5-La sainteté
(suite)

5-4-Sous le Soleil de Dieu

5-4-1-Méditation devant un tabernacle

Lorsque nous prions devant un tabernacle, nous sommes comme exposés au Soleil de Dieu. Il faut que notre cœur, comme un accordéon, se déplie entièrement pour être totalement ouvert aux rayons de l’Amour; sinon il y aurait des traces qui subsisteraient: des taches d’égoïsme, d’orgueil, d’amour-propre. Et ce serait très laid, et l’oeuvre de Dieu serait inachevée. Il faut que nos âmes soient totalement offertes pour être transformées en Dieu; il faut que toutes leurs scories, toutes leurs impuretés soient brûlées au feu de son Amour. Il faut qu’à la chaleur de son Amour toutes nos facultés se fondent pour être remodelées selon sa volonté et selon son dessein.

Regardons Jésus. Essayons d’ouvrir totalement l’accordéon de nos âmes. Qu’elles soient entièrement dépliées, entièrement exposées au feu de son Amour. Qu’elles soient sa propriété. Que Lui seul veuille en chacun de nous pour que nous devenions vraiment des instruments intelligents et dociles entre ses mains, totalement maniables sous ses doigts. Comme une substance radioactive absorbe l’énergie à laquelle on l’expose pour la rayonner ensuite, que notre être tout entier, exposé à son Soleil, rayonne son Amour au profit de nos frères, selon ses désirs. Que nos cœurs rendent à Dieu amour pour Amour, selon sa volonté, un amour à son service, et s’Il le veut, au service de notre prochain, ses enfants.

Prière

Nous voici Jésus, exposés à votre Soleil, l’âme et le cœur ouverts. Brûlez tout ce qui ne Vous plaît pas, purifiez-nous, sanctifiez-nous. Brûlez au feu de votre Amour tout ce qui Vous gêne encore, tout ce qui Vous empêche de travailler en nous. C’est ce que Vous avez fait pour tous les saints, avec votre grâce.

5-4-2-Les saints

Les saints! Ils sont tous très différents les uns des autres. Ils ont vécu à des époques très différentes, dans des milieux très divers aux coutumes très variées voire contradictoires ou surprenantes. Leurs caractères, leurs cultures et leurs milieux de vie, auraient souvent dû les éloigner.

Or, curieusement, leurs dénominateurs communs sont bien plus nombreux que tout ce qui devrait les séparer: tous ont, un jour, été saisis par Dieu, tous ont répondu à un appel irrésistible venu on ne sait d’où, tous ont eu des relations étroites et privilégiées avec quelqu’UN généralement invisible, tous ont été soumis à des épreuves et des souffrances dépassant de très loin les seules forces humaines, tous ont abouti au don total d’eux-mêmes à Dieu, tous sont devenus des chantres de l’Amour. Tous les saints ont entendu et vu des choses que les autres hommes n’entendent pas, ou ne voient pas. Tous, ils ont parlé avec l’invisible... Et tous rayonnaient de bonheur. Alors, ils sont fous, ou quoi?...

Marie, notre modèle

L’humanité est un pont entre les deux univers: celui des esprits et celui de la matière; l’humanité que Dieu aime tellement et dans laquelle Il a voulu s’incarner, l’humanité, réellement image de Dieu, l’humanité divinisée par l’Incarnation du Fils, et Corps mystique du Christ, l’humanité rachetée par la Rédemption se trouve avoir été créée à l’échelle de Dieu, à l’image de l’Amour?    

Contemplons comment Marie a aimé Jésus. Son cœur et celui de son Fils ont  toujours battu à l’unisson. Le Cœur immaculé de Marie et celui de Jésus ne font plus qu’un tant l’Amour les unit. Ne faudrait-il pas que les battements de nos cœurs deviennent les battements du Cœur de Jésus-Marie?[1] 

Mais l’amour, le vrai, n’accapare pas. On n’aime pas pour soi, mais pour l’Aimé. On aime pour travailler ensemble, à une tâche commune. On aime pour laisser l’Aimé faire ce qu’Il veut, ce qu’Il aime, ce que le Père veut. On aime pour servir selon ce que l’Aimé désire. C’est ce que Jésus et Marie ont fait dans la perfection.

Nous connaissons beaucoup de vies de saints. Leur sainteté nous paraît toute naturelle. Certes ils ont fait de gros efforts, ils ont beaucoup lutté et souffert, mais ils avaient un secret: ils étaient humbles et ils laissaient faire leur Seigneur...

5-4-3-Les tout petits de Dieu

Chez les tout petits de Dieu, il n’y a pas de grands talents, pas de héros, pas d’atlètes de la sainteté. Chez les tout petits de Jésus, il n’y a pas de vedettes, pas de stars, pas de champions, non, chez les tout petits de notre Seigneur il n’y a que des gens ordinaires, des riches ou des pauvres de tous les milieux. Les tout petits de Jésus sont tous pauvres de mérites, de qualités extraordinaires, de compétences supérieures; tous sont démunis de biens spirituels, tous sont un peu désemparés devant la vie, tous sont pécheurs aussi. Mais tous, ils aiment; ils aiment leur Dieu et leur prochain.

Chez les tout petits du Seigneur, il n’y a que des gens ordinaires, des gens moyens, des pauvres de cœur mais si riches d’amour, de son Amour. Chez les tout petits de notre Seigneur, il n’y a que des cœurs purs, des cœurs qui ont longtemps cherché son Cœur avant qu’Il ne vienne les prendre, des cœurs doux et humbles, qui ont longtemps tâtonné avant de découvrir sa douceur et son humilité, des cœurs qui n’ont pas découvert tout de suite les richesses de sa pauvreté, de sa douceur, de son humilité.

Les tout petits de Jésus, sont tous dans son Cœur, car il aime les petits enfants et ceux qui leur ressemblent. Et Il nous a tous mis dans son Cœur, Jésus, avec ses tout petits qui L’aiment. Quelle merveille! Quel bonheur! Nous sommes tous dans le Cœur de Dieu!

Hymne

Dieu, ma joie,
Tu es le souffle de ma vie,
Tu es la source de mon chant,
Tu es le rythme de mon sang,
Tu es le feu qui m’a saisi.

2

Dieu, ma joie,
Tu as fait de ma pauvreté
Ta demeure de silence
Où tout être peut adorer
Le secret de ta présence.

3

Dieu, ma joie,
Toi seul es saint,
Ton amour est puissance,
Et dans tes mains
Le monde prend naissance.

4

Dieu, ma joie,
Tu disperses les vaniteux
Comme la paille dans le vent,
Mais Tu chéris le malheureux
Comme un enfant.

5

Dieu, ma joie
Tu renverses tous les rois,
Tu dépouilles les nantis,
Mais Tu combles les petits
Dont le cœur a faim de Toi.

5-5-Qu’est-ce que la sainteté?

5-5-1-Les commandements

Qu’est-ce que la sainteté? La sainteté doit commencer par les deux commandements qui renferment tous les autres: “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton esprit et de toutes tes forces... Tu aimeras aussi ton prochain comme toi-même.” Les autres commandements en découlent automatiquement, car ils ne sont que la manière de mettre en œuvre le  “tu aimeras”. C’est même le B.A. BA, le minimum vital pour vivre en société. Pour être un saint, il doit bien y avoir autre chose.

5-5-2-Les Béatitudes

La sainteté comporte effectivement autre chose, et ce sont les Béatitudes de Jésus. Pour que nous devenions saints comme Il désire que nous soyons, Jésus nous a dit: “Soyez parfaits comme votre Père du Ciel est parfait”. Et, pour nous aider, Il nous a donné les Béatitudes.

“Bienheureux les pauvres de cœur, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, bienheureux les miséricordieux, bienheureux les cœurs purs, bienheureux les pacifiques, bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, bienheureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toutes sortes de mal contre vous... Réjouissez-vous alors, et tressaillez d’allégresse car votre récompense sera grande dans les cieux, car vous serez des saints.”

Oui, pour devenir des saints, il faut commencer par vivre les Béatitudes, et ce n’est pas facile, car leurs exigences, toujours positives, sont grandes. Ceux qui vivent des Béatitudes sont déjà sur le chemin de la sainteté puisque, à ceux-là, Jésus promet une grande récompense dans les cieux, c’est-à-dire la sainteté.

5-5-3-Les conseils évangéliques

Il y a aussi les conseils évangéliques. On a trop tendance à les réserver uniquement à ceux qui ont choisi une vie davantage consacrée au service de Dieu et de leurs frères. C’est une erreur, car la sainteté n’est pas réservée à un petit nombre de grandes âmes; la sainteté, Dieu la veut pour tous ses enfants et dans toutes les conditions de vie.

Et puis, en y regardant d’un peu près, on s’aperçoit que les conseils de Jésus ne sont en réalité que la mise en œuvre des Béatitudes: la pauvreté du cœur, la chasteté dans tous les états de vie, c’est-à-dire, en fait, le juste équilibre qui fait de l’homme, un homme, et non pas une bête ou un être dégénéré. Et puis, il y a l’humilité des pauvres, des purs, des miséricordieux, des justes, des fidèles qui marchent selon les lois de Dieu malgré les moqueries ou les haussements d’épaules. Mais il y a plus: il faut mettre davantage l’accent sur l’amour, l’amour que l’on doit à Dieu, l’amour que l’on doit donner au prochain. Et notre pauvre humanité a bien du mal à répondre à l’Amour de Dieu, et encore plus de mal à aimer vraiment le prochain, comme Jésus a su et sait l’aimer. 

5-5-4-Notre sainteté, c’est Dieu

Dieu nous donne la vie. Il est toujours en nous puisque notre vie, c’est Lui. Dieu est en nous, et notre sainteté, c’est encore Lui. Notre sainteté, c’est Dieu, c’est Dieu prenant de plus en plus de place dans notre cœur, là où Il nous donne la vie. Notre sainteté, c’est Dieu prenant toute la place en nous jusqu’à nous transformer en Lui.

Des tendances inverses, ces tendances nées du péché, retardent en nous l’ouverture à la vie divine. Dieu veut toute la place en nous, car la sainteté, c’est cela, et tant que tout n’est pas encore complètement ouvert en nous, dans notre cœur, là où Dieu réside, la sainteté n’est pas parfaite: il y a encore des recoins qui ne sont pas vraiment dépliés, des craintes, des peurs et des égoïsmes cachés.

La salle de notre cœur

Précisons un peu avec des exemples très concrets.

Nous pouvons imaginer que notre cœur est comparable à une immense salle sombre, pleine de tohu-bohu. Il y a deux portes-fenêtres dans cette salle: l’une grande ouverte donne sur un monde de ténèbres. L’air y est pestilentiel et des bouffées nauséabondes, écœurantes et étouffantes y pénètrent abondamment. On y hurle aussi des slogans effrayants, déstructurants, rythmés sur des musiques techno et des cris assourdissants. Dans ces ténèbres, éclatent parfois des éclairs qui dévoilent, l’espace d’un instant, un monde de désespoir.

L’autre porte-fenêtre, située au centre de la grande salle est fermée et soigneusement calfeutrée par d’épaisses tentures. Ainsi, dans cette grande salle qui représente le cœur de l’homme, pénètrent sans gêne, tous les bruits du monde et de l’Enfer, tandis que Dieu est obligé de rester derrière la fenêtre fermée et soigneusement calfeutrée. Dieu ne peut pas pénétrer dans les cœurs désespérés livrés au monde de Satan, et qui se protègent de Lui...

Quand une des épaisses tentures se soulève, une faible lumière apparaît. Si d’autres tentures s’ouvrent, la lumière se fait plus visible. C’est un peu comme si un peu d’air frais pénétrait dans la salle encore obscure et nauséabonde: un cœur d’homme est en train de s’ouvrir à la grâce. Mais cela se fait lentement, et malheureusement, parfois, quelqu’un remet une tenture, souvent sans ménagement... Et les ténèbres reviennent, plus épaisses, plus intenses et plus douloureuses.

Découvrir la sainteté

La porte de la salle de notre cœur, celle qui donne sur les ténèbres extérieures, est la porte du monde. Celui qui veut commencer à marcher vers la sainteté doit d’abord la fermer soigneusement. Il peut alors commencer à retirer les tentures qui obstruent la porte centrale empêchant la lumière du Seigneur d’entrer dans son cœur. Immédiatement un léger courant d’air vivifiant se fait sentir et une douce parole se fait entendre: “M’aimes-tu?”

Plus la lumière pénètre dans la salle plus les murs et les meubles de la pièce s’illuminent, découvrant un grand désordre. Il faut faire le ménage et se débarrasser des objets devenus inutiles. Nous respirons mieux, nous voyons clair, et nous sommes heureux car nous découvrons Dieu. Nous comprenons maintenant ce que c’est que la sainteté.

5-5-5-Pratiquement, comment faire?

La lumière de l’Amour nous a fait découvrir quelques défauts cachés, quelques objets mal rangés. Ces désordres, ce sont nos péchés, et il faut nettoyer et ranger tout cela... La tâche est rude, et nous avons faim. Pourtant, nous ne manquons pas de nourriture, nous sommes même submergés de nourritures terrestres et frelatées. Dans nos pays occidentaux nous avons trop de tout... Comment pouvons-nous avoir encore faim? Écoutons et redisons la prière que Jésus nous a donnée: ”Apprends-nous à rechercher la nourriture qui demeure.”

Quelle est cette nourriture qui demeure? C’est Jésus présent dans son Eucharistie. Le Cœur béni du Christ, son Cœur amoureux, son Cœur vivant, son Cœur Eucharistique nous attend dans tous les tabernacles du monde. Et pour manger la nourriture qui demeure, il suffit de nous approcher de Lui, il suffit de purifier nos âmes, d’implorer le pardon de nos fautes, de nos nombreuses fautes, et de venir à Lui. Et quand on a trouvé le Pain de Dieu, quand on s’est nourri de Lui, lorsque Jésus est en nous, c’est tout naturellement que nous allons vers nos frères, et qu’Il nous accorde la grâce de la charité. Mais attention! Dieu doit toujours être le premier servi...

Dieu d’abord

Dieu a placé les hommes sur la terre, dans l’univers, pour soumettre la terre, et peut-être un jour les univers. La terre est belle, somptueuse, même. Les univers sont extraordinaires de perfection et de beauté. Il est inévitable que les créatures fragiles que nous sommes se laissent séduire par les beautés créées. Que nous aimions les créatures, c’est bien, puisque Dieu les a toutes faites belles et bonnes pour être à notre service. Mais Dieu veut que nous Le préférions à toutes les merveilleuses perfections mises à notre disposition pour être connues, aimées, développées en vue de rendre grâce à Dieu. Et cela, c’est le bonheur.

Les risques de notre liberté

La superbe création que Dieu nous a donnée, nous devons la découvrir, l’aimer, l’admirer, et rendre gloire au Créateur. Mais quand les hommes, aveuglés par Satan, renoncent à Dieu pour choisir la créature, quand les hommes aiment tellement les créatures, reflets de la beauté de Dieu, qu’ils en oublient Dieu, alors, c’est le mal qui s’installe. Le mal, c’est comme l’amour: c’est un choix. Malheureusement, choisir le mal, c’est choisir le malheur.

Le mal, c’est simplement le refus de l’Amour, le refus de ce qui EST; le mal c’est refuser ce qui est pour choisir ce qui n’est pas. Le mal, c’est préférer la créature qui n’est que par Dieu, à Dieu Lui-même, le Créateur. En effet, si Dieu voulait que toutes les créatures disparaissent, Lui, Dieu subsisterait... 

Le Seigneur nous as placés dans un monde merveilleux, et nous ne pouvons nous empêcher d’admirer ses merveilles. Quand Dieu nous donne quelque chose, c’est toujours excellent. Les choses qui sortent de ses mains sont toujours bonnes, et même très bonnes. C’est forcément bon puisqu’Il est l’Amour! Hélas! nous les hommes, à cause du péché, nous avons souillé les dons de Dieu, nous les avons abîmés, cassés. Et le malheur et la souffrance sont venus dans notre monde.

Oui, il y a le mal. Oui, nous pouvons préférer les créatures au Créateur et refuser l’Amour. Jésus veut nous faire comprendre ce qu’est le mal, combien il a endommagé la Création et blessé de nombreuses âmes. Il veut nous faire toucher du doigt le désastre que fut le péché, la ruine qu’il entraîna. Il veut aussi nous montrer la gravité de la blessure que le refus de l’Amour avait causée à la Trinité Sainte. Et Jésus veut nous dire, par son Agonie et par sa Croix, tout ce que la cicatrisation de cette blessure faite à l’Amour a coûté et coûte toujours au Fils de Dieu.

Choisir la sainteté

Choisissons Jésus! Il est joie pour chaque homme; Il est bonheur pour tous ceux qui L’aiment. Choisissons Jésus, parce qu’Il nous aime et ne désire que notre sainteté, c’est-à-dire notre bonheur.

Laissons notre cœur prier Jésus de nous rendre saints, saints comme Il voulait que nous le soyons lorsqu’Il nous a créés, quand le Père nous a pensés, avant que le péché ne vienne tout fausser. Que le Seigneur fasse de nous des saints, pour sa gloire, et le salut de toutes les âmes...” 

Demandons à Dieu la sainteté qu’Il voulait pour chacun de nous, celle que de toute éternité Il avait prévue pour nous, à notre place, dans le Cœur de Jésus et dans son Corps mystique. Car la sainteté, c’est le bonheur, car la sainteté c’est l’amour; la sainteté, c’est la conformité à la volonté éternelle de Dieu sur chaque être qu’Il crée.”

Parabole

Le bouquet de notre sainteté

La sainteté qui doit être la nôtre, c’est comme l’unité qui existe dans un bouquet de fleurs multiples et variées. La sainteté que Dieu a choisie pour chacun de nous, c’est l’épanouissement, dans l’unité de l’Amour du Fils de Dieu et de son Sacrifice de la Croix, du bouquet de vie qu’Il nous a confié lors de notre Baptême.

À notre baptême, Dieu nous confie un petit bouquet plein de promesses mais dont aucune des fleurs n’est éclose; c’est d’ailleurs à peine si les boutons sont formés, encore enfouis dans le cœur du bouquet. Jésus baigne l’ensemble dans sa source d’Amour, et Il nous donne ce bouquet en formation, en nous disant: ”Va! Je serai avec Toi.”  Et nous le tenons bien fort dans notre petite main, ce petit bouquet plein de promesses d’amour. Nous le tenons et, au fil des jours, nous voyons les petits boutons se former, puis les fleurs s’ouvrir. À mesure que passe la vie nous voyons s’ouvrir les fleurs d’amour, des fleurs émerveillées, souvent, douloureuses toujours, car les fleurs d’amour de Jésus furent aussi des fleurs de sang.

La vie s’écoule, et nous tenons toujours notre bouquet dans notre main. C’est un beau et gros bouquet; presque toutes les fleurs sont ouvertes et l’harmonie des formes, des couleurs, des parfums est comme un accord parfait qui convie à l’Amour, à Dieu. La symphonie du bouquet est unité avec Jésus, dans son Amour et sur sa Croix.

Arrive la vieillesse: les fleurs du bouquet sont presque toutes ouvertes. Il y a des fleurs de joie, des fleurs d’amour et des fleurs de bonheur. Il y a des fleurs de vie, des fleurs de paix, des fleurs d’humilité, des fleurs de charité et des fleurs d’amitié. Il y a des fleurs de soleil, des fleurs de fraîcheur, des fleurs de sources claires et des fleurs de sourires. Il y a des fleurs d’ombre et des fleurs de ténèbres, des fleurs de détresses et des fleurs de douleur. Ce sont des fleurs de larmes et des fleurs de sang, des fleurs de lune, des fleurs de nuit et des fleurs d’étoiles. Des fleurs de Gethsémani et de la sueur de sang. Toutes sont des fleurs d’amour.

Jésus commence l’unité de chaque bouquet quand, pour la première fois, lors de notre Baptême Il nous consacre à Lui. Et puis, progressivement, Il perfectionne l’harmonie en creusant notre cœur, et en nous demandant d’avancer vers Lui. Mais comme nous ne savons pas faire, Il dit à chacun de nous: “Laisse-Moi faire!” Et voici que quelques pauvres fleurs écrasées par les autres, des petites fleurs aux couleurs sombres se dressent sur leurs tiges et commencent à s’ouvrir: elles ont bien de la peine car ces dernières fleurs de sainteté sont souvent très enfouies, pauvres petites fleurs des derniers efforts, des derniers sacrifices... Elles manquaient encore un peu de l’air nécessaire pour éclore, pour fleurir, pour s’épanouir...

Le bouquet est presque achevé. Grâce à Dieu il est beau et heureux. Il vit dans son Amour, et les fleurs épanouies bronzent au soleil de sa Miséricorde. Le bouquet que Jésus nous a donné à notre Baptême et qu’Il a fait éclore et fleurir peu à peu, est beau et il est heureux, même avec ses fleurs rouges de sang, ou violettes de détresses cachées.

Toutes les fleurs de nos bouquets sont écloses ou en train de s’ouvrir. Nos bouquets, avec Dieu, trouvent leur harmonie totale. C’est souvent une harmonie douloureuse car harmonie d’Amour et l’Amour est douleur... Maintenant notre bouquet de sainteté peut devenir holocauste d’amour et brûler avec Jésus-Christ et pour Lui au Feu de son Amour. Nos bouquets se laisseront brûler au Feu de son Amour, comme des buissons ardents qui se consument sans jamais se consumer, car ils sont immortels dans sa main, dans le Feu éternel de l’Amour de Dieu trine.

Nos bouquets se laisseront brûler, ils se laisseront faire par l’Amour. Unis au Sacrifice du Christ, nos bouquets brûleront désormais avec Lui, sur la Croix, dans le brasier ardent de l’Amour de Jésus, le Feu qui brûle sans détruire, le Feu qui purifie, le Feu qui unifie, et le Feu qui épouse... Nos bouquets peuvent brûler dans le Feu de l’Amour, Sacrifice de joie, promesse de bonheur...

Oh! unité de nos vie, unité voulue par Dieu! 

Au soir de notre vie nous arriverons tous vers le Seigneur avec le bouquet qu’Il nous aura confié, pour que, dans nos mains, et avec sa grâce, nous le laissions fleurir, fleurir dans son Amour, au pied de sa Croix, au Feu de son Amour. Ces bouquets de nos vies, nous les donnerons à Jésus, nous les Lui rendrons, car leurs fleurs, c’est son œuvre... Chaque fleur que Jésus a fait fleurir, chaque fleur qu’il baigna dans son sang, dans la source de son Amour, de sa douceur et de son humilité, c’est un peu de la sainteté qu’Il désirait pour nous. Ces bouquets de nos vies, rendons-les à Jésus, ils sont la merveille de son Amour. Et puis, quand leur harmonie sera parfaite, quand nos bouquets seront tout à fait ce que Dieu veut, tout à fait achevés, entièrement fleuris, alors nous pourrons Le rejoindre dans sa vie, dans sa joie et dans son éternel bonheur.

Ô Seigneur, la sainteté, serait-ce cela? Laisser fleurir le bouquet en boutons que Tu donnes à chacun le jour de sa naissance, le jour de son Baptême? Est-ce cela, la sainteté: devenir un bouquet fleuri et épanoui dans l’Amour et d’amour?

Remarque:

Dieu peut faire aussi de la sainteté, même avec nos péchés. Ces fleurs de nos péchés, ce sont des fleurs de sang car elles sont lavées dans le sang de l’Agneau, elles ont été baignées dans le sang de Jésus, dans les douleurs de la Passion. Les fleurs de nos péchés, on ne peut les faire disparaître, mais quand elles sont offertes à Jésus, regrettées amèrement, et pardonnées... alors, ces fleurs deviennent des fleurs de sang, des fleurs sombres, des fleurs de nuit; elles peuvent même devenir, avec la grâce de Dieu, des fleurs de sainteté.


[1] L’expression est de Saint Jean Eudes.

   

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