I
Lettre au Moine Ammoun
Sur le flux
séminal
II
Du Même : Extrait de
la 39e
Lettre Pascale
Des divines
Écritures
III Du
même : A Ruffinien Évêque
De ceux qui se
laissèrent entraîner par nécessité dans l’hérésie sans s’y être
pervertis
IV Du
même : A Antiochus
Qu’il ne faut pas
communier avec les hérétiques
V
De saint Athanase
Que les maris qui
ont commerce avec leurs femmes ne doivent pas recevoir les divins
sacrements sans examen de conscience préalable.
I
Toutes les œuvres de Dieu sont
bonnes et pures, car le Verbe de Dieu n'a rien créé d'inutile ou d'impur,
« puisque nous sommes le parfum du Christ parmi les rachetés », selon l'apôtre,
Mais, parce que les flèches du diable sont nombreuses et variées et qu'il
provoque des inquiétudes chez les personnes à la foi la plus intègre et met un
obstacle à l'ascèse habituelle des frères, semant en eux des pensées d'impureté
et de souillure, eh ! bien ! dissipons en peu de mots, avec la grâce du Sauveur,
cette erreur aussi du malin et faisons courage aux gens simples.
« Tout est pur aux pures, tandis
que chez les impurs et la conscience et tout leur être sont souillés ». J'admire
l'astuce du diable : tout en étant lui-même corruption et peste, il suggère des
pensées en apparence pures, et tout cela n'est qu'une embûche plutôt qu'une
épreuve ; en effet, dis-je, dans le but de distraire les moines de la salutaire
méditation d'usage et de paraître maître en cette matière, il remue ces sortes
de bourdons, qui ne produisent rien d'utile à la vie, sinon des discussions et
des bavardages à laisser de côté. Quel péché ou quelle impureté comporte,
dites-moi, à homme cher et très pieux, l'écoulement naturel de la semence ?
C'est tout comme si l'on voulait imputer à crime les morves qui coulent du nez
et la salive de la bouche, nous pourrions même dire plus, les excréments du
ventre, qui sont nécessaires à la vie de tout être vivant ! De plus, si nous
croyons que « l'homme est une oeuvre des Mains de Dieu », selon les divines
Écritures, comment par une puissance si pure aurait pu être produite une oeuvre
souillée ?
Et, si « nous sommes de la race de
Dieu », selon les saints actes des apôtres, nous n'avons rien d'impur en nous;
en effet, nous ne sommes souillés que lorsque nous tombons dans la très grande
puanteur du péché; par contre, lorsqu'un écoulement naturel de semence a lieu,
alors, nous le subissons, comme les autres écoulements cités plus haut.
Mais puisque ces gens, qui veulent
uniquement s'opposer à l'expression de la vérité ou plutôt aux oeuvres de Dieu,
citent même, bien à tort, un texte évangélique : que « ce n'est pas ce qui entre
qui souille l'homme, mais ce qui sort de lui », il est nécessaire de réfuter
aussi cette sottise qu'est la leur, nous ne saurions en effet nommer cela un
argument. Et tout d'abord, ils déforment les saintes Écritures, puisque leur
ignorance leur enlève toute solidité dans leur connaissance. Or, voici le sens
de la divine parole; vu que certaines gens hésitaient, comme le font eux-aussi,
à propos d'aliments, Lui, pour remédier à leur ignorance, ou plutôt pour rendre
publique leur erreur, dit : « Ce n'est pas ce qui entre dans l'homme, qui
souille l'homme, mais ce qui sort de lui » ; et Il ajoute ensuite d'où cela
sort : « du cœur » ; il sait en effet, que là se trouvent les mauvais trésors
des pensées profanes et les autres péchés. Plus brièvement encore l'apôtre, à
qui cela fut enseigné, dit : « un aliment ne saurait vous rendre digne d'être
présenté à Dieu » ; et l'on pourrait dire avec raison dans notre cas, un
écoulement naturel ne saurait vous rendre digne d'être présenté au châtiment.
Les médecins aussi, (se laissera-t-on convaincre par des arguments des gens du
dehors ?), ajouteront aussitôt pour justifier notre dire qu'à l'être vivant ont
été donnés des canaux de sorties nécessaires à rejeter les déchets au fur et à
mesure de la nutrition des membres de chacun de nous : ainsi les déchets de la
tête, que sont les cheveux et les humeurs qui coulent de la tête; ainsi les
évacuations du ventre et donc aussi le déchet en question du canal séminal. Quel
péché y a-t-il là, au nom de Dieu, ô vieillard très aimé de Dieu, puisque le
Seigneur Lui-même, Créateur de l'être vivant, a voulu et a fait les parties du
corps avec de tels canaux de sortie ?
Mais, puisqu'il faut prévenir les
objections de gens malins, car ils pourraient dire : « alors l'usage non plus
n'est pas un péché, puisque les organes ont été créés par le Créateur », nous
leur fermerons la bouche sur ce point, en leur demandant : de quel usage
parlez-vous ? de l'usage légitime, que Dieu d'une part a permis en disant :
« Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre » : que l'apôtre d'autre
part a admis, en disant : « Le mariage est honorable et la couche nuptiale sans
souillure » ? ou bien l'usage que l'opinion publique admet, et qui n'est qu'un
usage clandestin et adultérin ? Car, même pour les autres actes de la vie nous
constaterons ces différences d'appréciations, selon les circonstances où ils ont
lieu ; par exemple, il n'est pas permis de tuer, mais faire périr en guerre ses
adversaires est légitime et louable ; c'est ainsi que sont jugés dignes des plus
grands honneurs, ceux qui se sont distingués en guerre et l'on leur élève des
stèles et l'on proclame leurs hauts faits ; d'où le même acte est dans telle
circonstance et dans tel temps interdit, et dans une autre circonstance et en
temps opportun autorisé et excusé. La même raison vaut aussi pour l'union
charnelle.
« Bienheureux celui qui libre de
tout joug dans sa jeunesse, n'a usé de son corps que pour procréer des
enfants » ; mais si c'est pour la débauche, la châtiment qu'écrit l'apôtre
attend « les fornicateurs et les adultères ». Il y a, en effet, à ce propos deux
voies en cette vie : l'une modérée et conforme à la vie ordinaire, je veux dire
le mariage, l'autre angélique et insupérable, la virginité ; si quelqu'un a
choisi celle de ce monde, c'est-à-dire le mariage, il ne saurait encourir
quelque reproche, mais ne recevra pas autant de grâces ; il en recevra
cependant, puisqu'il porte lui aussi du fruit, celui du «trente pour un»; mais
si quelqu'un a embrassé la chaste et surhumaine voie, bien qu'elle soit rude
bien au delà de la première, et difficile à gravir, elle comporte cependant des
grâces plus merveilleuses, car elle produit normalement le fruit parfait, celui
du cent pour un. Par conséquent, leurs questions impures et mauvaises ont déjà
reçu leurs propres solutions, résolues qu'elles sont depuis longtemps par les
divines Écritures.
Soutenez donc, cher père, les
troupeaux que vous dirigez, en les exhortant avec les enseignements de l'apôtre,
en les charmant avec ceux de l'évangile, en les conseillant avec ceux des
psaumes et disant : « Vivifiez-moi selon votre parole » ; or « sa parole »,
c'est de l'adorer d'un cœur pur ; le même prophète savait cela et l'applique
pour ainsi dire à soi, en disant : « créez en moi un cœur pur, mon Dieu » afin
que des pensées impures ne me troublent point; et David ajoute : « et
soutiens-moi de ton Esprit tout-puissant », afin que, si jamais des pensées me
troublaient, une force venant de Toi me soutienne, en étant pour moi comme un
contre-fort de soutènement. Donnez-leur ces conseils et d'autres semblables et
dites à ceux qui se laissent difficilement convaincre par la vérité :
« J'enseignerai aux iniques vos voies » ; et confiant dans le Seigneur, que vous
arriverez à les convaincre de s'abstenir d'un tel vice, chantez : « et les
impies se convertiront à Toi ».
Puissent les esprits mal tournés
qui s'adonnent à de telles questions cesser de se fatiguer en pure perte, et que
ceux dont la simplicité les fait hésiter soient affermis par l'esprit tout
puissant. Et vous qui possédez en toute certitude la vérité, gardez-la
irréfragable et immuable dans le Christ Jésus notre Seigneur, avec qui gloire et
domination soient rendues au père avec le saint esprit dans les siècles. Amen.
Or, nous avons mentionné les
hérétiques comme des gens morts, et nous-mêmes, comme ceux qui possèdent pour
leur salut les saintes Écritures; et je crains, comme l'écrit Paul aux
Corinthiens, qu'un petit nombre ne se laissent égarer par l'astuce des hommes,
loin de la simplicité et de la pureté des Écritures, et ne se mettent désormais
à en lire d'autres, appelées apocryphes, se laissant induire en erreur par leur
homonymie avec les livres authentiques; supportez, je vous en prie, que je vous
rappelle par écrit pour la nécessité et le bien de l'Église, ce que vous savez
déjà. Et avant de commencer ce rappel, pour excuser ma hardiesse je me servirai
de la formule de l'évangéliste Luc, en disant moi aussi : « Puisque certains ont
essayé de composer ce que l'on nomme les apocryphes et de les mélanger avec
l'Écriture inspirée de Dieu, que nous connaissons telle que l'ont transmise à
nos pères ceux qui au début furent les témoins oculaires et les ministres du
Verbe, il m'a semblé bon à moi aussi, exhorté, par de vrais frères et
connaissant bien la Tradition, d'exposer la série des livres inscrits sur le
catalogue officiel, transmis par la Tradition, et reçus comme venant de Dieu ;
ainsi, celui qui fut trompé, pourra condamner ses séducteurs, et celui qui est
resté pur de tout erreur, se réjouira de se le voir à nouveau rappeler ».
Il y a donc en tout vingt-deux
livres de l'ancien Testament, autant sont, en effet les lettres de l'alphabet
hébreu, comme je l'ai entendu dire.
Voici l'ordre dans lequel ils se
suivent et le nom de chacun d'eux : d'abord la Genèse ; puis l'Exode ; puis le
Lévitique ; après celui-ci les Nombres, ensuite le Deutéronome ; à leur suite se
trouvent : Josué fils de Navé ; et les Juges ; et après cela, Ruth ; et de
nouveau suivent les quatre livres des Rois, dont le premier et le second
comptent pour un livre, et le troisième et le quatrième également pour un
livre ; après cela le premier et le second livre des Paralipomènes, comptant
également pour un seul livre ; ensuite les premier et second livres d'Esdras,
également comptant pour un livre ; après ceux-là le livre des Psaumes ; ensuite
les Proverbes ; puis l'Ecclésiaste ; et le Cantique des Cantiques ; de plus, il
y a aussi Job; et après, les Prophètes, les douze comptant pour un livre, puis
Isaïe, Jérémie et avec celui-ci Baruch, les Lamentations et la Lettre; et après
celui-ci Ézéchiel et Daniel. Ici s'arrête l'ancien Testament.
Il ne faut pas hésiter de nommer
aussi les livres du nouveau Testament. Ce sont en effet : les quatre évangiles,
selon Matthieu, selon Marc, selon Luc, selon Jean ; puis, après ceux-là, les
Actes des apôtres, et les épîtres appelés catholiques, écrites par les apôtres,
au nombre de sept que voici : une de Jacques, deux de Pierre, puis trois de Jean
et après cela, une de Jude ; de plus il y a quatorze épîtres de l'apôtre Paul,
inscrites dans l'ordre suivant : une aux Romains, puis deux aux Corinthiens,
après cela aux Galates, et puis aux Éphésiens, ensuite aux Philippiens, et aux
Colossiens, après cela deux aux Thessaloniciens, et celle aux Hébreux et
aussitôt deux à Timothée, une à Tite et la dernière, celle à Philémon, et encore
l'Apocalypse de Jean.
Ce sont là les sources du salut, au
point que l'homme assoiffé peut puiser à satiété les paroles qui s'y trouvent;
par eux seuls la doctrine de la piété peut être annoncée ; que personne ne leur
ajoute, ni leur enlève quoi que ce fût. C'est à leur occasion que le Seigneur
faisait des reproches aux Sadducéens, en disant : « Vous faites erreur, ne
connaissant point les Écritures », et qu'il exhortait les Juifs : « Scrutez les
Écritures, car ce sont elles qui rendent témoignage à mon égard ».
Mais pour plus d'exactitude je suis
obligé d'ajouter ceci aussi à ma lettre, qu'il y a d'autres livres en dehors de
ceux-là, qui ne sont pas inscrits sur le catalogue officiel, mais que l'usage
reçu des pères a prescrit de lire aux candidats qui veulent recevoir
l'enseignement catéchétique de la vraie religion ; la Sagesse de Salomon et la
Sagesse de Sirach et Esther et Judith et Tobie et celle qu'on appelle la
Doctrine des apôtres et le Pasteur.
Cependant, mes chers, ni parmi les
livres inscrits au catalogue ni parmi les livres à lire, il n'est fait nulle
part mention d'aucun apocryphe; ce sont là des inventions des hérétiques, qui
les ont écrits quand ils ont bien voulu, puis les ont dotés et enrichis
d'années, afin d'avoir, en les produisant comme des écrits antiques, une
apparence de vérité pour tromper ainsi les gens à la foi intègre.
Au seigneur notre fils et très
désiré comministre Rufinien, Athanase donne le salut dans le Seigneur.
Vous, pour votre part, vous écrivez
ce qui convient à un fils bien-aimé à l'égard de son père ; venu à moi par votre
lettre je vous ai embrassé, mon très désiré entre tous Rufinien. Moi aussi
j'aurai pu vous écrire comme à un fils, avec introduction, corps de lettre et
salutations finales, mais je me suis retenu, afin que la recommandation et le
témoignage ne se fassent pas connaître par une lettre, puisque « c'est vous qui
êtes une lettre de recommandation pour moi, selon l'Écriture, lettre connue et
lue dans notre cœur ». C'est donc dans cette disposition, oui, croyez-le, que je
m'adresse à vous et que je vous exhorte d'écrire ; en faisant cela vous ne me
donnerez pas une petite joie, mais une grande. Puisque donc avec zèle pour le
bien et pour la discipline ecclésiastique, ce qui encore s'harmonise avec votre
piété, vous nous interrogez sur ceux qui furent entraînés par la nécessité dans
l'hérésie sans s'y pervertir, et vous avez voulu que je vous écrive ce qui fut
décidé sur leur compte dans les assemblées d'évêques et partout ailleurs,
sachez, non très désiré seigneur, que dès la fin de la persécution un synode a
eu lieu ici auquel assistèrent des évêques des autres territoires ; il y en eut
aussi un autre, tenu par nos comministres qui habitent la Grèce, et même un
autre, par ceux d'Espagne et de la Gaule. Et ils ont décidé ce qui fut décidé
ici et partout ailleurs, qu'aux faillis qui ont été les chefs de l'impiété on
accordera le pardon, s'ils se repentent, mais qu'on ne leur donnera pas de place
dans le clergé ; tandis qu'à ceux qui n'ont pas été les maîtres de l'impiété,
mais furent entraînés par force et sous la contrainte, on décida d'accorder le
pardon et de leur laisser une place dans le clergé; surtout parce qu'ils
présentent une excuse plausible et que leur geste semble avoir eu lieu par
mesure de prudence ; ils affirment en effet qu'ils ne s'étaient point convertis
à l'impiété, mais que, pour éviter que des hommes très pervers ne s'établissent
dans les Églises et les corrompent, ils ont préférés plutôt de céder à la force
et d'en supporter le poids, plutôt que de voir périr leurs peuples.
Leur dire nous semble à nous aussi
plausible, puisqu'ils portent pour excuse qu'Aaron, le frère de Moïse, a coopéré
à l'apostasie du peuple et donna comme excuse, qu'il fit cela afin que le peuple
ne restât pas pour toujours idolâtre, en retournant en Égypte ; en effet, il
semblait bien plausible, qu'en restant au désert ils auraient la possibilité de
renoncer à l'impiété, tandis qu'en retournant en Égypte, ils empireraient et
augmenteraient leur impiété. Pour cette raison on excusera leur admission dans
le clergé ; car, à ceux qui furent trompés ou contraints on accorde le pardon.
Voilà ce que je me permets de dire
à votre piété, espérant que votre religiosité admettra nos avis et ne condamnera
pas comme déserteurs ceux qui ont communié avec les hérétiques sous de telles
conditions. Daignez aussi les faire lire au clergé et au peuple de votre
juridiction, afin qu'en en prenant eux-aussi connaissance, ne vous reprochent
pas votre attitude vis-à-vis d'eux ; il ne convient pas, en effet, que je leur
écrive moi-même, puisque votre piété peut leur faire connaître notre sentiment à
l'égard des faillis et ajouter tout ce qui ferait défaut à notre lettre.
Nous remercions le Seigneur de vous
avoir comblé des dons de la parole et de la science.
Que ceux qui se repentent
anathématisent nommément l'hérésie d'Eudoxe et d'Euzoïos ; car ce sont eux, qui
désormais reprenant le blasphème, que le Christ est une créature, s'inscrivirent
comme les chefs de l'hérésie arienne; et qu'ils confessent aussi la foi
proclamée par les pères à Nicée, ne plaçant aucun autre synode au dessus de ce
concile. Saluez la fraternité qui est avec vous ; la nôtre vous salue dans le
Seigneur.
Question : Si un homme est surpris
par le temps de la fête pascale dans une région, où l'on ne trouve pas la
possibilité de communier dans une église catholique, que doit-il décider en vue
de la fête pascale : communier chez les hérétiques, ou non ?
Réponse : Si grande et sévère est
la condamnation d'un homme, pour avoir délaissé sa propre femme et pris une
autre, même s'il se trouve hors de son pays, combien plus grande sera-telle pour
avoir trahi la vraie foi et communié avec les hérétiques ? De même que les gens
qui veulent vendre leurs marchandise, quelle que soit la prolongation de leur
séjour en pays étranger qui en résulte, ne condescendent point à recevoir une
monnaie d'une autre frappe que celle de la frappe impériale, de même doit-on
aussi raisonner à propos de la communion au Corps du Christ.
Gardons-nous de toutes nos forces
de recevoir des hérétiques la communion ou de la leur donner : « Ne donnez pas
les choses saintes aux chiens, dit le Seigneur, et ne jetez pas vos perles
devant les pourceaux », afin de ne pas participer à leur loi perverse et à leur
condamnation. En effet, si la communion nous unit totalement au Christ, elle
nous unit aussi totalement les uns aux autres ; et nous nous unissons par
l'intention à tous ceux qui communient avec nous ; car c'est par l'intention que
se fait une telle union et elle n'a point lieu sans notre consentement,
« puisque nous sommes tous un seul corps, du fait même que nous participons au
même pain », comme le dit le divin apôtre.
Comme il y en a qui, après avoir eu
commerce charnel avec leurs femmes, s'approchent le jour même, sans s'en faire
scrupule, des terribles mystères du Corps immaculé et du Sang vivificateur du
Christ notre Dieu, qu'ils écoutent ce qui est contenu dans la divine Écriture à
ce sujet et qu'ils agissent ensuite comme bon leur semblera.
« Et Moïse dit au peuple :
Préparez-vous ; pendant trois jours n'approchez point vos femmes ». Or, Moïse
ordonna cela sur le commandement de Dieu. Si donc pour entendre seulement la
Voix du Seigneur une purification de tant de jours fut ordonnée, combien plus
serait-il convenable de l'observer à présent, où l'on devra recevoir le Corps
immaculé même de Dieu ?
De même encore du premier livre des
Rois : « Le prêtre répondit à David, en disant : Je n'ai pas de pains non bénis
sous la main, ils sont tous sanctifiés ; si les jeunes gens se sont abstenus du
commerce d'avec leurs femmes, ils pourront en manger.
David répondit au prêtre et lui
dit : De nos femmes, nous nous sommes abstenus hier et avant hier ; du fait de
mon départ tous les jeunes gens sont purs. Alors Abimélech leur donna les pains
de la proposition ». Si pareille exigence était proposée au temps « de
l'ombre », c’est-à-dire, de l'ancien Testament, en sorte qu'un homme uni à sa
femme n'eût pas le droit de manger les pains de la proposition, de beaucoup et
incomparablement inférieurs aux mystères vivificateurs du Corps immaculé et du
Sang du Christ, le vrai Dieu, combien plus purs ne devons nous pas être au temps
« de la grâce », où nous sommes obligés à une vie plus parfaite, lorsque nous
sommes sur le point de participer aux sacrements qui inspirent une telle sainte
frayeur ?
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