1 - Le milieu vital
(suite)

1-1-Dieu, toute Pensée et tout Amour,
est notre milieu vital

Nous savons déjà que Dieu pensa chaque homme individuellement. Il façonna chaque homme selon son dessein d’Amour, lui donna les qualités qu’il devra développer pour devenir apte à remplir la tâche unique, à la place unique à laquelle il est destiné. Chaque homme est unique pour Dieu et il peut vraiment dire: je suis unique pour Dieu et je compte pour Lui. Chaque homme est le privilégié de Dieu; chaque homme est le favori de Dieu. Chaque homme est aimé par le Seigneur, d’un amour très spécial et unique. Il n’y a pas de clône dans la création.

Chaque homme peut s’émerveiller: “De toute éternité, dans sa Pensée, Dieu me prévoit en fonction de son dessein global, et de la place qu’Il me destine, de la fonction qui sera la mienne.” Dieu place chaque homme, à sa place réservée sur la terre. Là, chaque homme doit se “faire”, se développer, et se préparer à sa vocation, au dessein de Dieu sur lui, et découvrir puis accueillir l’Amour de Dieu. Quand l’homme est prêt, Dieu l’appelle. Ainsi le choix de Dieu n’est pas un choix un peu aveugle où quelqu’un serait pris, extrait du milieu d’une masse anonyme. Le choix de Dieu est la réalisation d’un dessein éternel de l’Amour.

Pour comprendre un peu ces merveilles nous devons utiliser encore quelques images humaines et imparfaites, mais indispensables. En effet, quand nous nous situons sur la terre, à l’échelle terrestre, nous arrivons à nous exprimer un peu, mais quand le Seigneur nous fait changer d’échelle pour pénétrer dans sa “Main” divine, — ou plutôt contempler sa “Main” — là où les dimensions sont des milliards de fois supérieures aux nôtres, nous ne savons plus rien. Il nous faut donc imaginer donc une grande main, la Main de Dieu. Dans sa Main, Dieu tient toute sa création, œuvre du Verbe... Dieu-Amour-Père-et-Fils-d’où-jaillit-l’Esprit regarde sa création, et Il L’aime. Dieu-Père-Amour, Un avec le Fils-Amour, offre, dans l’Esprit-d’Amour-du-Père-et-du-Fils, la création au Fils. Et le Père et le Fils, dans un Amour inexprimable, aiment la Création...

Contemplons la grande Main de Dieu: nous “voyons” les petits univers (ils nous paraissent immenses, infinis, ces univers de la création, mais ils ne sont pourtant que des poussières, comparés à la grandeur de Dieu). Nous “voyons” les petits univers, et le nôtre, et les galaxies, et le système solaire, et la terre... et les hommes! Car les hommes existent bien... Et chacun de nous est l’un de ces hommes!... Et dans notre esprit, -un pauvre petit esprit associé à un corps matériel minuscule, moins que rien- dans notre esprit il y a soudain toute la création et la Main de Dieu qui contient tout.

Qu’est-ce que l’homme? Qu’est-ce qu’un esprit, une intelligence humaine pour qu’ils puissent comme contenir en eux-mêmes Dieu leur créateur?

Nous sommes totalement dépassés. Comment cela ne nous dépasserait-il pas? Soudain nous nous tournons vers Jésus: quand Il était sur la terre, dans un corps d’homme, comment pouvait-Il, à la fois, voir la Grande Main de Dieu, tout en étant Lui-même cette Grande main à partir de laquelle Il était venu sur terre, dans un corps d’homme, dans le milieu vital des hommes, pour sauver tous les hommes?...

1-2-L’Incarnation

1-2-1-Une parabole

Quand des hommes doivent effectuer des travaux complexes, dans un environnement très difficile, parfois inaccessible, plein d’imprévus, et dans des conditions extrêmes, ils commencent par s’adresser à une entreprise compétente, et les ingénieurs interrogés se mettent à étudier longuement ce que devrait être la future machine, ou l’engin innovant et hautement perfectionné, qui permettrait la réalisation des tâches considérées comme impossibles dans un premier temps.

Par exemple, pour aller terrasser des terrains présentant toutes les difficultés imaginables, et dans des milieux aux conditions climatiques extrêmes, il faut inventer de nouvelles machines. Pour les réaliser, les ingénieurs partent d’une machine déjà connue, et qu’ils maîtrisent bien: supposons, pour fixer les idées, un bulldozer ou une pelle hydraulique.

Pour répondre au cahier des charges, très exigeant, imposé par les circonstances, il faut d’abord songer aux matériaux à utiliser, et chercher les aciers ou autres céramiques capables de résister à des températures très élevées ou très froides, voire cryogéniques s’il s’agit de travailler dans l’espace. Il faut également prévoir les matières aptes à supporter des hygrométries  excessives, ou des sécheresses anormales, etc... Ensuite, il faut prévoir les automatismes qui permettront de travailler dans ces conditions extrêmes, et envisager tous les cas de figures, en essayant d’être exhaustif!...

Toutes ces conditions étant prises en compte, on pourra commencer à faire des plans, fabriquer des maquettes et les tester, recommencer, améliorer...

Enfin, un jour, la machine sera construite, et si elle fonctionne comme prévu, on  pourra la faire travailler in situ, dans le milieu pour lequel elle a été prévue.

Un autre problème peut alors se poser: supposons que l’environnement in situ soit un peu spécial, et que, outre ses conditions extrêmes, il soit hyper-réactif aux corps étrangers: les composants de la machine, notamment. Il faudra procéder lentement, introduire la machine doucement dans le milieu où elle devra travailler, la mettre avec précaution sous tension, allumer ses lumières avec beaucoup de prudence et progressivement, puis attendre suffisamment longtemps, jusqu’à ce que l’on soit sûr que le milieu environnant est enfin prêt à l’accepter et à la laisser travailler. Alors, mais alors seulement, on pourra enfin mettre en œuvre toute la puissance que la machine est capable de développer et de supporter.

1-2-2-Explication de la parabole

Quel rapport y a-t-il entre ce qui précède et l’Incarnation du Verbe de Dieu?   C’est tout simple! Quand l’homme, trompé par son Ennemi, se retrouva pécheur et séparé de Dieu, le Père, ne voulant pas la perte définitive de son œuvre favorite, décida, au sein de la Trinité Sainte, que sa Parole, son Verbe, s’incarnerait sur la terre, et vivrait comme les hommes, malgré l’incalculable distance séparant Dieu du monde des hommes.

Le Messie de Dieu, le Christ Seigneur  était “né” dans la Pensée de Dieu, mais il fallait maintenant préparer le Corps de Celui qui serait Jésus-Fils-de-Dieu-Verbe-de-Dieu, Verbe-incarné. Il fallait aussi préparer, voire modifier le terrain humain blessé par le péché, l’habituer à la présence du divin et le rendre apte à accueillir son Sauveur.

Et  le Verbe s’incarna,... mais pour ne pas troubler un milieu trop réactif: le monde des hommes pécheurs devenus imperméables au monde de Dieu, le Verbe incarné se fit petit Enfant et se mit à apprivoiser les humains... Il vécut comme eux, se développa comme tous les êtres humains, s’efforça de vivre toutes les conditions et les peines humaines. Il se comporta comme une machine très spéciale et très perfectionnée qui doit d’abord laisser au monde alentour le temps de s’adapter à sa présence. Un jour, enfin, le moment arriva: Jésus pouvait se manifester.

L’heure était venue... L’humanité, dans ses pauvres de Yahvé, attendait son Sauveur. Certes, elle était encore bien humaine, cette pauvre humanité, et même les pauvres de Yahvé n’étaient pas encore tout à fait apprivoisés... Mais c’était l’Heure: Dieu-Verbe-de-Dieu-incarné pouvait visiter la terre.

1-2-3-Jésus apprivoise les hommes

Jésus, petit Enfant, jeune adulte, artisan, juif pieux, savait parfaitement qui Il était, mais Il voulait respecter les lenteurs humaines... Jésus savait qu’Il était Dieu, UN avec le Père et l’Esprit, mais les hommes n’étaient pas en mesure de le savoir. Jésus prenait son temps, le temps d’apprivoiser ceux qu’Il était venu délivrer de leurs malheurs.

Jésus, Dieu-incarné, était vraiment Dieu, avec toutes les connaissances divines, mais les hommes n’auraient pas pu L’approcher s’ils l’avaient su trop vite. Jésus était vraiment homme, tellement homme que pendant trente ans les hommes ne Le reconnurent pas. Jésus, vrai Dieu et vrai homme avait toutes les connaissances divines, toutes, absolument toutes... Mais avant de manifester sa divinité, Il devait nous apprivoiser. C’est pourquoi, le corps humain de Jésus dût apprendre les connaissances humaines comme les enfants des hommes; Jésus dût connaître les joies et souffrir toutes les douleurs humaines, pour que les hommes, un jour, puissent comprendre ce que c’est que l’Amour et qui est l’Amour, L’adorer et L’aimer; pour que les hommes puissent  y vivre et en vivre: vivre dans l’Amour, leur milieu vital, et en vivre.

Dans ce Mystère réside un des buts ultimes de l’Incarnation du Christ. 

1-3-Jésus se manifeste au monde

Le Verbe se fit chair. Il vint dans notre monde et se manifesta, doucement... Seuls quelques cœurs très purs, très ouverts, très offerts, purent Le reconnaître: des bergers, quelques savants de l’époque: les mages, des païens; et plus tard, quand Jésus eut douze ans, deux grands anciens du peuple juif, docteurs de la Loi: Hillel et Gamaliel...

Peu à peu l’heure décisive où Jésus devait se manifester ouvertement au monde approchait: dans les milieux juifs on attendait le Messie avec impatience. Jésus avait apprivoisé ceux qui Le suivraient, Il devait maintenant les enseigner, les former, leur donner les moyens de poursuivre plus tard sa mission. Car Jésus savait qu’Il ne pourrait pas toujours être sur la terre, qu’Il devrait retourner au Père, qu’Il devrait envoyer l’Esprit-Saint. Jésus savait, et voulait, que les hommes poursuivent sa tâche, tous les jours, jusqu’à la fin du monde, jusqu’à ce que son Corps mystique fût achevé...

1-3-1-Jésus prépare ses apôtres et ses disciples

Jésus commença son travail, annonça sa Bonne Nouvelle; beaucoup parmi les hommes, même parmi les gentils, Le suivirent. Pourtant l’enseignement de Jésus était parfois difficile à comprendre: aimer Dieu et son prochain comme soi-même, toujours, ce n’est pas évident. Et puis, ses paroles étaient, de temps en temps,  vraiment énigmatiques: comment, par exemple, pourrait-Il donner sa chair à manger? Ou encore: pourquoi était-ce tellement utile qu’Il s’en aille? Même les douzes étaient souvent bien perplexes... Comme si l’environnement dans lequel Jésus manœuvrait devenait hostile, au lieu de se laisser apprivoiser, beaucoup se mirent à refuser et à se tourner contre celui qui se prétendait le Messie. Cela ne pouvait étonner Jésus: de toute éternité, Il savait, et son être humain, comme sa nature divine, connaissait les Écritures: le Fils de l’Homme, Serviteur souffrant, devait beaucoup souffrir...

Jésus, dans sa divinité, connaissait tous les détails de sa Passion, et sa nature humaine en a souvent frémi. Jésus savait aussi que ses apôtres auraient bien du mal à accepter sa Passion: aussi les préparait-Il lentement et progressivement. Mais, ils ne pouvaient pas comprendre... Jésus connaissait la défection de ses apôtres et cela Lui fut une grande souffrance.

1-3-2-Jésus au milieu des pécheurs

Jésus, Dieu-fait-homme, possédait la plénitude de la divinité. Il voulut cependant vivre comme un homme, subissant parfois les obscurités humaines. Il devait, pour nous sauver totalement et être notre parfait modèle, vivre et souffrir toutes les souffrances humaines. Même sa Passion, tout au fond de Lui-même, Jésus, Fils de l’Homme et Fils de Dieu, la connaissait... Mais l’humanité pécheresse dans laquelle Jésus devait se mouvoir n’était pas son milieu vital qui était Dieu. D’où ses lentes agonies durant sa vie publique, puis celle de Gethsémani, et celle de la Croix. D’où aussi cette douloureuse prière: “Père, si c’est possible, que ce calice passe loin de Moi, mais, seulement ta volonté...” et  cette plainte: “Père, pourquoi m’as-Tu abandonné? “ D’où encore, ce Grand Cri qui déchira l’espace et traverse tous les siècles? Le milieu vital de Jésus, c’était le Père et l’Esprit-Saint: sur la terre, il étouffait.

1-4-Contemplation du monde des hommes

1-4-1-Un vertige cosmique

Vivre dans un monde à deux échelles, c’est inconfortable, mais c’est indispensable si l’on veut réaliser ce qu’est notre milieu vital. Imaginons encore la terre effroyablement petite -moins qu’un composant d’atome- dans l’immensité de l’univers. Et chaque homme est sur cette terre, unique au milieu de 6 milliards d’hommes, tous uniques...

Quel vertige! Où sommes-nous?... Nous “voyons” aussi l’univers que nous croyons immense, mais si petit, lui aussi, blotti dans la Main de Dieu. Où sommes-nous dans cet univers? Une étonnante peur nous saisit: vite, revenons à notre échelle... Cependant notre esprit ne peut s’empêcher de “contempler” le regard d’Amour de Dieu: Dieu aime sa création; Dieu aime la terre; Dieu aime les hommes; Dieu aime chacun d’entre nous... Nous  tremblons!

1-4-2-Un vertige d’amour

Nous ne pouvons pas “voir” le regard d’amour de Dieu, nous L’imaginons seulement; en fait nous Le “sentons”, nous sommes en Lui, Il est en nous... Même si nous prenons la peine de regarder Jésus, de nous laisser apprivoiser par Lui, nous ne comprenons rien: nous nous perdons même complètement... Nous avons toujours le vertige, mais c’est un vertige d’amour. Et dans ce vertige d’amour nous prenons conscience de la réalité de notre véritable milieu vital.

1-4-3-Le monde des anges et leur mission

Contemplons encore la création blottie dans la main de Dieu. Les anges sont aussi dans la Main de Dieu, dans un monde à part que nous ne voyons pas, que nous n’entendons pas, que nous ne sentons pas: nous savons seulement qu’ils sont là, dans des univers bien à eux. Et pourtant chaque ange a une tâche à remplir, une tâche très spécifique et très complexe, car tout, dans la création en mouvement doit tourner correctement; la tâche des anges, c’est de maintenir l’univers en place et de lui imposer le respect des lois voulues par le créateur. Ce n’est pas facile, mais les anges intelligents sont heureux, ils travaillent bien...

Il y a autre chose: Dieu qui aime la terre et veut préparer les hommes pour les utiliser dans une construction merveilleuse et divine, le Corps de son Fils-Un-avec-Lui, la confie à une multitude de gardiens pleins d’amour. Quant aux hommes, ces créatures qui font ses délices, Dieu les confie à l’Ange de lumière, le plus beau des anges, le plus intelligent aussi. Dieu qui a un projet d’amour pour les hommes de la terre les confie à cet Ange de lumière, et le nomme  Prince du monde des hommes...

1-4-4-La faute de Lucifer

Dieu qui aime beaucoup le Prince du monde des hommes lui dévoile le plus extraordinaire de sa Pensée d’Amour: Il suscitera sur la terre un Homme, Celui qui rassemblera en Lui tous les mondes de tous les univers, l’Homme qui sera chargé de construire le Corps auquel Il pense... Dieu ne précisa pas davantage, Il dit simplement au Prince de lumière, au Prince du monde des hommes: “cet Homme, Tu devras L’adorer, car Il sera plus grand que Toi.”

Le Prince du monde des hommes, le premier après Dieu, ne pouvait supporter l’idée d’être supplanté. Il ne pouvait supporter la pensée de devoir adorer un homme. Lucifer refusa, se cabra, se révolta, et dès lors, devenu Satan, il n’eut plus qu’un seul but: détruire l’Humanité... afin de détruire l’Homme qu’il n’adorerait jamais.

Ce qui précède n’est qu’une fable, mais les fables et les paraboles humaines nous aident souvent à comprendre les choses de Dieu...

Malgré Satan, Jésus est venu chez les hommes; Jésus est venu chez nous, Fils de l’Homme, Fils de Dieu. Il était Celui que Satan devait adorer: Dieu Lui-même, mais incarné. Et Satan, Prince de notre monde devenu monde de ténèbres, L’envoya jusqu’au Golgotha, pour y être crucifié: il fallait coûte que coûte, qu’il se débarrassât de Lui. Mais Jésus ressuscita... et Satan s’en alla errer sur la terre pour souiller et détruire tous les hommes.

Désormais le monde des hommes est souillé à cause du péché de Satan. Tous les hommes sont blessés de l’orgueil de Satan. Tous les hommes sont menés, comme des troupeaux sans berger, des troupeaux ivres et désespérés, des troupeaux frappés de malheurs sans remède, jusque vers les abysses infernales, loin de leur milieu vital.

1-4-5-Le salut des hommes

Mais ce que Satan ne peut empêcher, c’est que par sa résurrection d’entre les morts, le Christ soit toujours au milieu des hommes, pour les retirer, un par un, avec un amour tout divin, des griffes infernales. Jésus est là pour purifier les lieux putrides. Il est là pour panser les plaies causées par nos péchés et nous inviter à la sainteté qui est la sienne. Il est  là pour nous inviter à entrer dans son Cœur doux et humble, notre milieu vital... 

Jésus nous invite à Le suivre, à L’aimer comme Il nous aime. Il nous dévoile sa sainteté et  nous propose: “ Soyez saints et parfaits comme Dieu-Un-Père-Fils-Esprit est parfait. Vivez dans votre milieu vital.”

1-4-6-Comment le Père et le Fils sauvèrent l’homme

Essayons, pour mieux comprendre ces choses qui ne sont pas à notre portée, d’utiliser encore une parabole. Imaginons... Dieu contemple la terre des hommes et se désole, vraiment:

— Mes pauvres enfants, ne voyez-vous donc pas que vous vous égarez, que vous allez vers le malheur? Pourquoi suivez-vous celui qui vous veut du mal? Qu’avez-vous fait de mon Amour, de la force dont Je vous avais comblés? Que se passe-t-il dans vos âmes et dans vos cœurs?

Dieu le Père se lamentait... Il voyait les foules humaines se précipiter vers les chemins conduisant aux abîmes. Il voyait les cœurs se fermer à cause du sexe débridé. Il voyait les courses à l’argent, et aux armements... Il soupirait face à tous ceux qui, pour gagner du pouvoir, n’hésitaient pas à écraser leurs frères, à les affamer, à les conduire vers des malheurs inouïs. Dieu le Père voyait... mais Il ne “comprenait” pas très bien. Que pouvait-il se passer à l’intérieur des cœurs que Lui, Dieu, ne pouvait pas voir?

Alors Dieu se mit à “réfléchir” et à chercher...

— Oui, pensait Dieu, Je suis beaucoup trop grand pour pénétrer dans le secret de ces âmes égarées, perverties... Il faut que J’envoie mon Fils. Lui, Il saura s’incarner, se revêtir de la matière humaine et de sa sensibilité... Vivant dans un corps d’homme, à l’intérieur d’une nature charnelle, Il comprendra ce qui se passe dans le cœur de mes pauvres enfants.

“Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi les hommes.” Jésus vécut comme tous les autres hommes, avec le même corps: enfin pas tout à fait, car Lui, Jésus, Il était sans péché, mais Il avait pris sur Lui le péché du monde. Un jour et Il s’en fut dans le désert, “pour y être tenté par le diable.” Et Jésus découvrit la puissance du sexe et de toutes nos forces sensuelles quand elles sont déréglées. Et Jésus ressentit en sa chair la puissance de l’argent, cet argent qui donne tout et satisfait la moindre de nos convoitises. Et Jésus vécut l’attrait irrésistible que le désir du pouvoir exerce sur tant d’âmes, et à tous les niveaux. Oui, il était bien difficile à ces pauvres humains de pouvoir résister à ces innombrables attaques inventées par le démon! Aujourd’hui, Jésus les vivait dans sa chair...

Mais Jésus, malgré le poids du péché du monde qu’Il avait pris sur ses épaules,  sortit vainqueur des attaques de Satan, l’Ennemi des hommes. Et Jésus pouvait commencer sa vie publique...

Jésus, Fils de Dieu-Amour voulait rendre aux hommes ce que Satan leur avait pris. C’est pourquoi Il leur demanda “d’être parfaits comme le Père céleste était parfait.” C’est pourquoi Il déclara que les pauvres de cœur étaient vraiment heureux. Il leur fit comprendre que seuls les humbles et les doux étaient les vrais maîtres du monde. Et par-dessus tout, les hommes devaient aimer: aimer tous leurs frères, et même leurs ennemis. Et, pensant à tous ceux qui ne pourraient pas suivre complètement les conseils du Fils de Dieu, Il nous réconforta par ces mots: “Venez à Moi vous tous qui peinez, écrasés sous le fardeau, et Moi je vous soulagerai; prenez mon joug sur vous... car je suis doux et humble de cœur... et vous trouverez le repos de vos âmes, car mon joug est doux et mon fardeau léger.”

1-5-Le bonheur, plénitude de l’amour

1-5-1-La joie des saints

Le bonheur, c’est l’accomplissement de l’amour, c’est la plénitude de l’amour. C’est l’épanouissement de tout être dans son milieu vital, quelles que soient les circonstances extérieures. L’apôtre Paul tressaillait de joie dans les tribulations. Les martyrs des premiers siècles chantaient en allant vers la mort affreuse qui les attendait. Tous les saints, sans exception, ont été des hommes et des femmes heureux, exultant de joie, malgré les souffrances de toutes sortes, morales ou physiques qui étaient comme les fidèles compagnes de leur vie. On pourrait en citer des myriades de ces saints qui semaient la joie et le bonheur autour d’eux. Nous n’en citerons que quelques-uns:

Voici Saint François d’Assise: sa vie fut une action de grâces permanente, malgré les contradictions nombreuses qu’il rencontra ou ses douloureuses souffrances physiques, comme, par exemple, ses stigmates. Mais l’amour de son Seigneur transformait tout en joie et en bonheur. Thérèse d’Avila et Jean de la Croix exultaient de joie au milieu des peines,  des contradictions et des obstacles que les gens bien intentionnés jetaient constamment en travers de leur chemin. Jean Bosco était tellement heureux dans son cœur que ses jeunes, souvent brisés et souillés par la vie, redevenaient comme des petites brebis pleines d’amour, et de bonheur...

Il y a aussi Marthe Robin, ou Alexandrina de Balasar, toutes deux condamnées à rester au lit, et à supporter des douleurs inexprimables; mais elles savaient qu’elles avaient une mission à remplir, et leur cœur, uni au Cœur de Jésus, vibrait de bonheur et de joie. Voici encore Philippe Néri, le pitre de Dieu, rayonnant de joie et menant à Dieu tant d’hommes qui cherchaient Dieu et le bonheur... Voici la petite Thérèse, ou Gemma Galgani, ou Padre Pio, et tant d’autres... Tous ont souffert de véritables martyrs, mais tous rayonnaient de bonheur. Seule l’amour rend heureux.

1-5-2-Seul l’amour rend heureux

Regardons Notre Seigneur Jésus-Christ à travers ses saints. Voici qu’Il nous fait comprendre que seul l’amour rend heureux, même dans la pauvreté matérielle. Seul l’amour rend heureux et le bonheur qui manifeste l’amour est l’expression de la plénitude de l’amour. Quand j’aime quelqu’un, et quand celui que j’aime répond à mon amour, alors, je suis heureux. L’homme ne peut être heureux que lorsqu’il vit un amour partagé. Quand j’aime, et quand l’être aimé m’aime aussi, alors la vie se transforme complètement: le bonheur naît. On pourrait presque ajouter que bonheur et amour sont synonymes.

Cependant, le bonheur terrestre est souvent bien fragile, parce que, trop fréquemment, les hommes se trompent de bonheur. Un seul bonheur est capable de combler un cœur humain, c’est le bonheur en Dieu, c’est le bonheur de celui qui, quel que soit son état de vie, répond à l’amour que Dieu lui propose, en L’aimant de “tout son cœur, de toutes ses forces et de toute son âme.” Car le vrai bonheur est toujours l’accomplissement de l’amour, le bonheur, c’est la plénitude de l’amour, même dans des circonstances douloureuses. Ainsi, quand les apôtres eurent reçu le Saint-Esprit: Amour du Père et du Fils, leur vie fut transformée: ils étaient possédés par Dieu. N’ayant plus de peur, ils se mirent à prêcher Jésus-Christ. Ils ne craignaient plus les persécutions et, un jour, après avoir été durement fouettés, ils “étaient tout joyeux d’avoir été trouvés dignes de souffrir pour le Seigneur Jésus.”

Saul, qui avait approuvé le meurtre d’Étienne, le premier martyr chrétien, “ravageait l’Église...” Il ne respirait que “menaces et meurtres contre les disciples du Seigneur...” Les Actes des Apôtres ne disent pas s’il était heureux dans sa haine, mais ce que l’on sait bien, c’est que, lui aussi, plus tard, après avoir rencontré le Christ sur le chemin de Damas, se mit à prêcher Jésus et son message d’amour. Et il “tressaillait de joie dans les tribulations.” Saul, que l’on appelait maintenant Paul, était heureux...

1-5-3-L’État de grâce

Une âme possédée par Dieu c’est d’abord une âme en état de grâce. C’est donc une âme habitée par Dieu, et qui vit en Dieu, son milieu vital. Mais c’est encore beaucoup plus que cela. Cette âme qui évolue en Dieu, son milieu vital, est une âme qui est devenue un instrument vivant et intelligent entre les mains de Dieu-Amour, maniable, souple, qui ne fait que du bien là où elle passe. Elle suit Jésus partout où Il va. Les obscurités de la vie se comprennent alors plus facilement, elles deviennent plus claires car le chemin de Jésus passant par la Passion, c’est-à-dire par Gethsémani et ses angoisses terribles, par la flagellation et le couronnement d’épines, par le Chemin de la Croix et ses chutes jusqu’au crucifiement et au pardon, l’âme possédée par Dieu suit forcément ce même chemin, et l’accepte, même si c’est difficile. Car l’âme possédée par Dieu, comme l’ont été tous les saints, est totalement abandonnée à son amour et à sa miséricorde, puisque c’est pour répondre à cet Amour pressant qu’elle s’est livrée à Lui. L’âme en état de grâce possédée par Dieu est donc une âme heureuse, heureuse d’un bonheur que ne connaîtra jamais le monde.

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