CHAPITRE
TROISIEME
JE CROIS EN
L’ESPRIT SAINT
683 " Nul
ne peut appeler Jésus Seigneur sinon dans l’Esprit Saint " (1 Co 12,
3). " Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie :
Abba, Père ! " (Ga 4, 6). Cette connaissance de foi n’est possible
que dans l’Esprit Saint. Pour être en contact avec le Christ, il
faut d’abord avoir été touché par l’Esprit Saint. C’est lui qui
vient au devant de nous, et suscite en nous la foi. De par notre
Baptême, premier sacrement de la foi, la Vie, qui a sa source dans
le Père et nous est offerte dans le Fils, nous est communiquée
intimement et personnellement par l’Esprit Saint dans l’Église :
Le Baptême nous
accorde la grâce de la nouvelle naissance en Dieu le Père par le
moyen de son Fils dans l’Esprit Saint. Car ceux qui portent l’Esprit
de Dieu sont conduits au Verbe, c’est-à-dire au Fils ; mais le Fils
les présente au Père, et le Père leur procure l’incorruptibilité.
Donc, sans l’Esprit, il n’est pas possible de voir le Fils de Dieu,
et, sans le Fils, personne ne peut approcher du Père, car la
connaissance du Père, c’est le Fils, et la connaissance du Fils de
Dieu se fait par l’Esprit Saint (S. Irénée, dem. 7).
684
L’Esprit Saint par sa grâce, est premier dans l’éveil de notre foi
et dans la vie nouvelle qui est de " connaître le Père et celui
qu’il a envoyé, Jésus-Christ " (Jn 17, 3). Cependant il est dernier
dans la révélation des Personnes de la Trinité Sainte. S. Grégoire
de Nazianze, " le Théologien ", explique cette progression par la
pédagogie de la " condescendance " divine :
L’Ancien
Testament proclamait manifestement le Père, le Fils plus
obscurément. Le Nouveau a manifesté le Fils, a fait entrevoir la
divinité de l’Esprit. Maintenant l’Esprit a droit de cité parmi nous
et nous accorde une vision plus claire de lui-même. En effet il
n’était pas prudent, quand on ne confessait pas encore la divinité
du Père, de proclamer ouvertement le Fils et, quand la divinité du
Fils n’était pas encore admise, d’ajouter l’Esprit Saint comme un
fardeau supplémentaire, pour employer une expression un peu
hardie... C’est par des avances et des progressions " de gloire en
gloire " que la lumière de la Trinité éclatera en plus brillantes
clartés (S. Grégoire de Naz., or. theol. 5, 26 : PG 36, 161C).
685
Croire en l’Esprit Saint c’est donc professer que l’Esprit Saint est
l’une des Personnes de la Trinité Sainte, consubstantielle au Père
et au Fils, " adoré et glorifié avec le Père et le Fils " (Symbole
de Nicée-Constantinople). C’est pourquoi il a été question du
mystère divin de l’Esprit Saint dans la " théologie " trinitaire.
Ici il ne s’agira donc de l’Esprit Saint que dans " l’économie "
divine.
686
L’Esprit Saint est à l’œuvre avec le Père et le Fils du commencement
à la consommation du dessein de notre salut. Mais c’est dans les
" derniers temps ", inaugurés avec l’Incarnation rédemptrice du
Fils, qu’Il est révélé et donné, reconnu et accueilli comme
Personne. Alors ce dessein divin, achevé dans le Christ, " Premier-Né "
et Tête de la nouvelle création, pourra prendre corps dans
l’humanité par l’Esprit répandu : l’Église, la communion des saints,
la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie
éternelle.
Article 8
" JE CROIS EN
L’ESPRIT SAINT "
687 " Nul
ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu " (1 Co 2,
11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son
Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui " a
parlé par les prophètes " nous fait entendre la Parole du Père. Mais
lui, nous ne l’entendons pas. Nous ne le connaissons que dans le
mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à L’accueillir
dans la foi. L’Esprit de Vérité qui nous " dévoile " le Christ " ne
parle pas de lui-même " (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement
divin, explique pourquoi " le monde ne peut pas le recevoir, parce
qu’il ne le voit pas ni ne le connaît ", tandis que ceux qui croient
au Christ le connaissent parce qu’il demeure avec eux (Jn 14, 17).
688
L’Église, communion vivante dans la foi des apôtres qu’elle
transmet, est le lieu de notre connaissance de l’Esprit Saint :
– dans les
Écritures qu’Il a inspirées ;
– dans la
Tradition, dont les Pères de l’Église sont les témoins toujours
actuels ;
– dans le
Magistère de l’Église qu’Il assiste ;
– dans la
liturgie sacramentelle, à travers ses paroles et ses symboles, où
l’Esprit Saint nous met en communion avec le Christ ;
– dans la prière
dans laquelle Il intercède pour nous ;
– dans les
charismes et les ministères par lesquels l’Église est édifiée ;
– dans les
signes de vie apostolique et missionnaire ;
– dans le
témoignage des saints où Il manifeste sa sainteté et continue
l’œuvre du salut.
I. La mission
conjointe du Fils et de l’Esprit
689 Celui
que le Père a envoyé dans nos cœurs, l’Esprit de son Fils (cf. Ga 4,
6) est réellement Dieu. Consubstantiel au Père et au Fils, il en est
inséparable, tant dans la Vie intime de la Trinité que dans son don
d’amour pour le monde. Mais en adorant la Trinité Sainte,
vivifiante, consubstantielle et indivisible, la foi de l’Église
professe aussi la distinction des Personnes. Quand le Père envoie
son Verbe, Il envoie toujours son Souffle : mission conjointe où le
Fils et l’Esprit Saint sont distincts mais inséparables. Certes,
c’est le Christ qui paraît, Lui, l’Image visible du Dieu invisible,
mais c’est l’Esprit Saint qui Le révèle.
690 Jésus
est Christ, " oint ", parce que l’Esprit en est l’Onction et tout ce
qui advient à partir de l’Incarnation découle de cette plénitude
(cf. Jn 3, 34). Quand enfin le Christ est glorifié (cf. Jn 7, 39),
il peut à son tour, d’auprès du Père, envoyer l’Esprit à ceux qui
croient en lui : il leur communique sa Gloire (cf. Jn 17, 22),
c’est-à-dire l’Esprit Saint qui le glorifie (cf. Jn 16, 14). La
mission conjointe se déploiera dès lors dans les enfants adoptés par
le Père dans le Corps de son Fils : la mission de l’Esprit
d’adoption sera de les unir au Christ et de les faire vivre en lui :
La notion de
l’onction suggère (...) qu’il n’y a aucune distance entre le Fils et
l’Esprit. En effet de même qu’entre la surface du corps et l’onction
de l’huile ni la raison ni la sensation ne connaissent aucun
intermédiaire, ainsi est immédiat le contact du Fils avec l’Esprit,
si bien que pour celui qui va prendre contact avec le Fils par la
foi, il est nécessaire de rencontrer d’abord l’huile par le contact.
En effet il n’y a aucune partie qui soit nue de l’Esprit Saint.
C’est pourquoi la confession de la Seigneurie du Fils se fait dans
l’Esprit Saint pour ceux qui la reçoivent, l’Esprit venant de toutes
parts au devant de ceux qui s’approchent par la foi (S. Grégoire de
Nysse, Spir. 3, 1 : PG 45, 1321A-B).
II. Le nom, les
appellations et les symboles de l’Esprit Saint
Le nom propre de
l’Esprit Saint
691
" Saint-Esprit ", tel est le nom propre de Celui que nous adorons et
glorifions avec le Père et le Fils. L’Église l’a reçu du Seigneur et
le professe dans le Baptême de ses nouveaux enfants (cf. Mt 28, 19).
Le terme
" Esprit " traduit le terme hébreu Ruah qui, dans son sens
premier, signifie souffle, air, vent. Jésus utilise justement
l’image sensible du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté
transcendante de Celui qui est personnellement le Souffle de Dieu,
l’Esprit divin (Jn 3, 5-8). D’autre part, Esprit et Saint sont des
attributs divins communs aux Trois Personnes divines. Mais en
joignant les deux termes, l’Écriture, la liturgie et le langage
théologique désignent la Personne ineffable de l’Esprit Saint, sans
équivoque possible avec les autres emplois des termes " esprit " et
" saint ".
Les appellations
de l’Esprit Saint
692
Jésus, lorsqu’il annonce et promet la venue de l’Esprit Saint, le
nomme le " Paraclet ", littéralement : " celui qui est appelé
auprès ", ad-vocatus (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7).
" Paraclet " est traduit habituellement par " Consolateur ", Jésus
étant le premier consolateur (cf. 1 Jn 2, 1). Le Seigneur lui-même
appelle l’Esprit Saint " l’Esprit de Vérité " (Jn 16, 13).
693 Outre
son nom propre, qui est le plus employé dans les Actes des apôtres
et les Épîtres, on trouve chez S. Paul les appellations : l’Esprit
de la promesse (Ga 3, 14 ; Ep 1, 13), l’Esprit d’adoption (Rm 8,
15 ; Ga 4, 6), l’Esprit du Christ (Rm 8, 11), l’Esprit du Seigneur
(2 Co 3, 17), l’Esprit de Dieu (Rm 8, 9. 14 ; 15, 19 ; 1 Co 6, 11 ;
7, 40), et chez S. Pierre, l’Esprit de gloire (1 P 4, 14).
Les symboles de
l’Esprit Saint
694 L’eau.
Le symbolisme de l’eau est significatif de l’action de l’Esprit
Saint dans le Baptême, puisque, après l’invocation de l’Esprit
Saint, elle devient le signe sacramentel efficace de la nouvelle
naissance : de même que la gestation de notre première naissance
s’est opérée dans l’eau, de même l’eau baptismale signifie
réellement que notre naissance à la vie divine nous est donnée dans
l’Esprit Saint. Mais " baptisés dans un seul Esprit ", nous sommes
aussi " abreuvés d’un seul Esprit " (1 Co 12, 13) : l’Esprit est
donc aussi personnellement l’Eau vive qui jaillit du Christ crucifié
(cf. Jn 19, 34 ; 1 Jn 5, 8) comme de sa source et qui en nous
jaillit en Vie éternelle (cf. Jn 4, 10-14 ; 7, 38 ; Ex 17, 1-6 ; Is
55, 1 ; Za 14, 8 ; 1 Co 10, 4 ; Ap 21, 6 ; 22, 17).
695
L’onction. Le symbolisme de l’onction d’huile est aussi
significatif de l’Esprit Saint, jusqu’à en devenir le synonyme (cf.
1 Jn 2, 20. 27 ; 2 Co 1, 21). Dans l’initiation chrétienne, elle est
le signe sacramentel de la Confirmation, appelée justement dans les
Églises d’Orient " Chrismation ". Mais pour en saisir toute la
force, il faut revenir à l’Onction première accomplie par l’Esprit
Saint : celle de Jésus. Christ [ "Messie " à partir de l’hébreu]
signifie " Oint " de l’Esprit de Dieu. Il y a eu des " oints " du
Seigneur dans l’Ancienne Alliance (cf. Ex 30, 22-32), le roi David
éminemment (cf. 1 S 16, 13). Mais Jésus est l’Oint de Dieu d’une
manière unique : l’humanité que le Fils assume est totalement
" ointe de l’Esprit Saint ". Jésus est constitué " Christ " par
l’Esprit Saint (cf. Lc 4, 18-19 ; Is 61, 1). La Vierge Marie conçoit
le Christ de l’Esprit Saint qui par l’ange l’annonce comme Christ
lors de sa naissance (cf. Lc 2, 11) et pousse Siméon à venir au
Temple voir le Christ du Seigneur (cf. Lc 2, 26-27) ; c’est lui qui
emplit le Christ (cf. Lc 4, 1) et dont la puissance sort du Christ
dans ses actes de guérison et de salut (cf. Lc 6, 19 ; 8, 46). C’est
lui enfin qui ressuscite Jésus d’entre les morts (cf. Rm 1, 4 ; 8,
11). Alors, constitué pleinement " Christ " dans son Humanité
victorieuse de la mort (cf. Ac 2, 36), Jésus répand à profusion
l’Esprit Saint jusqu’à ce que " les saints " constituent, dans leur
union à l’Humanité du Fils de Dieu, " cet Homme parfait (...) qui
réalise la plénitude du Christ " (Ep 4, 13) : " le Christ total ",
selon l’expression de S. Augustin (serm. 341, 1, 1 ; ibid.,
9, 11).
696 Le feu.
Alors que l’eau signifiait la naissance et la fécondité de la Vie
donnée dans l’Esprit Saint, le feu symbolise l’énergie transformante
des actes de l’Esprit Saint. Le prophète Elie, qui " se leva comme
un feu et dont la parole brûlait comme une torche " (Si 48, 1), par
sa prière attire le feu du ciel sur le sacrifice du mont Carmel (cf.
1 R 18, 38-39), figure du feu de l’Esprit Saint qui transforme ce
qu’il touche. Jean-Baptiste, " qui marche devant le Seigneur avec
‘l’esprit’ et la puissance d’Elie " (Lc 1, 17) annonce le Christ
comme celui qui " baptisera dans l’Esprit Saint et le feu " (Lc 3,
16), cet Esprit dont Jésus dira : " Je suis venu jeter un feu sur la
terre et combien je voudrais qu’il fût déjà allumé " (Lc 12, 49).
C’est sous la forme de langues " qu’on eût dites de feu " que
l’Esprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et
les remplit de lui (Ac 2, 3-4). La tradition spirituelle retiendra
ce symbolisme du feu comme l’un des plus expressifs de l’action de
l’Esprit Saint (cf. S. Jean de la Croix, llama). " N’éteignez pas
l’Esprit " (1 Th 5, 19).
697 La nuée
et la lumière. Ces deux symboles sont inséparables dans
les manifestations de l’Esprit Saint. Dès les théophanies de
l’Ancien Testament, la Nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse,
révèle le Dieu vivant et sauveur, en voilant la transcendance de sa
Gloire : avec Moïse sur la montagne du Sinaï (cf. Ex 24, 15-18), à
la Tente de Réunion (cf. Ex 33, 9-10) et durant la marche au désert
(cf. Ex 40, 36-38 ; 1 Co 10, 1-2) ; avec Salomon lors de la dédicace
du Temple (cf. 1 R 8, 10-12). Or ces figures sont accomplies par le
Christ dans l’Esprit Saint. C’est Celui-ci qui vient sur la Vierge
Marie et la prend " sous son ombre " pour qu’elle conçoive et
enfante Jésus (Lc 1, 35). Sur la montagne de la Transfiguration,
c’est lui qui " survient dans la nuée qui prend sous son ombre "
Jésus, Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, et " de la nuée sort
une voix qui dit : ‘Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le’ "
(Lc 9, 34-35). C’est enfin la même Nuée qui " dérobe Jésus aux
yeux " des disciples le jour de l’Ascension (Ac 1, 9) et qui le
révélera Fils de l’homme dans sa Gloire au Jour de son Avènement
(cf. Lc 21, 27).
698 Le sceau
est un symbole proche de celui de l’Onction. C’est en effet le
Christ que " Dieu a marqué de son sceau " (Jn 6, 27) et c’est en lui
que le Père nous marque aussi de son sceau (2 Co 1, 22 ; Ep 1, 13 ;
4, 30). Parce qu’elle indique l’effet indélébile de l’Onction de
l’Esprit Saint dans les sacrements du Baptême, de la Confirmation et
de l’Ordre, l’image du sceau (sphragis) a été utilisée dans
certaines traditions théologiques pour exprimer le " caractère "
ineffaçable imprimé par ces trois sacrements qui ne peuvent être
réitérés.
699 La main
. C’est en imposant les mains que Jésus guérit les malades (cf.
Mc 6, 5 ; 8, 23) et bénit les petits enfants (cf. Mc 10, 16). En son
nom, les apôtres feront de même (cf. Mc 16, 18 ; Ac 5, 12 ; 14, 3).
Mieux encore, c’est par l’imposition des mains des apôtres que
l’Esprit Saint est donné (cf. Ac 8, 17-19 ; 13, 3 ; 19, 6). L’Épître
aux Hébreux met l’imposition des mains au nombre des " articles
fondamentaux " de son enseignement (cf. He 6, 2). Ce signe de
l’effusion toute-puissante de l’Esprit Saint, l’Église l’a gardé
dans ses épiclèses sacramentelles.
700 Le doigt.
" C’est par le doigt de Dieu que [Jésus] expulse les démons " (Lc
11, 20). Si la Loi de Dieu a été écrite sur des tables de pierre
" par le doigt de Dieu " (Ex 31, 18), " la lettre du Christ ",
remise aux soins des apôtres, " est écrite avec l’Esprit du Dieu
vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair,
sur les cœurs " (2 Co 3, 3). L’hymne " Veni, Creator Spiritus "
invoque l’Esprit Saint comme " le doigt de la droite du Père "
(In Dominica Pentecostes, Hymnus ad I et II Vesperas).
701 La
colombe. A la fin du déluge (dont le symbolisme concerne le
Baptême), la colombe lâchée par Noé revient, un rameau tout frais
d’olivier dans le bec, signe que la terre est de nouveau habitable
(cf. Gn 8, 8-12). Quand le Christ remonte de l’eau de son baptême,
l’Esprit Saint, sous forme d’une colombe, descend sur lui et y
demeure (cf. Mt 3, 16 par.). L’Esprit descend et repose dans le cœur
purifié des baptisés. Dans certaines églises, la sainte Réserve
eucharistique est conservée dans un réceptacle métallique en forme
de colombe (le columbarium) suspendu au-dessus de l’autel. Le
symbole de la colombe pour suggérer l’Esprit Saint est traditionnel
dans l’iconographie chrétienne.
III. L’Esprit et
la Parole de Dieu dans le temps des promesses
702 Du
commencement jusqu’à " la Plénitude du temps " (Ga 4, 4), la mission
conjointe du Verbe et de l’Esprit du Père demeure cachée,
mais elle est à l’œuvre. L’Esprit de Dieu y prépare le temps du
Messie, et l’un et l’autre, sans être encore pleinement révélés, y
sont déjà promis afin d’être attendus et accueillis lors de leur
manifestation. C’est pourquoi lorsque l’Église lit l’Ancien
Testament (cf. 2 Co 3, 14), elle y scrute (cf. Jn 5, 39. 46) ce que
l’Esprit, " qui a parlé par les prophètes ", veut nous dire du
Christ.
Par
" prophètes ", la foi de l’Église entend ici tous ceux que l’Esprit
Saint a inspirés dans la vivante annonce et dans la rédaction des
livres saints, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament. La
tradition juive distingue la Loi (les cinq premiers livres ou
Pentateuque), les Prophètes (nos livres dits historiques et
prophétiques) et les Écrits (surtout sapientiels, en particulier les
Psaumes) (cf. Lc 24, 44).
Dans la création
703 La
Parole de Dieu et son Souffle sont à l’origine de l’être et de la
vie de toute créature (cf. Ps 33, 6 ; 104, 30 ; Gn 1, 2 ; 2, 7 ; Qo
3, 20-21 ; Ez 37, 10) :
Au Saint-Esprit
il convient de régner, de sanctifier et d’animer la création, car il
est Dieu consubstantiel au Père et au Fils (...). A Lui revient le
pouvoir sur la vie, car étant Dieu il garde la création dans le Père
par le Fils (Liturgie byzantine, Tropaire des matines des dimanches
du second mode).
704
" Quant à l’homme, c’est de ses propres mains [c’est-à-dire le Fils
et l’Esprit Saint] que Dieu le façonna (...) et Il dessina sur la
chair façonnée sa propre forme, de façon que même ce qui serait
visible portât la forme divine " (S. Irénée, dem. 11).
L’Esprit de la
promesse
705
Défiguré par le péché et par la mort, l’homme demeure " à l’image de
Dieu ", à l’image du Fils, mais il est " privé de la Gloire de
Dieu " (Rm 3, 23), privé de la " ressemblance ". La promesse faite à
Abraham inaugure l’économie du salut au terme de laquelle le Fils
lui-même assumera " l’image " (cf. Jn 1, 14 ; Ph 2, 7) et la
restaurera dans " la ressemblance " avec le Père en lui redonnant la
Gloire, l’Esprit " qui donne la Vie ".
706
Contre toute espérance humaine, Dieu promet à Abraham une
descendance, comme fruit de la foi et de la puissance de l’Esprit
Saint (cf. Gn 18, 1-15 ; Lc 1, 26-38. 54-55 ; Jn 1, 12-13 ; Rm 4,
16-21). En elle seront bénies toutes les nations de la terre (cf. Gn
12, 3). Cette descendance sera le Christ (cf. Ga 3, 16) en qui
l’effusion de l’Esprit Saint fera " l’unité des enfants de Dieu
dispersés " (cf. Jn 11, 52). En s’engageant par serment (cf. Lc 1,
73), Dieu s’engage déjà au don de son Fils Bien-aimé (cf. Gn 22,
17-19 ; Rm 8, 32 ; Jn 3, 16) et au don de " l’Esprit de la Promesse
(...) qui (...) prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est
acquis " (Ep 1, 13-14 ; cf. Ga 3, 14).
Dans les
Théophanies et la Loi
707 Les
Théophanies (manifestations de Dieu) illuminent le chemin de la
promesse, des patriarches à Moïse et de Josué jusqu’aux visions qui
inaugurent la mission des grands prophètes. La tradition chrétienne
a toujours reconnu que dans ces Théophanies le Verbe de Dieu se
laissait voir et entendre, à la fois révélé et " ombré " dans la
Nuée de l’Esprit Saint.
708 Cette
pédagogie de Dieu apparaît spécialement dans le don de la Loi (cf.
Ex 19-20 ; Dt 1-11 ; 29-30). La Loi a été donnée comme un
" pédagogue " pour conduire le Peuple vers le Christ (Ga 3, 24).
Mais son impuissance à sauver l’homme privé de la " ressemblance "
divine et la connaissance accrue qu’elle donne du péché (cf. Rm 3,
20) suscitent le désir de l’Esprit Saint. Les gémissements des
Psaumes en témoignent.
Dans le Royaume
et l’Exil
709 La
Loi, signe de la promesse et de l’alliance, aurait dû régir le cœur
et les institutions du Peuple issu de la foi d’Abraham. " Si vous
écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour un
royaume de prêtres, pour une nation sainte " (Ex 19, 5-6 ; cf. 1 P
2, 9). Mais, après David, Israël succombe à la tentation de devenir
un royaume comme les autres nations. Or le Royaume, objet de la
promesse faite à David (cf. 2 S 7 ; Ps 89 ; Lc 1, 32-33) sera
l’œuvre de l’Esprit Saint ; il appartiendra aux pauvres selon
l’Esprit.
710
L’oubli de la Loi et l’infidélité à l’alliance aboutissent à la
mort : c’est l’Exil, apparemment échec des promesses, en fait
fidélité mystérieuse du Dieu sauveur et début d’une restauration
promise, mais selon l’Esprit. Il fallait que le Peuple de Dieu
souffrît cette purification (cf. Lc 24, 26) ; l’Exil porte déjà
l’ombre de la Croix dans le dessein de Dieu, et le Reste des pauvres
qui en revient est l’une des figures les plus transparentes de
l’Église.
L’attente du
Messie et de son Esprit
711
" Voici que je vais faire du nouveau " (Is 43, 19) : Deux lignes
prophétiques vont se dessiner, portant l’une sur l’attente du
Messie, l’autre sur l’annonce d’un Esprit nouveau, et elles
convergent dans le petit Reste, le peuple des Pauvres (cf. So 2, 3),
qui attend dans l’espérance la " consolation d’Israël " et " la
délivrance de Jérusalem " (cf. Lc 2, 25. 38).
On a vu plus
haut comment Jésus accomplit les prophéties qui le concernent. On se
limite ici à celles où apparaît davantage la relation du Messie et
de son Esprit.
712 Les
traits du visage du Messie attendu commencent à apparaître
dans le Livre de l’Emmanuel (cf. Is 6-12) (" quand Isaïe eut la
vision de la Gloire " du Christ : Jn 12, 41), en particulier en Is
11, 1-2 :
Un rejeton sort
de la souche de Jessé,
un surgeon pousse de ses racines :
sur lui repose l’Esprit du Seigneur,
esprit de sagesse et d’intelligence,
esprit de conseil et de force,
esprit de science et de crainte du Seigneur.
713 Les
traits du Messie sont révélés surtout dans les chants du Serviteur
(cf. Is 42, 1-9 ; cf. Mt 12, 18-21 ; Jn 1, 32-34, puis Is 49, 16 ;
cf. Mt 3, 17 ; Lc 2, 32, enfin Is 50, 4-10 et 52, 13 – 53, 12). Ces
chants annoncent le sens de la passion de Jésus, et indiquent ainsi
la manière dont Il répandra l’Esprit Saint pour vivifier la
multitude : non pas de l’extérieur, mais en épousant notre
" condition d’esclave " (Ph 2, 7). Prenant sur lui notre mort, il
peut nous communiquer son propre Esprit de vie.
714 C’est
pourquoi le Christ inaugure l’annonce de la bonne Nouvelle en
faisant sien ce passage d’Isaïe (Lc 4, 18-19 ; cf. Is 61, 1-2) :
L’Esprit du
Seigneur est sur moi,
car le Seigneur m’a oint.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
panser les cœurs meurtris ;
annoncer aux captifs l’amnistie
et aux prisonniers la liberté,
annoncer une année de grâce de la part du Seigneur.
715 Les
textes prophétiques concernant directement l’envoi de l’Esprit Saint
sont des oracles où Dieu parle au cœur de son Peuple dans le langage
de la promesse, avec les accents de " l’amour et de la fidélité "
(cf. Ez 11, 19 ; 36, 25-28 ; 37, 1-14 ; Jr 31, 31-34 ; et Jl 3, 1-5)
dont S. Pierre proclamera l’accomplissement le matin de la Pentecôte
(cf. Ac 2, 17-21). Selon ces promesses, dans les " derniers temps ",
l’Esprit du Seigneur renouvellera le cœur des hommes en gravant en
eux une Loi nouvelle ; il rassemblera et réconciliera les peuples
dispersés et divisés ; il transformera la création première et Dieu
y habitera avec les hommes dans la paix.
716 Le
Peuple des " pauvres " (cf. So 2, 3 ; Ps 22, 27 ; 34, 3 ; Is 49,
13 ; 61, 1 ; etc.), les humbles et les doux, tout abandonnés aux
desseins mystérieux de leur Dieu, ceux qui attendent la justice, non
des hommes mais du Messie, est finalement la grande œuvre de la
mission cachée de l’Esprit Saint durant le temps des promesses pour
préparer la venue du Christ. C’est leur qualité de cœur, purifié et
éclairé par l’Esprit, qui s’exprime dans les Psaumes. En ces
pauvres, l’Esprit prépare au Seigneur " un peuple bien disposé "
(cf. Lc 1, 17).
IV. L’Esprit du
Christ dans la plénitude du temps
Jean,
Précurseur, Prophète et Baptiste
717
" Parut un homme envoyé de Dieu. Il se nommait Jean " (Jn 1, 6).
Jean est " rempli de l’Esprit Saint, dès le sein de sa mère " (Lc 1,
15. 41) par le Christ lui-même que la Vierge Marie venait de
concevoir de l’Esprit Saint. La " visitation " de Marie à Élisabeth
est ainsi devenue " visite de Dieu à son peuple " (Lc 1, 68).
718 Jean
est " Elie qui doit venir " (Mt 17, 10-13) : Le Feu de l’Esprit
l’habite et le fait " courir devant " [en " précurseur "] le
Seigneur qui vient. En Jean le Précurseur, l’Esprit Saint achève de
" préparer au Seigneur un peuple bien disposé " (Lc 1, 17).
719 Jean
est " plus qu’un prophète " (Lc 7, 26). En lui l’Esprit Saint
accomplit de " parler par les prophètes ". Jean achève le cycle des
prophètes inauguré par Elie (cf. Mt 11, 13-14). Il annonce
l’imminence de la Consolation d’Israël, il est la " voix " du
consolateur qui vient (Jn 1, 23 ; cf. Is 40, 1-3). Comme le fera
l’Esprit de Vérité, " il vient comme témoin, pour rendre témoignage
à la Lumière " (Jn 1, 7 ; cf. Jn 15, 26 ; 5, 33). Au regard de Jean,
l’Esprit accomplit ainsi les " recherches des prophètes " et la
" convoitise " des anges (1 P 1, 10-12) : " Celui sur qui tu verras
l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit
(...). Oui, j’ai vu et j’atteste que c’est Lui, le Fils de Dieu.
(...) Voici l’Agneau de Dieu " (Jn 1, 33-36).
720
Enfin, avec Jean le Baptiste, l’Esprit Saint inaugure, en le
préfigurant, ce qu’il réalisera avec et dans le Christ : redonner à
l’homme " la ressemblance " divine. Le baptême de Jean était pour le
repentir, celui dans l’eau et dans l’Esprit sera une nouvelle
naissance (cf. Jn 3, 5).
" Réjouis-toi,
comblée de grâce "
721
Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le
chef-d’œuvre de la mission du Fils et de l’Esprit dans la plénitude
du temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce
que son Esprit l’a préparée, le Père trouve la Demeure où son
Fils et son Esprit peuvent habiter parmi les hommes. C’est en ce
sens que la Tradition de l’Église a souvent lu en relation à Marie
les plus beaux textes sur la Sagesse (cf. Pr 8, 1 – 9, 6 ; Si 24) :
Marie est chantée et représentée dans la liturgie comme le " Trône
de la Sagesse ".
En elle
commencent à se manifester les " merveilles de Dieu ", que l’Esprit
va accomplir dans le Christ et dans l’Église :
722
L’Esprit Saint a préparé Marie par sa grâce. Il convenait que
fût " pleine de grâce " la mère de Celui en qui " habite
corporellement la Plénitude de la Divinité " (Col 2, 9). Elle a été,
par pure grâce, conçue sans péché comme la plus humble des
créatures, la plus capable d’accueil au Don ineffable du
Tout-Puissant. C’est à juste titre que l’ange Gabriel la salue comme
la " Fille de Sion " : " Réjouis-toi " (cf. So 3, 14 ; Za 2, 14).
C’est l’action de grâce de tout le Peuple de Dieu, et donc de
l’Église, qu’elle fait monter vers le Père dans l’Esprit Saint en
son cantique (cf. Lc 1, 46-55) alors qu’elle porte en elle le Fils
éternel.
723 En
Marie, l’Esprit Saint réalise le dessein bienveillant du
Père. C’est par l’Esprit Saint que la Vierge conçoit et enfante le
Fils de Dieu. Sa virginité devient fécondité unique par la puissance
de l’Esprit et de la foi (cf. Lc 1, 26-38 ; Rm 4, 18-21 ; Ga 4,
26-28).
724 En
Marie, l’Esprit Saint manifeste le Fils du Père devenu Fils
de la Vierge. Elle est le Buisson ardent de la Théophanie
définitive : comblée de l’Esprit Saint, elle montre le Verbe dans
l’humilité de sa chair et c’est aux Pauvres (cf. Lc 1, 15-19) et aux
prémices des nations (cf. Mt 2, 11) qu’elle Le fait connaître.
725
Enfin, par Marie, l’Esprit Saint commence à mettre en communion
avec le Christ les hommes " objets de l’amour bienveillant de Dieu "
(cf. Lc 2, 14), et les humbles sont toujours les premiers à le
recevoir : les bergers, les mages, Siméon et Anne, les époux de Cana
et les premiers disciples.
726 Au
terme de cette mission de l’Esprit, Marie devient la " Femme ",
nouvelle Eve " mère des vivants ", Mère du " Christ total " (cf. Jn
19, 25-27). C’est comme telle qu’elle est présente avec les Douze,
" d’un même cœur, assidus à la prière " (Ac 1, 14), à l’aube des
" derniers temps " que l’Esprit va inaugurer le matin de la
Pentecôte avec la manifestation de l’Église.
Le Christ Jésus
727 Toute
la Mission du Fils et de l’Esprit Saint dans la plénitude du temps
est contenue en ce que le Fils est l’oint de l’Esprit du Père depuis
son Incarnation : Jésus est Christ, le Messie.
Tout le deuxième
chapitre du Symbole de la foi est à lire à cette lumière. Toute
l’œuvre du Christ est mission conjointe du Fils et de l’Esprit
Saint. Ici, on mentionnera seulement ce qui concerne la promesse de
l’Esprit Saint par Jésus et son don par le Seigneur glorifié.
728 Jésus
ne révèle pas pleinement l’Esprit Saint tant que lui-même n’a pas
été glorifié par sa Mort et sa Résurrection. Pourtant, Il le suggère
peu à peu, même dans son enseignement aux foules, lorsqu’Il révèle
que sa Chair sera nourriture pour la vie du monde (cf. Jn 6, 27. 51.
62-63). Il le suggère aussi à Nicodème (cf. Jn 3, 5-8), à la
Samaritaine (cf. Jn 4, 10. 14. 23-24) et à ceux qui participent à la
fête des Tabernacles (cf. Jn 7, 37-39). A ses disciples, Il en parle
ouvertement à propos de la prière (cf. Lc 11, 13) et du témoignage
qu’ils auront à rendre (cf. Mt 10, 19-20).
729 C’est
seulement quand l’Heure est venue où Il va être glorifié que Jésus
promet la venue de l’Esprit Saint, puisque sa Mort et sa
Résurrection seront l’accomplissement de la promesse faite aux Pères
(cf. Jn 14, 16-17. 26 ; 15, 26 ; 16, 7-15 ; 17, 26) : l’Esprit de
Vérité, l’autre Paraclet, sera donné par le Père à la prière de
Jésus ; il sera envoyé par le Père au nom de Jésus ; Jésus l’enverra
d’auprès du Père car il est issu du Père. L’Esprit Saint viendra,
nous le connaîtrons, Il sera avec nous à jamais, Il demeurera avec
nous ; Il nous enseignera tout et nous rappellera tout ce que le
Christ nous a dit et lui rendra témoignage ; Il nous conduira vers
la vérité tout entière et glorifiera le Christ. Quant au monde, Il
le confondra en matière de péché, de justice et de jugement.
730 Enfin
vient l’Heure de Jésus (cf. Jn 13, 1 ; 17, 1) : Jésus remet son
esprit entre les mains du Père (cf. Lc 23, 46 ; Jn 19, 30) au moment
où par sa Mort il est vainqueur de la mort, de sorte que,
" ressuscité des morts par la Gloire du Père " (Rm 6, 4), il
donne aussitôt l’Esprit Saint en " soufflant " sur ses disciples
(cf. Jn 20, 22). A partir de cette Heure, la mission du Christ et de
l’Esprit devient la mission de l’Église : " Comme le Père m’a
envoyé, moi aussi je vous envoie " (Jn 20, 21 ; cf. Mt 28, 19 ; Lc
24, 47-48 ; Ac 1, 8).
V. L’Esprit et
l’Église dans les derniers temps
La Pentecôte
731 Le
jour de la Pentecôte (au terme des sept semaines Pascales), la Pâque
du Christ s’accomplit dans l’effusion de l’Esprit Saint qui est
manifesté, donné et communiqué comme Personne divine : de sa
Plénitude, le Christ, Seigneur, répand à profusion l’Esprit (cf. Ac
2, 33-36).
732 En ce
jour est pleinement révélée la Trinité Sainte. Depuis ce jour, le
Royaume annoncé par le Christ est ouvert à ceux qui croient en Lui :
dans l’humilité de la chair et dans la foi, ils participent déjà à
la communion de la Trinité Sainte. Par sa venue, et elle ne cesse
pas, l’Esprit Saint fait entrer le monde dans les " derniers
temps ", le temps de l’Église, le Royaume déjà hérité, mais pas
encore consommé :
Nous avons vu la
vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé
la vraie foi : nous adorons la Trinité indivisible car c’est elle
qui nous a sauvés (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de
Pentecôte ; il est repris dans les liturgies eucharistiques après la
communion).
L’Esprit Saint –
le Don de Dieu
733
" Dieu est Amour " (1 Jn 4, 8. 16) et l’Amour est le premier don, il
contient tous les autres. Cet amour, " Dieu l’a répandu dans nos
cœurs par l’Esprit qui nous fut donné " (Rm 5, 5).
734 Parce
que nous sommes morts, ou, au moins, blessés par le péché, le
premier effet du don de l’Amour est la rémission de nos péchés.
C’est la communion de l’Esprit Saint (2 Co 13, 13) qui, dans
l’Église, redonne aux baptisés la ressemblance divine perdue par le
péché.
735 Il
donne alors les " arrhes " ou les " prémices " de notre Héritage
(cf. Rm 8, 23 ; 2 Co 1, 21) : la Vie même de la Trinité Sainte qui
est d’aimer " comme il nous a aimés " (cf. 1 Jn 4, 11-12). Cet amour
(la charité de 1 Co 13) est le principe de la vie nouvelle dans le
Christ, rendue possible puisque nous avons " reçu une force, celle
de l’Esprit Saint " (Ac 1, 8).
736 C’est
par cette puissance de l’Esprit que les enfants de Dieu peuvent
porter du fruit. Celui qui nous a greffés sur la vraie Vigne, nous
fera porter " le fruit de l’Esprit qui est charité, joie, paix,
longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres,
douceur, maîtrise de soi " (Ga 5, 22-23). " L’Esprit est notre
Vie " : plus nous renonçons à nous-mêmes (cf. Mt 16, 24-26), plus
" l’Esprit nous fait aussi agir " (Ga 5, 25) :
Par communion
avec lui, l’Esprit Saint rend spirituels, rétablit au Paradis,
ramène au Royaume des cieux et à l’adoption filiale, donne la
confiance d’appeler Dieu Père et de participer à la grâce du Christ,
d’être appelé enfant de lumière et d’avoir part à la gloire
éternelle (S. Basile, Spir. 15, 36 : PG 32, 132).
L’Esprit Saint
et l’Église
737 La
mission du Christ et de l’Esprit Saint s’accomplit dans l’Église,
Corps du Christ et Temple de l’Esprit Saint. Cette mission conjointe
associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père
dans l’Esprit Saint : L’Esprit prépare les hommes, les
prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur
manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et
leur ouvre l’esprit à l’intelligence de sa Mort et de sa
Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ,
éminemment dans l’Eucharistie, afin de les réconcilier, de les
mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter
" beaucoup de fruit " (Jn 15, 5. 8. 16).
738 Ainsi
la mission de l’Église ne s’ajoute pas à celle du Christ et de
l’Esprit Saint, mais elle en est le sacrement : par tout sont être
et dans tous ses membres elle est envoyée pour annoncer et
témoigner, actualiser et répandre le mystère de la communion de la
Sainte Trinité (ce sera l’objet du prochain article) :
Nous tous qui
avons reçu l’unique et même esprit, à savoir, l’Esprit Saint, nous
nous sommes fondus entre nous et avec Dieu. Car bien que nous soyons
nombreux séparément et que le Christ fasse que l’Esprit du Père et
le sien habite en chacun de nous, cet Esprit unique et indivisible
ramène par lui-même à l’unité ceux qui sont distincts entre eux
(...) et fait que tous apparaissent comme une seule chose en
lui-même. Et de même que la puissance de la sainte humanité du
Christ fait que tous ceux-là en qui elle se trouve forment un seul
corps, je pense que de la même manière l’Esprit de Dieu qui habite
en tous, unique et indivisible, les ramène tous à l’unité
spirituelle (S. Cyrille d’Alexandrie, Jo. 12 : PG 74, 560-561).
739 Parce
que l’Esprit Saint est l’Onction du Christ, c’est le Christ, la Tête
du Corps, qui le répand dans ses membres pour les nourrir, les
guérir, les organiser dans leurs fonctions mutuelles, les vivifier,
les envoyer témoigner, les associer à son offrande au Père et à son
intercession pour le monde entier. C’est par les sacrements de
l’Église que le Christ communique aux membres de son Corps son
Esprit Saint et Sanctificateur (ce sera l’objet de la deuxième
partie du Catéchisme).
740 Ces
" merveilles de Dieu ", offertes aux croyants dans les sacrements de
l’Église, portent leurs fruits dans la vie nouvelle, dans le Christ,
selon l’Esprit (ce sera l’objet de la troisième partie du
Catéchisme).
741
" L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons
que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même
intercède pour nous en des gémissements ineffables " (Rm 8, 26).
L’Esprit Saint, artisan des œuvres de Dieu, est le Maître de la
prière (ce sera l’objet de la quatrième partie du Catéchisme).
EN BREF
742
" La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos
cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père " (Ga 4, 6).
743
Du commencement à la consommation du temps, quand Dieu envoie son
Fils, il envoie toujours son Esprit : leur mission est conjointe et
inséparable.
744
Dans la plénitude du temps, l’Esprit Saint accomplit en Marie toutes
les préparations à la venue du Christ dans le Peuple de Dieu. Par
l’action de l’Esprit Saint en elle, le Père donne au monde
l’Emmanuel, " Dieu-avec-nous " (Mt 1, 23).
745
Le Fils de Dieu est consacré Christ (Messie) par l’Onction de
l’Esprit Saint dans son Incarnation (cf. Ps 2, 6-7).
746
Par sa Mort et sa Résurrection, Jésus est constitué Seigneur et
Christ dans la gloire (Ac 2, 36). De sa Plénitude, Il répand
l’Esprit Saint sur les apôtres et l’Église.
747
L’Esprit Saint que le Christ, Tête, répand dans ses membres, bâtit,
anime et sanctifie l’Église. Elle est le sacrement de la communion
de la Trinité Sainte et des hommes.
Article 9
" JE CROIS A LA SAINTE ÉGLISE CATHOLIQUE "
748 " Le Christ est la lumière des peuples : réuni dans
l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en
annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l’Évangile,
répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur
le visage de l’Église "(LG 1). C’est sur ces paroles que s’ouvre la
" Constitution dogmatique sur l’Église " du deuxième Concile du
Vatican. Par là, le Concile montre que l’article de foi sur l’Église
dépend entièrement des articles concernant le Christ Jésus. L’Église
n’a pas d’autre lumière que celle du Christ ; elle est, selon une
image chère aux Pères de l’Église, comparable à la lune dont toute
la lumière est reflet du soleil.
749 L’article sur l’Église dépend aussi entièrement de celui
sur le Saint-Esprit qui le précède. " En effet, après avoir montré
que l’Esprit Saint est la source et le donateur de toute sainteté,
nous confessons maintenant que c’est Lui qui a doté l’Église de
sainteté " (Catech. R. 1, 10, 1). L’Église est, selon l’expression
des Pères, le lieu " où fleurit l’Esprit " (S. Hippolyte, trad. ap.
35).
750 Croire que l’Église est " Sainte " et " Catholique ", et
qu’elle est " Une " et " Apostolique " (comme l’ajoute le Symbole de
Nicée-Constantinople) est inséparable de la foi en Dieu le Père, le
Fils et le Saint Esprit. Dans le Symbole des apôtres, nous faisons
profession de croire une Église Sainte (" Credo [...] Ecclesiam "),
et non pas en l’Église, pour ne pas confondre Dieu et ses
œuvres et pour attribuer clairement à la bonté de Dieu tous
les dons qu’Il a mis dans son Église (cf. Catech. R. 1, 10, 22).
Paragraphe 1.
L’ÉGLISE DANS LE DESSEIN DE DIEU
I. Les noms et
les images de l’Église
751 Le
mot " Église " [ekklèsia, du grec ek-kalein, " appeler
hors "] signifie " convocation ". Il désigne des assemblées du
peuple (cf. Ac 19, 39), en général de caractère religieux. C’est le
terme fréquemment utilisé dans l’Ancien Testament grec pour
l’assemblée du peuple élu devant Dieu, surtout pour l’assemblée du
Sinaï où Israël reçut la Loi et fut constitué par Dieu comme son
peuple saint (cf. Ex 19). En s’appelant " Église ", la première
communauté de ceux qui croyaient au Christ se reconnaît héritière de
cette assemblée. En elle, Dieu " convoque " son Peuple de tous les
confins de la terre. Le terme Kyriakè dont sont dérivés
church, Kirche, signifie " celle qui appartient au
Seigneur ".
752 Dans
le langage chrétien, le mot " Église " désigne l’assemblée
liturgique (cf. 1 Co 11, 18 ; 14, 19. 28. 34. 35), mais aussi la
communauté locale (cf. 1 Co 1, 2 ; 16, 1) ou toute la communauté
universelle des croyants (cf. 1 Co 15, 9 ; Ga 1, 13 ; Ph 3, 6). Ces
trois significations sont en fait inséparables. " L’Église ", c’est
le Peuple que Dieu rassemble dans le monde entier. Elle existe dans
les communautés locales et se réalise comme assemblée liturgique,
surtout eucharistique. Elle vit de la Parole et du Corps du Christ
et devient ainsi elle-même Corps du Christ.
Les symboles de
l’Église
753 Dans
l’Écriture Sainte, nous trouvons une foule d’images et de figures
liées entre elles, par lesquelles la révélation parle du mystère
inépuisable de l’Église. Les images prises de l’Ancien Testament
constituent des variations d’une idée de fond, celle du " Peuple de
Dieu ". Dans le Nouveau Testament (cf. Ep 1, 22 ; Col 1, 18), toutes
ces images trouvent un nouveau centre par le fait que le Christ
devient " la Tête " de ce peuple (cf. LG 9) qui est dès lors son
Corps. Autour de ce centre se sont groupés des images " tirées soit
de la vie pastorale ou de la vie des champs, soit du travail de
construction ou de la famille et des épousailles " (LG 6).
754
" L’Église, en effet, est le bercail dont le Christ est
l’entrée unique et nécessaire (cf. Jn 10, 1-10). Elle est aussi le
troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance qu’il serait le
pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11-31), et dont les brebis,
quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant
continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon
Pasteur et Prince des pasteurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a
donné sa vie pour ses brebis (cf. LG 6 ; Jn 10, 11-15) ".
755
" L’Église est le terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co
3, 9). Dans ce champ croît l’antique olivier dont les patriarches
furent la racine sainte et en lequel s’opère et s’opérera la
réconciliation entre Juifs et Gentils (cf. Rm 11, 13-26). Elle fut
plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie (cf. Mt 21,
33-43 par. ; cf. Is 5, 1-7). La Vigne véritable, c’est le Christ :
c’est lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous sommes :
par l’Église nous demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien
faire (cf. Jn 15, 1-5) " (LG 6).
756
" Bien souvent aussi, l’Église est dite la construction de
Dieu (cf. 1 Co 3, 9). Le Seigneur lui-même s’est comparé à la pierre
rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre angulaire (Mt 21, 42
par. ; cf. Ac 4, 11 ; 1 P 2, 7 ; Ps 118, 22). Sur ce fondement,
l’Église est construite par les apôtres (cf. 1 Co 3, 11), et de ce
fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est
décorée d’appellations diverses : la maison de Dieu (cf. 1 Tm 3,
15), dans laquelle habite sa famille, l’habitation de Dieu
dans l’Esprit (cf. Ep 2, 19-22), la demeure de Dieu chez les hommes
(cf. Ap 21, 3), et surtout le temple saint, lequel,
représenté par les sanctuaires de pierres, est l’objet de la louange
des saints Pères et comparé à juste titre dans la liturgie à la Cité
sainte, la nouvelle Jérusalem. En effet, nous sommes en elle sur la
terre comme les pierres vivantes qui entrent dans la construction
(cf. 1 P 2, 5). Cette Cité sainte, Jean la contemple descendant du
ciel d’auprès de Dieu à l’heure où se renouvellera le monde, prête
comme une fiancée parée pour son époux (cf. Ap 21, 1-2) "(LG 6).
757
" L’Église s’appelle encore " la Jérusalem d’en haut " et " notre
mère " (Ga 4, 26 ; cf. Ap 12, 17) ; elle est décrite comme l’épouse
immaculée de l’Agneau immaculé (cf. Ap 19, 7 ; 21, 2. 9 ; 22, 17)
que le Christ ‘a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la
sanctifier’ (Ep 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte
indissoluble, qu’il ne cesse de ‘nourrir et d’entourer de soins’ (Ep
5, 29) " (LG 6).
II. Origine,
fondation et mission de l’Église
758 Pour
scruter le mystère de l’Église, il convient de méditer d’abord son
origine dans le dessein de la Très Sainte Trinité et sa réalisation
progressive dans l’histoire.
Un dessein né
dans le cœur du Père
759 " Le
Père éternel par la disposition absolument libre et mystérieuse de
sa sagesse et de sa bonté a créé l’univers ; il a décidé d’élever
les hommes à la communion de sa vie divine ", à laquelle il appelle
tous les hommes dans son Fils : " Tous ceux qui croient au Christ,
le Père a voulu les appeler à former la sainte Église ". Cette
" famille de Dieu " se constitue et se réalise graduellement au long
des étapes de l’histoire humaine, selon les dispositions du Père :
en effet, l’Église a été " préfigurée dès l’origine du monde ; elle
a été merveilleusement préparée dans l’histoire du peuple d’Israël
et dans l’Ancienne Alliance ; elle a été instituée enfin en ces
temps qui sont les derniers ; elle est manifestée grâce à l’effusion
de l’Esprit Saint et, au terme des siècles, elle sera consommée dans
la gloire " (LG 2).
L’Église –
préfigurée dès l’origine du monde
760 " Le
monde fut créé en vue de l’Église ", disaient les chrétiens des
premiers temps (Hermas, vis. 2, 4, 1 ; cf. Aristide, apol. 16, 6 ;
Justin, apol. 2, 7). Dieu a créé le monde en vue de la communion à
sa vie divine, communion qui se réalise par la " convocation " des
hommes dans le Christ, et cette " convocation ", c’est l’Église.
L’Église est la fin de toutes choses (cf. S. Epiphane, hær. 1, 1,
5 : PG 41, 181C), et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes,
comme la chute des Anges et le péché de l’homme, ne furent permises
par Dieu que comme occasion et moyen pour déployer toute la force de
son bras, toute la mesure d’amour qu’il voulait donner au monde :
De même que la
volonté de Dieu est un acte et qu’elle s’appelle le monde, ainsi son
intention est le salut des hommes, et elle s’appelle l’Église
(Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6).
L’Église –
préparée dans l’Ancienne Alliance
761 Le
rassemblement du Peuple de Dieu commence à l’instant où le péché
détruit la communion des hommes avec Dieu et celle des hommes entre
eux. Le rassemblement de l’Église est pour ainsi dire la réaction de
Dieu au chaos provoqué par le péché. Cette réunification se réalise
secrètement au sein de tous les peuples : " En toute nation, Dieu
tient pour agréable quiconque le craint et pratique la justice " (Ac
10, 35 ; cf. LG 9 ; 13 ; 16).
762 La
préparation lointaine du rassemblement du Peuple de Dieu
commence avec la vocation d’Abraham, à qui Dieu promet qu’il
deviendra le père d’un grand peuple (cf. Gn 12, 2 ; 15, 5-6). La
préparation immédiate commence avec l’élection d’Israël comme Peuple
de Dieu (cf. Ex 19, 5-6 ; Dt 7, 6). Par son élection, Israël doit
être le signe du rassemblement futur de toutes les nations (cf. Is
2, 2-5 ; Mi 4, 1-4). Mais déjà les prophètes accusent Israël d’avoir
rompu l’alliance et de s’être comporté comme une prostituée (cf. Os
1 ; Is 1, 2-4 ; Jr 2 ; etc.). Ils annoncent une alliance nouvelle et
éternelle (cf. Jr 31, 31-34 ; Is 55, 3). " Cette Alliance Nouvelle,
le Christ l’a instituée " (LG 9).
L’Église –
instituée par le Christ Jésus
763 Il
appartient au Fils de réaliser, dans la plénitude des temps, le plan
de salut de son Père ; c’est là le motif de sa " mission " (cf. LG
3 ; AG 3). " Le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en
prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du Règne de Dieu promis
dans les Écritures depuis des siècles " (LG 5). Pour accomplir la
volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la
terre. L’Église " est le Règne du Christ déjà mystérieusement
présent " (LG 3).
764 " Ce
Royaume brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la
présence du Christ " (LG 5). Accueillir la parole de Jésus, c’est
" accueillir le Royaume lui-même " (ibid.). Le germe et le
commencement du Royaume sont le " petit troupeau " (Lc 12, 32) de
ceux que Jésus est venu convoquer autour de lui et dont il est
lui-même le pasteur (cf. Mt 10, 16 ; 26, 31 ; Jn 10, 1-21). Ils
constituent la vraie famille de Jésus (cf. Mt 12, 49). A ceux qu’il
a ainsi rassemblés autour de lui, il a enseigné une " manière
d’agir " nouvelle, mais aussi une prière propre (cf. Mt 5-6).
765 Le
Seigneur Jésus a doté sa communauté d’une structure qui demeurera
jusqu’au plein achèvement du Royaume. Il y a avant tout le choix des
Douze avec Pierre comme leur chef (cf. Mc 3, 14-15). Représentant
les douze tribus d’Israël (cf. Mt 19, 28 ; Lc 22, 30) ils sont les
pierres d’assise de la nouvelle Jérusalem (cf. Ap 21, 12-14). Les
Douze (cf. Mc 6, 7) et les autres disciples (cf. Lc 10, 1-2)
participent à la mission du Christ, à son pouvoir, mais aussi à son
sort (cf. Mt 10, 25 ; Jn 15, 20). Par tous ces actes, le Christ
prépare et bâtit son Église.
766 Mais
l’Église est née principalement du don total du Christ pour notre
salut, anticipé dans l’institution de l’Eucharistie et réalisé sur
la Croix. " Le commencement et la croissance de l’Église sont
signifiés par le sang et l’eau sortant du côté ouvert de Jésus
crucifié " (LG 3). " Car c’est du côté du Christ endormi sur la
Croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Église toute entière "
(SC 5). De même qu’Eve a été formée du côté d’Adam endormi, ainsi
l’Église est née du cœur transpercé du Christ mort sur la Croix (cf.
S. Ambroise, Luc. 2, 85-89 : PL 15, 1583-1586).
L’Église –
manifestée par l’Esprit Saint
767 " Une
fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir
sur la terre, le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé pour
sanctifier l’Église en permanence " (LG 4). C’est alors que
" l’Église se manifesta publiquement devant la multitude et que
commença la diffusion de l’Évangile avec la prédication " (AG 4).
Parce qu’elle est " convocation " de tous les hommes au salut,
l’Église est, par sa nature même, missionnaire envoyée par le Christ
à toutes les nations pour en faire des disciples (cf. Mt 28, 19-20 ;
AG 2 ; 5-6).
768 Pour
réaliser sa mission, l’Esprit Saint " équipe et dirige l’Église
grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques " (LG
4). " Aussi l’Église, pourvue des dons de son fondateur, et
fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité
et d’abnégation, reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et
de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations ; elle constitue
de ce royaume le germe et le commencement sur terre " (LG 5).
L’Église –
consommée dans la gloire
769
" L’Église (...) n’aura sa consommation que dans la gloire céleste "
(LG 48), lors du retour glorieux du Christ. Jusqu’à ce jour,
" l’Église avance dans son pèlerinage à travers les persécutions du
monde et les consolations de Dieu " (S. Augustin, civ. 18, 51 ; cf.
LG 8). Ici-bas, elle se sait en exil, loin du Seigneur (cf. 2 Co 5,
6 ; LG 6), et elle aspire à l’avènement plénier du Royaume,
" l’heure où elle sera, dans la gloire, réunie à son Roi " (LG 5).
La consommation de l’Église, et à travers elle, celle du monde, dans
la gloire ne se fera pas sans de grandes épreuves. Alors seulement,
" tous les justes depuis Adam, depuis Abel le juste jusqu’au dernier
élu se trouveront rassemblés dans l’Église universelle auprès du
Père " (LG 2).
III. Le mystère
de l’Église
770
L’Église est dans l’histoire, mais elle la transcende en même temps.
C’est uniquement " avec les yeux de la foi " (Catech. R. 1, 10, 20)
que l’on peut voir en sa réalité visible en même temps une réalité
spirituelle, porteuse de vie divine.
L’Église – à la
fois visible et spirituelle
771 " Le
Christ, unique médiateur, constitue et continuellement soutient son
Église sainte, communauté de foi, d’espérance et de charité,
ici-bas, sur terre, comme un tout visible par lequel il répand, à
l’intention de tous, la vérité et la grâce ". L’Église est à la
fois :
– " société
dotée d’organes hiérarchiques et Corps Mystique du Christ ;
– assemblée
visible et communauté spirituelle ;
– Église
terrestre et Église parée de dons célestes ".
Ces dimensions
constituent ensemble " une seule réalité complexe, faite d’un double
élément humain et divin " (LG 8) :
Il appartient en
propre à l’Église d’être à la fois humaine et divine, visible et
riche de réalités invisibles, fervente dans l’action et occupée à la
contemplation, présente dans le monde et pourtant étrangère. Mais de
telle sorte qu’en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au
divin ; ce qui est visible, à l’invisible ; ce qui relève de
l’action, à la contemplation ; et ce qui est présent, à la cité
future que nous recherchons (SC 2).
Humilité !
Sublimité ! Tente de Cédar et sanctuaire de Dieu ; habitation
terrestre et céleste palais ; maison d’argile et cour royale ; corps
mortel et temple de lumière ; objet de mépris enfin pour les
orgueilleux et épouse du Christ ! Elle est noire mais belle, filles
de Jérusalem, celle qui, pâlie par la fatigue et la souffrance d’un
long exil, a cependant pour ornement la parure céleste (S. Bernard,
Cant. 27, 7, 14 : PL 183, 920D).
L’Église –
mystère de l’union des hommes avec Dieu
772 C’est
dans l’Église que le Christ accomplit et révèle son propre mystère
comme le but du dessein de Dieu : " récapituler tout en Lui " (Ep 1,
10). S. Paul appelle " grand mystère " (Ep 5, 32) l’union sponsale
du Christ et de l’Église. Parce qu’elle est unie au Christ comme à
son Époux (cf. Ep 5, 25-27), l’Église devient elle-même à son tour
mystère (cf. Ep 3, 9-11). Contemplant en elle le mystère, S. Paul
s’écrit : " Le Christ en vous, l’espérance de la gloire " (Col 1,
27).
773 Dans
l’Église cette communion des hommes avec Dieu par " la charité qui
ne passe jamais " (1 Co 13, 8) est la fin qui commande tout ce qui
en elle est moyen sacramentel lié à ce monde qui passe (cf. LG 48).
" Sa structure est complètement ordonnée à la sainteté des membres
du Christ. Et la sainteté s’apprécie en fonction du ‘grand mystère’
dans lequel l’Épouse répond par le don de l’amour au don de
l’Époux " (MD 27). Marie nous précède tous dans la sainteté qui est
le mystère de l’Église comme " l’Épouse sans tâche ni ride " (Ep 5,
27). C’est pourquoi " la dimension mariale de l’Église précède sa
dimension pétrinienne " (MD 27).
L’Église –
sacrement universel du salut
774 Le
mot grec mysterion a été traduit en latin par deux termes :
mysterium et sacramentum. Dans l’interprétation
ultérieure, le terme sacramentum exprime davantage le signe
visible de la réalité cachée du salut, indiquée par le terme
mysterium. En ce sens, le Christ est Lui-même le mystère du
salut : " Non est enim aliud Dei mysterium, nisi Christus " (" Il
n’y a pas d’autre mystère que le Christ ", S. Augustin, ep. 187, 11,
34 : PL 33, 845). L’œuvre salvifique de son humanité sainte et
sanctifiante est le sacrement du salut qui se manifeste et agit dans
les sacrements de l’Église (que les Églises d’Orient appellent aussi
" les saints mystères "). Les sept sacrements sont les signes et les
instruments par lesquels l’Esprit Saint répand la grâce du Christ,
qui est la Tête, dans l’Église qui est son Corps. L’Église contient
donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie. C’est en ce
sens analogique qu’elle est appelée " sacrement ".
775
" L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement,
c’est-à-dire à la fois le signe et l’instrument de l’union intime
avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain " (LG 1) : Être le
sacrement de l’union intime des hommes avec Dieu : c’est là
le premier but de l’Église. Parce que la communion entre les hommes
s’enracine dans l’union avec Dieu, l’Église est aussi le sacrement
de l’unité du genre humain. En elle, cette unité est déjà
commencée puisqu’elle rassemble des hommes " de toute nation, race,
peuple et langue " (Ap 7, 9) ; en même temps, l’Église est " signe
et instrument " de la pleine réalisation de cette unité qui doit
encore venir.
776 Comme
sacrement, l’Église est instrument du Christ. " Entre ses mains elle
est l’instrument de la Rédemption de tous les hommes " (LG 9), " le
sacrement universel du salut " (LG 48), par lequel le Christ
" manifeste et actualise l’amour de Dieu pour les hommes " (GS 45, §
1). Elle " est le projet visible de l’amour de Dieu pour
l’humanité " (Paul VI, discours 22 juin 1973) qui veut " que le
genre humain tout entier constitue un seul Peuple de Dieu, se
rassemble dans le Corps unique du Christ, soit construit en un seul
temple du Saint-Esprit " (AG 7 ; cf. LG 17).
EN BREF
777
Le mot " Église " signifie " convocation ". Il désigne l’assemblée
de ceux que la Parole de Dieu convoque pour former le Peuple de Dieu
et qui, nourris du Corps du Christ, deviennent eux-mêmes Corps du
Christ
778
L’Église est à la fois chemin et but du dessein de Dieu : préfigurée
dans la création, préparée dans l’Ancienne Alliance, fondée par les
paroles et les actions de Jésus-Christ, réalisée par sa Croix
rédemptrice et sa Résurrection, elle est manifestée comme mystère de
salut par l’effusion de l’Esprit Saint. Elle sera consommée dans la
gloire du ciel comme assemblée de tous les rachetés de la terre (cf.
Ap 14, 4).
779
L’Église est à la fois visible et spirituelle, société hiérarchique
et Corps Mystique du Christ. Elle est une, formée d’un double
élément humain et divin. C’est là son mystère que seule la foi peut
accueillir.
780
L’Église est dans ce monde-ci le sacrement du salut, le signe et
l’instrument de la communion de Dieu et des hommes.
Paragraphe 2.
L’ÉGLISE – PEUPLE DE DIEU, CORPS DU CHRIST, TEMPLE DE L’ESPRIT SAINT
I. L’Église –
Peuple de Dieu
781 " A
toute époque, à la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour
agréable quiconque le craint et pratique la justice. Cependant, il a
plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le
salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu au contraire
en faire un Peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le
servirait dans la sainteté. C’est pourquoi il s’est choisi le Peuple
d’Israël pour être son Peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a
progressivement instruit (...). Tout cela cependant n’était que pour
préparer et figurer l’Alliance Nouvelle et parfaite qui serait
conclue dans le Christ (...). C’est la Nouvelle Alliance dans son
sang, appelant un Peuple, venu des Juifs et des païens, à se
rassembler dans l’unité, non pas selon la chair, mais dans
l’Esprit " (LG 9).
Les
caractéristiques du Peuple de Dieu
782 Le
Peuple de Dieu a des caractéristiques qui le distinguent nettement
de tous les groupements religieux, ethniques, politiques ou
culturels de l’histoire :
– Il est le
Peuple de Dieu : Dieu n’appartient en propre à aucun peuple.
Mais Il s’est acquis un peuple de ceux qui autrefois n’étaient pas
un peuple : " une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte "
(1 P 2, 9).
– On devient
membre de ce Peuple non par la naissance physique, mais par la
" naissance d’en haut ", " de l’eau et de l’Esprit " (Jn 3, 3-5),
c’est-à-dire par la foi au Christ et le Baptême.
– Ce Peuple a
pour Chef [Tête] Jésus le Christ [Oint, Messie] : parce que
la même Onction, l’Esprit Saint, découle de la Tête dans le Corps,
il est " le Peuple messianique ".
– " La
condition de ce Peuple, c’est la dignité de la liberté des fils
de Dieu : dans leurs cœurs, comme dans un temple, réside l’Esprit
Saint ".
– " Sa loi,
c’est le commandement nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous
a aimés (cf. Jn 13, 34) ". C’est la loi " nouvelle " de l’Esprit
Saint (Rm 8, 2 ; Ga 5, 25).
– Sa mission,
c’est d’être le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5,
13-16). " Il constitue pour tout le genre humain le germe le plus
fort d’unité, d’espérance et de salut ".
– Sa destinée,
enfin, c’est le Royaume de Dieu, commencé sur la terre par Dieu
lui-même, Royaume qui doit se dilater de plus en plus, jusqu’à ce
que, à la fin des temps, il soit achevé par Dieu lui-même " (LG 9).
Un Peuple
sacerdotal, prophétique et royal
783
Jésus-Christ est celui que le Père a oint de l’Esprit Saint et qu’il
a constitué " Prêtre, Prophète et Roi ". Le Peuple de Dieu tout
entier participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les
responsabilités de mission et de service qui en découlent (cf. RH
18-21).
784 En
entrant dans le Peuple de Dieu par la foi et le Baptême, on reçoit
part à la vocation unique de ce Peuple : à sa vocation
sacerdotale : " Le Christ Seigneur, grand prêtre pris d’entre
les hommes a fait du Peuple nouveau ‘un royaume, des prêtres pour
son Dieu et Père’. Les baptisés, en effet, par la régénération et
l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une
demeure spirituelle et un sacerdoce saint " (LG 10).
785 " Le
Peuple saint de Dieu participe aussi à la fonction prophétique
du Christ ". Il l’est surtout :par le sens surnaturel de la foi qui
est celui du Peuple tout entier, laïcs et hiérarchie, lorsqu’il
" s’attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois
pour toutes " (LG 12) et en approfondit l’intelligence et devient
témoin du Christ au milieu de ce monde
786 Le
Peuple de Dieu participe enfin à la fonction royale du
Christ. Le Christ exerce sa royauté en attirant à soi tous les
hommes par sa mort et sa Résurrection (cf. Jn 12, 32). Le Christ,
Roi et Seigneur de l’univers, s’est fait le serviteur de tous,
n’étant " pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner
sa vie en rançon pour la multitude " (Mt 20, 28). Pour le chrétien,
" régner, c’est le servir " (LG 36), particulièrement " dans les
pauvres et les souffrants, dans lesquels l’Église reconnaît l’image
de son Fondateur pauvre et souffrant " (LG 8). Le Peuple de Dieu
réalise sa " dignité royale " en vivant conformément à cette
vocation de servir avec le Christ.
De tous les
régénérés dans le Christ le signe de la Croix fait des rois,
l’onction du Saint-Esprit les consacre comme prêtres, afin que, mis
à part le service particulier de notre ministère, tous les chrétiens
spirituels et usant de leur raison se reconnaissent membres de cette
race royale et participants de la fonction sacerdotale. Qu’y a-t-il,
en effet, d’aussi royal pour une âme que de gouverner son corps dans
la soumission à Dieu ? Et qu’y a-t-il d’aussi sacerdotal que de
vouer au Seigneur une conscience pure et d’offrir sur l’autel de son
cœur les victimes sans taches de la piété ? (S. Léon le Grand, serm.
4, 1 : PL 54, 149).
II. L’Église –
Corps du Christ
L’Église est
communion avec Jésus
787 Dès
le début, Jésus a associés ses disciples à sa vie (cf. Mc 1, 16-20 ;
3, 13-19) ; il leur a révélé le mystère du Royaume (cf. Mt 13,
10-17) ; il leur a donné part à sa mission, à sa joie (cf. Lc 10,
17-20) et à ses souffrances (cf. Lc 22, 28-30). Jésus parle d’une
communion encore plus intime entre Lui et ceux qui le suivraient :
" Demeurez en moi, comme moi en vous (...). Je suis le cep, vous
êtes les sarments " (Jn 15, 4-5). Et Il annonce une communion
mystérieuse et réelle entre son propre corps et le nôtre : " Qui
mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui " (Jn
6, 56).
788
Lorsque sa présence visible leur a été enlevée, Jésus n’a pas laissé
orphelins ses disciples (cf. Jn 14, 18). Il leur a promis de rester
avec eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20), il leur a envoyé
son Esprit (cf. Jn 20, 22 ; Ac 2, 33). La communion avec Jésus en
est devenue, d’une certaine façon, plus intense : " En communiquant
son Esprit à ses frères, qu’il rassemble de toutes les nations, Il
les a constitués mystiquement comme son corps " (LG 7).
789 La
comparaison de l’Église avec le corps jette une lumière sur le lien
intime entre l’Église et le Christ. Elle n’est pas seulement
rassemblée autour de lui ; elle est unifiée en lui,
dans son Corps. Trois aspects de l’Église – Corps du Christ sont
plus spécifiquement à relever : l’unité de tous les membres entre
eux par leur union au Christ ; le Christ Tête du Corps ; l’Église,
Épouse du Christ.
" Un seul
corps "
790 Les
croyants qui répondent à la Parole de Dieu et deviennent membres du
Corps du Christ, deviennent étroitement unis au Christ : " Dans ce
corps la vie du Christ se répand à travers les croyants que les
sacrements, d’une manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ
souffrant et glorifié " (LG 7). Ceci est particulièrement vrai du
Baptême par lequel nous sommes unis à la mort et à la Résurrection
du Christ (cf. Rm 6, 4-5 ; 1 Co 12, 13), et de l’Eucharistie, par
laquelle, " participant réellement au corps du Christ ", " nous
sommes élevés à la communion avec Lui et entre nous " (LG 7).
791
L’unité du corps n’abolit pas la diversité des membres : " Dans
l’édification du corps du Christ règne une diversité de membres et
de fonctions. Unique est l’Esprit qui distribue des dons variés pour
le bien de l’Église à la mesure de ses richesses et des exigences
des services " . L’unité du Corps mystique produit et stimule entre
les fidèles la charité : " Aussi un membre ne peut souffrir, que
tous les membres ne souffrent, un membre ne peut être à l’honneur,
que tous les membres ne se réjouissent avec lui " (LG 7). Enfin,
l’unité du Corps mystique est victorieuse de toutes les divisions
humaines : " Vous tous, en effet, baptisés dans le Christ, vous avez
revêtu le Christ ; il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni
homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites
qu’un dans le Christ Jésus " (Ga 3, 27-28).
" De ce Corps,
le Christ est la Tête "
792 Le
Christ " est la Tête du Corps qui est l’Église " (Col 1, 18). Il est
le Principe de la création et de la rédemption. Élevé dans la gloire
du Père, " Il a en tout la primauté " (Col 1, 18), principalement
sur l’Église par laquelle il étend son règne sur toute chose :
793 Il nous
unit à sa Pâque : Tous les membres doivent s’efforcer de lui
ressembler " jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux " (Ga 4,
19). " C’est dans ce but que nous sommes introduits dans les
mystères de sa vie, (...) associés à ses souffrances comme le corps
à la tête, unis à sa passion pour être unis à sa gloire " (LG 7).
794 Il
pourvoit à notre croissance (cf. Col 2, 19) : Pour nous faire
grandir vers lui, notre Tête (cf. Ep 4, 11-16), le Christ dispose
dans son corps, l’Église, les dons et les services par lesquels nous
nous aidons mutuellement sur le chemin du salut.
795 Le
Christ et l’Église, c’est donc le " Christ total " (Christus
totus). L’Église est une avec le Christ. Les saints ont une
conscience très vive de cette unité :
Félicitons-nous
donc et rendons grâces de ce que nous sommes devenus, non seulement
des chrétiens, mais le Christ lui-même. Comprenez-vous, frères, la
grâce que Dieu nous a faite en nous donnant le Christ comme Tête ?
Soyez dans l’admiration et réjouissez-vous, nous sommes devenus le
Christ. En effet, puisqu’il est la Tête et que nous sommes les
membres, l’homme tout entier, c’est lui et nous (...). La plénitude
du Christ, c’est donc la Tête et les membres ; qu’est-ce à dire : la
Tête et les membres ? Le Christ et l’Église (S. Augustin, ev. Jo.
21, 8).
Notre Rédempteur
s’est montré comme une seule et même personne que l’Église qu’il a
assumée (S. Grégoire le Grand, mor. præf. 1, 6, 4 : PL 75, 525A).
Tête et membres,
une seule et même personne mystique pour ainsi dire (S. Thomas d’A.,
s. th. 3, 48, 2, ad 1).
Un mot de Ste
Jeanne d’Arc à ses juges résume la foi des saints Docteurs et
exprime le bon sens du croyant : " De Jésus-Christ et de l’Église,
il m’est avis que c’est tout un, et qu’il n’en faut pas faire
difficulté " (Jeanne d’Arc, proc.).
L’Église est
l’Épouse du Christ
796
L’unité du Christ et de l’Église, Tête et membres du Corps, implique
aussi la distinction des deux dans une relation personnelle. Cet
aspect est souvent exprimé par l’image de l’époux et de l’épouse. Le
thème du Christ Époux de l’Église a été préparé par les prophètes et
annoncé par Jean-Baptiste (cf. Jn 3, 29). Le Seigneur s’est lui-même
désigné comme " l’Époux " (Mc 2, 19 ; cf. Mt 22, 1-14 ; 25, 1-13).
L’apôtre présente l’Église et chaque fidèle, membre de son Corps,
comme une Épouse " fiancée " au Christ Seigneur, pour n’être avec
Lui qu’un seul Esprit (cf. 1 Co 6, 15-16 ; 2 Co 11, 2). Elle
estl’Épouse immaculée de l’Agneau immaculé (cf. Ap 22, 17 ; Ep 1,
4 ; 5, 27) que le Christ a aimée, pour laquelle Il s’est livré
" afin de la sanctifier " (Ep 5, 26), qu’Il s’est associée par une
alliance éternelle, et dont Il ne cesse de prendre soin comme de son
propre Corps (cf. Ep 5, 29) :
Voilà le Christ
total, Tête et Corps, un seul formé de beaucoup. (...) Que ce soit
la Tête qui parle, que ce soit les membres, c’est le Christ qui
parle. Il parle en tenant le rôle de la Tête (ex persona capitis)
ou bien en tenant le rôle du Corps (ex persona corporis).
Selon ce qui est écrit : " Ils seront deux en une seule chair. C’est
là un grand mystère, je veux dire en rapport avec le Christ et
l’Église " (Ep 5, 31-32). Et le Seigneur lui-même dans l’Évangile :
" Non plus deux, mais une seule chair " (Mt 19, 6). Comme vous
l’avez vu, il y a bien en fait deux personnes différentes, et
cependant, elles ne font qu’un dans l’étreinte conjugale. (...)
En tant que Tête il se dit " Époux ", en tant que Corps il se dit
" Épouse " (S. Augustin, Psal. 74, 4).
III. L’Église –
Temple de l’Esprit Saint
797 " Ce
que notre esprit, je veux dire notre âme, est à nos membres,
l’Esprit Saint l’est aux membres du Christ, au Corps du Christ, je
veux dire l’Église " (S. Augustin, serm. 267, 4 : PL 38, 1231D).
" C’est à l’Esprit du Christ comme à un principe caché qu’il faut
attribuer que toutes les parties du Corps soient reliées, aussi bien
entre elles qu’avec leur Tête suprême, puisqu’il réside tout entier
dans la Tête, tout entier dans le Corps, tout entier dans chacun de
ses membres " (Pie XII, Enc. " Mystici Corporis " : DS 3808).
L’Esprit Saint fait de l’Église " le Temple du Dieu Vivant " (2 Co
6, 16 ; cf. 1 Co 3, 16-17 ; Ep 2, 21) :
C’est à l’Église
elle-même, en effet, qu’a été confié le Don de Dieu. (...) C’est en
elle qu’a été déposée la communion avec le Christ, c’est-à-dire
l’Esprit Saint, arrhes de l’incorruptibilité, confirmation de notre
foi et échelle de notre ascension vers Dieu (...) Car là où est
l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ; et là où est l’Esprit de
Dieu, là est l’Église et toute grâce (S. Irénée, hær. 3, 24, 1).
798
L’Esprit Saint est " le Principe de toute action vitale et vraiment
salutaire en chacune des diverses parties du Corps " (Pie XII, enc.
" Mystici Corporis " : DS 3808). Il opère de multiples manières
l’édification du Corps tout entier dans la charité (cf. Ep 4, 16) :
par la Parole de Dieu, " qui a la puissance de construire
l’édifice " (Ac 20, 32), par le Baptême par lequel il forme le Corps
du Christ (cf. 1 Co 12, 13) ; par les sacrements qui donnent
croissance et guérison aux membres du Christ ; par " la grâce
accordée aux apôtres qui tient la première place parmi ses dons "
(LG 7), par les vertus qui font agir selon le bien, enfin par les
multiples grâces spéciales [appelés " charismes "] par lesquels il
rend les fidèles " aptes et disponibles pour assumer les diverses
charges et offices qui servent à renouveler et à édifier davantage
l’Église " (LG 12 ; cf. AA 3).
Les charismes
799
Extraordinaires ou simples et humbles, les charismes sont des grâces
de l’Esprit Saint qui ont, directement ou indirectement, une utilité
ecclésiale, ordonnés qu’ils sont à l’édification de l’Église, au
bien des hommes et aux besoins du monde.
800 Les
charismes sont à accueillir avec reconnaissance par celui qui les
reçoit, mais aussi par tous les membres de l’Église. Ils sont, en
effet, une merveilleuse richesse de grâce pour la vitalité
apostolique et pour la sainteté de tout le Corps du Christ ; pourvu
cependant qu’il s’agisse de dons qui proviennent véritablement de
l’Esprit Saint et qu’ils soient exercés de façon pleinement conforme
aux impulsions authentiques de ce même Esprit, c’est-à-dire selon la
charité, vraie mesure des charismes (cf. 1 Co 13).
801 C’est dans
ce sens qu’apparaît toujours nécessaire le discernement des
charismes. Aucun charisme ne dispense de la référence et de la
soumission aux Pasteurs de l’Église. " C’est à eux qu’il convient
spécialement, non pas d’éteindre l’Esprit, mais de tout éprouver
pour retenir ce qui est bon " (LG 12), afin que tous les charismes
coopèrent, dans leur diversité et leur complémentarité, au " bien
commun " (1 Co 12, 7) (cf. LG 30 ; CL 24).
EN BREF
802 " Le Christ Jésus s’est livré
pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier
un Peuple qui lui
appartienne en propre " (Tt 2, 14).
803
" Vous êtes donc une race élue, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un Peuple acquis " (1 P 2, 9).
804
On entre dans le Peuple de Dieu par la foi et le Baptême. " Tous les
hommes sont appelés à faire partie du Peuple de Dieu " (LG 13), afin
que, dans le Christ, " les hommes constituent une seule famille et
un seul Peuple de Dieu " (AG 1).
805
L’Église est le Corps du Christ. Par l’Esprit et son action dans les
sacrements, surtout l’Eucharistie, le Christ mort et ressuscité
constitue la communauté des croyants comme son Corps.
806
Dans l’unité de ce Corps, il y a diversité de membres et des
fonctions. Tous les membres sont liés les uns aux autres,
particulièrement à ceux qui souffrent, sont pauvres et persécutés.
807
L’Église est ce Corps dont le Christ est la Tête : elle vit de Lui,
en Lui et pour Lui ; Il vit avec elle et en elle.
808
L’Église est l’Épouse du Christ : Il l’a aimée et s’est livré pour
elle. Il l’a purifiée par son sang. Il a fait d’elle la Mère féconde
de tous les fils de Dieu.
809
L’Église est le Temple de l’Esprit Saint. L’Esprit est comme l’âme
du Corps Mystique, principe de sa vie, de l’unité dans la diversité
et de la richesse de ses dons et charismes.
810
" Ainsi l’Église universelle apparaît comme ‘un Peuple qui tire son
unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint’ (S.
Cyprien, Dom. orat. 23 : PL 4, 535C-536A) " (LG 4).
Paragraphe 3.
L’ÉGLISE EST UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE
811
" C’est là l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le
symbole qu’elle est une, sainte, catholique et apostolique " (LG 8).
Ces quatre attributs, inséparablement liés entre eux (cf. DS 2888),
indiquent des traits essentiels de l’Église et de sa mission.
L’Église ne les tient pas d’elle-même ; c’est le Christ qui, par
l’Esprit Saint, donne à son Église, d’être une, sainte, catholique
et apostolique, et c’est Lui encore qui l’appelle à réaliser chacune
de ces qualités.
812 Seule
la foi peut reconnaître que l’Église tient ces propriétés de sa
source divine. Mais leurs manifestations historiques sont des signes
qui parlent aussi clairement à la raison humaine. " L’Église,
rappelle le premier Concile du Vatican, en raison de sa sainteté, de
son unité catholique, de sa constance invaincue, est elle-même un
grand et perpétuel motif de crédibilité et une preuve irréfragable
de sa mission divine " (DS 3013).
I. L’Église est
une
" Le mystère
sacré de l’Unité de l’Église "
(UR 2)
813 L’Église
est une de par sa source : " De ce mystère, le modèle suprême et
le principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu
Père, et Fils, en ‘l’Esprit Saint " (UR 2). L’Église est une de
par son Fondateur : " Car le Fils incarné en personne a
réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant
l’unité de tous en un seul Peuple et un seul Corps " (GS 78, §3).
L’Église est une de par son " âme " : " L’Esprit Saint qui
habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église,
réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si
intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’Unité de
l’Église " (UR 2). Il est donc de l’essence même de l’Église d’être
une :
Quel étonnant
mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de
l’univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a
aussi une seule vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église
(S. Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6).
814 Dès
l’origine, cette Église une se présente cependant avec une grande
diversité qui provient à la fois de la variété des dons de Dieu
et de la multiplicité des personnes qui les reçoivent. Dans l’unité
du Peuple de Dieu se rassemblent les diversités des peuples et des
cultures. Entre les membres de l’Église existe une diversité de
dons, de charges, de conditions et de modes de vie ; " au sein de la
communion de l’Église il existe légitimement des Églises
particulières, jouissant de leurs traditions propres " (LG 13). La
grande richesse de cette diversité ne s’oppose pas à l’unité de
l’Église. Cependant, le péché et le poids de ses conséquences
menacent sans cesse le don de l’unité. Aussi l’apôtre doit-il
exhorter à " garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix " (Ep
4, 3).
815 Quels
sont ces liens de l’unité ? " Par-dessus tout [c’est] la charité,
qui est le lien de la perfection " (Col 3, 14). Mais l’unité de
l’Église pérégrinante est assurée aussi par des liens visibles de
communion :
– la profession
d’une seule foi reçue des apôtres ;
– la célébration
commune du culte divin, surtout des sacrements ;
– la succession
apostolique par le sacrement de l’ordre, maintenant la concorde
fraternelle de la famille de Dieu (cf. UR 2 ; LG 14 ;
⇒ CIC, can. 205).
816
" L’unique Église du Christ, (...) est celle que notre Sauveur,
après sa Résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur,
qu’il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et
la diriger (...). Cette Église comme société constituée et organisée
dans le monde est réalisée dans (subsistit in) l’Église
catholique gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui
sont en communion avec lui " (LG 8) :
Le Décret sur
l’Œcuménisme du deuxième Concile du Vatican explicite : " C’est, en
effet, par la seule Église catholique du Christ, laquelle est ‘moyen
général de salut’, que peut s’obtenir toute la plénitude des moyens
de salut. Car c’est au seul collège apostolique, dont Pierre est le
chef, que le Seigneur confia, selon notre foi, toutes les richesses
de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul
Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous
ceux qui, d’une certaine façon, appartiennent déjà au Peuple de
Dieu " (UR 3).
Les blessures de
l’unité
817 De
fait, " dans cette seule et unique Église de Dieu apparurent dès
l’origine certaines scissions, que l’apôtre réprouve avec vigueur
comme condamnables ; au cours des siècles suivants naquirent des
dissensions plus amples, et des communautés considérables furent
séparées de la pleine communion de l’Église catholique, parfois de
par la faute des personnes de l’une et de l’autre partie " (UR 3).
Les ruptures qui blessent l’unité du Corps du Christ (on distingue
l’hérésie, l’apostasie et le schisme [cf.
⇒ CIC, can. 751]) ne se font pas sans les péchés des
hommes :
Où se trouve le
péché, là aussi la multiplicité, là le schisme, là l’hérésie, là le
conflit ; mais où se trouve la vertu, là aussi l’unité, là l’union
qui faisait que tous les croyants n’avaient qu’un corps et une âme
(Origène, hom. in Ezech. 9, 1).
818 Ceux
qui naissent aujourd’hui dans des communautés issues de telles
ruptures " et qui vivent la foi au Christ, ne peuvent être accusés
de péché de division, et l’Église catholique les entoure de respect
fraternel et de charité (...). Justifiés par la foi reçue au
Baptême, incorporés au Christ, ils portent à juste titre le nom de
chrétiens, et les fils de l’Église catholique les reconnaissent à
bon droit comme des frères dans le Seigneur " (UR 3).
819 Au
surplus, " beaucoup d’éléments de sanctification et de vérité " (LG
8) existent en dehors des limites visibles de l’Église catholique :
" la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l’espérance
et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres
éléments visibles " (UR 3 ; cf. LG 15). L’Esprit du Christ se sert
de ces Églises et communautés ecclésiales comme moyens de salut dont
la force vient de la plénitude de grâce et de vérité que le Christ a
confié à l’Église catholique. Tous ces biens proviennent du Christ
et conduisent à lui (cf. UR 3) et appellent par eux-mêmes " l’unité
catholique " (LG 8).
Vers l’unité
820
L’unité, " le Christ l’a accordée à son Église dès le commencement.
Nous croyons qu’elle subsiste de façon inamissible dans l’Église
catholique et nous espérons qu’elle s’accroîtra de jour en jour
jusqu’à la consommation des siècles " (UR 4). Le Christ donne
toujours à son Église le don de l’unité, mais l’Église doit toujours
prier et travailler pour maintenir, renforcer et parfaire l’unité
que le Christ veut pour elle. C’est pourquoi Jésus lui-même a prié à
l’heure de sa passion, et Il ne cesse de prier le Père pour l’unité
de ses disciples : " ... Que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es
en Moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient un en Nous, afin que le
monde croie que Tu M’as envoyé " (Jn 17, 21). Le désir de retrouver
l’unité de tous les chrétiens est un don du Christ et un appel de
l’Esprit Saint (cf. UR 1).
821 Pour
y répondre adéquatement sont exigés :
– un
renouveau permanent de l’Église dans une fidélité plus grande à
sa vocation. Cette rénovation est le ressort du mouvement vers
l’unité (cf. UR 6) ;
– la
conversion du cœur " en vue de vivre plus purement selon
l’Évangile " (cf. UR 7), car c’est l’infidélité des membres au don
du Christ qui cause les divisions ;
– la prière
en commun, car " la conversion du cœur et la sainteté de vie,
unies aux prières publiques et privées pour l’unité des chrétiens,
doivent être regardées comme l’âme de tout œcuménisme et peuvent
être à bon droit appelées œcuménisme spirituel " (UR 8) ;
– la
connaissance réciproque fraternelle (cf. UR 9) ;
– la
formation œcuménique des fidèles et spécialement des prêtres
(cf. UR 10) ;
– le dialogue
entre les théologiens et les rencontres entre les chrétiens des
différentes Églises et communautés (cf. UR 4 ; 9 ; 11) ;
– la
collaboration entre chrétiens dans les divers domaines du
service des hommes (cf. UR 12).
822 Le
souci de réaliser l’union " concerne toute l’Église, fidèles et
pasteurs " (UR 5). Mais il faut aussi " avoir conscience que ce
projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité
d’une seule et unique Église du Christ, dépasse les forces et les
capacités humaines " C’est pourquoi nous mettons tout notre espoir
" dans la prière du Christ pour l’Église, dans l’amour du Père à
notre égard, et dans la puissance du Saint-Esprit " (UR 24).
II. L’Église est
sainte
823
" L’Église (...) est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En
effet le Christ, Fils de Dieu, qui, avec le Père et l’Esprit, est
proclamé ‘seul Saint’, a aimé l’Église comme son épouse, il s’est
livré pour elle afin de la sanctifier, il se l’est unie comme son
Corps et l’a comblée du don de l’Esprit Saint pour la gloire de
Dieu " (LG 39). L’Église est donc " le Peuple saint de Dieu " (LG
12), et ses membres sont appelés " saints " (cf. Ac 9, 13 ; 1 Co 6,
1 ; 16, 1).
824
L’Église, unie au Christ, est sanctifiée par Lui ; par Lui et en Lui
elle devient aussi sanctifiante. " Toutes les œuvres de
l’Église tendent comme à leur fin, à la sanctification des hommes
dans le Christ et à la glorification de Dieu " (SC 10). C’est dans
l’Église qu’est déposée " la plénitude des moyens de salut " (UR 3).
C’est en elle que " nous acquérons la sainteté par la grâce de
Dieu " (LG 48).
825 " Sur
terre, l’Église est parée d’une sainteté véritable, bien
qu’imparfaite " (LG 48). En ses membres, la sainteté parfaite est
encore à acquérir : " Pourvue de moyens salutaires d’une telle
abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ,
quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés
par Dieu chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est
celle même du Père " (LG 11).
826 La
charité est l’âme de la sainteté à laquelle tous sont appelés :
" Elle dirige tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme
et les conduit à leur fin " (LG 42) :
Je compris que
si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus
nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris
que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour.
Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de
l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les apôtres
n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser
leur sang (...). Je compris que l’Amour renfermait toutes
les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les
temps et tous les lieux (...) en un mot, qu’il est éternel !
(Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, ms. autob. B 3v).
827
" Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement
pour expier les péchés du peuple, n’a pas connu le péché, l’Église,
elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est
donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit
constamment son effort de pénitence et de renouvellement " (LG 8 ;
cf. UR 3 ; 6). Tous les membres de l’Église, ses ministres y
compris, doivent se reconnaître pécheurs (cf. 1 Jn 1, 8-10). En
tous, l’ivraie du péché se trouve encore mêlée au bon grain de
l’Évangile jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 13, 24-30). L’Église
rassemble donc des pécheurs saisis par le salut du Christ mais
toujours en voie de sanctification :
L’Église est
sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle
n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce : c’est en vivant de
sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa
vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le
rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait
pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses
enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit Saint (SPF 19).
828 En
canonisant certains fidèles, c’est-à-dire en proclamant
solennellement que ces fidèles ont pratiqué héroïquement les vertus
et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église reconnaît la
puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient
l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et
intercesseurs (cf. LG 40 ; 48-51). " Les saints et les saintes ont
toujours été source et origine de renouvellement dans les moments
les plus difficiles de l’histoire de l’Église " (CL 16, 3). En
effet, " la sainteté est la source secrète et la mesure infaillible
de son activité apostolique et de son élan missionnaire " (CL 17,
3).
829 " En
la personne de la bienheureuse Vierge l’Église atteint déjà à la
perfection qui la fait sans tache ni ride. Les fidèles du Christ,
eux, sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté
par la victoire sur le péché : c’est pourquoi ils lèvent leurs yeux
vers Marie " (LG 65) : en elle, l’Église est déjà la toute sainte.
III. L’Église
est Catholique
Que veut dire
" catholique " ?
830 Le
mot " catholique " signifie " universel " dans le sens de " selon la
totalité " ou " selon l’intégralité ". L’Église est catholique dans
un double sens :
Elle est
catholique parce qu’en elle le Christ est présent. " Là où est le
Christ Jésus, là est l’Église Catholique " (S. Ignace d’Antioche,
Smyrn. 8, 2). En elle subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à
sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu’elle reçoive de lui
" la plénitude des moyens de salut " (AG 6) qu’Il a voulus :
confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et
ministère ordonné dans la succession apostolique. L’Église était, en
ce sens fondamental, catholique au jour de la Pentecôte (cf. AG 4)
et elle le sera toujours jusqu’au jour de la Parousie.
831 Elle
est catholique parce qu’elle est envoyée en mission par le Christ à
l’universalité du genre humain (cf. Mt 28, 19) :
Tous les hommes
sont appelés à faire partie du Peuple de Dieu. C’est pourquoi ce
Peuple, demeurant un et unique, est destiné à se dilater aux
dimensions de l’univers entier et à toute la suite des siècles pour
que s’accomplisse ce que s’est proposé la volonté de Dieu créant à
l’origine la nature humaine dans l’unité, et décidant de rassembler
enfin dans l’unité ses fils dispersés (...). Ce caractère
d’universalité qui brille sur le Peuple de Dieu est un don du
Seigneur lui-même, grâce auquel l’Église catholique, efficacement et
perpétuellement, tend à récapituler l’humanité entière avec tout ce
qu’elle comporte de biens sous le Christ chef, dans l’unité de son
Esprit (LG 13).
Chaque Église
particulière est " catholique "
832
" L’Église du Christ est vraiment présente en tous les légitimes
groupements locaux de fidèles qui, unis à leurs pasteurs, reçoivent,
dans le Nouveau Testament, eux aussi, le nom d’Églises (...). En
elles, les fidèles sont rassemblés par la prédication de l’Évangile
du Christ, le mystère de la Cène du Seigneur est célébré (...). Dans
ces communautés, si petites et pauvres qu’elles puissent être
souvent ou dispersées, le Christ est présent par la vertu de qui se
constitue l’Église une, sainte, catholique et apostolique " (LG 26).
833 On
entend par Église particulière, qui est d’abord le diocèse (ou
l’éparchie), une communauté de fidèles chrétiens en communion dans
la foi et les sacrements avec leur évêque ordonné dans la succession
apostolique (cf. CD 11 ;
⇒ CIC, can. 368-369; CCEO 177, 1 ; 178 ; 311, 1 ; 312).
Ces Églises particulières " sont formées à l’image de l’Église
universelle ; c’est en elles et à partir d’elles qu’existe l’Église
catholique une et unique " (LG 23).
834 Les
Églises particulières sont pleinement catholiques par la communion
avec l’une d’entre elles : l’Église de Rome " qui préside à la
charité " (S. Ignace d’Antioche, Rom. 1, 1). " Car avec cette
Église, en raison de son origine plus excellente doit nécessairement
s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout " (S.
Irénée, hær. 3, 3, 2 : repris par Cc. Vatican I : DS 3057). " En
effet, dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les
Églises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Église
qui est ici [à Rome] pour unique base et fondement parce que, selon
les promesses mêmes du Sauveur, les portes de l’enfer n’ont jamais
prévalu sur elle " (S. Maxime le Confesseur, opusc. : PG 91,
137-140).
835
" L’Église universelle ne doit pas être comprise comme une simple
somme ou fédération d’églises particulières. Mais c’est bien plus
l’Église, universelle par vocation et mission, qui prend racine dans
une variété de terrains culturels, sociaux et humains, prenant dans
chaque partie du monde des aspects et des formes d’expression
diverses " (EN 62). La riche variété de disciplines ecclésiastiques,
de rites liturgiques, de patrimoines théologiques et spirituels
propres aux Églises locales " montre avec plus d’éclat, par leur
convergence dans l’unité, la catholicité de l’Église indivise " (LG
23).
Qui appartient à
l’Église catholique ?
836 " A
l’unité catholique du Peuple de Dieu (...) tous les hommes sont
appelés ; à cette unité appartiennent sous diverses formes ou sont
ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont
foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans exception que
la grâce de Dieu appelle au salut " (LG 13) :
837
" Sont incorporés pleinement à la société qu’est l’Église ceux qui,
ayant l’Esprit du Christ, acceptent intégralement son organisation
et tous les moyens de salut institués en elle, et qui, en outre,
grâce aux liens constitués par la profession de foi, les sacrements,
le gouvernement ecclésiastique et la communion, sont unis, dans
l’ensemble visible de l’Église, avec le Christ qui la dirige par le
Souverain Pontife et les évêques. L’incorporation à l’Église,
cependant, n’assure pas le salut pour celui qui, faute de persévérer
dans la charité, reste bien ‘de corps’ au sein de l’Église, mais non
‘de cœur’ "(LG 14).
838
" Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens
sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité
de communion avec le successeur de Pierre, l’Église se sait unie
pour de multiples raisons " (LG 15). " Ceux qui croient au Christ et
qui ont reçu validement le Baptême, se trouvent dans une certaine
communion, bien qu’imparfaite, avec l’Église catholique " (UR 3).
Avec les Églises orthodoxes, cette communion est si profonde
" qu’il lui manque bien peu pour qu’elle atteigne la plénitude
autorisant une célébration commune de l’Eucharistie du Seigneur "
(Paul VI, discours 14 décembre 1975 ; cf. UR 13-18).
L’Église et les
non-chrétiens
839
" Quant à ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes
diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu " (LG 16) :
Le
rapport de l’Église avec le Peuple Juif. L’Église, Peuple de
Dieu dans la Nouvelle Alliance, découvre, en scrutant son propre
mystère, son lien avec le Peuple Juif (cf. NA 4). " à qui Dieu a
parlé en premier " (MR, Vendredi Saint 13 : oraison universelle VI).
A la différence des autres religions non-chrétiennes la foi juive
est déjà réponse à la révélation de Dieu dans l’Ancienne Alliance.
C’est au Peuple Juif qu’" appartiennent l’adoption filiale, la
gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et
les patriarches, lui de qui est né, selon la chair le Christ " (Rm
9, 4-5) car " les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance " (Rm
11, 29).
840 Par
ailleurs, lorsque l’on considère l’avenir, le Peuple de Dieu de
l’Ancienne Alliance et le nouveau Peuple de Dieu tendent vers des
buts analogues : l’attente de la venue (ou du retour) du Messie.
Mais l’attente est d’un côté du retour du Messie, mort et
ressuscité, reconnu comme Seigneur et Fils de Dieu, de l’autre de la
venue du Messie, dont les traits restent voilés, à la fin des temps,
attente accompagnée du drame de l’ignorance ou de la méconnaissance
du Christ Jésus.
841 Les
relations de l’Église avec les musulmans. " Le dessein de salut
enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout
premier lieu les musulmans qui, en déclarant qu’ils gardent la foi
d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, juge
des hommes au dernier jour " (LG 16 ; cf. NA 3).
842 Le lien
de l’Église avec les religions non-chrétiennes est d’abord celui
de l’origine et de la fin communes du genre humain :
En effet, tous
les peuples forment une seule communauté ; ils ont une seule
origine, puisque Dieu a fait habiter toute la race humaine sur la
face de la terre ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont
la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut
s’étendent à tous, jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la
cité sainte (NA 1).
843
L’Église reconnaît dans les autres religions la recherche, " encore
dans les ombres et sous des images ", du Dieu inconnu mais proche
puisque c’est Lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses et
puisqu’il veut que tous les hommes soient sauvés. Ainsi, l’Église
considère tout ce qui peut se trouver de bon et de vrai dans les
religions " comme une préparation évangélique et comme un don de
Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie "
(LG 16 ; cf. NA 2 ; EN 53).
844 Mais
dans leur comportement religieux, les hommes montrent aussi des
limites et des erreurs qui défigurent en eux l’image de Dieu :
Bien souvent,
trompés par le malin, ils se sont égarés dans leurs raisonnements,
ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, en servant la
créature de préférence au Créateur ou bien vivant et mourant sans
Dieu en ce monde, ils sont exposés à l’extrême désespoir (LG 16).
845 C’est
pour réunir de nouveau tous ses enfants que le péché a dispersés et
égarés que le Père a voulu convoquer toute l’humanité dans l’Église
de son Fils. L’Église est le lieu où l’humanité doit retrouver son
unité et son salut. Elle est " le monde réconcilié " (S. Augustin,
serm. 96, 7, 9 : PL 38, 588). Elle est ce navire qui " navigue bien
en ce monde au souffle du Saint-Esprit sous la pleine voile de la
Croix du Seigneur " (S. Ambroise, virg. 18, 118 : PL 16, 297B) ;
selon une autre image chère aux Pères de l’Église, elle est figurée
par l’Arche de Noé qui seule sauve du déluge (cf. déjà 1 P 3,
20-21).
" Hors de
l’Église point de salut "
846
Comment faut-il entendre cette affirmation souvent répétée par les
Pères de l’Église ? Formulée de façon positive, elle signifie que
tout salut vient du Christ-Tête par l’Église qui est son Corps :
Appuyé sur la
Sainte Écriture et sur la Tradition, le Concile enseigne que cette
Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en
effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous
devient présent en son Corps qui est l’Église ; et en nous
enseignant expressément la nécessité de la foi et du Baptême, c’est
la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent
par la porte du Baptême, qu’il nous a confirmée en même temps. C’est
pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Église
catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de
Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être
sauvés (LG 14).
847 Cette
affirmation ne vise pas ceux qui, sans leur faute, ignorent le
Christ et son Église :
En effet, ceux
qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son
Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et
s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à
accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la
leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel (LG 16 ; cf. DS
3866-3872).
848
" Bien que Dieu puisse par des voies connues de lui seul amener à la
foi ‘sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu’ (He 11, 6)
des hommes qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile,
l’Église a le devoir en même temps que le droit sacré
d’évangéliser " (AG 7) tous les hommes.
La mission – une
exigence de la catholicité de l’Église
849 Le mandat
missionnaire. " Envoyée par Dieu aux nations pour être le
sacrement universel du salut, l’Église, en vertu des exigences
intimes de sa propre catholicité et obéissant au commandement de son
fondateur est tendue de tout son effort vers la prédication de
l’Évangile à tous les hommes " (AG 1) : " Allez donc, de toutes les
nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je
vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours,
jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 19-20).
850 L’origine
et le but de la mission. Le mandat missionnaire du Seigneur a sa
source ultime dans l’amour éternel de la Très Sainte Trinité : " De
par sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est
missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du
Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le
Père " (AG 2). Et but dernier de la mission n’est autre que de faire
participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le
Fils dans leur Esprit d’amour (cf. Jean-Paul II, RM 23).
851 Le motif
de la mission.. C’est de l’amour de Dieu pour tous les
hommes que l’Église a de tout temps tiré l’obligation et la force de
son élan missionnaire : " car l’amour du Christ nous presse... " (2
Co 5, 14 ; cf. AA 6 ; RM 11). En effet, " Dieu veut que tous les
hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité "
(1 Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la
vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à
la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ;
mais l’Église à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la
rencontre de leur désir pour la leur apporter. C’est parce qu’elle
croit au dessin universel de salut qu’elle doit être missionnaire.
852 Les
chemins de la mission." L’Esprit Saint est le protagoniste de
toute la mission ecclésiale " (RM 21). C’est lui qui conduit
l’Église sur les chemins de la mission. Celle-ci" continue et
développe au cours de l’histoire la mission du Christ lui-même, qui
fut envoyé pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle ; c’est donc
par la même route qu’a suivi le Christ lui-même que, sous la poussée
de l’Esprit du Christ, l’Église doit marcher, c’est-à-dire par la
route de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation
de soi jusqu’à la mort, dont il est sorti victorieux par sa
résurrection " (AG 5). C’est ainsi que " le sang des martyrs est une
semence de chrétiens " (Tertullien, apol. 50).
853 Mais
dans son pèlerinage l’Église fait aussi l’expérience de la
" distance qui sépare le message qu’elle révèle et la faiblesse
humaine de ceux auxquels cet Évangile est confié " (GS 43, § 6). Ce
n’est qu’en avançant sur le chemin " de la pénitence et du
renouvellement " (LG 8 ; cf. 15) et " par la porte étroite de la
Croix " (AG 1) que le Peuple de Dieu peut étendre le règne du Christ
(cf. RM 12-20). En effet, " comme c’est dans la pauvreté et la
persécution que le Christ a opéré la Rédemption, l’Église elle aussi
est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux
hommes les fruits du salut " (LG 8).
854 Par sa
mission même " l’Église fait route avec toute l’humanité et partage
le sort terrestre du monde ; elle est comme le ferment et, pour
ainsi dire, l’âme de la société humaine appelée à être renouvelée
dans le Christ et transformée en famille de Dieu " (GS 40, § 2).
L’effort missionnaire exige donc la patience. Il commence par
l’annonce de l’Évangile aux peuples et aux groupes qui ne croient
pas encore au Christ (cf. RM 42-47) ; il se poursuit dans
l’établissement de communautés chrétiennes qui soient des " signes
de la présence de Dieu dans le monde " (AG 15), et dans la fondation
d’Églises locales (cf. RM 48-49) ; il engage un processus
d’inculturation pour incarner l’Évangile dans les cultures des
peuples (cf. RM 52-54) ; il ne manquera pas de connaître aussi des
échecs. " En ce qui concerne les hommes, les groupes humains et les
peuples, l’Église ne les atteint et ne les pénètre que
progressivement, et les assume ainsi dans la plénitude catholique "
(AG 6).
855 La
mission de l’Église appelle l’effort vers l’unité des chrétiens
(cf. RM 50). En effet " les divisions entre chrétiens empêchent
l’Église de réaliser la plénitude de catholicité qui lui est propre
en ceux de ses fils qui, certes, lui appartiennent par le Baptême,
mais se trouvent séparés de sa pleine communion. Bien plus, pour
l’Église elle-même, il devient plus difficile d’exprimer sous tous
ses aspects la plénitude de la catholicité dans la réalité même de
sa vie " (UR 4).
856 La
tâche missionnaire implique un dialogue respectueux
avec ceux qui n’acceptent pas encore l’Évangile (cf. RM 55). Les
croyants peuvent tirer profit pour eux-mêmes de ce dialogue en
apprenant à mieux connaître " tout ce qui se trouvait déjà de vérité
et de grâce chez les nations comme par une secrète présence de
Dieu " (AG 9). S’ils annoncent la Bonne Nouvelle à ceux qui
l’ignorent, c’est pour consolider, compléter et élever la vérité et
le bien que Dieu a répandus parmi les hommes et les peuples, et pour
les purifier de l’erreur et du mal " pour la gloire de Dieu, la
confusion du démon et le bonheur de l’homme " (AG 9).
IV. L’Église est
apostolique
857
L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres,
et ceci en un triple sens :
– elle a été et
demeure bâtie sur " le fondement des apôtres " (Ep 2, 20 ; Ap 21,
14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même
(cf. Mt 28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ;
etc.) ;
– elle garde et
transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement
(cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des
apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ;
– elle continue
à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au
retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge
pastorale : le collège des évêques, " assisté par les prêtres, en
union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église "
(AG 5) :
Père éternel, tu
n’abandonnes pas ton troupeau, mais tu le gardes par tes bienheureux
apôtres sous ta constante protection. Tu le diriges encore par ces
mêmes pasteurs qui continuent aujourd’hui l’œuvre de ton Fils (MR,
Préface des apôtres).
La mission des
apôtres
858 Jésus
est l’Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il " appela à
lui ceux qu’il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et
pour les envoyer prêcher " (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses
" envoyés " (ce que signifie le mot grec apostoloi). En eux
continue sa propre mission : " Comme le Père m’a envoyé, moi aussi
je vous envoie " (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17, 18). Leur ministère
est donc la continuation de sa propre mission : " Qui vous
accueille, M’accueille ", dit-il aux Douze (Mt 10, 40 ; cf. Lc 10,
16).
859 Jésus
les unit à sa mission reçue du Père : comme " le Fils ne peut rien
faire de Lui-même " (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a
envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui
(cf. Jn 15, 5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le
pouvoir de l’accomplir. Les apôtres du Christ savent donc qu’ils
sont qualifiés par Dieu comme " ministres d’une alliance nouvelle "
(2 Co 3, 6), " ministres de Dieu " (2 Co 6, 4), " en ambassade pour
le Christ " (2 Co 5, 20), " serviteurs du Christ et dispensateurs
des mystères de Dieu " (1 Co 4, 1).
860 Dans
la charge des apôtres, il y a un aspect intransmissible : être les
témoins choisis de la Résurrection du Seigneur et les fondements de
l’Église. Mais il y a aussi un aspect permanent de leur charge. Le
Christ leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin des
temps (cf. Mt 28, 20). " La mission divine confiée par Jésus aux
apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles, étant donné
que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe
de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les
apôtres prirent soin d’instituer (...) des successeurs " (LG 20).
Les évêques
successeurs des apôtres
861
" Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer
après leur mort, les apôtres donnèrent mandat, comme par testament,
à leurs coopérateurs immédiats d’achever leur tâche et d’affermir
l’œuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au
troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués pour paître
l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et
disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés
recueilleraient leur ministère " (LG 20 ; cf. S. Clément de Rome,
Cor. 42 ; 44).
862 " De
même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre,
le premier des apôtres, et destinée à être transmise à ses
successeurs, constitue une charge permanente, permanente est
également la charge confiée aux apôtres d’être les pasteurs de
l’Église, charge dont l’ordre sacré des évêques doit assurer la
pérennité ". C’est pourquoi l’Église enseigne que " les évêques, en
vertu de l’institution divine, succèdent aux apôtres, comme pasteurs
de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les
rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ " (LG
20).
L’apostolat
863 Toute
l’Église est apostolique en tant qu’elle demeure, à travers les
successeurs de S. Pierre et des apôtres, en communion de foi et de
vie avec son origine. Toute l’Église est apostolique en tant qu’elle
est " envoyée " dans le monde entier ; tous les membres de l’Église,
toutefois de diverses manières, ont part à cet envoi. " La vocation
chrétienne est aussi par nature vocation à l’apostolat ". On appelle
" apostolat " " toute activité du Corps mystique " qui tend à
" étendre le règne du Christ à toute la terre " (AA 2).
864 " Le
Christ envoyé par le Père étant la source et l’origine de tout
l’apostolat de l’Église ", il est évident que la fécondité de
l’apostolat, celui des ministres ordonnés comme celui des laïcs,
dépend de leur union vitale avec le Christ (cf. Jn 15, 5 ; AA 5).
Selon les vocations, les appels du temps, les dons variés du
Saint-Esprit, l’apostolat prend les formes les plus diverses. Mais
c’est toujours la charité, puisée surtout dans l’Eucharistie, " qui
est comme l’âme de tout apostolat " (AA 3).
865
L’Église est une, sainte, catholique et apostolique dans son
identité profonde et ultime, parce que c’est en elle qu’existe déjà
et sera accompli à la fin des temps " le Royaume des cieux ", " le
Règne de Dieu " (cf. Ap 19, 6), advenu dans la Personne du Christ et
grandissant mystérieusement au cœur de ceux qui Lui sont incorporés,
jusqu’à sa pleine manifestation eschatologique. Alors tous
les hommes rachetés par Lui, rendus en lui " saints et
immaculés en présence de Dieu dans l’Amour " (cf. Ep 1, 4), seront
rassemblés comme l’unique Peuple de Dieu, " l’Épouse de
l’Agneau " (Ap 21, 9), " la Cité Sainte descendant du Ciel, de chez
Dieu, avec en elle la Gloire de Dieu " (Ap 21, 10-11) ; et " le
rempart de la ville repose sur les douze assises portant chacune le
nom de l’un des douze apôtres de l’Agneau " (Ap 21, 14).
EN BREF
866 L’Église est une :
Elle a un seul Seigneur, elle confesse une seule foi, elle naît d’un
seul Baptême, elle ne forme qu’un Corps, vivifié par un seul Esprit,
en vue d’une unique espérance (cf. Ep 4, 3-5) au terme de laquelle
seront surmontées toutes les divisions.
867 L’Église est sainte :
Le Dieu très saint est son auteur ; le Christ, son Époux, s’est
livré pour elle pour la sanctifier ; l’Esprit de sainteté la
vivifie. Encore qu’elle comprenne des pécheurs, elle est " la
sans-péché faite de pécheurs ". Dans les saints brille sa sainteté ;
en Marie elle est déjà la toute sainte.
868 L’Église est catholique :
Elle annonce la totalité de la foi ; elle porte en elle et
administre la plénitude des moyens de salut ; elle est envoyée à
tous les peuples ; elle s’adresse à tous les hommes ; elle embrasse
tous les temps ; " elle est, de par sa nature même, missionnaire "
(AG 2).
869 L’Église est apostolique :
Elle est bâtie sur des assises durables : " les douze apôtres de
l’Agneau " (Ap 21, 14) ; elle est indestructible (cf. Mt 16, 18) ;
elle est infailliblement tenue dans la vérité : le Christ la
gouverne par Pierre et les autres apôtres, présents en leurs
successeurs, le Pape et le collège des évêques.
870
" L’unique Église du Christ, dont nous professons dans le Symbole
qu’elle est une, sainte, catholique et apostolique, (...) c’est dans
l’Église catholique qu’elle existe, gouvernée par le successeur de
Pierre et par les évêques qui sont en communion avec lui, encore que
des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors
de ses structures " (LG 8).
Paragraphe 4.
LES FIDELES DU CHRIST – HIERARCHIE, LAÏCS, VIE CONSACREE
871 " Les
fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu’incorporés au Christ par
le Baptême, sont constitués en peuple de Dieu et qui, pour cette
raison, participant à leur manière à la fonction sacerdotale,
prophétique et royale du Christ, sont appelés à exercer, chacun
selon sa condition propre, la mission que Dieu a confiée à l’Église
pour qu’elle l’accomplisse dans le monde " (⇒
CIC, can. 204, §1; cf. LG 31).
872
" Entre tous les fidèles du Christ, du fait de leur régénération
dans le Christ, il existe, quant à la dignité et à l’activité, une
véritable égalité en vertu de laquelle tous coopèrent à
l’édification du Corps du Christ, selon la condition et la fonction
propre de chacun " (⇒
CIC, can. 208; cf. LG 32).
873 Les
différences mêmes que le Seigneur a voulu mettre entre les membres
de son Corps servent son unité et sa mission. Car " il y a dans
l’Église diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a
confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de
sanctifier et de gouverner en son nom et par son pouvoir. Mais les
laïcs rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et
royale du Christ assument, dans l’Église et dans le monde, leur part
dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier " (AA 2).
Enfin il y a " des fidèles qui appartiennent à l’une et l’autre
catégorie [hiérarchie et laïcs] et qui, par la profession des
conseils évangéliques (...) sont consacrés à Dieu et concourent à la
mission salvatrice de l’Église à leur manière propre " (⇒
CIC, can. 207, § 2).
I. La
constitution hiérarchique de l’Église
Pourquoi le
ministère ecclésial ?
874 Le
Christ est lui-même la source du ministère dans l’Église. Il l’a
instituée, lui a donné autorité et mission, orientation et
finalité :
Le Christ
Seigneur, pour assurer au Peuple de Dieu des pasteurs et les moyens
de sa croissance, a institué dans son Église des ministères variés
qui tendent au bien de tout le corps. En effet, les ministres qui
disposent du pouvoir sacré, sont au service de leurs frères, pour
que tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu (...) parviennent
au salut (LG 18).
875
" Comment croire sans d’abord entendre ? Et comment entendre sans
prédicateur ? Et comment prêcher sans être d’abord envoyé ? " (Rm
10, 14-15). Personne, aucun individu ni aucune communauté, ne peut
s’annoncer à lui-même l’Évangile. " La foi vient de l’écoute " (Rm
10, 17). Personne ne peut se donner lui-même le mandat et la mission
d’annoncer l’Évangile. L’envoyé du Seigneur parle et agit non pas
par autorité propre, mais en vertu de l’autorité du Christ ; non pas
comme membre de la communauté, mais parlant à elle au nom du Christ.
Personne ne peut se conférer à lui-même la grâce, elle doit être
donnée et offerte. Cela suppose des ministres de la grâce, autorisés
et habilités de la part du Christ. De Lui, les évêques et les
prêtres reçoivent la mission et la faculté (le " pouvoir sacré ")
d’agir in persona Christi Capitis, les Diacres, la force de
servir le peuple de Dieu dans la " diaconie " de la liturgie, de la
parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son
presbytérium. Ce ministère, dans lequel les envoyés du Christ font
et donnent par don de Dieu ce qu’ils ne peuvent faire et donner
d’eux-mêmes, la tradition de l’Église l’appelle " sacrement ". Le
ministère de l’Église est conféré par un sacrement propre.
876
Intrinsèquement lié à la nature sacramentelle du ministère ecclésial
est son caractère de service. En effet, entièrement dépendant
du Christ qui donne mission et autorité, les ministres sont vraiment
" esclaves du Christ " (Rm 1, 1), à l’image du Christ qui a pris
librement pour nous " la forme d’esclave " (Ph 2, 7). Parce que la
parole et la grâce dont ils sont les ministres ne sont pas les
leurs, mais celles du Christ qui les leurs a confiées pour les
autres, ils se feront librement esclaves de tous (cf. 1 Co 9, 19).
877 De
même, il est de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu’il
ait un caractère collégial. En effet, dès le début de son
ministère, le Seigneur Jésus institua les Douze, " les germes du
Nouvel Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée "
(AG 5). Choisis ensemble, ils sont aussi envoyés ensemble, et leur
unité fraternelle sera au service de la communion fraternelle de
tous les fidèles ; elle sera comme un reflet et un témoignage de la
communion des personnes divines (cf. Jn 17, 21-23). Pour cela, tout
évêque exerce son ministère au sein du collège épiscopal, en
communion avec l’évêque de Rome, successeur de S. Pierre et chef du
collège ; les prêtres exercent leur ministère au sein du
presbyterium du diocèse, sous la direction de leur évêque.
878 Enfin
il est de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu’il ait
un caractère personnel. Si les ministres du Christ agissent
en communion, ils agissent toujours aussi de façon personnelle.
Chacun est appelé personnellement : " Toi, suis-moi " (Jn 21, 22 ;
cf. Mt 4, 19. 21 ; Jn 1, 43) pour être, dans la mission commune,
témoin personnel, portant personnellement responsabilité devant
Celui qui donne la mission, agissant " en Sa personne " et pour des
personnes : " Je te baptise au nom du Père... " ; " Je te
pardonne... ".
879 Le
ministère sacramentel dans l’Église est donc un service exercé au
nom du Christ. Il a un caractère personnel et une forme collégiale.
Cela se vérifie dans les liens entre le collège épiscopal et son
chef, le successeur de S. Pierre, et dans le rapport entre la
responsabilité pastorale de l’évêque pour son Église particulière et
la sollicitude commune du collège épiscopal pour l’Église
Universelle.
Le collège
épiscopal et son chef, le Pape
880 Le
Christ, en instituant les Douze, " leur donna la forme d’un collège,
c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi
parmi eux " (LG 19). " De même que S. Pierre et les autres apôtres
constituent, de par l’institution du Seigneur, un seul collège
apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre
et les évêques, successeurs des apôtres, forment entre eux un tout "
(LG 22 ; cf.
⇒ CIC, can. 330).
881 Le
Seigneur a fait du seul Simon, auquel Il donna le nom de Pierre, la
pierre de son Église. Il lui en a remis les clefs (cf. Mt 16,
18-19) ; Il l’a institué pasteur de tout le troupeau (cf. Jn 21,
15-17). " Mais cette charge de lier et de délier qui a été donnée à
Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des apôtres
unis à leur chef " (LG 22). Cette charge pastorale de Pierre et des
autres apôtres appartient aux fondements de l’Église. Elle est
continuée par les évêques sous la primauté du Pape.
882 Le
Pape, évêque de Rome et successeur de S. Pierre, " est principe
perpétuel et visible et fondement de l’unité qui lie entre eux soit
les évêques, soit la multitude des fidèles " (LG 23). " En effet, le
Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du
Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême
et universel qu’il peut toujours librement exercer " (LG 22 ; cf. CD
2 ; 9).
883 " Le
collège ou corps épiscopal n’a d’autorité que si on l’entend
comme uni au Pontife romain, comme à son chef ". Comme tel, ce
collège est " lui aussi le sujet d’un pouvoir suprême et plénier sur
toute l’Église, pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le
consentement du Pontife romain " (LG 22 ; cf.
⇒ CIC, can. 336).
884 " Le
Collège des Évêques exerce le pouvoir sur l’Église tout entière de
manière solennelle dans le Concile Œcuménique " (⇒
CIC, can. 337, §1). " Il n’y a pas de Concile Œcuménique s’il n’est
comme tel confirmé ou tout au moins accepté par le successeur de
Pierre " (LG 22).
885 " Par
sa composition multiple, ce collège exprime la variété et
l’universalité du Peuple de Dieu ; il exprime, par son rassemblement
sous un seul chef, l’unité du troupeau du Christ " (LG 22).
886 " Les
évêques sont, chacun pour sa part, principe et fondement de
l’unité dans leurs Églises particulières " (LG 23). Comme tels ils
" exercent leur autorité pastorale sur la portion du Peuple de Dieu
qui leur a été confiée " (LG 23), assistés des prêtres et des
diacres. Mais, comme membres du collège épiscopal chacun d’entre eux
a part à la sollicitude pour toutes les Églises (cf. CD 3), qu’ils
exercent d’abord " en gouvernant bien leur propre Église comme une
portion de l’Église universelle ", contribuant ainsi " au bien de
tout le Corps mystique qui est aussi le Corps des Églises " (LG 23).
Cette sollicitude s’étendra particulièrement aux pauvres (cf. Ga 2,
10), aux persécutés pour la foi, ainsi qu’aux missionnaires qui
œuvrent sur toute la terre.
887 Les
Églises particulières voisines et de culture homogène forment des
provinces ecclésiastiques ou des ensembles plus vastes appelés
patriarcats ou régions (cf. Canon des Apôtres 34). Les évêques de
ces ensembles peuvent se réunir en synodes ou en conciles
provinciaux. " De même, les Conférences épiscopales peuvent,
aujourd’hui, contribuer de façon multiple et féconde à ce que
l’esprit collégial se réalise concrètement " (LG 23).
La charge
d’enseigner
888 Les
évêques, avec les prêtres, leurs coopérateurs, " ont pour première
tâche d’annoncer l’Évangile de Dieu à tous les hommes " (PO 4),
selon l’ordre du Seigneur (cf. Mc 16, 15). Ils sont " les hérauts de
la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples, les docteurs
authentiques " de la foi apostolique, " pourvus de l’autorité du
Christ " (LG 25).
889 Pour
maintenir l’Église dans la pureté de la foi transmise par les
apôtres, le Christ a voulu conférer à son Église une participation à
sa propre infaillibilité, Lui qui est la Vérité. Par le " sens
surnaturel de la foi ", le Peuple de Dieu " s’attache
indéfectiblement à la foi ", sous la conduite du Magistère vivant de
l’Église (cf. LG 12 ; DV 10).
890 La
mission du Magistère est liée au caractère définitif de l’alliance
instaurée par Dieu dans le Christ avec son Peuple ; il doit le
protéger des déviations et des défaillances, et lui garantir la
possibilité objective de professer sans erreur la foi authentique.
La charge pastorale du Magistère est ainsi ordonnée à veiller à ce
que le Peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. Pour
accomplir ce service, le Christ a doté les pasteurs du charisme
d’infaillibilité en matière de foi et de mœurs. L’exercice de ce
charisme peut revêtir plusieurs modalités :
891 " De
cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des
évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur
et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses
frères dans la foi, il proclame, par un acte définitif, un point de
doctrine touchant la foi et les mœurs (...). L’infaillibilité
promise à l’Église réside aussi dans le corps des évêques quand il
exerce son Magistère suprême en union avec le successeur de
Pierre ", surtout dans un Concile Œcuménique (LG 25 ; cf. Vatican
I : DS 3074). Lorsque par son Magistère suprême, l’Église propose
quelque chose " à croire comme étant révélé par Dieu " (DV 10) et
comme enseignement du Christ, " il faut adhérer dans l’obéissance de
la foi à de telles définitions " (LG 25). Cette infaillibilité
s’étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine
(cf. LG 25).
892
L’assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres,
enseignant en communion avec le successeur de Pierre, et, d’une
manière particulière, à l’évêque de Rome, Pasteur de toute l’Église,
lorsque, sans arriver à une définition infaillible et sans se
prononcer d’une " manière définitive ", ils proposent dans
l’exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à une
meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de
mœurs. A cet enseignement ordinaire les fidèles doivent " donner
l’assentiment religieux de leur esprit " (LG 25) qui, s’il se
distingue de l’assentiment de la foi, le prolonge cependant.
La charge de
sanctifier
893
L’évêque porte aussi " la responsabilité de dispenser la grâce du
suprême sacerdoce " (LG 26), en particulier dans l’Eucharistie qu’il
offre lui-même ou dont il assure l’oblation par les prêtres, ses
coopérateurs. Car l’Eucharistie est le centre de la vie de l’Église
particulière. L’évêque et les prêtres sanctifient l’Église par leur
prière et leur travail, par le ministère de la parole et des
sacrements. Ils la sanctifient par leur exemple, " non pas en
faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont échus en
partage, mais en devenant les modèles du troupeau " (1 P 5, 3).
C’est ainsi " qu’ils parviennent, avec le troupeau qui leur est
confié, à la vie éternelle " (LG 26).
La charge de
régir
894 " Les
évêques dirigent leurs Églises particulières comme vicaires et
légats du Christ par leurs conseils, leurs encouragements, leurs
exemples, mais aussi par leur autorité et par l’exercice de leur
pouvoir sacré " (LG 27), qu’ils doivent cependant exercer pour
édifier, dans l’esprit de service qui est celui de leur Maître (cf.
Lc 22, 26-27).
895 " Ce
pouvoir qu’ils exercent personnellement au nom du Christ est un
pouvoir propre, ordinaire et immédiat : il est soumis cependant dans
son exercice à la régulation dernière de l’autorité suprême de
l’Église " (LG 27). Mais on ne doit pas considérer les évêques comme
des vicaires du Pape dont l’autorité ordinaire et immédiate sur
toute l’Église n’annule pas, mais au contraire confirme et défend la
leur. Celle-ci doit s’exercer en communion avec toute l’Église sous
la conduite du Pape.
896 Le
Bon Pasteur sera le modèle et la " forme " de la charge pastorale de
l’évêque. Conscient de ses faiblesses, " l’évêque peut se montrer
indulgent envers les ignorants et les égarés. Qu’il ne répugne pas à
écouter ceux qui dépendent de lui, les entourant comme de vrais fils
(...). Quant aux fidèles, ils doivent s’attacher à leur évêque comme
l’Église à Jésus-Christ et comme Jésus-Christ à son Père " (LG 27) :
Suivez tous
l’évêque, comme Jésus-Christ [suit] son Père, et le presbytérium
comme les apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de
Dieu. Que personne ne fasse en dehors de l’évêque rien de ce qui
regarde l’Église (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 1).
II. Les fidèles
laïcs
897
" Sous le nom de laïcs, on entend ici l’ensemble des chrétiens
excepté les membres de l’ordre sacré et de l’état religieux reconnu
par l’Église, c’est-à-dire les chrétiens qui, étant incorporés au
Christ par le baptême, intégrés au Peuple de Dieu, faits
participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique
et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l’Église et dans
le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien " (LG
31).
La vocation des
laïcs
898 " La
vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu
précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils
ordonnent selon Dieu (...). C’est à eux qu’il revient, d’une manière
particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités
temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte
qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et
soient à la louange du Créateur et Rédempteur " (LG 31).
899
L’initiative des chrétiens laïcs est particulièrement nécessaire
lorsqu’il s’agit de découvrir, d’inventer des moyens pour imprégner
les réalités sociales, politiques, économiques, les exigences de la
doctrine et de la vie chrétiennes. Cette initiative est un élément
normal de la vie de l’Église :
Les fidèles
laïcs se trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de
l’Église ; par eux, l’Église est le principe vital de la société.
C’est pourquoi eux surtout doivent avoir une conscience toujours
plus claire, non seulement d’appartenir à l’Église, mais d’être
l’Église, c’est-à-dire la communauté des fidèles sur la terre sous
la conduite du Chef commun, le Pape, et des Évêques en communion
avec lui. Ils sont l’Église (Pie XII, discours 20 février 1946 :
cité par Jean-Paul II, CL 9).
900 Parce
que, comme tous les fidèles, ils sont chargés par Dieu de
l’apostolat en vertu du baptême et de la confirmation, les laïcs
sont tenus par l’obligation et jouissent du droit, individuellement
ou groupés en associations, de travailler à ce que le message divin
du salut soit connu et reçu par tous les hommes et par toute la
terre ; cette obligation est encore plus pressante lorsque ce n’est
que par eux que les hommes peuvent entendre l’Évangile et connaître
le Christ. Dans les communautés ecclésiales, leur action est si
nécessaire que, sans elle, l’apostolat des pasteurs ne peut, la
plupart du temps, obtenir son plein effet (cf. LG 33)..
La participation
des laïcs à la charge sacerdotale du Christ
901 " Les
laïcs, en vertu de leur consécration au Christ et de l’onction de
l’Esprit Saint, reçoivent la vocation admirable et les moyens qui
permettent à l’Esprit de produire en eux des fruits toujours plus
abondants. En effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs
entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs
labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, s’ils sont
vécus dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu
qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient ‘offrande
spirituelle, agréable à Dieu par Jésus-Christ’ (1 P 2, 5) ; et dans
la célébration eucharistique, ces offrandes rejoignent l’oblation du
Corps du Seigneur pour être offertes en toute piété au Père. C’est
ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant
partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d’adoration "
(LG 34 ; cf. LG 10).
902 De
façon particulière, les parents participent de la charge de
sanctification " lorsqu’ils mènent une vie conjugale selon l’esprit
chrétien et procurent à leurs enfants une éducation chrétienne " (⇒
CIC, can. 835, § 4).
903 Les
laïcs, s’ils ont les qualités requises, peuvent être admis de
manière stable aux ministères de lecteurs et d’acolyte (cf.
⇒ CIC, can. 230, § 1). " Là où le besoin de l’Église le
demande par défaut de ministres, les laïcs peuvent aussi, même s’ils
ne sont ni lecteurs ni acolytes, suppléer à certaines de leurs
fonctions, à savoir exercer le ministère de la parole, présider les
prières liturgiques, conférer le baptême et distribuer la sainte
communion, selon les dispositions du droit " (⇒
CIC, can. 230, § 3).
Leur
participation à la charge prophétique du Christ
904 " Le
Christ (...) accomplit sa fonction prophétique non seulement par la
hiérarchie (...) mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des
témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la
parole " (LG 35) :
Enseigner
quelqu’un pour l’amener à la foi est la tâche de chaque prédicateur
et même de chaque croyant (S. Thomas d’A., s. th. 3 71, 4, ad 3).
905 Leur
mission prophétique, les laïcs l’accomplissent aussi par
l’évangélisation, " c’est-à-dire l’annonce du Christ faite par le
témoignage de la vie et par la parole ". Chez les laïcs, " cette
action évangélisatrice (...) prend un caractère spécifique et une
particulière efficacité du fait qu’elle s’accomplit dans les
conditions communes du siècle " (LG 35) :
Cet apostolat ne
consiste pas dans le seul témoignage de la vie : le véritable apôtre
cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux
incroyants (...), soit aux fidèles (AA 6 ; cf. AG 15).
906 Ceux
d’entre les fidèles laïcs qui en sont capables et qui s’y forment
peuvent aussi prêter leur concours à la formation catéchétique (cf.
⇒ CIC, can. 774;
⇒ 776;
⇒ 780), à l’enseignement des sciences sacrées (cf.
⇒ CIC, can. 229), aux moyens de communication sociale
(cf.
⇒ CIC, can. 823, § 1).
907
" Selon le devoir, la compétence et le prestige dont ils jouissent,
ils ont le droit et même parfois le devoir de donner aux Pasteurs
sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de l’Église et de la
faire connaître aux autres fidèles, restant sauves l’intégrité de la
foi et des mœurs et la révérence due aux pasteurs, et tenant compte
de l’utilité commune et de la dignité des personnes " (⇒
CIC, can. 212, § 3).
Leur
participation à la charge royale du Christ
908 Par
son obéissance jusqu’à la mort (cf. Ph 2, 8-9), le Christ a
communiqué à ses disciples le don de la liberté royale, " pour
qu’ils arrachent au péché son empire en eux-mêmes par leur
abnégation et la sainteté de leur vie " (LG 36) :
Celui qui soumet
son propre corps et régit son âme, sans se laisser submerger par les
passions est son propre maître : il peut être appelé roi parce qu’il
est capable de régir sa propre personne ; il est libre et
indépendant et ne se laisse captiver par un esclavage coupable (S.
Ambroise, Psal. 118, 14, 30 : PL 15, 1403A).
909 " Que
les laïcs, en outre, unissant leurs forces, apportent aux
institutions et aux conditions de vie dans le monde, quand elles
provoquent au péché, les assainissements convenables, pour qu’elles
deviennent toutes conformes aux règles de la justice et favorisent
l’exercice de la vertu au lieu d’y faire obstacle. En agissant ainsi
ils imprègnent de valeur morale la culture et les œuvres humaines "
(LG 36).
910 " Les
laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être appelés à collaborer
avec les pasteurs au service de la communauté ecclésiale, pour la
croissance et la vie de celle-ci, exerçant des ministères très
diversifiés, selon la grâce et les charismes que le Seigneur voudra
bien déposer en eux " (EN 73).
911 Dans
l’Église, " les fidèles laïcs peuvent coopérer selon le droit à
l’exercice du pouvoir de gouvernement " (⇒
CIC, can. 129, § 2). Ainsi de leur présence dans les Conseils
particuliers (can. 443, § 4), les Synodes diocésains (can. 463, §§
1. 2), les Conseils pastoraux (can. 511 ; 536) ; dans l’exercice de
la charge pastorale d’une paroisse (can. 517, § 2) ; la
collaboration aux Conseils des affaires économiques (can. 492, § 1 ;
536) ; la participation aux tribunaux ecclésiastiques (can. 1421, §
2), etc.
912 Les
fidèles doivent " distinguer avec soin entre les droits et devoirs
qui leur incombent en tant que membres de l’Église et ceux qui leur
reviennent comme membres de la société humaine. Qu’ils s’efforcent
d’accorder harmonieusement les uns et les autres entre eux, se
souvenant que la conscience chrétienne doit être leur guide en tous
domaines temporels, car aucune activité humaine, fut-elle d’ordre
temporel, ne peut être soustraite à l’empire de Dieu " (LG 36).
913
" Ainsi tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits,
constitue un témoin et en même temps un instrument vivant de la
mission de l’Église elle-même ‘à la mesure du don du Christ’ (Ep 4,
7) " (LG 33).
III. La vie
consacrée
914
" L’état de vie constitué par la profession des conseils
évangéliques, s’il ne concerne pas la structure hiérarchique de
l’Église, appartient cependant sans conteste à sa vie et à sa
sainteté " (LG 44).
Conseils
évangéliques, vie consacrée
915 Les
conseils évangéliques sont, dans leur multiplicité, proposés à tout
disciple du Christ. La perfection de la charité à laquelle tous les
fidèles sont appelés comporte pour ceux qui assument librement
l’appel à la vie consacrée, l’obligation de pratiquer la chasteté
dans le célibat pour le Royaume, la pauvreté et l’obéissance. C’est
la profession de ces conseils dans un état de vie stable
reconnu par l’Église, qui caractérise la " vie consacrée " à Dieu
(cf. LG 42-43 ; PC 1).
916
L’état de la vie consacrée apparaît dès lors comme l’une des
manières de connaître une consécration " plus intime ", qui
s’enracine dans le Baptême et dédie totalement à Dieu (cf. PC 5).
Dans la vie consacrée, les fidèles du Christ se proposent, sous la
motion de l’Esprit Saint, de suivre le Christ de plus près, de se
donner à Dieu aimé par-dessus tout et, poursuivant la perfection de
la charité au service du Royaume, de signifier et d’annoncer dans
l’Église la gloire du monde à venir (cf.
⇒ CIC, can. 573).
Un grand arbre,
de multiples rameaux
917
" Comme un arbre qui se ramifie de façons admirables et multiples
dans le champ du Seigneur, à partir d’un germe semé par Dieu, ainsi
se développèrent des formes variées de vie solitaire ou commune, des
familles diverses dont le capital spirituel profite à la fois aux
membres de ces familles et au bien de tout le Corps du Christ " (LG
43).
918" Dès les
origines de l’Église, il y eut des hommes et des femmes qui
voulurent, par la pratique des conseils évangéliques, suivre plus
librement le Christ et l’imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa
manière, menèrent une vie consacrée à Dieu. Beaucoup parmi eux, sous
l’impulsion du Saint-Esprit, vécurent dans la solitude, ou bien
fondèrent des familles religieuses que l’Église accueillit
volontiers et approuva de son autorité " (PC 1).
919 Les
évêques s’efforceront toujours de discerner les nouveaux dons de vie
consacrée confiés par l’Esprit Saint à son Église ; l’approbation de
nouvelles formes de vie consacrée est réservée au Siège Apostolique
(cf.
⇒ CIC, can. 605).
La vie
érémitique
920 Sans
toujours professer publiquement les trois conseils évangéliques, les
ermites, " dans un retrait plus strict du monde, dans le silence de
solitude, dans la prière assidue et la pénitence, vouent leur vie à
la louange de Dieu et au salut du monde " (⇒
CIC, can. 603, § 1).
921 Ils
montrent à chacun cet aspect intérieur du mystère de l’Église qu’est
l’intimité personnelle avec le Christ. Cachée aux yeux des hommes,
la vie de l’ermite est prédication silencieuse de Celui auquel il a
livré sa vie, parce qu’Il est tout pour lui. C’est là un appel
particulier à trouver au désert, dans le combat spirituel même, la
gloire du Crucifié.
Les vierges et
les veuves consacrées
922 Dès
les temps apostoliques, des vierges (cf. 1 Co 7, 34-36) et des
veuves chrétiennes (cf. Jean-Paul II, exh. ap. Vita Consecrata,
7), appelées par le Seigneur à s’attacher à Lui sans partage dans
une plus grande liberté de cœur, de corps et d’esprit, ont pris la
décision, approuvée par l’Église, de vivre, respectivement, dans
l’état de la virginité ou de la chasteté perpétuelle " à cause du
Royaume des cieux " (Mt 19, 12).
923
" Exprimant le propos sacré de suivre le Christ de plus près, [des
vierges] sont consacrées à Dieu par l’évêque diocésain selon le rite
liturgique approuvé, sont épousées mystiquement par le Christ Fils
de Dieu et sont vouées au service de l’Église " (⇒
CIC, can. 604, § 1). Par ce rite solennel (Consecratio virginum),
" la vierge est constituée personne consacrée, " signe transcendant
de l’amour de l’Église envers le Christ, image eschatologique de
cette Épouse du Ciel et de la vie future " (OCV prænotanda 1).
924
" Proche des autres formes de vie consacrée " (⇒
CIC, can. 604, § 1), l’ordre des vierges établit la femme vivant
dans le monde (ou la moniale) dans la prière, la pénitence, le
service de ses frères et le travail apostolique, selon l’état et les
charismes respectifs offerts à chacune (OCV prænotanda 2). Les
vierges consacrées peuvent s’associer pour garder plus fidèlement
leur propos (cf.
⇒ CIC, can. 604, § 2).
La vie
religieuse
925 Née
en Orient dans les premiers siècles du christianisme (cf. UR 15) et
vécue dans les instituts canoniquement érigés par l’Église (cf.
⇒ CIC, can. 573), la vie religieuse se distingue des
autres formes de la vie consacrée par l’aspect cultuel, la
profession publique des conseils évangéliques, la vie fraternelle
menée en commun, le témoignage rendu à l’union du Christ et de
l’Église (cf.
⇒ CIC, can. 607).
926 La
vie religieuse relève du mystère de l’Église. Elle est un don que
l’Église reçoit de son Seigneur et qu’elle offre comme un état de
vie stable au fidèle appelé par Dieu dans la profession des
conseils. Ainsi l’Église peut-elle à la fois manifester le Christ et
se reconnaître Épouse du Sauveur. La vie religieuse est invitée à
signifier, sous ses formes variées, la charité même de Dieu, dans le
langage de notre temps.
927 Tous
les religieux, exempts ou non (cf.
⇒ CIC, can. 591), prennent place parmi les coopérateurs
de l’évêque diocésain dans sa charge pastorale (cf. CD 33-35).
L’implantation et l’expansion missionnaire de l’Église requièrent la
présence de la vie religieuse sous toutes ses formes dès les débuts
de l’évangélisation (cf. AG 18 ; 40). " L’histoire atteste les
grands mérites des familles religieuses dans la propagation de la
foi et dans la formation de nouvelles Églises, depuis les antiques
Institutions monastiques et les Ordres médiévaux jusqu’aux
Congrégations modernes " (Jean-Paul II, RM 69).
Les instituts
séculiers
928
" L’institut séculier est un institut de vie consacrée où les
fidèles vivant dans le monde tendent à la perfection de la charité
et s’efforcent de contribuer surtout de l’intérieur à la
sanctification du monde " (⇒
CIC, can. 710).
929 Par
une " vie parfaitement et entièrement consacrée à [cette]
sanctification " (Pie XII, const. ap. " Provida Mater "), les
membres de ces instituts participent à la tâche d’évangélisation de
l’Église, " dans le monde et à partir du monde ", où leur présence
agit " à la manière d’un ferment " (PC 11). Leur témoignage de vie
chrétienne vise à ordonner selon Dieu les réalités temporelles et
pénétrer le monde de la force de l’Évangile. Ils assument par des
liens sacrés les conseils évangéliques et gardent entre eux la
communion et la fraternité propres à leur mode de vie séculier (cf.
⇒ CIC, can. 713).
Les sociétés de
vie apostolique
930 Au
côté des formes diverses de vie consacrée " prennent place les
sociétés de vie apostolique dont les membres, sans les vœux
religieux, poursuivent la fin apostolique propre de leur société et,
menant la vie fraternelle en commun, tendent, selon leur mode de vie
propre, à la perfection de la charité par l’observation des
constitutions. Il y a parmi elles des sociétés dont les membres
assument les conseils évangéliques ", selon leurs constitutions (⇒
CIC, can. 731, §§ 1. 2).
Consécration et
mission : annoncer le Roi qui vient
931 Livré
à Dieu suprêmement aimé, celui que le Baptême avait déjà voué à Lui
se trouve ainsi consacré plus intimement au service divin et dédié
au bien de l’Église. Par l’état de consécration à Dieu, l’Église
manifeste le Christ et montre comment l’Esprit Saint agit en elle de
façon admirable. Ceux qui professent les conseils évangéliques ont
donc d’abord pour mission de vivre leur consécration. Mais
puisqu’ils se vouent au service de l’Église en vertu même de leur
consécration, ils sont tenus par obligation de travailler de manière
spéciale à l’œuvre missionnaire, selon le mode propre à leur
Institut " (⇒
CIC, can. 783; cf. RM 69).
932 Dans
l’Église qui est comme le sacrement, c’est-à-dire le signe et
l’instrument de la vie de Dieu, la vie consacrée apparaît comme un
signe particulier du mystère de la Rédemption. Suivre et imiter le
Christ " de plus près ", manifester " plus clairement " son
anéantissement, c’est se trouver " plus profondément " présent, dans
le cœur du Christ, à ses contemporains. Car ceux qui sont dans cette
voie " plus étroite " stimulent leurs frères par leur exemple, ils
rendent ce témoignage éclatant " que le monde ne peut être
transfiguré et offert à Dieu sans l’esprit des béatitudes " (LG 31).
933 Que
ce témoignage soit public, comme dans l’état religieux, ou plus
discret, ou même secret, la venue du Christ demeure pour tous les
consacrés l’origine et l’orient de leur vie :
Comme le Peuple
de Dieu n’a pas ici-bas de cité permanente, [cet état] (...)
manifeste pour tous les croyants la présence, déjà dans ce siècle,
des biens célestes ; il témoigne de la vie nouvelle et éternelle
acquise par la Rédemption du Christ, il annonce la résurrection
future et la gloire céleste (LG 44).
EN BREF
934
" D’institution divine, il y a dans l’Église parmi les fidèles des
ministres sacrés, qui en droit sont aussi appelés clercs ; quant aux
autres, ils sont nommés laïcs ". Il y a enfin des fidèles qui
appartiennent à l’une et l’autre catégorie et qui, par la profession
des conseils évangéliques, se sont consacrés à Dieu et servent ainsi
la mission de l’Église (⇒
CIC, can. 207, § 1. 2).
935
Pour annoncer la foi et pour implanter son Règne, le Christ envoie
ses apôtres et leurs successeurs. Il leur donne part à sa mission.
De lui ils reçoivent le pouvoir d’agir en sa personne.
936
Le Seigneur a fait de S. Pierre le fondement visible de son Église.
Il lui en a remis les clefs. L’évêque de l’Église de Rome,
successeur de S. Pierre, est " le chef du Collège des Évêques,
Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église toute entière sur cette
terre " (⇒
CIC, can. 331).
937
Le Pape " jouit, par institution divine, du pouvoir suprême,
plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes " (CD 2).
938
Les évêques, établis par l’Esprit Saint, succèdent aux apôtres. Ils
sont, " chacun pour sa part, principe visible et fondement de
l’unité dans leurs Églises particulières " (LG 23).
939
Aidés des prêtres, leurs coopérateurs, et des diacres, les évêques
ont la charge d’enseigner authentiquement la foi, de célébrer le
culte divin, surtout l’Eucharistie, et de diriger leur Église en
vrais pasteurs. A leur charge appartient aussi le souci de toutes
les Églises, avec et sous le Pape.
940
" Le propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du
monde et des affaires profanes, ils sont appelés par Dieu à exercer
leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la
vigueur de leur esprit chrétien " (AA 2).
941
Les laïcs participent au sacerdoce du Christ : de plus en plus unis
à Lui, ils déploient la grâce du Baptême et de la Confirmation dans
toutes les dimensions de la vie personnelle, familiale, sociale et
ecclésiale, et réalisent ainsi l’appel à la sainteté adressé à tous
les baptisés.
942
Grâce à leur mission prophétique les laïcs " sont aussi appelés à
être, en toute circonstance et au cœur même de la communauté
humaine, les témoins du Christ " (GS 43, § 4).
943 Grâce à
leur mission royale, les laïcs ont le pouvoir d’arracher au péché
son empire en eux-mêmes et dans le monde par leur abnégation et la
sainteté de leur vie (cf. LG 36).
944
La vie consacrée à Dieu se caractérise par la profession publique
des conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance
dans un état de vie stable reconnu par l’Église.
945
Livré à Dieu suprêmement aimé, celui que le Baptême avait déjà
destiné à Lui se trouve, dans l’état de vie consacrée, voué plus
intimement au service divin et dédié au bien de toute l’Église.
Paragraphe 5. LA
COMMUNION DES SAINTS
946 Après
avoir confessé " la sainte Église catholique ", le Symbole des
apôtres ajoute " la communion des saints ". Cet article est, d’une
certaine façon, une explicitation du précédent : " Qu’est-ce que
l’Église sinon l’assemblée de tous les saints ? " (Nicétas, symb.
10 : PL 52, 871B). La communion des saints est précisément l’Église.
947
" Puisque tous les croyants forment un seul corps, le bien des uns
est communiqué aux autres (...) Il faut de la sorte croire qu’il
existe une communion des biens dans l’Église. Mais le membre le plus
important est le Christ, puisqu’Il est la tête (...) Ainsi, le bien
du Christ est communiqué à tous les membres, et cette communication
se fait par les sacrements de l’Église " (S. Thomas d’A., symb. 13).
" Comme cette Église est gouvernée par un seul et même Esprit, tous
les biens qu’elle a reçus deviennent nécessairement un fonds
commun " (Catech. R. 1, 10, 24).
948 Le
terme " communion des saints " a dès lors deux significations,
étroitement liées : " communion aux choses saintes, sancta "
et " communion entre les personnes saintes, sancti ".
" Sancta
sanctis ! (Ce qui est saint pour ceux qui sont saints) " est
proclamé par le célébrant dans la plupart des liturgies orientales
lors de l’élévation des saints Dons avant le service de la
communion. Les fidèles (sancti) sont nourris du Corps et du
Sang du Christ (sancta) afin de croître dans la communion de
l’Esprit Saint (Koinônia) et de la communiquer au monde.
I. La communion
des biens spirituels
949 Dans
la communauté primitive de Jérusalem, les disciples " se montraient
assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion
fraternelle, à la fraction du pain et aux prières " (Ac 2, 42) :
La communion
dans la foi. La foi des fidèles est la foi de l’Église
reçue des apôtres, trésor de vie qui s’enrichit en étant partagé.
950 La
communion des sacrements. " Le fruit de tous les sacrements
appartient à tous. Car les sacrements, et surtout le Baptême qui est
comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont
autant de liens sacrés qui les unissent tous et les attachent à
Jésus-Christ. La communion des saints, c’est la communion des
sacrements (...). Le nom de communion peut s’appliquer à chacun
d’eux, car chacun d’eux nous unit à Dieu (...). Mais ce nom convient
mieux à l’Eucharistie qu’à tout autre, parce que c’est elle
principalement qui consomme cette communion " (Catech. R. 1, 10,
24).
951 La
communion des charismes : Dans la communion de l’Église,
l’Esprit Saint " distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres
(...) les grâces spéciales " pour l’édification de l’Église (LG 12).
Or, " à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du
bien commun " (1 Co 12, 7).
952 " Ils
mettaient tout en commun " (Ac 4, 32) : " Tout ce que le vrai
chrétien possède, il doit le regarder comme un bien qui lui est
commun avec tous, et toujours il doit être prêt et empressé à venir
au secours de l’indigent et de la misère du prochain " (Catech. R.
1, 10, 27). Le chrétien est un administrateur des biens du Seigneur
(cf. Lc 16, 1. 3).
953 La
communion de la charité : dans la sanctorum communio
" nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour
soi-même " (Rm 14, 7). " Un membre souffre-t-il ? tous les membres
souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? tous les membres
prennent part à sa joie. Or vous êtes le Corps du Christ, et membres
chacun pour sa part " (1 Co 12, 26-27). " La charité ne cherche pas
ce qui est à elle " (1 Co 13, 5 ; cf. 10, 24). Le moindre de nos
actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette
solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur
la communion des saints. Tout péché nuit à cette communion.
II. La communion
de l’Église du ciel et de la terre
954 Les trois
états de l’Église. " En attendant que le Seigneur soit venu dans
sa majesté accompagné de tous les anges et que la mort détruite,
tout lui soit soumis, les uns parmi ses disciples continuent sur
terre leur pèlerinage ; d’autres, ayant achevé leur vie, se
purifient encore ; d’autres enfin sont dans la gloire contemplant
‘dans la pleine lumière, tel qu’il est, le Dieu un en trois
Personnes’ " (LG 49) :
Tous cependant,
à des degrés divers et sous des formes diverses, nous communions
dans la même charité envers Dieu et envers le prochain, chantant à
notre Dieu le même hymne de gloire. En effet, tous ceux qui sont du
Christ et possèdent son Esprit, constituent une seule Église et se
tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ (LG 49).
955
" L’union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se
sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre
intermittence ; au contraire, selon la foi constante de l’Église,
cette union est renforcée par l’échange des biens spirituels " (LG
49).
956
L’intercession des saints. " Étant en effet plus intimement liés
avec le Christ, les habitants du ciel contribuent à affermir plus
solidement l’Église en sainteté (...). Ils ne cessent d’intercéder
pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu’ils ont acquis sur
terre par l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus
(...). Ainsi leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours
pour notre infirmité " (LG 49) :
Ne pleurez pas,
je vous serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus
efficacement que pendant ma vie (S. Dominique, mourant, à ses
frères, cf. Jourdain de Saxe, lib. 93).
Je passerai mon
ciel à faire du bien sur la terre (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus,
verba).
957 La
communion avec les saints. " Nous ne vénérons pas seulement au
titre de leur exemple la mémoire des habitants du ciel ; nous
cherchons bien davantage par là à renforcer l’union de toute
l’Église dans l’Esprit grâce à l’exercice de la charité fraternelle.
Car tout comme la communion entre les chrétiens de la terre nous
approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les saints
nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur chef, toute
grâce et la vie du Peuple de Dieu lui-même " (LG 50) :
Le Christ, nous
l’adorons, parce qu’il est le fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous
les aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est
juste, à cause de leur dévotion incomparable envers leur roi et
maître ; puissions-nous, nous aussi, être leurs compagnons et leurs
condisciples (S. Polycarpe, mart. 17).
958 La
communion avec les défunts. " Reconnaissant dès l’abord cette
communion qui existe à l’intérieur de tout le corps mystique de
Jésus-Christ, l’Église en ses membres qui cheminent sur terre a
entouré de beaucoup de piété la mémoire des défunts dès les premiers
temps du christianisme en offrant aussi pour eux ses suffrages ; car
‘la pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de
leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse’ (2 M 12, 45) " (LG
50). Notre prière pour eux peut non seulement les aider mais aussi
rendre efficace leur intercession en notre faveur.
959 Dans
l’unique famille de Dieu. " Lorsque la charité mutuelle et la
louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les
uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le
Christ qu’une seule famille, nous répondons à la vocation profonde
de l’Église " (LG 51).
EN BREF
960 L’Église est " communion des
saints " : cette expression désigne d’abord les " choses saintes "
(sancta), et avant tout
l’Eucharistie, par laquelle " est représentée et réalisée l’unité
des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul Corps " (LG 3).
961 Ce terme désigne aussi la
communion des " personnes saintes " (sancti)
dans le Christ qui est " mort pour tous ", de sorte que ce que
chacun fait ou souffre dans et pour le Christ porte du fruit pour
tous.
962
" Nous croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux
qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur
purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une
seule Église, et nous croyons que dans cette communion l’amour
miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à l’écoute de
nos prières " (SPF 30).
Paragraphe 6.
MARIE – MERE DU CHRIST, MERE DE L’ÉGLISE
963 Après
avoir parlé du rôle de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et
de l’Esprit, il convient de considérer maintenant sa place dans le
mystère de l’Église. " En effet, la Vierge Marie (...) est reconnue
et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur (...).
Elle est aussi vraiment ‘Mère des membres [du Christ] (...) ayant
coopéré par sa charité à la naissance dans l’Église des fidèles qui
sont les membres de ce Chef’ (S. Augustin, virg. 6 : PL 40, 399) "
(LG 53). " ... Marie Mère du Christ, Mère de l’Église " (Paul VI,
discours 21 novembre 1964).
I. La maternité
de Marie envers l’Église
Toute unie à son
Fils...
964 Le
rôle de Marie envers l’Église est inséparable de son union au
Christ, elle en découle directement. " Cette union de Marie avec son
Fils dans l’œuvre du salut est manifeste dès l’heure de la
conception virginale du Christ, jusqu’à sa mort " (LG 57). Elle est
particulièrement manifeste à l’heure de sa passion :
La bienheureuse
Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union
avec son Fils jusqu’à la Croix où, non sans un dessein divin, elle
était debout, souffrant cruellement avec son Fils unique, associée
d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de la
victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être
enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée comme
sa Mère au disciple par ces mots : " Femme, voici ton fils " (Jn 19,
26-27) (LG 58).
965 Après
l’Ascension de son Fils, Marie a " assisté de ses prières l’Église
naissante " (LG 69). Réunie avec les apôtres et quelques femmes,
" on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de
l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous
son ombre " (LG 59).
... aussi dans
son Assomption...
966
" Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de
la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre,
fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le
Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus
entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux
du péché et de la mort " (LG 59 ; cf. la proclamation du dogme de
l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie par le Pape Pie XII en
1950 : DS 3903). L’Assomption de la Sainte Vierge est une
participation singulière à la Résurrection de son Fils et une
anticipation de la résurrection des autres chrétiens :
Dans ton
enfantement tu as gardé la virginité, dans ta dormition tu n’as pas
quitté le monde, ô Mère de Dieu : tu as rejoint la source de la Vie,
toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes prières, délivreras
nos âmes de la mort (Liturgie byzantine, Tropaire de la fête de la
Dormition [15 août]).
... elle est
notre Mère dans l’ordre de la grâce
967 Par
son adhésion entière à la volonté du Père, à l’œuvre rédemptrice de
son Fils, à toute motion de l’Esprit Saint, la Vierge Marie est pour
l’Église le modèle de la foi et de la charité. Par là elle est
" membre suréminent et absolument unique de l’Église " (LG 53), elle
constitue même " la réalisation exemplaire ", typus, de
l’Église (LG 63).
968 Mais
son rôle par rapport à l’Église et à toute l’humanité va encore plus
loin. " Elle a apporté à l’œuvre du Sauveur une coopération
absolument sans pareil par son obéissance, sa foi, son espérance,
son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie
surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans
l’ordre de la grâce, notre Mère " (LG 61).
969 " A
partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de
l’Annonciation et qu’elle maintint dans sa fermeté sous la Croix,
cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue
sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les
élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut
ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à
nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. (...) C’est
pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les
titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice " (LG
62).
970 " Le
rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque cependant et
ne diminue en rien l’unique médiation du Christ : il en manifeste au
contraire la vertu. Car toute influence salutaire de la part de la
bienheureuse Vierge (...) découle de la surabondance des mérites du
Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et
d’où elle tire toute sa vertu " (LG 60). " Aucune créature en effet
ne peut jamais être mise sur le même plan que le Verbe incarné et
rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé
sous formes diverses, tant par les ministres que par le peuple
fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement
sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l’unique
médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une
coopération variée de la part des créatures, en dépendance de
l’unique source " (LG 62).
II. Le culte de
la Sainte Vierge
971 " Toutes
les générations me diront bienheureuse " (Lc 1, 48) : " La piété
de l’Église envers la Saint Vierge est intrinsèque au culte
chrétien " (MC 56). La sainte Vierge " est légitimement honorée par
l’Église d’un culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus
reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous le titre de ‘Mère
de Dieu’ ; les fidèles se réfugient sous sa protection, l’implorant
dans tous leurs dangers et leurs besoins (...). Ce culte (...) bien
que présentant un caractère absolument unique (...) n’en est pas
moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est rendu
au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint ; il est
éminemment apte à le servir " (LG 66) ; il trouve son expression
dans les fêtes liturgiques dédiées à la Mère de Dieu (cf. SC 103) et
dans la prière mariale, telle le Saint Rosaire, " abrégé de tout
l’Évangile " (cf. MC 42).
III. Marie –
Icône eschatologique de l’Église
972 Après
avoir parlé de l’Église, de son origine, de sa mission et de sa
destinée, nous ne saurions mieux conclure qu’en tournant le regard
vers Marie pour contempler en elle ce qu’est l’Église dans son
mystère, dans son " pèlerinage de la foi ", et ce qu’elle sera dans
la patrie au terme de sa marche, où l’attend, " dans la gloire de la
Très Sainte et indivisible Trinité ", " dans la communion de tous
les saints " (LG 69), celle que l’Église vénère comme la Mère de son
Seigneur et comme sa propre Mère :
Tout comme dans
le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus
représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle
futur, de même sur terre, en attendant la venue du jour du Seigneur,
elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de
consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage (LG 68).
EN BREF
973
En prononçant le " fiat " de l’Annonciation et en donnant son
consentement au mystère de l’Incarnation, Marie collabore déjà à
toute l’œuvre que doit accomplir son Fils. Elle est mère partout où
Il est Sauveur et Tête du Corps mystique.
974
La Très Sainte Vierge Marie, ayant accompli le cours de sa vie
terrestre, fut enlevée corps et âme à la gloire du ciel, où elle
participe déjà à la gloire de la résurrection de son Fils,
anticipant la résurrection de tous les membres de son Corps.
975
" Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Eve, Mère
de l’Église, continue au ciel son rôle maternel à l’égard des
membres du Christ " (SPF 15).
Article 10
" JE CROIS AU
PARDON DES PECHES "
976 Le
Symbole des apôtres lie la foi au pardon des péchés à la foi en
l’Esprit Saint, mais aussi à la foi en l’Église et en la communion
des saints. C’est en donnant l’Esprit Saint à ses apôtres que le
Christ ressuscité leur a conféré son propre pouvoir divin de
pardonner les péchés : " Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous
remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les
retiendrez, ils leur seront retenus " (Jn 20, 22-23).
(La deuxième
partie du Catéchisme traitera explicitement du pardon des péchés par
le Baptême, le sacrement de Pénitence et les autres sacrements,
surtout l’Eucharistie. Il suffit donc d’évoquer ici brièvement
quelques données de base).
I. Un seul
baptême pour le pardon des péchés
977 Notre
Seigneur a lié le pardon des péchés à la foi et au Baptême : " Allez
par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la
création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé " (Mc 16,
15-16). Le Baptême est le premier et principal sacrement du pardon
des péchés parce qu’il nous unit au Christ mort pour nos péchés,
ressuscité pour notre justification (cf. Rm 4, 25), afin que " nous
vivions nous aussi dans une vie nouvelle " (Rm 6, 4).
978 " Au
moment où nous faisons notre première profession de Foi, en recevant
le saint Baptême qui nous purifie, le pardon que nous recevons est
si plein et si entier, qu’il ne nous reste absolument rien à
effacer, soit de la faute originelle, soit des fautes commises par
notre volonté propre, ni aucune peine à subir pour les expier (...).
Mais néanmoins la grâce du Baptême ne délivre personne de toutes les
infirmités de la nature. Au contraire nous avons encore à combattre
les mouvements de la concupiscence qui ne cessent de nous porter au
mal " (Catech. R. 1, 11, 3).
979 En ce
combat avec l’inclination au mal, qui serait assez vaillant et
vigilant pour éviter toute blessure du péché ? " Si donc il était
nécessaire que l’Église eût le pouvoir de remettre les péchés, il
fallait aussi que le Baptême ne fût pas pour elle l’unique moyen de
se servir de ces clefs du Royaume des cieux qu’elle avait reçues de
Jésus-Christ ; il fallait qu’elle fût capable de pardonner leurs
fautes à tous les pénitents, quand même ils auraient péché jusqu’au
dernier moment de leur vie " (Catech. R. 1, 11, 4).
980 C’est
par le sacrement de Pénitence que le baptisé peut être réconcilié
avec Dieu et avec l’Église :
Les pères ont eu
raison d’appeler la pénitence " un baptême laborieux " (S. Grégoire
de Naz., or. 39, 17 : PG 36, 356A). Ce sacrement de Pénitence est,
pour ceux qui sont tombés après le Baptême, nécessaire au salut,
comme l’est le Baptême lui-même pour ceux qui ne sont pas encore
régénérés (Cc. Trente : DS 1672).
II. Le pouvoir
des clefs
981 Le
Christ après sa résurrection a envoyé ses apôtres " annoncer à
toutes les nations le repentir en son nom en vue de la rémission des
péchés " (Lc 24, 47). Ce " ministère de la réconciliation " (2 Co 5,
18), les apôtres et leurs successeurs ne l’accomplissent pas
seulement en annonçant aux hommes le pardon de Dieu mérité pour nous
par le Christ et en les appelant à la conversion et à la foi, mais
aussi en leur communicant la rémission des péchés par le Baptême et
en les réconciliant avec Dieu et avec l’Église grâce au pouvoir des
clefs reçu du Christ :
L’Église a reçu
les clés du Royaume des cieux, afin que se fasse en elle la
rémission des péchés par le sang du Christ et l’action du
Saint-Esprit. C’est dans cette Église que l’âme revit, elle qui
était morte par les péchés, afin de vivre avec le Christ, dont la
grâce nous a sauvés (S. Augustin, serm. 214, 11 : PL 38, 1071-1072).
982 Il
n’y a aucune faute, aussi grave soit-elle, que la Sainte Église ne
puisse remettre. " Il n’est personne, si méchant et si coupable
qu’il soit, qui ne doive espérer avec assurance son pardon, pourvu
que son repentir soit sincère " (Catech. R. 1, 11, 5). Le Christ qui
est mort pour tous les hommes, veut que, dans son Église, les portes
du pardon soient toujours ouvertes à quiconque revient du péché (cf.
Mt 18, 21-22).
983 La
catéchèse s’efforcera d’éveiller et de nourrir chez les fidèles la
foi en la grandeur incomparable du don que le Christ ressuscité a
fait à son Église : la mission et le pouvoir de pardonner
véritablement les péchés, par le ministère des apôtres et de leurs
successeurs :
Le Seigneur veut
que ses disciples aient un pouvoir immense : il veut que ses pauvres
serviteurs accomplissent en son nom tout ce qu’il avait fait quand
il était sur la terre (S. Ambroise, pœnit. 1, 34 : PL 16, 477A).
Les prêtres ont
reçu un pouvoir que Dieu n’a donné ni aux anges ni aux archanges.
(...) Dieu sanctionne là-haut tout ce que les prêtres font ici-bas
(S. Jean Chrysostome, sac. 3, 5 : PG 48, 643A).
Si dans l’Église
il n’y avait pas la rémission des péchés, nul espoir existerait,
nulle espérance d’une vie éternelle et d’une libération éternelle.
Rendons grâce à Dieu qui a donné à son Église un tel don (S.
Augustin, serm. 213, 8 : PL 38, 1064).
EN BREF
984
Le Credo met en relation " le pardon des péchés " avec la profession
de foi en l’Esprit Saint. En effet, le Christ ressuscité a confié
aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés lorsqu’il leur a
donné l’Esprit Saint.
985
Le Baptême est le premier et principal sacrement pour le pardon des
péchés : il nous unit au Christ mort et ressuscité et nous donne
l’Esprit Saint.
986
De par la volonté du Christ, l’Église possède le pouvoir de
pardonner les péchés des baptisés et elle l’exerce par les évêques
et les prêtres de façon habituelle dans le sacrement de pénitence.
987
" Dans la rémission des péchés, les prêtres et les sacrements sont
de purs instruments dont notre Seigneur Jésus-Christ, unique auteur
et dispensateur de notre salut, veut bien se servir pour effacer nos
iniquités et nous donner la grâce de la justification " (Catech. R.
1, 11, 6).
Article 11
" JE CROIS A LA
RESURRECTION DE LA CHAIR "
988 Le
Credo chrétien – profession de notre foi en Dieu le Père, le Fils et
le Saint Esprit, et dans son action créatrice, salvatrice et
sanctificatrice – culmine en la proclamation de la résurrection des
morts à la fin des temps, et en la vie éternelle.
989 Nous
croyons fermement, et ainsi nous espérons, que de même que le Christ
est vraiment ressuscité des morts, et qu’il vit pour toujours, de
même après leur mort les justes vivront pour toujours avec le Christ
ressuscité et qu’il les ressuscitera au dernier jour (cf. Jn 6,
39-40). Comme la sienne, notre résurrection sera l’œuvre de la Très
Sainte Trinité :
Si l’Esprit de
Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui
qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie
à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous (Rm 8, 11 ;
cf. 1 Th 4, 14 ; 1 Co 6, 14 ; 2 Co 4, 14 ; Ph 3, 10-11).
990 Le
terme " chair " désigne l’homme dans sa condition de faiblesse et de
mortalité (cf. Gn 6, 3 ; Ps 56, 5 ; Is 40, 6). La " résurrection de
la chair " signifie qu’il n’y aura pas seulement, après la mort, la
vie de l’âme immortelle, mais que même nos " corps mortels " (Rm 8,
11) reprendront vie.
991
Croire en la résurrection des morts a été dès ses débuts un élément
essentiel de la foi chrétienne. " Une conviction des chrétiens : la
résurrection des morts ; cette croyance nous fait vivre "
(Tertullien res. 1, 1) :
Comment certains
d’entre vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des
morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus
n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, alors
notre prédication est vide, vide aussi votre foi. (...) Mais non, le
Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont
endormis (1 Co 15, 12-14. 20).
I. La
résurrection du Christ et la nôtre
REVELATION
PROGRESSIVE DE LA RESURRECTION
992 La
résurrection des morts a été révélée progressivement par Dieu à son
Peuple. L’espérance en la résurrection corporelle des morts s’est
imposée comme une conséquence intrinsèque de la foi en un Dieu
créateur de l’homme tout entier, âme et corps. Le créateur du ciel
et de la terre est aussi Celui qui maintient fidèlement son alliance
avec Abraham et sa descendance. C’est dans cette double perspective
que commencera à s’exprimer la foi en la résurrection. Dans leurs
épreuves, les martyrs Maccabées confessent :
Le Roi du monde
nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses
lois (2 M 7, 9). Mieux vaut mourir de la main des hommes en tenant
de Dieu l’espoir d’être ressuscité par lui (2 M 7, 14 ; cf. 7, 29 ;
Dn 12, 1-13).
993 Les
Pharisiens (cf. Ac 23, 6) et bien des contemporains du Seigneur (cf.
Jn 11, 24) espéraient la résurrection. Jésus l’enseigne fermement.
Aux Sadducéens qui la nient il répond : " Vous ne connaissez ni les
Écritures ni la puissance de Dieu, vous êtes dans l’erreur " (Mc 12,
24). La foi en la résurrection repose sur la foi en Dieu qui " n’est
pas un Dieu des morts, mais des vivants " (Mc 12, 27).
994 Mais
il y a plus : Jésus lie la foi en la résurrection à sa propre
personne : " Je suis la Résurrection et la vie " (Jn 11, 25). C’est
Jésus lui-même qui ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru
en lui (cf. Jn 5, 24-25 ; 6, 40) et qui auront mangé son corps et bu
son sang (cf. Jn 6, 54). Il en donne dès maintenant un signe et un
gage en rendant la vie à certains morts (cf. Mc 5, 21-42 ; Lc 7,
11-17 ; Jn 11), annonçant par là sa propre Résurrection qui sera
cependant d’un autre ordre. De cet événement unique Il parle comme
du " signe de Jonas " (Mt 12, 40), du signe du Temple (cf. Jn 2,
19-22) : il annonce sa Résurrection le troisième jour après sa mise
à mort (cf. Mc 10, 34).
995 Être
témoin du Christ, c’est être " témoin de sa Résurrection " (Ac 1,
22 ; cf. 4, 33), " avoir mangé et bu avec lui après sa Résurrection
d’entre les morts " (Ac 10, 41). L’espérance chrétienne en la
résurrection est toute marquée par les rencontres avec le Christ
ressuscité. Nous ressusciterons comme Lui, avec Lui, par Lui.
996 Dès
le début, la foi chrétienne en la résurrection a rencontré
incompréhensions et oppositions (cf. Ac 17, 32 ; 1 Co 15, 12-13).
" Sur aucun point la foi chrétienne ne rencontre plus de
contradiction que sur la résurrection de la chair " (S. Augustin,
Psal. 88, 2, 5). Il est très communément accepté qu’après la mort la
vie de la personne humaine continue d’une façon spirituelle. Mais
comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse
ressusciter à la vie éternelle ?
Comment les
morts ressuscitent-ils ?
997 Qu’est-ce
que " ressusciter " ? Dans la mort, séparation de l’âme et du
corps, le corps de l’homme tombe dans la corruption, alors que son
âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d’être
réunie à son corps glorifié. Dieu dans sa Toute-Puissance rendra
définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à
nos âmes, par la vertu de la Résurrection de Jésus.
998 Qui
ressuscitera ? Tous les hommes qui sont morts : " ceux qui
auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait
le mal, pour la damnation " (Jn 5, 29 ; cf. Dn 12, 2).
999 Comment ?
Le Christ est ressuscité avec son propre corps : " Regardez mes
mains et mes pieds : c’est bien moi " (Lc 24, 39) ; mais Il n’est
pas revenu à une vie terrestre. De même, en Lui, " tous
ressusciteront avec leur propre corps, qu’ils ont maintenant " (Cc.
Latran IV : DS 801), mais ce corps sera " transfiguré en corps de
gloire " (Ph 3, 21), en " corps spirituel " (1 Co 15, 44) :
Mais, dira-t-on,
comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps
reviennent-ils ? Insensé ! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie,
s’il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir,
mais un grain tout nu (...). On sème de la corruption, il ressuscite
de l’incorruption ; (...) les morts ressusciteront incorruptibles
(...). Il faut en effet que cet être corruptible revête
l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité (1 Co
15, 35-37. 42. 52-53).
1000 Ce
" comment " dépasse notre imagination et notre entendement ; il
n’est accessible que dans la foi. Mais notre participation à
l’Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de
notre corps par le Christ :
De même que le
pain qui vient de la terre, après avoir reçu l’invocation de Dieu,
n’est plus du pain ordinaire, mais eucharistie, constituée de deux
choses, l’une terrestre et l’autre céleste, de même nos corps qui
participent à l’eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu’ils
ont l’espérance de la résurrection (S. Irénée, hær. 4, 18, 4-5)
1001 Quand ?
Définitivement " au dernier jour " (Jn 6, 39-40. 44. 54 ; 11,
24) ; " à la fin du monde " (LG 48). En effet, la résurrection des
morts est intimement associée à la Parousie du Christ :
Car lui-même, le
Seigneur, au signal donné par la voix de l’archange et la trompette
de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ
ressusciteront en premier lieu (1 Th 4, 16).
Ressuscités avec
le Christ
1002 S’il
est vrai que le Christ nous ressuscitera " au dernier jour ", il est
vrai aussi que, d’une certaine façon, nous sommes déjà ressuscités
avec le Christ. En effet, grâce à l’Esprit Saint, la vie chrétienne
est, dès maintenant sur terre, une participation à la mort et à la
Résurrection du Christ :
Ensevelis avec
le Christ lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui,
parce que vous avez cru en la force de Dieu qui L’a ressuscité des
morts (...). Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le
Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ,
assis à la droite de Dieu (Col 2, 12 ; 3, 1)
1003 Unis
au Christ par le Baptême, les croyants participent déjà réellement à
la vie céleste du Christ ressuscité (cf. Ph 3, 20), mais cette vie
demeure " cachée avec le Christ en Dieu " (Col 3, 3) " Avec lui Il
nous a ressuscités et fait asseoir au cieux, dans le Christ Jésus "
(Ep 2, 6). Nourris de son Corps dans l’Eucharistie, nous appartenons
déjà au Corps du Christ. Lorsque nous ressusciterons au dernier jour
nous serons aussi " manifestés avec lui pleins de gloire " (Col 3,
3).
1004 Dans
l’attente de ce jour, le corps et l’âme du croyant participent déjà
à la dignité d’être " au Christ " ; d’où l’exigence de respect
envers son propre corps, mais aussi envers celui d’autrui,
particulièrement lorsqu’il souffre :
Le corps est
pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a
ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa
puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du
Christ ? (...) Vous ne vous appartenez pas (...) Glorifiez donc Dieu
dans votre corps (1 Co 6, 13-15. 19-20).
II. Mourir dans
le Christ Jésus
1005 Pour
ressusciter avec le Christ, il faut mourir avec le Christ, il faut
" quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur " (2 Co 5,
8). Dans ce " départ " (Ph 1, 23) qu’est la mort, l’âme est séparée
du corps. Elle sera réunie à son corps le jour de la résurrection
des morts (cf. SPF 28).
La mort
1006
" C’est en face de la mort que l’énigme de la condition humaine
atteint son sommet " (GS 18). En un sens, la mort corporelle est
naturelle, mais pour la foi elle est en fait " salaire du péché "
(Rm 6, 23 ; cf. Gn 2, 17). Et pour ceux qui meurent dans la grâce du
Christ, elle est une participation à la mort du Seigneur, afin de
pouvoir participer aussi à sa Résurrection (cf. Rm 6, 3-9 ; Ph 3,
10-11).
1007 La mort
est le terme de la vie terrestre. Nos vies sont mesurées
par le temps, au cours duquel nous changeons, nous vieillissons et,
comme chez tous les êtres vivants de la terre, la mort apparaît
comme la fin normale de la vie. Cet aspect de la mort donne une
urgence à nos vies : le souvenir de notre mortalité sert aussi à
nous rappeler que nous n’avons qu’un temps limité pour réaliser
notre vie :
Souviens-toi de
ton Créateur aux jours de ton adolescence, (...) avant que la
poussière ne retourne à la terre, selon qu’elle était, et que le
souffle ne retourne à Dieu qui l’avait donné (Qo 12, 1. 7).
1008 La mort
est conséquence du péché. Interprète authentique des
affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2, 17 ; 3, 3 ; 3, 19 ; Sg
1, 13 ; Rm 5, 12 ; 6, 23) et de la Tradition, le Magistère de
l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du
péché de l’homme (cf. DS 1511). Bien que l’homme possédât une nature
mortelle, Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc
contraire aux desseins de Dieu Créateur, et elle entra dans le monde
comme conséquence du péché (cf. Sg 2, 23-24). " La mort corporelle,
à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché " (GS
18), est ainsi " le dernier ennemi " de l’homme à devoir être vaincu
(cf. 1 Co 15, 26).
1009 La mort
est transformée par le Christ. Jésus, le Fils de Dieu, a
souffert lui aussi la mort, propre de la condition humaine. Mais,
malgré son effroi face à elle (cf. Mc 14, 33-34 ; He 5, 7-8), il
l’assuma dans un acte de soumission totale et libre à la volonté de
son Père. L’obéissance de Jésus a transformé la malédiction de la
mort en bénédiction (cf. Rm 5, 19-21).
Le sens de la
mort chrétienne
1010
Grâce au Christ, la mort chrétienne a un sens positif. " Pour moi,
la vie c’est le Christ et mourir un gain " (Ph 1, 21). " C’est là
une parole certaine : si nous mourons avec lui, nous vivrons avec
lui " (2 Tm 2, 11). La nouveauté essentielle de la mort chrétienne
est là : par le Baptême, le chrétien est déjà sacramentellement
" mort avec le Christ ", pour vivre d’une vie nouvelle ; et si nous
mourons dans la grâce du Christ, la mort physique consomme ce
" mourir avec le Christ " et achève ainsi notre incorporation à Lui
dans son acte rédempteur :
Il est bon pour
moi de mourir dans (eis) le Christ Jésus, plus que de régner
sur les extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, qui est
mort pour nous ; lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon
enfantement approche (...). Laissez-moi recevoir la pure lumière ;
quand je serai arrivé là, je serai un homme (S. Ignace d’Antioche,
Rom. 6, 1-2).
1011 Dans
la mort, Dieu appelle l’homme vers Lui. C’est pourquoi le chrétien
peut éprouver envers la mort un désir semblable à celui de S. Paul :
" J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ " (Ph 1,
23) ; et il peut transformer sa propre mort en un acte d’obéissance
et d’amour envers le Père, à l’exemple du Christ (cf. Lc 23, 46) :
Mon désir
terrestre a été crucifié ; (...) il y a en moi une eau vive qui
murmure et qui dit au dedans de moi " Viens vers le Père " (S.
Ignace d’Antioche, Rom. 7, 2).
Je veux voir
Dieu, et pour le voir il faut mourir (Ste. Thérèse de Jésus, vida
1).
Je ne meurs pas,
j’entre dans la vie (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, verba).
1012 La
vision chrétienne de la mort (cf. 1 Th 4, 13-14) est exprimée de
façon privilégiée dans la liturgie de l’Église :
Pour tous ceux
qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est
transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont
déjà une demeure éternelle dans les cieux (MR, Préface des défunts).
1013 La
mort est la fin du pèlerinage terrestre de l’homme, du temps de
grâce et de miséricorde que Dieu lui offre pour réaliser sa vie
terrestre selon le dessein divin et pour décider son destin ultime.
Quand a pris fin " l’unique cours de notre vie terrestre " (LG 48),
nous ne reviendrons plus à d’autres vies terrestres. " Les hommes ne
meurent qu’une fois " (He 9, 27). Il n’y a pas de " réincarnation "
après la mort.
1014
L’Église nous encourage à nous préparer pour l’heure de notre mort
(" Délivre-nous, Seigneur, d’une mort subite et imprévue " :
ancienne Litanie des saints), à demander à la Mère de Dieu
d’intercéder pour nous " à l’heure de notre mort " (Prière Ave
Maria), et à nous confier à saint Joseph, patron de la bonne mort :
Dans toutes tes
actions, dans toutes tes pensées tu devrais te comporter comme si tu
devais mourir aujourd’hui. Si ta conscience était en bon état, tu ne
craindrais pas beaucoup la mort. Il vaudrait mieux se garder de
pécher que de fuir la mort. Si aujourd’hui tu n’es pas prêt, comment
le seras-tu demain ? (Imitation du Christ 1, 23, 1).
Loué sois-tu,
mon Seigneur, pour sœur notre mort corporelle, à qui nul homme
vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés
mortels, heureux ceux qu’elle trouvera dans ses très saintes
volontés, car la seconde mort ne leur fera pas mal (S. François
d’Assise, cant.).
EN BREF
1015 " La chair est le pivot du
salut " (Tertullien, res. 8,
2). Nous croyons en Dieu qui est le créateur de la chair ; nous
croyons au Verbe fait chair pour racheter la chair ; nous croyons en
la résurrection de la chair, achèvement de la création et de la
rédemption de la chair.
1016
Par la mort l’âme est séparée du corps, mais dans la résurrection
Dieu rendra la vie incorruptible à notre corps transformé en le
réunissant à notre âme. De même que le Christ est ressuscité et vit
pour toujours, tous nous ressusciterons au dernier jour.
1017
" Nous croyons en la vraie résurrection de cette chair que nous
possédons maintenant " (DS 854). Cependant, on sème dans le tombeau
un corps corruptible, il ressuscite un corps incorruptible (cf. 1 Co
15, 42), un " corps spirituel " (1 Co 15, 44).
1018
En conséquence du péché originel, l’homme doit subir " la mort
corporelle, à laquelle il aurait été soustrait s’il n’avait pas
péché " (GS 18).
1019
Jésus, le Fils de Dieu, a librement souffert la mort pour nous dans
une soumission totale et libre à la volonté de Dieu, son Père. Par
sa mort il a vaincu la mort, ouvrant ainsi à tous les hommes la
possibilité du salut.
Article 12
" JE CROIS A LA
VIE ETERNELLE "
1020 Le
chrétien qui unit sa propre mort à celle de Jésus voit la mort comme
une venue vers Lui et une entrée dans la vie éternelle. Lorsque
l’Église a, pour la dernière fois, dit les paroles de pardon de
l’absolution du Christ sur le chrétien mourant, l’a scellé pour la
dernière fois d’une onction fortifiante et lui a donné le Christ
dans le viatique comme nourriture pour le voyage, elle lui parle
avec une douce assurance :
Quitte ce monde,
âme chrétienne, au nom du Père Tout-Puissant qui t’a créé, au nom de
Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, qui a souffert pour toi, au
nom du Saint-Esprit qui a été répandu en toi. Prends ta place
aujourd’hui dans la paix, et fixe ta demeure avec Dieu dans la
sainte Sion, avec la Vierge Marie, la Mère de Dieu, avec saint
Joseph, les anges et tous les saints de Dieu (...). Retourne auprès
de ton Créateur qui t’a formé de la poussière du sol. Qu’à l’heure
où ton âme sortira de ton corps, Marie, les anges et tous les saints
se hâtent à ta rencontre (...). Que tu puisses voir ton Rédempteur
face à face ... (OEx " Commendatio animæ ").
I. Le jugement
particulier
1021 La
mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou
au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ (cf. 2 Tm 1,
9-10). Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans la
perspective de la rencontre finale avec le Christ dans son second
avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la rétribution
immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de sa
foi. La parabole du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 22) et la parole du
Christ en Croix au bon larron (cf. Lc 23, 43), ainsi que d’autres
textes du Nouveau Testament (cf. 2 Co 5, 8 ; Ph 1, 23 ; He 9, 27 ;
12, 23) parlent d’une destinée ultime de l’âme (cf. Mt 16, 26) qui
peut être différente pour les unes et pour les autres.
1022
Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle
dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ,
soit à travers une purification (cf. Cc. Lyon : DS 857-858 ; Cc.
Florence : DS 1304-1306 ; Cc. Trente : DS 1820), soit pour entrer
immédiatement dans la béatitude du ciel (cf. Benoît XII : DS
1000-1001 ; Jean XXII : DS 990), soit pour se damner immédiatement
pour toujours (cf. Benoît XII : DS 1002).
Au soir de notre
vie, nous serons jugés sur l’amour (S. Jean de la Croix, dichos 64)
II. Le Ciel
1023 Ceux
qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, et qui sont
parfaitement purifiées, vivent pour toujours avec le Christ. Ils
sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu’ils le voient " tel
qu’il est " (1 Jn 3, 2), face à face (cf. 1 Co 13, 12 ; Ap 22, 4) :
De notre
autorité apostolique nous définissons que, d’après la disposition
générale de Dieu, les âmes de tous les saints (...) et de tous les
autres fidèles morts après avoir reçu le saint Baptême du Christ, en
qui il n’y a rien eu à purifier lorsqu’ils sont morts, (...) ou
encore, s’il y a eu ou qu’il y a quelque chose à purifier, lorsque,
après leur mort, elles auront achevé de le faire, (...) avant même
la résurrection dans leur corps et le Jugement général, et cela
depuis l’Ascension du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au ciel, ont
été, sont et seront au ciel, au Royaume des cieux et au Paradis
céleste avec le Christ, admis dans la société des saints anges.
Depuis la passion et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ, elles
ont vu et voient l’essence divine d’une vision intuitive et même
face à face, sans la médiation d’aucune créature (Benoît XII : DS
1000 ; cf. LG 49).
1024
Cette vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de
vie et d’amour avec Elle, avec la Vierge Marie, les anges et tous
les bienheureux est appelée " le ciel ". Le ciel est la fin ultime
et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme,
l’état de bonheur suprême et définitif.
1025
Vivre au ciel c’est " être avec le Christ " (cf. Jn 14, 3 ; Ph 1,
23 ; 1 Th 4, 17). Les élus vivent " en Lui ", mais ils y gardent,
mieux, ils y trouvent leur vraie identité, leur propre nom (cf. Ap
2, 17) :
Car la vie c’est
d’être avec le Christ : là où est le Christ, là est la vie, là est
le royaume. (S. Ambroise, Luc. 10, 121: PL 15, 1834A).
1026 Par
sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a " ouvert " le ciel.
La vie des bienheureux consiste dans la possession en plénitude des
fruits de la rédemption opérée par le Christ qui associe à sa
glorification céleste ceux qui ont cru en Lui et qui sont demeurés
fidèles à sa volonté. Le ciel est la communauté bienheureuse de tous
ceux qui sont parfaitement incorporés à Lui.
1027 Ce
mystère de communion bienheureuse avec Dieu et avec tous ceux qui
sont dans le Christ dépasse toute compréhension et toute
représentation. L’Écriture nous en parle en images : vie, lumière,
paix, festin de noces, vin du royaume, maison du Père, Jérusalem
céleste, paradis : " Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a
pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que
Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment " (1 Co 2, 9).
1028 A
cause de sa transcendance, Dieu ne peut être vu tel qu’Il est que
lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la contemplation immédiate de
l’homme et qu’Il lui en donne la capacité. Cette contemplation de
Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église " la vision
béatifique " :
Quelle ne sera
pas ta gloire et ton bonheur : être admis à voir Dieu, avoir
l’honneur de participer aux joies du salut et de la lumière
éternelle dans la compagnie du Christ le Seigneur ton Dieu, (...)
jouir au Royaume des cieux dans la compagnie des justes et des amis
de Dieu, les joies de l’immortalité acquise (S. Cyprien, ep. 56, 10,
1 : PL 4, 357B).
1029 Dans
la gloire du ciel, les bienheureux continuent d’accomplir avec joie
la volonté de Dieu par rapport aux autres hommes et à la création
toute entière. Déjà ils règnent avec le Christ ; avec Lui " ils
régneront pour les siècles des siècles " (Ap 22, 5 ; cf. Mt 25, 21.
23).
III. La
purification finale ou Purgatoire
1030 Ceux
qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement
purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après
leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaires
pour entrer dans la joie du ciel .
1031
L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des
élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église
a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux
Conciles de Florence (cf. DS 1304) et de Trente (cf. DS 1820 ;
1580). La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes
de l’Écriture (par exemple 1 Co 3, 15 ; 1 P 1, 7), parle d’un feu
purificateur :
Pour ce qui est
de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le
jugement un feu purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la
Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre
l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni
dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons
comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce
siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (S. Grégoire
le Grand, dial. 4, 39).
1032 Cet
enseignement s’appuie aussi sur la pratique de la prière pour les
défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : " Voilà pourquoi il
(Judas Maccabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts,
afin qu’ils fussent délivrés de leur péché " (2 M 12, 46). Dès les
premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert
des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice
eucharistique (cf. DS 856 ;), afin que, purifiés, ils puissent
parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi
les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur
des défunts :
Portons-leur
secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été
purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi
douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent
quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui
sont partis et à offrir nos prières pour eux (S. Jean Chrysostome,
hom. in 1 Cor. 41, 5 : PG 61, 361C).
IV. L’enfer
1033 Nous
ne pouvons pas être unis à Dieu à moins de choisir librement de
l’aimer. Mais nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous péchons
gravement contre Lui, contre notre prochain ou contre nous-mêmes :
" Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son
frère est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie
éternelle demeurant en lui " (1 Jn 3, 15). Notre Seigneur nous
avertit que nous serons séparés de Lui si nous omettons de
rencontrer les besoins graves des pauvres et des petits qui sont ses
frères (cf. Mt 25, 31-46). Mourir en péché mortel sans s’en être
repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie
demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre.
Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec
Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot " enfer ".
1034
Jésus parle souvent de la " géhenne " du " feu qui ne s’éteint pas "
(cf. Mt 5, 22. 29 ; 13, 42. 50 ; Mc 9, 43-48), réservé à ceux qui
refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et de se convertir ,
et où peuvent être perdus à la fois l’âme et le corps (cf. Mt 10,
28). Jésus annonce en termes graves qu’il " enverra ses anges, qui
ramasseront tous les fauteurs d’iniquité (...), et les jetteront
dans la fournaise ardente " (Mt 13, 41-42), et qu’il prononcera la
condamnation : " Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ! "
(Mt 25, 41).
1035
L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son
éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel
descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles
souffrent les peines de l’enfer, " le feu éternel " (cf. DS 76 ;
409 ; 411 ; 801 ; 858 ; 1002 ; 1351 ; 1575 ; SPF 12). La peine
principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec
Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour
lesquels il a été crée et auxquels il aspire.
1036 Les
affirmations de la Sainte Écriture et les enseignements de l’Église
au sujet de l’enfer sont un appel à la responsabilité avec
laquelle l’homme doit user de sa liberté en vue de son destin
éternel. Elles constituent en même temps un appel pressant à la
conversion : " Entrez par la porte étroite. Car large et
spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est
beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le
chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent " (Mt 7,
13-14) :
Ignorants du
jour et de l’heure, il faut que, suivant l’avertissement du
Seigneur, nous restions constamment vigilants pour mériter, quand
s’achèvera le cours unique de notre vie terrestre, d’être admis avec
lui aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu, au lieu d’être,
comme de mauvais et paresseux serviteurs, écartés par l’ordre de
Dieu vers le feu éternel, vers ces ténèbres du dehors où seront les
pleurs et les grincements de dents (LG 48).
1037 Dieu
ne prédestine personne à aller en enfer (cf. DS 397 ; 1567) ; il
faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et
y persister jusqu’à la fin.Dans la liturgie eucharistique et dans
les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la
miséricorde de Dieu, qui veut " que personne ne périsse, mais que
tous arrivent au repentir " (2 P 3, 9) :
Voici l’offrande
que nous présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille
entière : dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix
de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes
élus (MR, Canon Romain 88).
V. Le Jugement
dernier
1038 La
résurrection de tous les morts, " des justes et des pécheurs " (Ac
24, 15), précédera le Jugement dernier. Ce sera " l’heure où ceux
qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils
de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la
vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation " (Jn 5, 28-29).
Alors le Christ " viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges
(...). Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il
séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare
les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les
boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine
éternelle, et les justes à la vie éternelle " (Mt 25, 31. 32. 46).
1039
C’est face au Christ qui est la Vérité que sera définitivement mise
à nu la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu (cf. Jn 12,
49). Le jugement dernier révélera jusque dans ses ultimes
conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant
sa vie terrestre :
Tout le mal que
font les méchants est enregistré – et ils ne le savent pas. Le Jour
où " Dieu ne se taira pas " (Ps 50, 3) (...) Il se tournera vers les
mauvais : " J’avais, leur dira-t-il, placé sur terre mes petits
pauvres, pour vous. Moi, leur chef, je trônais dans le ciel à la
droite de mon Père – mais sur la terre mes membres avaient faim. Si
vous aviez donné à mes membres, ce que vous auriez donné serait
parvenu jusqu’à la tête. Quand j’ai placé mes petits pauvres sur la
terre, je les ai institués vos commissionnaires pour porter vos
bonnes œuvres dans mon trésor : vous n’avez rien déposé dans leurs
mains, c’est pourquoi vous ne possédez rien auprès de moi " (S.
Augustin, serm. 18, 4, 4 : PL 38, 130-131).
1040 Le
jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le
Père seul en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide de son
avènement. Par son Fils Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole
définitive sur toute l’histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de
toute l’œuvre de la création et de toute l’économie du salut, et
nous comprendrons les chemins admirables par lesquels Sa Providence
aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le jugement dernier
révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices
commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la
mort (cf. Ct 8, 6).
1041 Le
message du Jugement dernier appelle à la conversion pendant que Dieu
donne encore aux hommes " le temps favorable, le temps du salut " (2
Co 6, 2). Il inspire la sainte crainte de Dieu. Il engage pour la
justice du Royaume de Dieu. Il annonce la " bienheureuse espérance "
(Tt 2, 13) du retour du Seigneur qui " viendra pour être glorifié
dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru " (2 Th 1,
10).
VI. L’espérance
des cieux nouveaux et de la terre nouvelle
1042 A la
fin des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le
jugement universel, les justes régneront pour toujours avec le
Christ, glorifiés en corps et en âme, et l’univers lui-même sera
renouvelé :
Alors l’Église
sera " consommée dans la gloire céleste, lorsque, avec le genre
humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et
atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa
définitive perfection " (LG 48).
1043
Cette rénovation mystérieuse, qui transformera l’humanité et le
monde, la Sainte Écriture l’appelle " les cieux nouveaux et la terre
nouvelle " (2 P 3, 13 ; cf. Ap 21, 1). Ce sera la réalisation
définitive du dessein de Dieu de " ramener toutes choses sous un
seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres " (Ep
1, 10).
1044 Dans
cet " univers nouveau " (Ap 21, 5), la Jérusalem céleste, Dieu aura
sa demeure parmi les hommes. " Il essuiera toute larme de leurs
yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine,
il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé " (Ap 21, 4 ;
cf. 21, 27).
1045 Pour
l’homme, cette consommation sera la réalisation ultime de
l’unité du genre humain, voulue par Dieu dès la création et dont
l’Église pérégrinante était " comme le sacrement " (LG 1). Ceux qui
seront unis au Christ formeront la communauté des rachetés, la Cité
Sainte de Dieu (Ap 21, 2), " l’Épouse de l’Agneau " (Ap 21, 9).
Celle-ci ne sera plus blessée par le péché, les souillures (cf. Ap
21, 27), l’amour propre, qui détruisent ou blessent la communauté
terrestre des hommes. La vision béatifique, dans laquelle Dieu
s’ouvrira de façon inépuisable aux élus, sera la source intarissable
de bonheur, de paix et de communion mutuelle.
1046 Quant au
cosmos, la Révélation affirme la profonde communauté de destin
du monde matériel et de l’homme :
Car la création
en attente aspire à la révélation des fils de Dieu (...) avec
l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la
corruption. (...) Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à
ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule ;
nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons
nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre
corps (Rm 8, 19-23).
1047
L’univers visible est donc destiné, lui aussi, à être transformé,
" afin que le monde lui-même, restauré dans son premier état, soit,
sans plus aucun obstacle, au service des justes ", participant à
leur glorification en Jésus-Christ ressuscité (S. Irénée, hær. 5,
32, 1).
1048 " Nous
ignorons le temps de l’achèvement de la terre et de
l’humanité, nous ne connaissons pas le mode de transformation du
cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée par le
péché ; mais nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle
demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la
béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent
au cœur de l’homme " (GS 39, § 1).
1049
" Mais l’attente de la terre nouvelle, loin d’affaiblir en nous le
souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps
de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque
ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement
distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ,
ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le royaume de
Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure
organisation de la société humaine " (GS 39, § 2).
1050
" Car tous les fruits excellents de notre nature et de notre
industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement
du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard,
mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque
le Christ remettra à son Père le royaume éternel et universel " (GS
39, § 3 ; cf. LG 2). Dieu sera alors " tout en tous " (1 Co 15, 28),
dans la vie éternelle :
La vie
subsistante et vraie, c’est le Père qui, par le Fils et en l’Esprit
Saint, déverse sur tous sans exception les dons célestes. Grâce à sa
miséricorde, nous aussi, hommes, nous avons reçu la promesse
indéfectible de la vie éternelle (S. Cyrille de Jérusalem, catech.
ill. 18, 29 : PG 33, 1049).
EN BREF
1051
Chaque homme dans son âme immortelle reçoit sa rétribution éternelle
dès sa mort en un jugement particulier par le Christ, juge des
vivants et des morts.
1052
" Nous croyons que les âmes de tous ceux qui meurent dans la grâce
du Christ (...) sont le Peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort,
laquelle sera définitivement vaincue le jour de la résurrection où
ces âmes seront réunies à leurs corps " (SPF 28).
1053
" Nous croyons que la multitude de celles qui sont rassemblées
autour de Jésus et de Marie au Paradis forme l’Église du ciel, où
dans l’éternelle béatitude elles voient Dieu tel qu’il est et où
elles sont aussi, à des degrés divers, associées avec les saints
anges au gouvernement divin exercé par le Christ en gloire, en
intercédant pour nous et aidant notre faiblesse par leur sollicitude
fraternelle " (SPF 29).
1054
Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais
imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel,
souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la
sainteté nécessaire pour entrer dans la joie de Dieu.
1055
En vertu de la " communion des saints ", l’Église recommande les
défunts à la miséricorde de Dieu et offre en leur faveur des
suffrages, en particulier le saint sacrifice eucharistique.
1056
Suivant l’exemple du Christ, l’Église avertit les fidèles de la
" triste et lamentable réalité de la mort éternelle " (DCG 69),
appelée aussi " enfer ".
1057
La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle
d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour
lesquels il a été crée et auxquels il aspire.
1058
L’Église prie pour que personne ne se perde : " Seigneur, ne permets
pas que je sois jamais séparé de toi ". S’il est vrai que personne
ne peut se sauver lui-même, il est vrai aussi que " Dieu veut que
tous soient sauvés " (1 Tm 2, 4) et que pour Lui " tout est
possible " (Mt 19, 26).
1059
" La très sainte Église romaine croit et confesse fermement qu’au
jour du Jugement tous les hommes comparaîtront avec leur propre
corps devant le tribunal du Christ pour rendre compte de leurs
propres actes " (DS 859 ; cf. DS 1549).
1060 A
la fin des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude.
Alors les justes régneront avec le Christ pour toujours, glorifiés
en corps et en âme, et l’univers matériel lui-même sera transformé.
Dieu sera alors " tout en tous " (1 Co 15, 28), dans la vie
éternelle.
" Amen "
1061 Le
Credo, comme aussi le dernier livre de l’Écriture Sainte (cf. Ap 22,
21), se termine avec le mot hébreu Amen. On le trouve
fréquemment à la fin des prières du Nouveau Testament. De même,
l’Église termine ses prières par " Amen ".
1062 En
hébreux, " Amen " se rattache à la même racine que le mot
" croire ". Cette racine exprime la solidité, la fiabilité, la
fidélité. Ainsi on comprend pourquoi le " Amen " peut être dit de la
fidélité de Dieu envers nous et de notre confiance en Lui.
1063 Dans
le prophète Isaïe on trouve l’expression " Dieu de vérité ",
littéralement " Dieu de l’Amen ", c’est-à-dire le Dieu fidèle à ses
promesses : " Quiconque voudra être béni sur terre voudra être béni
par le Dieu de l’Amen " (Is 65, 16). Notre Seigneur emploie souvent
le terme " Amen " (cf. Mt 6, 2. 5. 16), parfois sous forme redoublée
(cf. Jn 5, 19), pour souligner la fiabilité de son enseignement, son
Autorité fondée sur la Vérité de Dieu.
1064
L’" Amen " final du Credo reprend et confirme donc ses deux premiers
mots : " Je crois ". Croire, c’est dire " Amen " aux paroles, aux
promesses, aux commandements de Dieu, c’est se fier totalement en
Celui qui est l’" Amen " d’infini amour et de parfaite fidélité. La
vie chrétienne de chaque jour sera alors l’" Amen " au " Je crois "
de la Profession de foi de notre Baptême :
Que ton Symbole
soit pour toi comme un miroir. Regarde-toi en lui : pour voir si tu
crois tout ce que tu déclares croire. Et réjouis-toi chaque jour en
ta foi (S. Augustin, serm. 58, 11, 13 : PL 38, 399).
1065
Jésus-Christ lui-même est " l’Amen " (Ap 3, 14). Il est l’" Amen "
définitif de l’amour du Père pour nous ; il assume et achève notre
" Amen " au Père : " Toutes les promesses de Dieu ont en effet leur
‘oui’ en lui ; aussi bien est-ce par lui que nous disons notre
‘Amen’ à la gloire de Dieu " (2 Co 1, 20) :
Par Lui, avec
Lui et en Lui,
à toi, Dieu le Père Tout-Puissant,
dans l’unité du Saint-Esprit,
tout honneur et toute gloire,
pour les siècles des siècles.
AMEN.
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