2 - L’Eucharistie et le bonheur
(suite)

2-8-La foi

Méditation devant un tabernacle

2-8-1-La pauvreté de Jésus-Eucharistie

Jésus, nous savons que Tu es là, dans ce tabernacle. Nous le savons parfaitement, et pourtant, parfois, il nous faut ranimer notre foi. C’est vrai, Tu prenais un risque énorme quand Tu as inventé l’Eucharistie. Tu savais qu’un jour arriverait où les hommes ne croiraient plus en ta présence, cachée mais réelle; beaucoup prétendraient même que les hosties consacrées ne sont que du pain partagé, rien de plus, et Tu savais aussi qu’on Te traiterait comme tel. Et qu’on laisserait aussi sans entretien, dans de nombreux endroits, les lieux où Tu habites et où Tu nous attends.

Jésus, Tu savais qu’un jour, quand la foi des chrétiens se serait refroidie, on Te laisserait seul dans tes tabernacles, on T’oublierait, ou bien on Te mépriserait comme cela arrive parfois quand on utilise une petite chapelle comme débarras, Toi présent! Tu savais qu’il y aurait des sacrilèges envers Toi. Jésus, Tu savais, et pourtant Tu as pris ce risque énorme de rester parmi nous, mais caché et comme impuissant.

Un jour, Jésus, Tu as dit: “Bienheureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux.” Aujourd’hui, dans les tabernacles de la terre, ta pauvreté, ou du moins celle que les hommes T’imposent, est incroyable. Mais entre nous, Jésus, Tu l’as un peu voulu: pourquoi Te laisses-Tu faire ainsi, sans jamais rien dire, sans jamais réagir? Sans jamais Te montrer ni Te manifester... Tu sais pourtant que les hommes sont des êtres sensibles et qu’ils ont besoin de voir, d’entendre, de sentir, de toucher... Alors pourquoi ton silence? Pourquoi restes-Tu, Jésus, dans cette pauvreté extrême?

Cœur de Jésus présent dans l’Eucharistie, Cœur Eucharistique de Jésus, pourquoi restes-Tu caché et comme démuni de tout moyen humain, alors que Tu es affamé d’amour, que Tu as soif de nos âmes? Pourquoi une telle pauvreté de moyens alors que Tu es le Tout Puissant, que Tu nous aimes, que Tu veux que nous T’aimions, que Tu as faim et soif de notre amour? Et que, même s’ils ne le savent pas, les hommes d’aujourd’hui Te cherchent et ont faim et soif de toi? Oui, pourquoi, pourquoi? Seigneur, viens affermir notre foi...

Jésus, nous sommes devant Toi, devant ton tabernacle. Nous croyons T’aimer et nous T’adorons, mais ta pauvreté nous bouleverse, et nous nous redisons: “Bienheureux les pauvres de cœur, ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des cieux est à eux.”

2-8-2-La royauté de Jésus

Le Royaume des cieux est à eux!!! Mon Dieu, est-ce là la clé du mystère? Jésus, Tu es là, présent parmi nous, dans une pauvreté totale, mais Tu possèdes le Royaume des Cieux, Tu es même le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. Mais ta Royauté n’est pas de ce monde, elle est bien au-dessus de tous les mondes créés. Ta Royauté est immense, infinie; bien au-delà de tous nos désirs terrestres, de toutes nos petitesses humaines. Ta Royauté, Jésus, elle est d’un autre ordre, et tous les honneurs de la terre ne sont que des misères à côté de ta Pauvreté qui est, en fait, la manifestation de ton immense richesse, immense et éternelle.

2-8-3-la pauvreté, richesse de Jésus

Ta Pauvreté sur terre, Jésus, c’est ta richesse. Quel mystère!

La pauvreté de Dieu, sur la terre, c’est sa richesse! Quelle leçon veux-Tu donc nous donner, Jésus? Tu vois, tes façons de faire sont déroutantes tant elles vont à l’encontre de nos façons de penser et de juger... Et, en plus, Tu veux que nous Te consolions! Alors que c’est nous qui, le plus souvent, aurions besoin d’être consolés.

Jésus! Tu es le Tout Puissant, le Créateur, nous dépendons entièrement de Toi; sans Toi, nous ne sommes rien et nous ne pouvons rien, c’est une évidence. Nous ne sommes que d’ultra-minuscules étincelles de ton Amour, que Tu as créées libres pour qu’elles puissent T’aimer, et nous allons jusqu’à refuser cet amour que Tu réclames de nous, cet amour qui pourtant nous rendrait heureux. Jésus! Quel mystère!

Oui quel mystère extraordinaire que l’Amour, pour que Dieu Lui-même souffre de n’être pas aimé par ceux qu’Il aime!

Quel mystère extraordinaire pour que le Fils de Dieu soit venu Lui-même sur terre pour nous faire comprendre ce mystère de l’Amour!

Quel mystère extraordinaire que l’Amour de Dieu pour nous, pour que Jésus ait pris notre nature humaine, ait vécu chez nous, comme nous, mais dans la pauvreté, et qu’Il ait accepté de mourir sur la Croix. Et qu’Il ait, avant de mourir, vécu une agonie dont l’unique cause était notre manque d’amour. Et ses conséquences, pour nous, bien sûr!

Quel mystère extraordinaire que l’amour de Jésus, qui a voulu rester avec nous, malgré toutes nos ingratitudes, dans les tabernacles du monde où son Cœur Eucharistique attend des consolateurs qu’Il ne trouve pas! Pauvreté du Cœur Eucharistique de Jésus! Pauvreté de Dieu, épreuve pour notre foi!

Jésus, nous contemplons ta pauvreté, la pauvreté de Dieu manifestée dans ton Eucharistie, dans ton Cœur Eucharistique. Nous Te contemplons Jésus et nous croyons T’aimer... Mais si souvent nous doutons: Tu es si pauvre dans ton Eucharistie... Es-Tu vraiment là, présent? Oh! Jésus, viens conforter notre foi!

Jésus, nous Te contemplons devant ton tabernacle, nous contemplons ta pauvreté. Nous Te contemplons aussi à Gethsémani... Et nous nous disons que le prophète n’a certainement pas bien regardé quand il a mis dans ta bouche, Jésus, cette phrase bouleversante: “J’ai cherché des consolateurs et je n’en ai pas trouvé!”.  Aurait-il donc oublié toutes les âmes qui se trouvaient dans la Coupe de ta consolation? Il faut dire, à sa décharge, qu’il aurait fallu qu’il ait de très bons yeux, ce prophète, pour apercevoir les toutes petites âmes contenues dans la coupe de ta consolation, ces petites fleurs insignifiantes et cachées dans les cailloux ou les quelques rares herbes qui se trouvaient là, à tes pieds, à Gethsémani, le soir de Gethsémani, quand Judas était en train de Te trahir, et quand Pierre n’allait pas tarder à Te renier!...

Jésus, nous sommes émerveillés! Tous nous pouvons devenir des saints, des petites fleurs de ta consolation.  Tu nous as créés pour cela, pour être heureux avec Toi, en Dieu, pour devenir les saints dont Tu as besoin pour construire ton Corps mystique. Jésus, depuis toute éternité, dans ton Amour Tu nous as tous  pensés et aimés, Tu nous veux pour ta consolation, pour consoler ta pauvreté et ta vulnérabilité de Dieu-Fils à Gethsémani et dans tes tabernacles.

Cœur Eucharistique de Jésus, sommes encore devant ton tabernacle, et nous Te contemplons en silence. Notre esprit terrestre ne comprend pas très bien, mais une lumière nouvelle nous éclaire. Seigneur, Tu es donc venu en aide à notre manque de foi? Oui, vraiment, nous croyons: ta pauvreté, la pauvreté de Dieu, c’est ta grandeur, c’est ta puissance, et c’est aussi ta force et ta richesse. Seigneur, nous croyons en Toi. Continue à faire grandir en nous la foi, Seigneur nous Te prions...

2-9-L’Offrande eucharistique de Jésus

2-9-1-La Sainte Cène

De multiples saints, mystiques, théologiens, ont médité sur l’institution de l’Eucharistie et sur l’offrande de Jésus. Tout aurait donc été dit sur ce mystère infini de Jésus se donnant aux hommes, s’offrant au Père pour le salut de tous les hommes? Ce n’est pas possible, car les hommes sont tous finis, et ce qui est fini ne pourra jamais contenir l’infini. C’est la raison pour laquelle, nous aussi, nous allons essayer de surprendre quelques secrets du Cœur de Jésus instituant l’Eucharistie...

Tout est paix et silence dans la salle du Cénacle. Les apôtres, après le lavement des pieds sont comme subjugués: ils sont terrassés, écrasés. Ils ne comprennent pas les derniers enseignements de Jésus, mais ils se taisent; une adoration profonde s’est comme emparée d’eux et les anéantit. Ils regardent leur Seigneur avec une intensité inhabituelle, ils Le contemplent et semblent jouir de son amour. Ils voudraient demeurer là toute l’éternité... “Seigneur, il nous est bon d’être là...”

Mais voici que le Seigneur se penche vers la coupe remplie de vin et le pain qu’Il a fait apporter après le repas pascal. Jésus, paraît prier sur ces espèces. Puis Il contemple longuement ses disciples de son regard pénétrant et tellement plein d’amour, et Il murmure: “Si vous saviez combien J’ai désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir!... Jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu.” Un long silence suit, puis Jésus saisit le pain, l’élève, et Il rend grâce au Père...

Voici que le Seigneur est comme transformé; son Corps est devenu diaphane, presque lumineux et d’une beauté exceptionnelle. Les apôtres se taisent toujours: ils adorent... ils adorent leur Maître, ils L’aiment, et ils sont heureux... immensément heureux!

Jésus a saisi le pain et rend grâce au Père. Il bénit le pain d’un grand signe que les apôtres ne connaissent pas, comme une sorte de croix. Enfin Jésus rompt le pain en disant:

— Prenez et mangez en tous, et mangez-en tout: ceci est mon Corps qui va être livré pour vous et pour tous les hommes en rémission des péchés. Mon Corps est vraiment le pain du Ciel que Je vous ai promis. Qui mangera ce pain n’aura plus jamais faim. Jésus partage les deux parties du pain qu’Il a déjà coupé en deux, en douze morceaux qu’Il tend à ses apôtres. Les disciples mangent cet excellent pain, sans comprendre, et regardent Jésus qui a conservé devant Lui le dernier morceau: Jésus ne touche pas à ce douzième morceau...

Les apôtres ont remarqué que Jésus ne mangeait pas le dernier morceau et  pensent, sauf Pierre et Jean qui savent, qu’Il le réserve pour Judas...

Maintenant Jésus prend la coupe. De nouveau Il rend grâce, longuement. Jésus pleure dans son Cœur, mais les apôtres n’ont pas l’air de s’en apercevoir.  Jean, par contre, regarde le visage de Jésus presque lumineux. Mais, comme il a déjà vu Jésus transfiguré, il ne s’étonne plus: il se contente d’aimer son Maître adoré. Comme son Maître, Jean semble en extase: que voit-il, là-bas où son regard s’attache. Voit-il ces milliers de prêtres entourant Jésus, et qui semblent ne faire plus qu’un avec Lui? Voit-il ces millions de prêtres qui offrent avec Jésus son Corps et son Sang, et qui boivent le Sang de l’Agneau?

Jean demeure fasciné, comme dans une extase inconnue qui le saisit tout entier...  Jésus, devenu Lumière, ne fait qu’un avec la foule des prêtres de tous les temps... Mais l’Heure approche. Jésus, après avoir béni la coupe, et l’avoir offerte au Père, la montre aux apôtres en disant:

— Prenez cette coupe qui renferme mon Sang, mon Sang livré pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Buvez le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, le Sang de l’Agneau de Dieu, immolé pour le salut de tous les hommes. Prenez et buvez-en tous car ceci est vraiment mon Sang déjà versé pour vous...

Jésus s’arrête un court instant, puis ajoute:

— Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps.

La coupe circule... Chaque apôtre boit une petite gorgée de vin, et s’absorbe, comme enveloppé dans une béatitude inconnue, dans une curieuse et pesante contemplation: qu’ont-ils vu, qu’ont-ils senti? Aucun n’a jamais rien révélé de cette grâce immense... Ont-ils vu Jésus transfiguré une nouvelle fois? Probablement, mais ils ne nous l’ont pas dit. En ont-ils parlé plus tard, entre eux, après la Résurrection de Jésus, et au cours de leurs longues courses apostoliques? Certainement, mais sans s’y attarder, car ce qui comptait le plus pour eux, c’était d’abord et avant tout, la transmission du message évangélique. Et certaines grâces qui transforment une vie sont trop grandes, trop puissantes et de plus trop intimes pour être divulguées...

Quand les onze amis de Jésus revinrent à eux, Jésus reprit la parole:

— Vous venez de vivre l’instant le plus solennel de votre vie. Ce que Je viens de faire, Je vous ordonne de le faire, vous aussi, en mémoire de Moi. Et chaque fois que vous bénirez et consacrerez le pain et le vin comme Je viens de le faire, Je serai au milieu de vous, Je serai avec vous, Je serai vous. Chaque fois que vous mangerez et boirez le pain et le vin consacrés, comme Je viens de le faire, et en mémoire de Moi, vous annoncerez ma mort, la mort de votre Seigneur, jusqu’à ce que Je revienne. Vous annoncerez aussi ma prochaine Résurrection.

Les apôtres boivent les paroles de Jésus, mais ne comprennent pas. Certains pensent par devers eux:

— Seigneur, ne pourrais-Tu pas ne pas partir? Mais si Tu dois absolument partir, oh! reviens vite... Comment pourrions-nous vivre sans Toi, sans Toi qui a les paroles de la vie éternelle? Et puis, souviens-Toi, Tu nous as dit que Tu ne nous laisserais pas orphelins.

Jésus semble ne rien entendre de la plainte de ces cœurs aimants mais trop humains,  et poursuit son enseignement:

— Beaucoup de mes petits viendront à vous, tout au long des siècles, pour manger mon Corps et boire mon Sang. Et c’est vous et vos successeurs qui les leur donnerez. Mon Pain de Vie et la Source vive de mon Sang se multiplieront à l’infini entre vos mains consacrées. Mon Corps est la vraie nourriture et mon Sang est le vrai breuvage. Je suis la force des faibles, la gloire des humbles, la douceur des violents amoureux de Dieu. Tous les hommes pourront Me recevoir dans le pain et le vin que vous consacrerez. Mais n’oubliez jamais que mon Corps et mon Sang sont la sainteté de Dieu. Veillez donc à ne pas jeter les perles aux pourceaux. Car quiconque mangera et boira indignement le pain et le vin du Seigneur, sans discerner sa Présence, mangera et boira sa propre condamnation.

Les apôtres qui n’ont pas compris, se regardent, interrogatifs. Jésus, toujours au milieu de ses apôtres, prie de nouveau le Père:

— Père, l’Heure est venue: glorifie ton Fils afin que le Fils Te glorifie et que, par le pouvoir que Tu Lui as donné sur toute chair, Il donne la vie éternelle à tous ceux que Tu lui as donnés. Père, la vie éternelle, c’est qu’Ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu, et qu’ils Me connaissent aussi, Moi, ton Fils, ton Unique, que Tu leur as envoyé. Qu’ils sachent que, qui Me voit, Te voit aussi, Père avec qui Je suis Un dans l’unité de l’Esprit d’Amour. Qu’ils sachent que l’Esprit d’Amour nous unit dans l’ineffable Trinité de Dieu que Nous sommes, Dieu unique et vrai, seul Créateur, seul éternellement Vivant.

Les apôtres ne comprendront que plus tard, bien plus tard, ces paroles incroyables. Pour l’instant, ils n’ont retenu qu’une chose: l’Heure dont leur Maître leur a si souvent parlé est arrivée. Les apôtres ont peur et n’osent plus rien dire: ils attendent et écoutent... Le Cœur de Jésus bat plus fort, plus douloureusement aussi. Jean pleure silencieusement sur le Cœur de Jésus, sans savoir pourquoi: il se sent pourtant si heureux. Jésus contemple ses apôtres et les enveloppe d’un extraordinaire regard d’Amour. Ce n’est pas un amour d’homme, c’est vraiment l’Amour de Dieu qui est là, emplissant tous les cœurs de bonne volonté.

— Père, déjà Je ne suis plus du monde, et eux non plus ne sont plus du monde. Mais ils doivent rester dans le monde. Père, Moi Je vais vers Toi, garde-les dans ton Amour afin qu’ils soient UN comme Nous. 

Curieusement les apôtres, sans même s’en apercevoir se sont donné la main, faisant entre eux comme l’embryon d’une chaîne humaine, et Ils prient:

— Notre Père, qui es aux Cieux.

Jésus sourit:

— Père, qu’ils soient toujours un, Moi en eux, et eux en Moi, afin que leur unité soit parfaite et que le monde sache que Tu m’as vraiment envoyé, et que Tu les aimes comme Tu M’as aimé.

Jésus contemple ses amis et les laisse prier. Puis brusquement Il se lève en disant:

— Partons d’ici, vite! Je dois aller au Rendez-vous de l’Amour, au Jardin des Oliviers. C’est l’Heure! C’est mon Heure!

Jésus sort, suivi des ses onze apôtres: tous s’en vont là où le Père les appelle. Les apôtres ne le savent pas encore, ils sauront plus tard, après la Pentecôte...

2-9-2-Paroles d’espérance

Esprit-Saint, Esprit d’Amour du Père et du Fils, emplis nos cœurs de ton Amour, car tout est toujours trop grand pour les pauvres hommes que nous sommes.

Dieu est UN, unique. Dieu-UN est Père, car c’est de Lui que tout vient, que tout est créé. C’est sa Parole, son Verbe qui crée, et cette Parole, c’est son Fils qu’Il engendre éternellement en Le disant. La Parole du Père, c’est le Fils, Parole du Père qui de toute éternité vient du Père, et retourne au Père dans un tourbillon d’amour Infini et Éternel, l’Esprit.

Dieu est UN dans le Père dont le Verbe est le Fils. L’Esprit Commun au Père et au Fils scelle éternellement l’unicité de Dieu et l’unité de son Esprit. Dieu Un, Père qui se dit par sa Parole: le Fils, dit une première parole: “Que le monde soit!” Et il en fut ainsi, et le monde exista, la Création fut “fabriquée”. Et c’était très bon! Mais, pour aller plus loin et semer de l’amour dans la Création matérielle, Dieu fit l’Homme à son Image et à sa ressemblance. Et Dieu dit sa deuxième Parole, destinée à l’Homme, pour le rendre heureux: “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu... et ton prochain comme toi-même.”

Dieu est UN, Dieu est Amour et l’Amour jaillit éternellement de Lui. Et l’Homme, s’il le veut, peut vivre en Dieu et de l’Amour de Dieu. Et l’Homme peut être heureux, ou aurait pu être heureux dans l’Amour de Dieu. Mais il y eut le péché et ses conséquences... Satan a tenté l’Homme par la connaissance: “Si tu manges le fruit de cet arbre, tu sauras tout, tu seras comme Dieu...” L’Homme mangea et découvrit qu’on l’avait trompé: au lieu de savoir, il s’aperçut qu’il avait perdu la connaissance... Et l’Homme est comme perdu, suspendu dans la création entre deux infinis, l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’Homme a perdu Dieu, et en perdant Dieu il a perdu la connaissance, il a perdu le bonheur...

C’est à ce moment que l’on peut se demander s’il n’y a pas une troisième Parole de Dieu: l’Eucharistie. Jésus dit: “Ceci est mon Corps livré pour vous; ceci est mon sang versé pour vous.” Et cela fut... Est-ce cette Parole qui répare, la Parole qui recrée, la Parole qui redonne l’Amour perdu,  la troisième Parole de Dieu, la seule parole de la véritable connaissance mise de nouveau à notre portée, la Parole de l’Amour? “Ceci est mon Corps livré pour vous. Ceci est mon Sang versé pour vous. Faites ceci en mémoire de moi.”

L’Eucharistie est-elle l’épanouissement de la Parole de Dieu? Est-elle l’amplification de la Parole, et sa multiplication à travers le monde afin de lui redonner vie et connaissance? L’Eucharistie que Jésus nous donne serait-elle l’Arbre de la Vie et de la Connaissance enfin retrouvée, mais la connaissance de Dieu, la Connaissance qui rend humble car elle est réalité de l’Homme dans la réalité de Dieu, vérité de l’Homme dans la vérité de Dieu? L’Eucharistie de Jésus est-elle sa Parole redite par une infinité d’échos? Son Eucharistie est-elle sa Parole destinée à pénétrer dans tous les cœurs? Son Eucharistie est-elle sa Parole résonant dans le monde entier pour y révéler l’Amour? L’Eucharistie de Jésus est-elle la multiplication infinie de ses paroles d’Amour? Est-elle la semence merveilleuse qui redonne la paix et le bonheur à tous ceux qui l’entendent? Est-elle semence de Vie, de sa vie, la vie de Dieu,  dans ce monde de mort?

Jésus vient de nous donner une extraordinaire leçon d’espérance. De nos jours nous sommes souvent trop pessimistes en contemplant l’effacement de l’Église, dans tellement de pays, et particulièrement en France. C’est vrai, on ne peut manquer de se dire que la France a subi, au cours des siècles, de nombreux assauts démoniaques; mais, quand Satan semblait vainqueur, Dieu suscitait des saints, et quels saints! Et les âmes renaissaient. Et l’on peut se dire qu’il en sera certainement de même pour la France du XXIè siècle, malgré l’indifférence, l’incroyance du peuple de France, et surtout les marées noires islamistes ou athées. Mais l’espérance eucharistique est là, solide: l’Église renaîtra par l’Eucharistie.

Valeur de l’Eucharistie

Au 19e siècle, Saint Pierre-Julien Aymard, l’apôtre de l’Eucharistie écrivait: “Il y a une relation de vie et d’amour entre Jésus vivant au Sacrement et nous, vivant au milieu du monde... Qu’on le sache bien, une civilisation grandit ou décroît en fonction de son culte pour la divine Eucharistie. C’est là la vie et la mesure de sa foi, de sa charité et de sa vertu. Qu’il arrive donc ce règne de l’Eucharistie. Assez longtemps l’impiété et l’ingratitude ont régné sur la terre. Que ton règne vienne!”

2-10-Cœur de Dieu-Volonté de Dieu

Une expression revient souvent dans la vie spirituelle: nous devons être soumis à la volonté de Dieu et aux supérieurs qu’Il nous donne. Saint Paul, s’énervant un peu face à des questions matérielles de son temps, déclara, au sujet des femmes: “Qu’elles soient soumises à leur mari.”

Quand on oublie le contexte dans lequel Paul fut amené à écrire ces paroles, on se révolte. Pourtant, il faudrait toujours ajouter qu’à cette époque, les femmes devaient être soumises d’abord à leur père, puis, en cas de décès de ce dernier à l’oncle le plus âgé, ou à son frère aîné s’il n’y avait plus d’oncle; dès lors, on comprend que les pauvres femmes, une fois mariées, ne savaient plus très bien à qui elles devaient obéir, se soumettre. “Mais à leur mari!” dit Saint Paul. Quelle libération pour les femmes chrétiennes!

2-10-1-Que signifie: être soumis à la volonté de Dieu

Et pour nous chrétiens du XXIe siècle, que signifie cette expression: être soumis à la volonté de Dieu ou aux supérieurs qui représentent Dieu pour nous? Petite remarque: soumettre, çà veut dire: se mettre sous, et quand on aime, on ne peut pas être “sous”. On ne peut que vouloir ensemble. Alors, réfléchissons. Jésus nous aime et nous essayons de L’aimer, au moins un peu. Seuls les saints ont vraiment su aimer Dieu. Ils se sont laissés faire par le Seigneur qui les a mis dans son Cœur pour vivre au rythme de son Cœur divin, au rythme de ses désirs, de ses volontés, de son Amour. Ils étaient amoureux de Jésus-Christ, de Dieu; ils ne vivaient que de Dieu, ne désiraient que Dieu, et les désirs de Dieu étaient les leurs. La volonté de Dieu étaient devenue la leur: ils ne voulaient que ce que Dieu voulait. Bien sûr, ils ne réussissaient pas toujours,  mais, tout doucement, le Seigneur leur apprenait à Le comprendre, à vivre unis à Lui, dans son Amour.

Alors, ils n’étaient plus soumis à la volonté de Dieu, car la volonté de Dieu était devenue la leur, ses désirs étaient aussi les leurs. Ce que le Seigneur voulait, ils le voulaient, et ils le voulaient librement et amoureusement. Car ils aimaient Jésus, leur Seigneur et leur Dieu.

Oh! Comme Dieu nous aime! Remercions le Seigneur de nous avoir donné des mystiques, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui savaient prier et aimer leur Seigneur, des gens amoureux de l’Eucharistie et qui avaient des relations très intimes avec Dieu parce qu’ils faisaient sa volonté. Beaucoup de ces mystiques, des hommes simples, des hommes de tous les jours qui prenaient le temps de prier, nous ont heureusement laissé des écrits, ou des paroles qui racontent ce qu’ils ont vécu avec Dieu! Et nous n’avons pas du tout l’impression qu’ils aient été des fous. Ils paraissent plutôt exceptionnellement équilibrés, et leur amour du prochain, leur esprit de service ne peut vraiment pas être mis en doute. Merci Seigneur pour tes saints et tes mystiques qui, tous, ont aimé l’Eucharistie! Seigneur, continue à nous donner de saints mystiques!

2-10-2-Pénétrer le mystère eucharistique

Prière

Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de ton Eucharistie! Jésus, fais-nous comprendre ta Vie Eucharistique, fais-nous contempler ta Présence Eucharistique, ton Amour Eucharistique. Jésus, fais-nous découvrir le mystère de ton Eucharistie, ce mystère d’Amour qui est Toi, Verbe de Dieu présent, vivant, aimant, patientant pour nous attendre, et toujours prêt à Te livrer à nous quand enfin nous nous décidons à revenir à Toi. Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de ton Eucharistie! Fais-nous découvrir le mystère ineffable de ton Amour, de ta Miséricorde. Jésus, fais-nous vivre de ta vie, de ta Vie Eucharistique...

Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de ton Eucharistie, le mystère de ton Cœur qui nous aime, qui nous attend, qui vient pour nous apprendre le chemin de la Vie. Jésus, nous T’aimons, mais fais que nous T’aimions de plus en plus, que nous ne désirions plus jamais rien d’autre que Toi. Fais que ta seule volonté amoureuse soit l’unique volonté de nos cœurs pour qu’ils deviennent amoureux de Toi. Jésus, nous Te prions, fais-nous connaître toute la profondeur de ton Cœur Eucharistique, et donne-nous la foi, la foi de tes martyrs, de tes apôtres, la foi de ceux qui ont su témoigner de Toi et de ta présence dans ton Eucharistie...

Jésus, fais-nous pénétrer dans le mystère de la pauvreté de ton Eucharistie, de ton Cœur Eucharistique! Car ton Cœur, Jésus, fut toujours eucharistique, c’est-à-dire action de grâce, et cela durant toute ta vie terrestre. Jésus, ouvre-nous à ton Eucharistie. Nous avons un besoin absolu des nourritures divines pour vivre, car Dieu veut que les néants que nous sommes vivent de Lui et pour Lui. Dieu veut, impérativement, que nous L’aimions: c’est sa Loi, c’est sa volonté, c’est notre bonheur.

Eucharistie veut dire action de grâce. Pourtant l’Eucharistie est étroitement associée à la Passion du Christ, et elle n’existe pour nous que si Jésus est ressuscité. S’Il n’était pas ressuscité, s’Il n’était pas vivant et dans sa gloire, il n’y aurait pas d’Eucharistie... Bien plus, personne ne parlerait plus de Jésus-Christ. Il serait complètement tombé dans les oubliettes de l’Histoire. Mais Jésus est ressuscité, Il est dans la Gloire de Dieu, dans la Sainte Trinité... et vivant, pour nous, dans l’Eucharistie...

L’Eucharistie n’existe que par la Résurrection du Christ. Un petit schéma montrant les trois aspects du Cœur Eucharistique de Jésus va nous aider à comprendre la vérité du Mystère eucharistique:

 

Cœur Eucharistique

 

Agonie et Passion de Jésus

Présence de Jésus vivant, dans les tabernacles

Gloire de Jésus au Ciel et dans son Corps Mystique

Ainsi, on doit sans cesse se souvenir que l’Eucharistie que Jésus nous a donnée, qui est toujours liée à sa Passion, est également liée, et le sera éternellement, à sa Gloire, au Ciel et sur la terre. Ainsi, le Cœur de Jésus nous donnant l’Eucharistie, son Cœur Eucharistique, c’est vraiment le Cœur d’action de grâce envers le Père, c’est le Cœur de Jésus plein de reconnaissance et d’amour, c’est le Cœur qui loue Dieu au sein de la Trinité Sainte. Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est l’amour qui se donne, qui s’oublie pour penser aux pauvres hommes. C’est le Cœur de la Trinité qui s’unit aux hommes dans le Cœur mystique du Christ, c’est le Cœur de l’Homme-Dieu qui réalise l’unité de Dieu et de sa Création, dans l’Amour. Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est l’Amour et le Cœur de l’Amour, c’est le Cœur des Béatitudes infinies de Jésus...

Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est son Cœur humilié mais glorieux, car l’humilité c’est la gloire de Dieu. Le Cœur Eucharistique de Jésus, solitaire et délaissé dans nos tabernacles, c’est le Cœur qui console ceux qui pleurent, qui pardonne les péchés, qui relève les faibles et les malades. Le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est le Cœur de Jésus qui ouvre les cœurs à son Cœur, donc à l’Amour et au bonheur, son bonheur. Mais ce bonheur est aussi douleur, car Jésus ne nous a donné son Cœur Eucharistique, son Cœur glorieux, que par son Agonie et sa Passion.

Contemplation

Ô Cœur de Jésus, Toi qui nous révèles Dieu, Tu es la Connaissance et la Sagesse. Tu es la Vie, car Tu es le Cœur du Ressuscité. Cœur Eucharistique de Jésus, Tu aimes nos cœurs, Tu supplies qu’on Te prie et qu’on T’aime, car Tu n’as qu’un désir: nous exaucer. Cœur aimant de Jésus, Tu es la grâce qui fortifie, qui redresse les hommes accablés par le péché. Cœur miséricordieux de Jésus, Foyer de grâces et d’Amour, Tu es le Cœur de la Vie et de l’Espérance.

Ô Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur du Ressuscité, Tu nourris les hommes affamés de Dieu, Tu les reconstruis, Tu les éclaires, Tu leur donnes joie et bonheur... Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur de la Béatitude de Jésus ressuscité, nous Te louons, nous Te bénissons, nous T’adorons... et nous T’aimons.

2-11-L’Incarnation

2-11-1-Pourquoi l’Incarnation

Pendant longtemps les hommes ont cherché à résoudre, sans succès, cet étrange dilemme: la volonté de Dieu, c’est notre bonheur. Même aujourd’hui, tous les peuples qui ne connaissent pas Jésus, butent sur ces contradictions et s’inventent toutes sortes de dogmes pour essayer d’en sortir. Mais Dieu a entendu le cri des hommes. Dieu s’est donné un peuple qui pourrait Le recevoir, L’accueillir. Mais l’homme était toujours trop petit, trop pauvre pour “porter” l’Amour du Père...

Alors Dieu a envoyé son Fils. Son Verbe, s’est incarné: l’Être s’est fait non-être. L’Existant s’est fait néant. Du Mystère d’Amour de la Très Sainte Trinité est né Jésus, Fils de l’Homme, Fils de Dieu. Dieu se fait Homme, Dieu se fait “Néant pourtant Vivant” pour vivre avec les néants que sont les hommes, pour “expérimenter” dans sa chair humaine, dans son Cœur et dans son âme, les difficultés et les misères humaines. Jésus voulait “voir” et “sentir” dans sa nature humaine, comment l’homme, néant devant Dieu, pouvait accueillir l’Amour du Père et se nourrir de Dieu. Et Jésus a bien compris. Pour résoudre ce qu’il faut bien appeler une quadrature du cercle, Jésus a inventé l’Eucharistie...

2-11-2-Le bonheur de Jésus

Jésus a vu, entendu et senti dans sa nature humaine. Vivant notre humanité Il a ressenti dans sa chair toutes nos joies humaines: la chaleur d’un foyer où l’on s’aime, le bonheur des amitiés vraies, l’allégresse de l’amour véritable. Il a connu aussi la joie de la contemplation des beaux paysages, de l’écoute des musiques harmonieuses. Il a admiré les œuvres humaines, les vignes bien soignées, les champs de blé, promesses de vie et, déjà, de sa future Eucharistie. Et Il a aimé la beauté du Temple de Jérusalem... Et Jésus était heureux, si heureux parfois!

2-11-3-Les douleurs terrestres de Jésus

Oui, Jésus a vu, entendu et senti dans notre nature humaine, et s’Il fut souvent heureux, Il vécut aussi, au profond de sa chair et de son âme, toutes les détresses humaines. Il a souffert pendant toute sa vie les angoisses de notre vie mortelle, Il a porté toutes nos douleurs, nées de notre péché. Et c’est pour nous sauver de nos douleurs mortelles qu’Il a voulu être le Fils de l’Homme... Il  a connu aussi, car Il a tout voulu connaître de nos misères profondes, Il a connu aussi  les abîmes terribles qui parfois s’ouvrent devant les yeux de notre esprit. Et toutes les interrogations effrayantes qu’ils font naître.

Oh! ces abîmes sans fond! Quelle horreur quand on se dit que tout doit disparaître un jour de la terre: c’est inévitable. La fin de notre monde cosmique est programmée; nous ne connaissons pas le programme, mais les savants savent que c’est certain, inévitable. Alors! Que restera-t-il de nos œuvres, de nos efforts, de nos sacrifices, de nos travaux, et de tout le reste? Et nous, où serons-nous? Où serons-nous si nous sommes encore? Jésus a-t-Il ressenti ces abîmes de terreur quand Il vivait chez nous?

Satan n’a certainement pas manqué de présenter à Jésus, pendant ses tentations, ces précipices infernaux. Cela, c’est absolument sûr, puisqu’Il devait tout connaître de nos frayeurs humaines: Il l’avait décidé ainsi, au sein de la Trinité Sainte. Oui, mais le décider au sein de la Trinité Sainte, et le vivre dans un corps d’homme, fût-il celui du Fils de l’Homme, c’est autre chose.

Ces horribles plongées dans les abîmes sans fond de nos angoisses  d’hommes pécheurs, Jésus a bien dû les découvrir aussi durant sa sainte vie, avant son Agonie. Et Il a compris alors, que les pauvres êtres humains qu’Il était venu sauver et délivrer des liens du péché et de l’Enfer, ne pourraient jamais marcher jusqu’au bout du chemin, jusqu’à Lui, Verbe de Dieu, sans une nourriture forte, sans un pain et un vin divins, tant étaient difficiles et pénibles les routes de la sainteté dans nos mondes envahis de satans. Et tout au long de ses trente ans de vie terrestre, Jésus médita: Lui seul pouvait nous donner le pain de vie, et la boisson qui  nous fortifierait suffisamment et longtemps...

Oui, Jésus, tout au long de sa vie a pensé à ces choses: c’est Lui seul, venu nous sauver, qui pourrait nous garder fidèles et nous conduire à la sainteté... L’Eucharistie vivait déjà dans son Cœur: “Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous.”

2-11-4-Gethsémani

Gethsémani! Tous les abîmes des détresses humaines, des tentations terribles, des angoisses de nos fois défaillantes, les abysses de feu allumées par nos péchés, par le Péché premier mais constamment présent et actuel, le péché qui tue la vie, le péché qui touche à l’Arbre de la vie, les dévastations spirituelles qui font défaillir: où est Dieu, existe-t-il??? tous ces abîmes étaient là, devant Jésus. Et Il défaillait, Lui aussi: “Non Père...”  

Oui, Jésus défaillait et suait le sang. Il portait toutes nos angoisses, toutes nos détresses, Il n’en pouvait plus: “Père...”  Mais voici que, soudain, Jésus pense à son Eucharistie; c’était il y a deux heures. Mais oui, Il serait toujours avec nous, les hommes qu’Il aime. Ils ne seront plus seuls, face aux démons déchaînés. Il sera toujours avec eux, partout, jusqu’à la fin du temps terrestre. Ils connaîtront son Amour, et ils L’aimeront...

Nous contemplons Jésus. Nous souffrons avec Lui. Les abîmes horribles que Satan ouvre devant Lui nous épouvantent. Nos Cœurs se brisent, nos intelligences s’enfoncent dans le néant; nous sommes terrifiés, sans rien à quoi nous raccrocher. Nous sommes sur le point de hurler, mais, dans notre cœur, nous entendons Jésus: “Père, si ce calice ne peut s’éloigner, que ta volonté soit faite.” Et le Père Lui présente le Ciboire de son Eucharistie: “Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui ôte les péchés du monde.” Jésus pleure, mais des larmes d’Amour.

Le Cœur Eucharistique de Jésus continue sa vie terrestre dans ce qu’elle eut de plus pur, de plus aimant et de plus douloureux. Car l’Amour ne peut être que douleur. Son Cœur d’Agneau de Dieu offert et immolé, souffre toujours son Agonie d’Amour. Son Cœur d’Agneau de Dieu sera toujours vivant, toujours glorifié par le Père, toujours infiniment aimé du Père au sein de la Trinité Sainte. Son Cœur d’Agneau de Dieu, hélas! sera toujours incompris des hommes qu’Il aime, toujours blessé, toujours meurtri, ouvert par les lances cruelles des pauvres inconscients, pauvres aveugles, douloureux, eux aussi, mais dont Satan arme le bras. Jésus souffre intensément des outrages de ces pauvres qui Le déchirent, mais Il sait que ce n’est pas leur faute... Le vrai responsable, c’est le démon.

Le Cœur de Jésus, Cœur de d’Agneau de Dieu continue ton Agonie. Il souffre dans son Cœur, infiniment, mais Il sait qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. On leur a caché la lumière, on leur a dérobé l’amour. On a rempli leur cœur d’indifférence ou de haine. Le Cœur de Jésus, Cœur de l’Agneau de Dieu souffre son Agonie. Le Cœur de l’Agneau de Dieu est toujours humilié, délaissé, abandonné, oublié ou meurtri. Mais, sur la terre, depuis sa Résurrection, Il n’est plus aussi seul qu’à Gethsémani.

Non, Jésus n’est plus tout à fait seul, comme à Gethsémani. Il a trouvé quelques consolateurs pour son Cœur amoureux et incompris. Il s’est choisi quelques âmes pour rester avec Lui: quelques prêtres bénis, quelques fidèles aimés... Ils ont souffert, eux aussi, ils ont pleuré souvent... car le Père les préparait pour rester avec le Fils, et pour mêler leurs larmes aux larmes de l’Agneau de Dieu. Mais malgré les larmes, malgré les souffrances et les épreuves, le bonheur est là.

2-11-5-Je veux voir Dieu

Tous les hommes de tous les temps ont voulu voir Dieu. Tous les hommes ont supplié ainsi: “Je veux voir Dieu!” et les psaumes sont pleins de ces appels. Les saints ont souvent, eux aussi, crié vers Dieu de cette façon. Nous allons encore utiliser une parabole pour essayer de mieux réaliser ce que contient en réalité ces expressions: “Je veux voir Dieu!” ou “je vois” Dieu. Oui, nous “voyons” Dieu. Nous “voyons” tous Dieu, mais comment?

Encore une fois nous allons nous mettre à l’échelle de Dieu. Dans la Grande Main de Dieu, il y a tous les univers, et Dieu les regarde... et Dieu les aime. Perdus dans ces univers immenses qui tiennent dans le creux de la main de Dieu, il y a un microbe: la terre. Et sur la terre, il y a des atomes de micro-microbes: les hommes. Dieu voit les hommes, Dieu peut les voir, car ses “yeux” voient les micro-microbes qu’Il a pris tant de soin à créer. Et les hommes, de leur côté, pourraient voir Dieu qui les regarde, mais... Mais les yeux des hommes n’ont qu’un champ de vision très limité, tellement limité qu’ils ne peuvent apercevoir de Dieu qu’une petite tache, une parcelle de sa lumière d’Amour. Mais ce tout petit peu que nous “voyons” de Dieu est la Cause de notre vie et de toute notre joie.

Nous ne voyons qu’une toute petite parcelle de Dieu. De Dieu, nous ne pouvons pas voir davantage, car les atomes de micro-microbes que nous sommes, les micro-microbes qui sont dans la main de Dieu et que Dieu aime, les atomes de micro-microbes ne peuvent voir qu’une infime partie de Dieu. À partir de la main de Dieu dans laquelle ils se trouvent, les atome de micro-microbes “voient” un tout petit morceau de Dieu, probablement de sa main... mais si loin et si petit... Pour voir la face de Dieu, les atomes de micro-microbes que sont les hommes devraient quitter la main de Dieu, et s’éloigner beaucoup pour élargir leur champ de vision, donc quitter Dieu, et forcément mourir. Nous ne pouvons pas voir la face de Dieu, et pourtant nous voyons Dieu, même si de Lui, nous n’apercevons qu’un ”point”.

Étonnant! Nous voyons Dieu, vraiment, et avec nos yeux!!! Certes, cela nous paraît insuffisant, et nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne savons pas pourquoi. Mais le Seigneur sait. Il est notre Créateur, le Créateur du monde et de tous les univers, et Lui Il sait. Il sait, car la physique, c’est Lui qui l’a inventée, alors... Et c’est Lui qui nous veut dans sa main, regardant vers Lui pour voir ce que notre champ de vision nous permet de voir de Lui. Beaucoup d’hommes hélas! tournent le dos à Dieu, préférant regarder les singeries de l’Ennemi, génitrices du péché.

Les “yeux” de Dieu voient les atomes de micro-microbes de la terre. Il les aime et Il a des desseins sur eux. Dieu a mis dans leur cœur le désir de L’aimer, et, aussi, de Le voir. Mais ils sont trop petits pour Le voir en entier... C’est peut-être pour cela que certains Lui tournent le dos... Alors le Seigneur “comprend” que nous avons besoin de Le voir, de Le toucher. Les hommes que Dieu fit ne peuvent aimer que Quelqu’un qu’ils voient. Est-ce pour cela que le Cœur du Père, au sein de la Trinité, imagina le plus incroyable des miracles?

Le Cœur de Dieu-Père, Dieu unique mais trine, envoya Dieu-Fils chez les hommes. Mais pour que les hommes Le voient, Le touchent, L’entendent de leurs oreilles humaines, il fallait que le Fils de Dieu se fît micro-microbe, et même atome de micro-microbe. Ainsi les hommes verraient Dieu. Et les hommes connaîtraient l’Amour de Dieu, et les hommes aimeraient Dieu.

Jésus, Fils de Dieu, Jésus Fils du Père, aussi infini que le Père, se fit atome de micro-microbe pour nous. Jésus, Dieu incarné dans un atome de micro-microbe, vécut comme nous, les atomes de micro-microbes... Parfois, Jésus, dans sa prière, retournait discrètement vers le Père: voir le Père et faire sa volonté, c’était sa nourriture. Un jour, Il se transfigura devant trois de ses apôtres pour leur faire comprendre la réalité de sa filiation divine, et les préparer à l’inévitable qu’ils ne pourraient pas comprendre. Car les hommes ne pouvaient pas comprendre Jésus et ils Le crucifièrent...

Les hommes crucifièrent Jésus, mais c’était prévu dans la Pensée de Dieu, car la grande Croix dessinée en Dieu par les bras étendus du Fils, les bras qui accueillaient toute la Création, la grande Croix devait prendre “naissance” sur la terre. La grande Croix dessinée par les bras accueillants du Fils, c’était, c’est le Corps mystique du Christ, le Corps voulu par Dieu-Père, pour son Fils, de toute éternité.

Jésus, mort crucifié, ressuscita. Jésus-Ressuscité, c’est toujours Jésus incarné, mais c’est Jésus ayant toutes les prérogatives de Dieu. Jésus demeure au sein de la Trinité, mais à cause des hommes qui constitueront son Corps, Il doit rester chez les micro-microbes... Or, maintenant, depuis sa Résurrection, Jésus englobe aussi toute la Création, et particulièrement la terre et toute l’humanité. Et quand on imagine un peu comment la terre est entièrement absorbée en Dieu, on n’a pas de peine à comprendre que, considérant la taille de la terre et la nôtre, le rayon d’amour et de vie que Jésus-Dieu envoie vers la terre, la remplit toute. La terre baigne en Dieu.

Dès lors, l’Eucharistie devient plus facile à comprendre.  Dieu baigne la terre, un peu comme les nuages ou le brouillard noient les choses qu’ils enveloppent dans une multitude de microscopiques gouttelettes d’eau. Dieu baigne et imprègne la terre de l’humidité de sa Miséricorde et de son Amour. Jésus, infiniment plus grand que la terre la remplit toute de Lui.

Mais Jésus sait que nous avons toujours besoin de voir, de toucher, d’entendre. Alors, pour nous aider, Il rend visibles, sensibles, les petites gouttelettes de la nuée de sa présence. Il multiplie à l’infini ces petites gouttelettes de son Amour, Il nous les rend sensibles, nous pouvons les voir, les toucher, et même les manger... Car ces gouttelettes  de son Amour, c’est son Eucharistie.

2-11-6-La neige eucharistique

L’Eucharistie, c’est la présence réelle du Christ ressuscité mise à la portée des atomes de micro-microbes que nous sommes. La présence de Dieu parmi nous peut être comparée à des nuages ou à des brouillards très fins dont l’humidité imprègne tout ce qui les entoure. Cette humidité pénètre partout et féconde les milieux qu’elle enserre.

Mais parfois les nuages sont bien noirs, le brouillard est froid, et le temps semble triste. C’est que nos yeux ne peuvent distinguer les microscopiques gouttelettes qui donnent vie sans qu’on le sache vraiment.

Oui, parfois, quand les nuages qui portent l’eau vitale mais invisible sont trop noirs, nos âmes sont tristes et elles ont froid. C’est alors que le miracle peut se produire: les gouttelettes d’eau se tranforment en flocons de neige, et c’est la joie... Et ces flocons sont tous différents les uns des autres, comme s’ils voulaient s’adapter aux besoins de ceux qui les reçoivent. Les savants ont remarqué que tous les flocons étaient individualisés: il y a des milliards de modèles, et aucun ne ressemble aux autres. Merveilleuses diversités de la nature... Merveilleuse richesse de la création!

Inévitablement ces flocons de neige font penser à l’Eucharistie. Les nuages, les brouillards spirituels que Dieu nous envoie et qui sont vie, nous paraissent parfois noirs, obscurs, froids. Alors Jésus se rend visible, comme les flocons de neige sont l’eau rendue visible. Jésus se rend visible en multipliant à l’infini les hosties de son Eucharistie... Et nos cœurs, unis à son Cœur deviennent action de grâce avec Lui. L’Eucharistie, sa présence réelle au milieu de nous et pour chacun de nous, c’est l’action de grâce que nos cœurs, retrouvant leur joie, Lui chantent de nouveau.

Les milliards de gouttelettes des nuages de sa présence divine qui pénètre toute la terre, pour aider notre misère humaine, Jésus les transforme en neige divine, ses hosties, son Corps offert, multiplié à l’infini, pour nous, pour notre joie, pour notre bonheur.

Conclusion

L’Eucharistie dans l’Église

Notre Église a toujours été persécutée: elle est comme un chantier dans une mine, soumis à beaucoup d’imprévus et de difficultés, de dangers de toutes sortes. Mais les chrétiens tiennent bon: on détruit, ils reconstruisent...

Oui, partout, malgré les difficultés, les dangers, les persécutions, les défections aussi, parfois, l’Église tient bon. Toujours, et toujours des saints naissent et refleurissent... Jésus continue son Agonie, mais son Agonie est vie. Quel mystère extraordinaire! Tout semble perdu... et tout repart. Il en est de même pour chacun de nous: nous croyons être au fond du trou, au profond de la nuit, mais la grâce de Dieu est là, toujours, même si parfois nous n’avons plus la force d’y croire. Seigneur, merci!

Il nous semble parfois que nous revivons l’agonie de Gethsémani... Nous contemplons Jésus à Gethsémani tandis que les désastres humains défilaient devant ses yeux. Il voyait les souffrances des millions de martyrs que l’on “crucifiait” parce qu’ils L’aimaient et voulaient Lui rester fidèles. Il voyait les ras de marée, pire, les tsunamis d’infamies qui se déversaient dans les cœurs de ses enfants, même des petits, des innocents. Et Jésus redisait: “Père, épargne ces petits! Je fais ta volonté pour les sauver, sauve-les des horreurs de l’Enfer!”

Notre société du XXIe siècle est devenue un enfer. Personne n’est épargné... Nos cœurs souffrent, unis au Cœur du Christ. Car le Cœur de Jésus souffre face aux visions horribles des sociétés humaines séparées de Dieu, obligées de frôler l’enfer du désespoir et de la haine...

La vie dans nos sociétés sans Dieu, dépravées, qui ne respectent plus rien, qui s’attaquent aux plus faibles, est vraiment devenue l’Enfer. Nous saisissons ce que dut être la détresse de Jésus à Gethsémani, sa détresse à Lui qui, Dieu, voulut expérimenter dans sa totalité, la somme de toutes les angoisses et détresses humaines. Jésus voulut devenir, pour nous sauver, pour nous délivrer du péché,  l’Agneau Immolé qui porte le péché du monde.

À Gethsémani, l’Agneau est déjà immolé dans l’Eucharistie, mais Il vit encore, et Il saigne, et Il pleure, et Il implore le Père pour nous... Restons avec Jésus, contemplons-Le en esprit et essayons de réaliser ce que fut sa souffrance morale, la souffrance de son Cœur qui instituait l’Eucharistie, souffrance immense mais bonheur suprême car Jésus nous sauvait.

Comment Dieu a-t-Il pu nous aimer à ce point, et nous aimer individuellement? Et avec tant d’amour?

Jésus est Dieu, Un avec le Père et l’Esprit dans l’Ineffable Trinité. Il est, et Il dépasse tous les mondes. Il tient dans son Cœur, Cœur de la Trinité, tous les hommes qu’Il aime. Il regarde tous les hommes et chacun d’eux en particulier. Et à chacun d’eux Il demande: “Vois comme Dieu T’aime... Vois comme je T’aime. À ton tour aime-Moi.”

Car le Seigneur ne fait jamais rien n’importe comment: il y a toujours des desseins d’amour dans son Cœur quand Il crée quelque chose ou quelqu’un.

Aide-nous Seigneur, à mettre notre volonté au diapason de la tienne, pour T’aimer au maximum de ce que nous sommes capables... et nous serons heureux, éternellement heureux!

“Ma joie, Jésus, c’est de T’aimer!” chantait la petite Thérèse. Puisse notre joie être de L’aimer aussi...

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