“À la fin des temps, le royaume de Dieu arrivera à sa
plénitude”
Le 18 novembre, nous avons découvert, en Saint Marc, le
parallèle de l'Évangile de ce jour.
À cette occasion je disais que le monde juif, comme le monde
chrétien, avait une vision linéaire du temps.
En d'autres termes notre notion du temps est totalement
différente de celle des civi-lisations païennes ou indoues
qui pensent que l'histoire des hommes est constituée de
cycles successifs. C'était dire qu'au terme d'un cycle il y
a destruction et renaissance.
Mais alors dans une telle vision, il n'y a pas
nécessairement une fin du monde.
Or pour l'homme biblique, et d'une manière encore plus forte
pour un chrétien, notre monde a eu un commencement et il
aura une fin.
Mais revenons à notre texte:
Jésus parle de sa venue. Si nous sommes attentifs au texte,
il s'agit de sa venue à la fin des temps.
Il y a une opposition entre les non-croyants et des
croyants:
d'un côté Jésus parlant du monde païen dit :
« Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs
arrivant sur le mon-de »
et Jésus de dire à l'adresse des disciples :
« Quand ces événements commenceront redressez-vous et
relevez la tête car votre rédemption approche »
Vous avez bien compris l'approche du retour du Christ
pro-voque une crise.
La crise est un mot grec: krisis qui signifiait le jugement
et cela est vrai, le retour du Christ ne peut que provoquer
la peur pour un non-croyant et provoquer la joie et l'es-pérance
pour un chrétien.
Vous vous demandez, peut-être, pourquoi l'église nous donne
chaque premier diman-che de l'avent un texte de style
apocalyptique : parce que apparemment il n'y a aucun lien
avec le mystère de Noël.
Mais à bien y réfléchir, il pourrait n'y avoir aucun lien
avec une autre fête liturgique; alors pourquoi donc ? Pour
la raison suivante, me semble-t-il, c'est que si la nativité
du Christ, marque le début de notre salut, c'est que cette
fête nous fait déjà percevoir le but de cette nativité : à
savoir notre vie éternelle, apportée par la rédemption de
Jésus. Et je crois que l’oraison de la messe de ce jour est
très éclairante et je vous la re-cite :
« Accorde nous Seigneur d'attendre sans affaiblir la venue
de ton fils, pour qu'au jour où il viendra frapper à notre
porte, il nous trouve vigilants dans la prière heu-reux de
chanter sa louange. »
Nous avons là le thème fondamental de toute la liturgie de
l'avent : l'attente de la venue du seigneur.
Dans cette oraison deux qualités sont demandées: à savoir
d'un coté une veille con-tinuelle et de l'autre l'agir. Il
serait en effet absurde qu'un chrétien se mette en marge de
toute société, s'enferme dans l'oisiveté en attendant le
retour du Christ.
Alors comment vivre cette attente ? Je vous propose
plusieurs pistes de réflexion :
La première : c'est désirer ce retour du christ a la fin des
temps.
Prenons bien conscience que nous le demandons dans le Notre
Père et que nous le chantons à chaque anamnèse. Alors,
souhaitons-nous et désirons cette fin du mon-de ?
Faisons nôtre ce que dit le catéchisme de l'église
catholique au numéro 1060 :
« À la fin des temps, le royaume de Dieu arrivera à sa
plénitude, alors les justes ré-gneront avec le Christ pour
toujours, glorifié en corps et en âme , et l'univers
matériel, lui-même, sera transformé. Dieu alors sera tout en
tous dans la vie éter-nelle »
la deuxième : c'est de vivre dans la vigilance. Ce jour nous
l'attendons depuis 2000 ans. Il peut surgir brutalement
comme se laisser désirer encore longtemps. Mais peu importe
parce que d'une certaine manière, la rencontre avec le
Christ nous touchera déjà au moment de notre mort.
Ainsi donc, pour employer un langage théologique, si le
retour du Christ marquera le jugement universel et
définitif, notre mort marquera le moment de notre jugement
particulier.
Je crois qu'il est capital pour un chrétien d'être prêt pour
cette rencontre avec le Christ, au moment de notre mort.
Père Dominique Cordier |