dont la privation s’appelle
la " peine éternelle " du péché. D’autre part, tout péché, même
véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a
besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans
l’état qu’on appelle Purgatoire. Cette purification libère de ce
qu’on appelle la " peine temporelle " du péché. Ces deux peines
ne doivent pas être conçues comme une espèce de vengeance,
infligée par Dieu de l’extérieur, mais bien comme découlant de
la nature même du péché. Une conversion qui procède d’une
fervente charité, peut arriver à la totale purification du
pécheur, de sorte qu’aucune peine ne subsisterait (cf. Cc.
Trente : DS 1712-1713 ; 1820).
1473
Le pardon du péché et la restauration de la communion avec Dieu
entraînent la remise des peines éternelles du péché. Mais des
peines temporelles du péché demeurent. Le chrétien doit
s’efforcer, en supportant patiemment les souffrances et les
épreuves de toutes sortes et, le jour venu, en faisant
sereinement face à la mort, d’accepter comme une grâce ces
peines temporelles du péché ; il doit s’appliquer, par les
œuvres de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et
les différentes pratiques de la pénitence, à se dépouiller
complètement du " vieil homme " et à revêtir " l’homme nouveau "
(cf. Ep 4, 24).
Dans la
communion des saints
1474
Le chrétien qui cherche à se purifier de son péché et à se
sanctifier avec l’aide de la grâce de Dieu ne se trouve pas
seul. " La vie de chacun des enfants de Dieu se trouve liée
d’une façon admirable, dans le Christ et par le Christ, avec la
vie de tous les autres frères chrétiens, dans l’unité
surnaturelle du Corps mystique du Christ, comme dans une
personne mystique " (Paul VI, const. ap. " Indulgentiarum
doctrina " 5).
1475
Dans la communion des saints " il existe donc entre les fidèles
– ceux qui sont en possession de la patrie céleste, ceux qui ont
été admis à expier au purgatoire ou ceux qui sont encore en
pèlerinage sur la terre – un constant lien d’amour et un
abondant échange de tous biens " (ibid.). Dans cet échange
admirable, la sainteté de l’un profite aux autres, bien au-delà
du dommage que le péché de l’un a pu causer aux autres. Ainsi,
le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit
d’être plus tôt et plus efficacement purifié des peines du
péché.
1476
Ces biens spirituels de la communion des saints, nous les
appelons aussi le trésor de l’Église, " qui n’est pas une
somme de biens, ainsi qu’il en est des richesses matérielles
accumulées au cours des siècles, mais qui est le prix infini et
inépuisable qu’ont auprès de Dieu les expiations et les mérites
du Christ Notre Seigneur, offerts pour que l’humanité soit
libérée du péché et parvienne à la communion avec le Père. C’est
dans le Christ, notre Rédempteur, que se trouvent en abondance
les satisfactions et les mérites de sa rédemption (cf. He 7,
23-25 ; 9, 11-28) ".
1477
" Appartiennent également à ce trésor le prix vraiment immense,
incommensurable et toujours nouveau qu’ont auprès de Dieu les
prières et les bonnes œuvres de la bienheureuse Vierge Marie et
de tous les saints qui se sont sanctifiés par la grâce du
Christ, en marchant sur ses traces, et ont accompli une œuvre
agréable au Père, de sorte qu’en travaillant à leur propre
salut, ils ont coopéré également au salut de leurs frères dans
l’unité du Corps mystique " (Paul VI, const. ap.
" Indulgentiarum doctrina " 5).
Obtenir
l’indulgence de Dieu par l’Église
1478
L’indulgence s’obtient par l’Église qui, en vertu du pouvoir de
lier et de délier qui lui a été accordé par le Christ Jésus,
intervient en faveur d’un chrétien et lui ouvre le trésor des
mérites du Christ et des saints pour obtenir du Père des
miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses
péchés. C’est ainsi que l’Église ne veut pas seulement venir en
aide à ce chrétien, mais aussi l’inciter à des œuvres de piété,
de pénitence et de charité (cf. Paul VI, loc. cit. 8 ; Cc.
Trente : DS 1835).
1479
Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi
membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider
entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte
qu’ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs
péchés.
XI. La
célébration du sacrement de pénitence
1480
Comme tous les sacrements, la pénitence est une action
liturgique. Tels sont ordinairement les éléments de la
célébration : salutation et bénédiction du prêtre, lecture de la
Parole de Dieu pour éclairer la conscience et susciter la
contrition, et exhortation à la repentance ; la confession qui
reconnaît les péchés et les manifeste au prêtre ; l’imposition
et acceptation de la pénitence ; l’absolution du prêtre ;
louange d’action de grâces et envoi avec la bénédiction du
prêtre.
1481
La liturgie byzantine connaît plusieurs formules d’absolution,
de forme déprécative, qui expriment admirablement le mystère du
pardon : " Que le Dieu, qui par le prophète Nathan, a pardonné à
David lorsqu’il eut confessé ses propres péchés, et à Pierre
lorsqu’il eut pleuré amèrement, et à la courtisane lorsqu’elle
eut répandu ses larmes sur ses pieds, et au pharisien, et au
prodigue, que ce même Dieu vous pardonne, par moi, pécheur, en
cette vie et dans l’autre et qu’Il vous fasse comparaître sans
vous condamner à son redoutable tribunal, Lui qui est béni dans
les siècles des siècles. Amen. " (Euxologia to mèga [Athens
1992] p. 222)
1482
Le sacrement de la Pénitence peut aussi avoir lieu dans le cadre
d’une célébration communautaire, dans laquelle on se
prépare ensemble à la confession et on rend grâce ensemble pour
le pardon reçu. Ici, la confession personnelle des péchés et
l’absolution individuelle sont insérées dans une liturgie de la
Parole de Dieu, avec lectures et homélie, examen de conscience
mené en commun, demande communautaire du pardon, prière du
" Notre Père " et action de grâce en commun. Cette célébration
communautaire exprime plus clairement le caractère ecclésial de
la pénitence. Quelle que soit cependant la manière de sa
célébration, le sacrement de Pénitence est toujours, d’après sa
nature même, une action liturgique, donc ecclésiale et publique
(cf. SC 26-27).
1483
En des cas de nécessité grave on peut recourir à la
célébration communautaire de la réconciliation avec confession
générale et absolution générale. Une telle nécessité grave
peut se présenter lorsqu’il y a un danger imminent de mort sans
que le ou les prêtres aient le temps suffisant pour entendre la
confession de chaque pénitent. La nécessité grave peut exister
aussi lorsque, compte tenu du nombre des pénitents, il n’y a pas
assez de confesseurs pour entendre dûment les confessions
individuelles dans un temps raisonnable, de sorte que les
pénitents, sans faute de leur part, se verraient privés pendant
longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte communion.
Dans ce cas les fidèles doivent avoir, pour la validité de
l’absolution, le propos de confesser individuellement leurs
péchés graves en temps voulu (cf.
⇒ CIC, can. 962, § 1). C’est à l’Evêque diocésain de
juger si les conditions requises pour l’absolution générale
existent (cf.
⇒ CIC, can. 961, § 2). Un grand concours de fidèles à
l’occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages ne constitue pas
un cas d’une telle grave nécessité (cf.
⇒ CIC, can. 961, § 1)
1484
" La confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution
demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se
réconcilient avec Dieu et l’Église, sauf si une impossibilité
physique ou morale dispense d’une telle confession " (OP 31).
Ceci n’est pas sans raisons profondes. Le Christ agit en chacun
des sacrements. Il s’adresse personnellement à chacun des
pécheurs : " Mon enfant, tes péchés sont remis " (Mc 2, 5) ; il
est le médecin qui se penche sur chacun des malades qui ont
besoin de lui (cf. Mc 2, 17) pour les guérir ; il les relève et
les réintègre dans la communion fraternelle. La confession
personnelle est donc la forme la plus significative de la
réconciliation avec Dieu et avec l’Église.
EN BREF
1485
" Le soir de Pâques, le Seigneur Jésus se montra à ses Apôtres
et leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez
les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les
retiendrez, ils leur seront retenus’ " (Jn 20, 22-23).
1486
Le pardon des péchés commis après le Baptême est accordé par un
sacrement propre appelé sacrement de la conversion, de la
confession, de la pénitence ou de la réconciliation.
1487
Qui pèche blesse l’honneur de Dieu et son amour, sa propre
dignité d’homme appelé à être fils de Dieu et le bien-être
spirituel de l’Église dont chaque chrétien doit être une pierre
vivante.
1488
Aux yeux de la foi, aucun mal n’est plus grave que le péché et
rien n’a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour
l’Église et pour le monde entier.
1489
Revenir à la communion avec Dieu après l’avoir perdue par le
péché, est un mouvement né de la grâce du Dieu plein de
miséricorde et soucieux du salut des hommes. Il faut demander ce
don précieux pour soi-même comme pour autrui.
1490
Le mouvement de retour à Dieu, appelé conversion et repentir,
implique une douleur et une aversion vis-à-vis des péchés
commis, et le propos ferme de ne plus pécher à l’avenir. La
conversion touche donc le passé et l’avenir ; elle se nourrit de
l’espérance en la miséricorde divine.
1491
Le sacrement de la Pénitence est constitué par l’ensemble des
trois actes posés par le pénitent, et par l’absolution du
prêtre. Les actes du pénitent sont : le repentir, la confession
ou manifestation des péchés au prêtre et le propos d’accomplir
la réparation et les œuvres de réparation.
1492
Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré par des
motifs qui relèvent de la foi. Si le repentir est conçu par
amour de charité envers Dieu, on le dit " parfait " ; s’il est
fondé sur d’autres motifs, on l’appelle " imparfait ".
1493
Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec
l’Église, doit confesser au prêtre tous les péchés graves qu’il
n’a pas encore confessé et dont il se souvient après avoir
examiné soigneusement sa conscience. Sans être en soi
nécessaire, la confession des fautes vénielles est néanmoins
vivement recommandée par l’Église.
1494
Le confesseur propose au pénitent l’accomplissement de certains
actes de " satisfaction " ou de " pénitence ", en vue de réparer
le dommage causé par le péché et de rétablir les habitudes
propres au disciple du Christ.
1495
Seuls les prêtres qui ont reçu de l’autorité de l’Église la
faculté d’absoudre peuvent pardonner les péchés au nom du
Christ.
1496
Les effets spirituels du sacrement de Pénitence sont :
– la
réconciliation avec Dieu par laquelle le pénitent recouvre la
grâce,
– la
réconciliation avec l’Église ;
– la remise
de la peine éternelle encourue par les péchés mortels ;
– la remise,
au moins en partie, des peines temporelles, suites du péché ;
– la paix et
la sérénité de la conscience, et la consolation spirituelle ;
–
l’accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.
1497
La confession individuelle et intégrale des péchés graves suivie
de l’absolution demeure le seul moyen ordinaire pour la
réconciliation avec Dieu et avec l’Église.
1498
Par les indulgences les fidèles peuvent obtenir pour eux-mêmes
et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission des peines
temporelles, suites des péchés.
Article 5
L’Onction
des malades
1499
" Par l’Onction sacrée des malades et la prière des prêtres,
c’est l’Église toute entière qui recommande les malades au
Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les
sauve ; bien mieux, elle les exhorte, en s’associant librement à
la passion et à la mort du Christ à apporter leur part pour le
bien du peuple de Dieu " (LG 11).
I. Ses
fondements dans l’Economie du Salut
La maladie
dans la vie humaine
1500
La maladieet la souffrance ont toujours été parmi les problèmes
les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie,
l’homme fait l’expérience de son impuissance, de ses limites et
de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.
1501
La maladie peut conduire à l’angoisse, au repliement sur soi,
parfois même au désespoir et à la révolte contre Dieu. Elle peut
aussi rendre la personne plus mûre, l’aider à discerner dans sa
vie ce qui n’est pas essentiel pour se tourner vers ce qui
l’est. Très souvent, la maladie provoque une recherche de Dieu,
un retour à Lui.
Le malade
devant Dieu
1502
L’homme de l’Ancien Testament vit la maladie en face de Dieu.
C’est devant Dieu qu’il déverse sa plainte sur sa maladie (cf.
Ps 38) et c’est de Lui, le Maître de la vie et de la mort, qu’il
implore la guérison (cf. Ps 6, 3 ; Is 38). La maladie devient
chemin de conversion (cf. Ps 38, 5 ; 39, 9. 12) et le pardon de
Dieu inaugure la guérison (cf. Ps 32, 5 ; 107, 20 ; Mc 2, 5-12).
Israël fait l’expérience que la maladie est, d’une façon
mystérieuse, liée au péché et au mal, et que la fidélité à Dieu,
selon sa Loi, rend la vie : " car c’est moi, le Seigneur, qui
suis ton médecin " (Ex 15, 26). Le prophète entrevoit que la
souffrance peut aussi avoir un sens rédempteur pour les péchés
des autres (cf. Is 53, 11). Enfin, Isaïe annonce que Dieu
amènera un temps pour Sion où il pardonnera toute faute et
guérira toute maladie (cf. Is 33, 24).
Le Christ –
médecin
1503
La compassion du Christ envers les malades et ses nombreuses
guérisons d’infirmes de toute sorte (cf. Mt 4, 24) sont un signe
éclatant de ce " que Dieu a visité son peuple " (Lc 7, 16) et
que le Royaume de Dieu est tout proche. Jésus n’a pas seulement
pouvoir de guérir, mais aussi de pardonner les péchés (cf. Mc 2,
5-12) : il est venu guérir l’homme tout entier, âme et corps ;
il est le médecin dont les malades ont besoin (cf. Mc 2, 17). Sa
compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin qu’il
s’identifie avec eux : " J’ai été malade et vous m’avez visité "
(Mt 25, 36). Son amour de prédilection pour les infirmes n’a
cessé, tout au long des siècles, d’éveiller l’attention toute
particulière des chrétiens envers tous ceux qui souffrent dans
leur corps et dans leur âme. Elle est à l’origine des efforts
inlassables pour les soulager.
1504
Souvent Jésus demande aux malades de croire (cf. Mc 5, 34. 36 ;
9, 23). Il se sert de signes pour guérir : salive et imposition
des mains (cf. Mc 7, 32-36 ; 8, 22-25), boue et ablution (cf. Jn
9, 6 s). Les malades cherchent à le toucher (cf. Mc 1, 41 ; 3,
10 ; 6, 56) " car une force sortait de lui qui les guérissait
tous " (Lc 6, 19). Ainsi, dans les sacrements, le Christ
continue à nous " toucher " pour nous guérir.
1505
Emu par tant de souffrances, le Christ non seulement se laisse
toucher par les malades, mais il fait siennes leurs misères :
" Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies " (Mt
8, 17 ; cf. Is 53, 4). Il n’a pas guéri tous les malades. Ses
guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils
annonçaient une guérison plus radicale : la victoire sur le
péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris
sur lui tout le poids du mal (cf. Is 53, 4-6) et a enlevé le
" péché du monde " (Jn 1, 29), dont la maladie n’est qu’une
conséquence. Par sa passion et sa mort sur la Croix, le Christ a
donné un sens nouveau à la souffrance : elle peut désormais nous
configurer à lui et nous unir à sa passion rédemptrice.
" Guérissez
les malades... "
1506
Le Christ invite ses disciples à le suivre en prenant à leur
tour leur croix (cf. Mt 10, 38). En le suivant, ils acquièrent
un nouveau regard sur la maladie et sur les malades. Jésus les
associe à sa vie pauvre et servante. Il les fait participer à
son ministère de compassion et de guérison : " Ils s’en allèrent
prêcher qu’on se repentît ; et ils chassaient beaucoup de démons
et faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les
guérissaient " (Mc 6, 12-13).
1507
Le Seigneur ressuscité renouvelle cet envoi (" Par mon nom ...
ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront
guéris " : Mc 16, 17-18) et le confirme par les signes que
l’Église accomplit en invoquant son nom (cf. Ac 9, 34 ; 14, 3).
Ces signes manifestent d’une manière spéciale que Jésus est
vraiment " Dieu qui sauve " (cf. Mt 1, 21 ; Ac 4, 12).
1508
L’Esprit Saint donne à certains un charisme spécial de guérison
(cf. 1 Co 12, 9. 28. 30) pour manifester la force de la grâce du
Ressuscité. Même les prières les plus intenses n’obtiennent
toutefois pas la guérison de toutes les maladies. Ainsi S. Paul
doit apprendre du Seigneur que " ma grâce te suffit : car ma
puissance se déploie dans la faiblesse " (2 Co 12, 9), et que
les souffrances à endurer peuvent avoir comme sens que " je
complète dans ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour
son Corps qui est l’Église " (Col 1, 24).
1509
" Guérissez les malades ! " (Mt 10, 8). Cette charge, l’Église
l’a reçue du Seigneur et tâche de la réaliser autant par les
soins qu’elle apporte aux malades que par la prière
d’intercession avec laquelle elle les accompagne. Elle croit en
la présence vivifiante du Christ, médecin des âmes et des corps.
Cette présence est particulièrement agissante à travers les
sacrements, et de manière toute spéciale par l’Eucharistie, pain
qui donne la vie éternelle (cf. Jn 6, 54. 58) et dont S. Paul
insinue le lien avec la santé corporelle (cf. 1 Co 11, 30).
1510
L’Église apostolique connaît cependant un rite propre en faveur
des malades, attesté par S. Jacques : " Quelqu’un parmi vous est
malade ? Qu’il appelle les presbytres de l’Église et qu’ils
prient sur lui, après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur.
La prière de la foi sauvera le patient, et le Seigneur le
relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis " (Jc
5, 14-15). La Tradition a reconnu dans ce rite un des sept
sacrements de l’Église (cf. DS 216 ; 1324-1325 ; 1695-1696 ;
1716-1717).
Un sacrement
des malades
1511
L’Église croit et confesse qu’il existe, parmi les sept
sacrements, un sacrement spécialement destiné à réconforter ceux
qui sont éprouvés par la maladie : l’Onction des malades :
Cette
onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre
Seigneur comme un sacrement du Nouveau Testament, véritablement
et proprement dit, insinué par Marc [cf. Mc 6, 13], mais
recommandé aux fidèles et promulgué par Jacques, apôtre et frère
du Seigneur [cf. Jc 5, 14-15] (Cc. Trente : DS 1695).
1512
Dans la tradition liturgique, tant en Orient qu’en Occident, on
possède dès l’antiquité, des témoignages d’onctions de malades
pratiquées avec de l’huile bénite. Au cours des siècles,
l’Onction des malades a été conférée de plus en plus
exclusivement à ceux qui étaient sur le point de mourir. A cause
de cela elle avait reçu le nom d’ " Extrême-Onction ". Malgré
cette évolution la liturgie n’a jamais omis de prier le Seigneur
afin que le malade recouvre sa santé si cela est convenable à
son salut (cf. DS 1696).
1513
La Constitution apostolique " Sacram unctionem infirmorum " du
30 novembre 1972, à la suite du deuxième Concile du Vatican (cf.
SC 73) a établi que désormais, dans le rite romain, on observe
ce qui suit :
Le sacrement
de l’Onction des malades est conféré aux personnes
dangereusement malades, en les oignant sur le front et sur les
mains avec de l’huile dûment bénite – huile d’olive ou autre
huile extraite de plantes – en disant une seule fois : " Per
istam sanctam unctionem et suam piissimam misericordiam adiuvet
te Dominus gratia Spiritus Sancti, ut a peccatis liberatum te
salvet atque propitius allevet " (Par cette onction sainte, que
le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de
l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’Il
vous sauve et vous relève – cf.
⇒ CIC, can. 847, § 1).
II. Qui
reçoit et qui administre ce sacrement ?
En cas de
maladie grave ...
1514
L’Onction des malades " n’est pas seulement le sacrement de ceux
qui se trouvent à toute extrémité. Aussi, le temps opportun pour
la recevoir est-il certainement déjà arrivé lorsque le fidèle
commence à être en danger de mort à cause de la maladie par
suite d’affaiblissement physique ou de vieillesse " (SC 73 ; cf.
⇒ CIC, can. 1004, § 1;
⇒ 1005;
⇒ 1007; CCEO, can. 738).
1515
Si un malade qui a reçu l’Onction recouvre la santé, il peut, en
cas de nouvelle maladie grave, recevoir de nouveau ce sacrement.
Au cours de la même maladie, ce sacrement peut être réitéré si
la maladie s’aggrave. Il est approprié de recevoir l’Onction des
malades au seuil d’une opération importante. Il en va de même
pour les personnes âgées dont la fragilité s’accentue.
" ...qu’il
appelle les presbytres de l’Église "
1516
Seuls les prêtres (évêques et presbytres) sont les ministres de
l’Onction des malades (cf. Cc. Trente : DS 1697 ; 1719 ;
⇒ CIC, can. 1003; CCEO, can. 739, § 1). C’est le
devoir des pasteurs d’instruire les fidèles des bienfaits de ce
sacrement. Que les fidèles encouragent les malades à faire appel
au prêtre pour recevoir ce sacrement. Que les malades se
préparent pour le recevoir dans les bonnes dispositions, avec
l’aide de leur pasteur et de toute la communauté ecclésiale qui
est invitée à entourer tout spécialement les malades de ses
prières et de ses attentions fraternelles.
III. Comment
est célébré ce sacrement ?
1517
Comme tous les sacrements, l’Onction des malades est une
célébration liturgique et communautaire(cf. SC 27), qu’elle ait
lieu en famille, à l’hôpital ou à l’Église, pour un seul malade
ou pour tout un groupe d’infirmes. Il est très convenable
qu’elle soit célébrée au sein de l’Eucharistie, mémorial de la
Pâque du Seigneur. Si les circonstances y invitent, la
célébration du sacrement peut être précédée du sacrement de
Pénitence et suivie du sacrement de l’Eucharistie. En tant que
sacrement de la Pâque du Christ, l’Eucharistie devrait toujours
être le dernier sacrement de la pérégrination terrestre, le
" viatique " pour le " passage " vers la vie éternelle.
1518
Parole et sacrement forment un tout inséparable. La Liturgie de
la Parole, précédée d’un acte de pénitence, ouvre la
célébration. Les paroles du Christ, le témoignage des Apôtres
éveillent la foi du malade et de la communauté pour demander au
Seigneur la force de son Esprit.
1519
La célébration du sacrement comprend principalement les éléments
suivants : " les prêtres de l’Église " (Jc 5, 14) imposent – en
silence – les mains aux malades ; ils prient sur les malades
dans la foi de l’Église (cf. Jc 5, 15) ; c’est l’épiclèse propre
de ce sacrement ; ils donnent alors l’onction avec l’huile
bénite, si possible, par l’évêque.
Ces actions
liturgiques indiquent quelle grâce ce sacrement confère aux
malades.
IV. Les
effets de la célébration de ce sacrement
1520
Un don particulier de l’Esprit Saint. La grâce première
de ce sacrement est une grâce de réconfort, de paix et de
courage pour vaincre les difficultés propres à l’état de maladie
grave ou à la fragilité de la vieillesse. Cette grâce est un don
du Saint-Esprit qui renouvelle la confiance et la foi en Dieu et
fortifie contre les tentations du malin, tentation de
découragement et d’angoisse de la mort (cf. He 2, 15). Cette
assistance du Seigneur par la force de son Esprit veut conduire
le malade à la guérison de l’âme, mais aussi à celle du corps,
si telle est la volonté de Dieu (cf. Cc. Florence : DS 1325). En
outre, " s’il a commis des péchés, ils lui seront remis " (Jc 5,
15 ; cf. Cc. Trente : DS 1717).
1521
L’union à la Passion du Christ. Par la grâce de ce
sacrement, le malade reçoit la force et le don de s’unir plus
intimement à la Passion du Christ : il est d’une certaine façon
consacré pour porter du fruit par la configuration à la
Passion rédemptrice du Sauveur. La souffrance, séquelle du péché
originel, reçoit un sens nouveau : elle devient participation à
l’œuvre salvifique de Jésus.
1522
Une grâce ecclésiale. Les malades qui reçoivent ce
sacrement, " en s’associant librement à la Passion et à la mort
du Christ ", apportent " leur part pour le bien du peuple de
Dieu " (LG 11). En célébrant ce sacrement, l’Église, dans la
communion des saints, intercède pour le bien du malade. Et le
malade, à son tour, par la grâce de ce sacrement, contribue à la
sanctification de l’Église et au bien de tous les hommes pour
lesquels l’Église souffre et s’offre, par le Christ, à Dieu le
Père.
1523
Une préparation au dernier passage. Si le sacrement de
l’Onction des malades est accordé à tous ceux qui souffrent de
maladies et d’infirmités graves, il l’est à plus forte raison à
ceux qui sont sur le point de sortir de cette vie (In exitu
vitæ constituti : Cc. Trente : DS 1698), de sorte qu’on l’a
aussi appelé sacramentum exeuntium (ibid.). L’Onction des
malades achève de nous conformer à la mort et à la résurrection
du Christ, comme le Baptême avait commencé de le faire. Elle
parachève les onctions saintes qui jalonnent toute la vie
chrétienne ; celle du Baptême avait scellé en nous la vie
nouvelle ; celle de la Confirmation nous avait fortifiés pour le
combat de cette vie. Cette dernière onction munit la fin de
notre vie terrestre comme d’un solide rempart en vue des
dernières luttes avant l’entrée dans la Maison du Père (ibid. :
DS 1694).
V. Le
Viatique, dernier sacrement du chrétien
1524
A ceux qui vont quitter cette vie, l’Église offre, en plus de
l’Onction des malades, l’Eucharistie comme viatique. Reçue à ce
moment de passage vers le Père, la Communion au Corps et au Sang
du Christ a une signification et une importance particulières.
Elle est semence de vie éternelle et puissance de résurrection,
selon les paroles du Seigneur : " Celui qui mange ma chair et
boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au
dernier jour " (Jn 6, 54). Sacrement du Christ mort et
ressuscité, l’Eucharistie est ici sacrement du passage de la
mort à la vie, de ce monde vers le Père (cf. Jn 13, 1).
1525
Ainsi, comme les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de
l’Eucharistie constituent une unité appelée " les sacrements de
l’initiation chrétienne ", on peut dire que la Pénitence, la
Sainte Onction et l’Eucharistie, en tant que viatique,
constituent, quand la vie chrétienne touche à son terme, " les
sacrements qui préparent à la Patrie " ou les sacrements qui
achèvent la pérégrination.
EN BREF
1526
" Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les
presbytres de l’Église et qu’ils prient sur lui, après l’avoir
oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le
patient, et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés,
ils lui seront remis " (Jc 5, 14-15).
1527
Le sacrement de l’Onction des malades a pour but de conférer une
grâce spéciale au chrétien qui éprouve les difficultés
inhérentes à l’état de maladie grave ou à la vieillesse.
1528
Le temps opportun pour recevoir la Sainte Onction est
certainement arrivé lorsque le fidèle commence à se trouver en
danger de mort pour cause de maladie ou de vieillesse.
1529
Chaque fois qu’un chrétien tombe gravement malade, il peut
recevoir la Sainte Onction, de même lorsqu’après l’avoir reçue
la maladie s’aggrave.
1530
Seuls les prêtres (presbytres et évêques) peuvent donner le
sacrement de l’Onction des malades ; pour le conférer ils
emploient de l’huile bénite par l’Evêque, ou, au besoin, par le
presbytre célébrant lui-même.
1531
L’essentiel de la célébration de ce sacrement consiste en
l’onction sur le front et les mains du malade (dans le rite
romain) ou sur d’autres parties du corps (en Orient), onction
accompagnée de la prière liturgique du prêtre célébrant qui
demande la grâce spéciale de ce sacrement.
1532
La grâce spéciale du Sacrement de
l’Onction des malades a comme effets :
– l’union du
malade à la Passion du Christ, pour son bien et pour celui de
toute l’Église ;
– le
réconfort, la paix et le courage pour supporter chrétiennement
les souffrances de la maladie ou de la vieillesse ;
– le pardon
des péchés si le malade n’a pas pu l’obtenir par le sacrement de
la Pénitence ;
– le
rétablissement de la santé, si cela convient au salut
spirituel ;
– la
préparation au passage à la vie éternelle.
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