Bienheureux Antonio Pavoni
(1326 ?-1374)


Né vers 1326, cet Italien était d'une noble famille piémontaise. Docile, obéissant, plein de goût et d'une grande facilité pour le travail intellectuel, d'un heureux caractère, il inspira les plus belles espérances. A quinze ans, il demanda et obtint son admission dans le couvent des dominicains de Savigliano. Ordonné dix ans plus tard, il parut à l'autel un ange de Dieu. De sa vie les historiens n'ont presque rien laissé : ils ont insisté seulement sur le fait de son martyre.
Devenu inquisiteur général du Piémont à 39 ans, nommé prieur de Savigliano en 1368, Antonio entreprit la construction d'un nouveau couvent. Envoyé comme apôtre pour la conversion des hérétiques, il commença cet office à Campiglione avec deux autres compagnons du 2 au 18 mars 1374. A Bricherasio, dans la région de Turin, il fit une réfutation claire, concise et forte de toutes les erreurs des Vaudois ; les bons catholiques sentirent renaître leur courage; mais les sectaires prirent la résolution de l'intimider par leurs menaces, et même de l'égorger sans pitié. Pavoni était prêt à tout : depuis longtemps il demandait à Dieu la grâce du martyre. Le Seigneur lui fit connaître les desseins des hérétiques, et même le jour et l'heure de son exécution. A partir de ce moment, l'intrépide religieux ne cessa de répéter le psaume Laetatus sum.1 Il continua son oeuvre sans se préoccuper des menaces.
Le samedi après Pâques, veille de sa mort, il entra tout joyeux chez un barbier de Bricherasio et lui dit : "Rasez-moi bien, car je vais à une noce. - Impossible, répliqua le barbier, s'il y avait une noce, je le saurais bien certainement, car toutes les nouvelles arrivent dans mon échoppe. -Croyez-moi, dit le bienheureux, je vous dis la vérité." Le lendemain 9 avril, dimanche in albis, après avoir passé la nuit en prière et s'être préparé à la messe, au sermon, à la mort, il monta à l'autel, commença le saint sacrifice, prêcha au milieu de la messe. Le sacrifice et l'action de grâces terminés, il sortit de l'église. Sur la place sept assassins se précipitèrent sur lui, et, en un instant, il fut frappé de plusieurs coups mortels ; une blessure sous l'oeil gauche, deux coups de poignard dans la poitrine, un coup d'épée sur l'épaule droite. Il tomba noyé dans son sang : les bourreaux s'acharnèrent sur son cadavre et le mirent en pièces. Le peuple n'osa pas s'opposer à ce meurtre.
Le corps d'Antonio, relevé par ses compagnons, fut transporté à Savigliano pour être déposé dans l'église de Saint-Dominique. Ce fut seulement le 23 avril qu'eut lieu l'inhumation. La tombe fut honorée de beaucoup de miracles. Un gentilhomme nommé Taparelli était en procès avec un homme puissant, et ne pouvait retrouver le parchemin nécessaire pour faire valoir ses droits ; après l'invocation de notre bienheureux, la pièce fut retrouvée. Ce fait et d'autres semblables ont porté les fidèles à invoquer Antonio pour retrouver les objets perdus.
Le pape Pie IX, en 1856, a daigné autoriser le culte de ce martyr chez les dominicains et dans les diocèses de Turin et de Pignerol. Actuellement, le Martyrologe Romain le commémore le 10 avril.

1 Le psaume 121 commence par ces mots : Je me suis réjouis de ce qu’on m’a dit “Nous irons dans la maison du Seigneur”.

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