Aîné des quinze enfants
de paysans aisés d'Amettes (Pas-de-Calais), Benoît-Joseph Labre, né
le 26 mars 1748, après avoir fréquenté l'école de son village, fit
quelques études auprès d'un de ses oncles paternels, curé de Erin ;
attiré par la prière et la solitude, il voulut d'abord être
trappiste, mais devant l'opposition de sa famille, il renonça pour
entrer chez les Chartreux du Val-Sainte-Aldegonde. Agité, soumis aux
tentations et à l'angoisse, les Chartreux ne le gardèrent pas ; il
essaya sans plus de succès la Grande Trappe, la chartreuse de
Neuville et l'abbaye de Sept-Fons où il reçut l'habit (novembre
1769).
Passé en Italie, il
comprit que Dieu l'appelait à la solitude totale et, dans une
pauvreté absolue, il entreprit un vaste pèlerinage à travers tous
les lieux vénérés d'Europe. A part un pèlerinage à Lorette, il passa
les six dernières années de sa vie à Rome, dans les ruines du
Colisée ; ramassé évanoui sur les marches de l'église de la Madona
dei Monti, il fut recueilli dans l'arrière-boutique d'un boucher où
il mourut le Mercredi Saint, 16 avril 1783. Enseveli à gauche du
maître-autel de la Madona dei Monti, Dieu permit plus de cent
miracles par son intercession ; son confesseur, l'abbé Marconi,
publie sa biographie (1783) et l'abbé Stuter collationne ses
souvenirs en Suisse, en Allemagne et en Franche-Comté (1789).
Béatifié par Pie IX en 1860, il est canonisé par Léon XIII le 8
décembre 1881.
Voici ce que disait cet
éternel “voyageur” :
« Pour aimer Dieu convenablement il faut trois cœurs en un seul.
Le
premier doit être tout de feu envers Dieu et nous faire penser
continuellement à Dieu, parler habituellement de Dieu, agir
constamment pour Dieu, et surtout supporter avec patience le mal
qu'il lui plaît de nous envoyer pendant toute la durée de notre vie.
Le
second doit être tout de chair envers le prochain et nous porter à
l'aider dans ses besoins temporels par les aumônes, et plus encore
dans ses besoins spirituels par l'instruction, le conseil, l'exemple
et la prière ; il doit surtout s'attendrir pour les pécheurs, et
plus particulièrement pour les ennemis, et demander au Seigneur de
les éclairer pour les amener à la pénitence ; il doit aussi être
plein d'une pieuse compassion pour les âmes du purgatoire, afin que
Jésus et Marie daignent les introduire au lieu du repos.
Le
troisième doit être tout de bronze pour soi-même et faire abhorrer
toute sorte de sensualité, résister sans relâche à l'amour de soi,
abjurer la volonté propre, châtier le corps par le jeûne et
l'abstinence, et dompter toutes les inclinations de la nature
corrompue : car plus vous haïrez et plus vous maltraiterez votre
chair, plus grande sera votre récompense dans l'autre vie ». |