1-Qu’est-ce
que la foi?
"La foi est
la substance, la garantie des choses qu'on espère, la conviction, la
preuve de celles qu'on ne voit point. C'est pour l'avoir possédée
que les anciens ont obtenu un bon témoignage."
(Hébreux XI , 1
et 2)
Incontestablement
notre foi est liée à l’espérance car saint Paul dit encore : "Mais
c'est en espérance que nous sommes sauvés. Or, voir ce qu'on espère,
ce n'est plus espérer : car ce qu'on voit, pourquoi l'espérer
encore? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous
l'attendons avec patience". (Romains VIII, 24 et 25) Saint Paul
dit aussi: "L'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été
répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné".
(Romains V , 5)
La foi est la
base de tout, le point de départ de toute vraie vie, de tout amour,
de tout don de soi. La foi est la fondation de toute vie chrétienne.
Seule la foi a pu soutenir les saints dans leurs œuvres, leurs
épreuves, leurs peines, leurs souffrances, à l'imitation de
Jésus-Christ. Seule la foi permet d'accepter les contradictions et
la souffrance. Seule la foi nous fait comprendre l'Eucharistie.
Il
convient peut-être d'ajouter ici que la foi nous permet aussi de
détecter les tentations qui sont parfois tellement perverses, car
déguisées sous l'apparence de bonnes intentions. Les tentations,
qu'est-ce que c'est? Comment les découvrir, comment en prendre
conscience? Comment y résister? À propos de la foi et des
tentations, il me semble qu'il faudrait, de temps en temps, reparler
du démon, ne plus faire comme s'il n'existait pas. Car il existe et
Jésus en a su quelque chose durant sa vie. D'ailleurs, écoutons
saint Paul s'adressant aux Éphésiens. (Éphésiens chapitre 6, versets
13 à 17), et surtout le verset 16: "Ayez toujours en main le
bouclier de la foi avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits
enflammés du Mauvais..." Et aux Thessaloniciens saint Paul dira
encore: "
Pour
nous qui sommes du jour, soyons sobres, prenant pour cuirasse la foi
et la charité, et pour casque l'espérance du salut."
(I Thes V, 8)
2-Quelle est
notre foi ? En qui croyons-nous?
Avoir la foi,
c'est d'abord croire en Dieu. Cela c'est relativement facile: si
Dieu n'existait pas, nous n'existerions pas nous non plus. Oui, Dieu
existe, Mais quel Dieu? Le dieu des bouddhistes, ce dieu vague, un
Grand Tout impersonnel dans lequel les hommes iront se perdre? Ou
les dieux sanguinaires des Incas qui avaient besoin du sang humain
pour survivre?... ou encore le dieu de l'islam, certes dieu vivant
mais si loin des hommes et qui exige de ses "fidèles" le départ ou
la mort des "infidèles"? Non, notre Dieu c'est le Dieu d'Abraham,
d'Isaac et de Jacob, c'est le Père dont Adam et Ève s'éloignèrent...
Dieu laissa Adam et Ève "voir" ailleurs, mais comme Il savait qu'ils
seraient très malheureux loin de Lui, car le péché rend toujours
malheureux, Dieu leur promit un Messie Sauveur qui naîtrait d'une
Femme, laquelle écraserait la tête du serpent trompeur. Mais en
attendant?
Quand les hommes
furent trop malheureux loin de Lui, Dieu se manifesta à Abraham...
Puis Il "entendit" le cri de son peuple écrasé et brimé en Égypte,
et Il lui envoya Moïse et lui donna sa Loi. En effet, si les hommes
ne voulaient plus être malheureux, ils devaient ne pas rendre les
autres hommes malheureux, mais ils devaient les respecter. Si les
hommes voulaient être heureux, ils devaient en conséquence rendre
les autres heureux: c'est cela la Loi de Dieu, le Décalogue.
Mais notre foi chrétienne va encore beaucoup plus loin. La Femme
promise fut conçue, immaculée, et elle mit au monde un Fils, le
Messie tant attendu. Jésus est le Verbe de Dieu, le Fils unique du
Père, Un avec le Père et l'Esprit au sein de la sainte Trinité.
C'est cela notre foi, celle que notre proclamons tous les dimanches
dans notre Credo. Saint Paul veut que nous proclamions notre foi et
il précise : Si tu confesses de ta bouche que Jésus est Seigneur,
et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts tu
seras sauvé. (Rom X , 9) Car notre foi c'est d'abord
Jésus-Christ mort et ressuscité. Notre foi c'est Jésus, Verbe de
Dieu incarné qui nous affirme que seules ses béatitudes, apparemment
si contraires aux habitudes humaines, nous rendront heureux:
"Bienheureux les pauvres de cœur...
Bienheureux les cœurs purs... Bienheureux les miséricordieux...
Bienheureux serez-vous quand on vous persécutera, qu'on dira toute
sorte de mal de vous à cause de Moi..."
Il y a encore
plus difficile à comprendre et à accepter. Paul "prêche
un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les
Gentils; mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs,
c'est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de
Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui est
faiblesse de Dieu est plus fort que la force des hommes."(I
Cor I, 23 à 25) Et il insiste: "Je vous ai enseigné avant tout,
comme je l'ai appris moi-même, que le Christ est mort pour nos
péchés, conformément aux Ecritures; qu'il a été enseveli et qu'il
est ressuscité le troisième jour, conformément aux Ecritures..."
(I Cor XV, 3 à 9)
Paul appuie son
enseignement: "Et si le Christ n'est
pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, vaine aussi est
votre foi. Il se trouve même que vous sommes de faux témoins à
l'égard de Dieu, puisque vous avons témoigné contre lui qu'il a
ressuscité le Christ, tandis qu'il ne l'aurait pas ressuscité, s'il
est vrai que les morts ne ressuscitent pas... Et si le Christ n'est
pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos
péchés, et par conséquent aussi, ceux qui se sont endormis dans le
Christ sont perdus. Si nous n'avons d'espérance dans le Christ que
pour cette vie seulement, nous sommes les plus malheureux de tous
les hommes... Mais le Christ est bien ressuscité des morts, prémices
de ceux qui se sont endormis."
(I Cor XV, 14 et 15, et 17 à 20)
Oui, "nous
cheminons dans la foi et non dans la claire vision..." (II Cor
V, 7) Mais "c'est par grâce que nous avons été sauvés, au moyen
de la foi... C'est le don de Dieu." (Éphés II, 8) Et même,
précisera Paul aux Philippiens (I, 29): "Car il vous a été fait
la grâce, non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir
pour Lui..." "C'est dans le Christ que nous avons appris
notre foi..." redit Paul aux Colossiens, et il faut "que nous
persévérions dans la foi, solides et fermes, sans nous laisser
détourner de l'espérance apportée par l'Évangile..." (Col I, 4
et 23)
Dès lors,
comment mettre notre foi en pratique pour la rendre vivante? Jésus
nous l'a enseigné: en aimant son prochain comme soi-même, en
s'aimant les uns les autres comme Il nous a aimés, en pardonnant
jusqu'à septante fois sept fois à ceux qui nous ont offensés, en
allant jusqu'à aimer nos ennemis, à bénir ceux qui nous maudissent,
à faire du bien à ceux qui nous font du mal... Mais il est impératif
de conforter constamment notre foi, en écoutant et en mettant en
pratique les enseignements de l'Église comme Paul le conseille
fortement: "Je vous ai envoyé Timothée, notre frère... pour vous
affermir et vous encourager dans votre foi..." (I Thes III, 2)
3-Ce que la foi
a permis à nos pères de réaliser
Nous sommes en plein dans l'année saint Paul. C'est le moment de
revoir ce que l'apôtre nous enseigne. Dans l'épître aux Hébreux,
dans tout le chapitre 11, saint Paul résume ce que la foi a permis à
nos pères de réaliser:
"Par
la foi nous comprenons que le monde a été formé par une Parole de
Dieu, le visible tirant ainsi son origine de l'invisible... C'est
par la foi qu'Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que
celui de Caïn... C'est par la foi qu'Enoch fut enlevé sans qu'il eût
subi la mort: car sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu...
C'est par la foi que Noé, divinement averti des événements qu'on ne
voyait pas encore, construisit, avec une pieuse crainte, une arche
pour sauver sa famille... C'est par la foi qu'Abraham, obéissant à
l'appel de Dieu, partit pour un pays qu'il devait recevoir en
héritage, et se mit en chemin sans savoir où il allait... C'est par
la foi que Sara, elle aussi, qui n'était plus dans l'âge de
concevoir, en reçut la vertu... C'est pourquoi, d'un seul homme,
déjà comme mort, sortit une postérité aussi nombreuse que les
étoiles du ciel, et que les grains de sable innombrables qui sont
sur le bord de la mer.
C'est dans la
foi que ces patriarches sont tous morts... C'est pourquoi Dieu n'a
pas honte de s'appeler " leur Dieu ", car il leur a préparé une
cité. C'est par la foi qu'Abraham mis à l'épreuve, offrit Isaac en
sacrifice... C'est par la foi qu'Isaac bénit Jacob et Esaü, en vue
des choses à venir... C'est par la foi que Moise, à sa naissance,
fut caché pendant trois mois par ses parents, parce qu'ils virent
que l'enfant était beau, et qu'ils ne craignirent pas l'édit du
roi... C'est par la foi qu'il quitta l'Egypte, sans redouter la
colère du roi; car il tint ferme, comme s'il voyait celui qui est
invisible. C'est par la foi qu'il célébra la Pâque et fit
l'aspersion du sang, afin que l'exterminateur des premiers-nés ne
touchât pas à ceux des Israélites. C'est par la foi qu'ils passèrent
la mer Rouge comme une terre ferme, tandis que les Egyptiens qui
tentèrent le passage furent engloutis. C'est par la foi que les
murailles de Jéricho tombèrent, après qu'on en eût fait le tour
pendent sept jours. C'est par la foi que Rahab la courtisane ne
périt pas avec les rebelles, pour avoir donné aux espions une sûre
hospitalité."
Paul continue sa longue litanie et conclut, mettant en avant
l'espérance liée à la foi de nos prédécesseurs: "eux
tous que leur foi a rendus recommandables, n'ont pas obtenu l'objet
de la promesse parce que Dieu nous a fait une condition meilleure
pour qu'ils n'obtinssent pas sans nous la perfection du bonheur."
4-Ce que la foi
nous demande, à nous
Notre foi nous
demande de croire et d'obéir à la Loi de Dieu donnée sur le Sinaï et
de vivre les Béatitudes et les conseils de Jésus. Pratiquement cela
se vit généralement en fonction de son état de vie. Pour nous, les
chrétiens, cela se vit essentiellement par le don de nous-mêmes à
Dieu, en suivant les conseils de Jésus, le Fils du Père.
"Car c'est en croyant de cœur qu'on parvient à la justice, et c'est
en confessant de bouche qu'on parvient au salut, selon ce que dit
l'Ecriture: 'Quiconque croit en lui ne sera pas confondu.' "
nous dit toujours saint Paul (Romains, X, 10 et 11)
Dans les faits quotidiens, cela se traduit par vivre dans le Christ
et avec le Christ, dans son Amour; donc, et ceci en est la
conséquence inévitable, obligatoire, en aimant nos frères les
hommes : "La foi qui n'agit
pas est-ce une foi sincère ?..."
Car la foi en
Dieu, et surtout notre foi en Jésus nous conduit inévitablement à
aimer notre prochain: nous aimons Dieu, donc nous aimons aussi nos
frères, et pour aimer vraiment nos frères comme Jésus nous le
demande, il faut d'abord et avant tout aimer Dieu, donc Le servir.
Car la foi en Dieu et en son Fils Jésus-Christ nous oblige à servir
Dieu d'abord, donc à prier, beaucoup, à s'unir à Dieu dans une
oraison autant que possible quotidienne. Il est également
indispensable d'approfondir la doctrine chrétienne et les
enseignements de Jésus, car on n'aime vraiment que ce que l'on
connaît. Comment, en effet, aimer ce que l'on ne connaît pas. Et il
ne faut jamais oublier que plus on aime, plus on désire aimer, et
plus on désire connaître. Avec l'aide et le soutien de Dieu et de
Celui que l'on aime.
5-Les doutes
Sans cesse Paul nous demande de rendre grâce pour l'accroissement de
notre foi et de la charité que nous avons les uns pour les autres.
Car dans notre monde où règne l'athéisme, nous sommes tous exposés à
vivre de sombres périodes durant lesquelles il nous semble que nous
avons perdu la foi. Il nous est, en effet, parfois étrange de
constater que de nombreux saints ont perdu la foi, du moins, c'est
ce qu'ils croyaient. Ainsi, Thérèse de Lisieux, vers la fin de sa
vie avouait: "Je crois parce que je veux croire, je crois ce que
je veux croire..." Padre Pio lui-même, et c'est plus étonnant,
supplia un jour, quelques mois avant sa mort:
"priez pour moi, pour que je garde la
foi..."
Ainsi, même
Padre Pio qui avait été témoin de tant de manifestations divines sur
lui, notamment ses stigmates, craignait de perdre la foi...
Pourtant, il continua à vivre comme s'il avait conservé
l'intégralité de sa foi. Qu'est-ce que cela veut dire?
Tous les hommes
doivent, durant leur vie, traverser une ou plusieurs périodes de
doutes. Les chrétiens connaissent bien ces détresses profondes
durant lesquelles ils doivent cependant continuer à vivre comme
s'ils avaient toujours la foi de leur jeunesse. Il leur semble
qu'ils n'ont plus de repère, que Dieu, s'Il existe, les abandonne,
que leur vie ne vaut rien, etc., etc... Mais cependant, animés par
un reste d'espérance, ils conservent assez de force pour poursuivre
leurs tâches, pour rester fidèles dans la prière, et pour rejoindre
Jésus.
Il est étonnant
de constater que Jésus aussi, a parfois été agacé par ses disciples,
"esprits sans intelligence, lents à croire..." Il est encore
plus surprenant de voir Jésus accablé à Gethsémani et criant vers le
Père: "Père, s'il est possible, que ce calice passe loin de moi!"
Ou encore: "Père, pourquoi m'as-Tu abandonné?" Certes,
Jésus-Christ, Fils de Dieu et Dieu Lui-même, ne pouvait pas perdre
la foi; mais Dieu incarné, désirant connaître toutes nos faiblesses,
toutes nos détresses, il a voulu vivre ces instants redoutables
durant lesquels Dieu semble être absent.
Tous les saints
qui ont connu ces angoisses mortelles ont voulu cependant conserver
la foi qui les avait guidés tout au long de leur route terrestre.
Ils firent comme s'ils avaient toujours la foi, et poursuivaient
leur chemin, vivant selon l'esprit de leur foi momentanément cachée.
Quel exemple pour nous les chrétiens d'aujourd'hui!
Paulette Leblanc
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