Questions de l’auditoire
Quelles
sont les différences, s’il y en a, entre les
franc-maçonneries anglo-saxonnes et françaises ?
Les
franc-maçonneries continentales, celles de France, de
Belgique, d’Italie, d’Espagne, du Portugal, sont très
impliquées politiquement. En Angleterre ou aux États-Unis,
elles sont davantage dans le style du Rotary ou du Lions
club qui, entre parenthèse, ont été fondés par des
francs-maçons. Il est de bon ton de s’y montrer en blaser
arborant sur la pochette le blason de sa loge. Sur notre
continent, les maçons se dévoilent assez rarement.
Je ne
comprends pas cette contradiction dans la franc-maçonnerie
entre une philosophie huma-niste, qui semble vouloir
améliorer le sort de l’humanité, et ce parti-pris pour des
lois qui vont contre la vie. Deuxièmement : avez-vous un
petit vade-mecum qui nous permettrait de reconnaître un
franc-maçon ?
Il
y a effectivement une contradiction entre cette
glorification de l’homme et les lois sociétales préparées
dans les loges, souvent promulguées par des maçons, comme la
loi Veil. Je ne trouve pas d’explication à cette
contradiction sinon qu’elle est un fruit des idées
malthusiennes qui courent depuis longtemps dans la
maçonnerie et qui veulent que, pour assurer le bien-être de
tous, il faille réduire le nombre d’humains sur la terre.
Pour répondre à
votre deuxième question, il y a de nombreux signes de
reconnaissance qui permettent aux francs-maçons de se
re-connaître entre eux : une manière de se sa-luer, de se
comporter dans les assemblées. Pour voir à qui ils ont
affaire : une poignée de main un peu tortillée, qui faisait
dire à François Mitterrand qu’ils étaient des « frè-res-la
gratouille », ou trois points dans la si-gnature, ce qui
peut être aussi une manière de se dévoiler.
Vous nous
avez montré l’influence de la franc-maçonnerie sur les
institutions de la République, sur les grands Corps de
l’État. Vous expliquez tout cela dans votre dernier livre.
Je voudrais savoir si la franc-maçonnerie a de l’influence
dans l’Église.
Pas de paranoïa
collective pour l’Église. Les textes qui passaient sous le
manteau ou que l’on peut voir aujourd’hui sur Internet et
qui prétendent qu’il y a un grand nombre de prélats
francs-maçons propagent des légendes. Personnellement je ne
connais que deux prêtres dont j’ai la certitude qu’ils
étaient francs-maçons, ce qui ne fait pas beaucoup pour la
France entière. Si vous tombez sur de soi-disant
« instructions aux évêques francs-maçons », sachez qu’il
s’agit d’une plaisanterie. Par contre, au début de la
maçonnerie, il y eut en France des prélats francs-maçons ;
mais après les horreurs de la Commune et celles de la
séparation de l’Église et de l’État, il n’y eut plus ni
prêtre ni évêque franc-maçon. Il y a une trentaine d’années,
à Rome, un prélat financier d’origine américaine, engagé
dans la loge P2, avait été compromis dans des affaires de
corruption. Jeunes catholiques, gardez la tête froide :
N’ayez pas peur de la franc-maçonnerie. Tenez-lui tête
poliment, mais fermement.
La
franc-maçonnerie a-t-elle vraiment du poids sur la
politique européenne et mondiale ?
Si c’est le cas, il y a de quoi s’inquiéter.
Il est vrai que
l’on peut être surpris de certaines décisions prises à
Bruxelles, comme celles dont je vous parlais tout à l’heure,
qui veulent protéger les grands singes tout en permettant
l’utilisation de l’embryon humain comme matériel de
laboratoire. En effet, des francs-maçons se sont fait élire
dans les instances européennes. Ils ont une certaine
influence. Mais, la nouveauté, c’est qu’ils se plaignent du
« lobbying catholique ». Ce qui veut dire que les
Catholiques commencent à jouer un rôle politique. Dans les
instances internationales, il y a des francs-maçons que l’on
trouve par exemple à l’OMS, l’ONU, l’UNESCO où ils font
évoluer la morale dans un sens qui ne nous convient pas,
puisqu’ils prônent de plus en plus de liberté pour l’homme,
par rapport à la loi divine évidemment, et même par rapport
à la nature.
Connaissez-vous le nombre de francs-maçons qui utiliseraient
la franc-maçonnerie à des fins mafieuses ?
Je serais bien
en peine de répondre à une telle question. Vous savez, des
corrompus, il y en a même parmi les Catholiques. Nous ne
sommes pas des saints ni eux non plus. Lorsque j’étais
Vénérable, j’avais fait une petite étude sociologique de ma
Loge. J’avais trouvé qu’un tiers était formé d’idéalistes
naïvement accrochés aux principes de liberté, d’égalité et
de fraternité ; un tiers était formé d’arrivistes, ceux-ci
pouvant être facilement corrompus ; il restait un tiers
d’assistés, c’est-à-dire des gens qui forment une clientèle
à la romaine parce qu’ils ont besoin de se sentir soutenus
comme en famille. Mais, vous me l’accorderez, tous les
maçons ne sont pas corrompus.
Voici ma
première question : vous nous disiez tout à l’heure que le
nombre de francs-maçons diminuait. Alors, comment
expliquez-vous que les organismes officiels soient, encore
aujour-d’hui, apparemment aussi facilement influencés par
eux, à propos, par exemple, des lois sur la bioéthique ? Je
veux dire, comment se fait-il que le grand public subisse
encore les décisions prises dans le cercle restreint d’un
petit nombre de loges ?
Et ma deuxième question : vous qui êtes allé jusqu’au
dix-huitième grade, vous dites que les francs-maçons ont une
certaine soif de vérité. Comment expliquez-vous cette large
dichotomie entre cette soif de vérité et des projets de lois
aussi destructeurs, ce qui me ferait penser qu’aux plus
hauts grades de la franc-maçonnerie, on exercerait une
volonté destructrice ?
L’influence de
la franc-maçonnerie a varié au cours des périodes
historiques. Elle était grande, par exemple, sous la
troisième République qui a promulgué la loi de séparation de
l’Église et de l’État. En 2005, pour son centenaire, j’ai
écrit dans L’Homme Nouveau un article demandant la
séparation de la franc-maçonnerie et de l’État. Il n’y a pas
eu beaucoup de réactions. Les années 1970-1990 ont été aussi
une période faste, comme sous la présidence de François
Mitterrand. Son premier gouvernement comptait une douzaine
de maçons. Vous voyez que cela ne correspond pas à la
proportion que l’on trouve dans la population.
Tous les ans,
le « convent », l’assemblée générale des« députés » des
loges, donne quatre sujets à traiter obligatoirement par les
loges. Ces travaux sont collationnés et revus à l’échelon
régional puis national au convent suivant. Ils sont l’objet
de rapports plutôt bien faits qui sont proposés aux députés
du palais Bourbon, bien heureux de cette manne qui leur
permet, à moindres frais, d’élaborer des projets de lois et
de les présenter à l’Assemblée Nationale.
Quant à la
question de la volonté de destruction parmi les haut-gradés,
cette dernière existe indiscutablement. Elle est
essentiellement dirigée contre l’Église de Rome. La
tolérance des loges s’exerce sans trop de difficulté à
l’égard du protestantisme, de l’orthodoxie, et de l’islam.
L’étonnant, c’est qu’elles n’ont pas été capables de prévoir
la montée de l’islam en France. Pourquoi une animosité
particulière envers l’Église de Rome ? C’est que pour
supprimer ce qu’elles appellent la morale traditionnelle,
c’est-à-dire la morale chrétienne, ils ont affaire à une
structure organisée, pyramidale, dont la cible la plus
évidente pour elles est le Vicaire du Christ. Vous avez
observé l’acharnement contre le pape des journalistes dont
un bon nombre sont francs-maçons. L’un des grands
commandeurs du grand collège des rites américains, Albert
Pike, en 1871, écrivait dans Morales et dogme que
deux dieux s’affrontent : Adonaï, le dieu du Mal, qui veut
la destruction de l’homme, et Lucifer, le dieu du Bien.
Passons sur les points de vue philosophique et théologique
pour retenir cette inversion de rôles qui ferait sourire si
elle ne montrait à quel point la maçonnerie est hostile à
l’Église. Sachez que ce sont les francs-maçons américains
des hauts grades qui ont fondé les Mormons, les Témoins de
Jéhovah. C’est évidemment dans un climat très protestant,
c’est-à-dire très anticatholique des États-Unis de cette
époque.
Que
peut-on dire des relations entre l’Église et la
franc-maçonnerie ?
Est-ce que la franc-maçonnerie utilise la symbolique
chrétienne dans ses rites ?
À ma
connaissance, il y a bien une quinzaine de condamnations de
la franc-maçonnerie par l’Église. La dernière interdit aux
fidèles de participer aux activités maçonniques sous peine
de péché grave et d’interdiction de recevoir la sainte
communion. Aujourd’hui, cela ne vous entraîne pas à être
brûlé vif sur un bûcher. Mais, je trouve regrettable, par
exemple, que des évêques, qui ne sont pas francs-maçons, se
laissent piéger en répondant favorablement à des invitations
à des réunions en « tenue blanche », c’est-à-dire à des
réunions de loges où, certains rites et certains décors sont
supprimés pour la circonstance, et où il leur a été demandé
de prendre la parole. Des évêques français l’on fait au nom
du dialogue interreligieux, bien qu’il ne s’agisse pas de ce
genre de dialogue ici. Alors les maçons ont beau jeu de dire
: « Voyez, nous ne sommes pas si condamnables que cela,
puisque des évêques viennent parler chez nous ». Ce fut
le cas de Mgr Dagens, évêque d’Angoulême. Son statut de
membre de l’Académie française lui permet sans doute de
s’adresser à tout le monde, mais je trouve que, vis-à-vis de
l’Église, c’est une imprudence.
A propos des
rituels, je vous ai parlé de mon initiation au dix-huitième
grade, un jeudi saint, avec une parodie de la sainte Cène.
Il n’y avait pas de profanation d’hostie. Mais il y en a eu
à la fin du XIXe siècle. En lisant les écrits sur Mère
Yvonne-Aimée de Malestroit, on apprend qu’elle a été poussée
par le Seigneur à rencontrer des maçons qui avaient profané
des hosties. Je crois qu’aujourd’hui cela ne se fait plus.
Dans les loges spiritualistes où l’on doit affirmer sa
croyance en Dieu, il ne s’agit pas de croire en Jésus-Christ
toujours vivant, mais en un Dieu abstrait, comme celui des
philosophes, comme celui de Voltaire qui parlait de grand
horloger. Il n’y a pas d’explication de la création du
monde, et il n’y en a toujours pas. Ces maçons sont donc
déistes, et non pas théistes.
De vous
exprimer aussi librement, cela ne vous met-il pas en
danger ?
Êtes-vous l’objet de pressions ou de menaces ?
Oui, bien sûr.
Autrefois, lorsque j’étais à la Sécurité Sociale, dont tous
les dirigeants étaient francs-maçons, à l’occasion de ma
conversion, j’ai été mis « à l’index », autrement dit au
placard. Il était encore trop tôt pour que j’assume toutes
les conséquences de ma conversion, en particulier je n’avais
pas de formation chrétienne suffisante. Je n’avais donc pas
déjà quitté la franc-maçonnerie à ce moment-là, ce qui me
permit d’envoyer des émissaires pour savoir s’il y avait une
conciliation possible. Il n’y a pas eu moyen de s’entendre
malgré notre appartenance à la même loge. J’ai fait savoir
que j’allais me plaindre aux prud’hommes. J’eus
immédiatement la visite d’un haut-dignitaire de la
franc-maçonnerie de Rennes, en outre professeur de faculté
et secrétaire général de Force Ouvrière – à l’époque, farcis
de francs-maçons – qui m’a dit qu’en allant aux prud’hommes,
je risquais ma vie. Ultérieurement, lors de mes témoignages
publics, je n’ai pas reçu d’autres menaces. Je suppose que
si l’on s’en prenait à ma vie, tout le monde comprendrait
facilement d’où cela vient. À toutes fins utiles, j’ai
rédigé une note dans laquelle je déclare n’avoir aucune
tendance suicidaire et que, s’il m’arrivait quelque chose,
il faudrait regarder de ce côté-là. Considérant un certain
nombre de morts suspectes, j’estime que cette précaution
n’est pas inutile. Rappelez-vous la mort de Robert Boulin.
Le malheureux était à la fois catholique et franc-maçon.
Rappelez-vous René Lucet qui était directeur de la Caisse de
la Sécurité Sociale d’Aix-Marseille, et franc-maçon, qui
avait voulu mettre de l’ordre dans les comptes et que l’on a
retrouvé suicidé de deux balles dans la nuque. C’était donc
un acrobate.
Quels
sont les pays d’Europe où la franc-maçonnerie s’est le mieux
développée ?
Comment la solidarité s’établit-elle entre les différentes
loges ?
Les francs-maçons ont-ils établi des listes noires de
personnes dont ils veulent empêcher le bon déroulement des
carrières ?
L’influence de
la franc-maçonnerie est particulièrement importante en
Belgique. La devise Liberté, Égalité, Fraternité est
prononcée au début de chaque réunion de loge, qu’on appelle
tenue de loge. La même devise est redite sous forme
d’acclamation à la fin. En Belgique, on ajoute : à bas la
calotte ! Il y a pas mal de loges en Italie. En Espagne,
elles réapparurent après le départ de Franco qui les avait
persécutées, à l’instar de ce qu’avaient fait Vichy et les
Nazis qui avaient porté à la franc-maçonnerie un coup dont
elle se remit difficilement. De même, après la chute du mur
de Berlin, après avoir été condamnée par le communisme, elle
s’implanta dans l’ancienne Union Soviétique. La Pologne,
bien que très catholique dans l’ensemble, a vu refleurir des
loges. La Roumanie aussi. Les pays vraiment musulmans n’ont
pas été infiltrés par la franc-maçonnerie, à part ceux qui
ont été occupés par des pays occidentaux, comme l’Égypte ou
le Liban. Il y a pas mal de loges en Turquie, démocratie
soi-disant laïque sous un gouvernement islamiste, mais nous
n’en sommes pas à une contradiction près. Les pays
asiatiques ne connaissent sans doute pas la
franc-maçonnerie.
La solidarité
entre loges est une très curieuse question. Si vous lisez la
presse, vous voyez que le GODF est rarement d’accord avec la
GNLF qui se dit spiritualiste et dépendre de la GL
d’Angleterre. Et cette dernière les considère toutes les
deux comme irrégulières, ne méritant pas même le nom de
franc-maçonnerie. Puis, dans les Fraternelles, on rencontre
des gens de toutes les obédiences qui échangent des services
et des renseignements. Parce qu’il voyait que c’était un
lieu de corruption, Alain Bauer avait tenté de les
supprimer, sans y parvenir. En France, rien n’interdit de
créer une Association pour se réunir. Les francs-maçons
trouvent d’autres lieux pour se réunir, comme le Club des
Cinquante qui réunit les cinquante maçons les plus influents
de chaque grande ville de France. Il y a aussi des loges
sauvages, indépendantes de toute organisation obédientielle.
Quant à une
liste noire, personnellement, je n’en ai pas entendu parler.
Mais à l’intérieur même de la maçonnerie existe aussi un
certain ostracisme. La plupart des maçons arrivent au grade
de Maître. Les loges de base, dites loges bleues ou loges de
saint Jean, réunissent des maçons qui ne dépassent pas ce
grade. Certains maçons restent donc Maîtres toute leur vie,
parce qu’ils ne font pas l’affaire ou ne sont pas bien vus.
Pour ma part, une fois vénérable de loge, j’ai mis un
certain temps à entrer dans les hauts grades, du quatrième
au dix-huitième, parce que j’avais eu le malheur, lors d’un
convent, de proposer que les femmes initiées fussent admises
dans nos réunions. Le machisme était très prononcé dans les
loges masculines. Les maçons qui ne veulent pas de femmes
dans leurs réunions prétendent en effet que la présence des
femmes les empêche de travailler. Ce qui démontre qu’à la
maison c’est bien leurs femmes qui font tout.
Dans quel
genre de milieu les maçons sont-ils particulièrement
nombreux en France ?
Et, à votre avis, sur quelle question législative les
francs-maçons vont-ils bientôt se mobiliser ?
Les milieux où
l’on trouve le plus de francs-maçons actuellement, ce sont
les milieux économiques. Parce que c’est là que l’on fait
des affaires. Il y en a énormément dans les administrations.
Celle qui est la plus infiltrée est l’Éducation Nationale,
avec la Ligue de l’Enseignement, par exemple. Il y en a
beaucoup chez tous les fonctionnaires, mais beaucoup aussi
dans les professions libérales ; bien entendu aussi dans la
politique.
Au sujet des
lois dont il serait bon de surveiller l’élaboration,
indiscutablement deux lois sociétales, l’une sur la
bioéthique, lieu du combat sur les manipulations de
l’embryon humain. Nulle part dans le monde n’est démontrée
l’efficacité thérapeutique de son utilisation, contrairement
à celle de cellules-souches adultes transformées selon la
technique du Japonais Yamanaka.
Alors, pourquoi cet acharnement sur les cellules-souches
embryonnaires puisque nous savons maintenant transformer des
cellules de la peau en cellules du cœur ou de tout autre
organe ? Le Sénat vient de voter sur ce sujet, contre l’avis
du gouvernement. Les lobbies ne sont pas seulement
catholiques. Il va falloir ne pas abandonner la lutte
maintenant que le texte revient devant l’Assemblée. Envoyez
des mails à vos députés pour leur montrer que vous n’êtes
pas d’accord avec ce qui se prépare. La question qui suivra
sera celle de l’euthanasie. Le Sénat a refoulé une première
fois le projet de légaliser l’euthanasie en janvier 2011,
c’est une bonne chose. Mais restons vigilants car beaucoup
de combats ont été gagnés par les francs-maçons.
La
franc-maçonnerie exerce-t-elle une pression pour que le
darwinisme soit maintenu dans les programmes de l’Éducation
Nationale ?
Y a-t-il des rites maçonniques hérités des religions
égyptiennes ?
Il y a en effet
des légendes qui soutiennent que les initiations maçonniques
dériveraient de certaines initiations de l’Égypte ancienne.
C’est la théorie de Christian Jacques, qui est égyptologue
et romancier. Il a cependant écrit sur la question un petit
ouvrage qui ne s’appuie sur aucune preuve historique.
Aujourd’hui, il n’est toujours pas possible d’établir une
quelconque continuité de transmission des rites égyptiens
anciens à la franc-maçonnerie. Il faut donc, pour l’instant,
ranger cette question au chapitre des légendes. Il y en a
d’autres dans la franc-maçonnerie, comme celle qui a donné
le nom de chapelles de saint Jean aux loges de base, ainsi
que je vous le disais tout à l’heure. Parce que, dans
beaucoup d’ordres initiatiques, y compris la
franc-maçonnerie, on prétend que saint Jean aurait reçu de
Jésus un enseignement secret. Vous savez que, lors de son
procès, Jésus a déclaré le contraire au grand prêtre qui
l’interrogeait sur ses disciples et sur sa doctrine. Jn 18,
20 Jésus lui répondit : « C'est au grand jour que j'ai
parlé au monde, j'ai toujours enseigné en synagogue et dans
le Temple où tous les Juifs s'assemblent et je n'ai rien dit
en secret ». Par conséquent, de manière tout à fait
farfelue, beaucoup d’ordres initiatiques prétendent qu’un
enseignement secret de Jésus à saint Jean aurait été
transmis aux Templiers. Un bon millénaire séparant saint
Jean des Templiers, il n’y a pas plus de preuve historique
d’une transmission de ces secrets que de ceux des rites
égyptiens.
Quant au
darwinisme, je ne crois pas que la franc-maçonnerie ait eu
d’influence sur lui et sur sa propagation. Ceci dit, elle
adhère certainement aux théories de Darwin, en particulier
à celle selon laquelle l’homme est un descendant d’un grand
singe. Raisonnablement, on ne voit pas pourquoi il y aurait
eu un tel saut dans l’évolution. Et c’est vrai qu’on
enseigne le darwinisme dans les écoles, qu’elles soient
publiques ou catholiques sous contrat ; de même,
l’enseignement de l’histoire universelle passe sous silence
toutes les persécutions dont l’Église a été l’objet. Qui
connaît, par exemple, le massacre des Cristeros du Mexique
de 1917 à 1930 ? Par contre, on enseigne que les Croisades
ont provoqué la mort de millions d’Arabes, ce qui est faux,
et on insiste sur les ravages de l’Inquisition alors qu’elle
a provoqué trois ou quatre-cents morts dans toute l’Europe
en deux cents ans environ.
La
franc-maçonnerie étant un milieu très fermé, quelles sont
ses techniques de recrutement ?
Quelles recommandations donneriez-vous pour préserver notre
entourage de son prosélytisme ?
Il y a deux
techniques de recrutement. Les Grands Maîtres font des
tournées de conférences en France au cours desquelles sont
distribués des tracts indiquant tout simplement comment on
entre dans la franc-maçonnerie. On vous indique généralement
l’adresse du Vénérable de la loge la plus proche de votre
domicile. C’est un mode de recrutement peu efficace. Le plus
efficace, c’est le bouche à oreille. Pour cela, les
francs-maçons utilisent surtout la séduction. Figurez-vous
que, contrairement à ce que l’on croit généralement, un
homme est plus facile à séduire qu’une femme. Si, de plus,
on le flatte en lui disant : « Tu es un type formidable,
on a vraiment besoin de quelqu’un comme toi pour améliorer
la société, pour faire de grands projets », le poisson
se laisse facilement appâter et mettre en contact avec un
Vénérable, seul habilité à juger de la qualité du profane.
Il ne faut par conséquent céder ni à la séduction, ni à la
flatterie. À la menace non plus, parce que, par exemple,
dans une administration, un fonctionnaire peut voir sa
promotion bloquée s’il refuse d’entrer dans une loge. La
réponse juste est alors : « Moi, je suis chrétien et je
me fiche d’une promotion à ce prix ».
L’Église
étant la cible favorite des francs-maçons, pourquoi votre
passage au dix-huitième grade a-t-il eu lieu un Jeudi
Saint ?
Comme je viens
de le dire, c’est une moquerie, une parodie de
l’Eucharistie. C’est pour profaner le Jeudi Saint. Quand on
arrive au trentième grade, celui de chevalier kadosh, auquel
je ne suis pas parvenu, grâce à Dieu, l’impétrant doit
fouler aux pieds, dans la poussière, un fac-similé de la
tiare papale. C’est quand-même une attaque directe contre
l’Église !
Dr Maurice
CAILLET
Vendredi 6 mai
2011, Église Saint-Gervais (Paris)
http://www.semeurs.org/
(Avec
l’autorisation de l’Auteur)
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