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Benoîte adulte.
Le développement du pèlerinage

3-1-La construction de l’Église

Marie, avait confié à Benoîte le désir de son Fils qu’une église, dont elle avait donné les dimensions, soit construite au Laus, pour accueillir les pèlerins. Le règlement du 16 septembre 1665 avait d’abord prévu l’agrandissement de la petite chapelle de Notre-Dame de Bon-Rencontre. Mais la foule était tellement dense que l’on comprit qu’il fallait bâtir une véritable église. Lambert convoqua Gaillard au Laus pour discuter des dimensions de l’édifice. On batailla sur les dimensions, sur l’aspect, etc... Finalement, quand tout fut terminé, il fut découvert avec stupeur que les dimensions finales et l’aspect de l’église correspondaient exactement avec ce que la Vierge Marie avait indiqué à Benoîte en octobre 1664. Par ailleurs, la voûte non prévue au départ, englobait la petite chapelle primitive. En quatre ans, tout était achevé. Compte tenu des conditions difficiles liées au site, de la nécessité de trouver les matériaux, de les transporter, et de payer les ouvriers, cela tenait du miracle.

Et des miracles, il y en eut. Les pèlerins furent invités à transporter chacun une pierre, et ils le firent avec joie. Les ouvriers ne pouvaient être payés que par les offrandes des pèlerins, peu argentés. Un jour, les ouvriers non payés parlaient de s’en aller.  On sollicita davantage les pèlerins, et voici qu’un femme pauvrement vêtue se présente, et dépose un louis d’or (un peu plus de 5000 euros) dans le tronc d’un quêteur. Un archevêque, Mgr d’Aubusson, ambassadeur du roi en Espagne ayant été guéri après un vœu à N.D. du Laus, envoya 300 livres, soit environ 135000 euros. Les ouvriers purent être payés...

Pendant toute la durée de la construction de l’église, jusqu’en 1669, il y eut un flot presque ininterrompu de pèlerins. La ferveur était grande, les confessions et les communions très nombreuses. Les guérisons recensées par le juge Grimaud atteignirent le nombre de 61 jusqu’en juin 1667. De nombreuses guérisons furent attribuées aux effets de l’onction avecc l’huile de la lampe de la chapelle de Bon Rencontre.

3-2-Et Benoîte?

Le Laus est un lieu de conversion et Benoîte a été choisie pour en être l’instrument. Elle n’est encore qu’une toute jeune adulte, entre 18 et 22 ans, mais Marie la conduit. Certes les apparitions sont moins fréquentes que par le passé, mais Marie multiplie ses visites[1] afin de poursuivre la formation humaine et spirituelle de Benoîte qui doit devenir l’instrument que Dieu s’est choisi pour la conversion des pécheurs. Elle bénéficie déjà de la grâce de lire dans les consciences, et elle peut aider discrètement les pécheurs à se confesser. Bientôt, dès la fin de l’année 1665, un ange[2]  interviendra dans la vie pratique de Benoîte qui habitait toujours à Saint-Étienne d’Avançon. Au Laus, elle accueillait les pèlerins, mais savait aussi aider aux champs, faire des lessives ou participer à de gros travaux. Elle ne dort plus que deux à trois heures chaque nuit.

Fin 1669, la construction de l’église s’achève. Le vicaire général, Antoine Lambert est remplacé par Jean Javelly.

3-3-Les parfums du Laus

C’est guidée par “les bonnes odeurs” que Benoîte avait découvert la chapelle Notre Dame de Bon-Rencontre. Les parfums continueront à accompagner Benoîte; souvent ils la guideront, comme ce fut le cas, notamment lorsqu’elle elle fut poussée à se rendre à la Croix d’Avançon où Jésus devait lui apparaître. Ces bonnes odeurs annoncent la Vierge Marie, mais également les anges et la présence du Christ. Mais ces odeurs ne sont pas toujours les mêmes: ainsi Benoîte affirmait que “l’odeur des anges est plus grande aux uns qu’aux autres; pour l’odeur de Marie, elle surpasse toutes les odeurs des créatures, quand elles seraient toutes unies ensemble.”

Ces parfums n’étaient toutefois pas réservés à Benoîte; à partir de Pâques 1666, ils furent signalés de plus en plus souvent. Même l’évêque de Gap, Mgr Marion osa parler de son expérience lors de son passage au Laus durant le temps pascal de 1666: “Écrivant des Messes votives au-devant de ladite chapelle, je sentis une odeur si suave pendant un demi-quart d’heure, que de ma vie je n’ai rien senti de pareil qui me causât une satisfaction si grande que je fus hors de moi-même. Ce qui me confirma d’autant mieux dans le bon sentiment que j’ai toujours eu de cette apparition, car les bonnes odeurs qu’on sent dans un lieu sont des marques visibles de la sainteté d’iceluy, et des reliques qu’on doit y vénérer...”

Tous les témoignages concordent: “Ces parfums exaltants provoquent une joie spirituelle si soudaine que les bénéficiaires en gardent une impression profonde, et sont encouragés à prier en ces lieux.” Ces parfums sont, pour les pèlerins, un signe sensible de la présence de Marie au Laus.

3-4-L’huile de la lampe du sanctuaire

Tous ceux qui ont raconté les évènements du Laus ont signalé l’onction bénéfique de l’huile de la lampe du sanctuaire. La bonne Mère n’avait-elle pas dit à Benoîte dès les débuts du pèlerinage, “que l’huile de la lampe de la chapelle, si on en prend et qu’on s’en applique, et si on recourt à son intercession et qu’on ait la foi, qu’on guérira; que Dieu lui avait donné ce lieu pour la conversion des pécheurs.”

De nombreux miracles furent attribués à l’onction d’huile de la lampe.


[1] On suppose que probablement, en parlant de ces visites, les auteurs des documents de base, qui ne précisent pas, pensaient à des paroles dites à Benoîte. On dirait aujourd’hui: des locutions.

[2] Il est assez remarquable que Benoîte, tout au long de sa vie, sera conduite et éduquée par Marie et par des anges.

 

    

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